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Le Front Russe - Mars 1944
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Jan 04, 2022 20:07    Sujet du message: Répondre en citant

Précisons qu'OTL, Hanin finira sa vie en Indochine, avec une locale et après son service dans la Légion. Comme quoi, les chemins de traverse ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
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le poireau



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MessagePosté le: Mer Jan 05, 2022 13:25    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Précisons qu'OTL, Hanin finira sa vie en Indochine, avec une locale et après son service dans la Légion. Comme quoi, les chemins de traverse ...


Remarque à portée générale : Il est peut-être fort imprudent de se projeter dès a présent dans le destin d'après guerre de certains personnages, alors que les modalités de la fin du conflit, de la libération et de l'épuration n'ont pas encore été définies.
Reprendre une trajectoire OTL à l'identique n'est pas forcément judicieux si les circonstances ont bien changé.
Prudence donc....
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Jan 05, 2022 18:40    Sujet du message: Répondre en citant

4 mars
Opération Volodino
Face à l’Ostwall
HG Nord (Prusse orientale)
– La 16. Armee (Christian Hansen) continue son redéploiement sous la pluie et dans la boue – à force de manœuvres, elle n’est plus très loin d’être enfin sortie d’affaire. De fait, son X. AK arrive à destination : la 30. ID (Wilhelm Hasse) prend quartier à Arys et la 126. ID (Gotthard Fischer) à Johannisburg. Le XXVIII. ArmeeKorps (Herbert Loch) traverse Sensburg tandis que le II. AK (Paul Laux), parvenu entre Arys et Johannisburg, approche de Puppen et Friedrichshof. Dans deux jours au plus tard, le HG Nord aura complétement basculé sur un long arc de cercle défendant la Prusse Orientale. Le tout sans que les Soviétiques des Fronts Baltes aient rien pu faire de sérieux pour l’en empêcher. Le gros du 2e Front Balte passe à peine Kalinowo en évitant Augustów – encore heureux. Kirill A. Meretskov a encore deux armées et un corps mécanisé disponibles – cela ne suffira sans doute pas pour couvrir tout le flanc de Vistule-Varsovie, c’est à dire du 2e Front Biélorusse. Joukov va donc devoir, à sa grande frustration, mettre lui aussi la main à la pâte pour assister son ancien ami.
………
Secteur de la 2. Armee et de la 4. PanzerArmee (région d’Augustów, Pologne) – Pourtant, le maréchal estime qu’il a bien mieux à faire ! Augustów prise – et le 2e Front de la Baltique s’écartant enfin… – il relance ses forces vers l’avant au plus vite, à la poursuite de l’ennemi.
Ce dernier a décampé d’autant plus vite que ses forces sont à présent essentiellement motorisées. Kurt von Der Chevallerie a dispersé sa 4. PzA pour couvrir à la fois les arrières de la 2. Armee et le repli des garnisons de ses Festungen. Ainsi, le XLVI. PanzerKorps (Franz Westhoven) est déjà quelque part sur la route de Białystok, entre Suchowola et Korycin – où il obliquera sans doute vers le sud-est pour assister le LXII. AK de Carl Rodenburg dans sa retraite. La 22. Panzer serait en train de sortir des bois à hauteur de Lispk, toujours avec Grodno en ligne de mire. Enfin, la 10. Panzergrenadier (August Schmidt) se trouve sans doute à droite de la Statzer See, prête à profiter du goulet d’étranglement entre les barrières humides que forment le lac Dręstwo et la Jegrznia pour gagner un peu de temps.
Pour les Soviétiques, tout ceci est incertain, car la soldatesque fasciste bénéficie une fois encore d’un ciel complice : certes, il gêne ses mouvements – mais pas plus que ceux des forces de la Révolution – mais surtout, il interdit les reconnaissances aériennes. Comment poursuivre, dans ces conditions ? Négligeant l’Ostwall et la Prusse orientale (déjà verrouillée de toute façon), Joukov envoie donc un groupe (63e Armée, 20e Armée, 10e Corps Blindé) vers Białystok et un autre (Groupement Oslikovski et 3e Armée de Chars) vers Grajewo, pour tenter de disloquer le dispositif allemand en prenant à revers ses points forts. Une jolie manœuvre – à ceci près qu’elle fait passer des forces nombreuses mais épuisées par des routes rares et en assez mauvais état. Au soir, celles-ci n’ont atteint que Horodnianka et Bargłów Kościelny. Certes, elles sont sur les traces de l’ennemi, mais sûrement pas assez près de lui pour le menacer.

Bouchons
Région de Grodno (1er Front Biélorusse)
– Un sujet, tout de même, inquiète aujourd’hui von der Chevallerie. Grodno, qui n’a pas reçu de renforts, tient quand même, au point de se retrouver maintenant sensiblement avancée dans le dispositif adverse. Avec la « saison des mauvaises routes » qui commence, il ne faudrait pas que la performance des défenseurs se retourne contre eux… Egarer pour rien trois corps d’armées encerclés aux confins de la Pologne ferait désordre !
Sans perdre de temps, le commandant de la 4. PanzerArmee ordonne donc l’évacuation – dans l’ordre, bien sûr ! – de la Festung Grodno. Le LXIII. ArmeeKorps d’Ernst Dehner quitte les rives du Niémen en premier, jusqu’à Sokółka, tandis que le LXXII. ArmeeKorps d’Anton Grasser se replie sur la rive ouest pour assister les 123. ID et 253. ID (XL. PzK) qui s’efforcent de décrocher, toujours pressées par la 2e Armée de Choc de Kuzma Galitsky.
Les 1ère et 3e Armées de la Garde entrent donc, après un bel effort et malgré de nombreux combats retardateurs aussi coûteux que futiles, dans une cité globalement abandonnée par l’ennemi. Depuis le vieux château (XVIe siècle) de Stefan Batory, les groupes de reconnaissance observent les ponts qui sautent, puis aperçoivent par-dessus le fleuve les combats se poursuivre à hauteur de Zhilichi puis de Gibulichi, jusqu’à ce que leurs camarades engagés en pointe par Galitsky doivent refluer sous la pression de quatre divisions fascistes. Ivan Zakharkine et Ivan Chistiakov entament sans tarder d’autres actions de franchissement pour aller les aider, mais décidément Grodno ne porte pas chance à l’Armée Rouge !
Dans la nuit, la Heer commencera à reculer dans les bois de Bruzgi sans courir de véritable danger, abandonnant ainsi ses dernières positions à l’adversaire.

