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Asie-Pacifique, Février 44
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houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1809
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Dim Nov 14, 2021 11:54    Sujet du message: Répondre en citant

C'est pour éviter les jeux de mots foireux de certains :
"Opération Méridien : Timor, ou Tiivis"
" Prendre l'ascendant à Timor" ( Embarassed )
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Nov 14, 2021 12:09    Sujet du message: Répondre en citant

11 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– Selon un schéma d’attaque désormais bien rodé, les Alliés s’en prennent aux installations radar de Mergui. Pendant que les Spitfire font écran dans une nouvelle mission Circus sur Tavoy, les Beaumont, escorté par les Beaufighter du Sqn 27, s’infiltrent derrière eux pour se perdre dans la masse d’échos avant de s’enfoncer en territoire ennemi. Pendant ce temps, les B-25 des 490th et 491st BS, accompagnés des P-40 du 80 FG, arrivent par la mer.
Bien que les officiers japonais aient mieux anticipé la manœuvre que le mois précédent, le raid est un succès. La station radar est complètement détruite en échange d’un Beaumont, un B-25 et un Warhawk, plus un Beaufighter avarié, qui va s’écraser à l’atterrissage. Si côté japonais les pertes sont limitées, avec deux Shoki abattus, il n’y a à ce moment plus de radar opérationnel en Birmanie. Il va falloir faire venir des appareils (et des opérateurs) du Japon.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Saigon (Cochinchine)
– Un calme étrange plane sur la ville. À Cholon, les Vietminh passent la matinée à attendre une nouvelle attaque des Japonais. Elle n’aura jamais lieu. Les éclaireurs envoyés reconnaître l’ennemi ne trouvent plus trace de sa présence dans la ville chinoise. La 56e Division a évacué au cours de la nuit et remonte l’Arroyo chinois vers le nord. Elle cherche à rejoindre la plaine des Tombeaux pour atteindre Saigon proprement dit par cette voie.
Après avoir perdu près de mille hommes (300 morts et le double de blessés) en une semaine de combat, le général Yuzo Matsuyama n’a vu aucun relâchement dans la défense de Cholon, au contraire. De plus, les Vietminh qui l’ont assiégé à Mytho menacent à présent ses arrières. Dans de telles conditions, continuer à attaquer reviendrait à sacrifier ses forces jusqu’au dernier combattant.
Officiellement, les forces du général Matsumaya vont cependant accomplir la mission qui leur a été confié en « dégageant la garnison de Saigon ». Cependant, nul ne s’illusionne. Même si le chef de la Division Dragon a réussi à ne pas perdre la face, il vient de subir une nouvelle défaite.

Quang Ngai (Annam) – Après avoir passé plusieurs jours à rassembler ses forces et préparer son attaque, le général Bourdeau peut enfin lancer l’assaut de Quang Ngai. Les Japonais de la garnison offrent une vive résistance, mais au soir, ils ne contrôlent plus que quelques pâtés de maison. Quant aux miliciens vietnamiens, s’ils font d’abord bonne figure, ils réalisent vite qu’ils font face à des hommes supérieurs en nombre, bien armés, disposant de la maîtrise du ciel et d’une forte artillerie (selon les critères locaux !). Les premières redditions commencent vers midi. Ce sont d’abord de petits groupes isolés qui déposent les armes, mais le caractère désespéré de toute résistance devient évident et, au soir, tous les miliciens se sont rendus.


12 février
Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Saigon (Cochinchine)
– Nouvelle journée presque paisible, à peine troublée par quelques coups de fusil isolés. Toutefois, ce calme apparent cache mal une grande tension et une fébrile activité des deux camps pour renforcer leurs positions.
Tandis que la 56e Division chasse les habitants de diverses maisons qui sont transformées en fortins, les Vietminh achèvent d’encercler la capitale de la Cochinchine. Partout on s’affaire à dresser des barricades dans les rues, remplir des sacs de sable, poster des sentinelles sur les toits et calculer des solutions de tir pour les mortiers installés dans les cours.
Le principal problème de la garnison est le manque de munitions. Les Japonais commencent également à s’inquiéter de la population civile coincée dans Saigon. Bon nombre de gens ont évacué la cité avant qu’elle ne soit tout à fait assiégée, mais si, jusque là, la ville a continué à être ravitaillée, plutôt mal que bien d’ailleurs, la situation va rapidement devenir critique car le blocus est à présent complet.

Quang Ngai (Annam) – Alors que les combats s’achèvent dans la ville, le général Bourdeau réunit son état-major, élargi aux chefs locaux du Vietminh, dans la mairie de Quang Ngai.
– Messieurs, bien que la province de Quang-Binh, au nord, soit toujours solidement tenue par l’Occupant, le centre et le sud de l’Annam peuvent être considérés comme libres. L’ennemi s’est retranché là où il a pu, mais ces quelques nids de résistance finiront par tomber lorsque leurs défenseurs auront tiré leurs dernières cartouches.
Laotiens, Français et Belges applaudissent poliment. Plus expansifs, les Vietnamiens se permettent de clamer des slogans à la gloire d’Hô Chi-Minh, que Bourdeau accueille avec un sourire pincé. Bon an mal an, il a fini par accepter beaucoup de choses qui lui auraient paru insensées avant guerre. Cela ne veut pas dire pour autant qu’il prenne plaisir à combattre aux côtés des anciens « indigènes rebelles », contrairement, semble-t-il, au général Mast, qui a remplacé Martin à la tête des troupes alliées d’Indochine.
Lorsque l’enthousiasme de l’assemblée est un peu retombé, Bourdeau se lève et montre la carte de l’Indochine affichée au mur. Sa main décrit un arc de cercle entre Quang Ngai et Saigon : « Quelle est la situation au sud ? »
La question s’adresse à Nguyen Van Quang, le seul Vietnamien présent à parler parfaitement français. Bien que n’étant pas le chef de son groupe, il sert depuis plusieurs jours de… courroie de transmission entre Bourdeau et le Vietminh.
– Comme vous l’avez dit, mon général, il ne reste plus que quelques garnisons japonaises isolées. La plupart des postes ennemis sont tombés après quelques jours de combat.
– Et dans quel état est le chemin de fer ?
insiste le Français.
Les Vietnamiens confèrent un moment entre eux.
– Jusqu’à ces derniers jours, les ordres des camarades locaux étaient de saboter la voie ferrée. Les ouvrages d’art sont intacts car l’ennemi les défendait, mais les rails ont été enlevés en plusieurs endroits.
Bourdeau hoche la tête, rien de grave : « Bon, la première chose à faire est de rétablir la circulation des trains jusqu’à Phanthiet, au moins. Ce contretemps ne me surprend guère et de toute manière, nous ne pouvions pas continuer à avancer comme nous l’avons fait jusque là. Nous arrivons au bout de ce que la logistique limitée de Dien-Bien-Phu peut nous allouer aussi loin d’Épervier. Il faut faire une pause, le temps que nos stocks de munitions reviennent à un niveau qui nous permette de combattre. Mettons à profit ce délai pour nettoyer la région des dernières poches ennemies… et pour ramener l’ordre. »
Le général Bourdeau pense en particulier aux tribunaux populaires du Vietminh et aux lynchages de collabos – ou étiquetés tels – qui se multiplient dans les villes libérées. Ce genre de débordement semble commun à toutes les libérations, d’après les échos qu’il a eus de Métropole. Toutefois, les autorités locales du Vietminh ne font rien pour les éviter ; elles profitent même de la situation pour éliminer des opposants connus à leurs idées.

La guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Vallée de la Rivière des Perles
– Dix-huit B-24 et leur escorte de 15 P-51 appartenant au 68e Composite Wing, basé à Guilin, se dirigent à haute altitude vers Canton. Ils sont rapidement détectés. Les Japonais soupçonnent un renouvellement du scénario du 9, lorsqu’un raid identique s’était avéré être une diversion tandis que des bombardiers chinois s’en prenaient à Hong Kong. En effet, la veille aérienne signale peu après une formation de 13 B-17 et 19 P-40 aux couleurs chinoises arrivant par le nord-ouest en direction de l’ex-colonie britannique. Aussitôt, les cinq Ki-43 et cinq Ki-61 restants décollent de l’aéroport militaire de Kai Tak pour intercepter les intrus, tandis qu’à Canton, on ordonne par prudence à 22 Hayabusa de prendre l’air. La méfiance était de mise, car cette fois-ci il ne s’agit pas d’une diversion : tandis que les Forteresses chinoises frappent de nouveau le port de Hong Kong et amplifient les dégâts causés par le raid précédent, les Liberator américains larguent leurs bombes sur celui de Canton. Le bilan de la journée est de deux B-24, un P-51, un B-17 et trois P-40 abattus côté allié, contre six Ki-43 et un Ki-61 perdus côté japonais. Il ne reste plus que huit chasseurs pour défendre l’espace aérien de Hong Kong !


13 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– Tavoy et ses terrains sont toute la journée l’objet d’une attaque générale de la part des Alliés. Les 50e et 64e Sentai appellent à l’aide leurs frères d’armes des 11e et 77e Sentai pour s’opposer à cette marée. Les Japonais remportent sept victoires (sans parler des appareils endommagés), mais au prix de 5 Shoki et 6 Hayabusa. Au sol, les dégâts sont variés, mais chaque terrain a reçu son quota de bombes.
Dans la journée, le capitaine Collingwood, un Sud-Africain des As de Pique du Sqn 81, obtient sa cinquième victoire, contre un Ki-44. Titulaire de quatre victoires en Grèce, il déclarera qu’il ne s’attendait pas à ce que les « modèles à gros moteur » (les Ki-44) soient presque aussi difficiles à abattre que les 109 F allemands.

