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Deux généraux se font la belle -feuilleton d'hiver par Dak69
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 00:45    Sujet du message: Deux généraux se font la belle -feuilleton d'hiver par Dak69 Répondre en citant

La Grande Evasion
Le cas des généraux bridgeurs
D’après l’ouvrage de Jean-Marie Servan, "Repêcheurs d’étoiles – Les filières d’évasion des généraux français, 1940-1943" (Tallandier, Paris, 1998)


Vous vous souvenez de l'évasion de Giraud ? "Le cas du général boiteux" ? Hé bien, Dak69 a encore frappé...

17 janvier 1942
Forteresse de Königstein, 16h30 – La brève après-midi de ce samedi d’hiver touche à sa fin quand un gardien de la forteresse se met à parcourir les couloirs, annonçant d’une voix forte qui accentue exagérément les consonnes : « Distribution du courrier ! » Un à un ou par deux, les officiers emprisonnés sortent de leurs “appartements” et se dirigent en formant une morne colonne vers le bureau de poste de la prison. En raison du froid glacial, les képis sont restés dans les placards, remplacés par des bonnets ou des passe-montagnes, et des volutes de buée accompagnent les captifs traversant à pas prudents les cours verglacées du château.
Le vaguemestre allemand, quoique présent depuis quelques semaines à peine, remet sans se tromper les lettres à leurs destinataires respectifs. Les enveloppes, ouvertes, portent toutes un ou plusieurs cachets de la censure, et l’on peut être sûr que leur contenu a été scruté plutôt deux fois qu’une par la direction de la prison. Quand il passe devant le vaguemestre, le général Charles Mast n’a droit qu’à un « Rien pour vous, Herr General, et rien non plus demain dimanche ! » Mast a une moue de circonstance, avant de faire un clin d’œil à un autre général…
………
Alger, 25 octobre 1941 – « Enfin, Groussard, ça ne doit quand même pas être si compliqué de faire sortir quelques généraux de Königstein ! J’y suis bien arrivé, moi ! Il me faut du monde, bon sang ! Et des gens qui sachent manœuvrer tous ces indigènes qui se sont engagés en masse ! »
– Vous pensez à qui, mon général ? A Fa*** ? demanda narquoisement Groussard.
– Non ! Bien sûr que non, pas plus qu’à Du*** ! Mais j’aimerais bien récupérer Juin, par exemple.
– Avec tout le respect que je vous dois, mon général, la situation n’est plus la même qu’il y a un an. Depuis votre, heu, disparition, les Allemands ont considérablement renforcé les mesures de sécurité. On ne circule presque plus en voiture dans le pays, tous les voyageurs sont contrôlés dans les chemins de fer…
– Je sais, je sais ! Débrouillez-vous. Après tout, c’est votre boulot !
Groussard ressortit du bureau du général Giraud de fort méchante humeur. « J’y suis bien arrivé, moi ! grogna-t-il à part lui. Tu parles ! Tout ce qu’il a eu à faire lui-même, c’est raser sa moustache… Pour le reste, il n’a eu qu’à suivre ! Le prochain qui sortira de là, il faudra qu’il y mette du sien ! »
Accaparés par des soucis plus pressants et des tâches plus réalisables, il oublia bientôt cette conversation jusqu’à ce que deux événements la fassent remonter à la surface.
–––
Le premier, en novembre, fut un reportage d’une pleine page consacré à la visite de Königstein par le “secrétaire d’Etat aux prisonniers avec rang d’ambassadeur” Georges Scapini. Ce reportage était publié dans plusieurs journaux de la Collaboration, que l’ambassadeur de France en Espagne (approvisionné par le secrétaire de son “homologue” Flandin, ambassadeur de Laval à Madrid !) envoyait fort régulièrement à Alger. Même si une grande partie du texte avait évidemment été soufflée par les services d’Otto Abetz, on y apprenait quand même que les généraux captifs « qui avaient hâte de rejoindre la mère-patrie » et qui « n’étaient en rien responsables des agissements de la clique d’Alger, seule coupable du sort de nos armées en 1940 et du maintien en détention de nos prisonniers » y menaient une existence « confortable, avec de nombreuses possibilités de sorties, dans le respect de leur parole et dignité d’officiers. » Groussard, grâce aux témoignages des libérés pour raison de santé qui avaient été accueillis en Suisse, savait bien sûr à quoi s’en tenir sur le sujet, mais il était évident qu’on allait lui demander bientôt des résultats… « S’ils peuvent sortir, qu’est-ce qu’ils attendent pour se faire la belle et qu’est-ce que vous faites pour les y aider ? »
–––
Le deuxième événement, en décembre, fut un rapport de son chef de poste en Suisse, le capitaine de corvette Ferran, officiellement attaché naval à l’ambassade de Berne.
