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Asie-Pacifique, Mai 1944
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 13:19    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
– Imbécile de Kujo… Pourquoi faut-il toujours que tu te mettes dans des situations impossibles ? A cause de toi, je suis toujours en train de m’inquiéter. Espèce d’idiot !

La plus tsundere des Françaises Laughing
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 13:20    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Et en matière d'horreur, l'Indo vaut bien la Yougo.


Certes ! C'est pour ça que j'ai écrit "entre deux horreurs balkaniques (et pas seulement…)"
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Casus Frankie

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Alias



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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 14:27    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
le cargo, hier encore flambant neuf


… devient flambé neuf. Smile

Sinon, pour les sangsues, je suppose qu'elles ont plutôt tendance à fréquenter les eaux calmes, pas les eaux vives comme celles d'une rivière.
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John92



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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 14:43    Sujet du message: Répondre en citant

...
À vol d’oiseau, That Khé est à de( à supprimer ?) près de vingt kilomètres de Coc Xa. Toutefois, les premières positions tenues par l’Armée Impériale sont les cotes 608 et 703, qui ne sont qu’à la moitié de cette distance. Sur un terrain moins accidenté, voilà une balade que l’on peut boucler en moins de deux heures. Epuisés et chargés de blessés, sur un terrain tout sauf favorable à la marche, les Japonais ne parcourent même pas un demi-kilomètre par heure. Dans l’obscurité, les soldats préfèrent marcher au milieu des cours d’eau, ce (à ajouter ??? ) qui évitent de s’égarer. Bien qu’ayant entre quatre à cinq mètres de large, les ruisseaux leur arrivent juste au niveau de la cheville, au pire du genou. Mais patauger transforme leur déplacement en un de ces cauchemars où l’on marche (progresse ?) au ralenti.
...
La cote 533 doit se trouve ( trouver ?) juste derrière lui, sur la gauche
...
Tous se raidissent dans la crainte d’une embuscade, mais aucun bruit anormal ne trouble la nuit, en dehors de coups de feu provenant du nord, où la bataille qui (à supprimer ?) continue autour de la garnison de Cao Bang, encerclée par les légionnaires du 1er REP.
...
Une patrouille a éliminé quelques Japonais qui s’étaient retranchés dans des paillottes, mais sinon la journée s’était résumée à une longue attente.
Les hommes rongent leur frein depuis la veille. Ils ont suivi au son les violents combats de Coc Xa sans intervenir, car leurs ordres sont stricts : faire le maximum de prisonniers japonais. Mais une journée entière sous la pluie n’a guère arrangé le moral des Tahitiens impatients.
...
Les fusils sont posés à plat sur le sol, le doigt n’est pas posé sur la queue de (à ajouter-pour éviter que les puristes hurlent au loup, mais on a évité la gachette )détente mais sur le pontet, pour éviter un départ de coup intempestif.
...
Le reste du groupe s’est replié sur l’autre rive. Pas le choix, il faut escalader la berge abrupte et essayer de contourner l’ennemi.
En contrebas, les combats connaissent un regain de violence. Un nouveau groupe de survivants vient d’entrer dans la zone de feu des Français – c’est le peloton mené par le major Shimizu.
...
Il porte gravement la main à son béret et sort un carnet de sa poche pour l’approcher d’une lampe à pétrole : « Comme (Comment ?) puis-je écrire ça ? »
Sans comprendre le pourquoi de cette demande, Kujo répond docilement. Le capitaine opine du chef à chaque lettre, puis referme le carnet.
– Parfait.
Le capitaine se tourne vers deux des soldats : « Conduisez-le au colonel Giap. »
...
Heureusement, une ration K, du thé, du riz, du pain, de la confiture et surtout trois barres Logan lui ont donné l’énergie de repartir (pour une meilleure lisibilité ) [L’un des éléments essentiels de l’alimentation des soldats occidentaux en Birmanie, Chine et Indochine. Les parachutages ajoutent parfois un peu de singe. Les barres Logan (ou rations D) sont trois barres de chocolat de 4 onces qui s’ajoutent parfois au contenu de la ration K. Après l’équipée birmane des raiders de Wingate, la ration K a évolué et son contenu est plus calorique et surtout plus consommable (ration K dite “moral”).] lui ont donné l’énergie de repartir.
...
La résistance de l’huis (le huis – suggestion du correcteur automatique word, mais j’ai un doute ) céda comme par magie. Victoire Dubois jeta vers l’officier un regard incrédule : « Celles que… j’attendais ? »
...
Chez les Japonais, l’alerte a été donnée et une patrouille tombe sur le quatuor (il faudrait expliquer d’où provient ce quatuor. Ca tombe un peu comme un cheveu dans la soupe) à hauteur de Medan.
...
A l’immersion périscopique, le pétrolier [i]Tonan Maru n°2
est identifié, ainsi que son escorte, un chasseur de sous-marins de classe Otori. Le submersible lance deux torpilles, dont une touche le pétrolier (tanker ? ), qui s’obstine à rester à flot.
...
Banzai, Dix (dix ??? ) mille années de vie pour l’empereur !
...
La religion peut transformer des humains en armes intelligentes prêtes à tout pour aller en (au ??) paradis en piétinant les corps de leurs victimes.
Erik Bergström est Suédois. Ce grand gaillard blond ne pourrait être né plus loin de ce conflit (cette guerre ? ). Soldat professionnel du royaume de Suède, son désir de ne pas rester neutre dans le conflit qui embrasait l’Europe l’a étrangement conduit à s’en éloigner.
...
Seule la casemate est encore debout. Autour, les cadavres ne sont pas moins nombreux mais bon nombre portent l’uniforme fourni à ses alliés par l’Oncle Sam. Parmi les survivants, si certains crient de joie, d’autres appellent les brancardiers à l’aide.
Le lieutenant Simonov relance ses hommes à l’assaut de la butte suivante . Erik lui en sait gré, les cris (hurlements ? ) d’un jeune homme qui se tordait au sol, les mains sur la bouillie qui avait été son visage, menaçaient de lui faire rendre son petit déjeuner.
La butte suivante est moins élevée.
...
Eux, ils ont compris et le transpercent de leur baïonnette. Les légionnaires comprennent pensent (un en trop ? ) que l’homme demandait à être achevé.
...
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Anaxagore