Opération Stoker – Les B-24 des 436th et 493rd BS ainsi que leur escorte de P-38 vont jusqu’à Lhokseumawe. Les Hayabusa du 24e Sentai, mal positionnés, sont distancés et ne pourront rien faire. Au sol, c’est un carnage : il ne reste plus un bâtiment debout et la piste ressemble à un champ labouré. Le bon côté, pour les Japonais, est qu’il n’y avait sur place que quelques appareils plus ou moins hors service – ce ne sont plus que des carcasses fumantes.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Hanoi (Tonkin)
– Arrivée en juin 1943 au Tonkin, la mission des bonzes japonais dans la région est censée travailler au projet d’unification des différentes sectes bouddhistes de la Grande Asie. Mais la population et les moines vietnamiens n’ont pas mis longtemps à comprendre que le véritable but poursuivi était la transformation du clergé bouddhiste en instrument de propagande et de contrôle à la dévotion de l’Occupant. Le succès rencontré a donc été des plus faibles.
Récemment, deux des moines ont été tués dans un attentat terroriste, conduisant le gouverneur Rikichi à ordonner aux bonzes survivants de quitter le pays. Il n’a plus d’hommes à consacrer à des pantomimes inutiles et coûteuses. En effet, l’argent dépensé par Tokyo pour s’assurer de complicités parmi les religieux finit par alimenter les rebelles… au terme d’un circuit étonnement court ! C’est la conclusion de l’enquête de la Kempetai, suite à l’assassinat des deux moines.

Oudong (Cambodge) – Capitale du Cambodge au XVIIe siècle et encore de nos jours nécropole de ses rois, Oudong porte bien son nom de “Suprême” par ses canaux, ses terrasses, ses ponts et surtout ses centaines de pagodes qui stupéfient le visiteur étranger. Située à 40 km au nord de Phnom Penh, la ville est à bien des égards le cœur même du pays.
Aux premières lueurs du jour, la quiétude des habitants est troublée par une fusillade qui réveille les citadins. Calfeutrés chez eux, ils regardent avec inquiétude par les fenêtres sans rien voir qui explique la fusillade.
Les coups de feu s’éteignent bien vite. Cependant, quand le jour s’est tout à fait levé, les habitants découvrent que la milice de la prétendue République khmer a disparu. De petits groupes de guérilleros sales et débraillés occupent la ville ! Armés de porte-voix, ils lisent à tous les carrefours une proclamation du GRUNC (Gouvernement Royal d’Union Nationale du Cambodge). Ce dernier annonce le retour d’Oudong dans le giron du royaume khmer de Sa Majesté Norodom Sihanouk… et l’enrôlement des jeunes dans l’armée du FUNC (Front Unifié National du Cambodge). Ce texte est tout simplement celui qui a été lu par le Vietminh dans tous les villages cambodgiens libérés depuis le début de l’offensive du Têt. Mais le statut d’Oudong le rend bien plus impressionnant !

La guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Vallée de la Rivière des Perles
– Un Ki-46 (Dinah) venu de Canton effectue une reconnaissance au-dessus du Hunan. Malgré une tentative d’interception par des P-40 chinois accourus de Changsha, il repart sans avoir été inquiété. Ses clichés, transmis en début d’après-midi au commandement de la 23e Armée, montrent clairement d’importantes concentrations de troupes chinoises le long de la ligne de chemin de fer dite de Yuehan.
Le lieutenant-général Tanaka comprend immédiatement qu’il s’agit d’une offensive de grande ampleur, mais décide de ne pas porter ses forces au-devant des attaquants chinois : les moyens mécanisés lui font largement défaut et la plupart de ses troupes manquent d’expérience du feu. De fait, c’est la première fois depuis fin 1941 qu’elles se trouvent confrontés à une armée régulière, n’ayant eu affaire entretemps qu’à la guérilla locale. Il préfère ordonner une « concentration tactique » (cela sonne mieux qu’un repli) vers des positions plus facilement défendables, quitte à abandonner provisoirement un peu de terrain aux Chinois.
L’état-major japonais à Nankin est aussitôt informé, mais le maréchal Shunroku Hata ne partage pas le point de vue de son subordonné : selon lui, les Chinois ont durablement émoussé leur potentiel offensif lors de ce qu’il considère comme leur « défaite » dans le Hubei en novembre dernier ; on ne doit donc plus craindre d’eux, pour plusieurs mois encore, que des actions ponctuelles. De toute façon, fait-il comprendre à Tanaka, en serait-il autrement que cela ne changerait rien : les fronts de Birmanie, d’Indochine et du Pacifique absorbent déjà les rares renforts disponibles, et il est hors de question de dégarnir plus avant les armées déployées dans le centre et le nord de la Chine ; bref, il ne pourra compter que sur les forces dont il dispose actuellement. L’idée de lui envoyer une partie des troupes de Taiwan n’est envisagée que pour être aussitôt écartée : non seulement les moyens navals manquent, mais l’unique formation de qualité de l’Armée formée à Taïwan, la 48e Division, dite « Division de la Mer », combat déjà dans les Indes néerlandaises. Il ne reste dans l’île que des garnisons de second ordre, souvent constituées de Chinois de Taïwan dont la loyauté risquerait de faire défaut si on les envoyait se battre contre leurs frères du continent.


14 février
Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Phnom-Penh (Cambodge)
– La nouvelle de la libération d’Oudong (ou de sa capture, selon le camp) est sur toutes les lèvres depuis la veille. Mais vers midi, elle est remplacée par celle de l’explosion d’une jonque sur le Mékong. On accuse d’abord un raid aérien venu de Birmanie, mais les Anglais attaquent surtout de nuit. La destruction d’un autre navire, quelques heures plus tard, précède l’annonce de la présence de mines dans le fleuve, qui provoque un début de panique chez les mariniers.

La guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Vallée de la Rivière des Perles
– Si l’état-major japonais à Nankin ne peut transférer de renforts terrestres à Canton, au moins peut-il soutenir sa défense par voie aérienne : décollant de la capitale chinoise occupée peu avant l’aube, 14 Ki-21 (Sally) escortés de 10 Ki-44 (Tojo) attaquent la ville de Chenzhou, dans le sud du Hunan, que les avant-gardes de la 52e Armée chinoise ont atteinte la veille. Aucune DCA n’a encore été déployée et, pris par surprise, les P-40 basés à Changsha n’ont pas le temps d’arriver sur les lieux avant la fin du bombardement, qui endommage gravement la voie ferrée et la gare de triage. Les Warhawk parviennent tout de même à abattre deux “Sally”, plus un qui sera contraint à un atterrissage forcé sur le chemin du retour, mais quatre d’entre eux sont abattus par les “Tojo”.


15 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– Les Britanniques ont décidé de laisser les Mustang de l’ACG ainsi que les Hurricane de la RIAF et du BVAS couvrir les Beaumont qui sont chargés pour aujourd’hui de missions d’appui sur le front. Ils disposent donc de cinq squadrons de Spitfire pour mener une mission Circus sur Tavoy. Près de 80 monomoteurs anglais, accompagnés d’une quarantaine de P-40N, s’en prennent aux Japonais. Le bilan de la journée est de 8 chasseurs alliés perdus contre 14 Japonais.
Si les P-40 américains ont pu aider les Anglais, c’est que, plus au sud, les Mitchell des 490e et 491e BS ont opéré sous la couverture des P-38 basés aux Andaman. Ils s’en sont pris à Kampong Ulu où, en plus des bombes, les batteries de 12,7 mm et les canons de 75 mm ont fait un carnage.

Rangoon – Dans la soirée, un nouveau raid de Ki-21 fait peu de dégâts en dehors de quelques habitations détruites, grâce au fait qu’il n’y a que neuf appareils japonais engagés. Les bombardiers lourds anglais continuent leur œuvre contre les terrains de Malaisie et la disponibilité des sentai de bombardement commence à s’en ressentir sérieusement.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Hué (Annam)
– La libération de l’ancienne capitale de l’empire du Vietnam a aussi été celle de la population européenne de la cité. En effet, dès la prise de la ville en 1942, les Japonais avaient expulsé les Européens de leurs maisons et les avaient réunis dans le quartier de la rive droite de la rivière des Parfums. Une des premières décisions de l’administration provisoire de Hué fut de rendre leurs maisons à chacun.
Le journal La Patrie Annamite va aussi pouvoir reparaître, en utilisant les locaux et la dotation en papier d’une feuille de chou pro-japonaise qui sévissait encore quelques jours plus tôt. Apériodique car paraissant en fonction de la disponibilité de l’encre nécessaire à son impression, La Patrie Annamite sera le premier journal de langue française à reparaître en Indochine. Cette renaissance sera saluée aussi bien par la population francophone que par le Vietminh comme le signe d’un retour progressif à la normale.
Après une première page consacrée à la libération de Hué et de Tourane, le journal consacra sa page 2 (et dernière !) à s’inquiéter de toutes les disparitions parmi la population française de ces villes. Vingt-deux habitants ont été assassinés par les Japonais pendant l’Occupation, mais beaucoup d’autres ont été arrêtés. Malgré les nombreuses sollicitations des familles et des proches auprès de l’envahisseur, il a été impossible d’apprendre où ils étaient détenus et dans quelles conditions. Parmi les notables qui ont ainsi disparu figure une personnalité de premier plan : le vicaire apostolique de Hué, François Lemasle, enlevé en pleine messe dans la cathédrale de Phu Cam. Ce n’est qu’à la fin de la guerre que l’on apprendra que le vicaire a été emprisonné à Saigon et exécuté par les Japonais juste avant la reprise de la ville. Il sera enterré au cimetière d’Adran de Saigon.
Autre réouverture de la journée : celle de l’école Jeanne-d’Arc de Hué, tenue par les Sœurs de Saint Paul de Chartres. Ces religieuses pourront aussi reprendre leurs activités dans les hôpitaux et dispensaires de leur ordre, fermés par les Japonais.

