Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

L'armée de Laval
Aller à la page 1, 2  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> La France occupée
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Fév 09, 2011 23:57    Sujet du message: L'armée de Laval Répondre en citant

Ce long travail est en majorité dû à Menon-Marec, mais il a bien bénéficié des conseils et idées de Tyler.
Merci à tous les deux.
Un point ou deux pourraient étonner, il faut savoir que Menon a des idées derrière la tête...



6 Janvier 1941
La Collaboration
Paris –
Au ministère de la Défense du NEF (portefeuille détenu par Laval lui-même), la fin de 1940 a été consacrée aux opérations de démobilisation et de dissolution de l’Armée. Il s’agit notamment de confirmer la démobilisation effectuée par le gouvernement d’Alger juste avant la fin des combats en Métropole. Hitler a bien voulu accorder à Laval le 21 août, lors de l’entrevue de Montoire, que les centaines de milliers d’hommes concernés (les chiffres les plus vraisemblables sont de l’ordre de 800 000) ne seraient pas faits prisonniers, mais rendus à la vie civile – ce qui arrange bien le Reich : qui donc, sinon, aurait fait tourner les usines au profit de la Wehrmacht et fait pousser les récoltes dont l’Allemagne doit prélever la part du lion ? Il semble même qu’un certain nombre d’authentiques prisonniers aient pu bénéficier de ce petit arrangement.
Mais il s’agit aussi d’affirmer, au moins sur le papier, l’inexistence de l’armée des « Africains ». C’est pourquoi un « organe liquidateur » – qui survivra jusqu’à la Libération, à des fins diverses – a été mis en place pour chaque unité formant corps. Ces organes, dans la plupart des cas, exécutent leur mission avec plus de lenteur encore que la bureaucratie militaire d’avant 1939, cependant réputée pour son manque de vivacité.
En revanche, malgré la présence massive de la Wehrmacht et les rodomontades du gouvernement Laval et de ses milices – doriotiste, déatiste ou lavalo-darnandiste (le SONEF) – les premières manifestations de résistance active, spontanées ou suscitées par Alger, ont été relevées dès l’automne 1940 : sabotages, tracts et journaux clandestins, voire tentatives d’attentat. Sans parler de la dissimulation systématique de matériels (y compris lorsqu’ils sont stockés dans des parcs ou des magasins sous contrôle allemand), ou de leur « civilisation » suivant l’exemple de la Zivilisierung conduite dès le début de 1919, malgré la révolution spartakiste, par l’ex Armée impériale.
Pour s’opposer à ces « menées factieuses inspirées par l’Etranger », les seules forces militaires, au sens strict, dont dispose le NEF en ce début d’année sont les unités en cours de dissolution, en principe désarmées, et la Gendarmerie. Les services de Laval ont tout juste commencé à recruter pour la Force de Sécurité du Territoire (FST) concédée par l’armistice du 20 août des généraux et des officiers supérieurs, afin de pouvoir disposer en temps utile d’un encadrement de haut niveau, autour du général Emile Laure. Mais les postulants ne s’empressent guère, et nombre de pressentis se dérobent – d’autant qu’Alger a expressément interdit aux Français de tous grades, d’active ou réservistes, de participer de quelque manière que ce soit à l’action militaire et/ou policière de « l’autorité de fait », à peine de tomber, ipso facto, sous le chef d’inculpation d’intelligence avec l’ennemi.
Il est vrai que la FST n’a rien de très attrayant. Dans l’accord d’armistice, les Allemands ne leur ont accordé qu’un effectif de 80 000 hommes (des engagés exclusivement). La faiblesse de ce chiffre s’explique par trois préoccupations.
– Empêcher que la FST puisse jamais devenir l’équivalent d’une Reichswehr, c’est à dire une école pour les cadres (officiers et sous-officiers) et pour les spécialistes d’une Armée française reconstituée dans un avenir aussi imprécis que redouté. L’OKW et les généraux vainqueurs (tout comme Hitler lui-même, il va de soi) sont très bien placés pour connaître le danger !
– Priver la FST des moyens d’agir, ouvertement ou clandestinement, contre les forces d’occupation, ou de se joindre efficacement aux unités alliées susceptibles de débarquer.
– Lui donner cependant un gabarit adéquat pour mater une révolte populaire, qui, au vu des souvenirs laissés à Berlin par le Front populaire de 1936, ne pourrait être que d’inspiration communiste. Pacte avec Moscou ou pas, les Allemands, proches ou moins proches du régime, savent que le Führer ne cessera jamais de combattre les deux vrais ennemis de l’Allemagne, le communisme et les classes dirigeantes aristocratiques, bourgeoises et (judéo)ploutocratiques. Le Horst Wessel Lied le rappelle en toutes lettres : « Kameraden, die Rotfront und Reaktion erschossen, / Marschieren im Geist in unsern Reihen mit… »
Dans l’esprit de la Wilhelmstraße et de l’OKW – et sans doute de la Chancellerie – une révolte communiste en France prendrait probablement la forme soit d’une grève générale insurrectionnelle armée (sur le modèle du mouvement des mineurs et des métallurgistes des Asturies, maté en 1934 par Franco), soit d’un juin 36 avec des armes pour “protéger” les grèves sur le tas, soit d’une désobéissance civile plus ou moins généralisée accompagnée d’attentats et de sabotages, à l’exemple de l’opposition aux Français dans la Ruhr en 1923. Les Nazis jugent les Français trop décadents (« négrifiés et enjuivés » dans leur vocabulaire) pour redouter un spartakisme à la française.
