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Diplomatie-Economie, Avril 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 13:58    Sujet du message: Diplomatie-Economie, Avril 1944 Répondre en citant

1er avril
Pologne
On ne choisit pas sa famille… et, parfois, ses amis non plus
Château royal de Lublin
– Dans les vieux murs de la forteresse du XIVe siècle, de sinistre mémoire – ses murs ont étouffé le bruit de nombreuses exécutions durant l’occupation nazie… et, avant, sous les tsars (mais tout le monde feint de l’avoir oublié) – le gouvernement polonais en exil et le comité “dit de Lublin” commencent enfin à négocier afin de former un nouveau gouvernement d’union nationale, sous l’arbitrage évidemment impartial du général Nikolai Boulganine.
C’est seulement la seconde fois que les deux entités se rencontrent – la précédente, c’était en novembre 1943, à Athènes, lors de la conférence de l’Attique. A cette époque, Stanisław Mikołajczyk avait déjà dû promettre à son homologue (ou supposé tel) Bolesław Bierut, du Comité national de Libération polonais, qu’il s’engageait à « une approche pragmatique » quand se poserait la question d’un gouvernement uni. Juste après, Molotov avait balayé cette concession pourtant déjà importante en exigeant la majorité pour le Comité de Lublin, et pour lui seul…
Alors certes, de l’eau a coulé sous les ponts depuis. L’ours soviétique est souriant, il fait bonne figure. Et comme le dit doctement Boulganine lors de son long préambule d’ouverture : « L’objectif de cette entrevue historique et nécessaire n’est pas d’engager à jamais l’avenir. Encore moins de faire le compte des mésententes, malentendus et reproches divers qu’il ne servirait à rien de nous jeter à la face. Le temps du jugement du Peuple viendra, et encore après celui de l’Histoire. Les deux trancheront – mais pour nous, l’objectif est et doit rester la conclusion rapide d’un accord permettant l’union de tous afin de vaincre l’hydre nazie… »
C’est vrai – il ne sert à rien de parler (par exemple) de l’attitude des forces soviétiques envers l’AK durant Tempête, ou encore des menaces à peine voilées du ministre Molotov, lequel suggérait en novembre dernier aux Alliés occidentaux de contraindre les Polonais de Londres à rencontrer ceux de Lublin ! Assurément, le gouvernement légal n’est pas en position de force et il le sait. Nous ne sommes plus en 1942 ; les Occidentaux ne peuvent guère menacer les Russes d’interrompre leurs livraisons de matériels dont ils n’ont d’ailleurs pas forcément un besoin critique et immédiat – sans parler des conséquences d’un tel geste pour les armées occidentales. Néanmoins, Jan Kwapiński et Władysław Banaczyk veulent croire que leur attitude conciliante devrait finir par payer – car elle l’est, c’est le moins qu’on puisse dire, surtout comparativement aux positions passées de Kukiel et consorts ! Même si, à cette heure, ils se sentent bien seuls autour de la table…
On leur présente en passant le nouveau chef de la 1ère Armée polonaise : le général Stanislav Gilyarovich Poplavsky, Polonais “ethnique” par son père Hilary, et Polonais de cœur depuis sa jeunesse (du moins il l’affirme (1) !). Il est chargé de reconstituer une armée gaspillée sous Berling et désormais placée en réserve du 2e Front de Biélorussie.
Après Boulganine, Bolesław Bierut embraye aussitôt, sous les regards attentifs de ses partenaires. Edward Bolesław Osóbka-Morawski représente le PPS, Polska Partia Socjalistyczna. Andrzej Witos, c’est le SL, Stronnictwo Ludowe “Wola Ludu” – le Parti populaire “Volonté du peuple”, issu de l’ancien Parti ouvrier polonais (il n’a rien à voir avec le SL historique (2)). Stefan Jędrychowski est le délégué du Parti des Ouvriers polonais (PPR, Polska Partia Robotnicza) bien qu’il ait été condamné à mort en février 1942 pour collaboration avec l’URSS… De fait, Bierut semble avoir déjà réussi à faire autour de lui l’union des ceux qui n’ont pu s’exiler et des partis « progressistes » nationaux, tous embryonnaires que, pour l’heure, insignifiants. Il peut donc prétendre représenter une tendance de fond de la société polonaise. Il a même réussi à ramener à lui le Parti démocrate (SD, Stronnictwo Demokratyczne) et Wincenty Rzymowski, fameux journaliste-écrivain, autrefois accusé de plagiat et réfugié lors de l’invasion à Kremenets, d’où il a ensuite décidé de collaborer avec l’Union Soviétique.
Nul doute que ces Messieurs (ou ces Camarades…) comptent bien occuper la place qui, selon eux, leur revient de droit. Et même si tous n’ont pas forcément une sympathie débordante pour l’URSS, aucun n’est un véritable allié du gouvernement en exil, réputé réactionnaire voire « anciennement néo-fascisant ». Mais ils vont discuter de tout cela. Les portes de la salle de réunion se ferment…

Les Balkans compliqués
Relative confiance hongroise
Palais Sándo (Budapest)
– Le ministre de la Défense Vilmos Nagy de Nagybaczon reçoit avec satisfaction le commandant en chef de la Magyar Királyi Honvéd Légierő, le vitez István Bánfalvy, pour évoquer les récents épisodes aériens sur la capitale. Ce dernier est venu avec le colonel Heppes Aladár, du 101e groupe de Défense nationale, qui saura décrire en détails les exploits des Pumas Rouges – au besoin au Régent lui-même, si ce dernier le désire.
D’ailleurs, c’est sûrement ce que les deux aviateurs souhaitent – ils pourraient ainsi faire passer leur message au plus haut niveau gouvernemental possible. Car Bánfalvy et Aladár ne sont pas venus au palais pour le seul plaisir de la fanfaronnade. Si les Pumas Rouges ont obtenu pour l’instant d’indéniables succès, ils ne sauraient suffire seuls à la tâche. L’aviation alliée, qui ne tolère plus la moindre opposition au-dessus de la France, de l’Italie ou même de la Yougoslavie, ne tardera pas à mettre à profit son écrasante supériorité matérielle pour étouffer les valeureux défenseurs magyars, lesquels seront d’ailleurs sans doute bientôt écartelés entre la protection de la capitale et la couverture des troupes défendant la Voïvodine face aux Serbes et aux Anglais.
A moins que… A moins que le 101e groupe de Défense nationale ne soient renforcé par le rapatriement des quatre escadrilles des 1er, 2e, 4e et 5e groupes de chasse encore déployées sur le Front Russe et par la création d’un 102e groupe de Défense nationale, puis si possible d’un 103e groupe d’appui au sol. Ces groupes accueilleront les nouveaux pilotes dans un esprit de cohésion et d’émulation – seul espoir d’éviter le massacre des nouvelles recrues actuellement infligé à la Luftwaffe.
Evidemment, ce choix est politique : il revient à laisser la défense aérienne des Carpathes et l’escorte des bombardiers déployés sur le Front Russe au bon vouloir des Allemands, donc à irriter ces derniers plus encore qu’ils ne le sont déjà. Pourtant, nécessité fait loi – surtout que le gouvernement hongrois a d’autres très bonnes raisons de vouloir rassembler le maximum d’aviateurs à proximité de sa capitale et de limiter les interactions entre la Luftwaffe et ses propres forces aériennes. Nagy de Nagybaczon donne donc son accord et autorise la formation d’un 102e groupe de Défense nationale, en piochant notamment parmi les escadrilles les plus touchées, les 2/1 et 5/3, qui seront dissoutes et dont les pilotes encadreront les novices.
Pour ce qui est de former rapidement un groupe d’appui au sol, par contre, il est évident que la production de Me 210-Ca ne suffira pas… Avec un culot qui force le respect, le ministre décide de solliciter de Berlin l’allocation de Fw 190 F-8, qui pourraient bien faire l’affaire.