Un partage des tâches avait été convenu avec le colonel Pourchot (représentant du 2e Bureau, et officiellement attaché militaire adjoint) : Ferran s’occuperait des évadés qui passeraient par la Suisse, et Pourchot du renseignement. Quant aux agents, ce furent les Allemands qui les fournirent, bien sûr à leur insu ! En effet, le 1er janvier 1941 était entré en vigueur en Alsace le “Service National du Travail” : tout jeune homme et toute jeune fille âgé de 20 ans ou plus devait désormais (sauf rare dérogation accordée, par exemple, aux soutiens de famille) passer entre 6 mois et un an « dans la partie du Reich demeurée allemande entre 1919 et 1940 » pour y travailler « dans l’intérêt du Reich. » Grâce aux contacts que Pourchot avait maintenus en Alsace, un certain nombre de ces jeunes gens avaient accepté de transmettre ce qu’ils apprendraient en Allemagne, et même d’en faire davantage si les circonstances le permettaient.
En décembre, Ferran informa Groussard que deux des recrues de son collègue étaient en mesure d’apporter de l’aide à des prisonniers souhaitant s’évader d’Allemagne : le premier était employé dans une gare de triage voisine d’un stalag près de Constance, le deuxième était vaguemestre à Königstein ! Ce dernier était le fils cadet d’un receveur des postes de Colmar, que les Allemands, manquant de personnel, avaient obligé à abandonner la quiétude de sa retraite. Vexé de ne retrouver que le grade de fonctionnaire du Reich qu’il avait eu en 1919 plutôt que celui, bien plus avantageux, auquel il était parvenu dans l’administration des PTT lorsqu’il avait cessé son activité en 1939, il ne décolérait pas contre « les Boches », mais, en façade, montrait bien sûr tout le respect et le zèle attendus. Son fils partageait cette attitude et, dans le cadre du Service National du Travail, s’était porté volontaire pour un emploi au cœur de l’Allemagne. Les références paternelles l’avaient fait affecter aux services postaux à Dresde. Là, au bout de neuf mois, son « excellente attitude, en tout point conforme à celle qu’on doit attendre d’un jeune homme de race aryenne » l’avait conduit pour ses trois derniers mois de service à un poste de confiance : celui de vaguemestre à la forteresse de Königstein.
–––
En janvier 1942, un circuit d’échanges postaux s’était donc mis en place entre la Suisse et Königstein : le courrier (succinct !) passait la frontière suisse clandestinement, puis voyageait dans des enveloppes marquées “Poste du Reich – Courrier de service”, pour arriver à destination au bout d’une semaine. Dans le premier message en provenance de Königstein figurait : « Le général CM veut s’évader. Demandes suivent. (Signé) Général Mesny, comité d’évasion ».
Bien entendu, Giraud fut informé au plus tôt par Groussard. « Qui ? Ah ! Lui. Bien sûr, bonne recrue. Devrait y arriver. Plus malin que la moyenne, parfois trop ! Qu’il emmène Juin avec lui ! »
………
Forteresse de Königstein, 17 janvier 1942, 17h00 – Contrairement à ce que son expression laissait croire, la réponse du postier satisfaisait tout à fait Charles Mast.
Étant un des rares généraux prisonniers à maîtriser l’allemand et montrant au quotidien une attitude froide, à la limite de l’hostilité ouverte envers ses hôtes et plus généralement le Grand Reich, c’est lui qui avait été approché en premier par le jeune Alsacien, qui prit, après maintes précautions, le risque de lui expliquer le pourquoi et le comment de sa présence à Königstein. Mast accepta après réflexion de lui servir de correspondant, et ils commencèrent par convenir d’un code : si le dernier mot de leur conversation était un jour de la semaine, un pli était arrivé (si c’était le jeune homme qui parlait) ou devait partir (si c’était le général). Ce pli était dissimulé dans un endroit dépendant du jour nommé. En l’occurrence, dimanche voulait dire : coincé derrière la chasse d’eau des toilettes de l’infirmerie. Le général se rendit donc à l’infirmerie, où il commença à discuter avec le médecin major français au sujet du tournoi de bridge du lendemain, puis partit récupérer tranquillement le pli annoncé. Un regard sur l’enveloppe : à l’attention du général Mesny. Très bien, si c’était Mesny, c’était pour une évasion, et si c’était une évasion, ça ne pouvait être que la sienne !
Le pli passa discrètement quelques minutes plus tard dans la main du général Mesny.
Ce soir-là, l’ensemble des généraux, en grand uniforme, se retrouva dans le “théâtre”. Un visiteur était en effet attendu. Mais l’accueil qui lui fut fait fut aussi glacial que le climat… A part quelques paroles protocolaires prononcées par leur doyen, le général Condé, aucun mot ne fut prononcé par les prisonniers en réponse au discours de l’ambassadeur Scapini, venu une fois encore tenter de recruter l’un ou l’autre général afin de gonfler les forces de sécurité de Laval… Il est vrai que les deux ou trois, bien connus, sensibles à ses sirènes étaient déjà partis.

