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Les Balkans, Mai 1944
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Volkmar



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MessagePosté le: Dim Déc 11, 2022 02:14    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Bon, on reprend Mai…

6 mai
La campagne des Balkans

[b]Opération Veritable – Partisans et Grecs
Région de Sarajevo


Et enfin, tout au sud-est, le 1er Corps “Prolétarien” de Koča Popović continue de lutter face à l’aile droite du Rgt Artur-Phleps pour la vallée de la Zujevina. Sans résultat visible – mais pas pour rien. Car Ernst Deutsch aimerait bien regrouper ses forces… mais il n’y parvient pas.


La vallée de la Zujevina est à l'ouest de Sarajevo... Et les corps de l'AVNOJ ont glissé vers le nord et l'ouest au fur et à mesure.
Du coup la mention sud est est ... erronée ?




Casus Frankie a écrit:
Réussite militaire… et échec politique
Plunder, Veritable et Grenade
– [color=darkblue]

Car le problème, pour Belgrade, n’était pas dans la libération de Sarajevo ou Mostar. Mais plutôt dans le fait qu’en offrant à l’AVNOJ de Tito la Bosnie occidentale, le Monténégro et, à terme, Sarajevo, l’offensive de la 2e Armée française avait sans doute déjà imposé une paix de compromis entre les factions yougoslaves. Encore fallait-il que tout le monde soit disposé à s’asseoir autour de la table… On a déjà constaté que ce n’était pas forcément le cas.


La Bosnie orientale plutôt qu'occidentale non ?
Entre Visegrad et Sarajevo, c'est au sud est de la Bosnie
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Déc 11, 2022 02:48    Sujet du message: Répondre en citant

1) Il me semble que tu as raison…
2) En revanche, la partie de la Bosnie qui est frontalière du Monténégro, c'est la partie occidentale. Les Polonais et les Français étaient par là au départ, à présent les Français glissent vers l'est, mais les Grecs sont toujours du côté ouest.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Déc 11, 2022 10:57    Sujet du message: Répondre en citant

Les remontent depuis le sud vers la partie sud Ouest de la bassine.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Déc 11, 2022 11:48    Sujet du message: Répondre en citant

Au fait, quelques photos du Maksimir. Il existe toujours ... la distribution des tribunes en U n'a même pas changée !




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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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John92



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MessagePosté le: Lun Déc 12, 2022 13:56    Sujet du message: Répondre en citant

...
Les Alliés gagnent ainsi… 3 ou 4 kilomètres de mauvais terrain, tandis que Schmidhuber retire ses hommes sur une ligne Donje Biosko – Bulozi – Dovlići, d’où il pourra voir venir en continuant de battre les zones d’offensive les plus évidentes. De toute façon, au vu (compte tenu? ) de la disproportion des moyens et des pertes consenties, ces ajustements sont inévitables.
...
Enfin, le Kroatian Legion Armee Korps – qui vaut encore une division renforcée et se trouve à présent, dans les faits, sous les ordres de l’Allemand Johann Mickl – restera dans le secteur de Ploče, libérant ainsi ses compatriotes (car la Handschar aussi est croate !) pour défendre Mostar et la liaison avec Sarajevo. Si demain les Grecs veulent attaquer le long de la côte (pour quoi faire d’ailleurs ?), libre à eux, la Schutzstaffel estime que ce secteur n’est pas [color=red stratégique] (vital/important? )[/color].
Tout cela n’est tout de même guère brillant. Et ne risque pas de s’améliorer, tant la situation stratégique , politique et morale du NDH est désormais désastreuse.
...
Le manque de soutien allemand, face à un adversaire écrasant, se fait de plus en plus visible. Les exactions et les crimes des Allemands ou de leurs auxiliaires, cosaques notamment, deviennent intolérables. Et ne parlons pas de la fourniture de matériel ou de ce qui en tient lieu… Du coup, les effectifs de l’armée croate fondent à grande vitesse, entre désertions (jeunes recrutés de force et autres éléments non fiables), recrutement dans la Waffen-SS (ce qui reste de vétérans fiables) et anéantissement sur le front (les idiots et les fanatiques – si tant est qu’il y ait une différence…). Désormais dispersée aux quatre vents pour des tâches ancillaires suivant les besoins de son protecteur, l’armée du Docteur Pavelic a même renoncé à défendre ce qu’elle estime être son territoire. Elle semble condamnée à disparaître à plus moins brève échéance. Le Monténégro a été le tombeau d’une armée croate jamais vraiment aidée. Elle ne récupérera jamais ses faibles quoique prometteuses capacités d’antan.
………
« ...
Avec Gáïos, Bías, Nikos et tous les autres, nous avions accompli ce qui était nécessaire :
défendre (protéger? ) raisonnablement un objectif, sans esprit de recul et sans sacrifice exagéré contre un adversaire parfaitement déraisonnable. Le commandement avait joué et perdu – ce n’était pas à nous de payer ses jetons. Est-ce que j’aurais dû envoyer mes hommes se jeter sous les roues de ce camion imbécile ?
Non. Trop de bons gars étaient déjà morts depuis 41 – mais pas pour rien : pour
défendre et libérer la Grèce.
... »

...
« Pauvre Bernard Montgomery ! Ce n’était pas sa faute si son trio d’offensives paraissait avoir explosé trop tôt – passé des progrès initiaux spectaculaires (plus de 120 km d’avance par endroit en cinq jours !), elle s’achevait ( si trio: il s'achevait; si offensives: elles s'achevaient) sur une pause apparemment piteuse autour de Pècs, dans l’attente d’un nouveau départ, au lieu d’un déjeuner sur l’herbe des berges du lac Balaton. Pourtant, l’opération était fort loin d’être un échec . Déclenché dans des conditions bien plus difficiles que prévues, Plunder était même un véritable succès opérationnel, réel quoique non décisif. On peut le regretter… D’évidence, le régent Horthy avait lancé son coup trop tôt pour le 18e GAA – au point que certains diront que c’était les Hongrois qui avaient fait échouer les Alliés !
N’allons pas
jusqu’à là (jusque-là? ).
...
Par contre, la tâche
serait ( serra?) ensuite bien plus difficile – a posteriori, on peut donc penser que Plunder avait trop (à supprimer? ) réussi trop vite…
...
Celui-ci n’était
pas encore (à supprimer ) toutefois pas encore à Belgrade ni même sorti d’affaire, comme nous allons le voir.
...
Von Kluge, qui a bien compris ce qu’on attend de lui, conserve ces puissantes unités auprès de lui ( à ses côtés?) en tant que réserve personnelle.
...
Instruit par la déroute qu’il a subie, le 6e Corps “Slavon” estime qu’il a assez abusé de sa chance et reviens (revient?) à une stricte défensive autour du bassin de Požega.
...
La position de Hebrang, dûment rapportée au haut commandement, ne plaira pas, encore une fois, à tout le monde. Une fois encore, deux corps AVNOJ font preuve d’une réserve affligeante, et restent dans une position d’attente (attitude attentiste? ) à tenir une poche – certes signifiante, mais de peu de valeur stratégique, alors qu’on pourrait menacer Banja Luka, Karlovac, Zadar, Knin voire même Trieste.
...
Le plus gros de l’action s’est déplacée (déplacé? ) en Hongrie (ce qui en fait sourire beaucoup), tandis que les sagaces savent bien que, dans les faits, il n’y a plus rien qui intéresse véritablement les Alliés en Croatie.
...
Il a donc bien fallu (refaire) du (à? ) neuf, sous la forme de tribunes certes un peu bricolées et qui seront longues à remplir, car on n’a pas pris la peine de refaire (reconstruire? ) toutes les installations.
...
Il est prévu que les bimoteurs aillent bientôt se redéployer à Pleso (au sud de Zagreb) – un terrain de transit de la Luftwaffe, que les Allemands sont en train de pouvoir (pourvoir ) généreusement de (en? ) flak et (surtout) d’équiper d’une piste en béton de 2 000 m de long, ce qui en ferait une installation absolument unique en Croatie.
...
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

7 mai
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Teatime
Vallées du Danube et de la Save
– Le Groupement de Division des Balkans continue de prendre le relais des troupes impériales – en l’espèce, le XIIIth Corps de Richard MacCreery. La 192e DIA (Paul Jouffrault) ayant pris position plus au nord, le 4e RST (colonel Roux) et la 1ère DI tchécoslovaque (Alois Liška) se déploient ainsi à Kožuhe et Klokotnica, face à Doboj et à la rivière Bosnie. Le 2e GTM (Augustin Guillaume), dernier arrivé, va naturellement le plus au sud, à l’ouest de Vozuća, en couverture de Maglaj et Zavidovići, libérant ainsi la 51st Highlands Division (Charles Bullen-Smith), enfin libre de remonter vers la Drina et la Hongrie.
Ce passage de relais ne se déroule pas sans incident. Les officiers français, qui ont pu depuis 39 assimiler un anglais un peu scolaire, se trouvent un peu… démunis face au rugueux accent de certains Highlanders. Ils mettront ainsi un certain temps à comprendre que cette fameuse demoiselle May, « May Eile-bourrow you », était en fait une simple demande d’emprunt (« May I borrow you »), entre autres expressions rendues incompréhensibles par l’accent écossais. Comme le dira un Anglais volontiers compassé qui aura bien voulu traduire : « I’m fluent in idiot, I can’t help ! ».
Cependant, dans la journée, les plaisanteries potaches et autres joyeuses incompréhensions cèdent vite la place à l’inquiétude, quand les hommes du 5e Corps “Bosniaque” et du 6e Corps “slavon” désertent tout à coup les lignes alliées pour disparaitre dans la forêt. A la grande inquiétude de Camille Caldairou et de MacCreery, bien sûr – car eux ont été informés de ce qui se passait.

