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Diplomatie-Economie, Avril 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 08, 2022 10:48    Sujet du message: Répondre en citant

24 avril
Yougoslavie déchirée (et affamée)
Humanité ?
Skopje
– Le délégué général en charge du maintien de l’Etat de Droit, Drago Marušič, est contacté par ses camarades du Slovenski narodnoosvobodilni svet (SNOS – Comité National de Libération Slovène). Cette organisation antifasciste, mais distincte de l’AVNOJ, est actuellement dirigée par Josip Vidmar – lequel était présent lors du congrès de fondation du NKOJ le 2 février dernier. Edvard Kardelj en est aussi l’un des dirigeants les plus importants – et, cela va sans dire, sur la pente montante.
Bref ! Les Slovènes s’alarment de la radicalisation croissante des autorités nazies, pro-nazies et oustachies sous le coup de leurs défaites. Ils sont même « préoccupés et inquiets ». Ce qui veut déjà dire beaucoup !
Cela, Marušič ne peut hélas pas y faire grand-chose. Par contre, le Slovène – et sans doute d’autres Yougoslaves en territoire encore occupé – aimerait beaucoup que l’administration Šubašić sonde la France sur la possibilité de procéder à des livraisons humanitaires, comme cet hiver quand on a tenté de faire face à Brzo.

Tournée des grands ducs
Un aérodrome près de Tirana
– Isidor Cankar, « représentant de l’Administration provisoire yougoslave auprès des autorités tierces », embarque dans un petit Goéland de liaison mis à sa disposition par les autorités françaises à destination de l’Afrique du Nord puis, sans aucun doute, de Madrid et de Lisbonne. C’est que nous sommes bientôt à la saison des semences – et celle des achats par anticipation aussi, y compris sous le drapeau tricolore, lequel rassure beaucoup les vendeurs et intermédiaires.
C’est heureux, car la concurrence est rude sur les marchés internationaux – après cinq années de conflit, ce ne sont pas les pénuries en matières premières qui manquent. Or, s’il est bien quelque chose dont on a besoin en Yougoslavie libérée par les temps qui courent, ce n’est pas d’armes supplémentaires, mais plutôt de nourriture et d’abris. Et comme le régime royal est tout à la fois ruiné et ostracisé… Car il ne faut pas oublier que Londres garde la haute main sur beaucoup de ce qui sort d’Amérique du Sud !
C’est vrai, il reste l’Amérique du Nord… Milan Grol y travaille en ce moment même, depuis Belgrade, avec son collègue Boris Furlan. Mais les Américains sont aussi durs en affaires – et d’ici que l’affaire soit conclue, la marchandise chargée, payée et livrée, il se sera passé… un certain temps. Alors, il ne coûte rien de prendre des précautions de son côté.


25 avril
Yougoslavie déchirée
Hypocrisie serbo-croate
Près de Belgrade
– Reprise de contact entre les autorités royalistes et les protagonistes de la conjuration croate – par des intermédiaires aussi discrets qu’anonymes, mais impliquant sans aucun doute la mission Ranger. Les royalistes serbes, d’assez mauvaise humeur ces temps-ci, ne sont pas disposés à faire beaucoup de cadeaux. Au surplus, ce que Lorković, Vokić et les autres avaient à proposer depuis l’hiver dernier a sensiblement perdu en valeur ces derniers jours.
Mais ça ne veut pas dire que les Croates n’ont plus rien à échanger ! De fait, le pouvoir de Belgrade reste à cette heure objectivement faible, et il sent bien que la situation lui échappe complètement. Et alors que la 25e heure est proche, il lui faut mettre toutes les chances de son côté pour redresser une situation dangereusement compromise. Un triomphe collectiviste en Bosnie n’arrangerait personne ! Serbes, Croates, fascistes, royalistes… Alors, que les conjurés tiennent leurs engagements, et même plus encore – mais surtout, qu’ils le fassent à temps. En résumé, le message est clair : allez vite et mettez quelque chose de solide sur la table, si vous souhaitez prouver votre bonne volonté.