Tourane (Annam) – Réouverture de l’école du Sacré-Cœur tenue par les Sœurs de Saint Paul de Chartres. Comme à Hué, les religieuses peuvent recommencer à donner leurs soins à une population qui a beaucoup souffert de l’occupation. Comme le dit la Mère supérieure, la vocation hospitalière et sociale des nonnes n’est pas destinée aux seuls catholiques, mais à tous les malades, blessés et sans-logis qui abondent dans la ville ruinée par les combats.


16 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– La journée est une réédition de la veille si ce n’est que les Beaumont des Sqn 45, 84, et 3rd BVAS et leur escorte s’infiltrent le long de la côte pour s’en prendre à l’aérodrome principal de Tavoy. En l’air, les 50e et 64e Sentai reçoivent l’aide des 11e et 77e, mais les Japonais ne peuvent abattre que six appareils alliés (dont un Beaumont par la DCA) alors qu’ils en perdent dix. Peu à peu le rapport de forces glisse vers le trois contre un, voire plus : la qualité des appareils, mais aussi des pilotes et de la logistique, ainsi que la destruction des radars japonais sont en train de donner aux Alliés un avantage définitif.
Si les P-38 opèrent encore aujourd’hui au-dessus de la Birmanie en couverture des B-25, c’est que les B-24 des 436th et 493rd BS sont allés bombarder les pistes de Tan-Son-Nhut, près de Saigon, après avoir survolé la Thaïlande de nuit. Les dommages sont modérés, mais le raid est considéré comme une réussite car les Liberator n’ont pas été interceptés : les chasseurs japonais, mal placés, ont été incapables de rejoindre les quadrimoteurs volant à plus de 20 000 pieds. Sur la route du retour, les Thaïlandais n’ont évidemment pas fait mieux. Ils émettront quand même une protestation diplomatique pour satisfaire Tokyo.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Vinh Long (Cochinchine)
– Un nouvel affrontement oppose des hordes de Hoa-Hao armés de lances et qui marchent sous de vastes bannières colorées en chantant des hymnes religieux à des Vietminh qui leur barrent le chemin de Saigon. Les FM et les mortiers des Vietminh compensent largement leur infériorité numérique. Ces armes ravagent les rangs des fanatiques, qui finissent par se débander.

Cambodge – Depuis quelques jours, le pays, jusque là très calme, est en proie à des mouvements de foules, avec ou sans violences, dans toutes ses agglomérations. La ville de Siem Reap est tombée sans combat aux mains du FUNC. Les miliciens de la prétendue république khmer ont fui ou déserté ; certains sont même passés aux royalistes. Le prince Norodom Sihanouk est acclamé dans la ville libérée. Il appelle la population à renverser Son Ngoc Thanh et à soutenir la lutte de libération.
En fait, le souverain court contre la montre, car deux colonnes vietminh marchent vers Phnom-Penh, l’une partie de la région de Saigon, l’autre du maquis de la frontière laotienne. Bien sûr, le FUNC et le Vietminh sont alliés… mais les Cambodgiens doivent libérer eux-mêmes leur capitale s’ils ne veulent pas perdre la face. Il faut aussi qu’ils y arrivent avant que les Franco-Vietnamiens n’achèvent la libération de Saigon, afin de marquer des points d’influence politique pour l’après-guerre.
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Archibald



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MessagePosté le: Dim Nov 14, 2021 15:31    Sujet du message: Répondre en citant

houps a écrit:
C'est pour éviter les jeux de mots foireux de certains :
"Opération Méridien : Timor, ou Tiivis"
" Prendre l'ascendant à Timor" ( Embarassed )


J'ajouterais que, pour gagner une guerre il faut agressif et non timoré. Les Carthaginois le savaient très bien, eux qui disaient souvent, indomptables et fiers "On ne parle pas sèchement à un Numide !" (Goscinny, tu nous manque tellement...!)
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Nov 14, 2021 23:09    Sujet du message: Répondre en citant

Toujours étonnant de voir des B17 chinois ... Cool
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Nov 15, 2021 11:46    Sujet du message: Répondre en citant

17 février
Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Can Tho (Cochinchine)
– Repoussés la veille seulement quelques kilomètres plus au nord, les Hoa-Hao tentent de nouveau d’atteindre Saigon. Leur but est d’abord de libérer leur “capitale”, Can Tho, la ville paysanne du peuple du delta du Mékong, par opposition avec Saigon, la ville marchande des citadins. Ensuite, ils marcheront vers l’est et chasseront les Japonais ! Ils ne doutent de rien…
C’est une armée de paysans fanatiques qui traverse les rizières. La plupart n’ont que des lances de bambous, quelques-uns ont de vieux fusils et des grenades artisanales tout aussi meurtrières pour ceux qui les utilisent que pour leurs ennemis. Nombre d’entre eux tiennent des bannières colorées et ils avancent comme en procession, en chantant d’étranges hymnes bouddhistes à la gloire d’Huyn Phu-So, celui que les Français surnommaient le Bonze fou et que le Vietminh a exécuté.
Autant le dire tout de suite, leur progression n’est pas passé inaperçue. À Can Tho, les tu-vê qui défendent la ville s’organisent. Ces réguliers vietnamiens sont assez bien armés. Presque un soldat sur deux a un fusil, et ils ont même de grossiers uniformes verts. Deux mortiers japonais Kyuhachi Shiki Totekiki (type 98) ont été installés. Ces armes sont très appréciées des Vietminh, car elles utilisent des charges de poudre noire en sachet, ce qui économise les explosifs plus modernes qu’ils ne peuvent que piller chez les ennemis ou obtenir par la piste Hô Chi-Minh.
« Nguyen Van Ba se coucha sur le sol. Le jeune Vietnamien vérifia en professionnel le champ de tir qu’il embrassait avec son FM japonais type 11. L’arme aussi était l’une des préférées des Vietnamiens. Elle était approvisionnée par un entonnoir détachable de six chargeurs de fusil Arisaka type 38, qui utilisait la même munition 6,5 x 50 mm. Or, l’arsenal de Dum-Dum, en Inde, produisait des balles de ce calibre pour le front indochinois.
Ba se retourna vers l’adolescent de quatorze ans qui veillait avec un sérieux juvénile sur le sac de munitions du tireur FM. Le gamin remplissait déjà un entonnoir de réserve. Il était prêt.
Un lieutenant, portant un uniforme un peu mieux coupé que ses hommes, suivait l’approche des fanatiques avec ses jumelles. Un sergent encombré de sacoches et de musettes lui servait de portefaix. Il regardait alternativement son chef et les servants des deux mortiers qui s’affairaient à régler leurs armes. Ces derniers s’accroupirent tandis que les deux préposés aux munitions s’immobilisaient, chacun tenant un obus de 50 mm à la main.
– Lieutenant Hô, nous sommes prêts.
L’officier leva la main et l’abattit verticalement.
– Feu !
Les deux tubes éructèrent. Les projectiles décrivirent une trajectoire en cloche avant d’aller exploser sur les digues, lacérant l’air, l’eau, la boue… et la chair. Il y eut des cris de terreur et de douleur. Là bas, les premiers Hoa-Hao se dispersaient, mais d’autres groupes surgissaient déjà, lances en main, tandis que leurs quelques fusils tiraient vers les Vietminh.
Le FM de Ba cracha une salve courte vers une bande de fanatiques qui couraient dans une rizière. Des fleurs de sang naquirent sur les poitrines de plusieurs hommes qui s’écroulèrent dans la fange en hurlant. Les autres Vietminh, couchés à l’abri d’une diguette, visaient, tiraient, ramenaient en arrière le levier d’armement et tiraient à nouveau comme des machines bien huilées.
Les Hoa-Hao mouraient par dizaines, pourtant d’autres surgissaient, piétinant cadavres et mourants dans une sorte d’état amok. Au milieu de la fusillade et des explosions d’obus, dans l’air empuanti par l’odeur de cordite, ils continuaient à chanter.
Quelques lance-grenades type 89 commencèrent à tirer lorsque l’ennemi fut à moins de cent mètres. Ils visaient les quelques groupes encore compacts qui s’étaient sortis de l’orage de plomb à peu près intacts. Les fanatiques survivants jetèrent des grenades vers les rangs vietnamiens, blessant et tuant quelques hommes. Puis ce fut le choc… mais peu d’assaillants étaient encore en vie et deux ou trois tu-vê accueillirent chaque ennemi. L’un d’eux se servait d’un sabre d’abatis ou de son fusil pour dévier un coup de lance, tandis qu’un camarade frappait le ventre ou le dos découvert.
Deux ou trois vagues d’assaut vinrent ainsi mourir sur la digue défendue par les Vietminh. Ces derniers n’eurent que de légères pertes… mais devant leur ligne, les corps s’étendaient à perte de vue. »