Opération Vistule-Varsovie
La Walkyrie
Région de Białystok (1er Front Biélorusse)
– Ce repli est évidemment une fort bonne chose pour les défenseurs de Grodno… mais sans doute un peu moins pour les anciens défenseurs de Białystok, qui n’ont finalement quitté cette ville que pour tenir un peu plus loin la porte ouverte à leurs camarades.
Après sa pénible évacuation, le LXII. AK de Carl Rodenburg a au moins réussi à prendre un peu de champ. Il se trouve désormais à Jezewo, petit carrefour perdu dans l’est de la Pologne d’avant-guerre, qui se trouve être l’une des deux portes de sortie pour le XL. PanzerKorps, le LXIII. ArmeeKorps et le LXXII. ArmeeKorps. Comme l’autre, Grajewo, est encore plus menacée par les T-34 venant du nord, ordre est donné à Rodenburg de s’accrocher à tout prix à cette position, en profitant de la présence de nombreux marais et de boucles de la Narew (qui forme à cet endroit une sorte de péninsule) pour défendre sans trop de casse pendant au moins 48 heures.
Ainsi soit-il… Les deux divisions de Rodenburg se déploient pour défendre le carrefour. La 92. ID (Max Reinwald) prend en charge l’axe principal de progression ennemi, à hauteur de Radule et Leśniki, en s’appuyant sur les bois du secteur. La 367. ID (Adolf Fischer), pas moins novice mais déjà plus éprouvée, ira au nord vers Leśniki, afin de prévenir tout contournement. Entre les deux, la 20. Panzer de Mortimer Von Kessel et les StuG III du 904. StuG Abt (Major Hans-Hennig Wiegels) tâcheront de former une réserve mobile pour parer aux percées.
La journée se passe donc à mettre en place ce dispositif, fort heureusement pour l’Axe sans trop de sollicitations immédiates. La pluie est tenace, le terrain mauvais : la 15e Armée de Georgiy Zakharov en est à peine à traverser la Narew à Złotoria, tandis que la 3e Armée de Choc (Mikhaïl Purkayev) remonte vers Krypno Wielkie à la recherche d’un point de passage qu’elle ne trouve pas. Ce faisant, elle se retrouve relativement isolée, en plein sur l’axe de repli des troupes quittant Grodno… Quant au 7e Corps Blindé, après ses raids de la veille, il doit aussi se rallier et ravitailler avant de poursuivre. Depuis le temps que Panfilov fait le cosaque, sa formation a perdu un peu d’efficacité. Et puis, il n’a pas l’arrogance de s’imaginer mettre tout seul l’ennemi en déroute. Ses blindés attendent donc la traversée de l’infanterie pour poursuivre.
Beaucoup plus bas, au nord de Brest, le reste de la 1. PanzerArmee continue à se dégager. Le XXXIX. PanzerKorps d’Otto Schünemann, enfin de nouveau relié au LXXVIII. PanzerKorps de Martin Unrein, recule de concert avec celui-ci sur un axe Granne-Drohiczyn, se préparant à passer le Bug à Tonkiele. Derrière cet obstacle significatif, il sera possible de se rétablir, afin de permettre à l’aile gauche de rallier.
Devant l’étendue de la retraite allemande et du territoire à saisir, les efforts soviétiques se font plus dispersés. Konstantin Rokossovski n’en suit pas moins avec application les axes de progression définis à Moscou. La 1ère Armée de Chars de Mikhaïl Katukov s’empare de Dziadkowice et Siemiatycze, infligeant pertes sur pertes aux panzers de Schünemann sans toutefois parvenir à anéantir le XXXIX. PzK, faute d’infanterie et d’aviation. Quant à la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko), elle poursuit seule à travers les bois jusqu’à Milejczyce et Żerczyce, avec sur ses talons la 29e Armée, qui quitte Brest en hâte pour remonter vers Vysokaje. L’initiative qu’elle a prise la veille pour aider à s’emparer de la ville s’est finalement révélée aussi malheureuse qu’enthousiaste… Et comme elle n’a pu permettre d’encercler la 3. PanzerArmee, Alexander Gorbatov doit rentrer dans le rang au plus vite.
En somme, ici, l’Armée Rouge pousse, use et reprend du terrain. Mais sans faire beaucoup plus, pour l’heure du moins.
………
Région de Brest (2e Front Biélorusse) – Après la saignée qui lui a été infligé la veille, la 3. PanzerArmee de Werner Kempf ne tarde pas à prendre le chemin de l’Heimat, obligeamment ouvert (pour une fois !) par la 6. Armee. Profitant de ce que les Soviétiques – du moins, la 64e Armée et le Groupement Pliev – en sont encore à passer le Bug vers Terespol et Kukuryki, cette formation se replie en hâte jusqu’à Biała Podlaska, grâce au fait que, sur sa gauche, le 3e Front Biélorusse n’est toujours pas coordonné avec son voisin, et encore moins assez fort pour peser ici.
C’est heureux pour l’armée de Kempf, réduite à 65 000 hommes environ, avec 80 chars à peine. Tout juste un gros corps d’armée, pour ce qui fut une PanzerArmee ayant tenu tête aux Rouges d’Olvesk jusqu’à Kovel… Enfin ! Si le Dieu de la Guerre le veut, dans deux jours, elle sera à Siedlce – soit a priori sur les arrières de la 4. PanzerArmee, qui couvrira les dernières étapes de son repli.
………
Région de Varsovie – Arrivée, sous la pluie et dans une atmosphère de fin du monde de la 5. SS-Panzer Wiking (Felix Steiner) – laquelle vient rallier sa nouvelle formation, le futur IV. SS-PanzerKorps de la nouvelle 1. PanzerArmee, après une très longue route depuis la Lituanie. La fatigue se fait durement sentir dans les rangs de la division, d’autant plus qu’il a fallu abandonner aux Rouges un pays dont sont originaires nombre de volontaires servant dans l’unité !
Et leurs tribulations ne sont pas terminées : pour passer la Vistule, la Wiking va devoir contourner Varsovie par le nord et Nowy Dwór. Ensuite, ce sera le repos – jusqu’à nouvel ordre… De son côté, le SS-Obergruppenführer Felix Steiner ne prend pas ombrage de ces événements – ils servent sa carrière autant qu’ils lui permettent de servir la Cause ! En effet, le Prussien vient de recevoir un télégramme de Wewelsburg lui attribuant le commandement du IV. SS-PanzerKorps. Il laissera la Wiking à Herbert-Otto Gille, son adjoint.
………
Le long de la Vistule (3e Front Biélorusse) – Après ses récents échecs sur la Vistule, Rodion Malinovski ne regarde pas trop vers le nord. Laissant à la 37e Armée le soin de rafler les traînards et de faire jonction avec Rokossovski – mais pas davantage ! – et alors que la 4e Armée de Choc d’Ivan Maslennikov ne saurait faire plus que garder son flanc, le Soviétique relance énergiquement ses tentatives de traversée du fleuve. De fait, depuis le démarrage de Vistule-Varsovie (il y a quinze jours déjà !), Malinovski n’a pas l’habitude qu’on lui résiste… Et à présent qu’il bénéficie du soutien de la 5e Armée au sud, de munitions en abondance et d’un temps clément (du moins, jusqu’en milieu d’après-midi), il espère bien passer au plus vite cette grande coupure humide par une succession d’assauts coordonnées. Ce n’est pas lui qui va rester longtemps coincé par un bête fleuve comme (par exemple) cet imbécile de Fiodor Tolboukhine en Moldavie l’été dernier (9) !
Une fois encore, l’Armée Rouge s’ouvre le passage à grands renforts d’artillerie et d’aviation tactique, tandis que les Petlyakov Pe-2 de la 8e Armée Aérienne de Kutsevalov vont bombarder en profondeur. Même méthode que les jours précédents, mais avec plus de monde et davantage d’acier – cette fois-ci, la Heer recule pour ne pas trop souffrir et l’Armée Rouge se ménage plusieurs têtes de pont : à Borek pour le 5e Corps Blindé (Semyon Krivoshein) et à Marianów, Nowe et Zawichost pour la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko), tandis que la 5e Armée de Mikhaïl Potapov renforce sans cesse Zawierzbie et Ostrołęka.
L’Armée Rouge ne rompt donc pas encore la ligne de la Vistule, loin de là – par contre, elle la grignote indubitablement petit à petit, au fur et à mesure de l’usure comme du renoncement des forces de l’Ostheer dans cette région. Autant de signes encourageants d’une reprise de l’avance vers Łódź. Mais les avancées obtenues sont très vulnérables. Or, le Fasciste est fourbe et mauvais perdant – il tentera sans aucun doute de contre-attaquer dès cette nuit. Ainsi, contre toute attente, le 3e Front Biélorusse se révèle, non pas prudent, mais raisonnablement précautionneux.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Situation calme sur cet axe de Vistule-Varsovie : désormais face à la Dunajec et aux lignes de la 8. Armee, Viktor Obukhov et son 11e Corps Mécanisé font la pause en attendant que l’infanterie arrive. Cela ne sera le cas qu’en fin d’après-midi : la 50e Armée (Konstantin Golubev) s’installe à Zgłobice, la 8e Armée de la Garde (Serguei Trofimenko) à Żabno. Ces deux formations s’étalent largement le long des berges, afin de saturer les défenses ennemies tout en évitant Tarnów, son tissu urbain, ses pièges et ses habitants désagréables. Demain, il faudra recommencer à attaquer, pour forcer la route de Katowice – le second objectif de l’offensive après Tarnów. Un objectif ambitieux : surtout avec un flanc droit pas forcément sécurisé, un flanc gauche très étiré et des lignes de ravitaillement encore convalescentes, quoique pataugeant toujours dans la boue. Mais la Victoire est à ce prix !


Note
9- Malinovski et Tolboukhine se haïssent cordialement : une vieille rivalité professionnelle exacerbée dans le contexte très tendu de l’invasion de 1942…
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houps



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MessagePosté le: Mer Jan 05, 2022 18:51    Sujet du message: Répondre en citant

Bien. Il est certes vital de tout faire en vitesse, néanmoins...

"...Secteur de la 2. Armee et de la 4. PanzerArmee (région d’Augustów, Pologne) – Pourtant, le maréchal estime qu’il a bien mieux à faire ! Augustów prise – et le 2e Front de la Baltique s’écartant enfin… – il relance ses forces vers l’avant au plus vite, à la poursuite de l’ennemi.
Ce dernier a décampé d’autant plus vite que ses forces sont à présent essentiellement motorisées...."

Sans vitupérer, proposons : " Ce dernier a décampé avec d'autant plus de célérité que ses forces...."
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John92



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MessagePosté le: Jeu Jan 06, 2022 11:52    Sujet du message: Répondre en citant

...
Ce repli est évidemment une fort bonne chose pour les défenseurs de Grodno… mais sans doute un peu moins pour les anciens défenseurs de Białystok, qui n’ont finalement quitté cette ville que pour tenir un peu plus loin la porte ouverte à leurs camarades.
Après sa pénible évacuation, le LXII. AK de Carl Rodenburg a au moins réussi à prendre un peu de champ. Il se trouve désormais à Jezewo, petit carrefour perdu dans l’est de la Pologne d’avant-guerre, qui se trouve être l’une des deux portes de sortie pour le XL. PanzerKorps, le LXIII. ArmeeKorps et le LXXII. ArmeeKorps. Comme l’autre, Grajewo, est encore plus menacée par les T-34 venant du nord, ordre est donné à Rodenburg de s’accrocher à tout prix à cette position, en profitant de la présence de nombreux marais et de boucles de la Narew (qui forme à cet endroit une sorte de péninsule) pour défendre sans trop de casse pendant au moins 48 heures.
Ainsi soit-il… Les deux divisions de Rodenburg se déploient pour défendre le carrefour.
...
Une fois encore, l’Armée Rouge s’ouvre le passage à grands renforts d’artillerie et d’aviation tactique, tandis que les Petlyakov Pe-2 de la 8e Armée Aérienne de Kutsevalov vont bombarder en profondeur. Même méthode que les jours précédents, mais avec plus de monde et davantage d’acier – cette fois-ci, la Heer recule pour ne pas trop souffrir et l’Armée Rouge se ménage plusieurs têtes de pont : à Borek pour le 5e Corps Blindé (Semyon Krivoshein) et à Marianów, Nowe et Zawichost pour la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko), tandis que la 5e Armée de Mikhaïl Potapov renforce sans cesse Zawierzbie et Ostrołęka.
L’Armée Rouge ne rompt donc pas encore la ligne de la Vistule, loin de là – par contre, elle la grignote indubitablement petit à petit, au fur et à mesure de l’usure comme du renoncement des forces de l’Ostheer dans cette région. Autant de signes encourageants d’une reprise de l’avance vers Łódź. Mais les avancées obtenues sont très vulnérables.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Jan 07, 2022 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