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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 15:30    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
Bien qu’ayant entre quatre à cinq mètres de large, les ruisseaux leur arrivent juste au niveau de la cheville, au pire du genou. Mais patauger transforme leur déplacement en un de ces cauchemars où l’on marche au ralenti.


Y a pas des sangsues ici ?

Et en matière d'horreur, l'Indo vaut bien la Yougo.


Les sangsues pleuvent même des arbres et il y a 50 espèces de serpents mortels, dont le serpent minute... son nom est explicite, son venin tue en une minute.
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Nov 04, 2022 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Dans l’obscurité, les soldats préfèrent marcher au milieu des cours d’eau, ce (à ajouter ??? ) qui évitent de s’égarer.

...
Heureusement, une ration K, du thé, du riz, du pain, de la confiture et surtout trois barres Logan lui ont donné l’énergie de repartir (pour une meilleure lisibilité ) [L’un des éléments essentiels de l’alimentation des soldats occidentaux en Birmanie, Chine et Indochine. Les parachutages ajoutent parfois un peu de singe. Les barres Logan (ou rations D) sont trois barres de chocolat de 4 onces qui s’ajoutent parfois au contenu de la ration K. Après l’équipée birmane des raiders de Wingate, la ration K a évolué et son contenu est plus calorique et surtout plus consommable (ration K dite “moral”).] lui ont donné l’énergie de repartir.
...
La résistance de l’huis (le huis – suggestion du correcteur automatique word, mais j’ai un doute ) céda comme par magie.


Merci ! Trois "mais" :
1) Ce sont bien les cours d'eau qui évitent (au pluriel).
2) Souvent, quand il n'y a qu'une seule note de bas de page, je la place dans le courant du texte, en bleu foncé et entre crochets. Mais dans mon original et dans les archives, la note est bien en bas de page.
3) L'huis, absolument.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

29 mai
Campagne de Malaisie
Opération Stoker
Banda Aceh
– Tandis que les Mitchell basés à Car Nicobar opèrent sous la seule protection des P-40 du 90th FS, les deux autres Fighter Squadrons du 80th FG poussent un peu plus loin le long de la côte, dans l’espoir d’attirer les chasseurs ennemis. Ce qui ne manque pas d’arriver et le combat s’engage à l’est de Lhokseumawe. Cependant, l’écart est de plus en plus flagrant entre des Américains qui profitent de la puissance du P-47 en altitude et des Japonais dont les quelques pilotes chevronnés ne peuvent suppléer à l’inexpérience des nombreux novices. Le score est sans appel : sept Oscar sont abattus contre deux Jug seulement.

Renforts et retour
Great Nicobar Island
– Les premiers Spitfire VIII du Sqn 152 se posent sur la piste de Campbell Bay, qui a été agrandie et mise aux normes pour en faire une véritable base. Port Blair garde pour sa défense locale le seul Sqn 132 sur Spitfire V et le détachement de Beaufighter NF du Sqn 176, ce qui est largement suffisant pour contrer les rares reconnaissances ou incursions de nuisance au-dessus de l’archipel.
………
Darwin – Le croiseur HMS Fiji rentre au port. Il revient de Diego-Suarez, arsenal un peu sous-employé ces temps-ci (et loin des possibles nuisances japonaises), où il était allé se faire réparer après les dégâts subis le 25 avril. Le Fiji remplacera au sein de la TF-117 le HMS Newcastle, lui-même affecté à la TF 57.1.

