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1940 - La France continue la guerre
 
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Penser aux Prisonniers
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patrikev



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MessagePosté le: Ven Nov 26, 2010 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

Pour le moment délicat de la capture, même le caporal à moitié illettré peut comprendre que ramener à ses chefs un prisonnier d'un modèle inhabituel lui vaudra une bonne note et lui fera pardonner quelques bitures.

Après Barbarossa, ce sera plus délicat et je conseille d'éviter clairement la direction Est. Si le village d'à côté vient d'être massacré par les SS (ou la LVF...), même un officier russe instruit ne prendra pas toujours le temps de réfléchir.
_________________
- Votre plan comporte un inconvénient majeur.
- Commençons par le plus facile: capturer la bête.
- Le voilà, l'inconvénient majeur.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 27, 2010 19:32    Sujet du message: Répondre en citant

Menon-Marec est en forme...




1er mai 1941
Berne
– L’ambassade de France en Suisse informe la Direction du Personnel de l’état-major de l’Armée et la DGPI, par télégramme urgent, que le lieutenant Alain Le Ray, du 159e RIA (dont il a commandé avant la guerre la SES), évadé d’Allemagne, s’est présenté la veille à l’attaché militaire. Il a demandé à être envoyé aussi vite que possible en Afrique du Nord.
Le lieutenant Le Ray était détenu depuis le début de l’année à l’Oflag IV-C de Colditz (Saxe) où les autorités allemandes ont réuni à partir de janvier les officiers alliés qui ont déjà tenté, sans succès, une évasion et ont été repris. Il y a, selon Le Ray, plus d’une cinquantaine de prisonniers français, très majoritairement des subalternes, et autant d’officiers alliés dans ce Burg médiéval, plus emblématiquement germanique encore que le Haut-Kœnigsbourg, qui a été longtemps utilisé comme asile d’aliénés. « Colditz, affirme un slogan répété jusqu’à satiété aux détenus, est un camp dont on ne s’évade pas. »
Pas convaincu mais tenace, Alain Le Ray a mis a profit une promenade, le 11 avril, pour fausser compagnie à ses geôliers et s’évanouir dans la nature. Il a vécu des pérégrinations diverses – « excitantes et sportives » selon ses propres termes, puisqu’il a échappé, au sprint, à des Schupos lancés à sa poursuite, avant de parcourir plus d’une centaine de kilomètres « tel une promeneuse » dit-il, sur une bicyclette volée, de dérober une paire de skis dans un train et de franchir grâce à eux, en dépit de la neige, la frontière de la principauté de Liechtenstein, d’où il est passé sans coup férir en Suisse. Il est le premier prisonnier à s’être échappé de Colditz (et le premier champion d’un triathlon peu banal : course à pied, vélo, ski de fond).
L’information vient confirmer à la DGPI que la totalité des officiers, ou peu s’en faut, refusent de prendre pour argent comptant les allégations de la propagande du NEF – qui les exhorte à se montrer « corrects » et à s’abstenir de tout geste d’hostilité vis à vis des Allemands, a fortiori d’évasion. Ils cherchent, avant tout, à reprendre le combat. Avec l’accord exprès des généraux Noguès et Héring, le général de Saint-Vincent décide d’ordonner au lieutenant Le Ray, qui sera promu capitaine au 14 juillet 1941, de ne pas demeurer en Suisse mais de passer sur le territoire métropolitain. À charge pour lui d’y créer un réseau d’aide aux évadés de tous grades, d’encadrement et d’évacuation via l’Espagne, dont il prendra le commandement .
Les circonstances, a considéré le général de Saint-Vincent, homme à faire flèche de tout bois, exigent d’oublier qu’Alain Le Ray n’a eu aucune expérience de la clandestinité. L’audace et la débrouillardise qu’il vient de démontrer devront suffire à sa nouvelle tâche.


