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Un balcon en forêt

 
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Nov 09, 2010 23:59    Sujet du message: Un balcon en forêt Répondre en citant

Le lecteur reconnaîtra évidemment la plume de Carthage, mais il ne s'agit ici ni des Joyeux, ni de la Grande Pitié, juste un petit retour en arrière en "l'honneur" du Onze Novembre, qui nous dévoile un épisode passé jusqu'alors sous silence par ses biographes de la vie de Winston Churchill.
Savourez ! C.F.



Un balcon en forêt

11 juin 1940

L’élégant De Havilland Dragon rapide se posa avec grâce sur le coup de 18 heures et sur la piste une de l’aérodrome de Briare, de toute façon, il n’y en avait qu’une seule, de piste, il était accompagné de deux Spitfire, les six autres chasseurs allèrent se poser au champ d’aviation de Cosne-sur-Loire, à une trentaine de kilomètres au sud. Winston Léonard Spencer Churchill, pendant que les appareils étaient tirés sous les couverts, contempla rêveusement l’horizon à l’ouest, de jolis petits nuage blancs moutonnaient en altitude, on annonçait une perturbation pour la nuit suivante, des perturbations il y en avait beaucoup ces temps-ci et même des contrariétés ! Après que deux autres Spitfire se fussent posé avec un autre Dragon rapide, celui ci tout rempli de militaires de Sa Gracieuse Majesté et après qu’ils aient également bénéficié de la protection d’arbres présumés centenaires, ont vit deux voitures s’avancer, une civile et une de réquisition, le consul de Grande-Bretagne à Dijon avait fait envoyer son phaéton, une chose ancienne et cossue. Winston se hissa sur la banquette, suivi d’Eden et du capitaine Berkeley qui dut se résoudre à monter en place avant, à côté du chauffeur, les militaires, quand à eux, s’entassèrent dans la dernière, une grosse américaine d’état-major, on se dirigea à une allure fort grave et compassée vers la route nationale que l’on ne prit pas, lui préférant la minuscule départementale 121 en direction d’Ouzouer sur Trezée et de la départementale 47 qui filait sur Breteau et le château du Muguet, les Français avaient tout prévus, le capitaine Berkeley avoua beaucoup plus tard n’avoir jamais vu, en France à cette date, autant d’artillerie anti-aérienne, il leur fallut bien une petite heure pour parvenir au château à un train de sénateur prostatique.
Winston trouva le château bien joli, une architecture équilibrée, très française, onze fenêtres par niveau sur le rez-de-chaussée et le premier étage dont, à chaque fois, trois sur la tour centrale, Weygand, pardon Huntziger ne se privait pas mais c’est là le privilège du guerrier en campagne et en France, où que l’on se tourne, on est submergé de châteaux et autres maisons de maître qui sont vides la majeure partie de l’année, il eût mieux valu, assurément, se tourner vers le nord ou vers l’est mais on ne choisit pas, à la guerre, le cours des choses, c’est lui qui vous choisit…
Vers minuit, tout fut très provisoirement terminé et chacun tenta de regagner ses pénates ou ce qui en tenait lieu, il tombait une pluie battante qui ne simplifiait pas les choses, de plus, les militaires français, surtout Pétain, étaient très pessimistes sur le cours de la guerre, ce qui inquiétait fort Winston qui se promit de sonder plus avant les politiques, il fallait absolument qu’ils continuent la guerre, même en Afrique du Nord si besoin est mais il fallait continuer cette partie bien mal engagée pour, finalement, la gagner, heureusement, il y avait De Gaulle, Mandel et Reynaud, Winston se hissa dans le phaéton, il pleuvait à verse, il vit disparaître dans la brume humide et dans la nuit les feux arrières de la voiture des militaires, toujours pressés les militaires, même britanniques, il était 0h15.
Bien qu’ils fussent accompagnés par deux motards, ce qui devait arriver arriva, après un court trajet sous la pluie battante, ils se perdirent les uns les autres.
Ce fut Berkeley qui donna l’alerte, en soldat vigilant, il se pencha vers le chauffeur du consul et lui demanda où étaient les motards, le chauffeur, Edouard Rognât, lui répondit qu’il les avait perdu deux virages plus tôt, Berkeley se retourna et fit coulisser la vitre de séparation, il informa Churchill et Eden de leur lamentable position, Winston grogna que l’on était en France, pays allié autant que civilisé et qu’il suffisait de ralentir, de baisser la vitre de droite et de repérer, en bordure de chaussée, une de ces bornes si pratiques dont les Français avaient pour habitude de jalonner leurs routes et qu’une fois tout ceci exécuté, il leur faudrait consulter la carte Michelin numéro 20, dont le chauffeur, en bon Français, était sûrement équipé ! Les données cartographiques de Winston dataient quelque peu mais il avait deviné juste, Edouard farfouilla dans le vide-poche et présenta à Berkeley une carte numéro 20, édition de 1925, en parfait état et dénommée Auxerre-Gien par les puristes, ce n’était qu’une lointaine descendante de la carte de Cassini, Berkeley, sur demande exprès, la confia à Churchill qui commença de s’en repaître avec de petits grognements doux qui réveillèrent finalement un Eden assoupi qui s’interrogea, pâteux, sur leur situation géographique.
Middle of nowhere ! lui asséna Winston qui, coup de chance, les situait juste très au nord du pli.
La voiture était arrêtée, tous phares allumés, en plein milieu de la route, Berkeley en descendit, abrité par un parapluie et portant une vénérable lampe torche, une sorte de chose massive avec une poignée, nantie d’une minuscule ampoule et d’une très grosse pile, la voiture, au vu de son grand âge, n’éclairait pas bien fort, Rognât, régulièrement, était dans l’obligation d’accélérer pour faire débiter quelque peu la dynamo, en moins de dix mètres, Berkeley, maugréant, fut avalé par l’obscurité humide, il s’étala par deux fois, la première en insérant par mégarde son pied droit dans le profond fossé qui avala sa jambe pratiquement jusqu’à l’aine, la seconde en butant, toujours avec le pied droit, sur une petite borne de grès qu’il n’avait pu deviner dans l’herbe qui bordait ce satané fossé, en se relevant, tout contus, il orienta sa lampe sur la borne et put lire : Champoulet 0,8 Km ! Nanti de ce renseignement de portée stratégique, il se hâta en boitillant jusqu’au phaéton, une jambe trempée et l’autre douloureuse, décidément, le service de Sa Gracieuse Majesté en territoire étranger même allié pouvait générer des dangers plus qu’imprévus.
Il fut accueilli par une bordée de lazzis bien britanniques proférés, sous forme de diverses litotes, par un Anthony et un Winston qui semblaient déchaînés, après que Berkeley, outré, ait péniblement ânonné le nom de cette mystérieuse commune, Winston réclama plus de lumière et remonta la carte jusqu’à trouver le château de Muguet bizarrement appelé, en ces temps fort lointains, Maguet, il redescendit son doigt et annonça fièrement qu’on avait du traverser Bléneau sans s’en rendre compte et qu’il allait les remettre sur la bonne voie, ceci fait, il enjoignit au chauffeur d’avancer, Rognât s’exécuta.
Le phaéton, beaucoup plus haut que large, glissait, telle une cathédrale illuminée, sur la route qui finissait, sous le déluge, par ressembler à une rivière sorti de son lit, ils n’entrevirent pas plus Champoulet, les quatre hommes, tout d’un coup attentifs, scrutaient comme ils pouvaient tous les points cardinaux, le véhicule aborda une grande courbe en descente, pourtant à allure très modérée et côtoya de façon rapprochée et périlleuse le fossé gauche, ce coup-ci, ce fut les phares qui coupèrent, tout net, Rognât jura à son tour mais à voix très basse en donnant un grand coup de volant à droite et s’engagea, sans le savoir, sur une petite route à peine bitumée, avant de mettre l’une de ses roue avant dans un petit fossé où elle s’enlisa, tous ses efforts furent vains, ils étaient bien dedans et fort profond par exemple !
Ce fut Winston qui réagit en premier, il émit à haute voix un de ces jurons habituellement interdits aux gentleman, une de ces choses maudites que l’on ne doit pas proférer en le royaume sous peine de bannissement ou de quelque peine assurément bien pire, mais là, on était en France, c’était une formulation longue et compliquée que Rognât, qui servait le consul depuis les années vingt, ne comprit pas à la lettre mais plutôt dans un tout quelque peu cosmogonique et désespéré, la France et l’Angleterre étaient décidément tombée en grande pitié, Eden et Berkeley, interdits, étaient transis par la formulation, d’où viendrait le secours, peut-être de l’église, ces papistes avaient bien des facilités, une bonne confession auriculaire et « the Prime » serait pardonné – mais cela ne constituait pas la religion de Winston, qui sauta de la voiture sous une pluie de fin du monde.
Les vannes du grand abîme s’étaient entrouvertes, pleuvrait-il pendant quarante jours et quarante nuits, cela, en lieu et place de guerriers insuffisamment nombreux, pourrait-il arrêter durablement les hordes barbares qui déferlaient sur la Doulce France, nul ne sait, les trois autres suivirent Churchill sur la route à peine bitumée, abrités sous deux immenses pépins, Edouard se lançant bravement à la poursuite du Premier ministre pendant qu’Eden et Berkeley cheminaient à l’allure boitillante du capitaine.
Winston ruisselait positivement, son melon, pourtant de chez Christy’s, avait perdu toute forme chapelière, William Coke devait s’en retourner dans sa tombe, les rebords s’étaient tout bonnement avachis et ne faisaient que prolonger la coiffe, conférant à son porteur, pour un improbable observateur extérieur, une allure primesautière de comique italien de cabaret, deux gouttières s’étaient formées au hasard, l’une à l’aplomb de sa nuque, l’autre au dessus de son oreille gauche, c’était plus que déplaisant et lui rappelait le temps infect des Flandres, il y a déjà longtemps, lorsqu’il arpentait le front, la France, décidément, n’était pas faite pour le mauvais temps !
Tout d’un coup la pluie s’arrêta, il leva la tête, étonné et put voir un parapluie déployé, Edouard avait fini par le rejoindre et l’abritait impavidement des désordres climatiques, Winston, fondamentalement optimiste, se racla la gorge et prononça, dans son français épouvantable mais bizarrement intelligible, les deux mots suivants : « La Fouchière ! » tout en pointant un doigt sur la gauche de la chaussée. Rognât tourna la tête et remarqua le portail de bois entre deux piles de pierre sombre, sur le pilier droit, une grande plaque de cuivre astiquée de frais reprenait la formulation de Winston, Edouard ouvrit résolument le portail et précéda le Premier ministre d’un pas allègre mais respectueux vers une belle maison, une petite lumière sympathique illuminait une fenêtre sur un côté du bâtiment.
Isidore Lavisse, malgré l’heure tardive, épluchait avec son épouse des pommes de terre dans la cuisine, il est vrai qu’on ne dormait plus guère depuis le Dix Mai, ils se couchaient tous deux de plus en plus tard dans l’attente quotidienne de nouvelles qui ne venaient plus : tout comme Isidore en 17, le petit Julien, leur fils unique, s’en était parti en mars 40, ses vingt ans tout juste en poche, pour une affectation théoriquement de tout repos dans le nord ouest que lui avait trouvé le propriétaire de La Fouchière, Monsieur Desmarets, Isidore se souvint alors de leur première rencontre à la foire de la Saint Victor, en juillet 19, à Bonny sur Loire.