Campagne d’Indochine
Bataille de la RC-4
Cote 477, au sud-est de Cao-Bang
– Même si FM et tireurs isolés continuent à harceler les Japonais encerclés dans la vallée de Quang Liet, il s’agit de la nuit la moins agitée depuis le début de la bataille de la RC-4. Les Vietnamiens sont épuisés et manquent de munitions, tandis que les Japonais ne ripostent pas. Pourtant l’obscurité cache un drame qui ne sera révélé qu’après la bataille. Le lieutenant-colonel Murasaki met fin à ses jours. Il donne cependant un dernier ordre, à exécuter aux premiers rayons du soleil levant…
………
Les rayons écarlates franchissent les montagnes à l’est. C’est un jour sanglant qui se lève. Les “banzaï” qui résonnent ne laissent aucun doute sur ce qui est en train de se déclencher. Tout le monde craignait ce moment et les sentinelles du 1er REP réagissent vite. Les points d’appui se transforment en fourmilières. D’un bond, les hommes se précipitent vers les barricades et les tranchées. Mitrailleuses, FM, mortiers sont mis en batterie.
Ils arrivent ! Vêtus de loques, titubant sous l’effet de la fatigue et de la dénutrition, beaucoup n’ont plus de munitions et c’est à l’arme blanche qu’ils comptent livrer combat. Pour vaincre ? Non, les soldats de l’Empire du Soleil ne se font plus d’illusions, mais pour tomber dans l’honneur.
Soudain, les premières armes se mettent à tirer. Les approvisionneurs changent les bandes des mitrailleuses et les chargeurs des FM aussi vite qu’ils le peuvent, les armes automatiques les engloutissent goulument pour les recracher comme des frelons rageurs. Les mortiers tonnent. Le bruit métallique d’éjection si caractéristique des fusils Garand résonne de manière continue.
Puis, aussi brusquement que cela avait débuté, le silence revient, à peine interrompu par quelques tirs retardataires. Devant les lignes françaises, le paysage est dévasté par des cratères d’obus, la végétation est hachée par la mitraille. L’âcre odeur de la poudre prend à la gorge et irrite les yeux. Des gémissements s’élèvent ici et là… quelques Japonais vivent encore. Aucun n’a atteint les positions des légionnaires.
Les hommes hébétés qui regardent ce carnage ne peuvent retenir un frisson d’effroi. Il n’y a pas eu d’affrontement. Ils ont été un peloton d’exécution d’une taille inusitée chargé d’exécuter des condamnés à mort.
Le reste de la journée est paisible. Il ne reste plus que quelques poignées de Japonais qui se terrent dans les collines. La dernière résistance organisée est celle de la garnison de That Khé, renforcée par tous ceux qui ont réussi à la rejoindre. Les deux camps se préparent pour le dernier combat.
………
Dien-Bien-Phu – Les Lockheed L-18 Lodestar de la Force Publique Belge (Escadrille 3B, transport) sont souvent utilisés comme ambulance volante. Capable de se poser sur un bout de terrain à peine aménagé et de décoller d’un mouchoir de poche, cet avion s’est fait une réputation en passe de devenir une légende.
À peine l’avion a-t-il fait demi-tour pour se retrouver en début de piste que deux groupes se précipitent vers lui.
Les plus rapides sont les mécaniciens vietnamiens. Certains traînent un tuyau souple pour le ravitaillement en carburant, les autres ouvrent les trappes d’accès du moteur gauche. Le pilote, la tête hors du cockpit, s’est lancé dans une explication en franco-anglo-vietnamien (avec une exclamation flamande de temps en temps) pour l’équipe qui cherche à comprendre les raisons de l’échauffement anormal du Pratt & Whittney R-1830 Twin Wasp.
Un autre groupe avait ouvert la porte d’accès arrière. Deux par deux, les hommes entrent dans l’appareil, pour ressortir chargés d’un brancard. La plupart des blessés sont des Français – disons des Européens. En dépit de l’alliance avec le Vietminh, il y a encore une nette inégalité de traitement dans certaines situations. Mais il y a quelques Viets et surtout, deux ou trois Japonais ! L’ordre de capturer un maximum de Japonais vivants a été bien reçu (sinon bien accueilli) et cela veut dire qu’il faut sauver le plus possible de ceux qui ont été pris… encore vivants.
Un médecin court d’un brancard à l’autre et sépare les blessés en deux groupes : ceux qui doivent être opérés en priorité et ceux qui peuvent attendre. Devant un homme en uniforme nippon, les yeux clos et le visage très pâle, il ne peut que secouer la tête : « Pour lui, c’est fini. » C’est le premier d’un troisième groupe, plus restreint – celui des cas désespérés, qu’il serait insensé de passer des heures à opérer sans grand espoir de les sauver, alors que l’on pourrait pendant ce temps en soigner plusieurs autres ayant bien plus de chances de s’en sortir.
« Une fois les derniers brancards des blessés de la bataille de la RC-4 extraits du Lodestar, une silhouette solitaire descendit l’échelle de fer et s’immobilisa. Son uniforme sale et déchiré était celui de l’armée japonaise. Maigre, le visage creusé envahi d’une barbe rase, le jeune homme releva la visière de sa casquette à couvre-nuque pour regarder autour de lui avec une certaine perplexité. Alors c’était ça, “Épervier” ?
Sous un ciel gris qui dégoulinait d’une pluie molle, l’activité était fébrile, où qu’il tournât la tête. Des Vietnamiens qui s’empressaient de charger le Lodestar qu’il venait de quitter le bousculèrent. L’air était imprégné d’un mélange d’odeurs – essence d’aviation, produits désinfectants, mais surtout sang, boue, la crasse et poudre, dont chaque vêtement, chaque corps était imprégné. Kazuya Kujo était seul au milieu de tout ces gens qui étaient… ses ennemis. Il avait imaginé de bien des façons son arrivée en ces lieux. Mais tous avaient en commun que des gardes l’attendent au pied de l’avion.
Qu’est-ce qu’il était censé faire ? Héler le premier venu : « Excusez-moi, Monsieur, pourriez-vous m’indiquer où vous emmenez vos prisonniers d’habitude ? » Ridicule… D’ailleurs, toute cette histoire était ridicule. Pourquoi l’avait-on conduit ici en priorité ? Alors que la moindre place dans ces avions était réservée aux blessés les plus graves, on lui en avait attribué une. Pourquoi lui ? Il se posait la question depuis son premier interrogatoire. Apparemment, les soldats français avaient reçu pour consigne de capturer un caporal parlant français qui s’appelait Kazuya Kujo. L’avait-on confondu avec quelqu’un d’autre ?
Le ciel était toujours gris mais les nuages tourbillonnaient à présent sous l’effet du vent. La pluie avait cessé de tomber. Kujo secoua sa casquette pour chasser les gouttes qui s’accrochaient à la visière et s’arrêta en entendant un son étrange. Un hoquet ! Quelqu’un reprenait son souffle bruyamment. Il se retourna pour découvrir une infirmière abritée derrière une ombrelle brodée de tulle noir. L’ombre de son parapluie effaçait son visage, mais sa silhouette fit bondir le cœur de Kujo de surprise et de joie incrédule. Finalement, il y avait bien quelqu’un qui l’attendait, sauf que ce n’était pas des gardes.
– Tu es en retard, shinigami du printemps.
La voix tremblait, fragile, étranglée.
Lentement, Kujo s’approcha, tandis que la jeune fille laissait tomber son ombrelle. Levant les deux mains, il la dépouilla de sa coiffe, caressant les longs cheveux blonds qui, soudain libérés, cascadèrent jusqu’au creux de ses reins.
– Je t’assure que j’ai fait aussi vite que j’ai pu, Victoire.
Les larmes qui s’accrochaient aux cils de l’infirmière roulèrent sur ses joues, où les doigts de Kujo vinrent les essuyer.
– Tu as toujours été avec moi.
Kujo tira la chaîne autour de son cou, montrant l’anneau et son rubis. Victoire eut un même geste, montrant la pièce d’or suspendue en médaillon.
– Tu as marché chaque jour avec moi.
La jeune fille blonde prit la main du soldat japonais. Victoire se mit à marcher et Kujo suivit. Il ne posa pas de question. N’importe quelle direction lui convenait tant qu’il serrait ces doigts dans les siens et que ces beaux yeux se fixaient sur lui. Il touchait au terme de son odyssée.
Dans le ciel, les nuages se déchirèrent, laissant filtrer vers le sol une splendeur dorée. Les flaques d’eau boueuse se transformèrent en éblouissants miroirs baignés de cet éclat céleste. Dans leur univers propre, Victoire et Kujo n’y prêtèrent aucune attention.
Pourtant, autour d’eux, le silence se fit tandis que les regards convergeaient. Les coolies oublièrent leur charge. Les blessés cessèrent de gémir. Les soldats s’immobilisèrent. Tous regardaient ce couple, cette fille dont les cheveux baignés de soleil s’étaient métamorphosés en or et ce soldat sale et serein. Ils marchaient comme si toute cette féerie n’existait que pour eux.
Dans cet instant de pure magie, même la guerre disparut. Un sentiment étrange saisit chacun. Une joie profonde et sereine, mais non dénuée de tristesse. Ce que l’on éprouvait après un long et difficile voyage, quand on rentrait enfin à la maison. »