5 mars
Opération Volodino
Face à l’Ostwall
HG Nord (Prusse orientale)
– Fin d’étape ou presque pour le HG Nord, qui achève de se redéployer sous un ciel froid et clair, mais venant bien trop tard pour aider vraiment les VVS.
Le XXVIII. ArmeeKorps (Herbert Loch) entre à la tombée de la nuit dans Ortelsburg – la 122. ID (Gustav Hundt) y prend immédiatement ses quartiers, afin de défendre ce secteur où une trouée dans les bois mène jusqu’à Allenstein. Son équipière, la 251. ID (Maximilian Felzmann), se retranche à Willenberg.
La réserve de la 16. Armee (13. SS-Grenadier-Division Kurland de von Pückler-Burghauss et 655. schw. PzJ. Abt de von Hofenfels, sur Nashorn) s’installe évidemment derrière la ligne de front, à Sensburg, prête à intervenir en urgence à partir de ce carrefour.
Le II. AK (Paul Laux) traîne un peu la patte au milieu des bois. Il ne sera pas à Puppen (269. ID, Hans Wagner) et à Friedrichshof (12. ID, Kurt-Jürgen von Lützow) avant demain matin, car il doit aujourd’hui se déplacer prudemment, en restant sous le couvert de la forêt.
Peu importe ! Derrière lui, le 2e Front de la Baltique ne peut plus rien faire d’utile. Kirill Meretskov n’a jamais eu que quatre armées et trois corps blindés sous ses ordres, trop peu pour s’en prendre à tout le HG Nord, même avec le soutien de Markian Popov. Dans les jours qui viennent, il disposera ses unités disponibles le long de l’Ostwall : la 55e Armée (Vladimir Smiridov) à Kalinowo, face à Lyck ; la 34e Armée (Anton Lopatine) vers Szczuczyn, sur la route de Johannisburg ; et le 14e Corps Blindé (Ivan Kirichenko) entre les deux, à Grajewo.
Il parait désormais évident pour tous que Volodino a complètement échoué : faute de moyens c’est vrai, mais aussi faute pour l’Armée Rouge d’avoir su saisir à temps l’occasion qui se présentait. Il est vrai que les troupes qui auraient été nécessaires pour cela étaient sans doute plus utiles en Ukraine ou en Biélorussie.
Quoi qu’il en soit, une fois encore, la fameuse stratégie centrale prônée par Gueorgui Joukov et axée sur la Biélorussie semble avoir échoué par comparaison aux grandes envolées dans la plaine d’Ukraine. Mais c’est une apparence : les plans de Volodino, de Bagration et de Souvorov – qui n’ont pas toutes été des échecs, loin s’en faut – étaient très différents, pour répondre à des contraintes tout aussi différentes. A présent que le Fasciste a été bouté hors de l’Union Soviétique, il est clair que ces résultats contrastés ne révèlent que la progression du savoir-faire de l’Armée Rouge, et en aucun cas l’incompétence d’un de ses chefs.
Toutefois, dans l’URSS de Staline, quelle que soit la stricte réalité, il convient toujours de faire particulièrement attention aux apparences. Or, en ces temps de triomphes, l’étoile du numéro un de la Stavka, artisan déjà oublié des rares victoires de 1942 et des succès plus nombreux de 1943, semble pâlir chaque jour davantage…
Cependant, indépendamment de ces savantes considérations, il reste que, même aux portes du Reich, les rives de la Baltique demeurent un terrain d’opération secondaire. De ceux où le maréchal, justement, aimerait ne pas devoir s’attarder, alors que son 1er Front Biélorusse traîne encore derrière Vistule-Varsovie sur une route de Berlin peut-être grande ouverte !
………
Secteur de la 4. PanzerArmee (région d’Augustów, Pologne) – Raison de plus pour relancer toujours plus fort vers la Vistule, au côté – ou plutôt sur le flanc – du 2e Front Biélorusse de Konstantin Rokossovski. Après tout, celui-ci fut un proche de Joukov – même si leurs relations ne sont plus aussi bonnes, le maréchal peut au moins espérer qu’on ne lui tire pas dans les pattes…
La tâche semble facile : la 4. PanzerArmee est en pleine retraite, elle a abandonné Augustów pour voler au secours d’une foule d’unités plus ou moins en difficulté. Devant les forces soviétiques, sur la route de Łomża, il n’y a plus que ce qui reste de la 10. Panzergrenadier (August Schmidt), renforcée par quelques Tiger survivants du 501. schw. Pz Abt (Major Erich Löwe) pour espérer jouer les trouble-fête.
L’Armée Rouge ne devrait donc avoir aucun mal à se jeter à la curée face à ce médiocre adversaire, d’autant plus que le ciel est enfin acceptable. Hélas, la raspoutitsa achève de mettre à mal la logistique du 1er Front Biélorusse, qui chemine déjà sur des routes médiocres et surchargées, au prix d’une série d’efforts prodigieux pour arracher à chaque instant les véhicules à la fange. Les deux forces commandées par Joukov et Sokolovski rencontrent donc quelques difficultés…
Le trio 63e Armée, 20e Armée et 10e Corps Blindé – qui devait aller frapper le flanc des forces en retraite à partir de Grodno avant de poursuivre vers Białystok – a donc le plus grand mal à franchir les marais du Briebrza, dans la région où la 221. SicherungDivision (Johann Pflugbeil) a récemment balayé la 29e DI de l’Armée Secrète. Evidemment, la division de sécurité s’est dépêchée de se mettre à l’abri… Mais le terrain n’en reste pas moins infect et impraticable pour des T-34 qui s’enfoncent jusqu’au châssis dans de profondes ornières. Et même si quelques engins réussissent à s’aventurer jusqu’au carrefour de Dąbrowa Białostocka en dispersant les retardataires, le gros de la troupe reste loin en arrière (parfois à Horodnianka !) jusque tard dans la nuit.
Pour le Groupement Oslikovski et la 3e Armée de Chars, c’est un peu mieux. Fonçant de Bargłów Kościelny à Rajgród derrière le 2e Corps Blindé de la Garde (Ivan Vovchenko), les Soviétiques se heurtent assez vite aux blindés de Schmidt et de Löwe. La formation de Vovchenko ayant quelque peu souffert lors des… complications liées à la libération de Kaunas, elle se révèle incapable de percer seule – et le soutien du Groupement Oslikovski, qui arrive au pas de course, n’y fait rien. Avant midi, les premières reconnaissances aériennes remontent à Pavel Rybalko. L’ennemi apparaît retranché, sous le couvert des arbres. Mais il est visiblement peu nombreux, formant sans aucun doute un énième bouchon retardateur qui ira bientôt se retirer plus loin pour être à nouveau pénible le moment venu. Rybalko, en bon officier de blindés, sait qu’il n’a rien à gagner à un pareil combat d’attrition. Il lui faut donc frapper fort et juste, pour disloquer l’ennemi sans lui laisser la possibilité de se rétablir. Aussi, plutôt que d’envoyer ses engins au fur et à mesure de leur arrivée sur le front, le Soviétique va concentrer ses forces aux alentours de Rajgród pour un assaut massif demain très tôt, sur la route de Tama. Aujourd’hui, la cavalerie de Nikolai Oslikovski ira contourner le lac par le nord, en passant par Stacze. Avec un peu de savoir-faire, sous vingt-quatre heures, le Fasciste sera encerclé ou anéanti sur place – et en tout cas, au moins mis en déroute !

Bouchons
Région de Grodno (1er Front Biélorusse)
– Au sud de Grodno, le XL. PanzerKorps enfin réuni – la 22. Panzer ayant enfin rallié à hauteur de Sokółka en fin d’après-midi – couvre la retraite de plus en plus rapide des anciens défenseurs de la ville. Le repli se fait. En effet, l’effondrement des positions de la 1. PanzerArmee au nord et le début de poussée que subit la 10. PzG vers la Statzer See à l’ouest aggrave à chaque heure le risque d’encerclement.
Kurt von Der Chevallerie ordonne donc de faire vite, même si le ciel ne le couvre plus autant qu’il le voudrait et même si la boue colle lourdement aux chevilles de ses fantassins et aux chenilles de ses chars. Par bonheur, les 1ere et 3e Armées de la Garde en sont encore à traverser le Niémen depuis Grodno – où les Polonais sont déjà si aimables. Seule la 2e Armée de Choc de Kuzma Galitsky peut vraiment tenter de gêner le repli, depuis Koptevka. Rien qui puisse empêcher le LXIII. ArmeeKorps (Ernst Dehner) et le LXXII. ArmeeKorps (Anton Grasser) d’effectuer un très grand bond en arrière jusqu’à Janów, puis de s’engager sur la route de Korycin – donc de Łomża via Tykocin – au cœur de la nuit. Tant pis pour la fatigue et les randonnées à travers champ : mais les Allemands tiennent vraiment à éviter le secteur de Białystok, un peu plus au sud, où il semble bien que la situation tourne au vinaigre…

Tankiste (Evgueni Bessonov)
Achtung Minen !

« Stalingradskiy patine un long moment et s’arrache finalement à la boue, éjectant tout autour d’immenses jets de terre molle. Une fois encore, Fiodor vient de nous tirer d’affaire. Notre peloton est perdu quelque part dans la campagne, en avant du gros de la troupe, à la recherche d’un ennemi introuvable – donc dangereux. Avec le temps, la fatigue et la frustration, les réflexes s’atténuent, la vigilance s’amenuise… et c’est toujours précisément ce moment que choisit l’adversaire pour frapper.
Quoique, dans le fond, il n’ait même pas forcément besoin d’être là. Sur la route principale (et unique !) menant à notre objectif, la neige, en fondant, a un peu déblayé une terre récemment remuée, révélant à nos yeux surmenés plusieurs objets métalliques qui luisent d’humidité au soleil. « Des mines ! » Je l’annonce au téléphone, puis à la radio, une fois descendu de mon tourillon. L’unité fait halte d’un coup, dans un grand fracas d’acier maltraité auquel succède le bruit sourd de moteurs tournant au ralenti.
A son poste, fidèle, flegmatique et la cigarette au bec, Nikita demande où sont les sapeurs. C’est vrai que lui, avec son chasseur de chars, a plus l’habitude des rencontres imprévues avec les T-6 ! « Les sapeurs, y’en a pas. Enfin pas tout de suite. Ils sont loin derrière, dans leurs camions. »
– Alors, on fait quoi, camarade Capitaine ? On sort le samovar, on joue aux cartes en attendant d’aller se chercher des PPJ ? »
– Andrei, la ferme ! Un gars dehors par engin, pour essayer d’aller y voir plus clair. Moi et Nikita pour nous. Un approvisionneur pour les autres ! On va chercher un chemin par où passer ! »

Un exercice dangereux, même couverts par nos T-34… Une mitrailleuse, un tireur ou une mine antipersonnel embusquée parmi les antichars pouvait nous avoir à tout instant. Et pourtant (ouf !) il ne se passa rien. Sinon le fait de perdre deux heures à crapahuter dans les champs, à la recherche d’une terre plus sèche et moins hostile. Plus tard à la radio, je lâchai : « Qu’est-ce que je pouvais faire, camarade colonel ! Nous n’allions quand même pas rouler dessus ! » La formule était maladroite – et me fut d’ailleurs reprochée. Mais nous n’étions plus en 1942, lors de l’invasion. Et nos existences, comme notre engin, quoique toujours évidemment sacrifiables pour la Révolution, avaient pris un peu de valeur. »

(Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge, Evgeni Bessonov, Skyhorse 2017)