Opération Veritable – Partisans et Grecs
Région de Sarajevo
– Pas d’évolution majeure autour de la grande ville bosniaque – du moins, dans la matinée. L’après-midi, par contre, la nouvelle de l’attaque subie par le Chef – suivie de près par l’ordre de suspension de la collaboration avec les forces alliées, donc avec les Grecs, ce qui implique l’arrêt des opérations offensives ! – plonge chacun dans le désarroi, la confusion, la réserve, voire l’hostilité.
Les Hellènes, pour leur part, adoptent vite une compréhension de bon aloi quant à la réaction des Partisans face aux événements. Après tout, ils sont déjà là pour rendre service… Comme le dira avec rudesse le général Dimitrios Papadopoulos, commandant du 2e Corps : « Avec tous les soucis qu’on a en ce moment, on ne va pas en plus se coltiner les titistes ! »
Et la délicate mécanique qui commençait à se mettre en place pour étrangler la Waffen-SS à Sarajevo cale brutalement, offrant à la Polizei comme à la Prinz Eugen, qui commençaient à suffoquer un peu sous les assauts, un répit bienvenu… Surtout qu’au même moment, la SS-Freiwilligen Panzergrenadier-Brigade Nederland d’Helmut Scholz arrive enfin à Konjic. Elle libère ainsi le 7. SS-Panzer-Grenadier Rgt (Alfred Wünnenberg), qui va pouvoir se décaler vers le nord, en direction de Tarčin et en soutien du 13. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Artur-Phleps d’Ernst Deutsch. La fenêtre d’opportunité s’est refermée. Le siège de Sarajevo est parti pour durer un bout de temps…

Opération Veritable – Grecs et Partisans
Monténégro, Herzégovine et côte dalmate
– Au matin, la Brigade blindée du colonel Socrates Demaratos a passé la Trebišnjica. Cheminant avec célérité mais prudence par des voies désertées, les Valentine sont à Ravno dans la soirée, suivis de près par les Churchill et la 5e DI de Georgios Stanotas – laquelle continue de nettoyer le terrain avec le 2e Corps “de Choc” de Peko Dapcevic loin sur sa droite, qui vise désormais Nevesinje. Mais les Grecs sont ralentis, outre leur professionnalisme, par l’étendue même du terrain saisi et par une foule d’autres facteurs : routes difficiles (et de surcroît encombrées de réfugiés croates terrorisés, qu’il faut parfois désarmer, mais aussi protéger), obstacles naturels, véhicules abandonnés et parfois piégés… La dure expérience des combats du Monténégro, toute récente, conduit à s’assurer de chaque bosquet et de chaque hameau avant de les traverser. On n’est jamais trop prudent… Et devant, la masse croate en déroute continue de courir se réfugier dans les lignes SS, sous les injonctions contradictoires d’un gouvernement du NDH visiblement très occupé…

Opération Veritable – Règlement de comptes
Dubrovnik
– La cité côtière croate vient d’être libérée (occupée ? prise ?) par la 5e DI grecque, mais celle-ci est déjà pour l’essentiel repartie vers le front de la Neretva. C’est alors que les forces de l’Oddelek za Zaščito Naroda d’Aleksandar Rankovic “Leka” entrent en ville et commencent à rafler certains habitants choisis avec soin parmi ceux qui n’ont pas eu l’idée de déguerpir à temps. D’évidence, le Département pour la Protection du Peuple de Croatie a ses listes ! Petar Barbir (typographe). Slavko Barbir (étudiant), Boris Berković (journaliste), le Dr Niko Koprivica (maire de Dubrovnik), Makso Milošević (directeur du gymnase de la ville), l’avocat Niko Nunić (secrétaire de la municipalité)… Jusqu’à Mato Račević et Frano Vojvodić, respectivement concierge d’école et président du chœur mixte croate Gundulić !
Tous, accusés de collaboration à des degrés divers, seront ensuite déportés vers l’île de Daksa (à la sortie de la baie) grâce aux petits caboteurs de la flotte des Partisans. Là-bas, le Conseil judiciaire de la cour martiale du commandement de la région de Dalmatie du Sud a prévu de les interroger avant un éventuel procès. Mais pour le moment, il faut bien convenir que ces prisonniers ne sont la priorité de personne.

Regis Ultima Ratio
Jour de tonnerre
Un aérodrome à la périphérie de Niš, 07h00
– Ce dimanche est un grand jour pour la 83e Escadre de Bombardement (Yougoslave). Au bout de la piste en PSP, ils sont douze B-25 Mitchell flambant neufs numérotés de 1 à 12 (22), alignés comme à la parade et porteurs de la croix de Saint-Michel et d’un insigne en forme de cimeterre brandi (sinon abattu…). Il est encore tôt. Un soleil jaune pâle se lève à peine par-delà la plaine du Danube.
Au pied de chacun des bombardiers, ses cinq hommes d’équipage sont harnachés et parés comme pour une inspection. Tous ont été personnellement choisis par le cabinet militaire du roi, parmi ceux qui ont les compétences techniques requises, ont des raisons d’en vouloir aux Croates (ce n’est pas le trait le plus difficile à trouver en Serbie), sont favorables à la monarchie serbe (autre trait assez courant dans les forces régulières yougoslaves) – mais aussi et surtout n’ont pas développé de fraternité d’armes avec les aviateurs alliés (ce qui est beaucoup plus difficile à trouver, après trois ans de guerre côte à côte). De ce fait, aucun de ces hommes, hormis leur leader, le major Dušan Milojević, ne dispose d’une immense expérience du combat (23).
Le général Petar Živković est venu personnellement les saluer avant leur envol, afin de leur lire un petit message en provenance du Palais blanc. « Ce que vous allez faire aujourd’hui, vous vous y préparez depuis des mois. La Nation et le monde entier vous regardent. La tâche est immense, mais vous en êtes dignes. Alors allez le front haut, et ne fléchissez pas. “Pour le royaume, pour la Reine, et pour le Roi !” »
« Živeli Kraljica i Kralj Jugoslavije ! Slava ! »
répond le groupe en chœur, avant de filer vers les trappes d’accès aux avions. Živković ne traîne pas non plus. Sa journée sera sans aucun doute chargée, à lui aussi. « Que les deux tombent – ce serait parfait. Un seul – j’en serais ravi. Mais si c’était aucun… Bah ! Mieux vaut ne pas y penser » conclut-il en claquant la portière de sa voiture tandis que les gros bimoteurs s’alignent et décollent. Les appareils tournent un instant autour du terrain pour se mettre en formation avant de prendre un cap plein ouest et de disparaître en direction des Alpes dinariques – officiellement, c’est une mission de routine dans le secteur de Doboj, sur la rivière Bosnie.
Il est 07h45.

Damoclès – En un battement de cœur
Au sud de Banja Luka (Croatie), 09h15
– Tandis que le conscrit Baldo Kasun, du Service de Détection aérienne croate, remonte la route en direction de son poste, il a une surprise : douze ombres célestes passent sur le sol devant lui à grande vitesse dans un vrombissement puissant. Il lève la tête. D’évidence, ce sont des ennemis – s’ils volent ainsi à basse altitude en direction de l’ouest, ce n’est sans doute pas pour rentrer à la maison pour le déjeuner… Et puis, il a bien semblé à Baldo reconnaître la croix de Saint-Michel sous les ailes des gros appareils.
Problème : le système de veille aérienne croate n’a jamais été réputé pour sa grande efficacité, en dépit des instructions ministérielles prescrivant une alerte sitôt qu’un appareil parvient à moins de 30 minutes des frontières nationales. Il est vrai que ses moyens de transmissions souffrent de quelques insuffisances… Dans les faits, les rares radios disponibles dans l’armée croate sont depuis longtemps réservées aux unités de combat. Reste le téléphone. Il y en a un au village de Mrkonjić Grad, si les terroristes de l’AVNOJ n’ont pas coupé les lignes. Alors Baldo presse le pas. Il se met même à courir. Il a 10 kilomètres à faire…
………
Stadion Maksimir (Zagreb), 09h30 – Dans l’enceinte du grand stade, toute parée de croix gammées et de bannières à damiers, le Poglavnik Ante Pavelic, en grand uniforme, prononce du haut de la tribune officielle (Est) un interminable discours de son verbe nauséeux.
– Les faibles d’esprit prétendent que nous sommes fous. Que nous sommes des sots et des rêveurs. Que nous sommes des traîtres ! Mais maintenant, ce sont eux les fous, ce sont eux les couards, ce sont eux les traîtres ! Et nous sommes et resterons indépendants ! » (Acclamations assurément sincères de la foule.) « Nous avons fait de très nombreux sacrifices pour atteindre notre but. Il en faudra sans doute encore de nombreux autres. Mais sans eux, notre Nation ne saurait vivre ! » Comme on l’attend d’elle, la foule répond : « Pavelic ! Pavelic ! Pavelic ! »
– Voyez la puissance qui est désormais la nôtre ! Nos efforts n’ont pas été vains ! Voyez où la Croatie se trouve aujourd’hui, rappelez-vous où elle se trouvait hier ! Imaginez où elle se trouvera demain !

