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Asie-Pacifique, Février 44
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Auteur Message
Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 14:48    Sujet du message: Asie-Pacifique, Février 44 Répondre en citant

Comme promis.
Je sais, nombre d'entre vous ont déjà lu beaucoup de ce qui suit, mais je m'en tiens à reposter TOUT février, puis TOUT mars, TOUT avril… La mise en parallèle du front russe et du front Pacifique est intéressante, je trouve !
Et puis, il y a ici des morceaux qui me sont chers.
Merci à Patzekiller, Anaxagore, Hendryk, Etienne… et à moi Wink
(si j'oublie quelqu'un, qu'il se signale !)
Ah, les noms des navires ne sont pas en italiques - ils le sont dans la version "officielle".



1er février
Campagne de Birmanie
Activité aérienne
Birmanie occupée
– Le mois commence par une mission Circus des P-40 du 80th FG et des Spitfire VIII des Sqn 81 et 136. Cette sortie en force a pour but d’essayer d’attirer la chasse nippone au nord afin de la détourner des Rhubarb en cours. Entre Ye et Tavoy, tout se passe bien pour les trois squadrons de Beaumont, chacun accompagné d’une escorte de Spitfire V, puisqu’ils ne se heurtent à aucune opposition. Plus au sud, les 11e et 77e Sentai réagissent pour tenter d’arrêter un raid de Mitchell escortés par les Mustang du 1st ACG, mais l’escarmouche ne se solde que par un bombardier endommagé.
Rangoon – La soirée voit un nouveau raid de Ki-21 sur le port. Les bombes font peu de dégâts ; un cargo est toutefois endommagé par un near miss.

Indonésie – Opération Meridian/Méridien
Java
– Les opérations reprennent avec un sweep lancé de loin (les Corsair(e) opérant avec réservoirs supplémentaires) contre le secteur de Sœrabaya. Après la surprise obtenue deux jours auparavant, l’opposition aérienne est presque nulle. La seule victoire de la journée est l’œuvre du Lt-Commander Cork, de l’Illustrious, qui abat un Toryu [Nick] – c’est sa huitième victoire.
Du coup, les chasseurs alliés descendent pour mitrailler des objectifs d’opportunité et la DCA endommage cinq appareils.

Campagne du Pacifique
Bataille aéronavale des Marshall
Task-Force 50 (au large de Kwajalein), 05h30
– Le jour se lève à peine quand le klaxon d’alerte retentit sur les porte-avions américains, mais la majorité du personnel est déjà debout, les raids des jours précédents sur les aérodromes japonais de Kwajalein et Roi-Namur laissant prévoir une réaction des Nippons.
Sur le pont d’envol de l’USS Essex (CV-9), l’animation est déjà grande. Un SBD-5 de reconnaissance vient de décoller, mais comme sur les porte-avions voisins, l’activité s’accroît. Les pilotes des Hellcat arrivent en courant et s’installent dans leurs avions, aidés par les mécaniciens de pont. La mise en route des puissants moteurs en étoile assourdit tout le navire d’un grondement grandissant.
Patron de la VF-15, le Lt-Commander Charles W. Brewer est le dernier à sortir, parce qu’il est passé par la salle Ops voir de quoi il retourne. Les radars des destroyers de l’écran extérieur ont repéré ce qui semble être un raid important venant de l’ouest, le travail des chasseurs est de les empêcher d’arriver jusqu’à la Task-Force 50. Démarré par ses mécanos, le moteur de son F6F-3 tourne déjà quand il s’installe à bord et son mécanicien, le maître principal Kirk, l’aide à attacher son harnais. Un signe du bras, les ailes sont dépliées et suivi de son ailier le Lt Twelves, Brewer s’élance, moteur à pleine puissance. Le ballet se répète, au fur et à mesure que les autres chasseurs sont montés sur le pont d’envol. TBF Avenger et SBD Dauntless restent pour le moment au hangar.