Chine-URSS
Deux volte-face égalent un tour complet
Dihua (Xinjiang)
– Rien. Aucune réponse. La situation n’a pas évolué depuis dix-neuf jours. La Quatrième Purge de Sheng, peut-être la plus efficace et la plus discrète de toutes, s’est bien déroulée, mais la situation reste précaire tant que le gouverneur n’a pas de réponse du Kremlin… Les moyens de communication continuent d’être étroitement contrôlés pour limiter au maximum les échanges entre le Xinjiang et Chongqing, mais au fil des jours, il a bien fallu libérer quelques professeurs, étudiants et officiels nationalistes de second rang, après « vérifications destinées à s’assurer qu’ils ne sont pas coupables d’espionnage ou d’intelligence avec l’ennemi » (sans préciser de quel ennemi il s’agit). Et la paranoïa du gouverneur ne cesse d’alimenter son angoisse. Etrange, ce grand sourire toujours arboré par le général Zhu et la façon qu’il a de le regarder par en dessous, comme s’il savait… Et ce nouveau consul soviétique, cet Evseev de malheur, toujours charmant mais toujours évasif, qui prétend avoir fait évacuer Chen Tanqiu vers Alma-Ata et transmis son message à Moscou – mais peut-on lui faire confiance ?
Le gouverneur ne mange plus guère, de peur qu’on l’empoisonne, il ne sort plus de son palais, de peur d’une agression, il ne fait plus qu’attendre, attendre la réponse qui le libèrera. Mais voici que son secrétaire toque avec respect à la porte de son bureau, il entre, tenant à la main un télégramme : c’est forcément la réponse de Staline ! En un instant, Sheng se compose une attitude digne, se tourne vers la fenêtre et, de nouveau confiant, demande au secrétaire de lui lire le message.
« Du Généralissime Tchang Kai-chek, Président de la République, au gouverneur du Xinjiang, Sheng Shicai
Mon cher ami
Comme vous le savez, la situation militaire n’est pas aussi excellente que nous pourrions l’espérer. La victoire finale contre l’Empire du Japon ne fait aucun doute, mais l’ennemi s’obstine à lancer des attaques féroces qui ne peuvent lui donner d’espoir de victoire à terme, mais accroissent les destructions infligées à notre pauvre pays. Dans ces conditions, il est difficile d’expliquer à nos alliés la nécessité absolue d’éliminer nos ennemis mortels du PCC. C’est pourquoi, afin de conduire les affaires de notre République de la façon la plus efficace possible, j’ai besoin de rassembler étroitement autour de moi les personnalités politiques les plus capables. Et qui serait plus qualifié que vous, cher ami ? Vos conseils furent déjà précieux pendant l’Expédition du Nord, ils seront encore plus pertinents grâce à la grande expérience du pouvoir que vous avez acquise depuis plus de dix ans maintenant.
J’ai appris récemment par des voies détournées qu’une nouvelle tentative de complot avait encore une fois été brillamment déjouée par vos soins. Assurément, si le Xinjiang est fermement arrimé à la République de Chine, malgré les menées hypocrites de nos puissants voisins, c’est grâce à vous ! C’est pourquoi ma demande peut sembler bien égoïste. Mais elle est aussi motivée par un réel sentiment d’inquiétude concernant votre sécurité – qui sait quels dangers peuvent vous menacer dans cette province frontalière, en butte à des complots voire à des agressions militaires plus ou moins déguisées ?
C’est pourquoi, afin de vous prouver que, depuis notre réconciliation il y a deux ans, mes sentiments à votre égard ne sauraient être plus amicaux, afin d’assurer votre sécurité et afin de pouvoir utiliser dignement vos grandes compétences, je vous propose de participer à la conduite du destin de notre glorieuse République en rejoignant mon gouvernement en tant que Ministre de l’Agriculture et des Forêts. Je vous demande donc de mettre en ordre vos affaires courantes et de me rejoindre à Chongqing, je vous attends d’ici la fin du mois.
Avec toute mon estime et mon amitié,
Tchang Kai-chek »

Shang, qui a redouté un moment d’être découvert, peut souffler ! Sa position à Dihua était précaire : il pouvait craindre qu’en restant gouverneur de sa province et fidèle au Kuo-Min-Tang, il soit victime de la puissance soviétique lorsque, comme cela semblait inévitable, elle se tournerait vers le Xinjiang après en avoir fini avec les Fascistes. En revanche, devenir ministre de Tchang le mettra définitivement à l’abri. Ministre du gouvernement vainqueur des Japonais et des communistes chinois, voilà une belle situation, quel que soit le destin du Xinjiang ! Finalement, il était arrivé, le message qui devait le libérer de sa paranoïa. Il était juste venu de Chongqing et non de Moscou. Radieux, il offre son visage à la chaleur du soleil de midi, écoutant à peine son secrétaire qui se confond en félicitations obséquieuses.
Un coup d’œil au calendrier ne le ferait pas changer d’avis. L’honorable Sheng Shicai, gouverneur en poste et ministre pressenti, ignore en effet la signification attachée à la date du jour en Occident…


2 avril
Les Balkans compliqués
Démarrage laborieux
Tirana
– Ivan Šubašić a réussi à faire venir ses deux premiers poulains, Kosanović et Cuckov. L’ancien chef de la Banovine croate a encore le bras long… Il a réussi à les convaincre tous les deux de se rallier à son panache bleu-blanc-rouge !
Le premier va s’occuper, sous son autorité, de tenter de mettre de l’ordre dans les territoires contrôlés par la 2e Armée française – en accord avec l’AVNOJ, c’est vrai, mais Sava Kosanović fut un féroce adversaire de la corruption qui régnait avant-guerre dans les forces de police, un opposant exilé du roi Alexandre… et c’est toujours un ennemi déclaré du fascisme (3). Bref, il sera respecté, même si ses moyens de ministre de l’Intérieur fantôme restent encore à préciser. Charge à lui de créer une sorte d’arrangement, à côté de la police militaire alliée, entre les troupes de sécurité titistes – en nombre notoirement insuffisant – et les gendarmes royaux encore vivants et pas trop compromis… Pour cette lourde tâche, il est prévu que l’homme parte sous peu pour Užice – le fameux fief titiste, tout un symbole.
Pour Emanuel Cuckov, c’est un peu plus compliqué : certes, l’homme est d’assez bonne volonté, mais son passé dans l’Organisation Révolutionnaire Secrète de la Jeunesse Macédonienne (sic) en fait un personnage bien trop à gauche pour que tous les fonctionnaires yougoslaves lui obéissent sans broncher. Mauvaise pioche – du moins pour entrer au gouvernement. Pour l’heure, il part pour Skopje, s’occuper de lever des moyens dans cette pauvre province et (surtout) tâcher de la faire tenir tranquille. Par ailleurs, Cuckov a de très bons contacts avec le PC bulgare et… il n’y a aucun Macédonien au comité du NKOJ. Et si la Macédoine était l’une des clés de la “compréhension” titiste ?
Quoi qu’il en soit, pour Šubašić, ce n’est qu’un début – cela ne doit être qu’un début ! Prochains invités : Isidor Cankar et l’ancien général Borisav Ristic. Le Croate aimerait aussi beaucoup discuter avec le dernier chef du ban Slovène, Drago Marušič, qui est actuellement sous la protection du SOE, quelque part sur la côte adriatique.