Fièvre serbe
Voïvodine libérée
– Voilà déjà trois jours que l’on n’a plus entendu parler de cette région en général, et du 1er Corps yougoslave du général Brasic en particulier. Passée la déception de Grenade, et confrontées désormais à une 12. Armee certes usée jusqu’à la corde, mais néanmoins bien réveillée, les forces revenues d’exil s’en tiennent désormais à une stricte défensive, bien concentrées sur leurs positions à l’ouest de la Tisza. En face, les Allemands ne bougent pas davantage de leurs positions du Franz Channel… Faute de perspective comme d’effectifs, il s’est créé presque naturellement un vaste secteur entre Belgrade et le canal, une sorte de no-man’s-land que personne ne souhaite occuper, sinon quelques unités paramilitaires yougoslaves de passage.
Pourtant la région n’est pas vide ! Elle est même parsemée d’une vingtaine de localités notables (sans parler des plus petits villages) : Banatsko Novo Selo, Banatski Karlovac, Dolovo, Mramorak, Šumarak (2)… C’est le Banat, une large plaine agricole et humide, peuplée de Serbes… mais aussi d’Allemands et de Hongrois. Ces gens-là ne sont bien sûr pas très à l’aise de voir revenir l’ordre ancien des Karađorđević. N’en déplaise aux déclarations censément rassurantes de certains – qui ne sont d’ailleurs pas si nombreux – les intentions du royaume de Yougoslavie sont claires. Jusqu’au quotidien Politika, journal de référence récemment rétabli à Belgrade, et qui offrait hier ses colonnes à une tribune anonyme franchement inquiétante :
« Bien que nous ayons détruit les occupants allemands et les hordes hongroises, bien que nous soyons en train de les repousser vers l’ouest, nous n’avons pas encore éradiqué les graines empoisonnées qu’ils ont semées. Ce sont les centaines de milliers d’étrangers qui se sont installés sur les territoires dont nos ancêtres ont défriché les forêts, asséché les marais et créé les conditions nécessaires à la vie civilisée. Ce sont ces étrangers qui, dans l’ombre, tirent encore sur nos soldats et les soldats de nos alliés. Ils font tout ce qui est en leur pouvoir pour empêcher le retour à la vie normale et se préparent, dans cette situation déjà si difficile, à nous poignarder à nouveau dans le dos au moment le plus approprié. Le peuple sait que seule une action énergique et déterminée sera à même de garantir le caractère yougoslave de la Voïvodine et du Banat. »
La tribune, à la diffusion confidentielle dans le pays (manque de papier oblige) et plus encore à l’international, est passée largement inaperçue. Cependant, quelques services de renseignements attentifs ont fait remonter l’information. De Marseille, les Français ont carrément interrogé le ministre Milan Grol sur son sentiment à ce sujet. Evidemment, a-t-il affirmé, ce sont des balivernes, fruit d’une opinion chauffée à blanc par les crimes qui ont frappé notre peuple ces trois dernières années ! Qui ne s’énerverait pas un peu et ne crierait pas vengeance dans de pareilles circonstances ? Seul un peuple ayant souffert comme le peuple yougoslave peut le comprendre – mais la Justice royale saura se montrer juste en général, ferme quand il le faudra… et impitoyable autant que nécessaire.
Reste simplement à définir le concept de Justice. Selon les frères Knežević, s’exprimant lors d’un dîner informel au domaine de Dedinje, il vient d’En-Haut ! « Le retour du Roi, divine surprise, prouve que le Ciel soutient notre Peuple. Et il permet d’envisager de grands projets. » Voire de les mettre à exécution. Au 1er Corps yougoslave, certains viennent de recevoir des instructions spéciales du Palais…

Sombre pressentiment
Tirana
– Les services du général Borisav Ristic – en charge, faut-il le rappeler, de la distribution du ravitaillement aux troupes yougoslaves dans le secteur de la 2e Armée française – alertent leurs responsables sur un fait curieux : ils n’ont plus de demandes de la part des corps-francs royaux. Evidemment, c’est inattendu. Mais cela peut aussi signifier que ces derniers ont changé leur stratégie (voire leurs projets !) pour les semaines à venir. Oui – mais dans quel but exactement ?
L’information passera inaperçue, hélas, d’autant plus que le général Ristic est actuellement au Monténégro, à essayer d’apaiser une situation tenant plus de l’incendie de forêt que de l’inflammation bénigne…