Sous les acclamations enthousiastes, deux Rotte de Bf 109 E fournis par le 1er Escadron de Chasse passent alors à basse altitude, montrant leurs damiers et la puissance des armes croates. A la tête de cette formation, le commandant Zlatko Ztipčić (24), qui a laissé pour un jour le poste administratif qui est à présent le sien et les pinceaux de son hobby de peintre amateur afin de commander le défilé aérien. Tâche de pure routine… Même si les appareils qu’il mène sont armés. Il a insisté sur ce point – depuis l’Ukraine, et même avec la patrouille de garde qui fait des ronds plus à l’Est, il sait qu’on ne sait jamais. Bref ! Sitôt le spectacle terminé, par une dispersion en bouquet aussi élégante que classique, les quatre appareils mettent cap au sud, direction le terrain de Lučko pour ravitaillement avant éparpillement.
En bas, Pavelic parle toujours.
………
Au sud de Zagreb, 09h40 – Il se passe quelque chose d’anormal. La patrouille de garde, menée par le lieutenant Nikola Vučina, signale qu’elle est attaquée ! Ztipčić a juste le temps d’entendre l’ailier de Vučina lancer « Ali što je… » avant que la liaison soit interrompue. Les quatre Bf 109 E viennent de tomber sur les huit P-38 chargés d’escorter les B-25. En fait, ce sont plutôt les Lightning qui leurs sont tombés dessus, ne leur laissant aucune chance. Deux sont instantanément abattus, dont celui du leader, un troisième est endommagé. Le dernier s’esquive au ras du sol, sans avoir pu riposter.
Au même moment, le centre de la défense civile de Zagreb signale un raid aérien ! Ordre est immédiatement donné aux avions de Ztipčić de se porter au-devant de cet ennemi. Pour les responsables qui sonnent l’alerte, la cible des assaillants ne fait aucun doute.
………
Aérodrome de Bjelovar, 09h40 – L’alerte a aussi été donnée aux Bf 109 G de la 10e Escadre, qui peuvent encore espérer participer à la bagarre… s’ils se dépêchent. Sous le commandement du major Franjo Džal, huit pilotes de l’ancienne Légion aérienne croate courent vers leurs chasseurs modernes – les quatre autres appareils de l’unité sont en révision…
………
Stadion Maksimir (Zagreb), 09h45 – A la grande consternation de la tribune des officiels comme de l’assistance, la musique et les haut-parleurs sont coupés pour céder la place aux sirènes d’alerte. Ordre est immédiatement donné d’évacuer le stade, avec les politiques et les généraux en premier ! Première difficulté : il va leur falloir se frayer un chemin dans la foule, chez qui la stupeur cède vite place à la panique. Seconde difficulté : il y a dans le stade pas moins de 15 000 personnes qui veulent toutes le quitter très vite – et pour ce faire, il n’y a que trois sorties !
………
Au sud de Zagreb, 09h45 – Sur l’ordre insistant et angoissé du centre de commandement « Patrouille Ztipčić, interceptez ! », les quatre appareils du commandant Zlatko Ztipčić plongent vers les bombardiers, qu’ils ont aperçus volant à seulement 300 mètres d’altitude environ. Ztipčić raconte : « Nous tombons à la verticale sur les assaillants, qui volent en trois groupes de quatre, en échelon refusé. Sous cet angle, je les manque au premier passage – remontant très vite avant de frapper le plancher, je constaté que mon ailier en a touché un, qui fume du moteur droit [le 83-6] et se trouve à peu près au centre du groupe. Mon numéro 3, Šifner, a plongé trop tard – avec son ailier, il remonte à présent la formation ennemie, en frappant de tous ses obus l’emplanture de l’aile d’un bombardier, dont les mitrailleurs se défendent férocement. Le réservoir du bimoteur prend feu, l’aile se replie et l’appareil part en piqué. L’avion de Šifner, lui, crache une fumée noire et suit le même chemin. Je le perds de vue pendant que son ailier continue l’attaque sur un autre assaillant. »
Le 83-11 ainsi que le Bf 109 du lieutenant Šifner s’écrasent vers Novo Ciče. Trois des membres d’équipages ont évacué le B-25. Mais Šifner est resté dans son Emil.
………
Zagreb, 09h45 – La défense anti-aérienne de la capitale croate entre en action. Celle-ci relève du 1er Groupe de DCA du commandant Božočković, lequel ne dispose que de pièces héritées de l’armée royale de 1941, plus ou moins rafistolées par les usines Skoda grâce à la bienveillance allemande : 8 M.36 de 76,5 mm, 4 M.37 de 75 mm, 4 M.28 et M.28a de 76,5 mm ainsi qu’une douzaine de mitrailleuses lourdes M.38 de 15 mm (25). Les Allemands avaient promis des 88 mm (en réalité, des 76,5 mm soviétiques refondus…), mais ceux-ci ne sont jamais arrivés. Problème : toutes ces pièces, disposées en couronne autour de Zagreb, ne sont pas positionnées pour faire feu sur l’axe d’arrivée des B-25. Autre problème : la portée efficace des pièces lourdes va de 4 000 à 5 000 mètres d’altitude, pour un tir de barrage – attendu que les servants de Božočković ne savent rien faire d’autres. Autant dire que seules les mitrailleuses pourront tirer face au coup de sabre qui s’approche…
………
Aérodrome de Bjelovar, 09h45 – Au même moment, Zagreb, qui demande où en sont les chasseurs de la 10e Escadre, apprend qu’ils se sont… posés, ayant reçu un message dont l’origine ne sera jamais identifiée, faisant état d’un « exercice mené à terme ». On le comprend, cet incroyable ratage sème une immense consternation chez tout ce que la capitale croate compte encore de responsables, saisis par un effroi glaçant.
« Comment ça, vous ne comprenez pas ? Mais bon sang, je viens de vous dire qu’une bataille aérienne fait rage en ce moment au-dessus de la capitale ! REDECOLLEZ IM-ME-DIA-TEMENT ! » [Cette réplique et les suivantes citées sont extraites du livre de Robert Stan Pratsky, La Libération de la Grèce et des Balkans, Flammarion, 2005.]
Evidemment, les Bf 109 G – dont certains n’étaient même pas encore garés ! – font le tour du taxiway pour reprendre l’air aussitôt. Mais c’est trop tard… Les appareils de Džal étaient le dernier espoir d’empêcher la catastrophe. Il va falloir faire sans eux.
………
Au-dessus de Zagreb, de 09h45 à 09h49 – Le commandement aérien oustachi a renoncé à jouer un rôle dans le drame en cours et se contente de répéter spasmodiquement aux chasseurs croates encore en l’air une instruction simple : « Arrêtez-les à tout prix. Sacrifiez-vous au besoin ! » Autant dire que ça s’annonce compliqué…
Zlatko Ztipčić, toujours : « Je rattrape la formation de droite, déjà entamée, et commence à l’arroser d’obus de 20 mm avec mon ailier, Janković, tandis que l’ailier de Šifner, Kulić, fait de même avec un appareil du groupe central. Les poste de tir ennemis font pleuvoir des traçantes de gros calibre sur nos têtes… Je touche néanmoins un adversaire [sans doute le 83-9], qui perd un grand morceau d’empennage et commence à se faire distancer par ses équipiers. Janković et moi-même nous acharnons. Il descend finalement vers le sol, je vois le mitrailleur de queue évacuer. C’est encourageant : deux de moins sur douze. Mais j’ignore qu’à ce moment-là, nous ne sommes plus qu’à 5 kilomètres du stade… soit une minute de vol. »
Au même moment, frappé par une rafale chanceuse de la DCA légère qui ravage son système électrique et incendie son moteur gauche, le 83-4 quitte brutalement la formation pour partir en glissade sur l’aile et s’écraser dans le district de Središće (26), heureusement peu peuplé. L’impact fera tout de même 7 morts chez les habitants, en plus de la totalité de l’équipage. Le reste de la formation, elle, poursuit sa route. Ils sont encore neuf – ce qui fait 13 tonnes de bombes.
« Sablja 4 vient de tomber ! Maudits Oustachis, où est l’escorte ? »
………
Stadion Maksimir (Zagreb), 09h45 à 09h49 – Dans le stade, la panique se fait totale, alors que la garde du Poglavnik joue de la crosse pour permettre au Chef de passer et que la foule hurle et piétine pour traverser les goulets d’étranglement des portails sud, nord-est et nord-ouest. Le vacarme de la DCA ajoute à la confusion. Plusieurs dizaines de personnes sont écrasées contre les gradins, tombent dans les escaliers, ou sautent vers l’extérieur pour éviter d’être piétinées… au risque des plus graves fractures.
………
Au-dessus de Zagreb, 09h50 – Derrière les B-25, les trois Bf 109 E de la patrouille Ztipčić continuent de tirer… et tombent à court d’obus de 20 mm les uns après les autres (27) ! Les aviateurs croates en sont réduits, comme les Morane 406 français de 1940, à poivrer les bombardiers yougoslaves de leurs deux petites mitrailleuses légères (7,9 mm)… Tout en subissant les tirs de .5 pouce des mitrailleurs et en voyant venir le drame sans pouvoir rien y faire.
« Visuel sur la cible. Alignez-vous. Ouvrez la soute à bombes… »
Soudain, dans une immense explosion, le Bf 109 E du sergent Kulić percute le bombardier 83-2, manquant de très peu le leader serbe ! Aujourd’hui encore, les circonstances précises de l’action restent inconnues – faute de témoin vivant. L’aviateur croate a-t-il été victime des tirs croisés de 12,7 mm ? A-t-il perdu le contrôle de son chasseur déjà endommagé ? Ou bien s’agit-il d’un acte volontaire de désespoir ? Impossible à dire – ce qui est certain, par contre, c’est que son sacrifice reste à ce jour honoré comme un titre de gloire pour l’aviation croate … Quand bien même le chasseur comme sa victime vont s’écraser sur le Stadion Maksimir ! L’action a toutefois un peu déséquilibré la formation yougoslave – impossible de savoir quel eût été le résultat du bombardement sans cela.
………
Stadion Maksimir (Zagreb), 09h50 – Environ 12 tonnes de bombes ainsi qu’une pluie d’essence et de débris métalliques enflammés issus de la dislocation d’un chasseur et d’un bombardier s’écrasent sur ce qui restait de la foule présente dans le stade.
………
Au-dessus de Zagreb, 10h00 – La 10e Escadre de chasse rattrape la queue de la formation de la 83e EB. Elle achève le 83-9 avant de devoir s’expliquer avec l’escorte de P-38, qui a rallié entretemps. Il en coûtera un chasseur endommagé de chaque côté – de toute façon, les Serbes se replient et du côté croate, il est trop tard.
………
Zagreb, après 10h00 – Un voile de fumée, de mort et de douleur recouvre la capitale croate. Il y avait encore 4 000 personnes environ dans le Stadion Maksimir quand les bombes sont tombées. Et au moins autant tout autour. Ce n’est pas un massacre des innocents, c’est vrai : tous les assistants auraient sans doute – une heure plus tôt – revendiqué le titre d’Oustachis. Mais c’est un acte terroriste, à n’en point douter. Même si les Serbes ne manqueront pas de le décrire comme une tentative d’assassinat politique avec de nombreuses… victimes collatérales, la propagande oustachie (et nazie), elle, va s’en évidemment s’en donner à cœur joie.
Et à cet instant, au bout d’un parachute au-dessus de Zagreb ou déjà sur le sol croate, pas moins de 13 aviateurs serbes se demandent peut-être s’ils ont bien fait d’évacuer. De fait, pour eux, la suite va être rude. Très rude même…