Opération Vistule-Varsovie
La Walkyrie
Région de Białystok (2e Front Biélorusse)
– Pour le LXII. AK de Carl Rodenburg, c’est l’hallali. La 15e Armée de Georgiy Zakharov attaque de front la 92. ID (Max Reinwald) sur la route entre Radule et Leśniki. L’artillerie et l’aviation causent de lourdes pertes aux Landsers avant que la 20. Panzer et le 236. StuG n’interviennent pour limiter les dégâts et (surtout) prévenir une percée du 7e Corps Blindé d’Alexei Panfilov. La Heer vend chèrement sa peau, mais elle doit reculer pour ne pas périr.
C’est ce que font finalement le LXXII. AK et le XLI. PzK jusqu’au carrefour de Jeżewo Stare – où la 367. ID (Adolf Fischer) rallie pour ne pas finir encerclée – puis le long de la petite Ślina. Là, ils font face, non plus seulement à Zakharov et Panfilov, mais aussi à la 3e Armée de Choc (Mikhaïl Purkayev), descendant de Tykocin. L’effondrement semble imminent. Mais à 15 heures, le XLVI. PanzerKorps (Franz Westhoven) tombe sur les arrières de la 3e Choc à Krypno Wielkie !
Sortant de nulle part, les 3. Panzer et 12. Panzer mettent en déroute les services de Purkayev, qui doit réorganiser en hâte son dispositif et appeler à l’aide les blindés de Panfilov… ce qui contraint évidemment l’Armée Rouge à arrêter provisoirement son offensive pour stabiliser son flanc. Suit une mêlée acharnée au bord de la Narew. Charges, contre-charges et bombardements d’artillerie se succèdent sous les ailes agressives des VVS, tandis que les survivants des corps de Rodenburg et von Kessel profitent de leur ultime chance de salut pour reprendre leur souffle et éviter d’être étouffés.
Au soir, la situation est… confuse. Les Allemands ont évité un désastre – tout comme les Soviétiques ont évité un douloureux échec. Deux armées et un corps blindé du 2e Front Biélorusse se retrouvent désormais coincées entre deux forces allemandes… objectivement bien trop faibles pour les mettre en déroute. Les Soviétiques tiennent donc toujours Radule, le carrefour de Jeżewo Stare et une partie de Tykocin. Cependant, la 3e Armée de Choc est désormais coupée en deux par la Narew – donc en danger d’être battue en détail par les Panzerdivisions de Wilhelm Philipps et 12. Erpo von Bodenhausen venues du nord. Mikhaïl Purkayev doit ainsi regrouper ses forces dans le secteur de Krypno Wielkie – laissant la 15e Armée de Zakharov défendre demain, seule ou presque, ses gains d’aujourd’hui.
Pendant ce temps, un peu plus au sud, le XXXIX. PanzerKorps (Otto Schünemann) et le LXXVIII. PanzerKorps (Martin Unrein) poursuivent leur manœuvre de dégagement vers le Bug, poursuivis par la 1ère Armée de Chars (Mikhail Katukov) sur la gauche soviétique, la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko) sur sa droite, et la 29e Armée, qui suit dans le secteur de Żerczyce, un peu en arrière. Comme à Grodno, les panzers ferment la marche et font face bravement à la vague soviétique, sous un parapluie troué fourni pour l’occasion par le III/JG.54 : les Fw 190 abattent 16 adversaires pour 4 pertes, mais sans arrêter en rien les vagues de Sturmovik.
A l’est du Boug, le secteur contrôlé par les Allemands se réduit vite comme peau de chagrin : Grodzisk, Kłopoty-Bujny et Skiwy Duże tombent. Avant la nuit, profitant de la fin des bombardements – exception faite de ces maudits Po-2 qui passent en lançant des grenades ! – l’infanterie d’Otto Schünemann commence donc à traverser à Tonkiele, ne laissant à Drohiczyn qu’une arrière-garde de la 336. ID (Walther Lucht). Sur la gauche, dans la plaine, la 18. Panzer (Martin Unrein) tient encore le coup… Mais tout au nord, même renforcée d’une partie sans cesse croissante des StuG III du 203. StuG Abt (Hauptmann Gerhard Behnke) et du 905. StuG Abt (Major Jobst Veit Braun), la pauvre 23. Panzer (Nikolaus von Vormann) – décidément condamnée aux missions perdues d’avance depuis Roumiantsev ! – montre de sérieux signes de faiblesse vers Śledzianów, face au 1er Corps Mécanisé de Mikhaïl Solomatin. Toutes ces unités se battent dos au fleuve, moins de 10 kilomètres derrière elles ! Les heures qui viennent seront, une fois encore, critiques. Des renforts seraient les très bienvenus…
………
Région de Varsovie – Hélas pour les tankistes de von Vormann, si les renforts arrivent, ils sont encore loin ! De fait, les voies ferrées et les routes au sud de la malheureuse capitale polonaise sont quelque peu surchargées ces jours-ci … Et plus encore quand la composante stratégique des VVS décide de venir présenter ses courtoisies nocturnes, aux gares notamment. N’empêche… Il y a du monde.
– La PanzerDivision GrossDeutschland (Walter Hornlein) compte un Abteilung de Panther et Leopard, un de Panzer IV et un de JagdPanzer IV. Le tout avec des équipages d’élite. Elle a cependant déjà subi des pertes très sensibles lors de Lvov-Kovel et son potentiel de combat ne dépasse guère la moitié de la norme.
– La 60. Panzergrenadier Feldernhalle (Otto Kohlermann) comporte un Abteilung de Panzer IV et un de JPz IV, en plus de son infanterie mécanisée. Elle a été sérieusement secouée contre les Français durant Nordwind, mais elle a été (plus ou moins…) reconstituée par la suite près de Strasbourg avant son transfert sur le Front de l’Est.
– Le 276. StuG Abt (major Norbert Braun) est une unité neuve, équipée de StuG III… et de T-34 capturés.
Les deux divisions (le 276. StuG sera versé à la réserve de la 1. PzA) sont destinées à faire partie du nouveau PanzerKorps GrossDeutschland, qui inclura aussi, dès que possible, la 1. “Fallschirm-Panzer” Hermann-Göring (Paul Konrath), toujours engagée près de Lublin, et un Abteilung de chars lourds à constituer. Une puissante formation, dont le commandement vient d’être confié à Walter Hornlein : grand témoignage de confiance évidemment lié à son excellente performance dans la région de Lvov. Hornlein laissera sa GrossDeutschland à Hasso von Manteuffel, dont la 7. Panzer (8. Armee) a subi près de 75 % de pertes et se trouve au repos dans la région de Tarnów – ce n’est vraiment plus un commandement à sa mesure. Les restes de la 7. Panzer iront au General der Panzertruppen Karl Mauss, redoutable chef de régiment blindé (après avoir gagné en Grèce sa Croix de Chevalier, il a mérité les feuilles de chêne lors de Zitadelle). Mauss mesure déjà la difficulté de sa tâche…
Ce nouveau PanzerKorps doit participer au grand projet qu’on appelle à l’OKH Friedericus II ou Wacht am Bug – sa suite logique : la Tanière du Loup voit grand et l’opération en question porte tous ses espoirs.
Quoiqu’il en soit, toute cette agitation n’échappe évidemment pas aux informateurs de l’Armia Krajowa encore présents dans la région. Ceux-ci feront bien sûr remonter l’information à leur hiérarchie… qui n’en fera rien dans l’immédiat, sinon constater que les temps sont durs et qu’il faut au plus vite aller aider Varsovie. Quant aux Soviétiques… La reconnaissance aérienne à longue distance n’a jamais été leur fort (ils n’ont même pas d’avions spécialisés pour cette tâche !). Et du ciel, entre deux nuages, allez distinguer un panzer neuf d’une épave hors service…
………
Région de Brest (Biélorussie) – Le repli de la 3. PanzerArmee s’accélère… autant que possible, sous les bombardements ennemis, heureusement interrompus par un retour de la pluie en fin d’après-midi. La formation de Werner Kempf traverse ce jour le carrefour de Międzyrzec Podlaski, indifférente aux retardataires comme aux piqûres d’épingle du 3e Front Biélorusse, sur sa droite. Celui-ci n’a d’autre choix que de faire la jonction avec le flanc du 2e Front Biélorusse avant de poursuivre. Justement, la 64e Armée et le Groupement Pliev sont à Małaszewicze – ils ne tarderont pas à prendre contact avec la 37e Armée d’un Vasily Chuikov de fort mauvaise humeur, qui les a devancés à Zalesie. Avant de songer à poursuivre, il faut que ces trois formations se coordonnent – ce qui n’a rien d’évident tant les limites entre leurs Fronts respectifs sont floues dans cette région ! Ensuite, l’avance vers l’ouest reprendra plus vivement, et de concert cette fois.
Pendant ce temps, Vasily Grossman peut se livrer à quelques considérations sur l’un des plus gros travers de l’Armée Rouge.
« Les femmes PPJ.
Note sur la chef du Dépt RessAdm (10). Elle a pleuré une semaine entière mais elle y est allée.
– Qui est-ce ?
– La PPJ du général.
– Eh bien, le commissaire, lui, il n’en a pas, de PPJ.
Trois heures avant l’attaque :
– Où est le général ?
– Il est au lit avec une pute.
Ces filles se voulaient des “Tania”, comme Zoïa Kosmodenmianskaïa (11). Et on dit d’elles :
– C’est la PPJ de qui ?
– D’un membre du Conseil militaire.
Pendant que des dizaines de milliers d’autres jeunes filles qui portent l’uniforme militaire accomplissent à la guerre des tâches nobles, difficiles et dangereuses. »

………
Le long de la Vistule (3e Front Biélorusse) – Pendant que, à l’aile droite, la 37e Armée brûle la politesse aux camarades du 2e Front Biélorusse et que la 4e Armée de Choc (Ivan Maslennikov) continue… d’attendre, les forces soviétiques aventurées sur la rive ouest de la Vistule consolident leurs positions. Pour ce faire, elles profitent une fois encore d’un abondant soutien aérien et d’artillerie, drainant peu à peu les réserves de la 8e Armée Aérienne (T.F. Kutsevalov), ainsi que les stocks péniblement accumulés.
Au nord, le 5e Corps Blindé (Semyon Krivoshein) passe de Borek à Wola Klasztorna et Opactwo, grignotant les positions de la 1. Fallschirm-Panzer Hermann-Göring. Celle-ci est cependant très à l’aise en défense et Paul Konrath a brillamment déployé ses Panther sur le massif boisé de Bąkowiec, ce qui lui permet de gagner facilement du temps.
Au centre, la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko) doit prendre plus de précautions. A cause, bien sûr, des pertes subies par le passé à l’approche de Lublin, face aux mêmes adversaires ! Et aussi (ou surtout) parce que Rodion Malinovksi voit toujours en elle son outil principal de percée, voué à profiter de la faiblesse fasciste une fois les réserves ennemies attirées sur les flancs. De la méthode, camarade ! Face au I. SS-PanzerKorps de Josef “Sepp” Dietrich, dont les Tiger et Panther tirent comme d’habitude de très loin sans risquer l’affrontement, l’Armée Rouge reste prudente et se contente donc de dégager quelques positions vers Ciszyca Przewozowa, Ciszyca Dolna, Słupia Nadbrzeżna-Kolonia et Piotrowice, cherchant ainsi à relier et à renforcer ces fragiles points d’appuis avant de progresser vivement. Ce qui n’a rien de facile en cette saison !
Enfin, au sud, vers Sandomierz, la 5e Armée de Mikhaïl Potapov continue de batailler vainement à Zajeziorze et Koćmierzów, face au 2. SS-PzrGr Rgt de la Leibstandarte Adolf-Hitler, qui défend les approches de la petite ville sans trop s’exposer.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Premières tentatives du 3e Front Biélorusse pour forcer la barrière de la Dunajec – assez faibles, car la priorité reste aux opérations en cours sur la Vistule, dont l’intérêt stratégique paraît bien plus grand à Moscou. La 50e Armée (Konstantin Golubev) et la 8e Armée de la Garde (Serguei Trofimenko) envoient des détachements en reconnaissance vers Łukanowice, Mikołajowice, Biskupice Radłowskie et Marcinkowice. Sans beaucoup de succès pour l’heure : le III. PanzerKorps a eu le temps de se prendre sa place, de se retrancher et (un peu) de se rétablir, malgré les très lourdes pertes qu’il a subies. Au surplus, Hermann Balck est tranquillisé par l’arrivée récente de la 11. Panzer (Wend von Wietersheim) dans son secteur – une unité quasi-neuve (ou fraîche, en tout cas), qui pourra jouer les pompiers en cas de coup dur, en attendant qu’on remplace enfin son PanzerKorps par de l’infanterie, comme le manuel le préconise.
En vérité, Balck est tellement serein qu’il prend même le temps de débarquer Werner Friebe de la 8. Panzer, tant son service n’a pas donné satisfaction – c’est le moins que l’on puisse dire ! L’intéressé est ainsi remercié sans ménagement et son unité rendue à Gottfried Frölich, qu’on a rappelé pour l’occasion après 17 jours de repos.