Tandis que les groupes de chasseurs commencent à s’éloigner des porte-avions, la patrouille de couverture (CAP) du TG 58.1, le plus à l’ouest, constituée de six Hellcat de la VF-31 menés par le Lt Cornelius N. Nooy, parvient à abattre un hydravion de reconnaissance Aichi E19A (Fritz). Cet appareil, venu du croiseur Chikuma, a pu émettre un message radio – l’attaque japonaise ne tardera pas.
Dirigés avec précision par leurs directeurs de chasse, les Hellcat grimpent rapidement, cap au 230. Outre la VF-15, il y a là les VF-2 (CV-8 Hornet), VF-10 (CV-6 Enterprise), VF-5 (CV-10 Yorktown II), VF-16 (CV-16 Lexington II), VF-8 (CV-17 Bunker Hill), VF-24 (CVL-24 Belleau Wood), VF-25 (CVL-25 Cowpens), soit 212 F6F-3 Hellcat. Les VF-31 (CVL-28 Cabot), VF-32 (CVL-27 Langley II), VF-28 (CVL-26 Monterey) et VF-27 (CVL-23 Princeton) restent en couverture rapprochée au-dessus de la flotte.

Task-Force 52 (devant Kwajalein) – La TF-52 se compose de trois vieux cuirassés, les Pennsylvania (vice-amiral Turner), Colorado et Maryland, des porte-avions d’escorte Chenango, Sangamon et Suwanee, des croiseurs Helena et Nashville et de seize destroyers : Abner Read, Anderson, Bache, Burns, Dale, Gansevoort, Gridley, Hudson, Hughes, Meade, Morris, Mustin, Russel, Sigsbee, Wainwright, Worden. Cette TF escorte six transports emportant un régiment renforcé (Regimental Combat Team) de la 40e DI-US, trois LST emportant des engins de débarquement LVT-2 et un LST emportant des chars.
L’escadre de Turner est chargée de la première partie de l’opération Flintlock : la prise de Kwajalein et de Roi-Namur.
Peu avant le lancement de Flintlock, l’état-major de Nimitz s’est inquiété du manque de croiseurs lourds dans le Pacifique. Parmi les navires de ce type en service au début de la guerre, seuls six flottent encore : les Chester, Louisville, Minneapolis et San Francisco escortent des convois entre Pearl Harbor et la Côte Ouest, tandis que les Augusta et Tuscaloosa sont en Méditerranée. Parmi les nouveaux (classe Baltimore), seuls deux sont opérationnels dans l’US Navy (un troisième a été offert aux Australiens). Du coup, Nimitz a demandé et obtenu (sans trop en parler à l’amiral King) que l’on rallonge le séjour dans le Pacifique des “cuirassés rapides” Dunkerque et Strasbourg (contre-amiral Barois) et du Desron 70-1 qui les escorte : DD USS Buchanan, Dewey, Ellett et Ralph Talbot. Ces navires étaient déjà à San Diego, où ils ont bénéficié des derniers perfectionnements de la technique américaine et d’une réception enthousiaste de la population. Pour tout mettre en place, il a fallu décaler Flintlock de 48 heures, mais à présent, les deux Français accompagnent l’escadre de Turner. Si les Japonais tentaient une opération du même genre que lors de la première bataille de Savo, avec des croiseurs lourds (qui pourraient cette fois profiter de leur vitesse pour brûler la politesse aux vieux cuirassés de Turner), ils trouveraient à qui parler.
A l’aube, les navires de Turner sont à pied d’œuvre. En l’absence de toute force japonaise, les hommes de la 40e DI s’emparent sans combat de la petite île de Majuro, au sud-est de Kwajalein, et de quatre îlots proches de l’atoll, auxquels on a attribué des noms de code : Carlos, Carter, Cecil et Carlson. Dans la matinée, on débarque sur ces îlots des batteries de 155 mm, capables d’atteindre Kwajalein.