Mesures d’urgence
Niš, 11h30
– La main du major Fergusson tapote en rythme le bois de son bureau. “I Understand … Yes … Yes Sir … Right away, at your orders Sir !” Dans un silence de mort, l’officier britannique raccroche le combiné, qu’il contemple un bref instant d’un air sombre. Il connait bien les Forces aériennes royales yougoslaves – surtout depuis les… petites mésaventures qu’il a vécues avec ce Miha Ostric, à l’époque où lui-aussi était capitaine. A l’époque, ça avait failli mal se terminer… Et voici que l’histoire se répète, en pire – sur injonction d’Athènes, les FARY sont clouées au sol jusqu’à nouvel ordre.
Les Français vont s’occuper d’interdire de vol les 80e et 82e EC (Y), ainsi que la 81e EB (Y), qui font partie de leur 1ère Armée aérienne. Mais l’unité la plus gravement impliquée dans cette sinistre affaire de Zagreb, la 83e EB (Y), est basée à Niš… C’est pour elle que la punition sera la plus forte (29). Il va falloir des MP, dont les Français ne disposent pas dans le secteur. Et c’est donc à Fergusson, qui commande la police militaire de la région, qu’on refile le boulot ! Le major soupire et décroche à nouveau son téléphone…
………
Le même aérodrome près de Niš, 12h15 – Les huit B-25 survivants de la 83e Escadre de Bombardement Vardar (Y), dont un endommagé, atterrissent les uns après les autres sur la piste dont ils étaient partis en début de matinée. Au bout de celle-ci, vers le parking, pas de comité d’accueil triomphal – mais au moins 50 policiers militaires britanniques, sur des Jeeps équipées de mitrailleuses. Flegmatique, le capitaine qui les commande accueille le major Dušan Milojević en ces termes : « Well, Gentlemen, I suppose you’re proud of yourselves. » La totalité de la 83e EB est désormais aux arrêts, jusqu’à nouvel ordre.

Notes
22- Code 83 + cocarde + chiffre sur le fuselage. Le serial est inscrit sur les dérives.
23- Milojević est un vétéran du 3e Régiment de Bombardiers sur Dornier 17 K, commandé par le major Branko Fanedl, mort en héros le 7 mai 1941 en frappant les colonnes allemandes à Bukovče. Il est aussi réputé pour son mauvais caractère. C’est ainsi que, lors des derniers jours de la campagne de 1941, on lui prête le refus d’évacuer de Kapino Polje le général Borivoje Mirković (pourtant chef des FARY) suite à un problème de moteur imaginaire – en réalité, pour un différent d’avant-guerre ! De fait, sitôt Mirković descendu de son Do 17 prétendument en panne, Milojević s’était aligné sur la piste pour s’envoler vers la Grèce. Autant dire que ses relations avec sa hiérarchie sont très perfectibles… et que certains, à Dedinje, ont bien choisi leur poulain !
24- Ancien pilote de Bf 109 E au 6e Régiment royal yougoslave, c’est un vétéran de la Légion croate sur le Front de l’Est avec 6 victoires, Croix de Fer 2e et 1ère classes, Trèfle de fer de 3e classe.
25- Vi respectives : 800, 775 et 700 m/s.
26- Futur Novi Zagreb, sur la rive sud de la Save.
27- Survivance d’une époque déjà lointaine où l’on imaginait des bombardiers pas aussi blindés et des combats moins intenses, les canons MG-FF/M de 20 mm des Bf 109 E croates sont servis par des tambours ne contenant que 60 obus, soit 7 à 8 secondes de feu !
28- Célébré de nos jours chaque année par la Croatie indépendante à la grande fureur de Belgrade, au titre du souvenir des « martyrs du 7 mai »… Et non pas, bien sûr, du souvenir du Poglavnik Pavelic !
29- Il est très vite apparu que les P-38 de la 82e EC censés escorter les bombardiers ignoraient tout de leur véritable mission – ils avaient été dépêchés sur Zagreb pour un simple sweep sans enjeu. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’ils n’ont rejoint les B-25 qu’après le bombardement.

(Suite et fin demain)
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John92



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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 19:10    Sujet du message: Répondre en citant

...
7 mai
Miam, miam ...
Bon ben. ARF ! @Démo –car je suppose que tu es l’auteur de ce très bon texte MAIS MAIS, désolé, il y a une grosse incohérence. Comme je ne veux pas gâcher la relecture, voir à la fin du message.)
...
Le Groupement de Division des Balkans continue de prendre le relais (relever. ) des troupes impériales – en l’espèce, le XIIIth Corps de Richard MacCreery. La 192e DIA (Paul Jouffrault) ayant pris position plus au nord, le 4e RST (colonel Roux) et la 1ère DI tchécoslovaque (Alois Liška) se déploient ainsi à Kožuhe et Klokotnica, face à Doboj et à la rivière Bosnie. Le 2e GTM (Augustin Guillaume), dernier arrivé, va naturellement le plus au sud, à l’ouest de Vozuća, en couverture de Maglaj et Zavidovići, libérant ainsi la 51st Highlands Division (Charles Bullen-Smith), enfin libre de remonter vers la Drina et la Hongrie.
Ce passage de relais ne se déroule pas sans incident. Les officiers français, qui ont pu depuis 39 assimiler un anglais un peu scolaire, se trouvent un peu… démunis face au rugueux accent (parler ?) de certains Highlanders. Ils mettront ainsi un certain temps à comprendre que cette fameuse demoiselle May, « May Eile-bourrow you » (HS : çà me rappelle, le fameux Edïnbrâ de là-bas pour Edimbourg), était en fait une simple demande d’emprunt (« May I borrow you »), entre autres expressions rendues incompréhensibles par l’accent écossais. Comme le dira un Anglais volontiers compassé qui aura bien voulu traduire : « I’m fluent in idiot, I can’t (can/shall plutôt ? ou alors y a un truc que j’ai pas pigé ) help ! ».
...
Et la délicate mécanique qui commençait (parvenait péniblement ?) à se mettre en place pour étrangler la Waffen-SS à Sarajevo cale brutalement, offrant à la Polizei comme à la Prinz Eugen, qui commençaient à suffoquer un peu sous les assauts, un répit bienvenu…
...
Cheminant avec célérité mais prudence par des voies désertées, les Valentine sont à Ravno dans la soirée, suivis de près par les Churchill et la 5e DI de Georgios Stanotas – laquelle continue de nettoyer le terrain avec le 2e Corps “de Choc” de Peko Dapcevic loin sur sa droite, qui vise désormais Nevesinje. Mais les Grecs sont ralentis, outre leur professionnalisme, par l’étendue même du terrain (secteur ? ) saisi et par une foule d’autres facteurs : routes difficiles (et de surcroît encombrées de réfugiés (fuyards ?) croates terrorisés, qu’il faut parfois désarmer, mais aussi protéger), obstacles naturels, véhicules abandonnés et parfois piégés… La dure expérience des combats du Monténégro, toute récente, conduit à s’assurer de chaque bosquet et de chaque hameau avant de les traverser. On n’est jamais trop prudent… Et devant, la masse croate en déroute continue de courir se réfugier dans les lignes SS, sous les injonctions contradictoires d’un gouvernement du NDH visiblement très occupé…
...
Et puis, il a bien semblé à Baldo reconnaître la croix de Saint-Michel sous les ailes des gros appareils .
Problème : le système de veille aérienne croate n’a jamais été réputé pour sa grande efficacité, en dépit des instructions ministérielles prescrivant une alerte sitôt qu’un appareil (avion ? ) parvient à moins de 30 minutes des frontières nationales.
...
Sous cet angle, je les manque au premier passage – remontant très vite avant de frapper le plancher (Je ne connaissais pas cette expression aéronautique. @Etienne-ou autre spécialiste-, tu valides ? Perso, j’aurai dit : percuter le plancher des vaches), je constaté (constate) que mon ailier en a touché un, qui fume du moteur droit[/i] [le 83-6] et se trouve à peu près au centre du groupe.
...
Autre problème : la portée efficace des pièces lourdes va de 4 000 à 5 000 mètres d’altitude, pour un tir de barrage – attendu que les servants de Božočković ne savent rien faire d’autres. Autant dire que seules les mitrailleuses pourront tirer (seront efficaces contre le ?) face au coup de sabre qui s’approche…
...
Dans le stade, la panique se fait totale, alors que la garde du Poglavnik joue de la crosse pour permettre au Chef de passer et que la foule hurle et piétine (trépigne ??) pour traverser les goulets d’étranglement des portails sud, nord-est et nord-ouest. Le vacarme de la DCA ajoute à la confusion. Plusieurs dizaines de personnes sont écrasées contre les gradins, tombent dans les escaliers, ou sautent vers l’extérieur pour éviter d’être piétinées … au risque des plus graves fractures.
...
………
Au-dessus de Zagreb, 09h50 – Derrière les B-25, les trois Bf 109 E de la patrouille Ztipčić continuent de tirer… et tombent à court d’obus de 20 mm les uns après les autres (27) ! Les aviateurs croates en sont réduits, comme les Morane 406 français de 1940, à poivrer les bombardiers yougoslaves de leurs deux petites mitrailleuses légères (7,9 mm)… Tout en subissant les tirs de .5 pouce des mitrailleurs (de leurs adversaires/des équipages ennemis ? ) et en voyant venir le drame sans pouvoir rien y faire.
[i]« Visuel sur la cible. Alignez-vous. Ouvrez la soute à bombes … »