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go
Province du Henan (Kogo)
– La tenaille japonaise se referme dans le Henan : seule une cinquantaine de kilomètres sépare à présent les avant-gardes des 40e et 116e Divisions, qui progressent rapidement le long de la voie ferrée Zhengzhou-Wuhan. Les 3e et 15e Divisions, cheminant par de mauvaises routes, avancent plus lentement, mais la distance qui les sépare de Nanyang diminue inexorablement.
………
Province du Jiangxi (Togo-1) – La 34e Division, soutenue par cinq Ki-51 du 1er Hikoshidan venus de Wuhan, lance un nouvel assaut de la ligne Jiugong, sans parvenir à percer. Contrairement à leur habitude, les Japonais ne s’acharnent pas : lorsque les pertes commencent à s’accumuler, ils reculent en protégeant leur retraite par un barrage d’artillerie. En effet, le lieutenant-général Takeo Ban a pour ordre de ne pas se montrer trop dispendieux en hommes pour ce qui n’est en fin de compte qu’une diversion. Au cours de la nuit, les batteries japonaises continuent de tirer sporadiquement sur les lignes chinoises pour donner le change.
………
Vallée de la Rivière des Perles (Togo-2) – Après de violents combats, la 23e Armée japonaise parvient à chasser les Chinois de Shenzhen, mais se voit clouée sur place par l’artillerie et l’aviation alliées dès qu’elle s’aventure en terrain découvert au nord de la ville. Les B-25 en version nez-plein se montrent particulièrement efficaces dans ce rôle.


30 mai
Campagne de Malaisie
Dumai
– Le port pétrolier est pour la deuxième fois en trois jours la cible des bombardiers alliés. Il s’agit cette fois d’un raid nocturne mené par les Halifax des Sqn 544 et 624 et les Wellington des Sqn 215 et 1 (BVAS). Au sol, les dégâts sont lourds. Dans l’esprit de l’état-major japonais, ces récents raids à répétition sur ce secteur jusqu’alors tranquille témoignent d’un intérêt qu’il faut contrer. Ordre est donné au Chutai I du 87e Sentai de se rebaser sur l’aérodrome au sud de la ville, libérant ainsi le détachement du 24e Sentai qui va pouvoir se redéployer au nord.

Renforts
Ile Christmas
– Une prise d’arme organisée sous l’œil amusé de la population locale réunit Australiens et Français pour célébrer l’arrivée d’éléments de la flottille 23F, sur PBY Catalina. Opérant auparavant en mer Egée et en Adriatique, cette flottille a été redéployée dans l’océan Indien, aux îles Cocos et Christmas, en raison de la disparition de la menace sous-marine en Méditerranée. Elle opèrera en couverture des mouvements navals entre l’Australie et l’Inde.

Opération Cornwall
Espiritu Santo
– Depuis vingt-quatre heures, avions et navires s’affairent de tous côtés pour couvrir la sortie du dock flottant ABSD-1 du HMS Duke of York. Aujourd’hui, ce dernier appareille, avec une escorte composée d’unités de l’ABDAF : CL de commandement MN Jeanne d’Arc, CL HrMS Sumatra, DD HrMs Tjerk Hiddes, Van Galen, Van Ghent et Witte de With. Il y a un bon bout de temps que l’on n’a plus vu de submersible japonais dans le secteur, mais sait-on jamais ! Le cap est mis à l’ouest, le long du 15e parallèle sud.