(A suivre...)
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 08:45    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai l'impression que l'on va assister à un remake de "La grande évasion". Qui sait, on aura peut-être droit à des cascades à moto?
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"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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loic
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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 09:31    Sujet du message: Répondre en citant

On retrouve Pourchot dans l'annexe 40-6-9, mais il est alors commandant. Le changement de grade est normal ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 10:05    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine caverne a écrit:
J'ai l'impression que l'on va assister à un remake de "La grande évasion". Qui sait, on aura peut-être droit à des cascades à moto?


Peut-être !
Mais attention : "La Grande Evasion" est un titre de "rubrique" et désigne l'ensemble des évasions d'Allemagne ou des pays occupés.
_________________
Casus Frankie

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dak69



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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 10:59    Sujet du message: Répondre en citant

Pour Loïc

Effectivement, Pourchot n'est que commandant en juin 1940. Par contre, une promotion comme lieutenant-colonel est possible et réaliste. Frank, pourras-tu le dégrader dans le texte final ?

(OTL : Pourchot passe lieutenant-colonel en 1943 ou 1944, et part à la retraite en 1950 comme colonel plein, son dernier poste ayant été commandant d'un régiment d'artillerie. Son réseau fonctionna pendant toute la guerre, et il était une des principales sources de renseignement de Dulles (OSS). Il fut également en parallèle "officier de renseignement" de de Lattre de Tassigny pendant une partie de la campagne d'Alsace de 1944-45).

Pour Capitaine Caverne, dans la réalité OTL, la Grande Evasion se termina fort mal...

Bien amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 28, 2009 12:06    Sujet du message: Répondre en citant

OK, OK, Pourchot est dégradé.
Episode 2 !