4 juin 1941
Alger
– En recoupant des informations fournies très officiellement par la Croix Rouge et des données « parvenues de diverses sources » (selon la formulation retenue par Havas libre, dans son domaine, pour éviter d’avoir à mentionner explicitement le 2e Bureau de l’EMGDN et les Services spéciaux), la DGPI acquiert la conviction que le stalag VI-H d’Arnoldsweiler-Düren, en Rhénanie, est utilisé comme centre de transit des évadés repris dans les régions occidentales de l’Allemagne. Ils y sont interrogés par la Feldpolizei, hébergés (y compris les officiers) dans des chambrées ou des chambres à part, puis triés avant leur renvoi illico dans un Oflag ou un Stalag disciplinaire . Par ailleurs, le VI-H enferme plusieurs milliers de sous-officiers et d’hommes de troupe tant français que belges et néerlandais, sous un régime de captivité “normal”.
Pour la DGPI, il devient fondamental d’implanter à Düren d’une part l’un de ses “triangles”, d’autre part – et de manière totalement dissociée compte tenu du cloisonnement nécessaire – une structure de renseignement partagée avec le BCRAM. Il faut cependant d’abord que la conviction de la DGPI sur le rôle du VI-H devienne une certitude. Dans ce but, une manœuvre par la bande s’impose.
C’est pourquoi le général de Saint-Vincent demande au Dr Marcel Junod, du CICR, de transmettre à l’OKW une protestation très officielle, sous prétexte qu’il est inadmissible que les officiers et la troupe soient mélangés à Düren. Il suffira que les Allemands fassent valoir que la susdite promiscuité n’est que provisoire – et la DGPI croit savoir que les officiers, en fait, ne restent jamais à Düren plus de quarante-huit heures, tenus avec méthode à l’écart des sous-offs et hommes du rang – pour que l’information soit absolument confirmée.


22 juin 1941
Moscou
– La Stavka annonce officiellement au général Michon que lui-même et ses adjoints sont autorisé à se rendre dès le lendemain au camp de Mitchourine pour y rendre visite aux Français détenus. Mais, culte passionné du secret hérité de la Russie des tsars oblige, ils y seront conduits dans deux voitures militaires soviétiques. La Stavka n’a pas précisé (cela allait sans dire…) que les chauffeurs seront, en fait, des officiers de la direction politique de l’Armée rouge. Deux autres véhicules transporteront l’interprète de l’ambassade, deux secrétaires chargés d’établir les fiches d’identité et diverses victuailles : l’ambassadeur Charles Corbin, sans en référer à la Rue Michelet et passant outre aux objections du fonctionnaire du Trésor qui gère les deniers publics, a décidé l’ouverture d’un crédit exceptionnel pour « des emplettes d’ampleur », ordonnera-t-il en souriant (une fois n’est pas coutume), au Gastronom.
Avant même de connaître les besoins réels des internés, Corbin et le général Michon lancent un appel d’urgence aux autres ambassades alliées et même à celle des États-Unis, afin de récolter de quoi apporter à Mitchourine une cartouche de cigarettes pour chacun des Français. Les réserves de l’ambassade, approvisionnées par la valise diplomatique tous les mois, permettront au moins de garnir les coffres des limousines des politrouks d’une bouteille de champagne et d’une bouteille de cognac pour quatre – outre les indispensables flacons destinés à encourager, à la direction du camp et partout où la nécessité s’en fera sentir, les bonnes volontés soviétiques.
On ne révèlera pas tout de suite aux détenus – toujours le souci du moral des cadres et des personnels – que le champagne et le cognac, exportés au grand jour par le NEF vers le Portugal et l’Espagne, doivent être réimportés en AFN moyennant de solides commissions. Les rares hommes à recevoir des Troupes distraites de l’allocation des attachés militaires devront ignorer, s’ils découvrent une saveur inaccoutumée à ces Gauloises au rabais, âcres et pleines de bûches qui marquent la permanence des règlements élaborés par Louvois , vont ignorer qu’elles sont désormais élaborées en AFN par la fameuse fabrique Bastos, à partir de tabacs espagnols. La France, terre d’abondance, n’est plus maîtresse de ses boissons nationales ni de son herbe à Nicot. Il est vrai qu’elle ne contrôle plus son territoire non plus.


23 juin 1941
Mitchourine, 10h30
– Les cent quatre-vingt détenus français du camp sont impeccablement rangés en carré. Le capitaine Billote ordonne le garde-à-vous quand le général Michon – provocateur, mais à peine, compte tenu des circonstances, avec monocle, cravache sous le bras et bottes, Saumur il va de soi, cirées à miroir – s’approche, suivi de ses adjoints.
Le général salue longuement, main au képi, puis lance : « Repos, messieurs, vous l’avez mérité. » Puis il ajoute : « Mes adjoints et moi-même, nous vous verrons tous, l’un après l’autre, individuellement. Sachez que le gouvernement, au plus haut niveau, a exigé des autorités soviétiques votre libération immédiate. Notre ambassade toute entière s’y emploie de son côté. D’ores et déjà, vous êtes sous sa protection et nous allons à l’instant vous distribuer de quoi améliorer l’ordinaire. Messieurs, vive la France ! » L’assistance répond d’une seule voix : « Vive la France ! »
À sa surprise, car il a davantage l’habitude des « A vos ordres, mon général », le général Michon est très applaudi. Il demande ensuite à Billote de former des groupes afin que lui-même et ses adjoints puissent rencontrer chacun des détenus personnellement avant que les secrétaires n’établissent un début de dossier.