Quoi qu’il en soit, la FST doit être en mesure de faire face victorieusement à toute situation de ce genre – mais à rien d’autre.
C’est pourquoi les limites imposées par les Allemands à l’armement et à aux équipements de la FST (voir Appendice) en font une armée-croupion, uniquement destinée au maintien de l’ordre.
Mais même ce croupion n’existera pas si l’on néglige de s’en occuper. C’est pourquoi, ce 6 janvier 1941, Pierre Laval, en tant que titulaire du portefeuille de la Défense du NEF, fait (sans enthousiasme excessif) approuver par le MBH d’abord, par Otto Abetz ensuite, un projet d’organisation de la FST. Dans le mois qui suivra, la Commission d’Armistice de Wiesbaden, l’OKW et, in fine, Hitler lui-même approuveront le programme . Celui-ci, en circulation depuis fin novembre, a été préparé par le général Pierre Olléris, directeur du cabinet militaire du Président, et rédigé sous sa direction.
Le “plan d’organisation de la FST” porte création de vingt-six régiments interarmes de 2 000 hommes chacun, comprenant deux bataillons d’infanterie, deux escadrons montés, deux batteries à six pièces de 75 hippomobiles, une section de sapeurs-mineurs, une section de téléphonistes. Il porte également création de quatre régiments interarmes de Montagne, qui ne se différencient que par le remplacement d’un escadron monté par un train muletier et celui des deux batteries de 75 standards par deux batteries à six pièces décomposables de 75 et de 65 de montagne. Un régiment doit être stationné dans chacune des vingt régions militaires, et un à proximité de chacune des dix villes les plus importantes (ou les plus remuantes).
Ces régiments sont organisés en huit divisions à trois régiments interarmes (plus un régiment d’artillerie à deux groupes de 75 et des éléments divisionnaires allégés). S’y ajoutent deux divisions dites de Montagne, à deux régiments interarmes de Montagne et un régiment interarmes normal (plus un régiment d’artillerie à deux groupes de 75 de montagne). Les divisions sont organisées en deux groupes de divisions à quatre divisions chacun avec des éléments organiques légers, plus un groupe de deux divisions de Montagne.
Soit au total les 80 000 hommes prévus, dont 60 000 pour les trente régiments interarmes et 20 000 pour le cadre divisionnaire.
À la demande de l’OKW, où l’on est convaincu que prudence est mère de sûreté, Hitler, qui n’a pas eu besoin de se faire prier à l’excès, exige au dernier moment qu’aucun régiment de la FST ne tienne garnison à moins de 80 kilomètres des frontières (frontière espagnole comprise), ni à moins de 50 kilomètres des côtes, ce qui va quelque peu bouleverser le déploiement prévu. Les deux divisions de Montagne ne pourront stationner, par conséquent, que dans le Massif Central – « et le Morvan » a ajouté un amateur de dérision de Zossen.
………
Malgré tout, la FST ne constitue pas la totalité des forces armées officielles du NEF.
– La Commission d’Armistice, qui a demandé la dissolution de la Gendarmerie mobile (censée être intégrée aux FST à partir de mars 1941), a accepté de conserver la Gendarmerie départementale. Elle a cependant veillé à limiter son armement à la carabine mod. 90 non modifiée 16 et au revolver mod. 92. La “Blanche” a toutefois été autorisée à garder quelques véhicules motorisés à l’échelon départemental : autocars et camionnettes Rochet-Schneider (à gazogène), Renault Juvaquatre de liaison et diverses motos (solos uniquement).
– L’aviation (Force Aérienne de Défense) du nouveau général Max Knipping se compose d’un fatras d’unités d’autant moins opérationnelles que, lorsque par hasard l’un des 250 appareils inscrits à leur inventaire est en état de vol, il est en général réquisitionné peu après par la Luftwaffe.
Deux exceptions seulement : d’une part le “groupe de chasse” composé des cinq Messerschmitt Bf-109B offerts par le maréchal Göring (mais qui n’ont jamais plus d’essence au décollage qu’il n’en faut pour quelques tours de piste) et d’une douzaine d’épaves de MS-406, d’autre part le Groupe Aérien Gouvernemental (GAG – sic), qui dispose de six Caudron Goéland. Tous deux sont basés à Villacoublay (la Luftwaffe occupe Le Bourget et Orly). Les deux “groupes” dépendent totalement des Allemands, pour les informations météo comme pour le carburant, et les autorisations de vol ne sont accordées qu’au coup par coup. La Commission d’Armistice a refusé toute DCA à Villacoublay, sous prétexte qu’à proximité, une batterie de Flak lourde et une de Flak légère couvrent les usines Morane-Saulnier.
– Enfin, la “Force Navale de Sécurité” du NEF se limite dans les faits à un “Corps de gardiennage des Ports et Arsenaux”, tout de même commandé par un vice-amiral (Platon), sans navires autres que cinq dragueurs de mines auxiliaires (privés de tout armement !) et une variété sans valeur militaire d’embarcations de servitude.