18 janvier 1942
La Grande Evasion
Le cas des généraux bridgeurs

Forteresse de Königstein – Chaque matin, dimanche compris, les généraux faisaient une promenade matinale dans les cours de la forteresse. L’accès aux remparts, d’où la vue sur le paysage environnant, et notamment la vallée de l’Elbe, était magnifique, était à ce moment impossible pour cause de verglas : le commandement craignait comme la peste de perdre accidentellement un de ses hôtes. Difficile de faire passer pour une tentative d’évasion une chute du rempart vers l’intérieur de l’enceinte ! Selon leurs affinités, les prisonniers échangeaient quelques paroles, ou au contraire s’ignoraient délibérément. Le général Mesny s’approcha de Juin, qui le salua, pour lui glisser « Vous êtes désigné pour une évasion ! » Alphonse Juin manqua s’étaler sur une plaque de glace, mais Mesny parvint à le rattraper à temps. L’expérience du chasseur alpin sur les glaciers !
« Quand, comment ? » articula Juin, à quoi Mesny répondit « On en reparlera ! » Le président du comité d’évasion reprit sa déambulation solitaire avant d’approcher Mast, qui lui demanda « Alors ? », à quoi Mesny répondit « Alger est d’accord, mais vous ne partez pas tout seul, Juin vous accompagne ! » Un mot de Cambronne retentissant éclata alors dans la cour, mais les deux gardiens, habitués de longue date à ce vocable utilisé par les Français en toutes circonstances, ne tournèrent même pas la tête. Peu à peu, chassés par un vent du nord toujours aussi glacial, les généraux retournèrent vers leurs quartiers.
L’après-midi, la plupart d’entre eux se retrouvèrent pour le tournoi de bridge dominical. Cette fois-ci, les paires seraient tirées au sort, pour éviter que le tandem composé habituellement de Mast et du médecin major n’écrasât les autres participants. Mast fit donc équipe avec Juin, et le duo ainsi constitué ne fit guère d’étincelles. Des mots aigre-doux furent échangés, l’un traitant l’autre d’officier de salon, pour ne pas dire de général d’opérette, l’autre rétorquant que ce n’était qu’à la place du mort que Juin jouait correctement… Cela amusa beaucoup la paire représentant l’état-major allemand de la forteresse, qui avait été invitée et qui faillit même remporter le tournoi.
Comme dans chaque camp de prisonniers, un comité d’évasion avait été constitué. A Königstein, il ne comptait que quatre membres : le général Mesny, le général norvégien Ruge, le médecin-major et le général Bruneau, lui-même auteur d’une tentative d’évasion qui avait échoué de peu. Le rôle de ce comité était d’examiner les plans d’évasion et d’apporter aux tentatives approuvées toute l’aide possible en fournissant aux candidats conseils, cartes, argent allemand, vêtements civils, etc. Le comité de Königstein n’avait qu’une activité réduite : les généraux, âgés voire très âgés, s’ils faisaient peut-être encore des plans, auraient été bien incapables, pour la plupart, de les mettre à exécution. Ces derniers mois, seul Mast avait informé Mesny de ses intentions, comme il devait le raconter dans ses mémoires…
« Après quelques semaines d’abattement, suite à ma capture à quelques kilomètres du salut, je me mis à échafauder des plans pour sortir de la forteresse où j’avais été enfermé, comme la plupart de mes camarades généraux victimes du même sort. Ah, jour funeste que ce 20 juin 1940. Je m’en voudrais toujours d’avoir voulu faire prisonniers les deux soldats allemands d’une avant-garde dépêchée vers la frontière suisse. Il aurait mieux valu les neutraliser au plus vite et foncer, plutôt que de céder à l’insistance du capitaine R…, qui voulait que ces deux Boches soient faits prisonniers en respectant les formes. Avaient-ils respectés les formes, eux, en mitraillant les colonnes de civils ? Mais la fatigue m’avait fait céder. Et ce qui devait arriver arriva : un camion rempli de soldats allemand déboucha, nous étions faits ! A quatre contre vingt, que vouliez-vous que nous fîmes ? Mourir comme dans une tragédie antique ? Et c’est là que commença le chemin de la captivité.
Oh, Königstein, malgré ses apparences de forteresse médiévale, n’était sans doute pas la pire des villégiatures. La Wehrmacht nous laissait mener une existence somme toute bien convenable pour des prisonniers, et surtout propre à étouffer bien des velléités d’évasion chez les moins motivés d’entre nous, qui étaient légion… Je pus ainsi recevoir la visite de mon vieil ami le colonel Nagato, qui me promit de faire intervenir son gouvernement pour que les Allemands me libèrent, et que je reprenne la place d’attaché militaire à Tokyo. Si je me perdais en chemin ou au Japon, ce serait mon affaire, car, me disait-il, on ne trahit jamais un ami si l’on agit au nom de l’honneur. En attendant l’issue de ces négociations, j’imaginai des plans il faut bien avouer peu réalistes pour m’échapper du Transsibérien ou quitter le Japon. Mais, à l’automne 1941, il me fit comprendre que son gouvernement ne s’intéressait plus à ma personne, puis, en décembre, il m’annonça que ce serait sa dernière visite, et me fit cadeau d’un recueil de haïkus en souvenir. Cadeau ô combien précieux, même si je ne m’en aperçus pas immédiatement. Le lendemain, la flotte japonaise attaquait Hawaï, et nos deux pays furent bientôt en guerre.
Cet automne, il me fallut oublier les horizons chimériques, reprendre le sens des réalités et ne plus compter que sur moi-même pour sortir de là. Lors d’une de nos “promenades” collectives hors de l’enceinte de la prison [Les généraux prisonniers sortaient régulièrement, en groupe, encadrés par des soldats allemands, pour une promenade ou une visite au village voisin. Ils pouvaient aussi, moyennant un engagement de ne pas en profiter pour s’évader, sortir librement tous les jours de 14 à 17 ou 18 heures, deux par deux.], je fus abordé par le général Mesny qui me dit « Alors, Mast, fini les châteaux au pays des samouraïs ? Ayez des ambitions moins lointaines, mais évitez ceux en Espagne ! » Comment avait-il deviné ? Il m’adressa à nouveau la parole au retour, alors que nous étions sur le point d’aborder le tunnel fort raide qui était la seule voie d’accès à la forteresse [Il existait aussi un monte-charges, grimpant verticalement le long du rempart jusqu’à une plate-forme et surtout emprunté par les véhicules apportant les approvisionnements. Cet ascenseur et les véhicules qui l’empruntaient étaient gardés en permanence, et il était impossible de se dissimuler dans un des véhicules.], pour me dire « Quand ce sera plus mûr dans votre tête, venez m’en parler. »
J’élaborai un plan qui me paraissait avoir des chances réalistes de succès, et l’exposai à Mesny. Celui-ci le critiqua et l’améliora et, courant janvier 1942, il m’annonça que la plus grosse des pierres d’achoppement qui restait, l’obtention de faux papiers, avait disparu. Je ne mis pas longtemps à comprendre que ceux-ci arriveraient par le courrier ! Mais avant de les apporter, le courrier compliqua sérieusement la situation, en annonçant que mon collègue Juin serait du voyage ! Le général Mesny me dit alors : « Mast, il va falloir qu’on modifie votre plan. Il ne serait pas prudent de tout expliquer à Juin et d’en discuter avec lui, mais nous ne pourrons pas le laisser dans l’ignorance complète, et il faut un prétexte pour que l’on ne s’étonne pas de vous voir plus souvent ensemble. Si vous annonciez dimanche prochain que vous allez vous occuper de lui pour en faire un bridgeur acceptable, ça devrait aller ! » Facile à dire… » (Général Charles Mast, Mémoires rebelles, 1954)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 10:51    Sujet du message: Répondre en citant