Chine-URSS
Gardez-moi de mes amis…
Dzoungarie (partie nord-ouest du Xinjiang)
– Les incidents de frontière entre le Xinjiang et la Mongolie semblent s’aggraver, et l’antenne d’Oulan-Bator de l’agence Tass jette de l’huile sur le feu : « Des troupes chinoises ont franchi la frontière mongole, annonce-t-elle dans la matinée. Elles ont été repoussées avec énergie par les forces armées de la République Populaire de Mongolie ».
En réalité, la 105e Division de Cavalerie, avec ses blindés, a mis en déroute des unités de la Deuxième Armée qui pourchassaient les hommes d’Osman Batur.
Pour enfoncer le clou, l’agence Tass, de Moscou cette fois, émet en fin de journée une déclaration menaçante : « Les mouvements de troupes chinois le long de la frontière de Mongolie Extérieure sont une tentative inacceptable d’intimidation. L’Union Soviétique, sur la base de son traité d’assistance mutuelle avec la République Populaire Mongole, se verra dans l’obligation de lui porter assistance à la moindre tentative de mettre en péril sa sécurité ».


3 avril
Pologne
Zizanie
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– Le Premier ministre Mikołajczyk demande formellement au président Władysław Raczkiewicz de retirer au général Kazimierz Sosnkowski ses charges de commandant en chef et de ministre de la Guerre.
– Alors que nos envoyés sont sur notre terre à négocier un arrangement difficile, il est impensable de laisser pareil individu aux commandes de nos troupes, tel un bidon d’essence dans le brasier !
Le président, dont il est pourtant bien connu qu’il ne partage pas toutes les positions de Mikołajczyk – loin de là, même ! – va donc voir son ancien ami, pour lui demander de faire un geste, dans l’intérêt de chacun… Mais la réponse de l’intéressé est cinglante : « Je sers la Pologne, que cela plaise ou non. Libre à vous de me démettre – mais je ne démissionnerai pas. Car je reste en accord avec mes principes. En réalité, Monsieur le président, si vous avez des doutes sur Monsieur Mikołajczyk, c’est lui qu’il faut sortir et pas moi ! » Au soir, le président, déchiré comme son pays, commence à réfléchir au moyen de contraindre le général-ministre…

On ne se choisit pas soi-même
Château royal de Lublin
– Après deux jours de tractations et de mégotages – du moins, du point de vue des Soviétiques – à tenter de noyer le poisson en négociant chaque poste, la Seconde Union de Lublin (4) (car c’est ainsi que l’Histoire baptisera l’événement) accouche enfin d’un gouvernement polonais uni.
Pour l’Union Soviétique, c’est beaucoup dire que la bagarre a été rude. Cependant, la lutte a quand même été un peu plus longue que prévu – la faute à un “front progressiste” pas aussi uni qu’il aurait fallu. A l’évidence, par-delà les promesses d’oubli des offenses, certaines rancunes restent tenaces et PPS, SL, PPR et SD ne sont pas tous exactement sur la même longueur d’ondes, entre authentiques partis ralliés et créatures de Moscou. Le général Nikolai Boulganine a même dû intervenir plusieurs fois (en public… ou en privé !) afin de calmer tout ce petit monde et lui rappeler d’où il vient. Quoiqu’il en soit, le « Gouvernement provisoire d’Unité Nationale » est enfin né. Et sa composition est enfin fixée comme suit :
………
Président de la République : Władysław Raczkiewicz (gouvernement en exil – sans étiquette, anciennement BBWR (5))
Président du Conseil des ministres : Edward Bolesław Osóbka-Morawski (comité de Lublin – PPS, Parti socialiste polonais)
Vice-Président du Conseil : Stanisław Mikołajczyk (gouvernement en exil – SL, Parti populaire)
Vice-Président du Conseil : Andrzej Witos (comité de Lublin – SLWL, Parti populaire “Volonté du peuple”)
Ministre des Affaires étrangères : Wincenty Rzymowski (comité de Lublin – SD, Parti démocrate)
Ministre de l’Agriculture : Edward Osóbka-Morawski (comité de Lublin – PPS)
Ministre de la Justice : Jan Czechowski (comité de Lublin – SLWL)
Ministre du Travail, de la Protection sociale et de la Santé : Jan Stańczyk (gouvernement en exil – PPS)
Ministre des Communications, des Postes et des Télégraphes : Jan Grubecki (comité de Lublin – SLWL)
Ministre de l’Economie nationale et des Finances : Jan Haneman (comité de Lublin – PPS)
Ministre du Trésor : Ludwik Grosfeld (gouvernement en exil – PPS)
Ministre de l’Information et de la Propagande : Stefan Jędrychowski (comité de Lublin – PPR, Parti ouvrier polonais)
Chef du département de l’Administration publique : Stanisław Kotek-Agroszewski (comité de Lublin – SL)
Ministre de l’Intérieur : Stanisław Radkiewicz (comité de Lublin – PPR)
Ministre de la Culture et de l’Art : Władysław Kowalski (comité de Lublin – SLWL)
Ministre de l’Education et de l’Ordre public : Stanisław Skrzeszewski (comité de Lublin – PPR)
Chef du Département des Indemnités de Guerre : Karol Michał Popiel (gouvernement en exil – SP (Stronnictwo Pracy), Parti travailliste)
Ministre de la Défense nationale : Michal Zymierski (comité de Lublin – PPR)
Vice-ministre de la Défense Nationale : général Kazimierz Sosnkowski (gouvernement en exil – sans étiquette)
Chef du Département de l’Industrie : Jan Kwapiński (gouvernement en exil – PPS)
Ministre de l’Approvisionnement et du Commerce. : Władysław Banaczyk (gouvernement en exil – SL)
Chef de l’Armée secrète : général Léopold Okulicki (gouvernement en exil – sans étiquette)