Notes
10- Natch. Akho. pour Natchalnik administrativnogokhoziastvennogo otdela, Département des Ressources Administratives.
11- Partisane d’Ukraine et Héroïne de l’Union Soviétique, surnommée Tania par ses camarades. Capturée, elle fut pendue pour l’exemple. Avant de périr, elle aurait crié : « Jamais vous ne nous pendrez tous. Mes camarades me vengeront ! ». Bel exemple de fidélité au Parti – en fait, son groupe mettait systématiquement le feu aux villages à sa portée, afin de détruire les abris utiles à l’armée allemande. C’était l’hiver, les civils appréciaient.
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John92



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MessagePosté le: Ven Jan 07, 2022 15:12    Sujet du message: Répondre en citant

...
Mais c’est une apparence : les plans de (pour plus de clarté, voir toutes plus loin, je suggère d'ajouter : "des opérations/offensives") Volodino, de Bagration et de Souvorov – qui n’ont pas toutes été des échecs, loin s’en faut – étaient très différents, pour répondre à des contraintes tout aussi différentes.
...
Les deux forces commandées par Joukov et Sokolovski rencontrent donc quelques difficultés…
Le trio 63e Armée, 20e Armée et 10e Corps Blindé – qui devait aller frapper le flanc des forces en retraite à partir de Grodno avant de poursuivre vers Białystok – a donc le plus grand mal à franchir les marais du Briebrza, dans la région où la 221.
...
Bouchons
Région de Grodno (1er Front Biélorusse)
– Au sud de Grodno, le XL. PanzerKorps enfin réuni – la 22. Panzer ayant enfin rallié à hauteur de Sokółka en fin d’après-midi – couvre la retraite de plus en plus rapide des anciens défenseurs de la ville.
...
A l’est du Boug, le secteur contrôlé par les Allemands se réduit vite (en trop? peau de chagrin ne sous-entend 'il pas la rapidité? comme peau de chagrin : Grodzisk, Kłopoty-Bujny et Skiwy Duże tombent.
...
Des renforts seraient les très bienvenus…
………
Région de Varsovie – Hélas pour les tankistes de von Vormann, si les renforts (secours?)arrivent, ils sont encore loin !
...
Quoiqu’il en soit, toute cette agitation n’échappe évidemment pas aux informateurs de l’Armia Krajowa encore présents dans la région. Ceux-ci feront bien sûr remonter l’information (le renseignement?) à leur hiérarchie…
...
, les forces soviétiques aventurées sur la rive ouest de la Vistule consolident leurs positions. Pour ce faire, elles profitent une fois encore d’un abondant soutien aérien et d’artillerie, drainant peu à peu les réserves de la 8e Armée Aérienne (T.F. Kutsevalov), ainsi que les stocks péniblement accumulés.
Au nord, le 5e Corps Blindé (Semyon Krivoshein) passe de Borek à Wola Klasztorna et Opactwo, grignotant les positions de la 1. Fallschirm-Panzer Hermann-Göring.
...
Sans beaucoup de succès pour l’heure : le III. PanzerKorps a eu le temps de se (en trop?) prendre sa place, de se retrancher et (un peu) de se rétablir, malgré les très lourdes pertes qu’il a subies.
...
Au surplus, Hermann Balck est tranquillisé par l’arrivée récente de la 11. Panzer (Wend von Wietersheim) dans son secteur – une unité quasi-neuve (ou fraîche, en tout cas), qui pourra jouer les pompiers en cas de coup dur, en attendant qu’on remplace enfin son PanzerKorps par de l’infanterie, comme le manuel le préconise.
En vérité, Balck est tellement serein qu’il prend même le temps de débarquer Werner Friebe de la 8. Panzer, tant son service n’a pas donné satisfaction – c’est le moins que l’on puisse dire ! L’intéressé est ainsi remercié sans ménagement et son unité rendue à Gottfried Frölich, qu’on a rappelé pour l’occasion après 17 jours de repos.
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loic
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MessagePosté le: Ven Jan 07, 2022 15:43    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
le début de poussée que subit la 10. PzGr vers la Statzer See


Citation:
Cependant, la 3e Armée de Choc est désormais coupée en deux par la Narew – donc en danger d’être battue en détail par les Panzerdivisions de Wilhelm Philipps et 12. Erpo von Bodenhausen venues du nord.


Citation:
La 60. Panzergrenadier Feldernhalle (Otto Kohlermann) comporte un Abteilung de Panzer IV et un de JPz IV


Citation:
un Abteilung de chars lourds à constituer


Abteilung est un mot féminin, mais on a dû plus d'une fois utiliser le masculin.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Jan 07, 2022 15:49    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Abteilung est un mot féminin, mais on a dû plus d'une fois utiliser le masculin.


Toujours ou à peu près, je pense…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Jan 08, 2022 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

6 mars
Après Volodino
Joukov passe… non sans mal
Au sud d’Augustów (1er Front Biélorusse)
– A présent qu’il n’a plus à se préoccuper de rien – sinon de ses propres difficultés – le 1er Front Biélorusse continue à tenter de dévaler de la Biélorussie vers la Vistule, en profitant du retour d’un ciel relativement bleu (quoique pas aussi bien disposé envers Konstantin Rokossovski et son 2e Front Biélorusse).
A Rajgród, sur les bords de la Statzer See, la 10. PanzerGrenadier connaît, par contre, à nouveau de mauvais jours. Confronté de face et sur son flanc droit à un assaut massif et déterminé de la 3e Armée de Chars – Pavel Rybalko tient à s’ouvrir un passage, quitte à en payer le prix – August Schmidt s’accroche désespérément au terrain. D’abord parce que ce sont ses ordres… Et aussi parce que ce serait encore bien plus dur s’il reculait vers Grajewo à travers des plaines à découvert ! Le soutien des Tiger du Major Erich Löwe (501. sPA) lui permet un temps de s’illusionner – les Panzer VI camouflés dans les bois allument de loin les T-34 manœuvrant avec difficulté par des chemins de traverse. Toutefois, si Löwe en a vu d’autres en fait de charges blindées, depuis Souvorov, celle-ci lui paraît vite mieux organisée et mieux soutenue par l’aviation… Et en plus, la cavalerie de Nikolai Oslikovski – arrivant du nord – s’empare de Sypitki en passant la Lega, mettant à découvert la totalité de son flanc !
Il n’y a que 15 kilomètres entre Sypitki et le QG de Schmidt – un bon cavalier peut les faire en deux heures… Or, avec ses effectifs anémiés et sans la moindre couverture aérienne, la 10. PanzerGrenadier n’a pas les moyens de contrôler ce débordement. A 17h30, le soleil se couche sur une ligne de front toujours plus brûlante, où les pertes sont élevées de chaque côté – maigre consolation car si, avec la nuit, l’aviation rouge se retire, les infiltrations augmentent ! Schmidt sait qu’à présent, rester sur place ne peut conduire qu’à son encerclement puis à son anéantissement. Il ordonne donc la retraite générale vers Grajewo, espérant que la nuit lui évitera le pire. Sa division aura tenu 24 heures – en soi, c’est déjà une performance.
…………
Entre Białystok et Grodno (1er Front Biélorusse) – Le second groupement opérationnel du 1er Front Biélorusse désigné par Georgui Joukov – le trio 63e Armée, 20e Armée et 10e Corps Blindé – ne bénéficie par du temps relativement clément qui règne plus au nord. Une mauvaise météo qui n’arrange pas ses affaires, déjà compliquées par le mauvais état des routes et les embouteillages…
Le carrefour de Dąbrowa Białostocka enfin sécurisé, l’Armée Rouge descend vers Sokółka, 28 kilomètres plus bas, afin de tenter de prendre de flanc le Fasciste en retraite. Seulement, quand ce nouveau croisement est atteint, tard dans la soirée, l’ennemi ne s’y trouve plus. De fait, l’infanterie du LXXII. AK comme celle du XL. PzK ont passé Korycin pour s’avancer vers Knyszyn. Et un peu plus au nord-est, la 22. Panzer d’Hermann von Oppeln-Bronikowski – ou ce qui en reste – ferme la marche à Jasionówka et repousse sans mal les pointes dispersées de la 20e Armée (Vladimir Kurassov).
Enfin, sur le Boug, les 1ère et 3e Armées de la Garde ne se lancent qu’assez tard à la poursuite de l’adversaire, fautes de ponts en nombre suffisant. Elles progressent cependant jusqu’à Kuźnica, avec sur leur gauche la 2e Choc de Kuzma Galitsky – laquelle atteindra Sokółka un peu après les chars d’Alexei Popov.

Tankiste (Evgueni Bessonov)
Saine camaraderie

« Qu’est-ce que tu veux que je te dise, camarade ? C’est ma faute à moi, si les Fascistes utilisent des chars capturés ? Notre char ressemble à un T-34 parce que c’est un T-34 ! » Même de mon tourillon, j’entends très bien Nikita enguirlander ce pauvre jeunot qui, arrivant du nord, a commis l’erreur de tirer vers nous et s’enfuit déjà vers son T-70.
Je l’entends aussi bien quand il remonte à bord : « Der'mo ! Durak ! Des types comme ça, dans mon régiment, on les attachait sur le plastron puis on faisait 10 kilomètres avec. » Un sort sans doute assez peu réjouissant, surtout par le temps qu’il fait aujourd’hui.
Je décide de tenter de calmer le jeu, avec le sourire mais aussi avec un peu d’autorité : « Justement, Nikita. Avec toute cette boue, on ne distingue pas nos insignes. Tu ne me feras pas croire qu’on identifiait à chaque fois avant de tirer, dans ton Su-85 ? »
– Non, parce que c’était plus simple. L’ennemi était devant. Toujours devant nous, et il tirait en premier.