18 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– A la tombée de la nuit, les personnels au sol de Kampong Ulu entendent un ou deux bruits de moteur isolés. Ils savent maintenant ce que cela signifie : les intrus sont des marqueurs d’objectif. Les sirènes hurlent, les (rares) projecteurs s’allument pendant que des hommes s’efforcent sans trop de succès d’éteindre les petits incendies colorés allumé par les pathfinders. Bientôt de nombreux et puissants moteurs se font entendre et l’enfer se déchaine : les Halifax du Sqn 624 et les Wellington des Sqn 215 et 1st BVAS, se basant sur le marquage de deux Night Battle du Sqn 47, bombardent la piste et les abris, mettant un peu plus à mal un 1er Sentai déjà rudoyé les semaines précédentes.
Les pertes de la RAF sont nulles – au Bomber Command, certains n’hésitent pas à prétendre qu’il faut à présent des appuis politiques pour se faire affecter au 215 ou au 624 tant la vie y est tranquille. Il est vrai que le 103e Sentai, redéployé quinze jours plus tôt en Malaisie, manque en Birmanie et n’a rien pu faire, sur son nouveau terrain, contre les incursions nocturnes alliées dans le cadre de l’opération Stoker.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Hué, dans un camp de prisonniers tenu par l’armée française
« Le lieutenant Linh Van Thieu était un vétéran. Sergent dans les forces françaises d’Indochine lors de l’invasion, il avait combattu jusqu’au Laos, reculant pied à pied avec ce qui restait du 10e RIC. Plus tard, il avait perdu une oreille à Dien-Bien-Phu et une phalange près de Vientiane. Il pouvait croire qu’il avait tout vu et que plus grand-chose ne pouvait le surprendre. Mais lorsqu’une voix féminine l’interpella, quelque chose fit que Linh releva immédiatement le nez du rapport qu’il rédigeait.
Un duo pour le moins étonnant se tenait devant sa modeste table de travail installée dans un baraquement de planches minable. Ses yeux passèrent de l’un à l’autre. Il y avait une très jeune femme portant une robe noire toute simple, un tablier blanc d’infirmière et une coiffe marquée d’une croix rouge. Son voisin ne pouvait être plus dissemblable. Ce colosse musculeux à la peau d’ébène était vêtu d’une tenue HBT de l’armée américaine, casque M1 accroché à la ceinture, fusil Garand à la bretelle. Il affichait une expression maussade et des yeux fatigués.
– Vous êtes le responsable ?!
Le lieutenant Linh réalisa que la jeune femme venait de répéter sa question avec plus qu’une pointe d’agacement. Sa bouche s’était plissée et ses yeux lançaient des éclairs.
– Oui, c’est moi ! Et vous, qui êtes-vous ?
– Je suis l’infirmière Victoire Dubois. Épervier m’envoie pour contrôler l’état de santé des prisonniers, voici mon ordre de mission !

Elle avait posé sur le bureau un feuillet orné de plusieurs tampons dont certains, Linh l’aurait parié, n’avaient rien à voir avec la mission alléguée.
– Je m’intéresse particulièrement aux Japonais. Je sais que vous en avez très peu – des vrais Japonais, je veux dire, pas des Locaux, des Coréens ou je ne sais quoi. Dépêchez-vous, je veux les examiner au plus tôt !
Estomaqué que ce mystérieux petit bout de femme – qui devait, tout de même, être plus âgée qu’elle ne paraissait – lui donne des ordres dans son propre bureau, Linh se tourna vers le Noir.
– Soldat, votre nom, votre grade, votre ordre de mission !
Comme un jouet d’enfant qui aurait reçu un tour de clef, le militaire se mit au garde à vous, avant de répondre en un français compréhensible, mais avec un accent bizarre : « Soldat de première classe Bonaventure Mwana, de la Force Publique du Congo belge, mon lieutenant ! Euh… Voici mon ordre de mission. »
Il tira de sa poche de poitrine un papier plié en quatre qu’il tendit à l’officier.
– Escorter l’infirmière Victoire Dubois jusqu’au camp de prisonniers de Hué… C’est tout ?
Le Congolais acquiesça lourdement : « Oui, mon lieutenant. »
Avec une hésitation perceptible et un coup d’œil vers l’infirmière, il ajouta : « Le capitaine Jacobs m’a demandé de ne pas la laisser seule avec les prisonniers. »
– Je suis capable de veiller sur moi.

La riposte de la jeune fille avait claqué immédiatement. Le Noir envoya un regard un rien désespéré à l’officier.
– Je peux commencer mon travail, maintenant que vos formalités sont remplies ?
Linh Van Thieu eut un instant la tentation de répondre qu’il y avait des formulaires à remplir mais… il lui suffit d’un regard vers Mademoiselle Dubois pour abandonner cette idée. Les papiers pouvaient attendre.
Avec un soupir, le lieutenant ramassa son calot et contourna le bureau : « Nous avons trois types de prisonniers. La grande majorité, près de deux mille de nos pensionnaires, sont des miliciens vietnamiens : Bérets Blancs, Force Volontaire de l’Intérieur, quelques prétendus Gardes impériaux de l’usurpateur Cuong De et surtout des partisans du Hei Ho. Nous avons seulement trois cents Japonais, à peine. Ils sont de deux types. Les plus nombreux, environ deux cent trente, sont des Formosans. Ils ont des noms japonais, ils parlent japonais, mais ne sont pas aussi fanatisés que les autres. Les vrais Japonais, ceux venus de leurs maudites Iles Métropolitaines, sont seulement quarante-huit. »
– Dans quel état sont-ils, physiquement et mentalement ?
– Hum… Physiquement, ils vont plutôt bien. Beaucoup de blessés légers se sont déjà remis. Pour les blessés les plus graves… on manquait de médicaments, de sang et de bandages pour nos propres hommes, alors…

Victoire baissa la tête, la nouvelle semblait l’avoir émue.
– Je vois… Et mentalement ?
– C’est autre chose. La majorité des traîtres vietnamiens sont encore sous le choc des combats et de leur défaite.
– Et… et les Japonais ?
– Les Formosans sont généralement assez calmes, beaucoup semblent plutôt heureux d’être vivants et d’être là. Quand aux vrais Japonais, plus de la moitié sont grièvement blessés, mais nous avons reçu des ordres pour les soigner en priorité, pas comme pour les Locaux. L’état-major semble tenir à les garder en vie.

La nouvelle fut accueillie par un sourire lumineux qui troubla encore davantage le lieutenant. Victoire Dubois continuait son interrogatoire : « Et ceux-là, mentalement ? »
– J’ai été étonné. Je m’attendais aux pires difficultés, vu le caractère irréductible des soldats japonais. Soit qu’ils attaquent les gardes, soit qu’ils cherchent à se suicider comme le leur prescrit leur connerie de… leur satané bushido, je veux dire… Pardon, Mademoiselle.

La jeune femme lui jeta un bref coup d’œil sans se formaliser.
– Dois-je comprendre que ce n’est pas le cas ?
– Non, en effet, ils sont presque catatoniques. Avoir survécu semble les plonger dans un profond désespoir. En même temps, ils l’acceptent avec fatalisme.

Victoire acquiesça. Deux soldats s’étaient précipités pour ouvrir le portail d’entrée. Le lieutenant Linh se tourna vers l’un d’eux : « Le caporal Khantone est laotien. Il a servi dans une milice pro-japonaise avant de… nous rejoindre. Comme il baragouine leur langue, il sert d’interprète. »
Dès la porte franchie, le comportement de l’infirmière changea. Elle semblait anxieuse… mais aussi étrangement vulnérable. La jeune femme se déplaçait d’un soldat à un autre, examinait un visage puis passait au suivant. Lorsqu’elle eut dévisagé le dernier homme, elle fit un tour complet sur ses bottines pour regarder chaque silhouette, comme s’il elle craignait d’avoir oublié quelqu’un.
Son manège était si singulier que le lieutenant Linh se tourna vers le soldat Mwana. Ce dernier lui rendit avec un soupir un regard tout aussi perplexe que le sien. Victoire regardait à présent fixement le sol, les épaules affaissées, vivante expression du désespoir. Mais cela ne dura qu’un instant, elle passa une main sur ses yeux comme pour chasser des larmes avant de courir jusqu’au caporal Khantone.
– Caporal, j’ai besoin de vous !
Sans laisser place à la plus petite contestation, elle le tira par le bras, s’arrêta près d’un Japonais et commença à dicter des questions. Le lieutenant Linh avait suivi le mouvement. Il était assez près pour comprendre ce que disait l’infirmière… elle cherchait quelqu’un, un nommé Kazuya Kujo. Ouvrant une sacoche, la jeune femme sortit un paquet de lettres qui portaient une adresse en idéogrammes. Tirant de son col un médaillon en or, elle l’ouvrit pour révéler une petite photo cachée à l’intérieur.
L’infirmière cherchait l’homme qui lui avait envoyé ces lettres. Un soldat japonais. Linh Van Thieu se demanda un instant comment ces deux là avaient pu se rencontrer… Cependant, il ne posa pas de questions. Il marcha vers la grille en secouant la tête. Lorsqu’il l’eut atteinte, il se retourna pour regarder la jeune fille qui continuait à aller d’un prisonnier à un autre.
Combien de soldats japonais étaient venus en Indochine ? Dix mille… vingt mille… trente, cinquante mille ? Combien allaient survivre ? Cinq cents ? Mille ? Ce Kazuya Kujo n’avait que peu de chances d’être réuni avec celle qui le cherchait si désespérément.
À part lui, le lieutenant se surprit à s’inquiéter pour Mademoiselle Dubois. Il… il détestait les Japonais. Non, il les haïssait. Sa main toucha le trou qui remplaçait son oreille. Et pourtant… Pourtant, il se sentait profondément touché, triste et cependant joyeux. S’il restait encore quelque chose de pur dans cet enfer de boue, de feu et de sang, c’était ce qui unissait visiblement Mademoiselle Dubois et celui qu’elle cherchait.
Les yeux levés, il s’abîma dans le spectacle du ciel gris et pensa fortement : « Toi là haut, si tu veux sauver quelqu’un, sauve ce Kazuya Kujo. » C’était puéril, mais Linh Van Thieu ne trouva rien d’autre à faire.
Les factionnaires refermèrent la grille derrière lui. Les soucis quotidiens reprirent la première place dans ses préoccupations. Il avait encore ce fichu rapport à terminer. »