Campagne d’Indochine
Bataille de la RC-4
That Khé (au sud-est de Cao Bang, Tonkin)
– Les observateurs d’artillerie sont postés sur les cotes 703 et 608. Installés depuis la veille, ils coordonnent les tirs du 4e RAC en direction de la citadelle de That Khê. Ces tirs préparent l’intervention qui va conclure la bataille de la RC-4. Une partie du TD 174 montera à l’assaut, soutenu par le 1er RIMP et par le groupement Cazin [Formé autour des restes du 11e Régiment d’Infanterie Coloniale par l’agglomération des survivants d’autres formations, le tout sous le commandement par le général Cazin.].
L’avantage est très clairement en faveur des assaillants. Les défenseurs se résument à une garnison squelettique, une compagnie d’infanterie du 215e Régiment, son artillerie et moins d’une cinquantaine de survivants d’autres unités.
En dépit du temps, toujours couvert, l’aviation a lancé plusieurs raids la veille pour détruire les pièces adverses de manière à mettre fin aux tirs de contre-batterie contre le 4e RAC. Au matin du 30 mai, on peut considérer que c’est chose faite.
L’attaque commence par des tirs visant les bunkers japonais à l’entrée nord de la ville. Ces tirs, accompagnés de fumigènes, font diversion pour masquer la traversée de la Song Ky Kung, au nord de la ville par les soldats du groupement Cazin et au sud par le TD 174.
La suspension des tirs de 75 mm donne le signal de l’attaque du 1er RIMP. En pointe, la 2e Cie est emmenée par la section du lieutenant Hervé. Mais les casemates japonaises ont bien résisté aux obus français – ce qui n’étonne d’ailleurs pas les vétérans du RIMP. Quand un FM aboie, ils se dispersent tout en tâchant de repérer l’origine des tirs. Ceux-ci viennent d’un blockhaus de bois et de terre. A travers des écharpes de fumée, on distingue à peine le créneau mais les flammes des tirs sont bien visibles. La section lourde riposte, moins pour faire taire les défenseurs que pour les tenir occupés. Elle masque ainsi l’avance de la section du lieutenant Favreau. Deux soldats se glissent jusqu’au blockhaus et lancent des grenades par une meurtrière. L’explosion est étouffée par le coffrage en troncs, mais le silence se fait, la voie est libre de ce côté.
Au sud de That Khé, un cri formidable retentit : « Su tu do ! » (Liberté), puis un autre : « Doc lap ! » (Indépendance). Les Vietnamiens chargent vers les tranchées, ils sont trop nombreux pour que les fusils et les FM japonais puissent seulement les ralentir. Des hommes sont fauchés, mais bien plus atteignent les retranchements en hurlant des bribes de slogan. Ils se jettent sur les Nippons et les submergent en quelques minutes.
Au nord-ouest de That Khé, le pont sur la Song Ky Kung est assailli par les hommes du général Cazin. Les défenseurs n’ont que deux FM à opposer à une troupe très supérieure en nombre. Là aussi la résistance est rapidement jugulée.
Au bout d’une heure de bataille, les Vietnamiens du Hei Ho, ceux que les Vietminh traitent avec mépris de « Japonais locaux », commencent à se rendre. Ils sortent des décombres par groupes de deux ou trois, mains levées au-dessus de la tête.
A ce moment, l’affrontement est terminé. Il ne reste plus que quelques groupes isolés de Japonais. Cependant, comme à leur habitude, ceux-ci refusent de se rendre. Il faut le reste de la matinée pour les réduire à la grenade et au lance-flamme.
La bataille de la RC-4 s’achève par une déroute japonaise particulièrement humiliante.

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go
Province du Henan (Kogo)
– La 93e Division (général Lu Guoquan), qui a progressé à marche forcée en avant du gros de la 6e Armée, arrive à Nanyang. Sans avoir eu le temps de souffler, elle est immédiatement envoyée intercepter la 15e Division japonaise, qui n’est plus qu’à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, tandis que les restes de la 119e Division sont envoyés renforcer la 147e Division, elle aussi durement secouée, sur le flanc sud, face à la 3e Division japonaise.


31 mai
Campagne de Malaisie
Dans “l’entonnoir” du détroit de Malacca
– Pour confirmer les analyses (et les craintes) des Japonais, les Beaufighter et Beaufort des Sqn 60, 211 et 217 écument toute la journée le détroit, mouillant des mines ou mitraillant la moindre barque de pêche. Les réactions nippones se font principalement depuis la Malaisie, au nord, mais sans résultat probant, tant il est vrai qu’il est difficile pour les patrouilles au large de surprendre les raids adverses.

Renforts
Rangoon
– Un vrombissement se fait entendre sur les pistes de la capitale birmane. C’est un nouveau squadron de Halifax, le Sqn 458 (RAAF), qui arrive d’Europe. Si l’on ajoute les Mosquito éclaireurs du Sqn 45, le FE Bomber Command dispose maintenant de presque 100 bombardiers pour mener ses raids préparatoires à la future campagne de Malaisie.

