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folc
Inscrit le: 26 Oct 2006 Messages: 912 Localisation: Rodez
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Posté le: Mer Juil 14, 2010 23:07 Sujet du message: |
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patrikev a écrit: |
Merci. Mon italien est vraiment très mauvais, je vais corriger. Mais "con le" est bien dans l'original. |
Si "con le" est dans l'original, inutile d'être plus royaliste que le roi, gardons-le _________________ Folc
"Si l'ost savait ce que fait l'ost, l'ost déferait l'ost" |
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patrikev
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1774
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 07:22 Sujet du message: |
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Historiographie FTL:
L’évasion de Bourguiba et de son fidèle compagnon Salah Ben Youssef est un épisode justement célèbre de l’histoire nord-africaine moderne. Elle a contribué à l’échec du plan « Weisses Pferd » (Cheval Blanc), équivalent maghrébin du plan « Ostmond » (Lune d’Orient) pour le Machrek. Les Allemands, en nette infériorité navale du fait de l’activité de la flotte française en Méditerranée, n’ont jamais songé sérieusement à un débarquement en Afrique du Nord. Mais ils espéraient, par une campagne de propagande habilement conduite, puis par des sabotages et autres actions ponctuelles, semer le désordre au Maghreb et exciter la méfiance des autorités françaises envers les Musulmans. Si les Français s’étaient laissés entraîner dans une répression massive contre les « éléments suspects », et nous savons que les partisans d’une telle politique ne manquaient pas, cela aurait suffi à faire naître l’agitation qu’ils redoutaient. Ils auraient dû consacrer plusieurs divisions à prévenir d’éventuelles révoltes, et peut-être maintenir en seconde ligne les excellentes unités de soldats tunisiens, algériens et marocains, ce qui aurait notablement affaibli leur effort de guerre sur d’autres front.
Le prince Junio Borghese, chef des commandos maritimes italiens de la Decima MAS, était alors très occupé par les préparatifs de l’opération Merkur (débarquement en Corse et Sardaigne) et n’a pas pu consacrer à « Weisses Pferd » toute l’attention qu’il aurait dû. Sous sa conduite, WP aurait peut-être pris un autre cours. Le conseiller Rudolf Rahn, après cet échec retentissant, a été dessaisi du dossier WP qui a été repris par d’autres, mais trop tard et avec des résultats très inférieurs à ce qu’espéraient ses promoteurs.
Pendant longtemps, l’ « Odyssée de Bourguiba » n’a été connue du public que par les récits successifs et parfois contradictoires du principal intéressé. Le contre-espionnage français, qui l’avait d’abord accueilli avec méfiance, lui a accordé le bénéfice du doute lorsque les événements ont confirmé ses dires sur les préparatifs de Merkur et sur la présence d’une base sous-marine italienne à Bordeaux. Née d’une proposition de la Regia Marina le 21 juillet 1940, cette base n’est entrée en service que le 22 janvier de l’année suivante, et les Français ont mis un certain temps à identifier son activité.
C’est la version de Bourguiba, diversement adaptée et coupée, à partir de 1963, de la présence de Ben Youssef, qui a été diffusée et enseignée en Tunisie et ailleurs. Elle est même reprise dans le volume correspondant des « Grands Hommes africains » publié par l’UNESCO en 1975. Cependant, certains points sont restés obscurs jusqu’à une date récente.
Le lecteur pourra s’étonner, d’abord, que Bourguiba et Ben Youssef n’aient pas rencontré d’autres Tunisiens à Bari. Il faut rappeler qu’au début de la guerre, le principal centre de la propagande italienne à destination des Arabes était Tripoli de Libye. Le personnel de Radio-Tripoli a été évacué en catastrophe en juillet 1940 avant l'encerclement par les forces françaises, mais un [caboteur], transportant plusieurs collaborateurs tunisiens, a été interceptée par les Français. On sait que ces « égarés » ont été amnistiés par Moncef Bey à la fin de la guerre.
Plus généralement, plusieurs des exilés de Bari n’ont pas pu être identifiés avec certitude. L’un d’eux était certainement le Syrien Tayssir Zabian Kaylani, auteur d’une brochure de propagande, "L'Éthiopie musulmane", diffusée par la propagande fasciste. Mussolini était présenté, à l'intention de l'opinion arabe, comme le défenseur des Musulmans (Somalis, Danakils, Gallas/Oromos, etc.) contre la féodalité chrétienne amharique, et il s’était fait remettre « l’épée de l’Islam » en grande cérémonie par le mufti de Tripoli.
Plusieurs auteurs ont soupçonné l’existence d’un « pacte de silence » entre les exilés, chacun étant en mesure de faire des révélations compromettantes sur les autres. En particulier, aucun d’entre eux ne s’est jamais vanté d’avoir rencontré Bourguiba pendant cette période, alors que, même sous un faux nom, sa figure et sa voix étaient clairement reconnaissables. Ce « pacte de silence » pourrait expliquer certains dessous de la politique arabe de l’après-guerre.
Kamel Sfari, « La Tunisie et la Méditerranée fasciste, 1922-1945 », Kamel Sfari, 2002.
Dernière édition par patrikev le Mer Juil 28, 2010 21:33; édité 2 fois |
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patrikev
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1774
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 07:30 Sujet du message: |
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Un document récemment paru éclaire d’un nouveau jour l’évasion de Bourguiba et du maresciallo capo Giorgio Arnautù (*). Il s’agit d’une note de l’OVRA, la police secrète fasciste, versée dans les dossiers de la commission Cannarsa en 1946 et publiée seulement 53 ans plus tard par Mimmo Franzinelli, « I tentacoli dell'OVRA. Agenti, collaboratori e vittime della polizia politica fascista », Torino, 1999.
