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1940 - La France continue la guerre
 
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Europe occupée… et Allemagne tyrannisée - Mars 1944
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Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - En France occupée
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demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:04    Sujet du message: Répondre en citant

Bon. C'est Traditionnel désormais, mais j'ai été inspiré par ces histoires d'égouts et de destruction. Alors, avec l'accord de Casus, une petite friandise comme d'autres jadis, pour ce qui seraient intéressé par un détour gothique hors chrono dans les égouts de Varsovie. Comment ca non ? Vous avez tort ! A moins que vous n'ayez raison ...
Et mettez aussi cette musique tant qu'à faire.
https://www.youtube.com/watch?v=J0Xhlf2vNHA

Celui qui trouve la bête gagne un point !

Marcheur d’ombre
Les voutes humides chargées de mousse se répondent en cathédrale tandis que le groupe de résistants progresse de l’eau jusqu’au mollet dans la fange croupie. Ils sont 4 ou 5 pas plus. Des survivants occupés à fuir une fois encore les assassins du camp d’en face pour combattre et vivre un jour de plus avant de mourir.
La ville entière est devenue un abattoir. Elle sent le charnier, elle sent la mort. A l’entrée du réservoir, des corps empilés ici et là, à moitié dévorés par les rats. Au moins, ceux-là ne les combattront plus. Il flotte désormais dans l’air épais et vert comme un genre de calme froid, même si le fracas de l’artillerie continue de faire tomber par intermittence la poussière du plafond dans de grands coups étouffés.
La troupe avance, sans perdre de temps, à la lueur d’une unique lampe tempête que le scout Stanislaw recharge férocement de la main droite. Il connait les égouts de Varsovie … un peu, son père travaillait ici auparavant. Et les caches de l’armée secrète ont elles-mêmes bien sûr largement utilisé le réseau souterrain urbain.
Néanmoins, ce dernier a lui aussi beaucoup souffert des combats. Tunnels effondrés, conduits noyés, escaliers détruits …la zone est devenu un genre de sordide dédale.
’Stan ! Tu nous la trouve ta sortie oui ou non ?’ Chuchote plus ou moins subtilement Piotr à son camarade. ‘Deux secondes … Hé merde, encore une impasse.’ Ils ne sont pas perdus non – juste … égarés comme des souris dans un quelconque labyrinthe en bois. Il y a une sortie, il faut juste la trouver avant de s’épuiser et de s’asphyxier à grands coups de miasmes.
L’air est lourd, l’air est calme. L’air est étrange. A l’arrière du groupe, Mishka essuie son front luisant de fièvre dans le froid de mars. Il se sent mal ici, comme étouffé, enfermé … observé. Sa respiration parait lui répondre en écho au détour de chaque pilier. Bah ! Qui ne ferait pas sa petite crise de claustrophobie ici ?

‘Là ! Je le savais, Kurwa !’ De fait, la maçonnerie remonte ici. On sort de l’eau et du réservoir pour approcher d’un autre passage, qui mènera sans doute au dehors. Il y a encore un filet d’eau à franchir. Courante cette fois. Ca lavera ! Le groupe passe : Stanislaw, Piotr, Cyryl, Leon et Mishka qui ferme toujours la marche. Courage, plus que quelques dizaines de pas et on pourra respirer.
Son souffle et sa respiration sont de plus en plus forts. Ils sont presque doubles, et toujours plus présents. Ca l’inquiète bien sûr, mais pas plus que cela. Après tout ce qu’il a vécu ces derniers jours, Mishka a vu bien d’autres choses largement plus terrifiantes qu’une simple petite poussée d’hypocondrie ou de paranoïa. Le polonais trouve tout de même ca étonnant – il ne s’entend même plus véritablement expirer. Le bruit continue, curieux, presqu’amusant, comme à présent animé d’une vie propre. Mishka s’arrête à la moitié du fil de l’eau, pour écouter. On n’entend plus rien. Sinon le souffle et le ruisseau qui court. Même l’artillerie semble avoir cessé de tirer.
Il se retourne alors vers le petit-terrain plein sec qu’il vient de quitter, pris d’un doute. Le même et puissant doute qui assaille d’ailleurs en ce moment tout le groupe, lequel vient donc de faire de même. Pourtant, il n’y a rien de nouveau ici ! Les ténèbres, les voutes, la merde, la mousse et de petites traces de pas rouge sang qui se rapprochent au rythme … du souffle ?
« Nom de Dieu … » murmure le polonais avant que la violence n’explose. Elle explose quand le MP-40 de Piotr hurle son rythme scadendo dans la pièce. Elle explose quand la bête surgit tout à coup du néant, en ouvrant grand sa bouche obscène, cornes au front et bras immenses pour saisir Mishka et le déchirer comme une feuille de papier en répandant trippes et boyaux partout autour dans un grand hurlement. Elle se déchaine quand les 4 humains qui se trouvent encore ici bombardent de toutes leurs armes la chose qui parait à peine vaciller sous les coups, ses deux yeux rouges toujours bien ouverts dans la poussière et l’obscurité. Elle charge ! « Prend ca enfoiré ! » La dernière grenade d’un Leon expirant à la colonne brisée roule dans l’eau et détonne en faisant gicler l’eau partout autour alors que ce qui reste du groupe prend ses jambes à son coup.
Devant, Stanislaw avait raison, c’est bien la sortie. Ou en tout cas, ça remonte. Une sortie qui passe par un escalier en colimaçon d’où descendent des exclamations allemandes.
« Ah non merde, pas eux! Pas maintenant ! » Un groupe de silhouettes vert de gris commence à apparaitre dans l’embrasure du niveau supérieur pour venir vers eux. Trois pour l’instant – combien dans une minute ?
« Pas le choix, on avance ! » La montée s’effectue au pas de course, dans une fièvre d’apocalypse. Devant, Piotr parait glisser dos au mur, balayant de rafales les étages supérieurs dont tombe les corps de plusieurs allemands. Derrière … Les traces rouges sont revenues ! Devant la mort, derrière la mort – on grimpe avec l’angoisse d’une souris coincée dans un engrenage. L’escalier craque sous le poids des tirs, les poids des hommes et le poids de la bête, tandis que cris et détonations résonnent tous ensemble dans un gigantesque ochestre infernal. Les gouttes, les douilles, les corps – tout tombe en hurlant dans le puits, comme avalé par les ténèbres qui rodent au fond. Jusqu’à ce que le groupe sorte enfin de cette maudite pièce, et aille rejoindre au bout du tunnel la lumière sale, grise et humide d’une rue certes détruite et pluvieuse - mais où l’on connait et voit au moins son adversaire. Cyryl sera le dernier. On n’avait jamais vu quelqu’un monter aussi vite, battant chaque barreau de ses pieds avec la vigueur de celui qui craint d’être saisi au dernier moment.
Le groupe se hâtera ensuite de gagner pour la nuit le couvert des ruines les plus proches. Pour survivre, désormais à trois seulement, au moins un jour de plus. Sans plus jamais parler de ce qu’ils ont vécu il y a une heure à peine. Et laissant là, loin derrière dans les égouts puants de Varsovie, un étrange tonneau qui vient de bouger de devant une ouverture, comme si quelque chose l’avait poussé pour regagner les profondeurs ...