………

Le jeune Julien Lavisse embraya doucement en quatrième, l’imposant camion citerne se mit en mouvement avec une sage lenteur, il approchait du croisement et voyait au bout de la courbe son motard, Baptistin, qui, ingénieusement coiffé d’un casque allemand récupéré dans d’autres combats et avec des gants dont les crispins blancs étaient en papier journal feignait, à cet endroit, de réguler la circulation, le motard lui fit signe d’arrêter et laissa passer cinq blindés portant la croix de Malte sur la grand-route, puis, après avoir tourné la tête de gauche à droite, leva par deux fois le poing gauche, Julien tortura l’embrayage et traversa le carrefour pour s’engouffrer dans la forêt, les arbres l’avalèrent avec voracité, la route était bonne, cap au sud !
Le motard, qui apercevait déjà le reflet des yeux de chat des véhicules allemands suivants, s’engagea à sa poursuite, cette pluie battante qui le martyrisait faisait pourtant largement leurs affaires, ils avaient dû attendre plus d’une heure en contemplant le passage de la colonne allemande mais ils avaient pu traverser, il fallait foncer vers le sud, sans états d’âme, par contre, il lui faudrait refaire le plein sous peu, il n’avait plus grand chose dans son réservoir, mais l’essence ne manquait pas, la citerne devait bien contenir encore dans les 10 000 litres, Baptistin doubla le camion et fit une petite pointe pour prendre de l’avance, Julien vit le motard le dépasser sous la pluie qui semblait redoubler, ah, on était verni au service du parc des essences, du carburant à foison, par contre, il y avait un léger défaut, on n’était pas armé ! Ce privilège était destiné aux guerriers et on n’était pas considéré comme des guerriers, Julien et Baptistin s’en étaient accommodés au début, quand tout allait bien, mais avec le temps qui passait et le tour que prenait la campagne, ils s’étaient fournis sur la bête, Julien avec un P 08, Baptistin avec un MP 38, ça tombait plutôt bien, les deux armes chambraient les mêmes munitions, pour l’instant, ils n’avaient pas eu à s’en servir mais sait-on jamais ?