………
Evidemment, les partis réputés pro-soviétiques ou assimilés se taillent la part du lion. Et Raczkiewicz a beau rester président, il se voit adjoindre un nouveau Premier ministre “soviéto-compatible”, tandis que ce pauvre Stanisław Mikołajczyk se trouve ravalé au rang de faire-valoir (ou plutôt, théoriquement, de représentant du gouvernement auprès des puissances alliées), à égalité avec un Andrzej Witos dont le parti reste désespérément embryonnaire. Kazimierz Sosnkowski subit le même sort, devant céder sa place à Michal Zymierski. Il conserve cependant un strapontin de vice-ministre – Londres comme Tirana sont loin, certes, mais l’éviction complète de Sosnkowski aurait pu être mal reçue par les troupes exilées. Il est vrai que ce n’est pas comme si ces troupes allaient jouer un grand rôle dans la prochaine libération du reste du pays…
Sans doute le ministère des Affaires étrangères est-il confié au démocrate Rzymowski – théoriquement neutre sur la majorité des dossiers – mais il s’agit d’un artifice qui ne trompe personne : Rzymowski collabore dans les faits avec l’Union depuis l’hiver dernier. Quant à Ludwik Grosfeld, s’il reste ministre du Trésor, c’est d’abord parce qu’il est socialiste et aussi (voire surtout) parce qu’il risque bientôt de devoir payer ses factures en roubles. Comme Jan Stańczyk au ministère du Travail, du reste…
Stanisław Skrzeszewski, quant à lui, déjà ministre de l’Education, sera également chargé de… l’Ordre public – ne dit-on pas que les deux sont liés ? C’est un philosophe, communiste de longue date : il fait déjà partie en 1934 des syndicats d’enseignants de l’université de Cracovie, Moscou peut lui faire confiance ! Un peu moins par contre à Stanisław Kotek-Agroszewski (Administration publique) : ce rallié de la dernière heure aux bataillons paysans reste envers et contre tout fidèle au Parti populaire “historique”…
Comme quoi tous les souhaits des Soviétiques n’ont pas été satisfaits. Ils ont même dû concéder le Commerce et l’Approvisionnement à Władysław Banaczyk – bah ! Ce ministère ne peut rien faire seul. Et puis, il faut bien un profil réactionnaire pour discuter avec les Occidentaux… pour le moment. Par contre, Wacław Komarnicki (ancien ministre de la Justice) est définitivement écarté, et avec lui Stanisław Kot (autrefois à l’Information et la Documentation). Ce dernier paie sans doute sa proximité avec le général Kukiel. On a par contre attribué les Indemnités de Guerre à un travailliste, Karol Michał Popiel. Pas grave – d’ici qu’il serve à quelque chose, on aura l’occasion d’en rediscuter. Enfin, Jan Kwapiński retourne à son poste de ministre de l’Industrie – un secteur désormais en friche, si l’on peut dire.
La totalité des ministères régaliens, et quelques autres, sont donc entre des mains pro-soviétiques. Et Bolesław Bierut, qui ne s’est pas attribué de ministère, rôde toujours dans l’ombre en attendant son heure. Les Soviétiques n’ont pas insisté pour qu’il ait un maroquin – l’intéressé est encore jugé trop… compréhensif envers ses compatriotes (6). Au surplus, l’action des Conseils municipaux mis en place lors de l’avancée de l’Armée Rouge est évidemment légalisée. Il sera toujours temps de tenir des élections après la guerre…
Néanmoins, pour l’heure, la Seconde Union de Lublin ne satisfait vraiment personne ! Les arbitrages ont évidemment été défavorables aux exilés, mais si c’est trop pour Londres, ce n’est toujours pas assez pour Moscou. Il est donc probable que les équilibres bougent encore dans les prochains mois. Néanmoins – c’est déjà ça – le gouvernement en exil polonais rentre enfin dans le rang. Enfin… il devrait rentrer dans le rang, une fois que Londres aura formellement donné son accord.

Les Balkans compliqués
Mésentente cordiale entre camarades…
Višegrad (Serbie)
– Le maréchal Tito considère avec quelque contrariété sa montre Patek Philippe & Co (fort peu collectiviste) en réfléchissant aux derniers développements sur le terrain. Il a eu récemment des nouvelles de Moscou – elles ne sont pas excellentes, voire même médiocres. L’URSS ne fera pas officiellement pression sur les Occidentaux pour que leurs forces marchent contre les SS et assistent les Partisans dans leur lutte…
Officiellement, la Patrie des Travailleurs soutient bien sûr l’AVNOJ. Elle continuera de contribuer fraternellement à ses efforts par des livraisons de matériel et par les conseils de la mission Korneev – il s’agit simplement de ménager la susceptibilité des capitalistes occidentaux, qui sont en train d’abandonner le ploutocrate de Belgrade et en viendront forcément à venir en aide à Tito, ne serait-ce que pour vaincre l’Axe… Et puis, l’appel à la désertion des Croates oustachis n’a pas été extrêmement bien reçu par les services diplomatiques de Molotov – recruter des fascistes, ce sont là des manières de réactionnaires, camarade Walter !
Bah ! Les camarades soviétiques exagèrent, comme d’habitude ! A force de lire Ehrenbourg, ils ont perdu le sens du réalisme politique – l’URSS n’a pas été occupée comme l’a été la Yougoslavie, elle ! Pourtant, Tito est persuadé que les Croates ne sont pas des traitres congénitaux… Il serait au courant ! Non, ils ont simplement fait une erreur – et pour reprendre un de ses leitmotivs : « Quand une erreur intervient, il vaut mieux trouver pour chaque homme le mot adéquat plutôt que de le détruire. C’est ainsi que se crée la confiance. » Et Dieu… Hmm… Et chacun sait qu’on a besoin de fraternité entre les peuples de Yougoslavie.
Donc – cela devient une habitude – bien que très informé des événements en Yougoslavie, le maréchal Staline fait le dos rond et attend de voir la suite… Comme lors du VIIe congrès du Komintern à Moscou, en juillet et août 1935. Broz s’en souvient – il y était. Le Petit Père des Peuples suivait les débats qui l’intéressaient (7) caché derrière un pilier de marbre, en embuscade. « Un coup on me voit, un coup on me voit plus ! » Enfin… les apparences peuvent être trompeuses – à l’époque, Tito se prétendait bien mécanicien malgré sa tête d’universitaire. Et puis l’URSS pensait alors à dissoudre la Yougoslavie. Depuis, tout a changé, évidemment !
Désormais, une seule question compte : active-t-on ou pas les autres corps de réserve de l’AVNOJ ? Si non, on risque de perdre là l’occasion de remporter une grande victoire, si oui, ils pourraient être dispersés ou détruits en cas d’attentisme prolongé des Occidentaux et de manque de soutien soviétique. Il y en a encore six.
Il est déjà évident que les 7e et 9e corps “slovènes” sont trop loin pour faire quoi que ce soit d’utile hormis leur traditionnelle guérilla dans les montagnes. Quant au 10e corps “de Zagreb”, il est bien trop essentiel en réserve là où il se trouve – en cas de changement politique soudain au sein du NDH, Tito sera très content de l’avoir sous la main…
Reste donc les 4e et 11e corps “croates” – dans la région de Gospić et Otočac, non loin de Lika (entre Split et Rijeka), et le 6e corps “slavon” à Požega (au nord de Banja Luka, mais en Croatie). Activer les deux premiers serait bien tentant… à eux deux, ils représentent presque 15 000 hommes, avec quelques chars et des armes lourdes ! Les SS sont loin maintenant, les Oustachis épuisés… Une action décisive pourrait faire s’effondrer le flanc droit du conglomérat SS/NDH, forcer ce Krüger à rappeler sa meute et encourager les Alliés à avancer. Mais c’est aussi prendre un gros risque – comme dans le nord du Monténégro, les pertes risquent de ne pas pouvoir être remplacées… Quant au 6e corps “slavon”, le dilemme est encore pire – il pourrait sans doute provoquer une insurrection dans tout le nord de la Croatie, mais il est certain qu’il faudra alors s’attendre à une réaction violente de la Heer, voire même de la Honvèd ! L’axe Belgrade-Zagreb est crucial pour Berlin – le nord sera donc défendu, par les Allemands sûrement, par les Croates sans doute, par les Hongrois peut-être, voire même par les trois.
Alors, ne rien faire ? Pourtant, laisser les camarades de Banja Luka se faire écraser sans intervenir risque d’être difficile à justifier politiquement – quoiqu’un massacre de plus ou de moins…
Nikolai Vasilevich Korneev, le “conseiller” envoyé par Moscou, relaie bien sûr les consignes de modération de Staline. Et Milovan Đilas a bien indiqué au “Vieux” que, même si on est sympathique envers la Cause à Moscou, on apprécie assez peu l’indiscipline récurrente dont font preuve les camarades yougoslaves. Tito le sait – pire, il le voit ! Les experts débarqués en février dernier sont très compétents, mais ils sont tout autant curieux, insistants… directifs, en vérité. Pourtant, la nouvelle République Populaire Fédérale de Yougoslavie ne peut pas prendre toutes ses instructions de Staline – ce serait contre-productif !
Finalement, le maréchal Tito décide, de sa propre initiative et sous sa propre autorité, d’activer les deux corps “croates” et le corps “slavon” pour amplifier la lutte. Ses troupes ne sont pas des unités soumises à la Stavka, n’est-ce pas ? Si les Partisans triomphent, le monde communiste en sera ravi – sinon, ils se replieront dans les montagnes… et derrière les capitalistes, qu’ils servent à quelque chose ! Les ordres partiront dans la nuit – le camarade Andrija “Fatty” Hebrang, qui dirige les forces en Dalmatie, sera sans aucun doute ravi d’aller au combat.