Soudain, dans une immense explosion, le Bf 109 E du sergent Kulić percute le bombardier (Mitchell ? –ornée de la croix de Saint-Michel^^) 83-2, manquant de très peu le leader serbe ! Aujourd’hui encore, les circonstances précises de l’action restent inconnues – faute de témoin vivant. L’aviateur croate a-t-il été victime des tirs croisés de 12,7 mm ? A-t-il perdu le contrôle de son chasseur (appareil ?) déjà endommagé ? Ou bien s’agit-il d’un acte volontaire de désespoir ? Impossible à dire – ce qui est certain, par contre, c’est que son sacrifice reste à ce jour honoré comme un titre de gloire pour l’aviation croate … Quand bien même le chasseur comme sa victime vont s’écraser sur le Stadion Maksimir ! L’action a toutefois un peu déséquilibré la formation yougoslave – impossible de savoir quel eût été le résultat du bombardement sans cela.
………
Stadion Maksimir (Zagreb), 09h50 – Environ 12 tonnes de bombes ainsi qu’une pluie d’essence et de débris métalliques enflammés issus de la dislocation d’un chasseur et d’un bombardier (du 109 et du B-25 ?? ) s’écrasent sur ce qui restait de la foule présente dans le stade.
...
Même si les Serbes ne manqueront pas de le décrire comme une tentative d’assassinat politique avec de nombreuses… victimes collatérales, la propagande oustachie (et nazie), elle, va s’en (à supprimer ?) évidemment s’en donner à cœur joie.
...
Il connait bien les Forces aériennes royales yougoslaves – surtout depuis les… petites mésaventures qu’il a vécues avec ce Miha Ostric, à l’époque où (lorsque ? ) lui-aussi était capitaine. A l’époque , ça avait failli mal se terminer…
...
Notes
...
25- Vi (Vitesse initiale – pas souci de compréhension à la 1ère lecture- ) respectives : 800, 775 et 700 m/s.
...
27- Survivance d’une époque déjà lointaine où l’on imaginait des bombardiers pas aussi blindés (protégés ? à part le Sturm et le 129 les avions de l’époque ne sont pas blindés – je sais, je chipote- ) et des combats moins intenses, les canons MG-FF/M de 20 mm des Bf 109 E croates sont servis par des tambours ne contenant que 60 obus, soit 7 à 8 secondes de feu !
...


Bon, y a un truc que je ne comprends pas :
Le raid est mené à 300 m d’altitude. Pour la survie des équipages, c’est pas ouf :
1. Trop bas pour évacuer
2. Trop haut pour la flack
Donc, amha, @Démo il faudrait peut-être, si je puis me permettre –humblement^^- modifier le coloriage pour montrer le problème des pilotes de B-25 touchés :
1. Aller aux vaches
2. La machine a en encore dans le ventre donc essayé de prendre de l’altitude pour permettre à l’équipage d’évacuer.
J’ai bien conscience que çà va donner du travail d’écriture supplémentaire mais çà ajoutera une charge dramatique au récit (faire gaffe à découpler du résultat final qui reste quand même un acte de terreur inacceptable).
Cordialement et en toute amitié
Rémy
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Dernière édition par John92 le Ven Déc 16, 2022 19:53; édité 1 fois
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 19:47    Sujet du message: Répondre en citant

...(Je ne savais pas que les Willis avaient été équipées de mitrailleuses = arme collective, vu la taille de l’engin, j’ai des doutes)....


ben t'en trouve déjà en 42 sur des photos d'engins du LRDG, et aussi dans les ardennes ...avec des 0.50
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John92



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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 19:52    Sujet du message: Répondre en citant

patzekiller a écrit:
ben t'en trouve déjà en 42 sur des photos d'engins du LRDG, et aussi dans les ardennes ...avec des 0.50

Merci Patz, je ne suis pas un spécialiste du matos terrestre, je corrige (enfin, j'efface).
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 19:54    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Au bout de celle-ci, vers le parking, pas de comité d’accueil triomphal – mais au moins 50 policiers militaires britanniques, sur des Jeeps équipées de mitrailleuses (Je ne savais pas que les Willis avaient été équipées de mitrailleuses = arme collective, vu la taille de l’engin, j’ai des doutes).

On peut mettre plein de choses sur une Jeep, même un canon sans recul.


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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

Hum, vous aurez compris qu'on est ici à un moment charnière, un point de bascule, un tour dramatique - que le lecteur attentif aura vu venir de très loin (depuis sans doute le 24/12/43 et l'engueulade Monty-Pierre II ...) et qui a donc aussi beaucoup maturé dans mon brouillon.
On peut dire sans doute que j'en rajoute, que c'est du roman, que pareil événement n'a aucune chance d'arriver.
Je ne le crois pas. Et même si on peut toujours discuter des circonstances, dans le fond la décision serbe (observez au passage comment on passe de Yougoslave à serbe dans le texte ...), elle est pleinement logique.
Un fait, messieurs : Pierre II appuie son pouvoir sur ceux qui l'ont mené au trône en 41 et sont largement derrière les tchetniks de feu-Mihailovic (l'armée régulière est décrédibilisée, le reste ne compte globalement pas). Ces gens-là, nommés dans la chrono, ne sont pas inventés. Et ils n'ont pas été raisonnables OTL, quand il a fallu choisir entre les alliés et les allemands pour lutter contre les communistes.
Dans un contexte en apparence plus favorable à leur cause mais paradoxalement plus douloureux (ce n'est pas un abandon, mais bien une lente glissade liée à la perte de vitesse du pouvoir royal), qui peut prétendre que ces nervis n'auraient pas tenté quelque chose de violemment spectaculaire pour reprendre l'initiative ? Surtout avec des moyens largement supérieurs qu'OTL ?
Vous conviendrez donc que, pour reprendre d'autres lignes de ce même site, la décision est cohérente à défaut d'être logique. Un peu comme attaquer l'URSS sans débarquer en Afrique. Et puis, de vous à moi, j'apprécie un peu le renversement des postures, et espère avoir réussi à faire que quelqu'un s'inquiètent (au moins un peu) pour les croates. C'est amusant n'est-ce-pas, d'inverser les rôles ? Tous les pilotes croates ont parfaitement existé du reste ...

Le commandant Zlatko Ztipčić, ancien du front de l'Est et ses petits dessins pris sur le vif de la Crimée OTL :







Franjo Džal, l'ancien chef de l'aviation de chasse légionnaire - un homme compétent mais assez mal vu de ses chefs. Ses avions avaient tendance à se perdre ... et ca fait désordre.



Un de ses 109 sur le front de l'Est - observez le camouflage et les marques allemandes, avec simplement le blason croate sous le poste de pilotage. Ca ne va pas durer. La croix du roi apparaitra plus tard.
Et si quelqu'un se sent de faire des profils Cool



Sinon, ceux qui veulent entendre Pavelic prononcer son discours (enregistrement rarissime d'ailleurs ...), c'est par ici : https://www.youtube.com/watch?v=R4qmdXiE6Hs

Pour répondre dans le détail à John ;
1) I can't help - je n'y peux rien, littéralement. Connait tu ce film délicat, Trainspotting, où les écossais sont sous-titrés en anglais ?
2) frapper le plancher - ben oui, ca existe.
3) bombardier (Mitchell ? –ornée de la croix de Saint-Michel^^) - c'est vrai aussi, à la réflexion, ca peut passer pour un signe du Destin,
4) d’un chasseur et d’un bombardier (du 109 et du B-25 ?? ) - figure de style,
5) Bof - pour ton information, les parachutistes faisaient leurs exercices à 80 m. Aujourd'hui ca parait bas parce qu'on est éjecté à 250 km/h et qu'on est sonné. A cette époque, pas grave, au pire on se casse une jambe...
6) Une jeep avec mitrailleuse :


Sinon la BO. https://www.youtube.com/watch?v=hnY7oO_5Ozc&t=105s
Ca va avec, c'est le package, la FTL est une expérience multi-média. Ne me remerciez pas LOL.