Episode 3

22 mars 1942
La Grande Evasion
Le cas des généraux bridgeurs

Forteresse de Königstein
– Les faux papiers tant attendus par Mast et Juin arrivèrent dans un des courriers venus de Suisse par la “voie postale de service”, l'un des derniers, car le jeune postier alsacien n’allait pas tarder à retourner chez lui. Le jour de son départ, il remit discrètement à Mast un ticket portant un numéro…
Pour les vêtements civils – car il était inimaginable de se promener en Allemagne en uniforme de général français ! – la meilleure source était les gardiens, qui pouvaient ainsi se débarrasser d’oripeaux parfois tout juste bons à habiller un épouvantail en échange de chocolat, de tabac ou autre denrée se trouvant dans les colis de la Croix-Rouge que recevaient les prisonniers. Ce marché permettait aussi d’obtenir de vrais Reichsmarks en paiement, Marks indispensables une fois sortis.
Outre les difficultés inhérentes à une évasion à deux plutôt qu’en solitaire, Juin présentait un problème supplémentaire : il avait perdu l’usage du bras droit à cause d’une blessure reçue pendant la Grande Guerre, et cela figurerait forcément sur les signalements une fois leur évasion connue. Mais le comité d’évasion, inspiré par la Lettre volée d’Edgar Poe, finit par trouver une solution.
Mais comment sortir ? Mast voulait sortir par la porte, tout simplement, mais la méthode retenue ne pouvait s’appliquer qu’à une seule personne, et ce serait bien sûr Juin qui l’utiliserait, car la seule autre solution possible était de descendre le long des remparts avec une corde, méthode inutilisable par Juin en raison de son handicap. La corde – bien que celui qui la fabriqua ne l’appela jamais ainsi, car c’était un marin, ordonnance d’un des amiraux partageant le sort des généraux – fut tressée à partir des ficelles des colis, autour d’une âme faite de bouts de câble électrique et téléphoniques inutiles récupérés de ci de là.
Tout était en place. Il ne restait plus qu’à attendre le moment favorable…
« Mast ne voulut jamais m’en dire assez, et j’avais l’impression d’être dans la même situation qu’en 1914, où, jeune officier, je menais mes soldats à l’assaut sans connaître les raisons qui guidaient le commandement, et en essuyant des pertes effroyables. Mais cette fois-ci, la seule perte possible serait moi-même. Au début, je crus que Mast n’était que le messager de mon véritable compagnon d’évasion, puis le doute s’installa et enfin, je compris que ce serait bel et bien lui. Je pouvais lui faire confiance pour le plan qu’il comptait utiliser, mais j’avais des doutes sérieux pour la suite, une fois sur le terrain ! Un soir, alors qu’il m’entraînait au bridge, il me dit : « Juin, vous commencez à faire des progrès. Alors, désormais, tâchez de jouer correctement ! Quand, à la fin d'une partie, je vous taperai sur l'épaule pour vous féliciter, le départ sera proche. Un coup, ce sera pour le lendemain, deux coups, le surlendemain, trois coups, etc. Vous avez compris ? » Se préparer à une évasion en jouant aux cartes, quelle idée ! La culture physique était bien plus nécessaire, et j’étais très assidu aux séances qu’organisait un de nos sous-officiers, ordonnance du général P… et ancien champion d’athlétisme. Mast aurait bien fait d’en faire autant et il finit d’ailleurs par s’y résoudre, sur mon insistance. » (Alphonse Juin, Mémoires, 1953)
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folc



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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 11:02    Sujet du message: Répondre en citant