Moscou, 12h00 – Le pouvoir soviétique souffle le froid après le chaud.
Convoqué au ministère des Affaires étrangères – que les diplomates français persistent, par habitude, à dénommer le Pont-aux-chantres comme à Saint-Pétersbourg – Charles Corbin, reçu par un adjoint de Molotov, s’entend signifier un rejet sans phrases de la note verbale réclamant la libération des détenus du camp de Mitchourine. Il s’est agi là, ajoute le sous-fifre, d’une « ingérence intolérable » dans les affaires intérieures de l’URSS.

Genève, 14h00 – Le CICR transmet à la Représentation permanente de la France auprès de la SDN et des autres Organisations internationales une note de protestation du Reich. Les Allemands s’indignent du transfert d’un certains nombre d’officiers de la Wehrmacht et de la Luftwaffe dans un camp installé à proximité de Colomb-Béchar : ils risqueraient, affirme la note, d’y mourir de chaleur et de soif.


30 juin 1941
Genève
– Les Allemands sont tombés dans le panneau. Ils répondent au CICR que les officiers « de passage » à Düren sont, conformément aux règlements, toujours tenus à l’écart des sous-officiers et hommes de troupe. Ils bénéficient de chambres et d’une popote à part.


4 juillet 1941
Alger
– Le chef d’escadrons Jacques Weygand est nommé à un poste ultra-secret par le général de Saint-Vincent – avec l’accord, tout de même réticent, du général de Gaulle : il devient le chef du cadre D de la DGPI. Cette nouvelle structure, sans rapport évident a priori avec le sort des prisonniers ou internés, devra encourager à la désertion les personnels militaires allemands de la Heer, de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine originaires d’Alsace ou de Lorraine annexées, veiller à les mettre à l’abri puis les acheminer sur l’AFN via l’Espagne après les avoir muni d’identités de Français “de l’Intérieur”.
Les rapports en provenance de l’Hexagone ont évalué à plus de cinq cents le nombre des Alsaciens et Lorrains déserteurs entre décembre 1940 et mai 1941. Leur sort semble d’une extraordinaire précarité, car les polices du NEF, plutôt accueillantes aux évadés d’Allemagne, ou à tout le moins indifférentes, n’hésitent jamais à remettre les déserteurs allemands aux mains de la Feldpolizei, des Feld-Gendarmes ou de la Gestapo – quels que soient, par ailleurs, les vrais motifs de la désertion. Et les quelques Alsaciens ou Lorrains à qui ce sort malheureux est échu ont été fusillés sans jugement, sur simple décision de l’OBH Frankreich.


14 juillet 1941
Mitchourine
– Les détenus célèbrent la fête nationale par un rassemblement au cours duquel le drapeau tricolore est envoyé au haut d’un mât dressé la veille avec l’accord du commandement du camp. Ils entonnent ensuite la Marseillaise.
Mais le fait significatif réside, sans doute, dans le remplacement surprise, pendant la nuit, de tout le personnel du NKVD, aux distinctives bleues, par des officiers, sous-officiers et soldats de l’Armée rouge dont ils portent les insignes, notamment les pattes d’épaules KA. Les officiers notent avec intérêt que les nouveaux gardes sont dotés de l’un des types de pistolet-mitrailleur utilisés par les troupes soviétiques durant la guerre contre la Finlande, le PPD 38, inspiré à l’ingénieur Degtyarev par l’antique MP 18 Bergman allemand des Stoßtruppen, mais doté d’un chargeur circulaire. Les hommes du NKVD n’étaient armés que de fusils Mosin-Nagan, d’ailleurs pas de la première jeunesse.