La guerre sino-japonaise
Vallée de la Rivière des Perles
– Américains et Chinois concentrent aujourd’hui leurs moyens aériens contre Canton dans une attaque conjointe : 27 B-24, 22 B-17, 19 P-51 et 18 P-40 bombardent la ville. Les 26 Ki-43 qui foncent à leur rencontre sont vite débordés (sept sont perdus contre un Liberator, une Flying Fortress et quatre Warhawk) et les dégâts au sol sont importants.
Puis, à peine les Hayabusa survivants ont-il regagné leur base de Baiyun, à court de carburant et de munitions, que surgissent à basse altitude neuf B-25 de la ROCAF qui s’en prennent à celle-ci. Malgré une DCA mordante qui abat deux Mitchell, les dommages sont considérables : les B-25 en version “nez plein”, après avoir largué leurs bombes, effectuent des passes de mitraillage en rase-mottes très meurtrières. Plusieurs hangars sont incendiés et la piste, constellée de cratères, restera inutilisable jusqu’au lendemain. Onze appareils de divers types ont été détruits au sol et les victimes sont nombreuses parmi le personnel technique, qu’il devient aussi difficile de renouveler que les pilotes eux-mêmes.


19 février
Campagne de Birmanie et Malaisie
Birmanie occupée
– Dès 06h30, le martyre de Kampong Ulu se poursuit. Les B-24 des 436th et 493rd BS viennent lâcher à leur tour plusieurs dizaines de tonnes de bombes. Cette fois, la base est quasiment détruite et le 1er Sentai s’estime hors de combat pour une semaine.
Pendant ce temps, les Spitfire V et VIII des Sqn 17, 113, 81 et 136 sortent en force pour un Circus contre les 50e et 64e Sentai basés à Tavoy. Au même moment, une force anglo-américaine s’infiltre le long de la frontière thaï. Ce raid, composé de B-25 et de Beaumont escortés par les P-40 du 80th FG et des Beaufighter du Sqn 27, s’en prend aux pistes et installations de Mergui. Le bombardement prend par surprise les Japonais et de nombreux appareils sont détruits au sol. Les patrouilles de couverture interviennent tardivement et en ordre dispersé en raison de la perte du radar (qui n’a pas encore été remplacé) ; elles sont repoussées par l’escorte.
Le bilan de la journée est de quatre avions japonais abattus, dont le Ki-44 du lieutenant Shiro Suzuki, du 64e Sentai – excellent pilote, titulaire de 5 victoires, mais épuisé, comme tous ses coéquipiers, par la répétition des combats, il succombe sous le nombre. Les Alliés ne perdent qu’un avion.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Près de Ngan-so’n, sud-ouest de Cao-Bang, Tonkin
« La RC3 serpentait au milieu de hautes collines couvertes d’une jungle humide. La nuit semblait éteinte. Un épais manteau de nuages effaçait la lune et les étoiles du ciel, on ne discernait rien d’autre que des ténèbres plus ou moins denses, parfois découpés par le faisceau fatigué de deux projecteurs à bout de souffle.
Ces lumières provenaient d’un petit village transformé en fortin. Ce dernier bénéficiait d’une position naturellement très forte, sur deux collines aux pentes raides qui encadraient la Route Coloniale 3. De plus, une rivière coulant d’est en ouest contournait la base des collines, les isolant de la forêt pluviale qui les entourait.
C’était donc très naturellement que les Japonais s’étaient installés là et en avaient chassé les habitants avant de relever les murets, de les renforcer de sacs de sable et d’y poster des FM. Certaines cases avaient été transformées en bunkers, d’autres abattues et leurs matériaux récupérés pour renforcer le périmètre. Des mortiers se tenaient prêts à tirer dans les espaces ainsi dégagés et des sentinelles avaient pris place dans des miradors qui offraient une vue imprenable sur la vallée en contrebas. Non qu’il y ait grand-chose à voir, bien sûr, même de jour.
L’avant-poste 41 ne pouvait cependant résister à tout. Il avait même été abandonné pendant deux semaines lorsque les Français avaient attaqué Cao-Bang. Une nouvelle garnison avait cependant repris le contrôle de la position dès que le danger se fut éloigné.
Parmi les soldats endormis sous leurs tentes, un homme se tournait et se retournait sur sa natte. Il se redressa d’un coup comme un diable sorti de sa boîte, le cœur cognant péniblement dans sa poitrine. Il était naturel de faire des cauchemars, beaucoup moins de n’en sortir que pour revenir à une réalité qui méritait tout autant ce nom. Le soldat frissonna malgré la tiédeur de la nuit. Le rêve s’effilochait dans son esprit, ne laissant derrière lui que des bribes inconsistantes. Pourtant…
Sa main se posa sur sa poitrine, touchant l’anneau pendu à son cou par une chaîne. Il se sentait en proie à une puissante appréhension… une envie de fuir, d’appeler à l’aide !
– Victoire !
Dans son rêve, elle lui sauvait une nouvelle fois la vie. Il était réveillé et pourtant la peur l’oppressait, le prenait à la gorge, l’étouffait. Il suffoquait. C’était ridicule. Ramassant sa vareuse, il boucla son ceinturon porte-chargeurs et sortit à l’air libre après avoir, d’un geste automatique, ramassé son inséparable FM type 96.
La position qu’il avait quittée pour aller se reposer était occupée par l’équipe de relève qui le vit arriver avec surprise : « Caporal Kazuya ? »
Même dans la pénombre, il devait paraître étrange, car le chargeur du FM s’écarta sans un mot lorsqu’il s’agenouilla au côté de son remplaçant. La nuit était noire comme de l’encre. Cette métaphore n’impliquait nulle exagération. On ne discernait que peu de choses sous le ciel couleur d’ardoise : l’ombre étouffante des collines voisines, leur flanc débroussaillé et, à son pied, la phosphorescence de l’eau courante.
– Tu n’arrives pas à dormir ?
Kazuya Kujo se retourna pour découvrir le sergent Kato. Ce dernier lui tendit un quart métallique rempli de thé. Kujo sourit en l’acceptant : « Le vrai courage est celui de trois heures du matin. »
– Encore une citation d’écrivain français ?
– Napoléon Bonaparte était bien plus homme de guerre qu’écrivain !

Il y eut un silence. Le sergent se pencha vers la vallée, guettant les ombres. L’inquiétude visible du caporal Kazuya avait contaminé ses voisins.
– Que se passe-t-il ?
– J’ai été réveillé par une sensation de malaise… Comme si… Comme si quelque chose allait arriver.

Kato resta quelques instants sans répondre puis se leva pour se diriger vers l’officier de garde. Le sergent parla, montra le caporal Kazuya, puis salua. Kujo avait une étrange réputation. A l’époque où la division était encore stationnée en Chine, l’aviation ennemie avait bombardé leur position aux premières lueurs de l’aube. Il s’était réveillé juste avant l’attaque, en proie à un malaise. Une bombe avait détruit son baraquement et, de sa section, lui seul avait survécu. L’histoire avait fait le tour de son unité, renforcée par d’autres récits semblables. Ses supérieurs, qui ne l’aimaient guère, l’envoyaient toujours dans les pires affectations, mais si ses camarades mouraient, lui revenait toujours.
Shinigami, l’ange de la mort, voilà comment on le surnommait dans son dos.
Lorsque les premiers coups de fusil claquèrent, les Japonais étaient prêts à riposter. Il n’y eut pas d’effet de surprise.
Son FM calé sur le muret, Kujo regardait la vallée. Il discernait vaguement le pont et la rivière. Eclairés par le faisceau des projecteurs, les arbres apparaissaient déformés de manière grotesque. Ailleurs, l’obscurité était parfois percée par le bref éclair jaune signalant le tir d’une arme. Le caporal plia l’index, le FM tressauta comme un cheval furieux, martelant son épaule. La giclée s’envola vers le gué. L’endroit était miné et une explosion signala qu’il était effectivement assailli.
Tirant en brèves rafales un chargeur après l’autre, Kazuya Kuzo mitraillait les silhouettes qui se découpaient dans la lumière des projecteurs ou les départs de coup dans l’obscurité. Il entendait autour de lui les plocs des balles qui frappaient les sacs de sable sur lesquels il s’appuyait. D’autres projectiles sifflaient à ses oreilles et des grenades détonaient en contrebas. Le servant de l’autre FM s’écroula en hurlant, un obus de mortier venait de le déchiqueter.
L’assaut hésita, recula…
Couverts par des rafales de FM, les Vietminh abandonnèrent. Il n’y eut bientôt plus que quelques coups de feu isolés qui s’éteignirent à leur tour. Les bo-dois devaient encore se demander comment les Japonais avaient été prévenus de leur attaque. »



20 février
Campagne de Birmanie
Birmanie occupée
– Bien que l’aérodrome de Kampong Ulu ait quasiment cessé d’exister la veille, les Américains, ne laissant rien au hasard, lancent un nouveau raid de Liberator pour bien enfoncer le clou.
Au nord, les Alliés rééditent l’opération de la veille. Cela surprend d’autant plus les Japonais que jusqu’ici, jamais leurs adversaires n’avaient utilisé deux fois de suite le même schéma d’attaque. Les dégâts sont importants et les Nippons perdent encore trois Shoki contre deux P-40 (dont les pilotes seront récupérés !).