Appendice
L’équipement de la Force de Sécurité du Territoire

Les limitations imposées par les Allemands (et très accessoirement par les Italiens) à l’armement et à aux équipements de la FST en font une armée-croupion, uniquement destinée au maintien de l’ordre.
………
L’armement individuel, en 8 mm, comprend exclusivement des Lebel ou des 07-15 non raccourcis pour les fantassins et sapeurs, et des mousquetons Berthier non modifiés 16 pour les cavaliers montés et artilleurs. Pas de restriction sur les sabres des cavaliers... Les officiers et les adjudants n’auront droit qu’à un pistolet – Ruby ou Star – en 6,35 mm. Cette prescription sera peu, ou pas, observée, et on verra les cadres des FST arborer aussi bien des Lefaucheux 11 mm que des Colt 11.43, voire des P-08 9 mm de prise (14-18).
L’approvisionnement en grenades (OF exclusivement) est limité à 1 000 par régiment.
L’armement collectif est aussi en 8 mm, avec un FM Chauchat par groupe de combat et une section de quatre mitrailleuses Saint-Étienne mod. 1907 par compagnie (deux par escadron monté, sur des voiturettes hippo). Les grenadiers (tromblons VB - 12) et leurs pourvoyeurs (24) relèvent d’une section unique à l’échelon du régiment.
Le FM 24/29 est interdit, comme le MAS 36 et le 07-15 M34, officiellement enfermés dans des dépôts « en gardiennage d’armistice », en même temps que les mousquetons Berthier modifiés 16 et les mitrailleuses Hotchkiss (en réalité, ces armes seront livrées par les Allemands à leurs alliés, Roumains, Hongrois ou Slovaques).
Pas de mortiers autorisés, en dehors de deux tubes de 60 mm par bataillon.
Pas d’artillerie de campagne d’un calibre supérieur à 75 mm. L’approvisionnement en munitions est limité à une seule unité de feu pour les régiments interarmes et à 1 000 coups par pièce pour l’artillerie de campagne (750 pour l’artillerie de montagne).
Pas d’armes antichars, pas de DCA.
Pas d’obus chargés au gaz.
Pas de mines.
………
Aucune motorisation, quelle qu’elle soit, de l’infanterie et de la cavalerie. L’artillerie, le génie et le train – et même les ambulances du Service de Santé – sont hippomobiles eux aussi. Chaque bataillon dispose cependant d’une section de cinquante fusiliers-cyclistes. Seuls les généraux ont droit à une voiture automobile (à gaz de ville ou à gazogène, en théorie du moins).
Les FST n’aligneront jamais d’autres motocyclistes que le demi-peloton de l’imitation de Garde républicaine qui escorte Laval.
Les transmissions sont assurées exclusivement par téléphone ou par moyens optiques du genre héliographe, panneaux, voire agents de liaison. Aucune radio n’est autorisée.
………
Enfin, si le général Olléris a créé dès l’automne 1940 une commission de réforme des uniformes et équipements, les moyens manqueront toujours pour doter les unités de la Tenue 41, plus seyante et plus pratique que la Tenue 35 (sans pourtant se dégager du poids de l’habitude et des traditions). Les Allemands ayant pillé les magasins de l’Intendance avec méthode, les FST devront se contenter d’un échantillonnage des différents modèles en vigueur depuis 1916, jusqu’au casque Adrian mod. 15 repeint ou non, aux bandes molletières et au bleu horizon (parfois), sans parler du havresac “as de carreau” de la Belle Époque.
La Commission d’Armistice de Wiesbaden a refusé le gris de fer bleuté aux régiments de Montagne , mais, par une inconséquence mal compréhensible, leur a autorisé la tarte. Notons qu’à la demande des Italiens, les éclaireurs-skieurs de ces régiments sont interdits.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Fév 09, 2011 23:59    Sujet du message: Répondre en citant

7 juillet 1941
La Collaboration
Paris
– Laval et Bousquet, mal assurés par devers eux de la légitimité du NEF, sont peu convaincus du soutien de l’opinion publique, d’autant plus attentive aux mots d’ordre et aux consignes d’Alger que partout progresse le sentiment anti-allemand. La contestation se généralise, amplifiée par les duretés de la vie quotidienne et l’insuffisance du ravitaillement, et la montée des actions de résistance de toutes sortes est impossible à dissimuler.
Comment lutter ? La Force de Sécurité du Territoire (FST) était censée prendre en charge la répression. Mais le ministre de la Défense du NEF – nul autre que Pierre Laval – a fait ses comptes : ils sont mauvais. En cinq mois, depuis leur mise sur pied effective en février, la FST n’a pu recruter que 50 000 hommes environ, en dépit des avantages offerts aux engagés, qui s’ajoutent, pour les prisonniers de guerre, à la liberté dont bénéficient sur le champ ceux qui souscrivent un engagement. Le déficit en sous-officiers est de l’ordre de 25 %. Il atteint presque 40 % pour les officiers. Le NEF, malgré un contexte qui peut lui paraître a priori favorable, a échoué à rassembler la majorité des éléments les plus à droite et des “nationaux” d’avant-guerre.
Et la FST ne manque pas seulement d’hommes, mais de chevaux (de trait ou de selle), très importants pour cette force hippomobile. En raison des pertes dues à la campagne du printemps et de l’été 40 et des « prélèvements » des occupants, le déficit hippique ne permettrait pas, loin de là, d’équiper la totalité des unités prévues.
Dans le fond, pourtant, la FST n’intéresse ni Laval ni Bousquet. Il y a chez Pierre Laval, qui ne manque jamais de rappeler qu'il est l'élu des ouvriers d'Aubervilliers, un ancien fond d’antimilitarisme et de pacifisme plus ou moins teinté d’internationalisme. Quant à Bousquet, demeuré (du moins, il en est convaincu) radical-socialiste, il est d’esprit peu militaire. Tous deux ont tendance à ne pas prendre au sérieux – à railler franchement, à dire le vrai – les rêveurs et songe-creux du genre de l’amiral de Laborde. Oublié par le ressac du Déménagement sur les rives métropolitaines, celui-ci n’envisage rien moins que d’en prendre la tête à la place d’Emile Laure pour s’en aller guerroyer, en Afrique ou ailleurs, contre les armées d’Alger afin de « reconquérir l’Empire ». Laval et Bousquet ont donc cherché une autre solution pour assurer le maintien de l’ordre, leur principale préoccupation depuis leur arrivée au pouvoir.
Ils ont déjà opposé leur force d’inertie à la dissolution de la Gendarmerie mobile réclamée par la Commission d’Armistice – non sans l’agrément tacite, peut-on imaginer, de membres allemands de cette commission, qui tempèrent par réalisme leur haine de la France (et des Français) et la volonté de venger l’offense du diktat de Versailles. Mais il y a mieux à faire.
C’est ainsi qu’avec le plein accord de Laval, Bousquet propose aujourd’hui à Abetz, et très vite à Berlin au sens large (par le canal d’Himmler, avec qui il entretient des relations, personnelles et professionnelles, de confiance) le projet de transformation de la Gendarmerie mobile en “Garde française” – la référence à l’Ancien Régime est voulue .
La “Garde” ne doit compter aucun simple soldat, mais 25 000 sous-officiers et officiers. Les sous-officiers recevront si besoin une formation de quatre à six mois ; quant aux officiers, la préférence ira à des hommes sortis du rang par Saint-Maixent ou Saumur plutôt qu’issus de Saint-Cyr. Les gendarmes mobiles seront obligatoirement versés aux FST (ce qui allègera un peu le problème d’effectifs de celles-ci).
Le gros de ces troupes doit être issu du SONEF, mais Bousquet explique aux Allemands que le recrutement doit intégrer volens nolens aux forces de l’État nouveau les éléments les plus turbulents des milices des groupements autorisés (les Gardes Economiques de Marcel Déat et les Croisés de la Reconstruction de Jacques Doriot) que leur violence déconsidère de plus en plus aux yeux de la population. Ces gens-là, glisse Bousquet, ne sont que des fiers-à-bras incontrôlés quand il ne s’agit pas de nervis, des fauteurs de désordre, en somme, capables de provoquer sur les arrières des troupes d’occupation, serait-ce par excès de bonne volonté collaborationniste, des troubles qui, précisément, nuiraient à la Collaboration. Bousquet considère que la Garde, dès sa création, pourrait « accueillir » (les guillemets sont de Bousquet lui-même) 2 000 Gardes économiques (sur 17 000) et 3 000 Croisés de la Reconstruction (sur 20 000), plus un millier environ de Chemises Vertes (Roland Dorgères), de Francistes (Marcel Bucard) et d’autres ejusdem farinæ, qui se trouveront ainsi canalisés, donc disciplinés. C’est ici mettre à profit l’allergie des nazis bon teint – à commencer par le Führer lui-même , mais aussi Göring, Himmler et Goebbels – et de la Wehrmacht au souvenir des SA en général et, en particulier, d’Ernst Röhm et de ses mignons.
Même si le Führer et ses séides ne cessent de proclamer leur foi « fanatique » en la victoire du Reich, le projet de Garde est accueilli assez favorablement à Berlin et au Berghof. Alors que l’on redoute que la FST ne devienne, mutatis mutandis, une Reichswehr bis, on juge n’avoir rien à craindre d’une force de police militairement organisée, et fermement tenue en main par le gouvernement de Collaboration. Heinrich Himmler, qui voit toujours « faux et grand » comme le Kaiser, croit, lui, y discerner les prodromes de sélection d’une « SS à la française ». Elle pourrait, rêve-t-il, se fondre, dans un futur non précisé, au sein de la SS aryenne et grand-allemande.
C’est pourquoi, alors que les Allemands ne font rien pour faciliter le développement de la FST, ils vont très vite accepter la création de la “Garde française”, qui ne leur cause aucune inquiétude.