Alger – La France rejette la protestation allemande. La note remise au Dr Marcel Junod à l’issue du défilé de la Fête Nationale fait valoir que les officiers allemands envoyés à Colomb-Béchar sont logés dans des bordjs bâtis par la Légion suivant les procédés traditionnels des Sahariens. Ils sont donc frais le jour et chauds la nuit. D’autre part, dans l’hypothèse où les atlas en usage outre-Rhin omettraient de le préciser, la France rappelle que la localité de Colomb-Béchar s’est édifiée autour de la palmeraie d’une oasis, ce qui écarte ipso facto tout risque de pénurie d’eau.
En outre, on insiste, du côté français, sur le fait que les détenus bénéficient, comme le veulent les conventions de Genève, des mêmes soins médicaux que des officiers français: le camp dispose d’un dispensaire où officient un Arzt-Oberleutnant et un médecin-capitaine de l’Armée de l’Air. Ils sont, en cas de maladie grave ou d’opération d’urgence, transportés par avion sur l’hôpital Maillot d’Alger.
En réalité, le Reich ne supporte pas que les captifs de son élite guerrière soient gardés par des tirailleurs sénégalais et surveillés, de loin, par des méharistes de l’ethnie r’guibat (des berbères arabisés): le sang grand-allemand court le danger, selon Berlin, d’être « négrifié » par ces contacts.


26 juillet 1941
Mitchourine, 12h00
– Les détenus français apprennent qu’ils seront libres à partir de 14 heures, et qu’ils ont à faire leur valise – qui n’est en général qu’un mauvais baluchon renfermant plus de hardes que de vêtements – dans la demi-heure ! Chacun s’affaire aussitôt à achever de préparer son maigre bagage.
12h45 – Les Soviétiques ont, pour une fois, prévu un menu, sinon amélioré, du moins copieux (à l’échelle du camp): soupe de gruau, chou rouge, kotletts et pommes de terre, thé et pain de seigle à volonté.

Moscou, 13h00 – Le ministère soviétique des Affaires étrangères, sans apporter là ni explication ni justification, informe l’ambassade de la libération des détenus de Mitchourine.

Mitchourine, 14h00 – Les Français, à l’issue d’une sorte de cérémonie d’adieu arrosée à la vodka, à raison de 50 grammes par homme, sont embarqués dans une huitaine d’autocars aux rideaux tirés qui prennent la route de Moscou.

Moscou, 17h00 – Les cent quatre-vingt ex-détenus de Mitchourine sont accueillis dans le jardin de l’ambassade par Charles Corbin et le général Michon.
L’ambassadeur leur apprend qu’ils passeront la nuit dans divers hôtels – « Attention aux punaises ! » leur recommande le diplomate qui, d’évidence, n’a qu’une piètre idée de l’hôtellerie soviétique sous l’égide de l’Intourist, à moins qu’il ne veuille les mettre en garde contre les inévitables informateurs du NKVD. Dès le lendemain, ils seront dirigés par train spécial, en classe “molle”, vers un port du nord de la Russie : soit Mourmansk, soit plus probablement Arkhangelsk. Un ancien paquebot mixte de la P & O réquisitionné par la Royal Navy et armé de vieilles pétoires, le SS Canton , les y attendra pour les conduire en Grande-Bretagne, d’où ils repartiront pour l’Afrique à bord de bâtiments affrétés par la Marine nationale.


28 juillet 1941
Arnoldsweiler-Düren
– Le “triangle” de la DGPI est en place. En fait, c’est devenu un quadrilatère, car un quatrième acteur a été nommé : “l’inquisiteur” – selon l’appellation conférée par un plaisantin d’Alger – reçoit mission d’interroger les évadés, de collecter leurs expériences et d’en informer la DGPI, qui en fera la synthèse et la fera parvenir aux chefs des évasions des différents oflags et stalags.
Ces renseignements seront d’autant plus précieux que le nombre des candidats au départ ne cesse de progresser : depuis le début du printemps, les chiffres collationnés par la DGPI font état aux dernières nouvelles, avec les réserves d’usage , de près de 8 000 tentatives d’évasion, dont plus de 2 500 ont été couronnées de succès.


4 août 1941
Moscou
– Préparant un rapport à tête reposée sur les évènements du mois précédent, Charles Corbin, qui a évoqué à de nombreuses reprises la question avec ses collaborateurs, avec le général Michon et avec ses collègues d’autres pays alliés, croit pouvoir avancer que deux facteurs, concomitants mais distincts, ont poussé les Soviétiques à la libération des Français de Mitchourine :
– leur goût exacerbé du secret (et sans doute redoutaient-ils que les détenus ne finissent par apprendre trop de chose sur la réalité de l’URSS) ;
– un infléchissement, discret encore, de la politique du Kremlin (qui pourrait commencer de prendre ses distances, s’il ne les a déjà prises, vis à vis de Berlin).
Ce dernier point revêt aux yeux de Corbin d’autant plus de vraisemblance que le chef du bureau d’Havas libre a appris, par le journaliste des Izvestia qui lui sert de correspondant , que les autorités envisageaient, sous réserve de réciprocité de la part d’Alger, de porter de deux à quatre le nombre des journalistes de l’agence autorisés à séjourner en URSS. « Je ne puis croire à une coïncidence » écrit Corbin.