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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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John92



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:45    Sujet du message: Répondre en citant

...
Quand le joaillier se met à faire le difficile et refuse de coopérer, on fait la grosse voix et on sort même les gros mots : « Juif ! » – c’est autant une menace qu’une insulte. Et puis on malmène un peu le commerçant, qui se débat en expliquant qu’il n’est pas juif, si le précédent propriétaire l’était… Le sourcil froncé, le ton autoritaire, le chef met fin à ces amusettes. Il congédie le joaillier (boutiquier?), qui se retrouve à la porte de son magasin et se rend compte qu’il a de la chance d’être toujours entier.
...
La Delage démarre malgré les ordres des policiers et voici que ces derniers tirent dans les pneus ! Les vaillants Francistes ripostent à la mitraillette, deux policiers sont à terre, vaille que vaille la Delage repart et s’enfuit.
...
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:49    Sujet du message: Répondre en citant

Le Clown de Spawn sous sa forme réelle?
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"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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John92



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:49    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:

Celui qui trouve la bête gagne un point !

Le super soldat allemand
le vampire des Carpates
et la lionne de je ne sais plus où
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Hendryk



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 11:51    Sujet du message: Répondre en citant

Pour moi, un monstre dans les égouts, ce serait Ça.
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With Iron and Fire disponible en livre!
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John92



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

...
Néanmoins, ce dernier a lui aussi beaucoup souffert des combats. Tunnels effondrés, conduits noyés, escaliers détruits …la zone est devenu (devenue?) un genre de sordide dédale.
...
Courage, plus que quelques dizaines de pas et on pourra respirer.
Son souffle et sa respiration sont de plus en plus forts.
...
Le polonais trouve tout de même ca (ça???) étonnant – il ne s’entend même plus véritablement expirer.
...
Il se retourne alors vers le petit-terrain plein (petit terre plein??????????) sec qu’il vient de quitter, pris d’un doute.
...
L’escalier craque sous le poids des tirs, les poids des hommes et le poids de la bête, tandis que cris et détonations résonnent tous ensemble dans un gigantesque ochestre (orchestre) infernal.
...

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John92



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 12:02    Sujet du message: Répondre en citant

ces égouts labyrinthiques
Minotaure?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 12:33    Sujet du message: Répondre en citant

Les plus sagaces cherchont du côté des forêts nord-américaines. C'est un Wendigo - égaré en effet.


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Finen



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MessagePosté le: Lun Mar 14, 2022 18:39    Sujet du message: Répondre en citant

Le même mais sans alcool ni drogues dans le sang:



Wink Arrow
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 15:53    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, si on revenait aux choses sérieuses


29 mars
France occupée
Droit commun
Paris
– Au petit matin, les forces de police parisiennes extirpent manu militari de leurs lits une poignée d’hommes reconnus sur photos par les policiers survivants et par le joaillier comme ayant participé au cambriolage de la « joaillerie juive » et à la fusillade qui a suivi. L’esprit de corps étant ce qu’il est, les policiers n’hésitent pas à taper fort et à serrer les menottes plus que de raison – l’enterrement de leurs deux camarades est prévu pour le surlendemain. Marcel Bucard et ses acolytes vont prendre leur déjeuner à la Santé.
Si plusieurs membres d’importance du cabinet Doriot et deux représentants de l’ambassade d’Allemagne vont pousser des cris d’orfraie, étrangement, le “Grand Jacques” décide… de ne rien faire. « La Justice doit suivre son cours » déclare-t-il, se drapant d’un légalisme pour le moins surprenant de sa part.

Pologne
Jusqu’à la lie
Varsovie-Ouest
– Encouragée par son succès de la veille, la Heer relance son assaut sur le groupe “Sud” du colonel Kazimierz Szternal “Zryw”, en pleine débâcle faute de munitions, de nourriture, de soins – et surtout faute de combattants. De fait, il n’y a plus ici désormais que deux bandes en désordre, lesquelles tentent simplement de survivre.
A Steny, un certain nombre de combattants parviennent tout de même à se cacher jusqu’à la nuit avant de fuir vers la campagne – mais 500 d’entre eux à peine arriveront à rejoindre la région de Radom.
A Sielce, par contre, Szternal “Zryw” lui-même n’a plus aucune perspective de s’échapper. En l’absence d’instructions, il prend sur lui de contacter le LXII. ArmeeKorps afin de négocier une reddition lui permettant d’éviter de nouvelles pertes. Le Polonais espère aussi profiter du fait qu’à ce moment, il n’a plus la Schutzstaffel en face de lui, mais plutôt l’armée régulière allemande. Laquelle paraît – parfois – un peu plus légaliste… ou en tout cas un peu moins sanguinaire, selon le point de vue. Heureusement pour Szternal, dans le camp d’en face, on a bien conscience que seule l’absence de toute perspective fait encore tenir la Résistance polonaise. Du reste, Heinz Guderian a donné ses ordres, via Model puis von der Chevallerie : clore ce pénible dossier au plus tôt. Non par altruisme, bien sûr – mais par simple souci d’efficacité.
Ainsi est donc fait : le 29 mars 1944 à 17 heures, au terme de plus d’un mois de lutte sans espoir, le groupe “Sud” est la première unité constituée de l’AK à capituler. Kazimierz Szternal “Zryw” fait partie des prisonniers – malgré toutes les pressions et menaces, il a refusé jusqu’au bout de donner un ordre dépassant le strict cadre de son commandement immédiat. Mille combattants valides et presqu’autant de blessés tombent ainsi entre les mains des Landsers de Carl Rodenburg, lesquels appliqueront exactement les ordres reçus : les Polonais seront traités comme des prisonniers de guerre. Direction donc le Stalag – ce qui ne veut pas dire que tous en reviendront, loin de là. Quant à la population civile (ou ce qui en reste), à présent indésirable sur ce qui est devenu le front de la Vistule, son rassemblement commence pour une évacuation hors des ruines, vers une destination non précisée pour l’heure.
Du côté de Żoliborz, on finira par être informé dans la nuit de la fin du groupe “Sud”, par les voies les plus tortueuses (rumeurs, survivants passant par les égouts, tentative de déstabilisation allemande !). Au palais Raczyński, Antoni Chruściel “Monter” et Stefan Rowecki conviennent à leur tour qu’il n’y a plus d’espoir…