Et pour conclure, n'oubliez pas : il y a deux opérations. Nous avons vu la première, Damoclès. A ce stade du récit, je n'ai pas besoin de vous expliciter qui vise la seconde, et sur quelle organisation le "Glaive de La Justice" va s'abattre. Par exemple, avec la participation d'un certain major oustachi ? Et les conséquences vont être saignantes, on commence à peine à les voir en première page de cette chrono ...
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MessagePosté le: Ven Déc 16, 2022 22:35    Sujet du message: Répondre en citant

La croatie dans le role d'osea et les yougoslaves, celles des Yuktobanien, ca fait bizarre, en tout cas recit plasant a lire, mais ca me rappelle aussi de mauvais souvenir RIP Chopper...
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MessagePosté le: Sam Déc 17, 2022 08:22    Sujet du message: Répondre en citant

C’est encore un épisode énorme, ça...

Il y a moyen que Pavelic en ait pris une par ricochet?
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MessagePosté le: Sam Déc 17, 2022 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

(Il est tard, désolé, problèmes techniques indépendants de ma volonté.)


Regis Ultima Ratio (bis)
Un cadeau pour le maréchal
Sur la route d’une grotte au nord de Višegrad, 08h00
– Alors que dans la tanière du Vieux, on ne pense plus voir d’ennemis d’ici longtemps (le front est à 60 kilomètres à vol d’oiseau, au moins…) et que l’on prépare les réunions comme les modestes réjouissances de la journée, un convoi approche du GQG de l’AVNOJ. Les uniformes vert olive des chauffeurs sont sans doute ceux de certaines des Nations-Unies (il y en a tant !) – par contre, les plaques ne sont pas marquées (ce qui est banal, par les temps qui courent). Qu’est-ce à dire ? Si c’est pour apporter du ravitaillement au front, c’est la route de Sarajevo qu’il faut suivre ! Un sous-off’ des Partisans fait donc arrêter le convoi. En tête de colonne, un gradé parlant serbo-croate sans le moindre accent (ce qui aurait pu alerter…) demande à parler à un responsable…
« Vous apportez un cadeau pour le maréchal ? » demande narquoisement le jeune officier du NKOJ responsable du barrage. Et l’inconnu de lui répondre, avec un grand sourire inattendu qui se propage vite à tous ses compagnons : « Mais oui ! Et même qu’il va s’en souvenir ! » Une partie des camions passent et montent à fond de troisième, tandis que les premières détonations éclatent dans la vallée…

Mač Pravde (Glaive de Justice) – Le souffle de la faux
Une grotte au nord de Višegrad (résidence du maréchal Tito), 08h30
– Le quartier général des Partisans de Yougoslavie est attaqué ! Cent à deux cents hommes non identifiés, arrivés d’on ne sait où, mais très bien équipés en armes automatiques et en grenades, se ruent sur le bataillon chargé de la sécurité du maréchal, qui garde les abords de la grotte. Certes, celui-ci a été un peu renforcé depuis juin dernier (où c’était surtout le déplacement soudain du QG qui avait sauvé Tito) – par contre, il est dispersé : des deux cents hommes de l’unité, tous ne sont pas sur place, car déployés dans des postes de guet, voire au repos dans des cantonnements.
En face, les assaillants forment un groupe compact – à coup sûr l’avant-garde d’une force plus importante. Au contraire – et plus grave encore – les défenseurs manquent de renforts dans l’immédiat, attendu que le gros des forces de l’AVNOJ, avec les plus anciens compagnons (Vlado Ćetković ou Slavko Rodić, par exemple), se trouve au front. Quant aux brigades OZNA d‘Aleksandar Ranković “Leka” (qui est paradoxalement présent, lui), elles font la chasse aux traîtres fascistes un peu partout en territoire libéré. Cruelle ironie ! Les Partisans n’ont jamais été aussi forts. Mais à cette heure, il n’y a que deux cents hommes et femmes – triés sur le volet certes, mais pas plus – pour défendre Tito.
Dans la confusion, le lieutenant-général Sreten Žujović (de l’état-major général de l’AVNOJ) se retrouve à faire le coup de feu avec le bataillon de protection et s’écrie : « Ces ordures ont des uniformes croates ! Avec des camions étrangers [c’est à dire occidentaux… ou allemands], mais ils parlent croate [c’est-à-dire, à l’époque au moins, serbo-croate (30) avec des expressions ou un accent croate] ! ». Certains des assaillants de la grotte portent en effet une tenue oustachie – celle d’une force irrégulière. Les autres ont des tenues variées mais d’allure militaire, quoiqu’anonymes.
Bien sûr, on barricade rapidement l’entrée de la grotte – un goulet facile à défendre, qui permettra de voir venir et d’attendre la cavalerie. Bien sûr, la totalité du personnel a pris son arme, parfois un simple pistolet, pour défendre le Chef – de Radonja Golubović, le secrétaire personnel de Tito, jusqu’au général Arsenije “Arso” Jovanović, son chef d’état-major, en passant par Milovan Đilas, le fidèle parmi les fidèles. Mais les soldats de l’AVNOJ n’oublient pas qu’ils sont loin d’être seuls et sans soutien en territoire ennemi ! Les forces de la Révolution sont en effet nombreuses dans la zone : des unités d’interligne, puis des troupes en formation ou à peine formées (telle la 42e Division “Macédonienne”) et surtout la 13e Brigade de Frappe prolétarienne Rade Koncar de Rade Bulat, qui devrait être alertée sous peu ou marche peut-être déjà au canon.
Le temps joue donc pour le maréchal – car il est évident que c’est lui qui est visé. Alors, à l’entrée de cette grotte si bien aménagée, on gagne du temps. On maintient un volume de feu aussi puissant que possible pour empêcher les assaillants d’entrer et de mettre à profit leurs nombreuses armes automatiques (en revanche, ils n’utilisent qu’avec parcimonie leurs grenades, de peur, peut-être, de voir la voûte de l’entrée s’effondrer et leur barrer le chemin). Et on n’hésite pas à se sacrifier : au bout d’une heure de combat, la moitié des défenseurs environ sont morts ou blessés.
Mais le temps passe et les munitions s’épuisent – ces renforts qui n’arrivent pas ! Et pour ajouter au chaos, au milieu des rafales et des explosions, des cris stridents retentissent : Davorjanka Paunović “Zdenka”, l’assistante personnelle du Vieux (31), de santé délicate et dont le moral est fragile (32). Terrorisée, elle ne cesse de hurler, couvrant les appels et les ordres qu’on se lance, poussant des clameurs aiguës à chaque rafale de son côté comme si elle lui était destinée. Đilas notera avec acidité : « Elle se comportait comme si le principal objectif des fascistes était de la supprimer, elle personnellement. ». C’est éprouvant pour les défenseurs – et comme Zdenka n’est déjà guère aimée dans les rangs, certains proposent vite de l’abattre pour s’en débarrasser.
Pire encore : les assaillants l’entendent crier eux aussi ! Et, considérant sans doute que la jeune femme est près de Tito, ils règlent leurs tirs sur ses hurlements, s’efforçant d’arroser sa position. La malheureuse Zdenka se retrouve donc effectivement visée en priorité et sombre dans une véritable crise de panique. Du coup, le chien de Tito, Tiger, se met à aboyer furieusement.
Au bout d’un moment difficile à évaluer – dix minutes ? quinze ? vingt ? – l’assaut semble hésiter un peu. C’est bon signe, des Partisans sont sans doute en train d’arriver de la vallée. Mais tout à coup, après une brève accalmie, l’attaque reprend, avec une violence renouvelée. Poussant un cri de guerre : « Čopor, sa mnom ! » – La meute, avec moi ! – l’ennemi avance malgré les pertes qu’il subit et les positions défensives tombent les unes après les autres.
Tito semble à présent coincé vers le fond de la grotte, derrière un rocher, avec quelques dizaines de fidèles, sa maîtresse qui pousse des cris frénétiques et son chien qui hurle à la mort. La situation est épouvantable, mais le Vieux tient bon, en dépit de tout. Il en a vu d’autres et même s’il a sorti plusieurs fois son revolver en envisageant d’abattre Tiger (pas Zdenka, tout de même…), il a toujours rengainé – il ne s’en sent pas capable. N’empêche… les fascistes ne sont plus qu’à une trentaine de mètres à peine !
Il faut bouger : c’est Đuro Vujović qui vient se jeter auprès de lui pour l’y encourager. Vujović, son vieux compagnon depuis l’Espagne. Vujović, l’un des combattants de la première heure, le vétéran de la 1ère Brigade Prolétarienne, l’un des meilleurs Partisans ! Vujović, son garde du corps qui le suit comme une ombre depuis juin 1943. Vujović, qui s’accroupit auprès de son chef en dépit de la mitraille, la Sten sur le genou et le sourire aux lèvres sous sa casquette. Vujović qui voit que Tito hésite, lui murmure « Ça va aller… », lui tend la main et… encaisse une balle en pleine tête qui lui arrache la moitié droite du crâne. Il s’effondre, tachant de sang, de morceaux d’os et de débris de cervelle celui pour qui il vient de donner sa vie.
Arsenije “Arso” Jovanović racontera : « Vujović était là, sur le sol, à convulser, un bout de cerveau sur sa casquette, sans doute déjà mort – du moins je l’espère. Tito a demandé à son garde du corps Nikica Prjla qu’on l’achève – ce qui fut vite fait. Tito s’est ensuite agenouillé près de lui, a dit « Gloire au camarade Vujović ». Et là, pour la première fois de ma vie, j’ai vu le maréchal pleurer ! Il a éclaté en sanglots comme un enfant, dans un accès de larmes incontrôlable alors que paradoxalement, autour de nous, l’intensité de la fusillade diminuait. »
Profitant de la pause, Žujović et Jovanović confèrent. La situation est grave mais pas vraiment critique – cependant, l’état du Chef inquiète. Ce n’est bon ni pour la troupe, ni pour la suite du combat. Il vaut mieux l’évacuer. Avec quelques hommes, Milovan Đilas part donc vers le fond de la grotte à la recherche d’une planque – ou, mieux, d’une issue – dans cette section troglodyte que, finalement, personne n’a jamais explorée !
Quand ils reviennent quelques minutes plus tard, c’est avec de bonnes nouvelles : il est possible de sortir vers la vallée, en descendant en rappel d’une quinzaine de mètres au fond du ravin. Ça devrait être faisable, ce ne sont pas les cordes qui manquent ! Mais Đilas et ses hommes sont alors confrontés à un spectacle imprévu : Tito, en grand uniforme de maréchal mal ajusté, sortant de sa chambrée sous le regard de sa compagne, enfin muette. Il a, déclare-t-il, « décidé de se rendre pour arrêter le carnage et sauver ceux qui lui sont chers ! » A moins qu’il ne s’agisse plus prosaïquement de sa propre tête… Žujović (qui n’a, fait exceptionnel dans les rangs de l’AVNOJ, jamais porté Tito dans son cœur) s’exclame : « Qu’est que ça signifie ? Tu as mis ton uniforme d’apparat pour te rendre ? Tu veux vraiment te rendre aux fascistes pour sauver ta tête de commandant tout en trahissant notre combat ? Sors, vieux lâche ! »
Et là, toujours selon Jovanović, il se passe quelque chose d’inattendu : « Đilas a empoigné d’un coup le maréchal par le col et s’est mis à le secouer dans tous les sens en le couvrant d’injures, avant de conclure : « Tu vas te battre, espèce de vieux sac, c’est pas maintenant que tu vas tout laisser tomber ! Je te préviens, si tu les laisses te tuer, c’est moi qui te tue avant ! » en hurlant. »
Sonné, Josip Broz se laisse enfin guider vers le fond de la grotte, alors que, devant l’entrée, la fusillade se fait à nouveau plus violente – mais c’est à l’extérieur que résonnent les tirs. Les renforts arriveraient-ils enfin ? Mieux vaut ne pas prendre de risques… Même le chien et Zdenka feront le voyage. Non sans difficulté toutefois – en dépit des objurgations de son amant, la jeune femme, ranimée, fait une nouvelle crise de panique à l’idée de descendre, ce qui fait perdre encore beaucoup de temps, jusqu'à ce qu’une âme charitable et énergique l'assomme à moitié.
Une fois en bas, le maréchal est épuisé. Il titube, avance doucement, manque une ou deux fois de perdre connaissance. Mais le plus dur est passé. Et c’est dans les fourrés d’un petit vallon, à proximité d’un bourg appelé Kamenica, que Broz, à l’abri, attend la fin de la bataille. Prenant Ranković dans ses bras, il sanglote : « Où sont nos amis, où sont nos alliés ? ».
………
Au nord de Višegrad, 10h30 – Emmenée par la 13e Brigade de Frappe prolétarienne Rade Koncar, l’AVNOJ a repoussé l’ennemi. Ce dernier se retire à présent vers le nord et la région de Tuzla, poursuivi par des éléments épars (de la 42e Division pour l’essentiel), qui ne disposent malheureusement pas de moyens motorisés.
Au nom de tous les Prolétariens, Rade Bulat est le premier à rendre compte du plein rétablissement de la situation au chef de l’AVNOJ. Ce dernier a recouvré une bonne part de sa prestance – et des couleurs, aussi. Il passe entre les rangs, son uniforme toujours souillé du sang du pauvre Vujović, plaisante, sert des mains, sourit beaucoup, pose son bras sur des épaules. Jusqu’à que son regard s’arrête sur Zdenka, toujours en état de choc, qu’on guide vers l’infirmerie, l’air hagard… ou honteux. Le maréchal pose alors à Bulat (à qui les autres ont raconté les événements de la grotte) une question qu’il croit drôle : « Qu’est-ce que vous pensez que je devrais faire d’elle, camarade ? » Et la réponse claque comme une salve : « Franchement, camarade Maréchal ? Si j’étais à votre place, je la ferais fusiller ! » (voir appendice 1).