………

Isidore avait été le plus grand braconnier du sud du département, sur la frontière administrative entre le Loiret, l’Yonne et la Nièvre, il avait eu, même en pleine guerre, des clients habituels qu’il approvisionnait régulièrement et qui payaient rubis sur l’ongle mais la guerre l’avait happé en 18, il avait été fantassin très exactement 74 jours, c’était un tireur remarquable qui sortait franchement de l’ordinaire, nommé caporal à 40 jours, il allait passer cabot chef lorsqu’il y avait eu l’assaut, une sale histoire, il avait dégommé un à un les servants de la mitrailleuse boche qui les gênaient à coup de STA 17 puis avait suivi ses camarades dans la charge, un coup de pistolet lui avait brutalement éclaté le genou, il avait alors massacré le gefreiter qui avait feint d’être mort à coup de pelle, une arme très pratique pour le corps à corps, avant de tomber de tout son long sous l’œil du capitaine, il y avait récolté une citation, la croix de guerre, sa réforme, un genou bloqué et le pistolet du gefreiter, adieu braco !
Tout s’était arrangé à la foire de la Saint Victor, il y avait rencontré deux personnes qui allaient changer toute sa vie, l’une, Mélie, qui deviendrait sa tendre épouse, l’autre, Etienne Desmarets, qui deviendrait son respecté patron, pour Mélie, Isidore avait cru tenir les choses en main, maîtriser son destin, pauvre homme ! Elle l’avait choisi depuis 1917 et il n’en savait rien – pour Etienne, c’était plus récent mais tout aussi implacable.

………

Winston, qui connaissait bien certaines choses, se demandait comment les Français supporteraient un départ éventuel du gouvernement légal vers l’Afrique du nord, il n’arrivait pas à imaginer le peuple britannique dans une situation identique, abandonné par son roi et ses gouvernants, partis on ne sait où, le Canada par exemple, il était sûr que certains Français vivraient une sensation d’abandon mais en sortiraient ils ? Auraient-ils foi en l’avenir ? Attendraient-ils et que feraient-ils ? C’était La Question, The Question.

………

Avaient-ils ri, les gars de Cosne, ses amis et rivaux du sud, quand il avait pris femme chez les Bonnychons, de vrais bidènes, il est vrai que la Mélie était amplement pourvue d’accroche-cœur de toute sorte, c’était indubitable, il était tombé dedans et ne s’en était pas relevé ! Monsieur Desmarets, le même jour, lui avait fait une bonne et honnête proposition, il deviendrait son garde, le garde de la Fouchière, il s’occuperait du domaine, Mélie de la maison qui serait modernisée, avec des gages par exemple mais il lui fallait renoncer à son état présent de braconnier, cela ne faisait pas sérieux pour un médaillé militaire, de toutes façons, avec sa jambe raide, ce n’était plus possible.

………

Julien ralentit tranquillement le Mack, Baptistin s’était arrêté au bord de la route après avoir béquillé sa moto, Julien arrêta le camion en plein centre de la chaussée car il avait peur que l’accotement s’écroule, en forêt, cela peut arriver et il avait vu des blindés bien plus puissants que son camion irrémédiablement embourbés, le revêtement bitumé ayant cédé sous leur poids sans qu’il soit possible de les tirer de là,. Baptistin ouvrit la portière droite et grimpa à bord, ses crispins de papier journal pendouillaient lamentablement, il les roula en boule et s’en débarrassa sur le bas-côté, puis il enleva son casque boche et dit tranquillement à Julien avec son accent grasseyant de ventre jaune, putain, on a eu du bol !

………

Winston leva sa canne et entrepris de toquer à l’huis, en vérité ce n’était pas exactement une canne, c’était un cadeau de ses anciens subordonnés du front français, une sorte de casse-tête fait de plomb et de cuivre réunis en un pommeau joliment ouvragé qui terminait une hampe de frêne à l’extrémité inférieure cerclée également de métal, c’était très pratique, bien mieux qu’un Webley pour les assauts, il l’avait conservée après la guerre et s’en servait toujours quand il séjournait à l’étranger, un gentleman devait toujours se méfier des malandrins de tout poil, surtout locaux ! Il toqua donc fortement trois fois à l’huis puis hurla d’une voix de stentor dans son français épouvantable (mais bizarrement intelligible) la phrase suivante « Ouvrez, gentils Français, ouvrez à l’infortuné Premier d’Angleterre » – Isidore Rognât, qui avait son certificat d’études, trouva que la phrase lui rappelait quelque chose.
Nonobstant la référence historique, cette clameur et ces trois coups violents firent grogner Isidore, mais Bon dieu, qui est-ce qui pouvait bien venir, par une nuit aussi épouvantable, déranger d’honnêtes gens dans leurs âtres familiaux, Mélie lui rappela doucement les lois les plus élémentaires et en particulier celle de l’hospitalité et Isidore, en bras de chemise, traversa le corridor pour aller ouvrir la porte. L’huis entrouvert dévoila un groupe d’individus assez étrange, qu’on en juge, tout d’abord une sorte de gnome adipeux et trempé, avec un chapeau ridicule et une tête de vieux bébé, il était abrité sous le parapluie d’un chauffeur de maître, au strict uniforme et portant d’imposantes moustaches, derrière venait un capitaine semblait il britannique au pantalon dégoulinant mais d’une seule jambe, il couvrait de son riflard un élégant gentleman, plutôt jeune, au teint très légèrement couperosé et portant, outre un superbe melon et un gardénia rouge à la boutonnière, une très élégante moustache blonde aux contours soigneusement délimités par un rasage soigneux, on eu dit quatre rois mages égarés dans la jungle sous une tempête équatorienne, le gnome prit alors la parole et demanda, dans un français épouvantable (mais bizarrement intelligible) s’ils pouvaient espérer l’hospitalité pour la nuit ? Un Isidore soupirant leur ouvrit plus largement la porte, ce fut une ruée qui manqua bien de le renverser lorsqu’ils entrèrent dans la maison, le gnome surtout qui fonça d’une seule traite vers la cuisine, attiré sans doute par quelque effluve alléchant, quand Isidore les eut rejoint, Winston, qui aimait bien les dames, assis à califourchon sur une des chaises de la cuisine, les bras croisés reposant sur le dossier, son chapeau lui dégoulinant sur les yeux, avait déjà entamé une passionnante conversation avec Mélie, qu’y avait-il de bon à manger pour ce soir et possédaient-ils une vraie baignoire ?
La réaction de Mélie fut impériale, elle répondit, dans un grand sourire, oui aux deux questions de Winston, s’empara d’un torchon propre au dessus de la cuisinière, le secoua à plusieurs reprises, lui retira son chapeau trempé qu’elle posa sur le linteau de la cheminée par dessus une petite statuette et entreprit alors de lui frictionner énergiquement la tête, Winston recommença de grogner mais, cette fois ci, de contentement, Isidore demanda pourquoi elle se mettait autant en frais pour des étrangers qu’elle ne connaissait même pas, elle lui répondit, toujours souriante, qu’on avait pas tous les jours l’honneur de recevoir, à défaut de la reine et du roi d’Angleterre, le Premier ministre britannique et qu’il ferait mieux, au lieu de rester là les bras ballants, de démarrer dans l’ordre, la chaudière pour l’eau chaude puis la cuisinière à fuel pour la soupe de poissons et les pommes de terre et de mettre les chambres bleue et verte à la disposition des autres Messieurs – quant au chauffeur de maître, elle le réquisitionnait pour le service à venir, quel Premier ministre s’écria Isidore, celui qui est en photo sur le journal qui est sur la table et où tu as mis les épluchures des treuffes lui répondit-elle, tu devrais lire la presse, il n’y a pas que les avis de décès, il faut se tenir au courant de la façon dont va le monde ! Ce fut cette fois Eden qui pouffa et, dans un français absolument parfait, remercia grandement Mélie pour toutes ses attentions.
Isidore s’agita beaucoup dans les diverses mission qui lui étaient confiées mais le fuel c’est bien pratique, il est vrai que Monsieur Desmarets faisait dans les pétroles avec ses frères, ce qui était des plus utile pour l’approvisionnement, après avoir titillé l’injecteur de la cuisinière, il gratta une allumette pour mettre le feu au toron de papier journal, le fourra directement sous l’injecteur puis referma le volet de fonte sans plus de façon.