Chine-URSS
Libérez Puli !
Tagharma (à la frontière entre la RSS du Tadjikistan et le Xinjiang)
– La veille, ça s’était passé au poste frontière de Subashi. Il semblerait que le rythme des opérations des rebelles tadjiks s’accélère, se dit le colonel nationaliste en charge de la région alors qu’il va rendre compte au général Zhu. Tout a commencé il y a trois mois avec l’attaque par une grosse centaine de Tadjiks de la garnison de Puli, dans le sud-ouest du Xinjiang. Ils avaient pris 130 chameaux et capturé quatre soldats nationalistes. On n’avait retrouvé trace ni des uns ni des autres, les rebelles s’étant opportunément enfui au-delà de la frontière soviétique sans aucune difficulté.
Si les attaques ne sont pas aussi importantes qu’à la frontière mongole, elles le sont assez pour que la garnison de Kashgar décide d’envoyer des renforts assez nombreux pour quadriller la région et mettre la main sur les rebelles de l’Organisation de Libération de Puli. Qui, à l’heure qu’il est, doivent être tranquillement en sécurité de l’autre côté de la frontière. Le soutien manifeste apporté aux rebelles par l’Union Soviétique a fait l’objet de nombreux messages adressés à Ürümqi, mais les autorités duXinjiang ne semblent pas vouloir en tenir compte. De peur de froisser trop brusquement l’encombrant voisin, qui était presque chez lui au Xinjiang jusqu’à l’an dernier ? Très probablement.
………
L’Organisation de Libération de Puli a été créée au début de 1944 par le général d’origine kirghize Ishaq Beg. Dès la Révolution de 1917, il était parti en URSS pour s’initier au marxisme. Emprisonné à son retour pour avoir tenté de lancer une rébellion kirghize contre le gouverneur du Xinjiang de l’époque, Jin Shuren, son sort s’était d’abord nettement amélioré sous Sheng Shicai. Ce dernier avait fini par lui confier le commandement d’une brigade de son armée. Cependant, traînant la réputation d’être l’œil de Moscou (comme de nombreux autres !) auprès du gouverneur, il avait été placardisé à Yining comme directeur de la Société culturelle kazakho-kirghize lorsque Sheng avait commencé à se détourner de l’Union Soviétique. C’est à ce moment qu’avec bien d’autres, Ishaq Beg avait commencé à s’organiser pour repousser la mainmise nationaliste sur le Xinjiang.


26 avril
Yougoslavie déchirée
Agacement royal
Belgrade
– Pour marquer à nouveau sa mauvaise humeur (ou avouer sa faiblesse, persifleront certains), le gouvernement royal yougoslave demande officiellement au 18th AAG des explications quant aux événements ayant conduit à « la prise de Goražde par des éléments incontrôlés, ayant abouti au remplacement de l’autorité légale par une autorité de fait, soutenue semble-t-il par les armées alliées. » La mention « autorité de fait » pour désigner l’AVNOJ assimile évidemment celle-ci au gouvernement du Nouvel Etat Français, dans une botte agressive comme les services de Milan Grol semblent aimer en lancer de plus en plus ces temps-ci. Un signe de nervosité, assurément – et Londres comme Marseille de faire répondre, une fois encore, que leurs armées ne se mêlent pas de politique. Que ce soit dans le sens de l’AVNOJ… ou dans un autre.

Fièvre tierce
Belgrade
– En toute autonomie politique mais aussi avec une certaine discrétion, le gouvernement royal de Božidar Purić prend un décret qui peut soulever quelques questions : la minorité allemande de Yougoslavie, ainsi que la totalité des citoyens devenus Hongrois (de gré ou de force) après l’annexion de 1941, sont déclarés collectivement « ennemis de l’Etat ». Ceci entraîne notamment la déchéance de leur nationalité, la suppression de leurs droits civiques, leur internement d’office dans des lieux à préciser et sans doute, à terme, l’expropriation de tous leurs biens puis leur expulsion du territoire national.
Cette sanction est aussi brutale que soudaine. A l’image sans doute, de la façon dont, à Belgrade, on imagine les traîtres magyars ou souabes, lesquels, il est vrai, ne furent pas les plus solides soutiens de la patrie des Slaves du Sud…
Pourtant, passé l’engagement des volontaires enthousiastes de la première heure, les responsables SS ont dû imposer la conscription dans ces régions dès 1943, sous le prétexte juridique des plus douteux que la Serbie occupée était deutsches Hoheitsgebiet (Territoire sous souveraineté allemande), puis en invoquant l’archaïque Tiroler Landsturmordung de 1872 – la loi sur le Prélèvement général du Tyrol, instaurée par l’empire austro-hongrois ! Par suite, on ne peut dire que tous ceux qui ont été enrôlés, par exemple dans la Prinz-Eugen, s’y trouvent aujourd’hui par choix. On pourrait sans doute y trouver pas mal d’individus relevant d’un statut comparable à celui des “malgré-nous” alsaciens (3). Il conviendrait donc de faire preuve de discernement, voire de finesse. Malheureusement, l’heure n’est pas exactement à la subtilité dans les Balkans – et moins encore en Yougoslavie.