Entretien avec un Oustachi
« – Donc Višegrad, la grotte … Vous y étiez ? Vous allez me dire que vous qui avez tué Đuro Vujović ?
Il secoue la tête avec amusement.
– Héhéhé ! Non… Je ne suis jamais monté là-haut. En vérité, je ne sais même pas encore aujourd’hui à quoi ça ressemble précisément. Pourtant, ils auraient pu nous accorder une excursion touristique (33). Mes gars et moi, nous avons fait l’arrière-garde en bas pour les Diables bleus, qui y allaient avec les autres. D’ailleurs, c’est sans doute ce qui nous a sauvé – enfin, qui a sauvé une partie d’entre nous.
– Pourtant, ce cri, “Čopor, sa mnom !” ? La meute, c’était vous, non ?
– C’était surtout de la connerie ! On n’a jamais eu ce genre de cri de guerre, au Bataljona Vuka. Et je vous prie de croire qu’en Bosnie, face aux terroristes titistes, j’avais autre chose à faire que de chercher des sous-entendus poétiques.
– Donc ?
– Donc, c’était très probablement une improvisation. D’un imbécile croate ou… autre, qui voulait être bien certain de nous faire porter le chapeau de cette foirade.
– J’en déduis que vous n’êtes pas restés longtemps.
– Non. A l’arrivée des renforts ennemis, faute de confiance entre nos troupes et celles de nos… associés, tout le monde s’est très vite débandé. Déjà que ces Serbes n’étaient pas tous spécialement vaillants ! J’ai ordonné la dispersion et j’ai filé vers le nord, au volant d’une voiture récupérée sur place. Je conduisais, et un de ces types de Radic, me servait de guide.
– Il y a dû avoir… comme qui dirait de l’ambiance entre vous, durant le voyage.
– Oh… Ça allait. Sauf que cet imbécile ponctuait sa conversation d’insultes qui m’étaient destinées. « A gauche, trouduc. » « Attention, connard. » « On a réussi, enfoiré. » Et finalement, bien plus tard dans la nuit : « Je vais ouvrir la barrière, fils de pute. »
Il a un de ses étranges sourires et poursuit…

– C’est juste après que je l’ai renversé. J’avais plus besoin de lui. Et quand je suis descendu dans le fossé où il avait roulé pour bien lui faire comprendre qu’il faut faire attention à qui on parle, et comment, je lui ai rappelé à coups de crosse un fait pourtant évident : « On n’est pas pote, mon gars. ON L’A JAMAIS ETE. ON LE SE-RA JA-MAIS ! »
Il fait mine de s’essuyer le front avec la manche, comme après un effort intense.

– Pfu ! Ceci fait, j’ai laissé la voiture dans un fourré. Près d’un village qui s’appelait… Borika, je crois. Et j’ai passé la ligne de front quelque part entre Olovo et Sarajevo. Quarante kilomètres à pied – une paille ! Mais j’étais plus en forme à l’époque. »
(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)

A Moscou, Camarade !
Environs de Višegrad, 11h30
– Le général-major Nikolai Korneev, chef de la mission soviétique qui porte son nom, arrive en catastrophe depuis la vallée où il était parti en inspection, aussi vite que le lui permet sa jambe. Tandis qu’on soigne les blessés, qu’on enterre les morts et qu’on rassemble les éléments qui pourraient indiquer l’identité réelle des assaillants, le Soviétique, manifestement catastrophé en imaginant les conséquences d’un assassinat de Tito, n’est pas long à donner à ce dernier des conseils très… orientés.
– C’est du matériel capitaliste, tout ça ! Ces uniformes fascistes ne trompent personne ! Oska ! Ta vie est trop précieuse pour le peuple yougoslave ! Et ce qui vient de se passer ici est trop grave ! Tu dois aller à Moscou expliquer cela au maréchal Staline lui-même !
Tito s’arrête pour considérer les corps qu’on empile et les armes qu’on trie : uniformes oustachis parfois porteurs d’insignes cryptiques (34), fusils-mitrailleurs américains ou britanniques, un camion GMC sans insigne incendié un peu plus loin sur la route… Et les brancards qu’on sort de la grotte, recouverts d’un drap – ceux qui sont morts pour qu’il vive. Pour que ses idées vivent.
Avec une colère froide, Josip Broz Tito répond enfin : « Tu as raison, Nikolai Vasilevich. Je vais à Moscou. Demande-leur de m’envoyer un avion. Jovanović ? Đilas ?"
– Camarade maréchal ?
– Faites savoir aux capitalistes que c’est terminé, ils ne peuvent plus être amis avec tout le monde. Désormais, ça sera lui ou moi – à eux de choisir !