La corde – bien que celui qui la fabriqua ne l’appela jamais ainsi, car c’était un marin, ordonnance d’un des amiraux partageant le sort des généraux – fut tressée :

appelât s'impose Very Happy

Bon, je retourne à Marignan Confused
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Folc

"Si l'ost savait ce que fait l'ost, l'ost déferait l'ost"
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 11:34    Sujet du message: Répondre en citant

Le vieux truc de la corde par dessus le mur d'enceinte. On dirait que Dak69 s'attaque aux grands classiques de l'évasion. Very Happy A quand le coup du tunnel?
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loic
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 12:12    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Ah, jour funeste que ce 20 juin 1940. Je m’en voudrais toujours d’avoir voulu faire prisonniers les deux soldats allemands d’une avant-garde dépêchée vers la frontière suisse.

Il y a un petit problème. Mast commande la 3e DINA qui résiste sur le canal de la Marne au Rhin. Je ne connais pas le sort du QG de cette unité en OTL (Laurent ou Anthony, une idée ?), mais une capture près de la frontière suisse en FTL me semble peu probable. Car, si le QG parvient près de la frontière suisse, c'est bien avant les Allemands qui n'y sont que le 26 juin (FTL donc). Je penche donc pour une capture vers Saint Dizier, ce qui est d'ailleurs cohérent avec la plus grande résistance de cette division par rapport à l'OTL.

Sinon c'est très bien. A quand un épisode avec Colditz ?
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dak69



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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour Loïc

Je n'ai pas les livres de Roger Bruge (dont je salue la mémoire) sous la main, mais il me semble que ce qui restait de la 3e DINA a été fait prisonnier le 23 juin près de Mirecourt, à proximité de la colline de Sion chère à Barrès, et après avoir été encerclée la veille. Je place donc la capture de Mast OTL au 22 ou au 23 juin. Elle avait donc fait mouvement vers le sud-est par rapport à sa position de mi-juin.

Dans la FTL, si la 3e DINA est anéantie plus tôt, Mast sera effectivement fait prisonnier vers Saint-Dizier. Néanmoins, on peut imaginer que l'état-major ait pu chercher à se sauver vers le sud, et dans ce cas, sa capture ne devrait avoir lieu que le 25 ou le 26 pour être conforme à la chrono.

A l'état-major de trancher !

Bien amicalement

PS : Pour Colditz, on verra plus tard
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 15:15    Sujet du message: Répondre en citant

Folc: Je m'étais posé la question... Finalement, "bien que celui qui la fabriqua ne l'eût jamais appelée ainsi" me plaît mieux. ? .

Loïc, Dak : Restons-en au 20 juin à St Dizier, trouver une autre date pour conserver la frontière suisse risquerait de nous envoyer dans les mêmes labyrinthes que l'affaire des 2 Suisses.

Bien - Episode suivant !