20 août 1941
La Collaboration
Wiesbaden
– Pour célébrer l’anniversaire de l’armistice signé par Laval, le gouvernement allemand entérine la mise sur pied de la “Garde française”. Les documents paraphés à la Commission d’Armistice prévoient, tout en la flattant, que les Occupants pourront exiger que la nouvelle organisation accomplisse certaines missions de maintien de l’ordre – contre les Juifs, notamment, ou les « bandes de terroristes » – qu’ils préfèrent ne pas accomplir eux-mêmes, ne serait-ce que pour mouiller au maximum le pouvoir de la Collaboration.
Bousquet, soutenu par Laval, a négocié pied à pied avec Abetz et le MBH et obtenu l’effectif de 25 000 hommes qu’il désirait.
L’unité de base de la Garde sera la légion (1 000 hommes), une par région militaire, soit vingt légions. Deux légions formeront un régiment.
Aux légions s’ajouteront dix Groupes Mobiles de Réserve (GMR) de 500 hommes chacun, répartis en trois Groupements Mobiles de Réserve (GtMR) à trois Groupes et un Groupe Mobile de Réserve Spécial (GMRS) mécanisé. Bousquet a précisé que ces GMR seront, comme les légions, chargés en priorité de missions de « maintien de l’ordre » (maintien énergique, bien sûr), mais qu’ils devront être également en mesure de s’opposer à des « actions militaires ponctuelles » (il n’est pas encore familiarisé avec le mot commando) telles que parachutages ou débarquements, ou de réduire, de vive force s’il le faut, des « bandes organisées » (le mot maquis ne fait pas encore partie du langage courant).
Pour équiper ses hommes, Bousquet a arraché le maximum (voir Appendice).
Afin de marquer l’importance que le NEF lui reconnaît, la Garde sera commandée par un quatre étoiles agrémenté, à l’ancienne, des rang et appellation de « colonel général de la Garde française », le général Langlois. Il aura pour adjoint un trois étoiles baptisé tout bonnement « mestre de camp de la Garde française » le général Perré, héros des chars d’accompagnement de l’infanterie de l’Autre guerre, mais adversaire acharné des conceptions de De Gaulle.
En somme, si la FST apparaissent congénitalement déshéritées, la Garde semble rassembler, au départ, les vrais prétoriens du NEF, avec des soldes et des avantages adéquats. Elle devrait – en théorie – atteindre dès la fin de 1941, grâce à l’incorporation des “politiques”, son plein effectif, en conformité avec le tableau d’organisation de Bousquet qu’ont approuvé les Allemands.
L’essentiel des troupes de la Garde – environ 15 000 hommes – viendra comme prévu du SONEF. Le SONEF n’est pas dissous, mais il ne sera plus composé que de 4 000 à 5 000 « agents spéciaux » en civil (lesquels continueront de considérer leurs anciens collègues en uniforme avec une condescendance confinant au mépris) et de quelques milliers de personnels administratifs assurant le travail de bureau (archivage, fichage, etc.) indispensable à une police politique.
Pour montrer l’unité régnant dans la Nouvelle France, Doriot et Déat offriront gracieusement à la Garde voulue par Laval les éléments les plus marginaux (voire asociaux) de leurs milices – un peu moins, cependant, que ne l’espérait Bousquet : 2 000 Croisés doriotistes et 1 500 Gardes déatistes. Les autres partenaires du NEF ne compteront que pour quelques centaines d’hommes.
En pratique, pour compléter les effectifs et arriver aux 25 000 hommes prévus, il faudra faire appel au recrutement dans la population et chez les prisonniers des Stalags…








Appendice
L’équipement de la “Garde française”