9 août 1941
Glasgow
– Les cent quatre-vingt Français du Canton débarquent après un voyage assez éprouvant. Même si le bâtiment naviguait seul à près de vingt nœuds, ce qui interdisait presque à des sous-marins de l’attaquer, et même si, de surcroît, il a pu suivre une route aussi nord que possible, donc loin des bases allemandes de Norvège, les alertes aux U-Boote et aux avions de la Luftwaffe, à commencer par les patrouilles de FW-200 Kondor, ont été multi-quotidiennes. Le rapport du captain G.H. Metcombe-White RNR DSC à l’Amirauté fera état d’une moyenne journalière de trois rappels de plus de deux heures aux postes de combat.
Joseph Paul-Boncour et l’amiral Fernet sont présents sur le quai du grand port pour les accueillir, tandis que la fanfare de la 1st Lothians and Border Yeomanry exécute une Marseillaise assez lente, à l’anglaise (manière de parler, puisque la Lothians and Border Yeomanry est un regiment écossais). Le haut-commissaire annonce que tous, dès leur arrivée en AFN, seront promus au grade supérieur à dater du jour de leur évasion avec rappel de solde – ce qui est très apprécié – outre l’attribution de la médaille des Evadés et de la Croix de Guerre.


15 août 1941
Alger
– Un mémorandum secret du général de Saint-Vincent destiné au général de Gaulle, au général Noguès et à l’EMGDN, annonce que le cadre B de la DGPI a achevé la mise en place de son dispositif dans tous les oflags et stalags sans exception. La présence sur le territoire du Reich de nombreux travailleurs français (plus ou moins volontaires, en fonction des pressions exercées par le Reich sur le NEF) facilite la fourniture de faux documents, de cartes, d’argent et d’instructions aux “triangles” par les “délégués” du cadre B.


26 septembre 1941
Madrid
– Le gouvernement espagnol accepte, à l’issue d’une négociation ardue menée par André François-Poncet personnellement avec le ministre espagnol des Affaires étrangères lui-même, le colonel Beigbeder, de fermer dans les semaines à venir le camp de Miranda, où étaient systématiquement internés les Français qui avaient franchi les Pyrénées au péril de leur vie et tentaient de rejoindre l’Afrique du Nord. Les conditions de vie y étaient particulièrement pénibles et les prisonniers, en particulier les évadés des oflags et stalags, menacés sans cesse d’être remis aux autorités allemandes – sans que l’on sache jamais si ces menaces avaient quelque fondement ou relevaient de la rhétorique propre au franquisme.
Un service en valant un autre, la France accepte de fournir à l’économie espagnole de l’huile d’olive de Tunisie pour compléter la récolte nationale, déficitaire cette année de plusieurs milliers d’hectolitres, du riz de Madagascar et de l’alcool de distillation destiné à servir d’additif aux anémiques carburants d’aviation produits par les raffineries de la Péninsule ibérique, mal remises de la Guerre Civile.
Pince-sans-rire, François-Poncet notera, dès le lendemain, dans son rapport à la Rue Michelet, que Beigbeder a eu le bon goût de ne pas relever que la décision de Madrid a sans nul doute été accélérée par les manœuvres de grand style menées par deux divisions françaises en formation à proximité des frontières du Maroc espagnol. « Le général Franco et certains de ses collaborateurs, écrira-t-il, ne manquent pas de lucidité – surtout lorsque la France peut les aider à mieux discerner où leur véritable intérêt se situe. »