Puis toute la TF-52 remet le cap au nord-est, à la vitesse très raisonnable de 12 nœuds. Il paraît que ça chauffe du côté de la TF-50 et l’état-major n’a nulle envie que les transports soient pris dans la bagarre. Tout d’un coup, les éléments débarqués sur Majuro et les îlots se sentent un peu seuls…

Task-Force 50 (au large de Kwajalein), 06h30 – A 100 nautiques de la TF-50, le premier contact visuel est pour les pilotes de la VF-2, dirigés par le Commander William “Bill” Dean Jr, qui peut détailler la première vague d’assaut japonaise, lancée par le Soryu, le Zuiho et le Chitose. Proches des flots, 42 torpilleurs Nakajima B6N2 Tenzan (Jill). Vers 3 000 mètres, 44 bombardiers en piqué Yokosuka D4Y1 Suisei (Judy), couverts par 30 chasseurs Mitsubishi A6M5 Reisen (Zeke) à 5 000 mètres (la mauvaise qualité des radios japonaises empêche l’escorte de s’éloigner davantage…). Informé de l’approche d’une centaine d’appareils, le vice-amiral Spruance trouve le nombre plutôt faible et ordonne aux destroyers en piquet radar de s’éloigner dans la direction d’où vient l’ennemi, afin de détecter de nouveaux attaquants.
Les Hellcat des VF-2, VF-5 (Lt-Cdr Owen) et VF-24 (Lt-Cdr Link Jr) basculent en piqué et, plongeant de 8 000 m, traversent les différents étages des formations ennemies sans engager le moindre combat tournoyant, mais non sans faire des victimes ! Une, pour la plupart, souvent deux, et quelques pilotes font même un triplé en une seule passe. L’altitude des Hellcat surprend les pilotes japonais, ainsi que le soleil levant – un comble ! Désorganisés par l’attaque initiale, les aviateurs nippons le sont encore davantage par l’arrivée successive de hordes de Hellcat qui ne les laissent pas respirer – les chasseurs d’escorte sont même dans l’impossibilité de couvrir leurs protégés. En revanche, les pilotes américains, guidés avec précision par la direction de la chasse, s’en donnent à cœur joie (voir appendice 1).
Dans son rapport de combat, le Cdr David McCampbell raconte : « Ma première cible fut un Judy qui se trouvait sur le flanc gauche à peu près au milieu de la formation ennemie. Mon intention état de faire une première passe sur cet avion, puis de passer sous la formation pour attaquer par en dessous un second avion, sur le flanc droit. Mon plan fut interrompu lorsque le premier sur lequel j’ai tiré s’est littéralement volatilisé devant moi, m’obligeant à l’éviter en passant au-dessus de la formation. (...) J’ai mené ma seconde attaque sur un Judy qui volait à droite de la formation. Il a pris feu et piqué hors de contrôle. Tout en m’efforçant de conserver autant de vitesse que possible, je me suis mis en position pour attaquer le leader. Ce faisant, j’ai exécuté une troisième passe sur un Judy qui fut touché et quitta la formation en crachant de la fumée. J’ai dégagé par un virage ascendant, ce qui, pendant un court instant, m’a mis en position pour tirer sur le leader en formation serrée avec son ailier de gauche, celui de droite étant quelque peu à la traîne. (…) Après une première passe sur le leader, sans dommages apparents, j’ai dégagé à droite. Décidant qu’il serait plus facile de m’en prendre à l’ailier qu’au leader, j’ai exécuté ma passe suivante en venant par l’arrière à 7 heures. L’ailier a explosé dans une boule de feu. En dégageant par le bas et à gauche, je me suis trouvé en position pour viser le leader. Je lui ai tiré dessus jusqu’à ce qu’il s’enflamme et parte en vrille. Un bref examen de la situation me révéla que la formation ennemie avait été décimée et son attaque brisée net. Un nouveau Judy (...) s’est offert comme cible, à 4 heures, en dessous. J’ai fait une passe rapide. Seules mes armes de droite fonctionnèrent, ce qui m’a mis en dérapage. J’ai dégagé prématurément. J’ai réarmé à deux reprises tandis que le Judy prenait de la vitesse. Quelques courtes rafales de mes armes de droite, avant qu’elles ne s’enrayent à leur tour, ont suffi à le mettre en feu. Il est parti en chandelle avant de plonger dans l’océan. Aucun des deux membres d’équipage n’a sauté en parachute avant que l’avion se désintègre en touchant l’eau. » McCampbell regagne son porte-avions à 08h26, cinq victoires lui seront homologuées pour cette mission. Il en remportera sept dans la journée pour un score de 34 à la fin de la guerre. Ce sera le premier des six “As en un jour” de cette journée mémorable. (D’après Le Fana de l’Aviation, Hors série n° 49, 1996)