L’armement individuel est entièrement en 7,5 mm (MAS 36 ou 07-15 M34), sauf les pistolets des officiers et adjudants et les PM MAS 38 des chefs d’escouade. Toutes ces armes proviennent des stocks capturés par les Allemands. Ceux-ci n’ont cependant pas été jusqu’à permettre l’attribution à la Garde en général, ni même aux seuls GMR, du fusil semi-automatique FSA 40 à chargeurs de dix cartouches que Bousquet avait quémandé – sans guère d’illusions il est vrai.
L’armement collectif du groupe de combat est à base de FM 24-29.
Chaque légion dispose d’une batterie de six canons de 75 et de six caissons sur pneus tractés par des P 107.
Chaque GMR compte deux compagnies de fusiliers et grenadiers, une batterie de six 75 tractés, une section de huit mitrailleuses Hotchkiss (seules armes en 8 mm, mais leurs qualités compensent ce défaut) et une section de six mortiers de 81.
Chaque élément de la Garde possède en magasins trois unités de feu et les pièces sont, au moins en théorie, approvisionnées à 3 000 coups.
La Garde est entièrement motorisée, avec des véhicules à gazogène (voitures de liaison, camions et camionnettes Citroën, Renault ou Peugeot, autocars Isobloc, tous des meilleurs types 1938-1940). Elle dispose aussi de motos solos et de sides (du type “dragons portés” Gnome & Rhône ou René Gillet). Seuls sont montés le peloton d’honneur gardant le drapeau et une fanfare d’apparat, avec timbales et trompettes « en harmoniques naturels ».
Les Allemands ont même accepté d’allouer au GMRS trois escadrons de quinze automitrailleuses Panhard 178 (sans canon de 25 antichar, mais avec deux Hotchkiss de 13,2 en tourelle), ainsi qu’un groupe de trente-six 75 sur pneus, avec leurs caissons, sur pneus eux aussi, et les tracteurs Citroën ou Unic P 107 correspondants.
Enfin, la Garde est dotée d’un uniforme inspiré de la “Tenue 41”, mais noir, avec la culotte et les jambières des troupes montées et le casque à bourrelet type 35 des motorisés. Le tissu est de bonne qualité, et les cuirs, noircis, choisis parmi les meilleurs dans les stocks.
Les casernes de la Gendarmerie Mobile, débaptisées, sont repeintes à neuf. La nourriture souffre peu des restrictions.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 00:00    Sujet du message: Répondre en citant

10 septembre 1941
La Collaboration
Paris
– Pour assurer certaines tâches militaro-policières, interdites à la FST et jugées indignes de la Garde française (dont la mise en place commence), Laval décide la création de trois organisations ad hoc, de structure plus ou moins militarisée, mais aux ordres du secrétariat d’Etat à la Sécurité du NEF, c’est à dire de Darnand . Ces organismes ne font appel qu’au volontariat – étant entendu que le pouvoir, ainsi qu’il en a été pour la Garde, choisit les “volontaires”, quand il le faut, parmi ceux qu’il estime indispensable d’encadrer de près. Il y affecte ainsi, comme “volontaires désignés”, des membres de diverses organisations qui prônent la Collaboration, d’une part, et des lampistes du SONEF, d’autre part.
L’objectif ici poursuivi est de purger le SONEF des indésirables et de n’y conserver que le noyau le plus fiable : une milice de durs aptes à tout mais avec discipline. Quand le processus sera achevé, au début de 1942, le SONEF ne comptera plus, encadrement et personnel administratif inclus, que 5 000 hommes. Ses “agents spéciaux” inspireront alors assez confiance pour recevoir officiellement des Allemands un armement de pointe, des PM MAS 38 neufs produits à Saint-Étienne et des fusils MAS 36.
La majeure partie de l’encadrement (officiers et sous-officiers) provient des démobilisés qui ont été remobilisés d'office ou des camps de prisonniers. Ils sont surveillés – « selon la méthode des commissaires politiques soviétiques » admettra Bousquet – par des hommes sûrs, anciens de l’armée d’avant-guerre proches des “nationaux”, parfois de la Cagoule, dont le fanatisme offre toutes les garanties de fidélité au NEF.
Les trois nouvelles organisations concernent la mer, l’air et la terre.
– Les Détachements de Défense du Littoral (DDL), d’une quarantaine d’hommes chacun, seront placés sous les ordres d’officiers de la Marine Nationale, dégagés des cadres en théorie, mutés à la Sécurité avec un grade d’administrateur civil (sic) ou le titre de sous-préfet. Ils sont commandés par un ex contre-amiral pourvu de l’appellation de préfet.
Les DDL ont pour mission, de concert avec les troupes d’occupation, de participer à la surveillance des côtes et de repérer les mouvements suspects de jour comme de nuit. Leur armement se limitera à des mousquetons Gras de 11 mm. En Finistère, Côtes du Nord, Morbihan, Ille-et-Vilaine et Loire inférieure, les DDL servent aussi à encadrer les autonomistes bretons dont Pierre Laval, conservant sur ce point un jacobinisme de tradition, ne cache pas de se méfier – d’autant plus que les Allemands les encouragent ouvertement.
L’effectif des DDL n’atteindra jamais 9 000 hommes, y compris l’encadrement.
– Les Détachements de Guet Aérien (DGA) seront commandés par d’ex officiers de l’Armée de l’Air qui, pour ce qui touche aux grades, sont alignés sur l’administration des Eaux et Forêts (sic) ou sur celle des Douanes (re-sic).
Leur mission est de soutenir l’action d’alerte des services de la Défense passive en complétant à la vue les indications fournies par les radars et le Guet allemands. Ils sont armés, par suite d’une de ces incohérences dont le IIIe Reich donne chaque jour cent exemples, d’excellents fusils anglais Lee-Enfield de prise (Dunkerque et ailleurs), mais avec cent cartouches par fusil en tout et pour tout.
L’effectif théorique des DGA, présents sur tout le territoire relevant de l’autorité du NEF, s’élèvera à 12 800 hommes, encadrement compris. En réalité, il ne dépassera guère les trois quarts.
Des discussions auront pourtant lieu en 1942 avec les Occupants qui, en dépit des stipulations de l’Armistice, souhaiteront transformer les DGA en une DCA française de 18 000 à 20 000 hommes. Le déblocage à son profit de pièces contre avions de 25, 75 et 90 mm sera envisagé. Cette DCA française aurait été rattachée au secrétariat à la Sécurité, tout en étant administrée par le ministère de la Défense. En théorie, son but aurait été de protéger les grandes agglomérations et les installations essentielles à l’économie (puits de mines, centrales thermiques et usines à gaz, barrages, réseaux d’énergie et d’eau, gares de triage,manufactures) contre les bombardements alliés. En pratique, elle devait alléger le fardeau de la Flak. Les Allemands étant, pour une fois, demandeurs, Laval tentera longtemps de faire monter les enchères, mais sans succès au bout du compte.
– La Surveillance du Trafic ferroviaire (STF) a failli s’appeler Police des Chemins de Fer. Mais, à la réflexion, Laval et Bousquet ont estimé que les initiales PCF ne leur porteraient pas chance. Ils ont aussi renoncé à l’adjectif spéciale, car le sigle SSTF semblait par trop provocateur.
Les équipes de la STF auront pour tâche principale de lutter contre les transports de biens et de marchandises au profit du marché noir, et de débusquer les passagers recherchés, que ce soit nommément (sur mandat d’amener) ou en général (Juifs, Résistants, parachutés par Alger ou par Londres, évadés…). Leur armement se limitera à des pistolets des modèles les plus divers. Les effectifs de cette véritable police auxiliaire, dont Alger et Londres percevront très vite le danger, dépasseront 25 000 hommes attirés par une paye alléchante et un travail apparemment aisé et sans danger, avec les avantages en nature procurés officiellement (voyages) ou officieusement (charbon) par le fait de travailler à la SNCF.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 00:01    Sujet du message: Répondre en citant