………

Julien et Baptistin se partagèrent la dernière boîte de conserve, il faudrait aller au ravitaillement, cela faisait onze jours qu’ils roulaient de nuit et ils commençaient à fatiguer, par contre, le camion, géant débonnaire, allait fort bien, c’est tout ce qui comptait.
Ils avaient été le chercher au Havre sur ordre de leur capitaine, un réserviste plus tout jeune pour son grade qui s’appelait Bloch mais qui avait tenu à servir et s’était retrouvé au parc des essences de la Première Armée, il aimait bien Julien qui était son meilleur chauffeur poids lourd et Baptistin qui était sa meilleure estafette. Quand les armées s’étaient inquiété d’une éventuelle rupture d’approvisionnement par des bombardements du réseau de chemin de fer, elles avaient commandées de nombreux poids lourds aux Etats-Unis, les premiers Mack Exdx avaient été livrés au Havre et mis à disposition de chacune des armées du front nord-est, Baptistin et Julien étaient descendus en deux jours avec la moto poussive et étaient arrivés au Havre en même temps que le cargo américain entrait au port, le déchargement avait duré une journée puis, le camion réglementairement perçu contre force signatures, ils s’étaient dirigés vers le dépôt du parc des essences de la raffinerie toute proche où ils avaient remplis la citerne de 48 000 gallons (soit 18 000 litres) de bonne essence bien fraîche, le garde-mite qui avait validé le bon de réception leur avait semblé nerveux, qu’est-ce que tu as, lui avaient-ils dit, ils ont percé à Sedan et foncent vers la côte leur avait il répondu, on était fin mai de l’an 40.
Au début, Julien en avait bavé, ils avaient arrimé la moto sur le pare-choc arrière et il avait dû se débattre avec les documents techniques non traduits, les dix vitesses, la transmission 6x6 ou 2x2 et les 130 chevaux du moteur, mais un bon chauffeur ne s’arrête pas pour si peu, en à peu près deux heures, Julien avait réussi à dompter la bête aux flancs alourdis.
Deux jours plus tard, ils atteignaient le petit dépôt de l’avant où une longue colonne de véhicules de tous types s’était formée, on bradait tout le stock avant d’y mettre le feu, il y avait de tout, même un escadron de Somua et des automitrailleuses, les pompes électriques Satam, surchauffées, finissaient par ne plus débiter, on passait alors en pompe manuelle ce qui prenait beaucoup de temps, le capitaine, après les avoir félicité pour leur traversée leur avoua qu’il ne les attendait plus et les croyait perdus, quand il s’aperçut que le camion était plein, il s’en alla parlementer avec les cavaliers qui se formèrent en une longue file derrière le Mack, chaque blindé se présentait, ouvrait son réservoir et Baptistin faisait le plein, au pistolet, avec la pompe de bord, celle ci ne chauffait pas, elle tourna, infatigable, pendant près de quatre heures, à l’issue, il n’y avait plus personne sur la route, si, il restait une voiture qui s’approcha doucement, c’était la Peugeot de réquisition du capitaine, une 402 Bl, il réclama, avec un grand naturel, le plein du réservoir, plus sérieusement, il leur signa un ordre leur enjoignant de se rendre rapidement au dépôt de Conflans Sainte Honorine ou à défaut à celui de Bordeaux, ils y attendraient d’autres ordres, il leur offrit à chacun une cigarette et leur demanda d’aller se servir en vivres frais ou conserves, ce qu’ils voulaient, au magasin du dépôt, tout allait sauter dans quinze minutes, ils se servirent en moins de trois, puis il leur demanda de le suivre jusqu’au carrefour, à huit kilomètres en direction de la côte.
Julien embraya en troisième, il comprit vite que le rapport était beaucoup trop bas pour démarrer en 6x6, il passa directement la cinquième en faisant couiner l’embrayage et commença à remonter la petite Peugeot, au carrefour, le capitaine s’arrêta, ouvrit la portière et alla s’asseoir sur la grande borne Michelin qui marquait la limite entre deux départements, il regardait rêveusement vers l’est et fouetta machinalement ses leggins avec une petite badine, Julien et Baptistin se tenaient à côté de lui et regardaient dans la même direction, l’explosion les surprit, une grande flamme orangée illuminait toute la forêt, voilà, c’était fini pour le petit dépôt de l’avant, le capitaine, tout en regardent l’embrasement, leur expliqua que tous les personnels s’en allaient du côté de Dunkerque pour tenter d’embarquer, sur ordre, vers l’Angleterre, tous les personnels sauf peut être eux – les marins, de toute façon, n’embarqueraient que les hommes, pas les voitures ou les camions, il leur donna leur liberté, soit ils incendiaient le camion et partaient avec lui, soit ils tentaient de percer et roulaient vers le sud, ils avaient le choix, il ne les dirigerait pas sur un grand dépôt du parc de l’armée car ils étaient déjà soit allemands, soit incendiés, non, s’ils voulaient partir, il leur faudrait aller plus loin, leur carburant servirait utilement à d’autres. Les deux hommes se regardèrent et optèrent pour le sud, le capitaine, après les avoir félicité, leur conseilla de partir de suite, sans tarder, de rouler de nuit et à fond, de s’arrêter le jour et de camoufler le véhicule où ils pourraient, les allemands avait percés avec leur blindés mais la piétaille qui suivait marquait le pas, ils trouveraient bien un trou pour se faufiler, puis il déboucla son ceinturon, retira le Mab et son étui et le tendit à Julien en lui disant que comme cela, ils seraient enfin armés, Julien regarda Baptistin et refusa, réclamant plutôt des grenades, le capitaine ouvrit le coffre et lui tendit une musette réglementaire bien remplie d’engins défensifs et une carte routière couvrant la France Nord, les trois hommes se firent leur adieux et chacun suivit la route que lui fixait son destin.