Opération Cornwall
Mer de Corail
– Le Duke of York et sa cour filent vers l’ouest à grande vitesse. Le Captain Nicholl, qui commande le cuirassé, et son état-major ont la mine sombre : leurs Seigneuries ont donné pour escorte à leur navire des destroyers hollandais et un coordinateur français ! Sans doute, les officiers britanniques de l’ABDAF leur ont affirmé qu’ils pouvaient compter sur eux comme sur des vaisseaux de Sa Gracieuse Majesté, mais tout de même…

Campagne d’Indochine
Bataille de la RC-4

« La bataille de la RC-4, résultat de l’aveuglement et des contradictions de l’Armée Impériale.
L’Armée Impériale japonaise combattait de manière anachronique, espérant souvent vaincre d’abord par “le choc de l’infanterie”. Pour remporter la bataille, les officiers comptaient sur le courage collectif, glorifié par dessus tout, et sur la prétendue supériorité intrinsèque des Japonais sur les « colonialistes décadents ».
Comme beaucoup d’autres avant et après eux, les Japonais étaient restés coincés à l’époque de leurs plus grands succès militaires. Ils avaient vaincu l’armée du tsar en s’appuyant sur le courage collectif de l’infanterie, certes. Cependant, la Russie de 1905 était une nation industriellement en retard sur les autres puissances européennes et minée par les conflits intérieurs qui scelleraient son destin quelques dix ans plus tard. Puis, leurs victoires en Chine avaient accru au sein de l’état-major de l’Armée une arrogance qui confinait à l’aveuglement, et que les succès remportés au début de la Guerre du Pacifique avaient encore favorisée.
Les Japonais attendaient que leurs victoires terrifient leurs adversaires et les conduisent rapidement à s’humilier pour demander la paix. Car – bien sûr – les “colonialistes” étaient lâches ! Ce n’est que progressivement qu’ils durent admettre que les “colonialistes” continuaient à se battre, résistant et contre-attaquant partout où ils le pouvaient.
Par ailleurs, les contradictions politiques du Japon jouaient contre lui.
En Indochine, la population que les Japonais étaient venus “libérer” préférait encore ses anciens colonisateurs. Les nouveaux venus avaient laissé derrière eux un sillage de pillages, de viols et de massacres qui avaient terrifié les autochtones. Dans l’esprit des Japonais, leur violence devait annihiler tout esprit de résistance ; ainsi, le Japon pourrait sans difficulté créer son propre empire colonial en soumettant des nations vassalisées. Au lieu de cela, les peuples résistèrent, d’abord en secret ou dans les lieux les plus difficiles d’accès, puis de plus en plus ouvertement.
Les Japonais avaient tout misé sur la lâcheté supposée des colonisateurs comme des colonisés. Par la terreur, ils comptaient chasser les uns, soumettre les autres. Leur cruauté eut l’effet inverse, liguant contre eux ceux qui auraient dû se combattre.
De leur côté, Américains et Européens avaient appris au cours de la deuxième moitié du dix-neuvième siècle et surtout pendant la Première Guerre Mondiale que le facteur qui déterminait la victoire sur le champ de bataille était la puissance de feu, car « le feu tue ».
Puissance de feu contre courage collectif… Cette différence se répercutait des plus hauts niveaux jusqu’aux plus humbles. Les Japonais cherchaient à remporter la “bataille décisive” et ciblaient en priorité les navires de guerre pour briser l’outil militaire adverse, tout en massacrant les populations civiles pour annihiler leur volonté de se battre. Les Alliés livraient une guerre d’attrition, bombardant les installations industrielles et coulant les navires de commerce pour étouffer l’outil militaire adverse, sans épargner les populations civiles mais sans les viser spécifiquement. Tactiquement, les soldats japonais avaient des fusils et des grenades, alors que les Alliés cherchaient à disposer du plus possible d’armes automatiques et du soutien d’artillerie le plus puissant possible.
Japonais et Alliés combattaient sur les mêmes champs de bataille, mais sans livrer la même guerre. Les objectifs du camp d’en face leur étaient complètement étrangers.
La bataille (ou le désastre) de la RC-4, en mai 1944, fut l’un des derniers engagements de la campagne d’Indochine. Aussi appelée bataille de Cao-Bang (bien qu’il n’y ait eu aucun affrontement à Cao-Bang même) ou bataille de Dong Khé, elle marqua un important changement dans la mentalité des décideurs européens, car le plan allié reposait sur l’exploitation des failles de la mentalité des Japonais. Et il devait obtenir la déroute complète de l’Armée Impériale.
Cet affrontement est pourtant peu connu hors d’Indochine, si ce n’est en France. Dans le cadre de la campagne d’Indochine, sa place est pourtant à peine moins importante que celle de la célèbre bataille de Dien-Bien-Phu, considérée comme le tournant décisif de la guerre sur ce théâtre. Après la victoire défensive des Franco-Vietnamiens, les Japonais ne cesseront de perdre du terrain.
Mais la bataille de la RC-4 est une victoire offensive des Franco-Indochinois. C’est pourquoi elle est souvent considérée comme le dernier sursaut des envahisseurs, voire comme la marque de leur défaite finale. Pourtant, les Japonais résisteront encore plusieurs mois dans une poche adossée à la mer et comprenant Hanoi, Haiphong et une partie du delta du Fleuve Rouge.
………
Au départ, une bataille très médiatique
La bataille de la RC-4 ne peut être comprise sans évoquer les changements provoqués par la réussite de l’offensive du Têt. Fin janvier 1944, les Franco-Indochinois ont réussi à libérer le Laos et une partie de la Cochinchine, mais les grandes villes du Vietnam et tout le Cambodge sont encore aux mains des Occupants. En trois mois, le Cambodge et la moitié sud du Vietnam sont libérés. La perte de territoire se double d’une perte de prestige au moins équivalente. Pour des Japonais, perdre face à des paysans, pas même des soldats réguliers, est particulièrement humiliant.