1er septembre 1942
La Collaboration
Berlin
– Georges Scapini, cornaqué de près par Otto Abetz, arrive dans la capitale du Reich par l’express quotidien Paris-Berlin pour le lancement d’une vaste campagne de recrutement pour la Garde du NEF dans les oflags et stalags. Il est accompagné par René Bousquet, grand maître des polices du NEF, qui entretient de bons rapports (de travail et personnels) avec le RSHA. Il s’agit, pour le NEF comme pour les autorités d’Occupation, de faire face aux conséquences de la situation qui s’est créée progressivement en France métropolitaine depuis que les effectifs allemands ont été considérablement réduits pour l’opération Barbarossa. En dehors des côtes et des secteurs clés (miniers par exemple), les forces d’occupation – si l’on excepte les délégations de la Gestapo, les KdS et les postes de la Feld-Gendarmerie – ne sont plus guère présentes que dans les chefs-lieux de département, et encore.
Sans tenir compte des divisions cadres et de celles qui sont en train de se refaire une santé après les premiers combats à l’est, le dispositif de l’Occupant ne repose que sur quinze divisions opérationnelles. Encore certaines ne sont-elles que des Divisions dites de Sécurité, formées d’hommes relativement âgés, médiocrement équipées et hippomobiles à 95%. Trois grandes unités seulement sont mécanisées (sans tenir compte des bataillons de soutien des formations d’infanterie, en général équipés de matériel français de prise millésimé 1940) : la 1.SS-Panzer Division Hohenstaufen et la 17.SS-Panzergrenadier Division (toutes deux de création récente) et le Panzer Lehr Regiment .
Mais il est vrai que l’OKW, passé maître dans la manœuvre ferroviaire sur lignes intérieures, se juge en mesure de renforcer rapidement les Armeekorps déployés à l’ouest et d’y déployer en moins d’un mois trente divisions opérationnelles en cas de nécessité.
L’allègement des garnisons allemandes s’est traduit dès février 1942 par une recrudescence des actes « terroristes » de toute nature. « Absolut gibt es keine Ordnung mehr » a déploré le général Von Stulpnagel, il n’y a absolument plus d’ordre ! Il en a profité pour exiger de Pierre Laval un durcissement de la répression des « menées antinationales » et pour demander à l’OKW et au RSHA le retour en France de six régiments de police au moins, « quels que soient les besoins des armées de l’Est. » De son côté, la propagande du NEF attribuait les actions en question « aux communistes et aux juifs » tandis que les services du Dr Goebbels mettaient en cause dans Signal « des étrangers assistés par une tourbe négrifiée et enjuivée recrutée par les apaches de la soi-disant Résistance dans les bas quartiers des villes. »
Après des négociations ardues entre Pierre Laval et Otto Abetz (surveillé par Heinrich Himmler, qui a mis sur la touche, quoi qu’il en ait, Joachim Von Ribbentrop), le Führer lui-même a donné son accord à des mesures permettant au NEF d’amplifier son action de police contre le « terrorisme ».
Certes, il a refusé, il va de soi, tout renforcement de l’armée du NEF, officiellement dénommée “Force de Sécurité du Territoire” et toujours limitée à 80 000 hommes par les clauses de l’armistice . Il est vrai qu’à Berlin, où l’on garde en mémoire l’exemple de la Reichswehr, on craint que les FST, soupçonnées d’être inféodées à Alger, ne basculent dans le camp adverse en cas de débarquement allié en Europe continentale. C’est d’ailleurs ce que prévoient certaines plumes de la Presse collaborationniste : ainsi, Lucien Rebatet écrit dans Je suis partout, avec sa violence coutumière, dans la veine de ses Décombres, mais non sans talent : « Les vainqueurs de la défaite ont trahi la République par veulerie et sottise. Ils trahiront l’État nouveau si les juifs et les francs-macs d’Alger leur garantissent des étoiles, des galons, des places et de l’argent. La caque sent toujours le hareng. »
Cependant, Hitler a concédé à Laval un accroissement de sa Garde, qui pourra passer de 28 000 à 35 000 hommes. Mais, très marquée politiquement et particulièrement haïe par les patriotes, la Garde peine à déjà à recruter. Le voyage de Georges Scapini en Allemagne – il devrait visiter une huitaine d’oflags et de stalags en quinze jours – vise justement à encourager les officiers et sous-officiers prisonniers, en particulier les anciens de la gendarmerie mobile, à rejoindre la mieux équipée (et la plus efficace, aux yeux des Allemands) des forces de l’ordre de l’État nouveau. S’ils s’y décidaient, ils seraient libérés dans les vingt-quatre heures. Outre une prime d’engagement fixée à quatre mois de solde, ils bénéficieraient d’une permission de détente d’un mois, à dater de leur retour dans leurs foyers, avant de rejoindre leur affectation.