………

Ces Français étaient quand même bien équipés pensa Winston, il y avait en Albion des légendes qui couraient sur leur prétendue absence de propreté eh bien, désormais, il s’inscrirait en faux, il rêvassait dans une profonde baignoire, un modèle imposant aux pieds griffus de lion, il s‘était fait une sorte de turban avec une serviette éponge lui donnant un air de Marat attendant sa Charlotte Corday, à travers ses lunettes embuées, il tentait de lire avec un intérêt gourmand le catalogue de la Manu, millésime 39, il y avait là des choses très intéressantes, des lits pliants, des huttes de chasse, des bicyclettes, des machines à coudre, des armes magnifiques et tout un tas de choses superbes, vraiment fascinantes, par contre ils vendaient et par correspondance s’il vous plait, des hameçons pour la pêche, à l’unité, Winston se demanda avec une réelle angoisse si l’entreprise était économiquement viable, ces Français étaient déroutants, des hameçons pour la pêche à l’unité !
Edouard Rognât frappa à la porte et entra, il annonça à Winston que le médianoche était servi, aida le ministre à sortir de la baignoire, le bouchonna d’importance, lui présenta son caleçon en détournant les yeux et lui tendit un moelleux peignoir de bain avec une paire de pantoufles, puis il précéda Churchill, toujours enturbanné, par l’escalier sur le chemin de la cuisine, une odeur capiteuse en provenait et inondait toute la maison, Rognât pénétra dans la pièce où deux autres individus, pareillement vêtus de blanc, se cramponnaient à leurs couteaux et fourchettes, la table était imposante et Mélie posa la soupière fumante en son centre. Isidore avait tiré ses filets deux jours plus tôt à l’étang de la Tuilerie, les Anglais tombaient bien, il fallait cuire et manger tout cela au plus vite, ça ne se garderait pas, Eden, d’un air quelque peu inquiet, demanda de quoi il s’agissait, d’une soupe de poisson répondit Isidore, de poisson d’eau douce, que du bon, Rognât en profita pour s’asseoir et déplia son couteau de poche avant de piquer une pomme de terre, il y avait même une énorme motte de beurre demi-sel, Mélie servit la soupe et s’assit aux côtés de son mari, sur le même banc que Rognât, France et Angleterre se dévisageaient en silence puis tout le monde trempa sa cuillère, au bout d’un moment, Winston, conquit comme les autres, rejeta pourtant la tête en arrière et demanda, d’une voix un peu contrite, s’il n’y avait pas quelque chose à boire ? Avec un bon sourire, Isidore demanda simplement, Pouilly fumé ou Sancerre – ou préférait-il un petit vin du coin, un coteaux du Giennois ? De toute façon, les trois bouteilles étaient ouvertes.
Winston était de nature aventureuse, il but des trois et à plusieurs reprise, le Pouilly surtout, de 1929, était une vraie splendeur, un Ladoucette pensez donc ! Le Sancerre était noble mais il l’eût préféré en rouge quand au Giennois, c’était un 34 bien sympathique, au bout de trente minutes, la glace avait fondu, Winston et Eden réclamèrent de nouveau de la soupe et piquèrent chacun une pomme de terre, le capitaine Berkeley fit de même et tendit son assiette.

(à suivre)
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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 00:01    Sujet du message: Un balcon... suite et fin Répondre en citant

………

En avaient-ils bavé les trois premiers jours, Julien avait choisi une route vers le sud-est pour se tirer de la nasse, la couverture aérienne massive autant qu’allemande les avaient fait vite renoncer à rouler de jour, ils ne se souvenaient que trop bien de l’état de certains de leurs camarades après une attaque, des restes calcinés, ces citernes flambaient comme des bougies, aussi avaient-ils rapidement adoptés un système qui leur permettait d’espérer survivre le plus longtemps possible, ils recherchaient systématiquement le couvert d’arbres imposants, quitte à faire des détours qui fouettaient leur impatience et Baptistin ouvrait obligatoirement la marche avec sa pétrolette. C’est ainsi qu’ils virent défiler un après-midi, planqués dans un tout petit fossé, une imposante colonne d’une division panzer, cela les avait abruti, autant de blindés, de véhicules et d’hommes et qui chantaient en plus, c’est à la suite du passage de cette unité qu’ils avaient pu récupérer de l’armement, une histoire finalement assez triste, comme la grand route leur semblait vide, ils étaient remontés vers le camion, bien à couvert, pour tenter de la franchir, ils s’apprêtaient à se mettre en marche quand Baptistin avait levé la main en cornet sur son oreille, Julien était descendu du camion sans claquer la porte mais avec la musette de grenades à la main, on entendait un bruit de moteur qui s’était brutalement amenuisé, ils avancèrent à pas de loup sur le côté de la piste et découvrirent, peut être à dix mètres, un side qui tournait au ralenti avec deux hommes indubitablement ennemis, l’un d’eux, le conducteur du side, avait démonté et s’était accroupi au pied d’un arbre, il avait descendu sa culotte et était pris, tout entier, par la satisfaction d’un besoin urgent mais il n’avait pas pour autant négligé les règles de sécurité qu’on lui avait enseignées : il avait fait faire demi-tour au side-car qui pointait vers la grand route, les troupes des blindés détestant la forêt et il avait à peine remonté trente mètres, son passager, resté dans le side s’impatientait, rigolard, le mot schnell revenait souvent dans son commentaire, il entreprit de descendre pour s’apprêter, finalement, à satisfaire aux mêmes triviales mais combien humaines préoccupations, les deux Français ne pouvaient le savoir mais leurs « collègues » allemands étaient torturés par la diarrhée, l’intendance ne suivant pas le rythme infernal des motorisés, ils avaient dû boire une eau douteuse au hasard de la route. Le deuxième s’accroupit non loin du premier mais de façon un peu décalée pour que l’autre ne le voie pas, plus soigneux que son congénère, il avait ôté son casque qui portait ses lunettes et pendu son ciré gris fer avec son ceinturon et son arme à une branche d’arbre, un gradé sûrement pour avoir de telles pudeurs, l’autre s’était contenté de se débarrasser de son arme et de son ciré en quittant la moto. Quand l’un descendait son pantalon, l’autre s’apprêtait à le remonter, la décision des Français avait été vite prise, les deux Allemands, instinctivement, se retournèrent à demi quand ils entendirent les grenades fuser, Julien et Baptistin s’étaient déjà, après le lancer, plaqués au sol où ils cherchèrent à s’incruster, un tronc d’arbre pourrissant, couché devant eux, les protégeant, les deux grenades explosèrent avec un bruit très sec, des éclats leurs sifflèrent aux oreilles et Justin leva alors un œil par dessus le tronc, les deux hommes avaient été projetés en avant, plus rien ne bougeait, il se leva et entraîna Baptistin, le spectacle était immonde, les deux cadavres étaient déchiquetés par les éclats et nageaient dans la sanie, ils vomirent tous deux avec un bel ensemble. Le side tournait toujours, la proue percée comme une écumoire, à part ça, il semblait intact, ils traînèrent les deux cadavres par les pieds jusqu’à une petite dépression où ils les abandonnèrent après les avoir recouverts de branchages, Baptistin, avec beaucoup d’efforts, retira ses bottes à l’un d’entre eux, cela pourrait servir, ils récupérèrent les deux casques, les gants, les lunettes, les deux cirés, les brélages en cuir et l’armement, un pistolet automatique et un pistolet mitrailleur, se posa alors le problème de la moto, qu’en faire, le même Baptistin proposa de la garder, si les Allemands recherchaient leurs hommes et qu’ils la trouvaient, ils se poseraient des question et fouilleraient plus avant et puis, c’était autre chose que sa 125 Terrot qu’on allait remonter sur le pare choc, le camion, en marche arrière, recula sur près d’un kilomètre et ils attendirent la tombée de la nuit, elle serait courte, comme toutes les nuits de mai.
Quand ils furent réfugiés dans la cabine, Julien dit en chuchotant à Baptistin que c’était bête de mourir comme ça, ne recevant pas de réponse de son camarade il se tourna vers lui et s’aperçut qu’il pleurait silencieusement, il se replongea dans les documents qu’ils avaient trouvés dans le side et regarda fixement les deux plaques d’identité qu’ils avaient prélevées sur les morts, au moins, ils savaient qui ils avaient tué.