Un argument de bon sens évidemment. Autres temps, autres méthodes. Avec la victoire et l’ennemi fasciste en déroute, il fallait nous falloir réapprendre bien des choses. En attendant le jour inévitable où nous devrons réapprendre à vivre en paix. »

(Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge, Evgeni Bessonov, Skyhorse 2017)

Opération Vistule-Varsovie
La Walkyrie
Région de Białystok et de Brest (2e Front Biélorusse)
– Le déboulé du XLVI. PanzerKorps, suivi du LXIII. AK, sur le flanc du 2e Front Biélorusse sonne le glas des espoirs d’une percée franche vers l’ouest. Pour les Soviétiques, ce n’est peut-être pas plus mal : deux armées et un corps blindé allaient s’aventurer sur les arrières fascistes, au risque d’y être encerclés et peut-être détruits.
Pour aujourd’hui, sur le front, Mikhaïl Purkayev (3e Choc) et Georgiy Zakharov (15e Armée) ont déjà d’autres soucis. D’abord parce qu’ils affrontent désormais un adversaire qui leur est nettement supérieur en nombre – y compris en blindés, car Alexei Panfilov (7e CB) ne peut pas être partout. Et aussi (voire surtout) parce que Moscou leur interdit de reculer. De fait, Rokossovski a reçu des instructions sans appel du Kremlin : défense absolue de concéder à nouveau le moindre pouce de territoire libéré !
C’est donc une 3e Armée de Choc assez mal positionnée qui encaisse à nouveau la contre-attaque à Krypno Wielkie, affrontant la 12. Panzer d’Erpo von Bodenhausen, puis les premiers éléments du LXIII. ArmeeKorps (Ernst Dehner). Malgré le soutien du 7e corps blindé, elle doit reculer jusqu’à Zalesie et Chraboły – où le couvert des bois permet de gagner un peu de temps. N’empêche, l’Axe s’est bel et bien ouvert un passage vers le sud. Et la 3. Panzer (Wilhelm Philipps) peut ainsi tomber sur le carrefour de Jeżewo, où elle affronte sous la pluie la 15e Armée, avec l’aide de quelques éléments de la 1ère PzA : la 20. Panzer (Mortimer Von Kessel), très amaigrie, et le LXII. AK de Carl Rodenburg – lequel commence enfin à espérer que ses deux divisions novices puissent s’en sortir.
Zakharov est seul. Ses partenaires sont au nord, par-delà la Narew. Il n’a presque pas de soutien aérien – la faute à un temps bouché – et commande une unité certes valeureuse mais aussi encore secouée par ce qu’elle a subi aux mains du maréchal Goulik. Il est donc illusoire d’espérer tenir… Et pourtant, le maréchal Staline a ordonné à l’Armée Rouge de se faire tuer sur place plutôt que de reculer. Au soir, la 15e Armée a perdu le tiers de son potentiel – et le reste se situe quelque part entre Radule et Rzędziany. Elle ne peut plus rien faire, sinon regarder les Fascistes passer.
…………
Région de Sokołów-Podlaski (2e Front Biélorusse) – Ici aussi, le retour du mauvais temps offre un nouveau répit inespéré à l’Axe. Certes, les troupes coincées sur les bords du Boug sont toujours menacées d’anéantissement. Mais l’absence des VVS leur permet au moins de manœuvrer sans craindre d’être écrasées de bombes ! Et manœuvrer, la 1. PanzerArmee en a justement besoin, alors les lambeaux de terre qu’elle contrôle encore à l’est du fleuve rétrécissent à chaque heure sous les coups de la 1ère Armée de Chars (Mikhail Katukov) venant du nord et de la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko) arrivant de l’est.
Les 227. et 236. ID du XXXIX. PanzerKorps (Otto Schünemann) ont passé la nuit à traverser. Elles sont désormais repliées sur la rive ouest de Gródek à Korczew, où elles profitent pour se défendre de ce que le fleuve est haut et charrie des glaces. Pour le LXXVIII. PanzerKorps de Martin Unrein, les choses ne vont pas aussi bien… A Śledzianów, la 23. Panzer (Nikolaus von Vormann) achève de craquer face aux IS-1 de Mikhaïl Solomatin, dont l’épais blindage frontal paraît presque invulnérable aux tirs des StuG III, et même souvent des Panzer IV. La division se retire en hâte vers Tonkiele, entraînant logiquement à sa suite la 18. Panzer, qui tenait encore à peu près le coup vers Ostrożany. Le reste se déroule une fois encore comme la Heer commence à en avoir l’habitude… Deux divisions et deux StuG Abt traversent le Boug sous les obus ; à midi, les ponts sautent et les quatre unités, amputées de leurs traînards, blessés et engins en panne se dirigent vers Sokołów-Podlaski pour rejoindre la Vistule.
Derrière elles, les T-34 de Katukov trempent leurs chenilles dans les eaux, en attendant que les pontonniers fassent leur travail. Quant au détachement fourni par la 336. ID (Walther Lucht), à l’arrière-garde de la 4e PzA, tout le monde l’a oublié !
………
Région de Brest (2e et 3e Fronts Biélorusses) – Alors que la 3. PanzerArmee – que plus rien ne gêne désormais – s’enfuit loin devant jusqu’à Siedlce, les 2e et 3e Fronts Biélorusses commencent à progresser de concert vers la Vistule, permettant ainsi de dégager le flanc nord de Malinovski.
La 64e Armée (Mikhaïl Sharokine) et le Groupement Pliev marchent de Małaszewicze à Janów Podlaski. Ils laissent ainsi à la 37e Armée de Vasily Chuikov la gloire de s’emparer de Biała Podlaska et de ses usines d’aviation (12) fermées depuis longtemps. Point par bonté d’âme, bien sûr. Mais surtout parce que Rokossovski n’a aucun axe de progression prévu dans cette zone !
Pas de quoi faire sourciller Vasily Grossman bien sûr – ce dernier est bien en dessous de ces niveaux de réflexion stratégique. Dans ses carnets, il note simplement quelques anecdotes pas toujours très drôles sur l’envahissante bureaucratie soviétique.
« 1. Des avions des VVS, trois jours d’affilée, ont bombardé nos chars. Durant ces trois jours, les télégrammes ont circulé d’une instance à l’autre, d’un échelon à l’autre, sans résultat.
2. On avait parachuté des vivres à une division qui s’était retrouvé trop avancée. L’intendant ne voulait pas distribuer les vivres reçus parce qu’il n’y avait personne pour signer le bordereau.
3. A un chef de mission de reconnaissance aérienne, on refuse de délivrer un demi-litre de vodka, et on ne donne pas un morceau de soie d’une valeur de 80 roubles et 50 kopecks pour lui servir de foulard (pourtant il fait froid, là-haut !).
4. Information sur les décollages – ceux-ci doivent être autorisés avant toute demande de bombardement !
5. Un avion avait pris feu. Le pilote, pour sauver l’appareil, ne sauta pas et ramena l’avion en flammes jusqu’au terrain d’atterrissage. Il était déjà lui-même en feu et son pantalon brûlait sur lui. Les services d’intendance refusèrent de lui délivrer un nouveau pantalon, en arguant du fait que le délai d’usure n’était pas expiré. La comédie se poursuivit plusieurs jours durant. »

………
Le long de la Vistule (3e Front Biélorusse) – Ici aussi, un mauvais temps tenace, qui aggrave la raspoutitsa, ralentit évidemment le rythme des opérations. Au grand dam de Rodion Malinovski, mais sa logistique reste des plus fragiles – ce qui le conduit naturellement à rester prudent et méthodique, ne serait-ce que parce que ses subordonnés sont incapables de faire autrement. Et comme en face, les Allemands ne vont pas davantage chercher l’affrontement, c’est une sorte de partie d’échec feutrée qui se joue désormais sur les rives de la Vistule : l’Armée Rouge avance et accumule ses pions… la Heer recule, se cabre et roque en espérant frapper un jour.
Vers Bąkowiec, le 5e Corps Blindé ne progresse presque plus. Semyon Krivoshein est trop faible pour s’avancer seul sur un terrain aussi défavorable, sans infanterie et sans aviation. Les deux vont arriver, bien sûr. Mais dans l’intervalle, derrière la 1. Fallschirm-Panzer Hermann-Göring, les autres grandes unités du PanzerKorps GrossDeutschland – PanzerDivision GrossDeutschland (Hasso von Manteuffel) et 60. Panzergrenadier Feldernhalle (Otto Kohlermann) – se glissent vers Zwoleń afin de couvrir Radom et libérer des kilomètres de berges au profit du I. SS-PanzerKorps.
Celui-ci continue de reculer : face à la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko), qui semble avancer en rangs serrés telles des moissonneuses-batteuses dans un champ ukrainien, de Josef “Sepp” Dietrich manœuvre calmement, sans autre perspective que de tenir la route Zwoleń- Sandomierz – laquelle ne devrait pas être contestée avant demain. Quant au secteur de Sandomierz, justement, le 2. SS-PzrGr Rgt de la Leibstandarte Adolf-Hitler continue de tenir ferme face à la 5e Armée de Mikhaïl Potapov, qui tente – sans trop s’acharner – de franchir la petite Koprzywianka à hauteur de Strochcice.
On pourrait s’étonner de cette attitude timorée du 3e Front Biélorusse – surtout après sa cavalcade effrénée du mois précédent. C’est que, malgré tous ses succès, Malinovski ne se laisse pas griser et ne perd nullement le nord. Enrichi (voire même marqué…) par son expérience de la Guerre d’Espagne – où il n’était pourtant qu’à un échelon opérationnel auprès de différents corps d’armée – l’ex-“colonel Malino” n’oublie rien des tentatives franquistes destinés à isoler Madrid en 36, ou encore de l’offensive républicaine de Brunete en 1937. Toutes ont échoué, faute d’une concentration suffisante en troupes et en aviation. Suivirent Belchite et Teruel – deux nouveaux échecs face aux Fascistes, qui conclurent ses 18 mois de présence sur place. Le Soviétique tient donc à rester cartésien. Et surtout, à s’en tenir à son plan d’opération. C’est la clé du succès – d’autres qui étaient là-bas : Rodimtsev, Eremenko, pour ne citer qu’eux, peuvent en témoigner.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Pour les mêmes raisons qu’au nord et qu’hier, il ne se passe pas grand-chose de significatif aujourd’hui sur les bords de la Dunajec. La 50e Armée (Konstantin Golubev) et la 8e Armée de la Garde (Serguei Trofimenko) cherchent encore le point faible dans le dispositif du III. PanzerKorps – lequel n’en manque pas, mais c’est une chose de les observer et une autre d’être en mesure de les exploiter… sans parler du fait qu’ils ne sont pas toujours intéressants !
Au soir, après de nouvelles reconnaissances, il semble désormais clair aux Soviétiques que l’ennemi fasciste est concentré entre Radłów et Wojnicz, afin de profiter de la coupure humide, puis de la barrière boisée qui couvre la route directe vers Cracovie. C’est la défense évidente de la voie logique – en d’autres circonstances, les Russes en feraient sans doute de même. Cependant, Serguei Trofimenko et quelques autres se disent que si l’adversaire est regroupé, alors il peut être débordé. Par exemple par Zaborów, tout au nord, près de la confluence avec la Vistule. Bien sûr, c’est risqué et des renforts arriveront sûrement. Mais alors, Golubev pourra frapper très fort, au sud.