Seuls quelques appareils de cette vague atteignent l’écran extérieur, mais ne causent guère de dommages, gênés par la DCA et par les attaques incessantes des Hellcat. Heureusement pour les survivants, les Américains sont rappelés par les directeurs de chasse : une deuxième vague est signalée, il faut ravitailler en urgence. Mais sur les 110 appareils de la première vague, seuls 28 vont retrouver leurs porte-avions…
Sur les ponts de la TF-50, l’enthousiasme cède vite la place à l’énervement, car il faut ravitailler au plus vite les chasseurs affamés, qui n’ont perdu que 16 des leurs. Pourtant, l’organisation est en général irréprochable : les avions appontés sont replacés à l’arrière du pont et sont ravitaillés en carburant le temps de remplir les casiers à munitions, ailes toujours dépliées, les pilotes restant aux commandes. Quand les chargeurs sont pleins, on stoppe l’approvisionnement en essence, pas besoin du plein complet en défense rapprochée, et les avions redécollent.
………
Pendant ce temps, le deuxième écran de chasseurs, positionné avec soin par la direction de la chasse, plonge sur la seconde vague, à 50 nautiques de la TF-50. Plus puissante mais relativement dispersée, cette vague, qui vient des Akagi, Shokaku et Hiryu, compte 65 B6N2, 92 D4Y et 40 A6M5. Sans se soucier des Zéro, les Hellcat plongent à toute allure sur les torpilleurs avant de remonter sur les “Judy”. Malgré les combats, les formations nipponnes progressent vers leur cible sous un ciel clair où commencent à monter les chasseurs ravitaillés qui ont repris l’air et sont dirigés au fur et à mesure vers les appareils japonais les plus menaçants.
Bientôt la confusion est totale – et le spectacle aussi : les fumées noires des avions abattus contrastent sur fond de ciel clair avec les traînées de condensation, au dessus d’un océan bleu strié de dizaines de sillages. Enfin, les attaquants arrivent à portée, mais c’est pour se retrouver soumis à une DCA d’une intensité qui dépasse même les souvenirs des quelques pilotes vétérans des batailles de 1942. Aucun des jeunes pilotes japonais ne flanche devant ce mur de feu, mais beaucoup y laissent la vie…
Un peu parce qu’en l’absence de cuirassé dans le Task-Group 50-6, sa barrière de DCA est moins solide, beaucoup parce que la confusion est telle que la muraille des chasseurs a laissé passer quelques avions, six torpilleurs Tenzan parviennent à lancer une attaque coordonnée sur le Hornet au prix d’une incroyable témérité qui coûte la vie à cinq des six équipages. Si le porte-avions parvient à éviter quatre des torpilles, deux, lancées à moins de 500 mètres, vont au but et endommagent sérieusement les machines et les systèmes électriques. La vitesse du Hornet tombe à moins de 10 nœuds, ce qui attire plusieurs Suisei. Une bombe crève le pont d’envol près de l’ascenseur avant. Deux “Judy”, touchés à mort, s’écrasent volontairement sur le navire, l’un contre le flanc gauche, près de la proue, l’autre sur l’avant de l’îlot, tuant sept hommes et répandant de l’essence en flammes sur le pont. Le Hornet faisait partie des bâtiments qui avaient lancé leurs bombardiers au début de l’attaque japonaise et seuls quelques appareils sont détruits à bord (les autres trouveront asile sur d’autres porte-avions), mais le navire est très mal en point. Le croiseur Phoenix le prend en remorque et tâche de l’éloigner de la zone des combats à 5 nœuds environ.