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Cambodge
– Le journal Nagaravata, porte-parole officiel de la prétendue République khmer, sort un numéro exceptionnel consacré à la mise en défense de la ville de Neak Leung, capitale du district de Peam Ror, où se trouve le principal service de bac sur le Mékong au sud de Phnom-Penh. Son Ngoc-Thanh, qui a lui-même pris la plume, proclame que jamais « les envahisseurs vietnamiens » ne pourront s’emparer des fortifications édifiées pour les arrêter.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

21 février
Campagne de Birmanie
Birmanie occupée
– La base de Mergui est à nouveau la cible d’un bombardement massif. Vers 01h00, selon un rituel désormais bien rodé, des Night Battle utilisés par le Sqn 47 marquent les installations que les Halifax et les Wellington vont venir bombarder. Les dégâts sont assez importants. Plusieurs bimoteurs Ki-48 Lily, qu’il a été impossible de desserrer sur les petits terrains annexes, sont détruits.
Dans la journée, l’aviation alliée multiplie les Rhubarb entre Ye et Tavoy, traquant impitoyablement dépôts, véhicules et positions d’artillerie.

Rangoon – Le rapport d’enquête sur les accidents de Mosquito qui ont endeuillé le Sqn 47 les semaines précédentes montre que la Wooden Wonder n’a pas été victime d’un pourrissement dû au climat (comme on l’avait craint au départ), mais d’un manque de colle, peut-être aggravé par l’humidité locale. Ce rapport remontera jusqu’en Europe, où le même défaut sera constaté sur les appareils des séries voisines. En attendant de nouvelles montures aux ailes correctement collées, le Sqn 47 fait bon usage des Night Battle légués par les Belges.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Neak Leung (Cambodge)
– Les Vietminh entrent dans la ville sans combat. La garnison de la “République khmer” s’est évaporée au cours de la nuit. Alors que les rodomontades publiées la veille encore par le président Son sont encore dans tous les esprits, l’arrivée des bo-dois – arrivée pacifique, de plus ! – est particulièrement inattendue.
Les « envahisseurs vietnamiens » font lire la proclamation du prince Norodom Sihanouk proclamant le retour de la ville au sein du royaume khmer et commencent immédiatement à traverser le Mékong, aidés de bon cœur par les équipes régulières du bac.

Phnom-Penh – La nouvelle de la prise de Neak Leung engendre un véritable séisme dans la capitale de la “République khmer”. Coupé de toute aide japonaise depuis le début de l’offensive du Têt, le régime n’avait plus qu’un mince espoir de survie : arrêter les Vietnamiens sur le Mékong, seule ligne de défense pouvant permettre aux miliciens khmers – bien moins nombreux et aguerris – de contenir les bo-dois. Mais plus encore que la défaite militaire, les conditions de celle-ci achèvent de déconsidérer Son Ngoc-Thanh. La grande bataille de « la nation khmer contre l’invasion vietnamienne » n’a pas eu lieu ! La milice de la république a fui Neak Leung ; même elle ne croit plus en son chef ! La caserne de la milice, boulevard Doudard de Lagrée, se vide progressivement, la garnison quittant les lieux en civil et par petits groupes.
Des émeutes éclatent un peu partout dans la capitale, mais sont rapidement apaisées par un défilé de bonzes. Ceux-ci invitent la population à se réunir et à prier devant le palais royal et la Pagode d’Argent.
Les Japonais, eux, se retranchent dans leurs casernements situés au nord du jardin Vat Phnom, près de leur ambassade. Un groupe d’officiers nippons se rend cependant au “Palais de la République” installé tout près, dans les bureaux de la résidence, rue du Maréchal Foch. Leur visite est brève et quand ils ressortent, il y a avec eux un homme de plus, un lieutenant, dont l’uniforme n’est pas tout à fait à sa taille… Il s’agit de Son Ngoc-Thanh déguisé. Il est conduit jusqu’à un terrain d’aviation proche de la ville. Là, il embarque avec l’ambassadeur du Japon et les officiers les plus gradés de la petite garnison japonaise sur un bimoteur Ki-34 “Thora” qui décolle immédiatement. Filant au ras des arbres vers le sud-ouest, l’avion (un dérivé du DC-2 construit par Nakajima) arrivera sans incident en Malaisie.
La fuite du président de la “République khmer” n’est évidemment annoncée nulle part, mais ses collaborateurs abandonnés, informés d’une façon ou d’une autre, quittent en hâte leurs luxueuses résidences pour se réfugier dans l’ambassade de Thaïlande. C’est en effet l’une des rares légations diplomatiques qui restent dans la capitale.
A la tombée de la nuit, le régime fantoche a cessé d’exister.
Dans la cour de l’ambassade du Japon, les flammes dévorent des piles de dossiers que le personnel affairé jette dans le brasier. Des coups de feu retentissent… des combats ? Non, c’est la Kempetai qui abat ses prisonniers.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu (derniers préparatifs)
Hong Kong
– Seize B-24 et leur escorte de 14 P-51 du 68e Composite Wing attaquent de nouveau la ville. Les huit derniers chasseurs japonais sur place (quatre Ki-43 et quatre Ki-61) tentent de s’interposer, mais sont rapidement submergés par les Mustang, lesquels abattent deux Hayabusa et un Hiei sans subir de pertes. Les Liberator ont le champ libre et larguent leurs bombes au-dessus du chantier naval et de la gare de triage, peu gênés par une DCA clairsemée. Cependant, le bombardement se montre imprécis et de nombreuses bombes tombent sur le quartier de Kowloon, où se déclenche un incendie qui ne sera pas maîtrisé avant deux jours.
Les Japonais, malgré le harcèlement aérien dont ils sont la cible, ne restent pas inactifs. Tanaka, devant l’imminence de l’attaque chinoise, a fait hâter la construction d’ouvrages défensifs sur l’ensemble du périmètre, ordonné la destruction des ponts et le minage des routes autour de celui-ci, fait installer un terrain d’atterrissage à Qingyuan et obtenu du QG de la Marine Impériale à Hong Kong que ses unités « coordonnent leurs actions » avec lui (pas question, évidemment, de demander qu’elles suivent ses directives !). En effet, sont présents à Hong Kong quelques petits bâtiments de guerre : le destroyer Tsuga (qui avait déjà participé à la prise de la ville en 1941), l’escorteur Kaii (ex Kashi, cédé au Mandchoukouo puis récupéré en 1942 par la Marine Impériale) et les canonnières Hashidate, Nanyo (ex Teh Hsing des douanes chinoises, saisi en 1937), 102 (ex-HMS Moth) et Okitsu (ex-Lepanto, renflouée après avoir été sabordée par son équipage italien dans le port de Shanghai en décembre 1942). A l’exception du Nanyo, qui reste sur place, tous remontent la Rivière des Perles vers Canton ; le Hashidate et l’Okitsu continuent jusqu’à Qingyuan.
………
Pendant ce temps, des éléments du Génie de la 14e Air Force commencent à établir une base avancée à Shaoguan pour le compte de la ROCAF.


22 février
Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Phnom-Penh
– Au lever du soleil, une colonne de plusieurs milliers de miliciens du FUNC entre dans la ville par le nord. L’histoire veut que l’arrivée du prince Norodom Sihanouk n’ait pas été saluée en premier par le clergé bouddhiste, mais par les prêtres de l’église de Russey Keo.
La nouvelle se répand rapidement et l’avancée des guérilleros se transforme en défilé de la victoire. Tandis qu’une partie des combattants encerclent les Japonais dans leurs casernes, d’autres fouillent le “Palais de la République” abandonné la veille. Ils ne mettent cependant la main que sur des drapeaux et des emblèmes de la “République khmer”, qui vont alimenter un feu de joie au milieu de la rue. L’ambassade japonaise est elle aussi visitée. Elle est déserte : dans la nuit, tout son personnel est allé chercher asile… juste de l’autre côté de la rue, à l’ambassade de Thaïlande.
Dans les rues, c’est l’allégresse. La foule brandit des drapeaux et des portraits du prince, qui serre volontiers les mains que tous tendent vers lui. Vêtu à l’occidentale, Norodom Sihanouk, rayonnant, marche sur un tapis de pétales de rose qui symbolise l’amour et l’admiration de son peuple. On ouvre grand devant lui les portes du palais royal, miraculeusement intact. La “République khmer” avait prévu de le transformer en musée, mais ce projet, comme les autres grandes idées de Son Ngoc-Thanh, n’avait pas vu le jour. C’est devant le palais que le jeune souverain lit son célèbre “Discours de la Libération”. Nous reproduisons ci-dessous deux très courts extraits de ce discours-fleuve.
« Je ne me fie qu’aux puissances surnaturelles. Chaque homme, comme un bateau, peut se trouver emporté par les tempêtes du destin. Mais qu’il garde sa foi entière, elle sera sa boussole. Peu importe les vents contraires, qu’il se fie à Bouddha. Celui-ci aime ceux qui l’aiment et punit ceux qui l’oublient. Un jour le bateau rentre à son port. Un jour l’homme rentre dans sa maison. Un jour le pays retrouve la raison. »
Grand admirateur du général de Gaulle, le prince, après s’être exprimé en cambodgien, passe au français pour s’adresser à lui – et, au-delà, aux Français en général.
« Avec le retour du royaume du Cambodge dans le camp des Alliés, Alger aujourd’hui, ou plutôt Marseille, et demain Paris saura reconnaître notre contribution à l’établissement et au maintien de l’ordre et de la paix en Asie du Sud-est. La victoire est à présent acquise au Cambodge et imminente dans toute l’Indochine. Je voudrais réaffirmer ici à Monsieur le Président du Conseil l’amitié et l’attachement du Cambodge à la France.
Grâce au courage et à la force de notre peuple, nous avons pu repousser l’ennemi qui a fait si bon marché de notre souveraineté. Nous avons été contraints pour nous libérer de demander l’aide d’autres pays, comme la France et les États-Unis d’Amérique, qui nous l’ont accordée fraternellement. A présent, nous souhaitons aider nos voisins d’Indochine à retrouver eux aussi la paix.
Pour l’avenir, nous considérons toujours la France, qui nous a apporté sa culture, comme notre principale amie et nous souhaitons resserrer avec elle notre coopération aussi bien militaire, politique et industrielle qu’économique. Pour avoir été et si souventes fois agressé de manière meurtrière, notre peuple pacifique ne peut que souffrir de voir la France toujours occupée par l’Allemagne nazie. Aussi, je tiens à assurer que le Cambodge est l’allié de la France et se battra à ses côtés jusqu’à ce que les tyrans qui l’ont injustement attaquée rendent grâce, à Tokyo comme à Berlin. »