Les sept sceaux
Dans un bois près de Brezici (aux confins de la Serbie et de la Bosnie-Herzégovine) –
Il fait sombre et humide ce soir au fond de la forêt. Un groupe de miliciens oustachis, pour partie issus de la Garde nationale, s’avance entre les arbres. Au bout du chemin, il y a un homme, appuyé à un arbre d’un air bravache. Il pleut à verse et, sous son béret, nul ne saurait distinguer son visage. Par contre, l’insigne qu’il porte à la manche est sans ambiguïté : les corps-francs de Yougoslavie. L’officier croate s’avance vers lui, la main sur le revolver.
– Le roi Pierre II vous salue, Messieurs, lance le personnage.
– Bienvenue en Croatie, rétorque l’officier du tac au tac. Vous êtes combien ?
L’homme ne répond rien. La foule des silhouettes qui sortent de l’ombre parle pour lui…

Discussions autour d’un verre de rakija
Belgrade
– Le colonel Žarko Popović, des services de renseignements militaires royaux, commence à sonder avec précautions différents responsables et chefs de garnison en territoire contrôlé par le gouvernement légal. Il représente dans cette affaire « plusieurs officiers très haut placés » qu’il ne nommera qu’après « mûre réflexion ». De fait, Popović prend son temps pour étudier l’opinion et recueillir l’avis de chacun. C’est que l’armée royale yougoslave est devenue un véritable panier de crabes sous l’effet des rancœurs, jalousies et malheurs que chacun impute aux autres. Raison de plus pour être extrêmement prudent, même avec le soutien officieux de Londres…


27 avril
Yougoslavie déchirée
Accélération
Karlovac (Croatie)
– Nouvelle suite de rencontres quadripartites entre Oustachis, Tchetniks, Allemands du Sicherheitsdienst et Américains de l’OSS. Ces entrevues, extrêmement risquées mais pourtant très nécessaires, selon les intéressés du moins (leurs derniers échanges remontent au 8 avril !), doivent achever la mise au point du plan d’opération qui permettra à Zagreb de sortir de la guerre, à Berlin de sortir des Balkans et… aux Tchetniks de sortir les communistes de Yougoslavie.
Il est évident que le cours des événements se précipite : la percée des Britanniques en Hongrie, ainsi que l’avance – poussive mais réelle ! – de la 2e Armée française en Bosnie comme au Monténégro, captent naturellement l’attention de tous. Ces événements ont provoqué un renforcement de la Waffen-SS dans le secteur. Or, si l’envoyé supposé de l’Allemagne émarge paradoxalement au Service de Sécurité du Reichsführer-SS (devenu tout puissant depuis le 15 mars dernier), il n’a aucune prise sur l’appareil militaire de la Waffen-SS, donc sur les troupes commandées par Friedrich-Wilhelm Krüger, à Sarajevo.
Plus longtemps durera cette désagréable situation, plus il sera difficile de tirer les bénéfices attendus d’un changement de régime à Zagreb. La date fixée depuis des mois est sans doute un peu proche pour les Américains et les Croates… mais Yougoslaves comme Allemands s’estiment coincés. Alors tant pis pour les délais qui seraient nécessaires, tant pis pour la pluie, tant pis pour les diverses contingences. Il n’est plus temps de revenir en arrière : dans dix jours, tout devra avoir été réglé !


28 avril
Yougoslavie déchirée
Fièvre quarte
Belgrade
– Interrogé à nouveau et avec une sourde inquiétude par les services du Quai de la Joliette sur les conséquences pratiques de la déclaration faisant des Allemands et Hongrois du Danube des ennemis de l’Etat yougoslave, le gouvernement de Božidar Purić botte en touche. Il est évident qu’il ne s’agit pas ici de vengeance, mais d’une simple précaution légale de bon sens qui permettra au Royaume de disposer dès à présent et autant que de besoin des moyens lui permettant de sanctionner les traîtres. Et seulement les traîtres.
Comme l’expliquera doctement Milan Grol lui-même à Son Excellence l’ambassadeur Roger Maugras : « Que veut dire la République Française en posant cette question ? Pense-t-Elle que nous allons nous lancer dans une campagne de terreur aveugle comme celle que nous avons subie ? La Justice fera son œuvre, sur la base de la Loi. De toute façon, ce n’est pas pour demain – nous avons tout notre temps et les moyens nous manquent encore pour appliquer notre politique. » Enfin, les moyens légaux, s’entend.
Maugras retourne à son ambassade, un peu désarçonné par les propos de son ami yougoslave. Plus tard, avec le recul, il se dira que tout cela aurait dû lui paraître très clair. D’une clarté aveuglante, même.