C’est dans ce contexte que s’élabore le plan de campagne visant à chasser les Japonais des derniers territoires qu’ils contrôlent. Le premier objectif est de couper le nord du Vietnam de la Chine occupée en neutralisant les garnisons frontalières. La plus importante d’entre elle est Cao-Bang. La ville est défendue par une importante garnison et des fortifications de type Maginot saisies lors de l’invasion. Les premières tentatives échouent malgré un soutien des force aériennes alliées basées en Chine et en Birmanie. Les Franco-Indochinois ne peuvent tout simplement pas concentrer leurs meilleures unités sur ce seul objectif, d’autant qu’il faudrait accepter de terribles pertes pour prendre Cao-Bang.
Mais Cao-Bang pose aussi un problème aux Japonais. Le Lt-général Genzo Yanagita prescrit l’abandon pur et simple de la place parce que son ravitaillement de cette place est très coûteux du fait des embuscades incessantes le long de la RC-4. Mais le gouverneur militaire Andou Rikichi est plus soucieux de la perte de prestige que provoquerait l’évacuation des 5 000 hommes en garnison à Cao Bang, Dong Khé et That Khé. Les civils, Son Excellence Yoshizawa, ambassadeur du Japon auprès du gouvernement fantoche du Vietnam, et Kuriyama, secrétaire de la représentation japonaise, se mêlent à ce conflit et changent à plusieurs reprises de position. Il n’est pas jusqu’à le pseudo-empereur du Vietnam, Kuong Dé, mis en place par les Japonais, qui ne tente de donner son avis.
Les Franco-Indochinois, qui ont des agents dans le personnel de l’hôtel Métropole, QG de l’armée japonaise en Indochine, sont bien évidemment informés des jeux de pouvoir chez l’ennemi autour de Cao-Bang. Leur coup de génie sera d’utiliser leur presse pour ridiculiser le général Andou Rikichi à l’occasion de succès secondaires, notamment la prise de Dong Khé. Ainsi, ils persuadent l’état-major ennemi qu’il devrait évacuer Cao Bang et That Khé avant que leur chute inéluctable porte un coup plus sévère au prestige du Grand Japon.
………
Le 215e d’Infanterie envoyé reprendre Dong Khé
Il est évident pour l’état major d’Hanoi qu’il serait impossible d’évacuer la garnison de Cao-Bang sans d’abord reprendre la position clef de Dong Khé sur la RC-4. Le 215e Régiment d’Infanterie du colonel Shinishi Tanaka en est chargé, avec le soutient du 33e Régiment du Génie.
Le plan japonais est simple. Le bataillon indépendant du major Shimizu, le 215e RI et le 33e Rgt du Génie (colonne Tanaka) doivent reprendre Dong Khé et laisser des troupes en différents points clefs pour contenir d’éventuelles contre-attaques vietminh ou “colonialistes” (comme les Japonais appellent les Français). Cela fait, la garnison de Cao-Bang, sous le commandement du lieutenant-colonel Murasaki , quittera ses positions pour faire jonction avec la colonne Tanaka. En revenant, les Japonais récupéreront au passage les unités laissées en arrière.
En face, le plan des Franco-Vietnamiens n’est pas plus complexe : garder le contrôle de Dong Khé en utilisant le relief compartimenté de la région (les Calcaires) pour diviser l’ennemi en plusieurs forces séparées, qu’il sera plus facile de réduire. Ils bénéficient pour cela de nombreux avantages : connaissance du terrain, rapidité de manœuvre, supériorité numérique (presque 4 contre 1), artillerie plus puissante, maîtrise de l’air, disponibilité de troupes aéroportées.
………
La bataille (du 16 au 31 mai)
Dès le départ, rien ne se passe comme les Japonais l’avaient prévu. Ils ont sous-estimé l’ennemi à tous les niveaux. Les services de renseignement avaient obtenu des informations sur les mouvements et les positions du Vietminh, mais ces dernières furent tout simplement rejetées en bloc par l’état-major comme « non pertinentes ». Le plan, arrêté pour des raisons de prestige et de politique, ne pouvait tout simplement pas admettre une réalité militaire qui ne correspondait pas aux attentes de l’état-major !
Le premier affrontement autour de Dong Khé est un échec, les Vietminh gardant le contrôle de la ville. Obligé de laisser en arrière le bataillon Shimizu pour assiéger un ennemi plus nombreux, Tanaka continue vers le nord sans réussir à rejoindre la colonne Murasaki.
En dépit d’efforts héroïques pour échapper au piège, les Nippons souffrent rapidement du manque de sommeil, puis de munitions et de vivres. Ils s’épuisent à tourner en rond à la recherche d’une sortie du labyrinthe naturel des calcaires. Les Franco-Vietnamiens ferment les cols et les défilés, s’emparent des hauteurs et harcèlent l’adversaire de jour comme de nuit.
Les unités en déplacement le long de la RC-4 sont anéanties en moins de douze jours. La garnison de That Khé résiste deux jours supplémentaires.
………
Le bilan
– Japonais
- Effectifs engagés : 215e Régiment d’Infanterie, 33e Régiment du Génie, partisans du Hei-Ho, bataillon Murasaki, bataillon Shimizu. Total : près de 9 000 hommes.
- Pertes humaines : 7 800 morts, environ 1200 prisonniers. Après le désastre de la RC-4, les troupes d’occupation en Indochine ne comptent plus que 20 000 hommes opérationnels.
- Pertes matérielles : les dépôts de Langson ont été incendiés après la bataille pour éviter leur prise, mais les Franco-Vietnamiens saisissent tout de même 20 canons, 200 mortiers, 10 blindés légers, 200 mitrailleuses, 2 400 fusils-mitrailleurs, 15 000 fusils ainsi que de l’essence, des munitions et du riz.
– Français
- Effectifs engagés : Groupement Cazin, 1er Régiment d’Infanterie de Marine du Pacifique, 1er Régiment Étranger de Parachutistes, 4e Régiment d’Artillerie Coloniale. Total : près de 11 000 hommes.
- Pertes : 1 800 à 2000 tués.
– Vietminh
- Effectifs engagés : Trung Doàn (Régiment) 88, 174, 209, 246, 308. Deux bataillons d’artillerie indépendants. De nombreux irréguliers. Total : près de 25 000 hommes (les Trung Doàn ont des effectifs plus importants que les régiments français).
- Pertes : 3 000 morts selon les comptes-rendus officiels de l’époque, réévaluées à 5 000 morts par les historiens. »