Etat-croupion
Opportunisme
A l’arrière du 2e Front Ukrainien
– La mission Šmidke – on peut sans doute l’appeler ainsi – est bien arrivée dans les lignes soviétiques et a été présentée à Ivan Bagramian lui-même. Elle lui a remis un plan du front avec un ordre de bataille allemand qu’a établi par le général Ján Golian, ainsi que d’un mémorandum signé de la main du ministre Ferdinand Čatloš. Les Soviétiques veulent bien en discuter – mais ils sont loin d’être impressionnés. De fait, la Slovaquie n’est qu’un aspect mineur de leurs grands projets et ils ont déjà retourné assez de satellites de l’Axe pour que cette démarche ne les flatte pus guère. Leur stratégie globale ne risque donc pas d’être fonction des desiderata de Bratislava.
Pourtant, du côté des Slovaques, on reste persuadé que leur aide permettra de faire quelque chose – par exemple, de forcer la barrière des Carpates sans difficulté majeure dès ce printemps. C’est déjà un argument de valeur ! Avec du temps et de la pédagogie… Au surplus, ce sera aux dépens des Hongrois – alors la fête sera belle !
Néanmoins, il serait bon que les Soviétiques ne tardent pas trop : malgré l’absence de liaison stable avec l’Armée Rouge, le général Golian prévoit de lancer son plan dans la semaine. D’ailleurs, les communistes du Komunistická strana Slovenska s’agitent déjà en Slovaquie. Par ailleurs, on n’a pas informé les Tchèques de Beneš des pourparlers en cours. Evidemment, c’est un oubli…
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John92



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MessagePosté le: Jeu Mar 17, 2022 17:23    Sujet du message: Répondre en citant


Au petit matin, les forces de police parisiennes extirpent manu militari de leurs lits une poignée d’hommes reconnus sur photos par les policiers survivants et par le joaillier comme ayant participé au cambriolage de la « joaillerie juive » et à la fusillade qui a suivi. L’esprit de corps étant ce qu’il est, les policiers n’hésitent pas à taper fort et à serrer les menottes plus que de raison – l’enterrement de leurs deux camarades est prévu pour le surlendemain.

Encouragée par son succès de la veille, la Heer relance son assaut sur le groupe “Sud” du colonel Kazimierz Szternal “Zryw”, en pleine débâcle faute de munitions, de nourriture, de soins – et surtout faute de combattants. De fait, il n’y a plus ici désormais que deux bandes en désordre, lesquelles tentent simplement de survivre.
A Steny, un certain nombre de combattants parviennent tout de même à se cacher jusqu’à la nuit avant de fuir vers la campagne – mais 500 d’entre eux à peine arriveront à rejoindre la région de Radom.

Elle lui a remis un plan du front avec un ordre de bataille allemand qu’a établi par le général Ján Golian (Soit : établit par le général Ján Golian ; soit : qu’a établi le général Ján Golian ), ainsi que d’un mémorandum signé de la main du ministre Ferdinand Čatloš. Les Soviétiques veulent bien en discuter – mais ils sont loin d’être impressionnés. De fait, la Slovaquie n’est qu’un aspect mineur de leurs grands projets et ils ont déjà retourné assez de satellites de l’Axe pour que cette démarche ne les flatte pus (plus ?) guère. Leur stratégie globale ne risque donc pas d’être fonction des desiderata de Bratislava.

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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Mar 19, 2022 20:29    Sujet du message: Répondre en citant

Edit mode blog : aujourd'hui, après non pas des siècles d'esclavage, mais bien des heures de boulot, le mois de mars 1944 est fini pour ma partie. J'ai été long, j'ai été bavard (287 pages, un petit roman ...). J'espère ne pas avoir été suant. Mais pour me faire pardonner, je vous prévoie un poste spécial. Quelque chose qui j'espère vous plaira, tout à fait en rapport avec la chrono (elle l'illustre) mais qui n'a rien d'un de mes détours fantastiques. Vous me direz le moment venu. Cool Cool Cool Cool Cool Cool
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houps



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Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Sam Mar 19, 2022 21:51    Sujet du message: Répondre en citant

Alors, comme on est entre gens bien, on va faire péter une roteuse, ça le vaut !
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Mar 19, 2022 22:12    Sujet du message: Répondre en citant

Ben quand tu veux !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mar 21, 2022 11:50    Sujet du message: Répondre en citant