30 décembre 1942
La Collaboration
Paris
– Georges Scapini reconnaît à demi-mot l’échec de sa campagne de recrutement pour la Garde, lancée en septembre dans les Oflags et les Stalags. Dans un rapport destiné à Pierre Laval en sa qualité de ministre de la Défense du NEF, il écrit : « Il semble qu’il faille rendre les conditions offertes aux engagés plus intéressantes encore, dans la mesure où nous n’avons enregistré jusqu’à présent que 2 328 engagements. » Il omet de rappeler que les premières estimations, qui avaient permis d’arracher le consentement du Reich au renforcement de la Garde, prévoyaient de 7 000 à 8 000 engagements en quatre mois.
Toutefois, Scapini n’abdique rien de son indéracinable optimisme. Il ajoute : « Il paraît réaliste d’escompter que ce flux, encore trop modeste, ira bientôt en grossissant, en fonction des nouvelles, de nature à stimuler les énergies nationales , qui nous parviennent du Front de l’Est. »
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 08:05    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques remarques sur un texte par ailleurs très intéressant :

- il me semble absolument impossible que les Allemands laissent des Panhard 178 aux Français, ils en ont bien trop besoin ; de façon générale, les pertes plus importants subies par les Allemands ajouté au simple fait qu'ils savent qu'il leur faudra à nouveau affronter Français et Anglais dans un avenir proche vont les inciter à faire main basse sur absolument tout.
- le nombre de canons de 75 dispo (en admettant là encore que les Allemands acceptent d'en céder quelques-uns) me semble largement trop important).
- je suggère de ne pas entrer dans le détail des forces d'occupation (nombre et identité des unités), c'est un sujet qui n'a pas encore été traité suffisamment.
- d'après http://www.lexikon-der-wehrmacht.de/OrdersofBattle/August1940.htm, les terrains utilisés par les Allemands à proximité de Paris sont : Orly, Melun, Etampes, Evreux, St. Andre-de-L'Eure, Villacoublay, Dreux, Chartres. Il resterait donc probablement Le Bourget pour la Force Aérienne de Défense.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2776
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 16:21    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
- il me semble absolument impossible que les Allemands laissent des Panhard 178 aux Français


Mais historiquement (OTL) ils l'ont fait, non ? Confused

Sinon, peut-on espérer voir ressortir des dépôts le reliquats des AMD White-Laffly ou des Citroën P16 (sans leurs canons de 37mm, peut-être) ? Je doute que celles-là intéressent l'occupant...
_________________
"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
dak69



Inscrit le: 24 Oct 2006
Messages: 345
Localisation: lyon

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 17:37    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir

Plein de bonnes choses dans tout ça ! Quelques avis personnels :

Pour la DCA, seuls des canons de 75 resteraient disponibles, du moins ceux que les Allemands n'auraient pas emporté avec eux pour défendre leurs propres cités. L'effectif des guetteurs me semble élevé, et, personnellement, je ne vois pas à quoi peut leur servir un fusil, à part se blesser avec, une paire de jumelles et un téléphone me semblant plus utiles ! OTL, après Torch, il y eut une "DCA française" mais complètement contrôlée par les Allemands (je peux retrouver des infos là-dessus). Et puis, confier la DCA aux Français c'est prendre de sacrés risques, car c'est bien connu, les artilleurs de la DCA tirent d'abord et ne vont consulter les cocardes qu'une fois l'avion visé au sol !

Pour l'aviation du NEF, limitée au gardiennage du parc à ferrailles, je propose qu'elle disparaisse complètement courant 1941...

Enfin, si les chasseurs alpins se transforment en chasseurs morvandiaux et auvergnats, je suppose que M-M a une excellente idée derrière la tête !

bien amicalement
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 17:47    Sujet du message: Répondre en citant

- Pour les Panhard : les Allemands ont approvisionné de différentes façons en véhicules militaires leurs alliés, Hongrois, Roumains, voire Slovaques et Croates. Dans des quantités très variables certes, mais quand on refile des dizaines de Sturmgeschutz III aux Slovaques, on peut concéder 45 AM Panhard à ce qui se présente comme une SS à la française.

- Pour les forces allemandes : nous sommes restés dans les clous de la première annexe de ce genre et des éléments indiqués dans l'OdB des Allemands en Italie.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 17:55    Sujet du message: Répondre en citant

dak69 a écrit:
Pour la DCA, seuls des canons de 75 resteraient disponibles, du moins ceux que les Allemands n'auraient pas emporté avec eux pour défendre leurs propres cités. L'effectif des guetteurs me semble élevé, et, personnellement, je ne vois pas à quoi peut leur servir un fusil, à part se blesser avec, une paire de jumelles et un téléphone me semblant plus utiles ! OTL, après Torch, il y eut une "DCA française" mais complètement contrôlée par les Allemands (je peux retrouver des infos là-dessus). Et puis, confier la DCA aux Français c'est prendre de sacrés risques, car c'est bien connu, les artilleurs de la DCA tirent d'abord et ne vont consulter les cocardes qu'une fois l'avion visé au sol !


Si tu lis bien, tu constates que le projet n'aboutit pas !
Pour les guetteurs : il s'agit plus d'enrégimenter des indésirables que d'assurer un guet AA. Et leur fusil leur sert à éviter de mauvaises rencontres (et à montrer la "puissance" du NEF).

dak69 a écrit:
Pour l'aviation du NEF, limitée au gardiennage du parc à ferrailles, je propose qu'elle disparaisse complètement courant 1941...