………

Vers trois heures, après bien des imbibitions et l’évocation de souvenirs de l’autre guerre, tous ces hommes après un cigare et une petite fine dont je ne vous dit que ça, décidèrent d’aller se coucher, il y avait beau temps que Mélie avait fait sa vaisselle en refusant toute aide, Berkeley s’était pourtant emparé d’autorité d’un torchon propre et avait concouru à l’essuyage. C’est un Winston bien fatigué que les autres hissèrent jusqu’à sa chambre avant d’être fort surpris, en se retirant, d’entendre une voix précise autant que churchilienne leur donner quelque instruction, Rognât était prié de lui faire couler un autre bain mais fort chaud, Eden se voyait demander la carte qui représentait la France Nord et Isidore était gentiment prié de quérir deux bouteilles de cet excellent coteau du Giennois, accompagnées de verres, d’un peu de fromage de chèvre et de pain accompagné d’un couteau et, si besoin était, d’un tire-bouchon.
Quinze minutes plus tard, les deux Français, effarés, se voyaient pour la première fois confrontés à l’étendue du désastre, Winston avait tracé, à grands traits de stylographe, le coup de faux survenu dans le nord et avait plus ou moins indiqué la situation périlleuse où se trouvaient placées les armées alliées au bout d’un mois de combats, à sa grande surprise, les deux Français essuyèrent des larmes en entendant ses propos, il crut d’abord, ce qui était en partie vrai, que c’était là une réaction d’anciens combattants qui s’étaient beaucoup sacrifiés dans l’Autre Guerre, puis, pressés de questions, les deux hommes finirent par avouer, de façon concomitante, que leurs deux fils servaient dans les armées du nord, dans le service des essences, ils se regardèrent tout deux d’un coup étonnés par ce qu’ils venaient de dire et de comprendre, l’un des deux fils se prénommait Julien et s’appelait Lavisse, l’autre, le petit dernier d’une fratrie de quatre dont trois sœurs aînées, s’appelait Rognât et se prénommait Baptistin, c’est comme ça.
Nos Français furent sondés sur leurs opinions politiques, Isidore, en bon braconnier, était plutôt à gauche, Edouard, en bon chauffeur de maître, plutôt à droite, quand Churchill énonça les divers scénarios qu’il avait envisagés pour l’avenir immédiat, les deux hommes se regardèrent gravement et, après moult discussion qui les crucifièrent, finirent par plaider logiquement, si on y était acculés, pour l’abandon du territoire national par les pouvoirs légaux de la République et par un transbordement de tout ce qui pourrait être sauvé en Afrique du Nord, ils ne croyaient pas, en bons fantassins, à un quelconque réduit national, le Boche allait trop vite, par contre on pouvait le ralentir, Eden ouvrait grand ses oreilles, le Premier ministre était souvent très déconcertant mais avait pour habitude de bien connaître ses dossiers, il venait là de donner au ministre de la Guerre du gouvernement de Sa Gracieuse Majesté une leçon d’humanité et de renseignement en matière politique.
Les bouteilles étaient presque vides, les cœurs étaient tristes, Churchill sonna l’extinction des feux, il remit seul comme un grand de l’eau chaude dans son bain, s’y trempa en soupirant et plaça sur une planchette ad hoc qui traversait la baignoire le premier des dossiers qu’il avait à traiter, le mémoire de Dowding suivi par celui du Conseil Interallié, il se servit un autre verre de vin et se plongea dans la lecture indigeste en mâchonnant un bout de fromage.

………

Julien exultait, ils avaient franchi la Seine, Paris n’était plus qu’à trente kilomètres, ils se sentait, avec Baptistin, revenu à une situation plus normale, les effets boches étaient soigneusement rangés dans un coffre latéral et Baptistin avait repris une place plus tranquille, il roulait maintenant derrière le camion citerne, à la sortie du pont, ils avaient même été contrôlé par des gendarmes qui avaient louché sur le marquage du side-car, l’ordre écrit du capitaine Bloch les avaient bien arrangé, ils n’en avaient plus que pour dix minutes et tout serai fini, ah, dormir une nuit entière, tranquilles. Ils abordèrent une zone boisée où, brutalement, ils tombèrent sur des blindés rangés en limite de couvert, ceux-ci semblaient attendre quelque chose, leurs équipages saucissonnaient mais de façon avide, comme s’ils étaient pressés, Baptistin qui avait une bonne culture militaire chuchota à Julien que c’était des AMD 174 de chez Panhard, Julien commençait de rentrer ses rapports de boîte, la route remontait, à peut-être cent mètres de la crête, un capitaine surgit du couvert et se plaça en plein milieu de la route, la main droite levée, Julien immobilisa doucement le Mack et s’arrêta peut être à deux pas du capitaine de Chézal, qui, sans le savoir, avait pris quelques risques, le freinage pneumatique du camion pouvant être capricieux ! Une sorte de grondement sourd, avec de puissantes explosions, emplissait toute la forêt.
On s’expliqua, l’ordre écrit du capitaine Bloch fut brandi mais de Chézal leur déconseilla de continuer leur route, à la question de Julien qui demandait pourquoi, le capitaine ne put que prendre son bras pour l’emmener en haut de la côte, les derniers mètres étant faits courbés, dans le fossé, d’en haut Julien pu avoir une vue dégagée sur le dépôt pétrolier, il flambait dur, un groupe de Stukas plongeait sur les derniers réservoirs intacts qui explosèrent dans une flamme jaunasse en émettant des torrents de fumée noire, la DCA crépitait, un des avion fut touché et tomba dans la Seine, cela composait un joli tableau dans le couchant qui donna à Julien une envie subite de pleurer, si près du but, c’était trop stupide, de Chézal était très ennuyé, il y avait envoyé son adjoint, le lieutenant de la Cornillère, avec l’ordre de perception, pauvre la Cornillère, Baptistin déboîta et fonça avec le side vers l’entrée du dépôt en se disant que tout ce qui devait exploser avait dû le faire, il trouva le lieutenant complètement sonné, à genoux dans le fossé, le carburant enflammé commençait à ruisseler vers lui, le fossé ferait certainement office de drainage, Baptistin le tira de là, non sans mal, le hissa dans le side cul par-dessus tête et le ramena à l’escadron.
De Chézal était toujours très ennuyé, il n’avait plus d’essence, ils avaient attaqués les nourrices de réserve, il lui restait à peine dix litres par engin, de quoi faire une petite quinzaine de bornes, Julien fit semblant de se gratter la tête et lui offrit son chargement, de bon cœur, les AMD se rangèrent sagement sous le couvert et, une fois n’est pas coutume, c’est le camion qui remonta la file et fit les pleins, on remplit alors tout ce qu’on pouvait remplir. Les cavaliers étaient très intéressé par l’armement des auxiliaires, de la récupération sur les Boches et du beau matériel encore, un adjudant émit même l’idée de le réquisitionner, il recula devant le regard des deux hommes, en échange, le capitaine fit barbouiller par un fourrier les marquages allemands du side de Baptistin et les fit recouvrir de belles cocardes françaises faites au pochoir, tout le monde était content, vers vingt-deux heures, tout fut achevé, de Chézal leur conseilla paternellement, en leur remettant deux casques à bourrelet, de partir sans tarder et de rouler rapidement vers le sud ouest pour se mettre à l’abri de l’aviation adverse, l’ordre de son collègue Bloch était explicite, il devaient aller sur le dépôt de Bordeaux et, de toute façon, un ordre reste toujours un ordre, ils soupirèrent, rouler, toujours rouler, ils avaient mis onze jours et demi pour faire deux cents kilomètres, il y en avait près de six cents autre pour se rendre à Bordeaux, il leur faudrait un mois à ce rythme là et il ne leur restait plus que deux mille litres, Julien embraya la troisième en 2x2, cela consommait moins, Baptistin le suivit, résigné, sous son casque à bourrelet, direction Dreux pour commencer.