29 avril
Yougoslavie déchirée
Fièvre de cheval
Belgrade
– Soucieux de donner – selon les dires de Milan Grol du moins – un cadre légal à ses actions, le royaume de Yougoslavie annonce très officiellement à ses partenaires et alliés le lancement d’un vaste programme d’investigations juridiques ayant pour objectif de trier ses citoyens selon le comportement de chacun durant la période d’Occupation. Une attention particulière sera « évidemment » portée aux ressortissants yougoslaves « ennemis de l’Etat », qui seront désignés individuellement en fonction de leur état civil et de leur livret de famille – mais ils ne seront pas les seuls !
L’ensemble de ces démarches vont démarrer sans bruit – et surtout sans que Londres, Marseille ou qui que ce soit ait les moyens ou la légitimité de s’y opposer. Après tout, le Royaume est un état souverain ! Et la République elle-même a depuis longtemps évoqué le sort qu’elle compte réserver aux nervis du NEF. Alors…
Curieusement, au même moment, le Vjesnik (le Courrier, journal des Partisans servant d’organe de presse principal à l’AVNOJ) choisit de rappeler à ses lecteurs le souvenir des multiples exécutions perpétrées par les Tchetniks, notamment dans le Sandjak au début de l’année 1943. A cette époque, les Français s’étaient émus – ils avaient par exemple confié l’île de Vis au capitaine Josip Cerni, des Partisans, et non pas au préfet royal désigné par le gouvernement en exil (la collaboration entre ces deux personnages s’était d’ailleurs plutôt bien passée). De plus, l’article suivant du Vjesnik évoque, tel un spectre qui revient hanter tout le monde, les rumeurs d’exactions et même d’exécution de prisonniers en Bosnie ou en Voïvodine, de la main de groupes armés qu’on n’a nul besoin de nommer.


30 avril
Yougoslavie déchirée
Un bon prétexte
Serbie
– Les services de la police et de l’armée royales rapportent plusieurs incidents baptisés « attaques terroristes » sur leurs arrières, en territoire libéré. En l’espèce, il s’agit essentiellement du secteur de Čačak, censé être géographiquement proche de la zone occupée par l’AVNOJ. Des bandes non identifiées y ont attaqué plusieurs commissariats et dépôts, massacrant les fonctionnaires, pillant les stocks et rançonnant les habitants. Avec malice, le gouvernement de Belgrade ne manque pas de feindre de s’interroger sur l’identité de ces mystérieux assaillants « visiblement bien renseignés et bénéficiant d’armements modernes. »
En face, les Partisans titistes jureront n’y être pour rien. Ce qui n’est ni démontrable, ni réfutable. Au moins autant que la présence passée des corps-francs royaux dans cette région, dont nul ne peut assurer qu’ils l’ont tous quittée. N’empêche – les actions vont se répéter dans les jours à venir, déchainant à chaque fois la fureur des officiels royaux et surtout d’une frange nationaliste de la population, chauffée à blanc.
On voudrait déclencher une guerre civile en en mettant la responsabilité sur le dos d’autrui qu’on ne s’y prendrait pas autrement…

Il aura essayé…
Podgorica
– Le major Ivan Babić, de la 369e Division croate, se présente dans les lignes alliées après avoir fait défection. Il demande à être reçu par des représentants du parti Paysan Croate et notamment par Juraj Krnjević, pour leur faire part d’informations « de la plus haute importance ». Hélas, Babić n’a pas affaire aux Anglais qu’il espérait, mais à des Grecs. Ne sachant pas vraiment qui est ce Krnjević que veut tant voir le major (de toute façon, le ministre déchu est en résidence surveillée vers Niš), les Hellènes décident de traiter l’intéressé comme un prisonnier de guerre normal. Le major est donc expédié dans un camp de prisonniers près de la frontière entre Albanie et Monténégro. Il répète pourtant à qui veut bien l’entendre qu’il doit s’entretenir au plus vite avec un représentant gouvernemental d’origine croate – c’est une urgence vitale !