Entre membres de l’Axe…
Berlin
– La demande magyare de fourniture de chasseurs-bombardiers modernes se heurte à un double mur de la part du RLM – qui n’en a déjà pas assez pour ses besoins propres – et de la Chancellerie – qui a d’autres projets pour la Hongrie.
En conséquence, les services diplomatiques du Reich répondent que « dans les circonstances décisives que traverse actuellement la lutte contre le bolchevisme et ses alliés, il est malheureusement impossible de fournir au Royaume de Hongrie le matériel demandé, tant que son gouvernement n’aura pas fourni au Reich des informations concrètes et réalistes sur l’utilisation qu’il compte faire de ces avions. » Mais Berlin sait aussi paraitre généreux – après tout, les nazis n’ont pas encore complètement renoncé à mettre le régime Horthy au pas en douceur. Aussi, le RLM suggère à Vilmos Nagy de Nagybaczon de prélever 72 Bf 110 F6 (à raison de 12 par mois pendant six mois) sur les chaînes de la Dunai Repülőgépgyár qui travaillent sous licence pour Messerschmitt. Avec un blindage renforcé, deux MG-151 de 20 mm et quatre MG-17 de 7,9 mm dans le nez, deux lance-bombes ETC-500 sous le ventre et huit ETC-50 sous les ailes, le F6 sera très efficace pour soutenir les armées hongroises face aux hordes rouges.
Cette offre philanthropique est accueillie avec surprise par István Bánfalvy, chef de la Magyar Királyi Honvéd Légierő – en vérité, il n’espérait rien. Est-ce à dire que les Allemands sont si désespérés qu’ils espèrent s’attacher son pays avec des cadeaux ? Quoi qu’il en soit, la formation des 102e et 103e groupes de Défense nationale (chasse et appui) est désormais sur de bons rails.

Et entre Alliés !
Palais Blanc, Belgrade
– Comme c’était prévisible, la réunion pour la constitution de conglomérats franco-yougoslaves ne donne rien de constructif.
Les Français ont délégué l’ambassadeur Maugras et des représentants du ministère du Commerce et de l’Industrie, pour discuter avec les ministres Milan Grol et Boris Furlan. Certes, la République française est attentive aux projets de son allié historique et prête à l’assister de son mieux… dans la mesure de ses moyens. Or, ceux-ci sont largement amputés par les besoins de la reconstruction de sa Métropole, ravagée par la guerre puis l’Occupation. Du reste, de quels projets parle-t-on au juste ? Si on écarte l’usine Rogozarski de Palilula – qui ne saurait assurer un retour sur investissement avant un avenir très lointain – force est de constater que les manufactures Krušik de Valjevo sont encore occupées par l’ennemi ! Quant aux fonderies Zastava de Kragujevac, proprement saccagées, elles ne pourront rien produire d’utile avant longtemps, si tant est que le réseau ferroviaire puisse l’alimenter.
Sans doute le Royaume espérait-il, en faisant miroiter des investissements juteux, obtenir le soutien de la France face à l’AVNOJ. Nul n’ignore que le drapeau à étoile rouge flotte sur l’usine de munitions FOMU, à Užice, en territoire tenu par la 2e Armée française. Raté – et les mines du Kosovo ne sont pas plus près de reprendre leurs cadences, l’activité économique dans la vallée des Merles étant irrémédiablement gelée dans l’attente de la paix civile que tout le monde autour de la table appelle évidemment de ses vœux.
Les Français n’ont de toute façon jamais cru à cette négociation – il n’échappe pas aux Serbes que Marseille n’a pas envoyé de véritable responsable pour discuter. De Gaulle serait-il vexé du cavalier seul de Belgrade, trop visiblement soutenu par Washington ? Peut-être.

Chine-URSS
Gardez-moi de mes amis…
Dzoungarie (partie nord-ouest du Xinjiang)
– Dans l’affaire des incidents de frontière entre le Xinjiang et la Mongolie, c’est aux Chinois de jouer – et ils semblent avoir compris le message des Soviétiques. Chongqing proteste en effet de sa fidélité aux Accords d’Imphal. Dans un communiqué commun, Wu Zexiang, Zhu Shaoliang et… Sheng Shicai affirment que les forces qui ont causé quelque trouble sur la frontière mongole sont assurément celles du chef brigand bien connu, Osman Batur. Et MM. Wu, Zhu et Sheng, proclamant leur attachement à l’indéfectible amitié sino-soviétique, déclarent que les forces chinoises sont prêtes à coopérer avec les forces de l’Armée Rouge pour éliminer les rebelles kazakhs.


Notes
1-Né à Podola, sous le régime tsariste, Poplavsky n’a jamais servi que le PC et l’Armée Rouge – il était encore récemment chef du 45e Corps de Fusiliers au sein de la 5e Armée. Il est donc sans doute plus proche d’un Carpatien ou d’un Ukrainien que d’un Polonais.
2- Witos a néanmoins pour lui d’avoir été déporté de 1939 à 1942.
3- Lors de la signature du Pacte tripartite par la Yougoslavie en avril 1941, il a signé avec ses amis de la coalition paysanne démocrate une tribune appelant à « la lutte décisive contre le fascisme ».
4- En référence à la première, en 1569, entre Lituaniens et Polonais, qui avait abouti à la république des Deux Nations. Les communistes voudront longtemps voir dans ce surnom un symbole de nouvelle union internationale, en mettant de côté tous ses aspects “réactionnaires”…
5- Bezpartyjny Blok Współpracy’z Rządem – Bloc de coopération sans parti (avec le gouvernement de Józef Piłsudski).
6- Beirut devait expliquer à Mikołajczyk durant la conférence : « Notre démarche doit être favorable à l’URSS, non parce que c'est dans l’intérêt de l’Union soviétique, mais parce que c’est dans l’intérêt de la Pologne. »
7- Précisons que Staline suivait plutôt certains moments des débats…

Je rappelle que les Balkans et la Pologne sont de Demo Dan, la Chine de Tyler. Je crois que c'est tout !
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John92



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 14:55    Sujet du message: Répondre en citant


A moins que… A moins que le 101e groupe de Défense nationale ne soient (soit) renforcé par le rapatriement des quatre escadrilles des 1er, 2e, 4e et 5e groupes de chasse encore déployées sur le Front Russe et par la création d’un 102e groupe de Défense nationale, puis si possible d’un 103e groupe d’appui au sol.

Et puis, l’appel à la désertion des Croates oustachis n’a pas été extrêmement bien reçu par les services diplomatiques de Molotov – recruter des fascistes, ce sont là des manières de réactionnaires, camarade Walter !
Bah ! Les camarades soviétiques exagèrent, comme d’habitude !