12 juin 1940
Vers cinq heures et quelques, deux hommes qui avaient peu dormi passaient le portail de la Fouchière, l’un, Isidore, portait une lampe et une forte planche, l’autre, Edouard, serrait sur son sein le cric en losange et la manivelle de la très belle Vivastella qui sommeillait au garage, ce fut une affaire vite expédiée, ils levèrent la voiture, passèrent la planche sous la roue et désembourbèrent le phaéton, à la grande surprise d’Edouard, il refusa tout bonnement de démarrer, ils réussirent cependant, après force jurons, à le pousser sur la route, tu n’as qu’à prendre la Renault pour les ramener à Briare, dit Lavisse à Rognât, je l’ai démarrée avant-hier, quant à ton engin, tu as dû laisser quelque chose allumé et vider ta batterie, quand tu reviendras, on avisera !

………

Julien était tout excité, ils arrivaient, au bout de deux jours seulement, au port de Bordeaux. Vers cinq heures trente du matin, un peu perdu, il avisa un quidam à vélo qui les remontait sur la droite et lui demanda tranquillement l’emplacement du dépôt des essences militaires, l’autre lui répondit que c’était tout droit à cinq cents mètres mais qu’à cette heure là, il n’y aurait pas grand monde.

………

Winston était sorti de son bain, s’était soigneusement essuyé et avait choisi une autre serviette, hélas de couleur rose, comme nouveau turban, ensuite, toujours vêtu de son peignoir d’emprunt et chaussé imperturbablement de ses pantoufles de même, il était descendu dans la cuisine ou il avait trouvé une Mélie sanglotante, Isidore lui avait visiblement fait des confidences sur le sort de nos armées du nord, elle s’était rencognée dans le coin de la cheminée, sur une petite chaise et semblait parler à voix basse à quelqu’un, ému et intrigué, Winston avait chaussé ses lunettes et avait découvert qu’elle priait devant une petite statuette de la vierge qui avait été recouverte la veille par son chapeau, il toussota et Mélie lui déclara, dans un pauvre sourire, qu’elle allait lui monter son café mais qu’elle s’occuperait d’abord de problèmes tenant au destin de son petit, un Churchill décontenancé fit demi tour et remonta dans sa chambre en se disant que la guerre était une bien triste chose, toutes ces jeunes vies tranchées net.

………

Julien arrêta le camion, descendit et commença, aidé de Baptistin, à secouer fortement les grilles du dépôt, une petite lumière finit par s’allumer dans une maisonnette sur la droite et, par la fenêtre entrouverte, une petite voix très encolérée leur demanda de bien vouloir revenir à six heures trente, heure de l’ouverture, en leur conseillant d’ici là de se trouver un bistrot, l’idée n’était pas stupide, Julien ferma soigneusement les portes en enlevant les poignées, il en garda une au fond de sa poche et grimpa dans le side.

………

Winston découvrit en remontant que sa chambre, qu’il avait peu fréquentée, avait la particularité de posséder une imposante porte fenêtre cachée par des doubles rideaux, il tira ceux-ci, ouvrit les deux ventaux et découvrit un joli et large balcon qui surplombait toute la forêt, il y avait là une table et quatre chaises en bois peint, Winston choisi de s’asseoir face à la forêt qui descendait en moutonnant loin vers ce qu’il présumait être l’est, le jour se levait et on eu dit que la France, lavée par la tempête de ses supposés péchés, tendait ses arbres vers le soleil naissant, comme une offrande boisée, cette vue heureuse le fit presque frissonner, devrait-on perdre tout cela ?

………

Ils finirent par trouver un tout petit café ou la patronne, une jolie petite femme brune et frisée, qui avait, pour le moins, l’âge de leurs mères, essuyait machinalement son comptoir, c’était le modèle type de l’assommoir de province, Julien lui demanda très poliment s’ils pouvaient espérer deux petits déjeuners, Roselyne Bacalan toisa les deux jouvençaux qu’elle avait peine à croire militaires et leur répondit par l’affirmative tout en leur précisant, ingénument, qu’ils leur faudrait d’abord se laver parce qu’ils étaient absolument repoussants, la douche et le cabinet de toilette étaient à l’étage, qu’ils en usent et abusent, Baptistin se précipita vers le side pour chercher son nécessaire de toilette, le rasoir surtout, Julien tirait déjà la poignée métallique qui pendait au bout de la chaîne pour avoir de l’eau, elle était glacée.

………

Winston continuait à songer, la discussion de la veille avait été très vive entre les deux Français, Rognât ne jurait que par Pétain qui allait les sauver, Lavisse était beaucoup plus nuancé, il avait cité d’autres noms comme Reynaud et Mandel, il est vrai que plus de dix ans séparaient les deux hommes et qu’Edouard avait servi à Verdun mais cela n’expliquait pas tout, Isidore avait fait remarquer qu’on n’en serait pas là si certain gouvernement, lorsque la Rhénanie avait été remilitarisée, avait pris la bonne décision, Edouard avait alors accusé les socialistes, Isidore avait répliqué doucement qu’ils n’étaient pas encore élus lors du coup de la Rhénanie, un petit bruit fit retourner Churchill, Mélie, les yeux tout embués, avait monté un plateau avec deux bols, une miche de pain, du sucre, du beurre, un couteau et une cafetière toute fumante, Churchill l’invita à s’asseoir, plaça un bol devant elle, comme elle restait là, les mains croisées sur la table et la tête un peu pendante, Churchill posa sa grosse main sur les siennes et lui versa une rasade de café, il lui expliqua gentiment que c’était bien de prier et qu’il fallait toujours espérer, il jeta ensuite quatre sucres dans les deux bols et attaqua, férocement et au couteau, la pauvre miche de pain.

………

Les deux gamins avaient bâfré, positivement, mais ils étaient propres, dans le jour qui naissait, un rai de soleil illumina le fond de la salle, Julien remarqua un petit édicule vitré qui n’avait pu, jusque là, du fait de l’obscurité, retenir son attention, il se leva et se dirigea vers le comptoir.

………

Isidore avait ouvert la porte et s’effaça pour laisser entrer Edouard, au premier, sur le balcon, trois gentlemen en peignoir avaient fait un sort définitif à la miche de pain, Mélie s’apprêtait à redescendre pour faire passer une nouvelle cafetière, Isidore allait monter au premier quand la sonnerie du téléphone sortit tout le monde de diverses routines, le téléphone, il y avait le téléphone dans cet endroit perdu ? Les Anglais n’avaient même point songé à le demander la veille !
Isidore ouvrit le petit meuble bas et s’empara du combiné avec une autorité tranquille.