Selon cette note, à partir de novembre 1940, donc bien avant le transfert de Bourguiba à Bari, le maresciallo Arnautù avait plusieurs fois rendu visite à un couple d’exilés albanais, les Omari.
La fiche présente Bahri Omari, comme “opponente del re Zog”. Sa femme, Farija Omari n. Hogja, n’a pas d’opinion politique signalée. Mais la fiche, régulièrement mise à jour, signale que "giov.fr. Enuer fu studente in Francia / segretario al consolato albanese di Bruxelles/ insegnante de francese a Coriza (Albania) / caffeterio a Tirana (Albania)".
Les Omari ont quitté Bari peu après l’évasion pour repartir en Albanie, et l’OVRA n’a pas jugé nécessaire d’approfondir l’enquête. A cette date, l’OVRA n’avait aucune raison de s’intéresser au fait que Fahrije Omari était la sœur aînée d’un patron de café de Tirana nommé Enver Hoxha.
Kamel Sfari, « La Tunisie et la Méditerranée fasciste, 1922-1945 », Kamel Sfari, 2002.
______
(*) Le grade de maresciallo capo correspond en fait à celui d’adjudant-chef et non maréchal des logis. Bourguiba, peu intéressé par les grades militaires, n’a jamais pris la peine de rectifier. |
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loic Administrateur - Site Admin
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 9033 Localisation: Toulouse (à peu près)
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 08:24 Sujet du message: |
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patrikev a écrit: | Le contre-espionnage français, qui l’avait d’abord accueilli avec méfiance, lui a accordé le bénéfice du doute lorsque les événements ont confirmé ses dires sur les préparatifs de Merkur et sur la présence d’une base sous-marine italienne à Bordeaux. Née d’une proposition de la Regia Maritima le 21 juillet 1940, cette base n’est entrée en service que le 22 janvier de l’année suivante, et les Français ont mis un certain temps à identifier son activité. |
Autant le rôle potentiel de Bourguiba dans la révélation d'informations sur Merkur se tient, mais pour la base de sous-marins à La Rochelle et Bordeaux, les Français doivent être au courant depuis longtemps. La marine italienne a en effet dépêché des officiers pour évaluer l'état du port dès l'été 40 et ils n'ont pas du passer inaperçus, d'autant que les Allemands ont certainement sollicité les autorités locales et/ou les entreprises françaises pour évaluer les travaux à entreprendre pour remettre en état les installations. Une fois les s-m italiens arrivés, je ne vois pas comment ils pourraient rester discrets. _________________ On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ... |
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Capitaine caverne
Inscrit le: 11 Avr 2009 Messages: 4138 Localisation: Tours
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 11:18 Sujet du message: |
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patrikev a écrit: |
Les Omari ont quitté Bari peu après l’évasion pour repartir en Albanie, et l’OVRA n’a pas jugé nécessaire d’approfondir l’enquête. A cette date, l’OVRA n’avait aucune raison de s’intéresser au fait que Fahrije Omari était la sœur aînée d’un patron de café de Tirana nommé Enver Hoxha. |
Hein! Enver Hoxha patron de café! C'est un fait OTL ou une inspiration FTL? _________________ "La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce. |
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Tyler
Inscrit le: 11 Oct 2008 Messages: 825
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 12:01 Sujet du message: |
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Capitaine caverne a écrit: |
Hein! Enver Hoxha patron de café! C'est un fait OTL ou une inspiration FTL? |
Un fait bel et bien OTL! |
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patrikev
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1774
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Posté le: Mar Juil 27, 2010 18:43 Sujet du message: |
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loic a écrit: |
Autant le rôle potentiel de Bourguiba dans la révélation d'informations sur Merkur se tient, mais pour la base de sous-marins à La Rochelle et Bordeaux, les Français doivent être au courant depuis longtemps. La marine italienne a en effet dépêché des officiers pour évaluer l'état du port dès l'été 40 et ils n'ont pas du passer inaperçus, d'autant que les Allemands ont certainement sollicité les autorités locales et/ou les entreprises françaises pour évaluer les travaux à entreprendre pour remettre en état les installations. Une fois les s-m italiens arrivés, je ne vois pas comment ils pourraient rester discrets. |
Exact. Pour la base sous-marine et même pour Merkur, les Français devaient avoir beaucoup d'indices concordants. Mettons que Bourguiba s'est un peu vanté, et que son historien, qui n'est pas non plus un militaire, n'a pas pensé à vérifier ce point. |
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folc
Inscrit le: 26 Oct 2006 Messages: 912 Localisation: Rodez
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Posté le: Mer Juil 28, 2010 11:04 Sujet du message: |
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patrikev a écrit: | mais une vedette, transportant plusieurs collaborateurs tunisiens, a été interceptée par les Français. On sait que ces « égarés » ont été amnistiés par Moncef Bey à la fin de la guerre. |
Je remplacerai "vedette" par "goélette" (avec moteur auxiliaire tout de même) ou "caboteur", bref le genre d'embarcation que l'aviation alliée n'a pas systématiquement cherché à atteindre. _________________ Folc
"Si l'ost savait ce que fait l'ost, l'ost déferait l'ost"
Dernière édition par folc le Mer Juil 28, 2010 22:54; édité 1 fois |
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patrikev
Inscrit le: 28 Mai 2010 Messages: 1774
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Posté le: Mer Juil 28, 2010 21:06 Sujet du message: |
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D'accord pour le caboteur. Le transport a dû partir vers le 6 juillet: l'aviation française marque une pause pour entretien, et les quelques avions restants se concentrent sur l'aérodrome de Tripoli et les routes terrestres. Le service de propagande est moins service-service que d'autres armes et il sait décrocher à temps. |
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