30 mars
Pologne
Golgotha
Varsovie-Ouest, quartier de Żoliborz, 02h00
– Le commandement de l’insurrection prend contact avec le comité de la Croix Rouge, afin de transmettre aux Allemands son souhait d’un cessez-le-feu préalable à une capitulation.
………
LXII. AK, quartier de Sielce, 06h00 – La demande de reddition polonaise – car il est évident que c’est de cela qu’il s’agit – arrive jusqu’au QG avancé du général Max Reinwald, de la 92. ID. Ce dernier n’est pas directement au contact de la dernière poche polonaise – il en est séparé par Mokotów et Śródmieście, le territoire de chasse du Kampfgruppe Warschau, que la Croix rouge s’est bien gardée de solliciter… Quoiqu’en théorie non concerné, Reinwald décide de faire remonter l’information en priorité à Carl Rodenburg. Celui-ci se hâtera de la transmettre à Kurt von der Chevallerie…
Dans l’attente des ordres de ses chefs, Reinwald prend l’initiative d’indiquer à l’Armia Krajowa un lieu et une heure de rendez-vous pour une entrevue formelle. Ce sera chez lui, à Sielce, dans la villa Friedberg (dite Villa Rouge (13) ), à 14 heures. D’ici là, l’Ostheer interrompt ses tirs d’artillerie et suspend ses actions offensives. Et – bien obligée – elle prévient aussi la SS.
………
Varsovie-Ouest, quartier de Żoliborz, 09h00 – Départ des délégués de l’AK, dans une ambiance effroyablement triste et même désespérée. Avec hauteur, le colonel Antoni Chruściel “Monter” a décidé d’y aller en personne. Armé d’un simple drapeau polonais qui a perdu son rouge, découpé au ciseau, le groupe s’avance vers les lignes allemandes…
………
QG de la force de répression allemande (Ożarów), 09h15 – Pendant ce temps, dans le manoir Reicher, grande et belle propriété qu’il s’est attribuée, l’Obergruppenführer-SS Erich von dem Bach-Zelewski ne décolère pas. Alors comme ça, ces chiens de Slaves osent le contourner, l’ignorer, le snober même, alors que c’est lui et lui seul qui a mis à genoux leur minable petit mouvement terroriste ? Le SS enfile en vitesse sa veste d’uniforme – sans oublier, surtout, sa croix de chevalier – et, ignorant ostensiblement un Heinz Reinefarth qui commence à bien connaitre les humeurs de son chef, saute dans sa Steyr 1500 de fonction pour aller se joindre à la curée qu’il prévoit. Hélas, si la résidence choisie par le représentant de la Race des Seigneurs est confortable, elle est aussi à une vingtaine de km de Varsovie. Même en roulant aussi vite que possible, il faudra du temps au convoi fortement escorté de l’Obergruppenführer pour rallier Sielce par des routes encombrées de gravats…
………
Villa Friedberg, quartier de Sielce, 11h00 – Arrivée du groupe du colonel “Monter”, qui a traversé les lignes allemandes au milieu d’une ville à peu près détruite et constellée de swastikas. Introduits auprès de Carl Rodenburg – lequel n’allait pas rater l’occasion d’apposer sa marque sur ce moment historique ! – les Polonais ont l’honneur de se voir proposer des conditions de reddition conformes aux règles internationales reconnues : combattants considérés comme prisonniers de guerre, absence de représailles envers la population civile, et absence de destruction supplémentaires des objets historiques ou culturels. Ce n’est pas autre chose que ce qu’ils demandaient…
De fait, en acceptant tout ceci, l’Ostheer ne s’engage pas à grand-chose. En réalité, elle ne fait même qu’acter le transfert de ses captifs vers des Stalags ou vers une zone qu’elle ne contrôle pas – la suite n’est plus son affaire. Quant à la conservation des biens, les photos prises à ce moment montrent bien que, vu ce qu’il restait à sauver, cette clause tient de la symbolique sinon de la fumisterie. De surcroit, elle n’engage pas non plus l’avenir… L’accord de la Villa Rouge n’est donc absolument pas, comme certains apologistes de la Heer l’écriront plus tard, un acte d’humanité ou de respect, ni même une reconnaissance de la bravoure d’un adversaire vaincu. Non, c’est simplement l’expression d’un certain pragmatisme. Et de fait, les heures à venir seront tout sauf roses pour les Polonais.
Mais ce n’est pas comme si l’AK avait le choix… Après avoir tenté de gratter encore quelques concessions symboliques (sortie en défilé drapeau au vent, maintien des uniformes pour les officiers…), Antoni Chruściel cède et signe. Il est 11h32.
11h40 – Sortant sur le perron de la Villa Rouge pour prendre un peu l’air, le colonel désormais prisonnier Antoni Chruściel voit arriver à vive allure un convoi qui stoppe brutalement devant le QG. Erich von dem Bach-Zelewski bondit de sa voiture comme une hyène avide de prendre sa part d’une carcassse. Le regard carnassier, il marche vers Chruściel en bombant le torse et n’hésite pas à l’interpeler : « Je constate avec plaisir que vous êtes devenus raisonnables ! » Puis, comme un charognard se jetant sur une dépouille, il ose lui serrer la main. Une main qu’Antoni Chruściel “Monter” ne sait lui refuser – en évitant toutefois son regard. La photo prise à cette instant précis restera dans l’Histoire.
………
Varsovie-Ouest, quartier de Żoliborz, 12h00 – La nouvelle de la signature de la capitulation atteint l’ultime réduit de l’AK, où l’on a déjà engagé les préparatifs nécessaires pour sa reddition : évacuation des positions avancées, destruction des documents, sabotage du matériel (14). C’est bien… mais que faire des archives du mouvement ? Elles sont vitales pour que l’Histoire n’oublie pas ce qui s’est passé ici ! Cachées dans un camion allemand capturé, elles sont finalement confiées à l’infirmière-dentiste Anna Rothenburg-Rościszewska “Margot”. Contre toute attente, celle-ci réussira à les faire sortir de la ville et à les conduire à Pruszków (15). Avec elle, douze hommes dont son frère Kazimierz. Mais pas son mari, déporté et mort à Sachsenhausen peu de temps auparavant. Ni son beau-fils, tué dans les derniers jours de combats…
12h30 – Radio Błyskawica, la voix de l’insurrection, avait diffusé le 23 février un communiqué triomphal et plein d’espoir, lu par Zbigniew Świętochowski “Krzysztof”, qui était la voix de la Pologne depuis 1930 (16) :
« Bonjour, ici Radio Błyskawica ! La station de radiodiffusion de l’Armée de l’Intérieur à Varsovie, sur les ondes 32,8 et 52,1. L’air de Varsovie est merveilleux. Les femmes de Varsovie sont merveilleuses. Elles sont partout sur le front avec nos soldats, ou comme infirmières ou messagères. Même les enfants sont animés d'un merveilleux esprit de bravoure. Nous saluons tous les peuples épris de liberté du monde ! Et nous saluons les soldats polonais en Albanie et en Angleterre, comme les aviateurs et les marins polonais ! »
Aujourd’hui, Radio Błyskawica diffuse un ultime message de dix minutes avant de s’éteindre à jamais. Des mots prononcés en tremblant de rage par Jan Gieorgica “Grzegorzewicz”, qui conclura son « appel aux peuples du monde » par une terrible plainte.
« Nous ne voulions pas épargner notre sang, mais le manque d’aide a ôté tout espoir à notre combat. Les éléments ont peut-être une part de responsabilité dans cette absence. Mais notre capitulation restera sans aucun doute un stigmate brûlant pour le monde. Voilà la sombre vérité – nous avons été traités plus mal que les satellites d’Hitler, plus mal que l'Italie, plus mal que la Roumanie, plus mal que la Bulgarie… Mais Dieu, qui est juste, dans sa toute-puissance, châtiera la terrible injure faite à la nation polonaise et il punira tous les coupables ! »
Puis il saisit son revolver et le décharge sur le poste. En cinq semaines, les temps ont bien changé…
16h30 – Entrée des forces allemandes dans l’ancienne ultime enclave libre, afin de prendre possession des ruines et faire prisonniers les derniers combattants de l’AK. Hirsutes, affamés et la mine défaite, ceux-ci sortent des gravats en cohorte pour marcher vers les trains qui les mèneront en Stalag. Cheminant devant les façades éventrées et les immeubles vides, ils passent devant les traces ténues d’un vieux dessin à la craie : une ancre formée d’un P et d’un W – Polska et Walcząca, le symbole de l’AK. Une création de la jeune Anna Smoleńska, scoute de 22 ans à peine, qui avait gagné en 1942 un concours organisé (mais oui !) par l’Armia Krajowa afin de trouver un signe élégant, porteur et facile à tracer (17). Mais Smoleńska est morte depuis un an déjà, à Auschwitz…
………
Varsovie-Ouest, 19h00 – Le soleil se couche sur une ville morte mais pourtant grouillante d’activité. Les Allemands en ont pour des jours à en prendre vraiment le contrôle – il s’agit de déblayer les ruines (ou du moins les plus gênantes), de trier la population et de gérer les nouveaux prisonniers, dont une bonne partie blessés. Le Reich capture 10 000 soldats, avec tout le commandement de l’insurrection : le colonel Antoni Chruściel “Monter”, le général Stefan Rowecki, quatre autres généraux, l’état-major au complet, les administratifs, les organismes de propagande, les services de l’arrière… L’Armia Krajowa est annihilée et ne s’en relèvera probablement pas.
Cependant, les effectifs nazis sont insuffisants pour contrôler d’emblée les ruines. Et certains vont pouvoir profiter de la confusion. De fait, un certain nombre de responsables de l’AK réussiront donc à se glisser au dernier moment parmi la foule qui fuit désormais les ruines de la capitale : le délégué du gouvernement pour la Pologne, Jan Stanisław Jankowski, le président du Conseil de l’Unité nationale, Kazimierz Pużak, ainsi que plusieurs membres du Conseil national des ministres – la structure gouvernementale clandestine de l’AK. Ceux-ci éviteront ainsi la captivité. Heureusement pour eux, car, n’étant pas tous combattants, leur sort aurait sans doute été pire que l’emprisonnement en Stalag… Environ 2 000 combattants pourront aussi s’échapper de cette façon.
Par contre, quelques personnages qui ne le méritaient guère s’en sortent plutôt bien : ainsi, le lieutenant-colonel Franciszek Przymusiński, de la police collaboratrice, est libéré par ses amis – il ira vite rejoindre, avec plusieurs de ses collègues, le district de Łowicz, où ses protecteurs allemands ont encore besoin de lui.
Reste enfin les 500 000 civils survivants : essentiellement des femmes, des personnes âgées et des enfants – car, après un tri dans le camp de Pruszków, les hommes en seront séparés et envoyés vers des camps de travail. Avec 100 000 autres personnes venant de la périphérie de Varsovie, ces civils seront chargés dans des trains à destination de la région de Kalisz, où ils seront priés de descendre. Le Reich pourra ainsi prétendre avoir tenu sa parole et fait preuve d’humanité en ne les tuant pas : il les a simplement abandonnés au bord d’une voie ferrée en rase campagne, sans secours ni soins.