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LaMineur



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 15:19    Sujet du message: Re: Diplomatie-Economie, Avril 1944 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Andrzej Witos, c’est le SL, Stronnictwo Ludowe “Wola Ludu” – le Parti populaire “Volonté du peuple”, issu de l’ancien Parti ouvrier polonais (il n’a rien à voir avec le SL historique (2)). Stefan Jędrychowski est le délégué du Parti des Ouvriers polonais (PPR, Polska Partia Robotnicza) bien qu’il ait été condamné à mort en février 1942 pour collaboration avec l’URSS… De fait, Bierut semble avoir déjà réussi à faire autour de lui l’union des ceux qui n’ont pu s’exiler et des partis « progressistes » nationaux, tous aussi embryonnaires que, pour l’heure, insignifiants.

Il manquait un mot, je pense.
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John92



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 16:57    Sujet du message: Répondre en citant


En conséquence, les services diplomatiques du Reich répondent que « dans les circonstances décisives que traverse actuellement la lutte contre le bolchevisme et ses alliés, il est malheureusement impossible de fournir au Royaume de Hongrie le matériel demandé, tant que son gouvernement n’aura pas fourni au Reich des informations concrètes et réalistes sur l’utilisation qu’il compte faire de ces avions. »

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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 17:30    Sujet du message: Re: Diplomatie-Economie, Avril 1944 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Et même si tous n’ont pas forcément une sympathie débordante pour l’URSS, aucun n’est un véritable allié du gouvernement en exil, réputé réactionnaire voire « anciennement néo-fascisant ».

On disait déjà "néo-fascisant" à l'époque? On n'en avait même pas encore fini avec les paléo-fascistes...
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

Sans compter les paléo-conservateurs (ça me fera toujours rire, appliqués aux Tea Party / Trumpistes - c'est tellement ça... fossilisés dans la préhistoire, voire à l'époque des dinosaures).
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Avr 07, 2022 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

J'en ai sué sur la composition, je vous prie de le croire !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 12:44    Sujet du message: Répondre en citant

4 avril
Pologne
On ne se choisit pas soi-même
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres)
– L’annonce de l’arbitrage rendu au château de Lublin a eu l’effet que beaucoup attendaient. Non pas que le groupe des exilés puisse vraiment d’offrir le luxe de rejeter cet accord… Mais alors que les tensions entre militaires, politiques et hôtes britanniques sont à leur sommet, la nouvelle tombe mal. Même si, en vérité, il n’y a jamais de bon moment pour une mauvaise nouvelle.
L’étendue de la perte de souveraineté que le gouvernement en exil va devoir consentir émeut, à juste titre. On s’interroge sur les conditions de la négociation, sur la duplicité soviétique, sur l’éventuelle bonne foi de Kwapiński et Banaczyk aussi. A la réflexion, envoyer d’abord quelques-uns des ministres réputés les plus compréhensifs envers les Soviétiques était sans doute une erreur – cela ne pouvait que jeter le discrédit sur leur intégrité, puis par extension sur toute la démarche, en aggravant au passage le risque de scission du gouvernement.
– Ce Bierut est déjà en train de vendre notre pays aux Soviétiques ! Avant que Cordell Hull parle, le mois dernier, il exigeait – exigeait ! – devant Staline et prétendument au nom de la Pologne que Lvov revienne à la Russie ! C’est une atteinte directe au maintien de l’Etat.
Le propos du général Sosnkowski est irréfutable – il exprime même une évidence. Néanmoins, ce militaire est désormais bien seul pour défendre l’intégrité du territoire polonais dans ses frontières d’avant-guerre. Seul parmi les Nations-Unies… Et de quelles troupes dispose-t-il au juste ? De deux corps d’armée dispersés et même pas autonomes ? Il est seul aussi parmi ses collègues qui, la mort dans l’âme, ne voient pas d’autre choix, sinon celui de plier… Sosnkowski le sait parfaitement, du reste – et alors qu’il sort en trombe de la salle du Conseil en laissant choir ses compatriotes, tel Tadeusz Bór-Komorowski le mois dernier, il sait sans doute aussi comment cela va devoir finir. Dans la nuit, il reçoit une invitation – enfin, plutôt une convocation : il doit se rendre demain matin, à la première heure, dans le bureau du président Mikołajczyk.


5 avril
Pologne
Un général perdu… aucun de retrouvé
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres), 08h00
– Le général Sosnkowski est introduit auprès du président Raczkiewicz. Ce dernier, retranché derrière son bureau, lui tend une pièce à signer – sa lettre de démission. Il lui dit simplement, en manière d’excuse : « Je sais très bien que je commets une chose hautement immorale, mais que Dieu le Très-Haut me soit témoin que je n'ai pas d'autre choix. »
Kazimierz Sosnkowski ne se fait pas prier pour s’exécuter. Et il n’oublie pas de saluer une dernière fois son président avant de prendre congé (voir appendice 1). Mikołajczyk et Kukiel, qui ont passé des années à le traiter de fasciste, auront eu sa peau.
Cependant, en claquant la porte, le général accomplit un geste qui va bien au-delà de sa carrière personnelle. En effet, il laisse ainsi l’armée polonaise en exil sans commandant – Raczkiewicz est bien en peine pour lui trouver le moindre remplaçant ! Son malheureux gouvernement, peu après avoir été lâché par ses protecteurs, vient ainsi de divorcer d’avec ses forces armées. Et quelles forces armées, d’ailleurs ? Deux corps même pas autonomes, quelques centaines d’avions, une poignée de navires… Au-delà des ambitions de certains, il est donc déjà évident que, pouvoir politique ferme ou non, et faute de véritable soutien d’une grande puissance étrangère, l’armée des exilés ne pourra être que marginalisée après la guerre (8). Dès à présent –contrairement, par exemple, à l’armée roumaine – elle manque à ses anciens chefs, désormais bien incapables de lutter sur leur sol national.
Une réalité s’impose donc : la République polonaise en exil a volé en éclats. Les communistes et leurs affidés ont un boulevard devant eux pour les années à venir.

Lublin 2
Château royal de Lublin, 18h00
– Les plénipotentaires Jan Kwapiński et Władysław Banaczyk reçoivent mandat pour signer la « seconde union de Lublin ». Ce qui est fait immédiatement, dans une ambiance de cordialité évidente, sous les flashes des photographes et sous l’égide du général Nikolai Boulganine, décidément ravi que des décennies d’incompréhension soviéto-polonaise s’achèvent enfin. On débouche même le Sovetskoye Shampanskoye !
Moscou est aussi informé immédiatement. Et le Sovinformburo lance incontinent une foule d’actions dont il gardait les projets sous le coude, jusqu’à ce que tout soit enfin clair…

Les Balkans compliqués
Mésentente cordiale
Višegrad (Serbie)
– Le maréchal Tito constate avec un vif déplaisir que les Occidentaux ne daignent toujours pas bouger alors que ses forces, elles, se battent et encaissent de plus en plus de coups face aux SS. Aussi, en accord avec Aleksandar Ranković, Josip Broz décide de retenir les informations en sa possession sur le curieux ménage à trois que semblent tenter de monter le NDH, l’OSS et l’Eglise catholique. Libre à Londres de faire cavalier seul avec Belgrade si elle le souhaite : si on ne l’aide pas, il n’aidera pas non plus.
Les actions du duo Lorković - Vokić, bien que parfaitement connues de l’AVNOJ, passent donc inaperçus de Londres ou de Marseille. Les comités d’action du HSS pro-allié (Akcionskih odbori) poursuivent leurs préparatifs, tandis que les représentants locaux des Alliés ne sont au courant de rien – quand ils ne ferment pas délibérément les yeux, sur instruction. Ainsi en est-il par exemple du major Williams Joe : ce Canadien d’origine yougoslave est depuis bientôt un an aux côtés des hommes de l’AVNOJ et c’est à présent un des plus ardents soutiens de Tito dans l’appareil militaire allié. Quitte à omettre certaines choses dans ses rapports déjà bien orientés…