17 avril 1942
La Grande Evasion
Le cas des généraux bridgeurs

Forteresse de Königstein
– Le jour favorable se présenta le 17 avril : tout l’état-major de la prison était parti, qui à Berlin, qui à Dresde, préparer les festivités de l’anniversaire du Führer. La garnison n’était plus commandée que par un lieutenant réserviste, instituteur dans le civil !
L’horaire de l’évasion avait fait l’objet de longues mais discrètes discussions. Mast voulait avoir le plus de temps possible devant lui, mais la porte qu’emprunterait Juin ne serait ouverte qu’à 14 heures pour les prisonniers ayant fait le serment de ne pas s’évader, dont aucun des deux ne faisait partie. Et l’appel du soir avait lieu à 19 heures. Cinq heures avant l’alerte, ce serait diablement court.
A 9 heures, le lieutenant Ehrentraut procéda à l’appel et fit le tour habituel d’inspection des remparts. A cette heure (relativement) matinale, les généraux n’étaient pas encore sortis, à l’exception de Mast et de ceux du comité d’évasion. Bruneau, qui s’était découvert une vocation pour le jardinage, poussait une vieille brouette pleine d’objets divers : il allait prendre soin du carré qu’il destinait à des légumes pour améliorer l’ordinaire, vers l’autre bout du rempart, là où il était le plus haut. Une fois le tour du lieutenant terminé, les événements s’accélérèrent brutalement. La corde fut sortie de la brouette, attachée à un barreau scellé entre deux créneaux, et Mast, un havresac bien rempli sur le dos, l’enjamba, aidé par les trois autres. Deux minutes plus tard, la corde avait réintégré la brouette, et Bruneau se mit à sarcler méticuleusement son carré de terre.
Une fois au sol, Mast se dissimula dans un épais fourré et enfila une partie des vêtements civils se trouvant dans son sac, puis ne put rien faire d’autre que d’attendre 14 heures. A midi, son ordonnance, qu’il avait mise dans le coup le matin même, et en qui il avait toute confiance, alla chercher son repas aux cuisines comme si de rien n’était.
A 13h55, huit généraux faisaient grand tapage devant le poste de garde du portail menant au tunnel : l’heure de leur sortie approchait. Le sergent responsable de cette garde avait l’habitude de ce rituel instauré depuis la fin de l’hiver et, bien qu’il les connût tous de vue, nota scrupuleusement leurs noms en vérifiant qu’ils figuraient bien sur la liste de ceux qui s’étaient engagés à ne pas s’évader. Bien que le temps se soit sérieusement radouci, les huit généraux portaient tous la longue capote réglementaire. A 14 heures, la porte s’ouvrit et le groupe s’engagea dans le tunnel pavé, qu’il descendit avec précaution. Le sergent lessuivit du regard jusqu’à ce qu’il soit dissimulé à sa vue par un tournant du tunnel. A l’autre bout de celui-ci, un autre soldat, prévenu par téléphone que les promeneurs seraient huit ce jour-là, s’assura de leur nombre.
On aura compris qu’à l’insu des gardiens, un neuvième homme se cachait sous la capote d’un des généraux de grande taille, toujours entouré par au moins trois autres (tous avaient juré de ne pas s’évader, pas de ne pas aider d’autres à le faire !). C’est ce que Mast appelait la manœuvre du carré de rois, mais Juin sua sang et eau pour ne pas perdre l’équilibre en descendant ce parcours déjà difficile en temps normal, alors qu’il étouffait sous le lourd vêtement de son complice. Ce n’est qu’hors de vue de la forteresse qu’il put se dégager, à peu de distance de l’endroit où Mast l’attendait. Pendant qu’une partie du groupe des huit généraux montait la garde, les autres aidèrent Juin à mettre les vêtements civils restant dans le sac de Mast et à enfiler le bras droit dans un plâtre astucieusement démontable conçu et réalisé par le médecin-major, puis à mettre ce bras en écharpe. Juin était devenu un contremaître italien du chantier voisin de construction d’une centrale thermique, victime d’un accident du travail. Mast, pour sa part, avait pris l’identité d’un ingénieur de Bolzano, spécialiste du béton armé, qui travaillait aussi pour cette construction. Avec de tels pedigrees, ils devaient passer sans difficulté à travers les contrôles, et Mast espérait que Juin n’aurait pas à dire plus de quelques mots… en italien bien sûr.
Les deux hommes se dirigèrent vers Bad Schandau, n’ayant qu’à souhaiter le bonjour à quelques rares personnes qu’ils croisèrent. Juin s’inquiéta plus d’une fois s’ils suivaient le bon chemin. Arrivés à Bad Schandau, un autre obstacle était à franchir : prendre le train ! Mast se dirigea vers le guichet de la gare, et demanda deux billets pour Dresde. L’omnibus était attendu dans un quart d’heure, ce qui lui laissa largement le temps d’aller à la consigne, où, en échange du ticket que lui avait laissé le jeune Alsacien, un employé indifférent lui remit une valise.
Ils s’installèrent dans un compartiment occupé par deux femmes, qui descendirent à l’arrêt suivant. Une chance pareille ne se reproduirait pas ! Vite, il ouvrit la valise, en sortit de meilleurs vêtements, plus conformes à ce que prétendaient ses papiers, et surtout deux billets de Dresde à Munich. Cinq minutes plus tard, la transformation était achevée.
La mise au point du parcours ferroviaire avait aussi fait l’objet d’une longue discussion, basée sur l’expérience du général Bruneau. Le dilemme était le suivant : aller vite en empruntant des rapides mais dans lesquels les voyageurs étaient systématiquement contrôlés par la police des chemins de fer, ou prendre beaucoup de temps en empruntant des trains locaux qui eux n’étaient presque jamais contrôlés. Quant aux gares, moins de temps ils y passeraient, mieux les évadés se porteraient, car là, c’est à plusieurs polices à la fois que l’on avait affaire ! Mast avait choisi la vitesse autant que possible, « plus vite que le Blitzkrieg ! » Et le passage par Munich était incontournable pour deux Italiens rentrant au pays.
A 19 heures, le train pour Munich avait quitté la gare de Dresde depuis quelques minutes quand le policier attendu entra dans le compartiment occupé par les deux fugitifs. Leurs papiers lui convinrent parfaitement et Mast ne dut pas échanger plus de trois mots avec lui, si l’on fait bien sûr exception du « Heil Hitler ! » de rigueur à tous les coins de phrase, ainsi que du « Viva il Duce ! » que rajouta Juin pour faire bonne mesure.
A la même heure, l’appel des prisonniers avait commencé à Königstein. Une heure plus tôt, le groupe de généraux partis “libres” était revenu et le sergent de garde avait constaté avec satisfaction : « Huit képis à l’aller, huit képis au retour, tout est en ordre ! » A 19h15, le cauchemar du lieutenant Ehrentraut commença : deux prisonniers absents, alors que sa hiérarchie était en goguette ! Il ordonna certes une fouille approfondie des bâtiments, quelqu’un ayant suggéré que les deux généraux absents étaient encore en train de s’engueuler en révisant leurs annonces quelque part et qu’ils avaient oublié l’heure, mais il prévint immédiatement la place de Dresde, où se trouvait le colonel commandant en second la prison. Celui-ci, dès qu’il fut localisé, n’hésita pas : les deux oiseaux s’étaient sans doute évadés, et il n’était pas question de subir un deuxième affront après celui infligé par Giraud fin 1940. La fouille des quartiers des fugitifs n’ayant rien donné, une alerte générale fut lancée et le signalement des deux généraux envoyé à tous les postes et bureaux de la Gestapo dès 21 heures. La chasse à l’homme avait commencé.
Pendant le trajet de Dresde à Munich, Mast réfléchissait au choix de l’étape suivante. Le joueur de bridge était devenu joueur d’échecs. Il sortit de sa valise une bible luthérienne, où sur certaines pages des horaires de chemin de fer avaient été collés. Plusieurs solutions s’offraient à lui. L’une était de continuer à faire confiance à leur identité d’emprunt, aller jusqu’à Salzbourg puis Bolzano et, de là, rejoindre la Suisse par la montagne. Mais, en cette saison, les cols étaient encore tous enneigés et le passage serait scabreux ; de plus, ils seraient en terrain complètement inconnu.
L’autre solution était de filer vers l’Alsace, terre de ses ancêtres, qu’il connaissait nettement mieux. Il disposait bien d’une autre identité de rechange (en fait, celle qui avait été prévue dans le cadre d’une évasion solitaire), mais Juin devrait rester italien. En y réfléchissant bien, avec un peu de chance, c’était jouable.
Enfin, il pouvait s’arrêter à Ulm, puis, par trains omnibus, rejoindre les alentours de la frontière suisse et payer un passeur pour Schaffhouse, malgré le prix exorbitant qu’il demanderait sûrement. Son ami japonais lui avait laissé quelques milliers de marks dissimulés dans la reliure du recueil de haïkus, mais il n’était pas sûr que cela suffirait.
Finalement, tout dépendrait des trains en partance de Munich…