Requiem allemand
Berlin/Berchtesgaden
– Lettre du Reichsführer-SS Himmler à Adolf Hitler, datée du 31 mars 1944 : « Mon Führer, la saison n’a pas été très bonne pour nous. Cependant, c’est une bénédiction historique pour le Reich que les Polonais aient agi de la sorte. En cinq ou six semaines à peine, nous avons réglé le problème. Et Varsovie, la capitale, la tête et l’intelligence de cette ancienne nation de 16 ou 17 millions de Slaves, est enfin détruite. Ce peuple qui bloque notre route vers l’est depuis 700 ans, cette nation qui est sur notre chemin depuis la première bataille de Tannenberg n’existe plus. Enfin, du point de vue historique, la Pologne ne sera plus un problème pour nos enfants. »

Pro Domo
Nuremberg, 1945
« Je suis le seul chef SS de Russie et de Pologne qui n’ait pas été assassiné ou qu’on n’ait pas essayé d’assassiner. Je pouvais me déplacer partout sans garde du corps. Mes meilleurs témoins sont le colonel Chruściel et l’évêque de Varsovie, dont je m’étais occupé. (…)
J’étais contre cette politique [d’exécution des Partisans capturés]. Hans Frank en fait état dans son journal. En 1943, j’ai fait un discours critiquant la politique déjà arrêtée contre les Partisans, et c’est une politique qui va maintenant coûter sa tête à Frank. J’ai dit à cette époque qu’on ne saurait combattre les Partisans avec des armes. Mon conseil était de leur donner suffisamment à manger, etc. (…)
Après cela, ma carrière est allée vite et mon ascension fut rapide – trop rapide – au point que je ne pouvais quitter mon poste sans mettre ma famille en danger. Aujourd’hui encore, avec le recul, quand je me demande ce que j’aurais dû faire, je dois répondre qu’il valait mieux que quelques types honnêtes comme moi aient de l’influence au sein des SS et empêchent ainsi des saloperies. »

(Erich von dem Bach-Zelewski, cité par Leon Goldensohn, Les Entretiens de Nuremberg – Champ Histoire, 2009).

De Profundis
« Population de Varsovie :
Août 1939 : 1 300 000 habitants.
Avril 1944 : 3 000 habitants. »

(Page Wikipédia consacrée à la ville de Varsovie – Section Démographie).