NOTES

Le capitaine Le Ray sera transféré en AFN par sous-marin en février 1942. Il assurera alors le commandement du Centre de formation des Troupes alpines de Chréah (Kabylie) avant d’être nommé, avec quatre galons, à la tête d’un bataillon du Quinze-Neuf en janvier 1943 et de faire à nouveau campagne. Il deviendra, après la guerre, le gendre de François Mauriac.
Où ils seront astreints à la “pelote”, souvent sous les ordres de sous-officiers français, sans préjudice d’un temps plus ou moins long en cellule de punition.
C’est l’inamovible ministre de Louis XIV qui a décidé que chaque soldat recevrait une allocation hebdomadaire de tabac, outre sa solde en monnaie sonnante et trébuchante.
Chacun sait que ce dérivé russe du français côtelettes désigne en fait des boulettes de viande.
Le Canton, encore en mer à ce moment, transportait une cargaison de machines-outils, d’une part, et, d’autre part, d’instruments de géodésie destinés à la recherche pétrolière : Winston Churchill, qui n’avait pourtant rien d’un pro-bolchevik à tout crin, n’ignorait rien des carences de l’économie de l’URSS et tenait à se ménager, malgré le Pacte germano-soviétique, la possibilité de relations personnelles de bon niveau avec Staline.
Dans une note confidentielle destinée au général de Gaulle, qui en fera état en Conseil des ministres, le général de Saint-Vincent estimait, le 1er juillet, que 20 % au moins des tentatives d’évasion ne seraient pas connues de la DGPI. Au sein du cadre B, on considère, avec plus de pessimisme, ou de réalisme, encore, que c’est aux environs de 30 % qu’il faut sans doute porter ce chiffre.
Dans le système soviétique, chaque journaliste étranger d’importance était systématiquement “cadré” par un homologue issu de l’agence Tass, de l’agence Novosti, de la Pravda ou des Izvestia.
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MessagePosté le: Sam Nov 27, 2010 20:32    Sujet du message: Répondre en citant

Pinaillage naval :
le croiseur auxiliaire HMS Canton (bateau récent : 1938) faisait, à la date du récit, partie de la Freetown Escort Force dans l'Atlantique "centre-sud", donc naviguait bien loin des mers arctiques.
Il portait tout de même 9 canons de 152 mm !

Mieux vaut choisir un autre paquebot ou cargo mixte pour évacuer d'URSS nos prisonniers.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 27, 2010 20:57    Sujet du message: Répondre en citant

folc a écrit:
Pinaillage naval :
le croiseur auxiliaire HMS Canton (bateau récent : 1938) faisait, à la date du récit, partie de la Freetown Escort Force dans l'Atlantique "centre-sud", donc naviguait bien loin des mers arctiques.
Il portait tout de même 9 canons de 152 mm !


Celui-là, je m'y attendais... Twisted Evil

Auriez-vous un nom, M'sieurs-dames ?... 8)
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 00:51    Sujet du message: Répondre en citant

Pour garder la même lettre initiale et la même compagnie d'origine :
HMS Chitral (pennant F 57), de la P & O Steam Navigation Company Ltd, 15346 GRT, 17 noeuds de vitesse de service, 7x152 mm, 3x102 mm.
Commandant : Capt (retired) Guy Hamilton.
Inclus dans la North Atlantic Escort Force au moment ad hoc.
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 02:05    Sujet du message: Répondre en citant

Je m'incline, comme de coutume, devant la science imparable de Folc: quand on a trouvé son maître, il faut le reconnaître:oops:. Mais:
1) Je trouve le Chitral un peu lent (et un peu vieillot) pour naviguer seul, sans aucune escorte, dans ces parages-là.
2) Les marchandises transportées au voyage aller n'étaient, en somme, que le signe d'un basculement de la position britannique à l'égard de l'URSS. Il s'agit désormais de montrer à Staline où sont ses vrais amis - d'où, sans doute, une reconfiguration des courants de trafic GB-Reste du monde. Ce qui exigerait de ramener le Canton dans les eaux britanniques.
3) Sauf erreur de ma part - mais mes lectures, ici, remontent à 1977-1979 -, les 152 proviennent de pré-Dreadnoughts = des pétoires, disais-je!
4) S'il n'y a rien de mieux, et si le Canton n'a pas de sister-ship utilisable, va pour le Chitral. Mais à regret... Razz
Amts ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 02:39    Sujet du message: Répondre en citant

Les croiseurs auxiliaires britanniques n'étaient pas des foudres de vitesse. Même le Canton atteignait plutôt 19 noeuds que 20.
Si l'on veut du rapide, on peut le trouver du côté des trois croiseurs auxiliaires de la Royal Canadian Navy, dans le civil tous cargos mixtes de même type et récents (1930), armés par le Gouvernement canadien. L'un des trois a bien pu faire un saut vers Mourmansk ou Arkhangelsk.
Mettons le Prince David, pennant F 89, 6892 GRT, 22,5 noeuds de vitesse maximale, 4 canons de 152 mm et 2 de 76 AA.
Commandant : Cdr. Kenneth Frederick Adams, RCN
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 10:40    Sujet du message: Répondre en citant