Cadeau amer
Belgrade
– Avec force sourires malicieux, l’ambassadeur Viktor Plotnikov annonce au ministre des Affaires étrangères Milan Grol que l’Union Soviétique dispose actuellement sur son territoire de plusieurs ressortissants yougoslaves « arrivés là du fait du cours de la guerre ». Evidemment, il ne s’agit pas ici de Partisans de Tito ! En réalité, nous avons là un groupe d’une petite centaine de prisonniers, mené par le major de gendarmerie Jezdimir Dangić.
Dangić n’est pas à franchement parler un Résistant : c’est un ancien tchetnik, partisan d’un arrangement territorial en Bosnie avec les Italiens puis les Allemands – ce qui n’a pas plu du tout aux Oustachis, lesquels ont vite envoyé la Légion noire défaire puis capturer son groupe au début de 1943. Le Serbe est ensuite passé d’un camp de prisonniers à un autre, pour aboutir à force de transferts à… Varsovie, le 23 février dernier. Là, il a été libéré par les Polonais avant de servir comme commandant d’infanterie pour le compte de l’AK, puis de fuir comme pas mal d’autres à travers la Vistule. Il aura décidément survécu à tout !
L’Union Soviétique veut bien rapatrier Dangić et ses hommes. Mais encore faut-il que le gouvernement royal le demande formellement. Une humiliation de plus pour le bouillant Pierre II – lequel décide arbitrairement de surseoir, le temps d’examiner en détail la situation.


Notes
2- Tout à l’est, sous ce qui deviendra la Deliblatska peščara, la dune de Deliblato, une réserve naturelle et ornithologique réputée.
3- Guenther Reinecke, chef du Hauptamt SS-Gericht (Bureau juridique SS) va d’ailleurs écrire à Himmler que la Prinz-Eugen « n’est plus une organisation de volontaires », au contraire : « les Allemands de souche du Banat serbe ne se sont pour la plupart enrôlés que sous la menace. »
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Oct 08, 2022 10:54    Sujet du message: Répondre en citant

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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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John92



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MessagePosté le: Sam Oct 08, 2022 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

...
Passée la déception de Grenade, et confrontées désormais à une 12. Armee certes usée jusqu’à la corde, mais néanmoins bien réveillée, les forces revenues d’exil s’en tiennent désormais à une stricte défensive, bien concentrées sur leurs positions à l’ouest de la Tisza. En face, les Allemands ne bougent pas davantage de leurs positions du (des leurs sur le– tout simplement ?) Franz Channel…
...
On n’avait retrouvé trace ni des uns ni des autres, les rebelles s’étant opportunément enfui (enfuis ? ) au-delà de la frontière soviétique sans aucune difficulté.
Si les attaques ne sont pas aussi importantes qu’à la frontière mongole, elles le sont assez pour que la garnison de Kashgar décide d’envoyer des renforts assez (suffisamment ?) nombreux pour quadriller la région et mettre la main sur les rebelles de l’Organisation de Libération de Puli. Qui, à l’heure qu’il est, doivent être tranquillement en sécurité de l’autre côté de la frontière. Le soutien manifeste apporté aux rebelles par l’Union Soviétique a fait l’objet de nombreux messages adressés à Ürümqi, mais les autorités duXinjiang ne semblent pas vouloir en tenir compte.
...
De plus, l’article suivant du Vjesnik évoque, tel un spectre qui revient hanter tout le monde, les rumeurs d’exactions et même d’exécution (d’exécutions ?) de prisonniers en Bosnie ou en Voïvodine, de la main de groupes armés qu’on n’a nul besoin de nommer.
...
Les services de la police et de l’armée royales rapportent plusieurs incidents baptisés « attaques terroristes » sur leurs arrières, en territoire libéré. En l’espèce, il s’agit essentiellement du secteur de Čačak, censé être géographiquement proche de la zone occupée par l’AVNOJ. Des bandes non identifiées y ont attaqué (simple signalement) plusieurs commissariats et dépôts, massacrant les fonctionnaires, pillant les stocks et rançonnant les habitants.
...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 08, 2022 13:13    Sujet du message: Répondre en citant

@ John - MercI.
Cette fois, tu as bon pour l'accord du participe : ils se sont enfuiS Wink
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John92



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MessagePosté le: Sam Oct 08, 2022 15:48    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
@ John - MercI.
Cette fois, tu as bon pour l'accord du participe : ils se sont enfuiS Wink

Petite blagounette pour fêter ça:
https://www.youtube.com/watch?v=8Ijk3nepXmM
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