Kaddish
« Un mois et six jours. C’est le temps qu’aura duré le soulèvement de Varsovie, depuis son envol plein d’espoir le 23 février 1944 jusqu’à l’écrasement final. La Pologne avait joué et elle avait perdu. L’AK n’avait rien obtenu, à part la vaine fierté d’avoir contraint la Heer à venir l’affronter à nouveau en combat singulier. L’armée régulière allemande donc – d’ailleurs pas beaucoup plus humaine que sa partenaire la Schutzstaffel, contrairement à ce qu’elle tentera d’affirmer ensuite. Quant à son efficacité… aller ratisser des troupes épuisées ou prêtes à se rendre n’avait vraiment rien de spectaculaire ou de glorieux.
A présent sur la ligne de front entre armées allemandes et soviétiques, Varsovie redevenait une zone de guerre. Mais avait-elle seulement cessé de l’être un jour ? De fait, l’insurrection n’était jamais que l’aboutissement de cinq longues années de préparatifs clandestins. Et elle avait tenu 36 jours – en soi, ce n’était pas rien !
On devait beaucoup disserter par la suite sur les circonstances de l’épisode – d’abord avec la bénédiction de l’historiographie communiste, à laquelle succéderait la pas moins partiale vision nationaliste. Le soulèvement aurait duré trop longtemps pour rien (même s’il est vrai que le manque de munitions, des deux côtés d’ailleurs, a aussi joué son rôle), la stratégie de l’AK aurait été brouillonne, ses objectifs incertains… Ces critiques sont en partie justifiées. En tout cas, elles peuvent être au moins discutées. Mais in fine, elles conduisent toutes à une unique question : au total, Varsovie aurait-elle pu aboutir à quelque chose ? Et cette hécatombe – 285 000 morts, dont 250 000 civils – a-t-elle servi un objectif quelconque ? On peut bien sûr toujours en débattre, surtout dans le contexte de son déclenchement consécutif à Tempête. Cependant, selon notre modeste point de vue, la question ne se pose pas en ces termes.
En vérité, face à un péril menaçant l’existence même de la Nation polonaise, l’Armée secrète ne pouvait tout simplement pas peser le pour et le contre en stratège. Elle devait tout tenter – et peut-être réussir – ou bien tout perdre et disparaître sans même avoir essayé. Quiconque tente aujourd’hui, bien confortablement assis à son bureau, de jauger des chances de succès de l’insurrection n’a rien compris au désespoir, puis à l’espoir complétement fou qui a embrasé la capitale polonaise à la fin du mois de février 1944. Un sursaut d’orgueil absolument fantastique, une envie de vivre colossale, qui à eux seuls forcent le respect. Si les insurgés avaient réussi, ils seraient devenus des légendes – dans l’échec, ils n’en restent pas moins des héros. Les Français de l’an 1940, qui ont su redresser la tête dans des heures tout aussi tragiques, ne sont pas les moins à même de comprendre cela.
Il y avait des gens formidables dans les rangs de l’insurrection. Des ouvriers, des paysans, des électriciens, des écrivains, des poètes (Krzysztof Kamil Baczyński, abattu par un sniper allemand dans le palais Blanka), des ingénieurs (le capitaine Kazimierz Leski-Bradl, ancien responsable de production du sous-marin ORP Orzeł, titulaire de nombreux brevets et auteur d’encore plus nombreux articles scientifiques)… Tout un pays tourné vers un seul but : survivre et vaincre. Avec une diversité et une unité, au moins dans les premiers temps, bien plus fortes que la République dite populaire ne pourrait jamais en rêver. Et ce n’est pas pour rien, que chaque année, le 23 février à 17h00 précise, la ville entière se fige dans un silence absolu.
Il fallut cependant d’abord la reconstruire. On sait que le Reich ne tiendrait pas sa parole sur la préservation de ce qui restait… Dès avril 1944, des Brandkommandos et des Sprengkommandos furent chargés de transformer toute la cité en simple zone de transit. En deux mois, Varsovie-Ouest serait rasée à 90 % – contre 50 % “seulement” lors de la capitulation de l’AK. Tout – 10 500 immeubles, 25 églises, un millier de bâtiments historiques, 14 bibliothèques (au contenu soigneusement brûlé auparavant), 150 écoles, les universités… tout serait détruit par le feu, jusqu’aux arbres des parcs. Une commission établie en 2004 estimera les dégâts à 55 milliards de dollars actuels, hors biens privés – inestimables car non dénombrables, mais qui triplent sans doute ce chiffre. Un million de personnes au moins furent ainsi dépossédées de leurs demeures, de leurs propriétés, de leurs souvenirs et de leurs identités. Et à la Libération, seuls restaient à Varsovie un peu moins de 2 000 naufragés, véritables Robinson Crusoé occupés à chercher tous les jours de la nourriture en se cachant continuellement des Allemands.
Bizarrement, certaines richesses échappèrent tout de même à la destruction – tel le cœur de Chopin, qu’Erich von dem Bach-Zelewski était allé chercher personnellement dans son sanctuaire, afin, semble-t-il, d’enrichir son cabinet de curiosités. Il trône aujourd’hui à nouveau dans son église.
Le soulèvement de Varsovie fut aussi le théâtre de tragédies immenses et d’actes d’héroïsme absolu ou de lâcheté immonde.
L’assaut héroïque de la Préfecture de Police par le lieutenant Jan Piotrowski “Lewar”, sortant de son conduit noir de fumée pour tomber sur les soldats du Reich.
L’infâme match de mort des SS-Dirlewanger, avec des nourrissons servant de ballons.
La fuite de la jeune Wisława Samulska-Skłodowska “Anna”, 17 ans à peine, quittant Wola en feu en poussant sur un fauteuil roulant son camarade Andrzej Orłow “Andrzej”, blessé à la colonne vertébrale, sous les tirs des SS. Il lui fallut trois heures pour parcourir un kilomètre… En chemin, elle croisa une patrouille de territoriaux hongrois que leur malchance avait conduits en ces lieux. Ceux-ci… simulèrent des tirs dans sa direction ! Le malheureux Andrzej ne devait toutefois pas survivre.
La mort du petit Jaś Santor “Janek”, coursier de 12 ans à peine, tué dans l’explosion du Borgward de la rue Kilińskiego – sur sa dernière photo, on le voit avec sa sœur Mirosława Santor “Mika”, qui porte la broche-sirène symbole de la ville à la boutonnière.
Ou encore, le soldat Włodzimierz Cegłowski “Sońka”, qui tint jusqu’à sa mort un journal adressé à sa fiancée Zosia avec, en première page, la photo d’une famille désormais disparue. Hélas, cet extraordinaire document n’atteignit jamais sa destinatrice, qui resta veuve et mourut trois mois avant qu’on le retrouve. Il est aujourd’hui au musée de l’Insurrection.
Les héros de l’insurrection furent divers comme une nation et riches comme elle…
Mais alors que la Pologne enterrait des centaines de milliers de morts, il nous reste encore à évoquer brièvement le destin des responsables de cette effroyable boucherie.
Bronislav Kaminski avait déjà connu avant la reddition le sort qu’il méritait, même si ses exécuteurs ne valaient sans doute guère mieux que lui.
Heinz Billig serait tombé en soldat lors des derniers jours du conflit.
Erich von dem Bach-Zelewski fut condamné à mort à l’issue d’un procès interminable mené sur l’insistance de la Pologne, soutenue en cela par la France (et malgré des réticences américaines, inexplicables en l’état). L’ancien SS aura tenté jusqu’au bout de se défausser de toute responsabilité. Il fut exécuté à la prison de Brême le 7 juin 1946. Son adjoint Heinz Reinefarth, fait prisonnier par les Anglais, fut extradé début 1946 par un Royaume-Uni encore un peu conciliant envers la Pologne. Il fut pendu à Varsovie le 3 mars 1947.
Gunther Rohr est mort chez lui, à Dusseldorf, en mai 1966…
Oskar Dirlewanger, pour sa part, devait être capturé après la guerre par les troupes françaises et détenu à Altshausen. Il décéda le 7 décembre 1945 – soit seulement six jours après son arrestation. Le permis d’inhumer, rédigé par le médecin français de garde, mentionne « Crise cardiaque » comme cause du décès, qui serait survenu pendant que le gardien de ce secteur de la prison (dont le nom n’a pas été conservé) était parti « prendre un café ». Une fin des plus banales… en apparence du moins. Car, de nombreuses années après les faits, le document en question – jusque-là plus ou moins couvert par le secret militaire (!) – fut exhumé par un historien étudiant la “dénazification” de l’Allemagne. Celui-ci nota avec étonnement que le médecin avait, apparemment sans sourciller, observé de nombreux hématomes sur le corps et le visage… Le nom de ce praticien (un Français, répétons-le) se terminant en -ski, l’historien se mit alors en tête d’interroger le détenu de la cellule d’en face, un capitaine lituanien de la Wiking, qu’il finit par retrouver. Ce dernier lui indiqua avoir entendu trois individus entrer dans la cellule de Dirlewanger en lançant en polonais (langue que le Lituanien comprenait) : « Hej ! Ale to Oskar! Ziomkowie i ja mamy do powiedzenia dwa słowa… Tak… » Ce qui peut se traduire par « Hé ! Mais c'est Oskar ! Les potes et moi, on a deux mots à te dire… Ouais… » Le Lituanien affirma aussi avoir reconnu des uniformes de type britannique – mais ce point est sujet à caution, car il n’est pas certain que le judas de la porte de sa cellule ait été laissé ouvert…
Quoi qu’il en soit, avec la mort de Dirlewanger, c’était malheureusement une grande partie de la mémoire de son effroyable unité qui disparaissait. Faute d’archives et de témoins, il fallut beaucoup de temps aux historiens pour prétendre reconstituer l’historique de cette formation qui, au début de l’insurrection, comptait 700 hommes et devait déplorer (si l’on peut dire) dans les cinq semaines suivantes pas moins de 2 350 morts. Soit un taux effarant de 335 %, dû notamment aux parachutistes de la brigade Sosabowski – unité dont les uniformes, faut-il le rappeler, étaient britanniques. Tirant profit de la confusion de la fin du conflit, nombre des survivants réussirent hélas à passer entre les mailles du filet pour mourir, trop souvent bien plus tard, dans leur lit. Et le musée de l’Insurrection de Varsovie tient à jour depuis mai 2008 une liste des anciens soldats de la Dirlewanger (parfois encore vivants !) qui n’ont jamais été jugés (18).
Quant à Ziu, pour autant que l’on sache, le canon monstre (à tous les sens du terme) fut capturé par l’Armée Rouge durant les derniers mois de la guerre. Il désormais au musée des Blindés de Kubinka,
Les responsabilités connexes – notamment soviétiques – n’ont bien sûr jamais été étudiées. Par ailleurs, rappelons que les chefs de la brigade aéroportée polonaise – dont ce fut l’unique déploiement et qui ne reviendrait jamais en Pologne – devaient pour la plupart connaitre une triste fin de vie en exil.
Pourtant, envers et contre tout, Varsovie assume cette histoire tragique. Elle en est même fière. Ainsi, de nos jours, sur la place de l’Insurrection de Varsovie – l’ancienne place Napoléon, avec le bureau de poste central où beaucoup de choses ont commencé – on trouve une plaque d’Andrzej Domański : « Sur cette place, le 23 février 1944 à 17 heures, les compagnies du bataillon Kiliński de l’Armée de l’Intérieur ont commencé les combats héroïques de l’insurrection de Varsovie ».
La capitale polonaise a fait sienne cette identité de malheur et de mort pour en faire un symbole de renouveau et d’espoir. Le pape Jean-Paul II lui-même y ferait allusion, dans son discours du 2 juin 1979 sur la place de la Victoire, lequel allait « renouveler la face de la Terre, et la face de cette Terre ».
Varsovie, Semper Invicta. Varsovie, enterrée sous les décombres avec le christ de la Krakowskie Przedmiescie. Mais Varsovie toujours là. Avec son message de vie et d’espoir, en dépit de tout, dans un magnifique esprit de résilience. »