1) Si Casus est d'accord, je vote des deux mains, en remerciant Folc - comme d'habitude, sa science me stupéfie autant qu'elle me bouleverse -, pour le Prince David qui fait parfaitement mon affaire.
2) Quelle serait la meilleure hypothèse pour le transport des Français de Grande-Bretagne en AFN? Un paquebot français, et, si oui, lequel? Plusieurs cargos? Éventuellement neutres ou alliés?
Amts.
M-M.
PS: Y a-t-il un équivalent RCN de la White Ensign de la Royal Navy? C'est ma question à deux balles du dimanche...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 10:55    Sujet du message: Répondre en citant

Menon-Marec a écrit:
1) Si Casus est d'accord, je vote des deux mains, en remerciant Folc - comme d'habitude, sa science me stupéfie autant qu'elle me bouleverse -, pour le Prince David qui fait parfaitement mon affaire.


Validé et intégré. 8)
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 23:08    Sujet du message: Répondre en citant

Menon-Marec a écrit:
PS: Y a-t-il un équivalent RCN de la White Ensign de la Royal Navy? C'est ma question à deux balles du dimanche...


Oui, il y a un équivalent RCN de la White Ensign de la Royal Navy (de la Red aussi). Voir la page suivante :
http://www.pch.gc.ca/pgm/ceem-cced/Flg-Pstrs/post5/images/post5-eng.jpg
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loic
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 23:19    Sujet du message: Répondre en citant

Le blocus naval allemand autour de la GB doit tout de même être sévère, d'autant que les forces aériennes et navales allemandes en Baltique et en Norvège ne sont pas encore engagées contre l'URSS.
Une évacuation via le sud de l'URSS puis le Moyen-Orient (comme l'armée Anders - ex prisonniers polonais) n'est-elle pas plus sûre et plus logique ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Nov 28, 2010 23:42    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Le blocus naval allemand autour de la GB doit tout de même être sévère


Hmm, pas sûr que le blocus des relations très très limitées entre Grande-Bretagne et URSS soit la principale préoccupation des Allemands...

OTL, est-ce que le rapatriement des évadés a attendu Barbarossa ? Sinon, comment s'es-il fait ?
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Intosh



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MessagePosté le: Lun Nov 29, 2010 11:21    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis désolé de mon pessimisme mais il est vraiment ASB pour moi d'obtenir de la part des autorités soviétiques la moindre évacuation de prisonniers de guerre français avant le début de Barbarossa.

L'URSS, bien que n'adhérant pas à certaines conventions internationales, a gardé des aviateurs américains du raid Doolittle pendant plus d'un an jusqu'à ce qu'il s'"évade" par l'Iran... La même chose a été faite pour les internés américains des B29 atterrissant en URSS après les bombardements du Japon.

Même en échange de machines outils ou d'équipements pour la recherche pétrolière.

N'oublions pas que c'est de l'essence d'origine soviétique qui remplit les réservoirs des panzers et des junkers qui tuent Français et Britanniques un peu partout en Méditérannée...

Pour moi, les prisonniers de guerre évadés seront gardés dans un camp d'internement perdu en pleine taïga où ils seront soumis à une propagande intensive de la part des autorités soviétiques et de communistes français. Et on essayera obtenir des spécialistes, officiers ou soldats techniciens le plus d'informations possibles...

Il est probable que quelques malades ou blessés pourront être libérer pour "raisons médicales" ou humanitaires mais pas 100 et quelques hommes...
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dak69



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MessagePosté le: Lun Nov 29, 2010 12:02    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Bravo à Menon-Marec, à la plume toujours aussi allègre !