6 avril
Pologne
Faute de mieux
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres), 08h00
– Le nouveau gouvernement Osóbka-Morawski – Mikołajczyk – Witos annonce officiellement le nom du remplaçant du général Sosnkowski. Le général Tadeusz Bór-Komorowski ayant refusé le poste, il s’agit… du général Stefan Rowecki, désormais en captivité suite à la capitulation du soulèvement de Varsovie ! Une tartufferie – les forces polonaises en exil sont désormais sans commandant. Dans les faits, ce seront donc les deux généraux de corps d’armée (Mieczysław Boruta-Spiechowicz et Władysław Anders) qui prendront en charge leurs grandes unités respectives, avec une certaine autonomie et en plus ou moins bonne intelligence avec les chefs des formations auxquelles elles s’intègrent.

Les Balkans compliqués
Machinations serbo-croates
Palais Blanc, Belgrade
– Le cabinet militaire du Roi parachève enfin les… modalités techniques du plan qu’on prévoit de proposer à Zagreb, si d’aventure l’OSS acceptait de donner sa caution à l’affaire – mais ça, c’est l’affaire de Momčilo Ninčić.
Les militaires yougoslaves se veulent raisonnablement optimistes, eu égard au déroulement favorables des opérations sur le terrain – après tout, ce n’est pas l’armée royale qui devra courir des risques. Sitôt la déclaration de “neutralité” du NDH proclamée à la face du monde, le retournement croate sera acté en pratique, avec l’approbation officielle – bien qu’apparemment réticente – de Belgrade. Les forces armées du Monténégro devront quitter leurs positions face aux troupes alliées – heureusement d’un attentisme affligeant – pour remonter le nord-ouest affronter les SS. L’adversaire sera certes affaibli par ses combats contre les Rouges et par les attaques aériennes, mais vraisemblablement encore coriace. Il est donc douteux que les futures forces “cobelligérantes” – qui semblent plutôt anémiées – puissent les vaincre définitivement à elles seules, quand bien même il est désormais certain que peu de soldats du NDH soutiennent encore vraiment Berlin. L’objectif sera donc la ligne Sarajevo-Mostar, peut-être Zenica-Split si d’aventure l’Axe évacuait précipitamment la Bosnie.
Dans ces conditions, les cinq divisions du Monténégro (soit l’essentiel de l’armée régulière croate) seront coupées de leurs bases – personnes n’envisage sérieusement de les renvoyer à Zagreb avant un certain temps. Pour sécuriser leurs approvisionnements, il conviendra donc de coupler leur redéploiement avec une offensive des corps-francs yougoslaves dans la région de Goražde, sous le commandement du major Jezdimir Dangić. Le général croate Mihajlo Lukić servira d’agent de liaison. L’homme est des deux côtés de la barrière – son grade servira donc aussi bien avec les Serbes qu’avec les Croates (comme cela n’aurait jamais dû cesser d’être le cas). Ceci dans l’attente, évidemment, d’une action plus décisive du 1er CA (Y) du général Brasic vers Vlasenica, destinée à rétablir la liaison directe Belgrade-Sarajevo. Car on espère bien que les circonstances conduiront au transfert du 1er CA (Y) de Voïvodine en Bosnie. Dans l’attente, l’intéressé a reçu pour une fois l’ordre d’économiser ses forces lors de la ridicule opération de diversion que cet odieux Montgomery lui a confiée.
Reste le cas particulier et… délicat du Kroatian Legion Armee Korps (Vojni korpus hrvatske legije). Il est improbable que cette formation bascule spontanément – non qu’elle soit fanatiquement pro-allemande, mais elle est noyautée par des officiers bien trop fidèles à Pavelic, Ivo Herenčić et Marko Mesić notamment. Les royalistes n’ont que peu de forces dans la région et il est douteux que les Polonais se jettent sur les légionnaires pour les beaux yeux de Belgrade… Il va donc falloir ruser – contact a été pris avec le colonel-major Ivan Babić, qui commande un des régiments de la Division du Diable et qui a partie liée avec la Garde nationale de Vokić. Charge à lui de neutraliser ses chefs, avec l’appui ostensible des collaborateurs monténégrins ni Verts, ni SS de Mihailo Ivanović. Certes, ces derniers ne représentent rien en termes militaires, mais sur le plan politique, en tant qu’anciens partenaires des Italiens, ils pourraient peut-être pousser les Alliés à agir.
Donc… Si tout se passe bien, les SS seront repoussés au-delà de la ligne Sarajevo-Mostar et les forces croates, devenues cobelligérantes, seront rejointes par les armées alliées et les forces serbes. Ensuite, tout le pays sera libéré des racailles fasciste et communiste. La première fuira sans doute, la seconde devra être éliminée – les Allemands auront bien commencé le travail. De toute façon, cela ne concerne nullement Anglais, Français, Polonais, Tchèques et autres, qui n’auront qu’à poursuivre vers l’Autriche, vu que c’est ce qui intéresse leur chef. Ensuite ? La ligne Sarajevo-Mostar pourrait bien devenir la future démarcation entre la nouvelle province de Croatie et le bloc Monténégro-Serbie-Macédoine. Puis on verra à solder les comptes…
Militairement, vu la faiblesse de l’Axe dans la région, cela peut marcher. L’idée qui sous-tend ce plan est de faire surgir le pouvoir royal des ruines de ses adversaires entretués, pour revendiquer le retour à l’ordre ancien. Mais le projet des frères Knežević a une faille – il considère que les forces croates, les forces allemandes et les forces alliées se comporteront toutes comme prévu – les premières en se ralliant, les secondes en subissant et les troisièmes en fournissant l’essentiel des efforts. Et toute évolution majeure dans la région le rendra très vite caduc…


7 avril
Pologne
Lendemains qui chantent
Région de Lublin
– Les autorités soviétiques multiplient les sorties, remises de décorations et événements commémoratifs avec leurs nouveaux amis polonais. Les banderoles « L’Union soviétique et la Pologne, ensemble pour l’éternité ! » fleurissent avec le printemps sur les façades des immeubles, à égalité avec les pavois rouges ou rouge et blanc.
Les journalistes occidentaux – et notamment américains – sont ravis, bien sûr, d’avoir de si belles histoires à raconter. Et parmi eux, notamment, Walter Graebner (Time et Life), visiblement très intéressé aussi par les combattantes soviétiques, au point qu’on pourrait sans doute parler de crise de donjuanisme… Ainsi, face à celles qu’il imaginait peut-être auparavant comme des Kolkhozniki rugueuses et sales, il note : « Physiquement, elles étaient supérieures sur tous les points à toutes les femmes que j’ai rencontrées depuis que j’ai quitté l’Amérique (9). Elles étaient des exemples parfaits de grande forme [fitness] – robustes, droites, les yeux vifs, avec des cheveux sains et une peau de pêche claire. Elles marchaient avec la ferme détermination des athlètes… Quelques-unes portaient du rouge à lèvres. »
Pendant ce temps, le Lt-colonel Jan Mazurkiewicz “Radosław” se rétablit de sa blessure. Evidemment, il parle beaucoup, à qui veut bien l’entendre, des exploits de son groupe dans les cimetières de Wola et d’Ochota, face à des forces allemandes très supérieures en nombre et qu’ils ont pourtant tenues en respect six jours durant sous la mitraille. Mazurkiewicz est un pragmatique : il a déjà annoncé qu’il était prêt à collaborer avec les nouvelles autorités, actant le fait que la résistance était devenue – selon ses propres termes – « inutile ». Un bel atout donc, pour les troupes de Stanislav Poplavsky. Justement, un peu plus loin, on remet leurs aigles aux nouvelles recrues de la 1ère Armée polonaise – elles décoreront fièrement les kurica de la nouvelle formation !
Tout est bien qui finit bien.