En pratique, c'est bien ce qui est indiqué, en dehors des deux "Groupes". Ceux-ci nous permettront de nous distraire un peu...
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Cornelis



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 77
Localisation: Guéret (Creuse)

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 19:28    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir.

J'aime ce fourmillement de "gardes", "forces" et "croisades" qui illustre aussi bien les rapports incertains entre membres du gouvernement que leur rodomontades à tonalité martiale et virile.

Un petit pinaillage : les administrateurs civils n'existent pas avant 1945 (création de l'ENA), les chefs de milice côtière pourraient être des rédacteurs d'administration centrale, des chefs de division de préfecture voire des chefs de bureau d'administration centrale.

Les administrations des Eaux et Forêts (dirigées par des conservateurs des Eaux et Forêts alors) et des Douanes sont parmi les rares civiles à être dotées de l'uniforme, ce qui doit plaire à nos "détachés du guet".
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patzekiller



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 3940
Localisation: I'am back

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 21:23    Sujet du message: Répondre en citant

si j'interprete bien ce que je lis, les fortifications du futur sudwall, compte tenu du barbarossa ftl, devraient etre composée de ces 75 de prise, de tout ce qui aura ete enlevé à ces pauvres malheureux lorsque les allemand craindront un retournement et de tout ce qu'il reste dans les depot d'armistice

bref, les richelieu et autres ouvre-boites vont s'en donner à coeur joie lors du debarquement
_________________
www.strategikon.info
www.frogofwar.org
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Jeu Fév 10, 2011 22:25    Sujet du message: Répondre en citant

Honnêtement, entre le matériel détruit lors des combats de juillet/août 40, le peu qui est évacué et le reste qui est saboté, je doute que les Allemands mettent la main sur des tonnes de trucs. Des 75 sans doute (ne serait-ce qu'avec le GA1 et le GA2), mais des Panhard, ça m'étonnerait fort.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
Messages: 225
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 10:06    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir à tous.
Le "pinaillage" de Cornélis est d'autant plus justifié que je voulais écrire contrôleur civil (comme au Maroc et en Tunisie). J'ai beau, dans une vie antérieure, avoir été maître de conférences à l'ENA, je n'ai pas la religion des administrateurs civils.
En ce qui concerne les AM Panhard 178, je rappelle que l'Armée de l'Armistice OTL disposait très officiellement de 64 de ces engins (sans canon de 25) et, très secrètement, d'un nombre à peu près équivalent - dont certains exemplaires auraient reçu en condition opérationnelle une superstructure nouvelle dessinée et usinée clandestinement, la fameuse tourelle CDM à canon de 47.
Quant aux 75, l'armée de 39-40 en avait à ne savoir qu'en faire - et c'est sans doute ce qui a retardé le passage, demandé par tous les bons esprits, aux 105 C ou L comme pièces standard des artilleries divisionnaires. Il en resterait certainement assez après le Grand Déménagement pour armer les FST et la Garde, les Allemands, comme en OTL, les jugeant un peu légères en calibre comme en portée et ne les employant pas comme pièces de campagne.
Enfin, oui, j'ai quelques idées derrière la tête, mais nous n'en sommes pas encore au tome 3 et d'ici là, j'ai, comme beaucoup d'entre nous, du turbin jusque par dessus la tête. Si je l'oubliais, Casus Frankie sortirait sûrement sa grande cravache! Smile
Amts ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 14:21    Sujet du message: Répondre en citant

Menon-Marec a écrit:
En ce qui concerne les AM Panhard 178, je rappelle que l'Armée de l'Armistice OTL disposait très officiellement de 64 de ces engins (sans canon de 25) et, très secrètement, d'un nombre à peu près équivalent

Oui, mais cela signifie-t-il que les Allemands ont rendu celles qu'ils ont capturées (principalement au GA1) ? À mon avis non. Surtout pas dans le contexte FTL où Hitler sera décidé à faire payer ces entêtés de Français.

Par conséquent, l'armée de l'armistice disposait des celles qui avaient réussi à se replier (essentiellement dans le sud-ouest), celles des dépôts et celles sorties d'usine (y compris des modèles destinés à l'AfN et qui iront en partie à la 4e DCR historiquement).

En FTL, tout ce matériel aura été soit détruit dans les combats de juillet/août (sachant qu'un usage judicieux des unités mobiles est le meilleur/seul moyen de retarder la progression allemande, comme cela fut le cas dans la partie ouest du front en OTL), soit évacué (peu probable), soit saboté (il sera donc tombé entre les mains de l'ennemi.) ou caché en dernier recours (mais avec l'ennemi qui a accès à tout le territoire).

Donc quelques exemplaires symboliquement pourquoi pas, mais une cinquantaine, pas vraiment possible.
De plus, nous n'avons pas d'armée de l'armistice en FTL.

N'oublions pas aussi qu'OTL la production s'est poursuivie au profit des Allemands, qui ont donc un vrai intérêt dans ce type de matériel qui correspond à leur doctrine (et d'ailleurs les AMD se sont confrontées avec succès aux automitrailleuses allemandes dans le nord de la Belgique).
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
raven 03



Inscrit le: 20 Mar 2009
Messages: 1164
Localisation: loire (42)

MessagePosté le: Ven Fév 11, 2011 15:45    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,
Juste pour savoir:
Est il vraiment impossible de relancer ou d'utiliser certaines chaines d'assemblages en metropole pour produire du materiel pour cette" pseudo armée"?
Après tout ce n'est pas avec 64 AMD178 et quelques 75 que le NEF va attaquer et conquerir le reich d'adolf .Pas plus que quelques chasseurs depassés et sans essence vont empecher qui que se soit de survoler le pays.
Sans la surarmée,il devrait etre possible de fournir à ces "soldats egarés" UN PEU materiel recent à defaut d'etre moderne.

Et sait-on jamais, 1 ou 2 regiments "épurés" de leur racaille pro-NEF pourrait avoir des idées bizarres au moment du debarquement en Provence.(comme de partir en villegiature dans des coins de France aussi particuliers que difficiles d'accès....qui à dit Vercors ?)

amicalement
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> La France occupée Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page 1, 2  Suivante
Page 1 sur 2

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com