Il y a un point qui me semble anticipé :

Citation:
4 juillet 1941
Alger – Le chef d’escadrons Jacques Weygand est nommé à un poste ultra-secret par le général de Saint-Vincent – avec l’accord, tout de même réticent, du général de Gaulle : il devient le chef du cadre D de la DGPI. Cette nouvelle structure, sans rapport évident a priori avec le sort des prisonniers ou internés, devra encourager à la désertion les personnels militaires allemands de la Heer, de la Luftwaffe et de la Kriegsmarine originaires d’Alsace ou de Lorraine annexées, veiller à les mettre à l’abri puis les acheminer sur l’AFN via l’Espagne après les avoir muni d’identités de Français “de l’Intérieur”.
Les rapports en provenance de l’Hexagone ont évalué à plus de cinq cents le nombre des Alsaciens et Lorrains déserteurs entre décembre 1940 et mai 1941. Leur sort semble d’une extraordinaire précarité, car les polices du NEF, plutôt accueillantes aux évadés d’Allemagne, ou à tout le moins indifférentes, n’hésitent jamais à remettre les déserteurs allemands aux mains de la Feldpolizei, des Feld-Gendarmes ou de la Gestapo – quels que soient, par ailleurs, les vrais motifs de la désertion. Et les quelques Alsaciens ou Lorrains à qui ce sort malheureux est échu ont été fusillés sans jugement, sur simple décision de l’OBH Frankreich.


En 1941, il est difficile d'imaginer des déserteurs alsaciens en grande quantité. A cette date, l'enrôlement obligatoire n'a pas encore commencé, aussi bien pour les jeunes recrues que pour les ex soldats français prisonniers libérés et ré enrôlés de l'autre côté. Par ailleurs, le nombre d'Alsaciens dans la Kriegsmarine était très faible, et infime en ce qui concerne la Luftwaffe. Il fallait montrer patte vraiment blanche pour y entrer en tant qu'Alsacien, la demande excédant largement l'offre... (Il y a eu un cas d'Alsacien déserteur célèbre dans la Luftwaffe, qui livra son Bf 109 aux Américains en Italie, puis reprit du service dans l'AA. Mais c'était le seul pilote alsacien de la Luftwaffe, hormis deux ou trois autres d'origine allemande et qui n'avaient aucune raison de changer de camp.)

Pour ma part, je daterais donc cela fin 1942 / début 1943.

Bien amicalement
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Lun Nov 29, 2010 15:05    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour.
Comme toujours, les objections de Dak concernant l'Alsace et la Lorraine annexées sont coulées dans le bronze et méritent d'être étudiées avec soin. Il n'est pas question de les rejeter a priori. Voici mes contre-arguments.
Je considère que la situation en FTL diffère du tout au tout du contexte OTL, sauf sur un point: une fois encore, il s'agit, pour les Allemands, de "germaniser la plaine". D'où, très tôt, l'embrigadement des jeunes dans la HJ et le (la) BDM et les encouragements à rejoindre le NSKK. Mais, en OTL, le Reich doit, aussi, ménager Vichy, toujours soupçonné de vouloir basculer du côté allié - d'où, par exemple, la "Weygandophobie" maladive du Führer. C'est ce qui explique, avant tout, que l'incorporation dans la Wehrmacht soit tellement reculée (en fait à l'été 42) en Alsace et Moselle.
En FTL, Berlin n'a aucune raison de ménager le NEF qui n'a pas d'autre existence que celle que l'on vient bien lui concéder, et ne dispose ni de la Flotte, ni d'une partie de l'Empire. Il n'y a non plus aucune raison de ne pas étendre aux Alsaciens et Mosellans une mesure qui a été appliquée à tous les Volksdeutsche sans exception - aussi bien pour les (re)germaniser que pour donner un peu de marge à la mobilisation. Même si les pertes de la campagne de Russie sont encore à venir, l'Allemagne a relativement peu mobilisé, à la fois pour ménager le sang grand-allemand et pour ne pas trop désorganiser l'économie de guerre - outre que le régime, comme toutes les dictatures totalitaires, se méfie de la population. Dans cette optique, tout capital humain disponible est bon à enrégimenter.
Il me semble donc qu'en FTL, c'est très précocement, pour cause d'absence de Vichy, que le Reich imposera la conscription en Alsace et en Moselle. La logique voudrait que la mesure soit annoncée le 1er janvier 1941, à titre d'étrennes d'Hitler en personne qui reconnaît le caractère germain, donc aryen, de ses nouveaux sujets, et mise en œuvre à partir du 1er juillet 41, pour tenir compte des nécessités du recensement de la ressource.
Il va de soi que c'est là mon propre point de vue et que l'on peut en discuter. Mais je tiens à souligner que nous avons ici une nouvelle manifestation de notre "effet papillon": si Vichy n'existe pas, la face du monde en est changée.
Amts ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
PS. Il me semble que la question de l'Alsace-Lorraine est singulièrement absente de notre chronologie.
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