Notes
8- La majorité de ses soldats devaient connaître une triste fin : devenus à leur tour des « soldats maudits », très peu retournèrent en Pologne – et la plupart de ce qui s’y risquèrent durent quitter à nouveau très vite leur pays, tant qu’ils le pouvaient encore.
9- L’histoire ne dit pas par où Graebner est passé…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 12:46    Sujet du message: Répondre en citant

Appendice 1
Pologne
Le destin d’un « général maudit »


Après sa démission du gouvernement en exil, le général Kazimierz Sosnkowski, désormais sans affectation, partit rejoindre ses belles-filles, qui fréquentaient alors le Loyola College de Toronto. Les autorités polonaises se contentèrent d’abord de lui demander d’observer la réserve qui sied aux militaires, avant de l’affronter avec virulence devant l’hostilité croissante de ses prises de position. En butte à des attaques toujours plus violentes et ostracisé par de nombreux pays à la demande de Varsovie, Sosnkowski resta longtemps au Canada – et ce d’autant plus que tous les pays susceptibles de l’accueillir (sauf la France) lui refusaient le moindre visa. Devenu propriétaire-exploitant d’une ferme à Arundel, au nord de Montréal (il faut bien vivre !), il se rappela au bon souvenir de tous dès le tout début des années 50 par plusieurs articles de presse ou conférences organisées par la diaspora polonaise et chaque fois ponctuées de vigoureuses critiques de la Pologne communiste.
A l’évidence, le général n’avait pas oublié ses galons… En 1952, approché par les opposants au gouvernement de Varsovie les plus actifs (dont le général Anders et l’évêque Józef Gawlina), il parraine, avec son considérable prestige, une tentative de formation d’un nouveau gouvernement par la plupart des partis en exil, opération baptisée « Troisième Pacte d’Unification ». Il était supposé le présider ; cependant, des manœuvres d’appareil et des ambitions personnelles assez pathétiques finirent par avoir raison du projet – ainsi que de sa motivation personnelle.
Cantonné par la suite à des déclarations prédisant une inévitable confrontation Est-Ouest, il se retire de la vie publique en 1958, souffrant de troubles cardio-vasculaires sévères. Il décède chez lui, au Canada – ses cendres sont alors transférées selon ses vœux dans l’église parisienne Saint-Pierre-Stanislas, la plus proche que l’on ait pu trouver de la Pologne, dans l’attente d’un très hypothétique transfert. Ce fut pourtant le cas en 1992…
Le général repose désormais dans la basilique Saint-Jean-Baptiste de Varsovie, avec ses 35 (!) décorations. Ses contemporains parleront de lui comme de « l’un des plus grands esprits de tout le pays », amateur de littérature (il maîtrisait six langues vivantes et deux mortes), et apprécient aussi les échecs, la chasse et le football. Mais certains ajouteront qu’il avait « l'intellect d’un statisticien plutôt que d’un chef (...) ; ses évaluations manquaient généralement d’une conclusion indiquant une ligne de conduite fermement et clairement définie. » De fait, Sosnkowski pouvait délibérer pendant des heures sur la question de savoir si on devait faire venir à Londres un orchestre écossais pour une cérémonie… Ce qui lui avait valu dans les cercles d’exilés le surnom d’Hamlet ou, plus méchamment, de Pierrot.
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Etienne



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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 13:26    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le général repose désormais dans la basilique Saint-Jean-Baptiste de Varsovie, avec ses 35 (!) décorations. Ses contemporains parleront de lui comme de « l’un des plus grands esprits de tout le pays », amateur de littérature (il maîtrisait six langues vivantes et deux mortes), et apprécient aussi les échecs, la chasse et le football


appréciant?
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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 13:30    Sujet du message: Répondre en citant

Ce dernier paragraphe alterne le présent, le passé simple et l'imparfait. C'est voulu ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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John92



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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 13:36    Sujet du message: Répondre en citant

...
L’annonce de l’arbitrage rendu au château de Lublin a eu l’effet que beaucoup attendaient. Non pas que le groupe des exilés puisse vraiment d’offrir (s'offir?) le luxe de rejeter cet accord…
...
Dans la nuit, il reçoit une invitation – enfin, plutôt une convocation : il doit se rendre demain matin, à la première heure, dans le bureau du président Mikołajczyk.
5 avril
Pologne
Un général perdu… aucun de retrouvé
Siège du gouvernement polonais en exil (Eaton Place, Londres), 08h00
– Le général Sosnkowski est introduit auprès du président Raczkiewicz (2 présidents?? j'ai sans doute raté quelque chose).
...
Les actions du duo Lorković - Vokić, bien que parfaitement connues de l’AVNOJ, passent donc inaperçus (les actions donc inaperçues non?) de Londres ou de Marseille.
...
Les militaires yougoslaves se veulent raisonnablement optimistes, eu égard au déroulement favorables (favorable?) des opérations sur le terrain – après tout, ce n’est pas l’armée royale qui devra courir des risques.
...
Le général croate Mihajlo Lukić servira d’agent de liaison. L’homme est des deux côtés de la barrière – son grade servira donc aussi bien avec les Serbes qu’avec les Croates (comme cela n’aurait jamais dû cesser d’être le cas). Ceci dans l’attente, évidemment, d’une action plus décisive du 1er CA (Y) du général Brasic vers Vlasenica, destinée à rétablir la liaison directe Belgrade-Sarajevo.
...
Puis on verra à solder les comptes (verra comment solder les comptes? ou veillera à solder les comptes?)
...
8- La majorité de ses soldats devaient connaître une triste fin : devenus à leur tour des « soldats maudits », très peu retournèrent en Pologne – et la plupart de ce (ceux?) qui s’y risquèrent durent quitter à nouveau très vite leur pays, tant qu’ils le pouvaient encore.

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 13:55    Sujet du message: Répondre en citant

En effet, le président est Raczkiewicz, l'autre est vice-président.
Merci pour les autres mentions - mais "voir à" est un synonyme un peu vieilli de "veiller à".
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Casus Frankie

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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 14:04    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
En effet, le président est Raczkiewicz, l'autre est vice-président.
Merci pour les autres mentions - mais "voir à" est un synonyme un peu vieilli de "veiller à".

Faut dire que John92 notamment fait un sacré travail de relecture.
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MessagePosté le: Ven Avr 08, 2022 16:26    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
président Mikołajczyk


Erreur factuelle, en effet. A corriger.

Veillot, moi ????? Evil or Very Mad Evil or Very Mad Evil or Very Mad Evil or Very Mad Evil or Very Mad Evil or Very Mad
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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