………
Après plusieurs heures de combat, les casernements des Japonais sont transformés en amas de décombres et les derniers coups de feu s’éteignent. A la recherche d’autres cibles, les hommes du FUNC entourent l’ambassade thaïe, où ils ont appris que des membres du gouvernement de feue la République khmer ont trouvé refuge. Après deux heures de négociations, les guérilleros annoncent que l’ambassade sera détruite et tous ses occupants massacrés si les ministres ne leur sont pas livrés. Après avoir, sans succès, tenté de joindre le prince Sihanouk, les Thaïlandais obligent les ministres à sortir ; ils sont immédiatement exécutés sur la pelouse devant le bâtiment. Par la suite, les Thaïlandais pourront exfiltrer les familles vers Bangkok.


23 février
Campagne de Birmanie
Birmanie occupée
– Comme le 13, Tavoy est la cible d’une attaque générale. Les bombardiers moyens anglais et américains s’en prennent à toutes les pistes et installations repérées. Et comme lors des attaques précédentes, les 11e et 77e Sentai sont appelés en renfort de Mergui mais, comme les 50e et 64e, ils sont bien mal en point. Le bilan de la journée dans ce secteur s’élèvera à deux P-40, un Spitfire, un B-25 et un Beaumont abattus, contre huit appareils japonais. Les renforts en Ki-44 et en pilotes expérimentés arrivés en octobre-novembre ont fondu comme neige au soleil face à une supériorité alliée grandissante.
Les sentais de Mergui étant montés en ligne il ne reste plus pour le sud, entre Mergui et la frontière, que le seul 1er Sentai, qui va devoir faire face avec des effectifs très diminués à un raid massif des B-24 des 436th et 493rd BS, escortés par des P-38 agressifs qui ne se priveront pas de venir mitrailler les appareils au sol après le passage des quadrimoteurs. Les pertes japonaises s’élèvent à trois Hayabusa et deux Shoki contre deux Liberator endommagés (l’un s’écrasera à l’atterrissage) et un P-38 abattu (son pilote sera récupéré en mer). L’état de la base aérienne est catastrophique – piste défoncée, hangars détruits, appareils en flammes. Quelques bombes sont tombées en dehors du périmètre, sur une zone résidentielle. Soudain, une explosion gigantesque secoue l’atmosphère, si puissante qu’elle sera entendue par l’équipe Fauconneau, 50 km au sud ! Les Japonais avaient stocké à cet endroit une grande quantité de munitions d’artillerie. En effet, les Alliés (à la demande des Anglais) évitaient jusque-là de faire bombarder les agglomérations par des quadrimoteurs imprécis, ne les utilisant que contre les aérodromes pour ne pas susciter de sentiment pro-japonais. Les Japonais, conscients de ce fait, avaient donc établi beaucoup de dépôts carrément au milieu des villes.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Delta du Fleuve Rouge (Tonkin)
– C’est un triangle de 130 km de côté, un immense réservoir d’hommes et de riz. Nul n’en doute en Indochine : aussi limité que cet espace puisse sembler, c’est son contrôle qui décidera qui sera le vainqueur et qui sera le vaincu.
Plus de cent garnisons japonaises quadrillent le delta. Elles surveillent les villes, les routes, les lignes téléphoniques, le chemin de fer entre Hanoï et Haiphong, le phare de Hon-Dau, celui de l’île Norway. En fait, les Japonais surveillent l’infrastructure jetée par la colonisation française sur le delta. Une construction récente qui coexiste avec le monde séculaire des habitants du Delta sans le remplacer : elle a juste été posée là et elle reste comme étrangère au vrai pays.
Ce dernier est malaxé d’eau et de terre, tout en nuances de vert, si semblable à un tableau de Paul Klee. Un monde de travail. Un monde d’hommes affairés sur les rizières, à tracer les sillons, semer, replanter et récolter le riz. La terre du Delta est à la fois modelée par l’eau et concassée par la main de l’homme motte par motte dix fois par an. Comment séparer l’un de l’autre alors qu’ils se livrent un corps à corps millénaire ?
Cette contrée porte assez de riz pour sauver de la faim cinq millions d’hommes… une des deux trois zones les plus surpeuplées du globe. On se bat à quelques centaines de mètres. Les balles sifflent dans l’air et le mortier tonne… le paysan continue son inlassable travail de Sisyphe. La guerre ne tue pas aussi sûrement que la faim.
Le delta est une succession d’îles carrées encadrées de fossés d’irrigations, des rizières. Elles sont la proie d’une guerre totale. En un singulier raccourci de tous les conflits qu’a connus l’Asie, les deux camps qui s’affrontent usent de tous les moyens et de toutes les ruses de sa longue histoire. Des cornes-de-cerf déjà décrites dans le roman des Trois Royaumes de Louo Kouan-Tchong au plus modernes mines anti-personnel, des levées de paysans armés de lances de bambou jusqu’au soldats professionnels dotés d’armes automatiques, du cavalier à cheval jusqu’au tank et à l’avion, des grenades artisanales au canon de 75 mm, des coursiers pieds nus jusqu’à la radio et de l’intimidation brutale aux stratégies d’agit-prop les plus modernes… car l’esprit est un champ de bataille comme un autre.
Deux îles sur trois sont des bases vietminh, elles ne se démarquent pourtant guère de leurs voisines où se sont établis les Japonais : mêmes cahutes de bois, de boue et de chaume ; même misère des habitants. Car il s’agit d’un conflit de proximité si ce n’est même de l’intimité, qui dresse des frontières fluctuantes au sein d’une population indifférenciée, partageant tout dans un espace clos et surpeuplé.
Les Japonais règnent sur un monde de fer, de ciment et de macadam, marque de la colonisation française. Ils ne pénètrent que de jour dans le monde du marais gluant et de ces hommes qui en tirent leur subsistance. Une bataille introuvable se livre entre le vieux Tonkin des cahutes et des rues en terre, et le mondes de routes, des villes et des centrales électriques. Introuvable ? Oui, car si les Japonais patrouillent de l’aube au crépuscule, ils se calfeutrent dans leurs fortins dès que l’obscurité monte des marécages. Alors, dans les villages, les hommes revêtent la tenue noire des Vietminh et sortent pour couper les lignes de téléphone, tronçonner les routes, harceler les garnisons. Et lorsque le soleil reparaît, les tankettes japonaises se ruent dans le delta, les avions patrouillent dans le ciel, les hommes se répandent dans les villages.
Le conflit demeure sans solution car chaque camp, par ses tactiques et son armement, est avantagé pour défendre “son” macadam, “sa” rizière. C’est une guerre des mondes qui fait rage. Le Vietnam séculaire triomphe chaque nuit. Chaque matin, le moderne Japon reprend l’avantage. Une bataille absurde qui voit inlassablement les camps recommencer chaque jour les mêmes manœuvres sans espoir d’une proche solution.
Les Japonais sont des éléments étrangers. Introduits de force dans le microcosme du delta, ils sont astreints à un éternel travail pour arracher les du-kich, les milices vietminh, à la terre qui les engendre. Et tous les trois mois, les villages ainsi nettoyés fournissent une nouvelle récolte de guérilleros.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu (derniers préparatifs)
Vallée de la Rivière des Perles
– Le général Li Zongren, en charge de l’opération Bailu, a gardé quelques habitudes de sa précédente carrière de seigneur de la guerre. L’une d’entre elles est de commander au plus près du front, là où la capacité à se rendre compte de la situation par ses propres moyens et de prendre les décisions assez vite pour ne pas être dépassé par les événements peut faire la différence entre victoire et défaite. Evidemment, quand on est seigneur de la guerre, c’est aussi (voire surtout) un moyen de ne pas dépendre de subordonnés parfois peu fiables…
C’est donc à bord d’un train blindé vétéran des batailles pour la défense de Changsha que Li a installé son PC. Il utilise le chemin de fer Hankou-Canton, le long duquel progressent les trois Armées sous son autorité.