Note
12- Celles de la Podlaska Wytwórnia Samolotów (PWS), filiale de PZL fabricant notamment des planeurs. Depuis le 4 septembre 1939, elles sont détruites à 70 % et les Allemands n’ont jamais tenté de les remettre en état.
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Jan 08, 2022 16:34    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Région de Sokołów-Podlaski (2e Front Biélorusse) – Ici aussi, le retour du mauvais temps offre un nouveau répit inespéré à l’Axe. Certes, les troupes coincées sur les bords du Boug sont toujours menacées d’anéantissement. Mais l’absence des VVS leur permet au moins de manœuvrer sans craindre d’être écrasées de bombes ! Et manœuvrer, la 1. PanzerArmee en a justement besoin, alors que les lambeaux de terre qu’elle contrôle encore à l’est du fleuve rétrécissent à chaque heure sous les coups de la 1ère Armée de Chars


Citation:
Celui-ci continue de reculer : face à la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko), qui semble avancer en rangs serrés telles des moissonneuses-batteuses dans un champ ukrainien, de Josef “Sepp” Dietrich manœuvre calmement, sans autre perspective que de tenir la route Zwoleń- Sandomierz – laquelle ne devrait pas être contestée avant demain.

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John92



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MessagePosté le: Sam Jan 08, 2022 17:06    Sujet du message: Répondre en citant


A 17h30, le soleil se couche sur une ligne de front toujours plus brûlante, où les pertes sont élevées de chaque côté – maigre consolation car si, avec la nuit, l’aviation rouge se retire, les infiltrations augmentent ! Schmidt sait qu’à présent, rester sur place ne peut conduire qu’à son encerclement puis à son anéantissement. Il ordonne donc la retraite générale vers Grajewo, espérant que la nuit lui évitera le pire. Sa division aura tenu 24 heures – en soi, c’est déjà une performance.
……..
Entre Białystok et Grodno (1er Front Biélorusse) – Le second groupement opérationnel du 1er Front Biélorusse désigné par Georgui Joukov – le trio 63e Armée, 20e Armée et 10e Corps Blindé – ne bénéficie par (pas) du temps relativement clément qui règne plus au nord. Une mauvaise météo qui n’arrange pas ses affaires, déjà compliquées par le mauvais état des routes et les embouteillages…

Tankiste (Evgueni Bessonov)
Saine camaraderie

« …
Un argument de bon sens évidemment. Autres temps, autres méthodes. Avec la victoire et l’ennemi fasciste en déroute, il
fallait (allait) nous falloir réapprendre bien des choses. En attendant le jour inévitable où nous devrons réapprendre à vivre en paix. »
([i]Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge
, Evgeni Bessonov, Skyhorse 2017)

C’est donc une 3e Armée de Choc assez mal positionnée qui encaisse à nouveau la contre-attaque à Krypno Wielkie, affrontant la 12. Panzer d’Erpo von Bodenhausen, puis les premiers éléments du LXIII. ArmeeKorps (Ernst Dehner). Malgré le soutien du 7e corps blindé, elle doit reculer jusqu’à Zalesie et Chraboły – où le couvert des bois permet de gagner un peu de temps. N’empêche, l’Axe s’est bel et bien ouvert un passage vers le sud. Et la 3. Panzer (Wilhelm Philipps) peut ainsi tomber sur le carrefour de Jeżewo, où elle affronte sous la pluie la 15e Armée, avec l’aide de quelques éléments de la 1ère PzA : la 20. Panzer (Mortimer Von Kessel), très amaigrie, et le LXII. AK de Carl Rodenburg – lequel commence enfin à espérer que ses deux divisions novices puissent s’en sortir.

« …
2. On avait parachuté des
vivres à une division qui s’était retrouvé (retrouvée) trop avancée. L’intendant ne voulait pas distribuer les vivres reçus parce qu’il n’y avait personne pour signer le bordereau.
3. A un chef de mission de reconnaissance aérienne, on refuse de délivrer un demi-litre de vodka, et on ne donne pas un morceau de soie d’une valeur de 80 roubles et 50 kopecks pour lui servir de foulard (pourtant il fait froid, là-haut !).
4. Information sur les décollages – ceux-ci doivent être autorisés avant toute demande de bombardement !
5. Un
avion avait pris feu. Le pilote, pour sauver l’appareil, ne sauta pas et ramena l’avion(le ramena ? tout simplement) en flammes jusqu’au terrain d’atterrissage. Il était déjà lui-même en feu et son pantalon brûlait sur lui.
… »


Celui-ci continue de reculer : face à la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko), qui semble avancer en rangs serrés telles des moissonneuses-batteuses dans un champ ukrainien, de (en trop ?) Josef “Sepp” Dietrich manœuvre calmement, sans autre perspective que de tenir la route Zwoleń- Sandomierz – laquelle ne devrait pas être contestée avant demain.

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MessagePosté le: Sam Jan 08, 2022 17:58    Sujet du message: Répondre en citant

C'est Koulik ou Kulik, mais pas Goulik.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 09, 2022 19:42    Sujet du message: Répondre en citant

7 mars
Après Volodino
Joukov passe… non sans mal
Devant Grajewo (Pologne) (1er Front Biélorusse)
– Sur la route directe vers Varsovie, les derniers espoirs de l’Axe se dissipent comme les nuages dans le ciel. Désormais chassé de sa coupure humide vers le carrefour de Grajewo et à présent en terrain relativement découvert, la 10. PanzerGrenadier et les Tiger du 501. sPA ne peuvent plus prétendre arrêter l’ennemi. En réalité, elles peuvent à peine éviter de se faire éradiquer !
Et encore – pour ce faire, il faut s’écarter de l’axe de progression soviétique… Abandonnant donc Grajewo à l’ennemi après un bref combat, August Schmidt et Erich Löwe replient leurs troupes en catastrophe vers le nord et Lyck, échappant de très peu à l’anéantissement. Les jours suivants, ces unités durement touchées retourneront en réserve du HG Mitte, pour reconstitution. De toute façon, le temps qu’elles rejoignent la Vistule, elles ne serviraient à rien pour les événements à venir.
Pendant ce temps, Pavel Rybalko et Nikolai Oslikovski sont libres de déferler vers la Vistule et Varsovie. Et ils déferleraient… sans la raspoutitsa. Car la boue et la fatigue (150 kilomètres depuis le début des opérations !) collent lourdement à leurs chenilles… Laissant les cavaliers couvrir son flanc vers Protski et en attendant l’arrivée du 2e Front Balte, la 3e Armée de Chars poursuit néanmoins. Elle s’empare de la fourche de Szczuczyn et poursuit vers Łomża (à 30 kilomètres), sur une trajectoire de collision avec la 4. PanzerArmee.
………
Région de Białystok et de Brest (1er Front Biélorusse) – Pour cette dernière, les choses semblent s’améliorer – même si, objectivement, Kurt von Der Chevallerie et ses hommes ont eu plus que chaud.
Forçant le passage devant une 15e Armée (Georgiy Zakharov) incapable de peser à Jeżewo et une 3e Armée de Choc (Mikhaïl Purkayev) carrément muselée dans les bois de Zalesie – en dépit de l’appui du 7e Corps Blindé, qui porte malgré tout quelques beaux assauts sous l’impulsion d’Alexei Panfilov – l’infanterie allemande parvient à rallier les lignes du LXII. AK de Carl Rodenburg. Les deux divisions blindées du XLVI. PanzerKorps de Franz Westhoven y veille, avec le soutien de ce qui subsiste de la 20. Panzer (Mortimer Von Kessel) et des rares Hetzer encore en état du 236. StuG Abt (Major Rolf Brede).
Les LXXII. ArmeeKorps (Anton Grasser), LXIII. ArmeeKorps (Ernst Dehner) et même le gros de l’infanterie du XL. PanzerKorps (Eberhard Rodt) passent ainsi en rangs serrés devant les Rouges. Les VVS ne peuvent frapper qu’à partir de 13h30. Elles se heurtent alors – pour une fois – aux patrouilles de protection des I et III/JG.54 Grunhertz, détachés par le I. FliegerKorps (General Paul Deichmann). Les Fw 190A de Walter Nowotny sont évidemment toujours en infériorité numérique par rapport aux Faucons de Staline de la 2e Armée aérienne (N.F. Naumenko) – en revanche, cette fois, ils sont concentrés, face à un adversaire en retard dont les vagues d’assaut se succèdent sans coordination. La fatigue fait le reste, tandis que les Fw 190 sont remplacés dans l’après-midi par les Bf 109G des II et IV/JG.54 (II. FK) : les Sturmovik et Pe-2 frappent, bien sûr, mais sont incapables de transformer cette retraite en déroute comme les Allemands savaient le faire en 40. Pire, ils perdent 53 appareils dans l’affaire (13), contre seulement 23 appareils allemands (10 pilotes récupérés). C’est cher payé pour la Luftwaffe, sans aucun doute – mais l’enjeu en valait la peine.
Car la 4. PanzerArmee sera sans doute bientôt sortie d’affaire ! Sur l’arrière, les derniers chars de la 22. Panzer (Hermann von Oppeln-Bronikowski) ferment la marche à Krypno avant de passer la Narew, repoussant sans grand mal les pointes de la 20e Armée (Vladimir Kurassov), tandis que le reste des forces du 1er Front Biélorusse – 63e Armée (Vasily Kutzenov), 10e CB (Alexei Popov), 1ère Armée de la Garde (Ivan Chistiakov), 3e Armée de la Garde (Ivan Zakharkine) – se marchent littéralement dessus dans les forêts de Czarna Białostocka et des environs de Janów, en formant d’immenses embouteillages.