(Robert Stan Pratsky, Amère libération : la seconde Campagne de Pologne – Granit, 2008).

Etat-croupion
Un si beau plan
A l’arrière du 2e Front Ukrainien
– Nouvelle réunion entre le groupe slovaque de Karol Šmidke et le maréchal Aleksandr Vassilievski, envoyé par Moscou en renfort d’Ivan Bagramian. Les envoyés de Brastislava verront évidemment dans l’arrivée de ce nouveau gros poisson la preuve que l’on s’intéresse beaucoup à leur propos… De fait, à la suite des récents événements de Pologne, il semble à présent que l’Armée Rouge voie un intérêt dans l’agitation en territoire occupé – mais avec sa bénédiction, bien sûr. Cependant, il ne s’agit jamais ici que de la continuation logique du traité d’amitié, d'assistance mutuelle et de coopération signé le 12 décembre 1943, traité qui prévoyait justement la formation et l’envoi par l’URSS de groupes d’encadrement pour les Partisans en territoire tchécoslovaque. Ces groupes qui sont d’ailleurs maintenant aux côtés du Komunistická strana Slovenska (KSS), et dont les actions commencent à attirer vraiment l’attention des Nazis…
Globalement, le plan que les Slovaques proposent est simple. Cela fait déjà plusieurs semaines que l’armée slovaque – sous l’égide du gouvernement presque tout entier – prépare le redéploiement de la majorité de ses forces vives vers le nord et l’est. Le lieutenant-colonel Ján Golian est bien sûr à la manœuvre dans l’exécution de ce déplacement massif, et d’autant plus complexe qu’il doit être mené avec peu de moyens mais beaucoup de discrétion. Le trésor d’Etat (3 milliards de couronnes !) a déjà été transféré à Kremnica – officiellement afin de le protéger d’éventuels raids sur la capitale de l’aviation alliée basée dans les Balkans… Le ravitaillement et les centres d’approvisionnement suivront, ainsi que les deux divisions de l’armée (1ère et 2e Divisions dites “techniques”, général Augustín Malár et colonel Markus) dans la région de Prešov. Pour les Allemands, il s’agit (bien sûr !) de servir de réserve à la jonction du HG Mitte et du HG A, sur les arrières de la 8. Armee et de la 1ère Armée hongroise… Il en est de même pour une bonne part de l’aviation – mais, hélas, pas pour le 13.(Slovak)/JG.52, lequel reste bien trop imbriqué dans la Luftwaffe. Il faudra se contenter d’Avia B.534, de Letov 328 et (peut-être) de quelques avions allemands capturés…
Bref ! Une fois en place, ces unités – le meilleur de l’armée slovaque – proposent de se mettre à la disposition des Soviétiques pour exécuter l’un ou l’autre de deux scénarios, à leur choix : soit l’occupation du col de Dukliansky (un passage stratégique qui relie Rzeszów à Košice à 502 mètres d’altitude), soit, dans le cadre peut-être d’une action plus générale vers la Hongrie, la prise d’un triangle stratégique Banská Bystrica - Brezno – Zvolen (en plein cœur de la Slovaquie !) et sa défense jusqu’à l’arrivée du 3e Front Ukrainien. Dans les deux cas, l’armée slovaque frapperait dans le dos l’armée allemande… ainsi que la 1ere Armée hongroise – mais il est vrai que celle-ci occupe une Ruthénie fort mal acquise en 1939, justement aux dépens des Slovaques.
Les conspirateurs insistent bien sûr lourdement sur le fait que l’immense majorité des Slovaques n’a jamais voulu faire la guerre à l’URSS – en témoigne la faiblesse de leur engagement contraint sur le front sud, et son interruption depuis l’été 1943. La Slovaquie est bien revenue de ses illusions sur l’Axe. Les récentes et abominables découvertes dans la région de Lublin – corroborées par les témoignages de deux évadés juifs slovaques (19) – ont dessillé les yeux des plus rétifs (sauf, bien sûr, ceux d’une bonne partie de la majorité catholique sur laquelle Mgr Tiso s’appuie…) (20).
Du reste, les Allemands sont conscients de l’état d’esprit des Slovaques – comme de celui de leurs voisins hongrois. Il convient donc d’aller vite. Et il faut surtout qu’avant le déclenchement de l’opération, le KSS se tienne tranquille et ne fasse absolument rien qui puisse irriter la bête nazie !
En résumé, les Slovaques se voient bien jouer un scénario à la bulgare, mais à l’envers – sauter du train en marche, avec l’appui des Soviétiques à défaut de celui des Occidentaux. Et selon la conclusion de Karol Šmidke : « Nous pourrons alors, Messieurs les Maréchaux, faire éclater à la face du monde, et notamment du gouvernement de Londres, la réalité de notre courageuse résistance, tout en fournissant une nouvelle preuve de l’incroyable vaillance de l’Armée Rouge. »
Les Soviétiques écoutent, évidemment. Et les discussions se poursuivent. Mais pas davantage pour l’heure. C’est vrai, ce plan est pour ainsi dire parfait. Il est adapté aux moyens disponibles, met à profit les difficultés hongroises, anticipe les réactions allemandes ainsi que les besoins soviétiques. En vérité, il n’a qu’un seul défaut : il ne tient pas compte des projets de Moscou. Et si c’est une chose d’être duplice, c’en est une autre d’avoir en face le jeu complémentaire. Les Roumains, avec une armée complète, ne sont déjà pas spécialement bien traités… Pourquoi les petits repentis de Bratislava imposeraient-ils leurs plans à l’Armée Rouge ? Ce Šmidke peut bien annoncer l’arrivée de deux plénipotentiaires supplémentaires et mettre en garde ses interlocuteurs soviétiques contre « le caractère irréversible de l’engrenage en marche », ce n’est pas le problème de Malinovski – et encore moins celui de Vassilievski !
De toute façon, il faut être objectif : l’Armée Rouge ne contrôle pas vraiment les chiens fous du KSS. Ces camarades agissent un peu comme bon leur semble, selon les nécessités du moment. Comme d’habitude, ils n’en feront qu’à leur tête – et les Slovaques n’auront qu’à s’adapter…
Par contre, un élément capital n’a pas échappé aux Russes : en achevant sa tirade, Šmidke vient d’avouer à demi-mot que le gouvernement tchécoslovaque en exil n’est pas au courant de sa mission ! Ce qui veut dire que les Soviétiques ne discutent pas ici avec des alliés, mais bien avec de vulgaires Fascistes repentis. Ainsi donc, si demain l’Armée Rouge entrait en Slovaquie, elle pourrait tout à fait légalement envisager d’installer une 19e RSS à la place du gouvernement Tiso, sans que le monde ait rien à y redire.