Les forces en présence au début de l’opération Bailu
Forces chinoises
(sous le commandement du général Li Zongren)
– 1ère Armée (général Sun Du)
1ère Division (général Nie Chunyong), 88e Division (général Zhang Zhuo), 167e Division (général Ding Delong)
2e Régiment indépendant de mortiers lourds et 29e Régiment indépendant d’artillerie
– 5e Armée (général Du Yuming)
22e Division (général Liao Yaoxiang), 38e Division (général Sun Liren), 96e Division (général Yu Shao)
– 52e Armée (général Guan Linzheng)
2e Division (général Liu Yuzhang), 25e Division (général Yao Guojun), 195e Division (général Cheng Mingxin)
– 200e Division Blindée (général Zheng Dongguo)
– Forces aériennes
ROCAF : 1er et 8e Groupes de bombardement, 4e et 11e Groupes de chasse
USAAF : 68e Composite Wing (14e Air Force)
………
Forces japonaises (sous le commandement du gouverneur-général Rensuke Isogai)
23e Armée (lieutenant-général Hisaichi Tanaka)
– 40e Division (lieutenant-général Aoki Naruichi)
– 68e Division (lieutenant-général Tamehito Sakuma)
– 104e Division (lieutenant-général Kisaburo Hamamoto)
– 129e Division (lieutenant-général Naonobu Uzawa)
– 130e Division (lieutenant-général Shinpachi Kondo)
– 131e Division (lieutenant-général Okura Itarutsugi)
– Brigades Indépendantes :
19e et 23e Brigades Indépendantes mixtes
8e et 13e Brigades Indépendantes d’infanterie
– Force de Défense de Hong Kong
Forces aériennes de l’Armée Impériale
33e Sentai de chasse et 2e Chutai de bombardement
Forces de la Marine Impériale
Destroyer Tsuga
Escorteur Kaii
Canonnières Hashidate, Nanyo, Okitsu et 102.


24 février
Campagne de Birmanie
Birmanie occupée
– Au lever du jour, les B-24 retournent sur Mergui pour parfaire leur œuvre de la veille. Les dégâts sont mineurs en dehors de quelques appareils détruits au sol – il ne restait pas grand-chose à démolir. Les Liberator se retirent avec leur escorte à deux queues sans avoir été inquiétés.
Au nord, Tavoy fait encore l’objet d’une attaque générale anglo-américaine et, la nuit suivante, les Anglais lui infligent de nouveaux outrages sous la forme d’un raid nocturne qui achève de détruire la piste en dur et ses dépendances.
Globalement, après les dix derniers jours de campagne, les cinq sentai de chasse de l’Armée japonaise en Birmanie sont réduits à l’équivalent de cinq chutai, desserrés sur de mauvaises pistes en terre pour mieux se camoufler. Les pistes en dur sont défoncées et il n’y a plus de radar opérationnel. Quant à l’aviation d’appui au sol, elle ne compte plus maintenant qu’une poignée de Ki-89 (il n’y a plus un seul Ki-48 opérationnel).
L’état-major japonais se doute que quelque chose se prépare. Cependant, informé de l’arrivée récente de navires de débarquement dans les ports indiens, il redoute de dégarnir la Malaisie pour renforcer la Birmanie et de se trouver pris de court par un débarquement près de Singapour.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Guang-Ngai (Annam)
– Les soldats qui se pressent sur les quais de la gare débordent jusque sur la place et dans les rues proches. Ils sont des milliers, qui s’interpellent en des dizaines de langues et de dialectes. Les ordres criés par les officiers sont généralement en français, mais émaillés de termes en vietnamien et même en arabe, le “dialecte Épervier”, devenu d’usage courant à Dien-Bien-Phu et partout où combattent les soldats de l’Union Indochinoise. Ils sont Vietnamiens pour la plupart, Laotiens aussi, Français quand même, quelques Maghrébins, Noirs africains (dont beaucoup de Congolais) et une poignée de Belges (généralement des wallons). Difficile de nier que l’Indochine soit prise dans une guerre mondiale.
Dominant la clameur de ces milliers de voix, les haut-parleurs aboient un avertissement bien dans le style de la CFCF (Compagnie Française des Chemins de Fer) de l’Indochine et du Yunnan, directement inspiré de celui de la SNCF : « Attention, attention ! Le train express L’Accéléré, à destination de Bien-Hoa, va entrer en gare, éloignez-vous de la bordure du quai ! » Alors que l’annonce est répétée en vietnamien, la locomotive la souligne du puissant gémissement de son sifflet. Dans un halètement asthmatique de bielles et de vapeur, le train s’avance, soufflant son haleine fumante qui va s’accumuler sous les armatures métalliques de la verrière que les combats ont miraculeusement épargnée.
Les soldats assis sur leurs sacs se remettent debout, passent le fusil à l’épaule sans cesser de discuter. On remballe les jeux qui servaient à passer le temps, les sous-officiers mettent les hommes en rang. La locomotrice s’arrête dans un grincement déchirant, s’ébroue et éjecte une nouvelle bouffée de vapeur.
Les portes s’ouvrent et les soldats commencent à embarquer. On remplit chaque voiture, mais tous ne trouvent pas une place assise. Nombre de passagers restent debout entre les fauteuils et cela ne suffit pas ! Alors, on apporte des échelles et des soldats vont percher sur les toits des wagons.
C’est un train débordant qui repart vers le sud, vers la Cochinchine et Saigon assiégée depuis un mois. Cependant, les quais à peine désertés se sont aussitôt remplis d’une nouvelle masse d’hommes. On fait avancer certaines compagnies qui attendaient dans les rues et bientôt la gare se retrouve aussi bondée qu’avant. Déjà, un autre train est en cours de constitution dans la gare de triage, pour embarquer une nouvelle fournée de combattants.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

Les japonais qui récupèrent des navires mandchous, ca dit quelque chose de là où nous en sommes...
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 13:52    Sujet du message: Répondre en citant

21 février
C’est en effet l’une des rares légations diplomatiques qui reste dans la capitale.

22 février
Tandis qu’une partie des combattants encercle les Japonais dans leurs casernes,
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

Le pathétique délitement de la "république Khmère" fait penser à celui, tout aussi ridicule, du Mandchoukouo OTL. Ceux qui ont vu Le Dernier Empereur se souviennent de cette scène où Pu Yi et ses "conseillers" japonais fuient précipitamment le palais et se jettent dans le premier avion venu, pour s'apercevoir... que les pilotes ont disparu dans la nature.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 14:52    Sujet du message: Répondre en citant

Avec ce genre de régimes, le pathétique et l'absurde donnent un côté comique à leur existence.
On rit moins quand on visite leurs prisons.
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 15:17    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
La locomotrice s’arrête dans un grincement déchirant, s’ébroue et éjecte une nouvelle bouffée de vapeur.

De mémoire "locomotrice" ne s'emploie que pour un engin à moteur thermique ou électrique, qui par essence ne peut éjecter des bouffées de vapeur.
Je vois bien cependant le soucis de ne pas répéter "locomotive", je suggère tout simplement "La machine"... Wink
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 16:33    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Des cornes-de-cerf déjà décrites dans le roman des Trois Royaumes de Louo Kouan-Tchong aux plus modernes mines anti-personnel, des levées de paysans armés de lances de bambou jusqu’aux soldats professionnels dotés d’armes automatiques
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 16:47    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
Avec ce genre de régimes, le pathétique et l'absurde donnent un côté comique à leur existence.
On rit moins quand on visite leurs prisons.


Exactement. En Mandchourie, j'ai visité la prison de Lushun, anciennement Port-Arthur, construite par le régime tsariste, puis reprise et modernisée par les Japonais, qui vit défiler tout ce que ces deux regimes autoritaires comptaient de réprouvés. Lugubre a souhait...

L'architecture tsariste d'origine démontrait une grande maitrise des infrastructures carcérales. La prison d'origine était construite en étoile à 3 branches, avec trois couloirs de cellules connectés en une rotonde ou se situait l'estrade du surveillant unique, d'ou efficacité et économie de personnel.
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 17:00    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Delta du Fleuve Rouge (Tonkin) – C’est un triangle de 130 km de côté, un immense réservoir d’hommes et de riz.

Marguerite Duras, dans L'Amant, l'appelait "la grande plaine de boue et de riz du sud de la Cochinchine". J'ai visité avec une habitante de Can Tho pour me servir de guide, et déjà, en touriste bénéficiant de tous les conforts modernes, j'étais sur les rotules, abruti de chaleur et d'humidité, au bout de quelques heures. Faire la guerre là-dedans, ce n'est même pas imaginable.

(A l'époque, elle me disait qu'elle n'avait jamais de sa vie connu une température inférieure à 19°C, et encore, c'était pendant un voyage à Hanoï).
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MessagePosté le: Mar Nov 16, 2021 17:15    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
Casus Frankie a écrit:

Delta du Fleuve Rouge (Tonkin) – C’est un triangle de 130 km de côté, un immense réservoir d’hommes et de riz.

Marguerite Duras, dans L'Amant, l'appelait "la grande plaine de boue et de riz du sud de la Cochinchine". J'ai visité avec une habitante de Can Tho pour me servir de guide, et déjà, en touriste bénéficiant de tous les conforts modernes, j'étais sur les rotules, abruti de chaleur et d'humidité, au bout de quelques heures. Faire la guerre là-dedans, ce n'est même pas imaginable.

(A l'époque, elle me disait qu'elle n'avait jamais de sa vie connu une température inférieure à 19°C, et encore, c'était pendant un voyage à Hanoï).


La Réunion en pire, quoi. Je me rappelle de la remarque ironique d'un cousin de là bas qui disait "non, la température ne descend pas quand il pleut ici, pas comme en métropole..."
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