Avant Friedericus II
Réorganisation dans la constance
Ostwall (de Przasnysz à Serock, au nord de Varsovie)
– Arrivée de la 2. Armee de Carl Hilpert. Ses troupes épuisées, décimées et de valeur incertaine vont à présent couvrir le flanc du HG Mitte dans des conditions pas si éloignées de ce qu’elles faisaient auparavant. A ceci près que c’est à présent la Narew qu’on garde, pas le Niémen !
Le général bavarois qui commande désormais ce secteur n’a aucune illusion sur la nature de la mission qu’on lui a assignée : défendre un secteur supposé peu stratégique du front, libérant ainsi de meilleures troupes. Et il s’illusionne encore moins sur les moyens dont il dispose pour ce faire. Parmi les dix divisions dont il dispose théoriquement, seules quatre correspondent réellement à des unités opérationnelles – c’est-à-dire qu’elles ne sont ni des DivisionGruppen, ni des agglomérats de recrues jetées en hâte dans la bagarre.
Son meilleur corps, le VIII. ArmeeKorps de Gustav Höhne, ira donc tenir la plaine de Przasnysz, en liaison avec la 3. PanzerArmee – laquelle viendra bientôt se déployer plus au nord. Suivront, du nord au sud : le LXI. AK (Ferdinand Neuling), à Maków Mazowiecki, le LIII. ArmeeKorps (Friedrich Gollwitzer), à Pułtusk, et enfin le XXIII. ArmeeKorps (Hans von Funck), le plus au sud, à Serock, à la confluence entre la Narew et le Boug. Pas l’idéal – ses deux divisions acceptables sur trois seraient sans doute plus utiles ailleurs… mais le commandement tient à protéger Varsovie d’un éventuel contournement par le nord. D’ailleurs, en parlant de Varsovie… On a déjà prévenu Hilpert qu’il allait bientôt devoir y envoyer du monde. Il pense détacher deux ou trois régiments – pas plus, déjà qu’il n’a pas assez de (très relativement) bonnes troupes…
…………
Sud de Varsovie – Le 102. SS sch.Pz.Abt (SS-Obersturmbannführer Anton Laackmann) débarque des trains qui l’ont transportée. L’unité est encore incomplète : elle a bien reçu des Tiger tout neufs, mais l’autre moitié de l’Abteilung ne compte que quelques prototypes de Panzer VIII Löwe, encore en rodage. Elle rejoindra tout de même le IV. SS PanzerKorps de Felix Steiner, toujours tenu en réserve aux environs de Rawa Mazowiecka. Les deux divisions de de ce corps blindé, Wiking et Totenkopf, ont d’ailleurs subi des pertes sérieuses, surtout la seconde. Au repos et dans l’attente de nouvelles instructions, leurs hommes se laissent donc aller à une détente bien compréhensible, en restant toutefois rigoureusement à l’écart des événements en cours à Varsovie.

Opération Vistule-Varsovie
La Walkyrie
Région de Sokołów-Podlaski (2e Front Biélorusse)
– La 1. PanzerArmee se hâte de courir de Sokołów-Podlaski jusqu’à Węgrów, tant que l’Armée Rouge en est encore à franchir le Boug à Frankopol ou Gródek et qu’une pluie complice couvre ses déplacements. La formation de Josef Harpe devrait bientôt croiser la 3. PanzerArmee, qui doit elle–même remonter vers le nord-ouest en direction de Dantzig. Derrière, l’infanterie bolchévique passe le fleuve en masse – la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko) et la 29e Armée (Alexander Gorbatov) ne tarderont pas à reprendre leur marche vers l’ouest. Quant à la 1ère Armée de Chars de Mikhail Katukov, elle envoie déjà ses pointes blindées vers Nieciecz-Dwór, Repki et Podawce, soit presque sur la route de Siedlce, voire de Varsovie. Autant d’opérations complexes qui pourraient sombrer dans la confusion (comme plus au nord …) mais qui persistent pourtant à se passer assez bien.
Car si Konstantin Rokossovski est au sommet de sa gloire et de ses victoires, il est aussi étonnamment populaire et charismatique chez ses subordonnés. Avec une palette humaine plus riche que Joukov et une dureté moins brutale que Koniev (quoique pas moins utilisée quand c’est nécessaire), le commandant du 2e Front Biélorusse fait face aux difficultés avec calme et cordialité. Il parvient le plus souvent à se faire obéir sans menaces, insultes, sévices ou humiliations. Ce n’est pas rien, dans l’Armée Rouge – et ses subordonnés, qui lui en savent gré (14), font de leur mieux, ce qui favorise un déroulement très fluide des opérations.
De ses nombreuses visites au QG du Front (hasard étrange, Rokossovski est particulièrement mis en valeur par la presse d’état ces temps-ci), Ilya Ehrenbourg livrera cette impression : « Il a été le général le plus courtois que j’aie jamais vu. Je savais que sa vie n’avait pas été facile. La grande poétesse Olga Bergholtz m’avait dit que lorsqu’elle avait été arrêtée, Rokossovski se trouvait dans la cellule voisine. Durant la bataille au sud de Kiev, il avait été blessé, un éclat d’obus avait touché le foie. Il ne pouvait presque rien manger et, en voiture, les cahots lui faisaient très mal – mais très peu de gens le savaient. Konstantin Rokossovski se distinguait par une maîtrise de soi rare. Bien sûr, je lui ai demandé ce qui allait se passer ensuite. Il a répondu calmement que, de la part des Allemands, il serait vain de blâmer l’hiver russe et que la boue les avait plutôt aidés – les deux avaient gêné notre attaque. Avec le printemps, les choses allaient changer… Peut-être a-t-il dit cela pour encourager les autres, peut-être le pensait-il ! »
De fait, à présent que la 1. PanzerArmee semble n’avoir plus aucune velléité de de s’opposer à lui, une seule pensée obsède le général : Varsovie ! Mais il n’en dira rien…
………
Région de Brest (2e Front Biélorusse) – La 3. PanzerArmee est désormais loin devant, à hauteur de Kałuszyn et sur la route de Mińsk-Mazowiecki. Plus du tout menacée par les armées soviétiques malgré son épuisement, la pluie et la boue qui colle à ses bottes (elle n’a plus guère de chars), elle poursuit son immense manœuvre de roque. Ainsi, elle traversera dans les jours à venir la Vistule à hauteur de Mińsk-Mazowiecki, pour contourner ensuite par le nord le champ de bataille qu’est devenue Varsovie, puis gagner enfin ses futures positions dans la région de Chorzele.
Derrière, la vague soviétique déferle sans opposition – hormis celle des éléments. Les 64e Armée (Mikhaïl Sharokine) et le Groupement Pliev (I.A. Pliev) traversent Stara Kornica pour toucher Łosice. La 37e Armée de Vasily Chuikov entre dans Międzyrzec-Podlaski et commence à relever le flanc droit de la 4e Armée de Choc (Ivan Maslennikov) – laquelle va donc enfin pouvoir commencer à se regrouper pour passer la Vistule.
………
Le long de la Vistule (3e Front Biélorusse) – Ce ne sera pas du luxe ! De fait, le long du fleuve, la progression des forces soviétiques marque le pas, tant du fait de la résistance fasciste que de la fatigue (elles ont fait plus de 500 kilomètres depuis leurs positions du mois du mois dernier), de la raspoutitsa, de la pluie et aussi de l’usure du matériel.
C’est un fait : les blindés soviétiques ne progressent plus – le 5e Corps Blindé de Semyon Krivoshein, à Bąkowiec, est à présent face à bien plus fort que lui. Plus bas, tout au long de la Vistule, la 4e Armée de Chars (Dimitri Lelioushenko) a devant elle deux corps blindés, et gratte la route Zwoleń-Sandomierz à hauteur de Tarłów sans pouvoir vraiment avancer. Quant à la 5e Armée de Mikhaïl Potapov, elle est toujours bloquée au sud de Sandomierz, face à des forces SS qui se renforcent. La situation évolue donc visiblement vers une impasse. Plus grave encore : les forces de l’Armée Rouge isolées sur la rive ouest de la Vistule, sans trop de soutien et avec un ravitaillement compliqué à mettre en œuvre, sont à présent engagées dans un jeu d’attrition extrêmement dangereux, alors qu’elles se trouvent déjà très vulnérables à une éventuelle contre-offensive.
Tout cela n’était évidemment pas prévu… De fait, la résistance imprévue des Fasciste arrivés en renfort bouleverse le plan de Malinovski pour prendre Radom. Celui-ci était en théorie supposé forcer le passage sur sa lancée depuis Lublin – dans les faits, il va désormais devoir attendre l’infanterie venant du nord – Rokossovski est « en retard » ! – pour espérer poursuivre. Guère glorieux… Mais après tant de succès, le commandant de 3e Front Biélorusse craint par-dessus tout d’être contraint à une retraite qu’i devrait annoncer à Moscou – un retard, passe encore. D’autant plus que l’attention du Kremlin reste pour l’heure apparemment dirigée vers le nord et Varsovie. Autant en profiter ! Un calcul globalement juste – à ceci près que, pas davantage que la Stavka, Rodion Malinovski n’envisage vraiment que son adversaire puisse vouloir reprendre l’initiative.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Le temps reste globalement infect une très grande partie de la journée au-dessus de la Dunajec, empêchant les forces soviétiques de lancer l’assaut sur la 8. Armee, alors même que tout le monde (pour des raisons différentes !) regarde ailleurs que sur l’axe Rzeszów-Cracovie.
Toutefois, ici comme plus au nord, cette situation ne saurait se pérenniser. Dans 48 heures au plus tard, Ivan Koniev et son 3e Front Ukrainien arriveront, libérant de fait une armée et un corps de cavalerie qui seront fort utiles pour attaquer à nouveau – même s’ils mettront bien 72 heures à rallier… C’est fort bien, mais cela renvoie aussi au 12 mars. Et c’est loin. Aussi, en attendant, la 8e Armée de la Garde (Serguei Trofimenko) devra lancer dès demain une opération de franchissement vers Zaborów, afin de tester la vigueur de la réaction fasciste.


Notes
13- Dont deux victimes pour Erich Rudorffer – 134 victoires.
14- Il est significatif de constater que, tout au long de la guerre, Konstantin Rokossovski conservera auprès de lui la même équipe rapprochée d’état-major : Malinine (son CEM), Kazakov (pour l’artillerie) et Orel (pour les troupes blindées).
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houps



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MessagePosté le: Dim Jan 09, 2022 22:40    Sujet du message: Répondre en citant

7 mars
Après Volodino
Joukov passe… non sans mal

"Devant Grajewo (Pologne) (1er Front Biélorusse) – Sur la route directe vers Varsovie, les derniers espoirs de l’Axe se dissipent comme les nuages dans le ciel. Désormais chassé de sa coupure humide vers le carrefour de Grajewo et à présent en terrain relativement découvert, la 10. PanzerGrenadier et les Tiger du 501. sPA ne peuvent plus prétendre arrêter l’ennemi. En réalité, elles peuvent à peine éviter de se faire éradiquer !"

Bien. Alors, n'en déplaise à l'air du temps, un féminin singulier (la 10. Panzergrenadier)+ un masculin pluriel (les Tiger) = un masculin pluriel :
chassés de leur coupure humide
En réalité, ils peuvent ...

Sur ce, il est tard, on verra demain, si John92 en laisse Very Happy
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