(Pascal N’Guyen-Minh, op. cit.)

La guerre sino-japonaise
Opération Ichi-Go
Province du Henan (Kogo)
– La 93e Division, dont les hommes sont épuisés par une semaine de marche forcée, ne peut que freiner l’avance japonaise vers Nanyang. La ville est bombardée pour la troisième fois, par 13 Ki-21 qui repartent en toute impunité.
………
Vallée de la Rivière des Perles (Togo-2) – En fin de journée, les 17e et 70e Divisions japonaises parviennent en vue de Huizhou, où les 1ère et 5e Armées chinoises, renforcées par la 38e Division, sont en train de se retrancher fébrilement. Si ce verrou saute, Canton sera directement menacée. Mais ce même jour, la 41e DI-US a commencé d’arriver à Huizhou.
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Hendryk



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 17:32    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Cet affrontement est pourtant peu connu hors d’Indochine, si ce n’est en France. Dans le cadre de la campagne d’Indochine, sa place est pourtant à peine moins importante que celle de la célèbre bataille de Dien-Bien-Phu, considérée comme le tournant décisif de la guerre sur ce théâtre.

On imagine qu'il y aura de nombreuses rues et places nommées Bataille de Dien-Bien-Phu en France après la guerre...
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FREGATON



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 17:55    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
On imagine qu'il y aura de nombreuses rues et places nommées Bataille de Dien-Bien-Phu en France après la guerre...

A Paris FTL le métro et le pont Bir-Hakeim sont rebaptisés Kumanovo, je pense que la place de la bataille de Stalingrad pourrait avantageusement devenir la place de la bataille de Dien Bien Phû…!

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Archibald



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Et vu que Pétain a eu le bon gout de claquer un anévrisme, et crever, a l'été 1940, il n'est donc pas le "salaud" de Vichy (c'est Zemmour qui en piquerait presque une déprime, ce crétin).
Et donc, des rues peuvent porter son nom, et il peut même rejoindre ses poilus a Verdun ou Douaumont, au lieu de l'ile d'Yeu...
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solarien



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 20:44    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Et vu que Pétain a eu le bon gout de claquer un anévrisme, et crever, a l'été 1940, il n'est donc pas le "salaud" de Vichy (c'est Zemmour qui en piquerait presque une déprime, ce crétin).
Et donc, des rues peuvent porter son nom, et il peut même rejoindre ses poilus a Verdun ou Douaumont, au lieu de l'ile d'Yeu...


Oui et non.

Pétain ne sera pas le salaud de Vichy, mais malheureusement, il servira de flambeau pour tout ceux qui sont anti-républicain et proche des partis/mouvements fasciste et nazi.
et le Nef va tout faire pour supprimer la république et donc remplacer les avenues/rue/places de la république par avenues/rue/places du maréchal Pétain.

Donc pour une partie de la population française, Pétain se retrouvera lié au NEF.
On peux supposer qu'après la libération, les changements de rue faite par le NEF seront rétablis, mais je pense qu'une partie des maires de France, ne voudront pas de lieu publique portant le nom de Pétain.

Je pense que de 1945 à 1968, la république va tout faire pour cacher les évènements de 1940, mais que petit à petit tout va ressortir, surtout vers 1993, et 2016, les 75 et 100 ans de la bataille de Verdun.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 20:50    Sujet du message: Répondre en citant

Cela me semble bien vu pas Solarien…
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Wardog1



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 21:15    Sujet du message: Répondre en citant

Et dans la FTL on aura un film de guerre francais nomé Dunkerque!
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Larry Foulke
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malagava



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 21:46    Sujet du message: Asie-Pacifique, Mai 1944 Répondre en citant

Sur le bilan RC4, on a des pertes Françaises de 16-18% (tués), très comparables à celles du Vietminh réévaluées (5000/25000). Ce n'est pas un peu beaucoup, surtout si on considère le ratio habituel 3 blessés / 1 tué ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 05, 2022 22:29    Sujet du message: Répondre en citant

Trois ou quatre fois que je lis cet extrait, et j'y retrouve toujours la même tendresse. Embarassed

Citation:
L’Armée Impériale japonaise combattait de manière anachronique, espérant souvent vaincre d’abord par “le choc de l’infanterie”. Pour remporter la bataille, les officiers comptaient sur le courage collectif, glorifié par dessus tout, et sur la prétendue supériorité intrinsèque des Japonais sur les « colonialistes décadents ».


France 1914 et Prusse 1905, quand tu nous tiens...

Citation:
7 800 morts, environ 1200 prisonniers


Surtout des auxiliaires, bien évidemment.
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