………

Julien avait demandé à la patronne si le téléphone fonctionnait, celle-ci ayant assuré que oui, il lui avait demandé un numéro dans le département du Loiret, le deux à Champoulet, le un c’était la mairie, la patronne décrocha, fit la demande et s’entendit répondre par la demoiselle des PTT qu’à cette heure précoce, le demandeur devait se tenir prêt car il y aurait peu d’attente.

………

D’une voix toute enrouée par l’émotion, Isidore hurla à Mélie de se dépêcher, Monsieur son fils était au téléphone, Mélie manqua bien rater la première marche.

………

Quarante minutes plus tard, une élégante Vivastella se garait devant le petit club house de l’aérodrome de Briare, on avait retrouvé le Premier ministre ! Le pilote du Dragon rapide maugréa quand Rognât lui remit une petite caisse en bois, cela allait perturber le centrage déjà fort délicat de l’appareil, il décida de la mettre en place arrière, sur un siège resté vide, à sa grande surprise, le premier ministre insista pour qu’on l’attache soigneusement avec la ceinture et passa tout le voyage à veiller anxieusement dessus.

Lors du Conseil Interallié suivant, à Tours, détendu peut-être par la mutation heureuse du ministère français qui s’était apparemment rangé aux avis confidentiels de Rognât (Edouard) et de Lavisse (Isidore), Winston Léonard Spencer se permit de poser pendant le repas des questions fort précises à Paul Reynaud, vraisemblablement pour tenter de lui faire oublier sa peine – d’abord, comment pouvait-on espérer gouverner un pays qui produisait quelque trois cent soixante-cinq sortes de fromage, ensuite, est ce qu’il estimait, lui, Paul Reynaud, président du Conseil, que le Coteaux du Giennois 1934 puisse convenir à une dégustation de divers fromages de Touraine, Sainte-Maure et Valençay par exemple ?

Fin
(à ma connaissance... C.F.)
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loic
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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 10:33    Sujet du message: Répondre en citant

Très émouvant !
Juste pour pinailler comme d'habitude, mais il ne semble pas (d'après les relevés des 4 coins de France sur http://www.meteo-paris.com) que la météo ait été abominable à ce point entre les 11 et 12 juin 40. Pas mal de précipitations sur Bordeaux le 12, mais sans plus.

Rien à voir, mais ceci peut être intéressant :
Citation:
17 octobre [1940] : Il tombe plus de 1000 mm de pluie en 24h à La Lau (Pyrénées orientales) soit l'équivalent d'un an de précipitations (la valeur exacte n'est pas connue car le pluviomètre de la station déborde à plusieurs reprises) - il s'agit du record absolu mesuré en France métropolitaine - ces pluies diluviennes provoquent l'effondrement d'un pan de montagne, formant un barrage naturel sur le cours d'eau du Tech (ce barrage cède et une énorme vague rase toute la région d'Amélie les bain - on dénombre 100 morts). La ville de Perpignan subit également la crue de la Têt (1m d'eau dans certaines rues).

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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 12:21    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Un petit détail technique :

le Dragon Rapide, contrairement à ce que son nom laisse croire, se caractérise surtout par son extrême lenteur ! Je proposerais donc que Winston se déplace en De Havilland Flamingo, ce qui correspond d'ailleurs à son avion OTL. Et l'escorte est plus vraisemblablement assurée par des Hurricane, le Spitfire étant moins apte à se "poser partout" et ayant aussi moins d'autonomie.

Une petite faute de frappe : 4800 gallons (US) et non pas 48 000

Et je rejoins Loïc, la météo du 11 juin 1940 n'était pas si "pourrie". Il est tombé quelques mm à Lyon et presque rien à Paris.

Bien amicalement
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loic
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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 12:57    Sujet du message: Répondre en citant

Il semble bien (http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/le-front-de-l-ouest-f25/soixante-jours-qui-ebranlerent-l-occident-t8426-60.htm) qu'on puisse rectifier quelques éléments, même si on est après le POD :
- ce sont bien 12 Hurricanes et l'avion de Churchill est un Flamingo
- Churchill (et probablement toute la délégation britannique) a passé la nuit du 11 au 12 dans un train militaire. Même si le train en question est probablement affecté à l'usage du GQG, on peut imaginer que ce dernier l'affecte sans tarder au Grand Déménagement. Razz
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour.
Pour pinailler moi aussi, je ferai remarquer (après m'être beaucoup amusé):
- Qu'un gentleman est autorisé à jurer si la situation l'exige ou au moins s'y prête. Le futur roi George VI, qui commandait une tourelle de cuirassé (je ne sais plus lequel) au Jutland, avait impressionné ses canonniers par la vigueur de ses jurons et blasphèmes - outre que son bégaiement disparaissait en la circonstance. Et, devenu roi, on sait que, pour se défouler, il s'enfonçait seul dans les bois de Balmoral afin de pouvoir y jurer tout à son aise.
- Que ce qui serait interdit à un gentleman sur le territoire du Royaume ou sur quelque terre de l'Empire que ce soit, est loisible sur le Continent, en général, et chez les bloody Froggies en particulier. N'oublions jamais ce que disait la reine Victoria: "It's so vulgar, so continental".
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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MessagePosté le: Mer Nov 10, 2010 19:42    Sujet du message: un balcon en foret Répondre en citant

ce serait dommage qu il n y ait pas d orage Les vieux montagnards savent que pour les orages locaux ( c 'est le cas) ne sont pas prévu par la méteo et que plus ils sont localisés plus ils sont violents , celui ci l est particulierement mais que apres c est grand beau

moralité : le réel n' a pas de superiorité sur la représentation signé : un grimpeur
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2010 10:06    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé pour les erreurs qui débutent ce petit récit, il est évident que le flamingo doit être préféré au dragon rapide et le hurricane au spitfire, je me repends et courbe le chef, pour le reste, ma résolution demeure adamantine, amitiés, Carthage.
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MessagePosté le: Lun Nov 15, 2010 15:27    Sujet du message: Re: un balcon en foret Répondre en citant

bonatti a écrit:
moralité : le réel n' a pas de superiorité sur la représentation


Superbe !!! Cela pourrait être la devise de l'Uchronie !!

Parallèlement, "La carte n'est pas le territoire" (AE Van Vogt) et "Ne cherchez pas sur la carte tout ce qu'il y a sur le terrain, mais l'inverse, Môssieur Frankie !" (mon instructeur de pilotage)

Ce qui peut se décliner en "Ne cherchons pas dans les bulletins météos le temps exact qu'il faisait à l'époque et dans les plus petits coins de France (et d'ailleurs)."

Wink
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MessagePosté le: Lun Nov 15, 2010 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

Moui, et un train peut en cacher un autre, c'est ça ? Grrrr
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MessagePosté le: Lun Nov 15, 2010 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

Je vois que tu as compris !
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MessagePosté le: Lun Nov 15, 2010 20:44    Sujet du message: Répondre en citant

pour la meteo 43, j'y travaille
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