Notes
13- Chef d’œuvre d’art déco et du modernisme des années 1920 – mais le général allemand l’a choisie pour son confort moderne bien davantage que pour son design. Pour l’anecdote, Sielce n’avait été rattaché à Varsovie qu’en 1916, sur décision du gouverneur… allemand de l’époque, Hans Hartwig von Beseler.
14- C’est ainsi que Kubuś – abandonné immobilisé, mais caché sous des gravats – devait survivre au conflit. Il est aujourd’hui au musée de l’Armée polonaise.
15- Membre de longue date de l’Armée secrète et responsable du Bureau du renseignement et de la propagande, Mme Rothenburg-Rościszewska connaissait particulièrement bien les Nazis. Durant la guerre, elle contribua beaucoup à l’identification des agents de la Gestapo par le croisement de leurs dossiers médicaux et dentaires.
16- Świętochowski avait eu le triste privilège d’annoncer le début de la guerre le 1er septembre 1939. Après la guerre, il devait rester présentateur à la radio d’état jusqu’en 1970 !
17- Il fait aujourd’hui partie des biens nationaux immatériels de la République de Pologne.
18- De nos jours, le SS-SonderKommando Dirlewanger, avec sa réputation sulfureuse et méritée, reste un véritable mouton noir pour les apologistes du Troisième Reich, lesquels ne savent vraiment pas quoi en faire. Ainsi, très peu de personnes se sont risquées à tenter sa réhabilitation, pour des raisons évidentes… Un seul s’y sera véritablement essayé : Richard Landwehr, l’auteur de nombreux volumes sur les divisions étrangères de la SS, tels que Combattre pour la liberté – La division de volontaires ukrainiens de la Waffen-SS (il s’agit évidemment de la Galizien), Les volontaires roumains de la Waffen-SS en 1944 et autres panégyriques publiés dans son magazine Siegrunen (Les runes de la victoire… sic !). Grand ami épistolaire de Florentine van Tonningen et d’Horia Sima, Landwehr veut bien convenir qu’Oskar Dirlewanger était « un être humain failli » (on appréciera la formule, pour désigner un pédophile meurtrier à tendance sociopathe). Par contre, il se sent obligé de préciser juste après qu’en dépit de cela, la Dirlewanger était « une unité combattante formidablement efficace. Peut-être même la meilleure unité anti-partisans de toute la guerre ». Assurément, ses excès n’étaient liés qu’à l’incorporation de profils politiques non professionnels, et à rien d’autre…
19- Rudolf Vrba et Alfred Wetzler – ceux-ci ont rédigé un rapport très documenté qui aura eu aussi un fort impact sur l’opinion hongroise, et notamment sur l’amiral Horthy (lequel l’avait reçu par l’intermédiaire du Vatican). Tous deux survivront à la guerre pour connaitre des destins fort différents : Vrba immigrera au Canada (il apparaîtra dans Shoah de Claude Lanzmann) et Wetzler restera modeste travailleur à Bratislava. Ils sont les auteurs respectifs des ouvrages Je ne puis pardonner et Auschwitz, la tombe de quatre millions de personnes. Ajoutons que Rudolf Vrba est à l’origine d’une vilaine polémique : il soutiendra toute sa vie que son rapport avait été mis sous le tapis afin de complaire aux Nazis dans le cadre de négociations du type “Sang contre camions” entre le Comité judéo-hongrois d’Assistance et Adolf Eichmann en personne.
20- Pour ce qui est des Roms – aussi durement martyrisés que les Juifs par les Nazis et voués eux aussi à disparaître – on en parlera plus tard…
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