Aucun autre navire américain ne reçoit de torpille. La tourelle A du cuirassé South Dakota est égratignée par une bombe et deux destroyers sont sérieusement secoués par deux near-miss, sans plus.
Mais les Suisei qui croient en avoir fini après avoir lâché leur bombe sont loin d’être quittes.
« L’enseigne Wilbur B. Webb, de la VF-2, s’est retrouvé isolé non loin de Kwajalein quand il aperçoit un groupe d’une quarantaine d’appareils s’éloignant de la zone des combats à basse altitude. Avant de les attaquer et d’abattre six “Judy”, il lance un appel : « To all American fighters near Kwajalein, I’ve got 40 Japs surrounded, need some help ! » (A tous les chasseurs américains près de Kwajalein, j’ai encerclé 40 Japs, j’ai besoin d’un peu d’aide !). Le message restera dans les annales de la Navy.
La mission du Lt-Cdr Alex Vraciu, qui vole désormais avec la VF-16, commence mal, comme il l’expliquera à un correspondant de guerre : « Après un moment, le skipper [Paul Buie], qui chevauchait un nouveau moteur, a commencé à se détacher progressivement jusqu’à ce qu’il soit hors de vue. On a vu son ailier, le Lt W. C. B. Birkholm, décrocher – la montée plein pot avait trop exigé de son moteur, son hélice a gelé et il a dû amerrir. Par chance, il a été récupéré par un destroyer quatorze heures plus tard. Mon moteur déposait régulièrement une pellicule d’huile sur mon pare-brise, ce qui m’a forcé à réduire les gaz. Ma division est restée avec moi et deux autres avions nous ont rejoints. Quand j’ai compris que mon moteur fatigué ne me donnerait pas plus de puissance, nous avons limité notre altitude à 6 000 m. Le contrôle a été averti de notre situation délicate. Pendant toute la montée, mon ailier, l’enseigne Homer W. Brockmeyer, n’a cessé de montrer du doigt mon aile sans vouloir rompre le silence radio. Pensant qu’il avait repéré l’ennemi, j’ai tenté à plusieurs reprises de lui confier le commandement, mais à chaque fois, il me faisait non de la tête. Ne comprenant pas ce qu’il voulait, j’ai fini par m’écarter pour me concentrer sur la tâche qui nous attendait. Par la suite, j’ai découvert que mes ailes repliables n’étaient pas complètement verrouillées – les barillets de sécurité rouges étaient bien visibles, ce qui expliquait les gestes affolés de Brockmeyer. » Ailes non verrouillées ou pas, Vraciu va descendre six “Judy”. Mal commencée, mais parfaitement réussie, sa mission aurait pu s’achever tragiquement : « J’ai ressenti une grande satisfaction à l’idée que j’avais apporté ma contribution personnelle au remboursement de la dette de Pearl Harbor. Toutefois, ce sentiment s’est vite évanoui quand quelques artilleurs ont essayé de me descendre alors que je rentrais au Lexington. Le fait que mon IFF était allumé, que mon approche se faisait dans la bonne direction et que j’avais satisfait aux consignes de sécurité avec deux 360 consécutifs n’a affecté en rien l’envie de ces maniaques de la détente de se payer un nouveau carton. J’ai voulu croire que les mots choisis que j’ai hurlés à la radio ont fait cesser ce cirque, mais je ne suis pas dupe ! » Vraciu finit par se poser sans autre problème. »
(Aéro-Journal Hors série n° 24)

Flotte Combinée – Des 197 avions japonais de la seconde vague, 114 ne rentrent pas, et certains survivants sont dans un état nerveux épouvantable. Les pilotes des bombardiers ont l’impression d’avoir traversé un double enfer, celui de la chasse et celui de la DCA, et les pilotes des chasseurs sont très choqués par la supériorité tant qualitative que numérique du Hellcat, qui démontre la pertinence de son nom.
Ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe et sont encore confiants, ce sont les équipages des 20 B5N2 “Kate” du Junyo et de leur escorte, 10 A6M5. Séparés du reste des attaquants en raison de la vitesse trop faible du B5N, ils n’ont pas trouvé la cible et sont revenus se poser. Au milieu de cette manœuvre, la vitesse du porte-avions tombe brutalement à moins de 10 nœuds – à force de tourner à plein régime depuis le départ de Truk, le refroidissement de la turbo-pompe d’extraction du condenseur bâbord s’est révélé insuffisant (d’autant plus dans une eau dont la température est relativement élevée) et un palier de la pompe a grillé. La ligne d’arbre bâbord est indisponible le temps de la réparation, qui va pouvoir être effectuée par les mécaniciens du bord, mais il leur faudra une quinzaine d’heures. Les appareils qui n’ont pu apponter vont se poser sur d’autres porte-avions – il y a de la place…
Horrifié, l’amiral Ozawa transmet à Yamamoto qu’il ne lui reste que 176 avions disponibles sur 380 (111 survivants des deux vagues d’attaque, 50 chasseurs qu’il avait conservés pour protéger sa flotte et 15 des appareils lancés par le Junyo). Bien entendu, il ajoute que les pilotes affirment avoir coulé « un cuirassé, deux croiseurs et au moins deux porte-avions », tout en détruisant « plus d’une centaine d’avions américains », mais Ozawa, tout comme son chef, sait qu’il faut toujours revoir à la baisse ce genre de revendications…
A ce moment, Yamamoto est déjà à l’écart de ses porte-avions. Sur le Yamato, il se trouve au milieu de sa ligne de bataille : sept cuirassés, six croiseurs lourds, quatre croiseurs légers et dix-neuf destroyers. L’ensemble se dirige à 22 nœuds vers l’ennemi. Le résultat catastrophique de l’attaque de ses aviateurs ne fait que le conforter dans son idée qu’il lui faut absolument forcer un combat de surface, d’autant plus qu’il sait bien qu’il va à présent devoir subir l’attaque des avions américains.
Il pourrait ordonner à Ozawa de mettre le cap à l’ouest pour s’éloigner au plus vite des porte-avions ennemis, dont les avions ont moins d’allonge, mais alors ce serait sur sa flotte de ligne, « suprême espoir et suprême pensée », que les bombardiers américains pourraient se déchaîner ! Il demande donc à son subordonné de préparer un nouveau raid avec les forces qui lui restent. Et puis, qui sait si certains avions ne se sont pas posés à Kwajalein après le raid ?…

Task-Force 50, 10h10 – Hormis quelques appareils laissés en patrouille, tous les chasseurs (et les bombardiers qu’il avait fallu faire décoller) ont apponté. Ailes repliées, ils sont avancés sur le pont pour un ravitaillement plus complet et une vérification rapide des mécaniques afin d’être prêts à repartir pour l’attaque de la flotte japonaise, repérée par les avions de reconnaissance lancés par la TF-50 ou venus des Gilbert. Les pilotes se reposent un peu et se restaurent en discutant ardemment des vols du matin. En tout, les Américains n’ont perdu qu’une quarantaine de Hellcat, dont une dizaine sont endommagés mais réparables. Et finalement, seuls dix pilotes ne seront pas récupérés.
Avenger et Dauntless sont montés sur les ponts, leurs équipages piaffant d’impatience d’en découdre. Certains, qui ont décollé entre les deux attaques, sont revenus ravitailler en essence et embarquer leurs bombes et torpilles – voire refaire le plein de munitions pour leurs mitrailleuses. En effet, quelques pilotes ont joué les chasseurs contre les “Jill”, parfois avec succès !