………
Aux environs de Višegrad, 16h30 – Arrivée d’un Yak 6 en provenance de Bulgarie, qui a fait une bonne partie du trajet au-dessus de la Serbie escorté par des MiG 5 de la Flotte de mer Noire. L’appareil, rustique et habitué aux conditions rugueuses des liaisons sur le front russe, n’a aucun mal à se poser sur l’ébauche de piste tracée par les Partisans.
Il ne reste au sol qu’une poignée de minutes. Le temps d’embarquer un Tito porteur d’un uniforme de maréchal fraîchement nettoyé, accompagné seulement de son secrétaire. Au bord de la piste, Aleksandar Ranković se ronge les sangs – il craint désormais une interception par des chasseurs capitalistes et une “erreur” qui serait évidemment fatale au Chef. Et il n’oublie pas l’avertissement reçu de Staline (lequel a eu toujours une peur bleue du transport aérien !) quand ce dernier l’avait accueilli à Moscou : « N’oubliez pas que les avions peuvent tomber en panne en plein vol. » D’ailleurs, il paraît que, parfois, on les y aide… Non, impossible ! Impensable ! Enfin – croisons les doigts…
Un peu plus loin, Sreten Žujović peste. Avant de partir, Tito lui a demandé de s’occuper de sa monture ! « Il veut que je prenne soin de son cheval ! De son cheval ! Alors qu’il nous laisse dans une mouise comme on n’en a pas connue depuis longtemps ! » Le Serbe est plus pragmatique que Ranković : il ne craint guère que Tito n’arrive pas à Moscou, mais il se doute que les jours à venir risquent d’être fort pénibles.
De toute façon, il est trop tard maintenant. Le bimoteur s’aligne et redécolle… cap à l’est.

Guerre aérienne
Point de côté
Balkans
– Alors que Sir Arthur Tedder envisageait de reprendre bientôt les frappes en direction de la Hongrie et du lac Balaton, les événements de la journée, entraînant un soudain accès de control-freak concernant ses forces, le contraignent à suspendre ses projets jusqu’à nouvel ordre. De toute façon, en début d’après-midi, il se remet à pleuvoir sur l’Europe centrale. Alors…

AVNOJ
La lutte finale
Slovénie
– La nouvelle de l’attaque subie par le QG de Višegrad surprend dans l’après-midi les 7e et 9e Corps “Slovènes”, qui envisageaient de repartir dès aujourd’hui asticoter les fascistes slovènes, croates et allemands de la région. Elle plonge Rajko Tanasković, Jože Brilej, Lado Ambrožič, Dušan Kveder et tous les autres dans la consternation. Les actions lancées dans la matinée, une fois encore avec un certain succès, sont donc immédiatement suspendues, sans même attendre confirmation du GQG. Il paraît évident à tous que la stratégie de l’AVNOJ dans ce secteur est sans aucun doute vouée à évoluer bientôt.
………
Croatie (nord), vallée de la Save – Le 5e Corps “Bosniaque” et le 6e Corps “Slavon”, après une brève période d’incompréhension et de stupeur, coupent eux aussi leurs liaisons avec les forces alliées. Au nord, pour ce qui relève de Petar Drapšin, c’est assez vite fait. L’intéressé s’arc-boute à nouveau sur son bassin de Požega, même s’il semble bien que personne, pour l’heure, ne songe à aller l’y chercher ! Au sud, par contre, c’est plus compliqué pour Slavko Rodić, dont les faibles forces (moins de 10 000 hommes et femmes) sont intriquées dans les lignes franco-britanniques, elles-mêmes en pleine relève. Il y a donc du mouvement dans les bois entre Slavonski Brod et Doboj. Des bois où le 5e Corps “Bosniaque” entreprend donc de se retirer, sans toutefois rompre complétement le contact avec les forces alliées.
………
Croatie (nord-ouest) – Le 10e Corps “de Zagreb” de Vladimir Matetić reçoit lui aussi des instructions ordonnant d’interrompre sa collaboration avec les forces des Nations-Unies. Ce qui est vite fait – mais ne change pas grand-chose pour le proche avenir. Isolée et terrassée comme elle l’est par la maladie, cette formation ne risque pas de faire grand-chose…
………
Croatie (ouest), Lika-Senj – C’est avec une surprise visiblement sincère qu’Andrija Hebrang accueille la nouvelle de la tentative d’assassinat dont aurait été victime son maréchal. Prenant les mesures qui s’imposent, et dans l’incertitude quant à la réaction des Alliés comme des Croates, il suspend ses manœuvres offensives, au moins le temps de voir venir, sans oublier de consigner comme tout un chacun les agents de liaison étrangers de tout poil dépêchés auprès de lui.
………
Bosnie orientale – Le 15e Corps “Macédonien” de l’AVNOJ, comprenant les 41e et 42e Divisions, est déclaré opérationnel dans la confusion – mais aussi dans la gloire, eu égard aux actions des hommes et femmes de Kosta Yashmakov et Dimce Belovski. La formation ne dépasse pas les 6 000 combattants. Elle restera pour l’heure dans la région de Višegrad, comme ça, à toutes fins utiles…


Notes
30- Ou du moins son principal dialecte, que les linguistes appellent le chtokavien.
31- Rappelons pour l’anecdote que l’AVNOJ interdisait officiellement toute relation amoureuse dans ses rangs. Ce qui n’empêchait pas les plus proches de Tito, logés à côté de ses quartiers, de se plaindre à mots couverts mais à intervalles réguliers des… gémissements de Zdenka, qui les empêchaient de dormir !
32- Zdenka était tuberculeuse – et puis on prenait facilement froid auprès de Tito, entres abris humides et marches sous la pluie… Tout cela n’arrangeait pas son état mental.
33- La grotte de Višegrad fut pendant très longtemps une attraction touristique majeure en Bosnie, avec environ 200 000 touristes par an. Malheureusement gravement endommagée lors des troubles survenus à la fin du siècle, elle a depuis été restaurée avec l’aide de l’Agence américaine pour le Développement international (!) et rouverte au public le 7 mai 2009, pour les 65 ans du combat de 1944.
34- Certains témoins évoquent une sorte de tête de loup, mais malheureusement, rien n’a été conservé…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Déc 17, 2022 16:50    Sujet du message: Répondre en citant

Appendice 1
Une maîtresse trop émotive

« Davorjanka Paunovic “Zdenka”, 1921-1946 – Major des Partisans yougoslaves, militante communiste, maîtresse et secrétaire du futur maréchal Josip Broz “Tito”. Fille d’enseignant (vétéran du 1er Conflit mondial abondamment décoré) et d’une mère au foyer, elle rejoint dès le lycée, en 1936, l’Union de la Jeunesse communiste (SKOJ) puis le Parti communiste de Yougoslavie (KPJ) avant de devenir dès 1939 membre du Comité central du Parti à Požarevac, puis de partir étudier la philosophie à Belgrade. Elle y conserve ses engagements politiques, une fois encore en tant que membre du Bureau du Parti.
Particulièrement instruite, féministe et polyglotte (elle parle le serbo-croate, l’allemand et le tchèque), elle devient en 1941 courrier spécial auprès du Politburo du PCY (poste pour lequel on embauche surtout des jeunes filles élégantes, curieusement censées moins attirer les soupçons de la police royale, surtout quand elles sont accompagnées d’hommes plus âgés). Elle est donc chargée de transmettre des messages importants. De ce fait, elle côtoie naturellement Josip Broz et devient en 1942 sa secrétaire particulière – dans les faits sa maîtresse, après avoir écarté sa rivale et prédécesseuse Herta Haas. Entre la jeune femme et Tito se développe vite une relation sentimentale intense, suivie et, semble-t-il, partagée. Zdenka quitte même pour Tito son fiancé de l’époque, le pauvre Jovo Kapičić. Le futur maréchal parlera d’elle comme de l’un des plus grands amours de sa vie – en 1942, il lui promettra carrément de l’épouser après la guerre (1).
Tombée en disgrâce – mais pas dans l’oubli – après l’attaque du 7 mai 1944 (où sa santé fragile et sa peur panique des bombardements lui firent grand tort) et souffrant de tuberculose, l’état yougoslave lui offre à la fin du conflit un séjour en sanatorium en URSS, sur l’insistance personnelle de Tito. Avant même le terme de son traitement, elle retrouve cependant un poste de secrétaire personnelle (mais rien d’autre…) auprès de lui, au cabinet du nouveau Premier ministre. Đilas la décrira telle « une apparition ayant toujours un sourire douloureux aux lèvres, comme si elle cherchait en permanence à s’excuser ». Elle reste cependant toujours soucieuse de son chef, auquel elle voue une attention minutieuse confinant à une jalousie pathologique.
Cette situation ne dure pas. En janvier 1946, une nouvelle poussée de tuberculose la contraint à être hospitalisée au sanatorium de Golnik (en Slovénie), où elle meurt le 1er mai 1946. Selon le souhait exprimé dans son testament, et accordé par le maréchal Tito en personne, elle repose dans le complexe funéraire du palais de Dedinje, pour l’éternité non loin du tombeau du maréchal (2)… »
(Robert Stan Pratsky – Dictionnaire de la Seconde Guerre Mondiale en Méditerranée, Flammarion, 2008)

Notes
1- Ils auraient même eu un enfant, qui n’aurait pas vécu ou aurait grandi sous l’identité de Slaviša Paunović. Rien n’a jamais été prouvé.
2- Historiquement (et pour l’anedocte), Mira Miletić, la nièce de “Zdenka”, épousera longtemps plus tard un certain Slobodan Milošević, devenant elle aussi la compagne détestée d’un homme d’état yougoslave… discuté, pour ce qui est sans doute une sorte de tragique tradition familiale.
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