(à suivre.......)
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 16:09    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
il allait prendre soin du carré qu’il destinait à des légumes pour améliorer l’ordinaire, vers l’autre bout du rempart, là où il était le plus haut.

Pas génial comme endroit pour installer un potager qui ne verra pas beaucoup le soleil ...

Pour Mast : la fin OTL de la 3e DINA est bien vers Sion, mais la division a été rapidement bousculée sur le canal et rejetée en majorité vers l'est par la percée de Guderian. En OTL, elle a quasiment une journée de plus pour s'installer (elle arrive un jour plus tôt sur place en fait) et va donc tenir avec acharnement une journée de plus. Elle finira par céder, mais vu son engagement, elle sera probablement détruite en grande partie sur place (la chrono est peu trompeuse à ce sujet, ce sont les restes de la 3e DINA - moindres qu'en OTL - qui se replient vers l'est). La fuite vers le sud est possible aussi (pour les éléments motorisés seulement), vu le retard des Allemands à Chaumont et Langres.
Mais peu importe ...
Par contre, une capture dans le secteur de Saint Dizier aura lieu le 16 juin et non pas le 20.
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En principe (moi) ...
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 16:53    Sujet du message: Répondre en citant

Mais si, le potager est judicieusement placé. Il se trouve le long du rempart nord de la forteresse (et regarde donc vers le sud), et est protégé des vents du nord par le rempart... "le plus haut" doit s'interpréter "vers l'extérieur", et non pas "vers l'intérieur".

Une photo permet de mieux comprendre :



Bien amicalement
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MessagePosté le: Mar Déc 29, 2009 18:51    Sujet du message: Répondre en citant

Impressionnante la forteresse! Mais on voit bien que ce genre d'endroit à été conçu pour empêcher les gens d'entrer, pas de sortir.
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