12h00 – Enfin ! Spruance, dont les navires se sont efforcés de se rapprocher de la flotte ennemie (autant que le permettaient les opérations de lancement et de récupération de leurs avions) lance son attaque. Une partie des chasseurs forme un large écran de balayage devant les bombardiers et torpilleurs. Tous sont guidés vers les Japonais par deux PBY-5A venus des îles Gilbert et équipés de radars de détection air-surface qui leur permettent de rester à bonne distance des Japonais. Le nombre d’appareils lancés à l’assaut (en tout, 205 F6F, 132 SBD-5, 130 TBF torpilleurs et 31 TBF armés de bombes) fait que les Américains vont attaquer en quatre groupes irrégulièrement échelonnés. Entre frappe massive et rouleau compresseur, on ne peut pas toujours choisir ce qu’on veut !

Flotte Combinée, 13h30 – Ozawa avait conservé pour défendre sa flotte 50 A6M5 Reisen. Quand le radar annonce l’arrivée d’un grand nombre d’avions venant de l’est, ceux qui n’étaient pas en vol décollent pour rejoindre les appareils déjà en patrouille, pendant que les chasseurs rescapés de l’attaque – une petite trentaine, plus ceux du Junyo – sont ravitaillés en priorité. N’ayant pas reçu les tout derniers rapports de Monzo Akiyama, Ozawa est persuadé qu’il reste des avions en état de combattre à Roi et Kwajalein et décide de faire préparer les avions survivants pour un nouveau raid. Cependant, il s’inquiète : l’ennemi a-t-il tant de réserves qu’il puisse contre-attaquer si rapidement ?
La direction de la chasse japonaise divise les défenseurs en deux groupes : un, de 20 appareils, reste en couverture des principaux navires, pendant que les 30 autres se jettent sur l’ennemi. Mais leur positionnement est maladroit et ils sont interceptés par ce qui leur apparaît comme une nuée de Hellcat, plongeant du haut de leurs 8 000 mètres. Pire, ces chasseurs ne se dispersent pas, ne recherchent toujours pas l’honorable combat tournoyant et se contentent de déchiqueter au passage les fragiles Reisen avec leurs mitrailleuses lourdes. Et les quelques Zéro qui parviennent jusqu’aux bombardiers sont accueillis par un puissant armement défensif, surtout lorsqu’ils s’avisent de se frotter aux robustes Avenger.
Aimantés par les porte-avions, les torpilleurs et bombardiers américains se jettent sur leurs proies. Sur sa passerelle, Ozawa écoute, incrédule, les appels de ses pilotes, qui confirment les indications des opérateurs radars et des vigies. On l’entend murmurer : « Tant d’avions ! C'est impossible ! Il y a un an, nous avions coulé tous leurs porte-avions sauf un ! » [Il ne se trompe pas de beaucoup : un an plus tôt, l’US Navy n'avait plus que deux porte-avions d’escadre opérationnels.]
La témérité ne manque pas plus aux équipages des Avenger qu’à leurs homologues des Tenzan, et leurs appareils digèrent bien mieux les projectiles de la DCA japonaise, au demeurant bien moins dense et précise que celle de l’US Navy. Un groupe de six TBF du Belleau Wood parvient à s’approcher du Chitose et au moins deux torpilles vont au but, tout près l’une de l’autre, à bâbord, en avant de l’ascenseur 1. Les chaufferies 2 et 4 sont immédiatement envahies par l’eau et le navire prend 27 degrés de gîte avant que l’équipage réussisse à ramener cette gîte à 15°. Un quart d’heure plus tard, la gîte augmente de nouveau jusqu’à 20 degrés, la chambre des machines tribord est inondée et la vitesse tombe à 14 nœuds.
Couverts par six Hellcat de la VF-15 emmenés par le Lt-Cdr Brewer, qui vient d’abattre un Zéro, douze SBD-5 Dauntless de la VT-15 se frayent un chemin jusqu’au plus gros des porte-avions, l’Akagi lui-même. Deux des Dauntless tombent sous les coups de la DCA et l’un finit sa course avec sa bombe en plein sur l’îlot du porte-avions. Ozawa est tué ainsi que plusieurs membres de son état-major. Une bombe frappe au milieu, près de l’îlot, provoquant un incendie dans le hangar. Une autre crève l’extrémité arrière du pont d’envol et explose sous la poupe. Une troisième explose à toucher la coque, par bâbord avant. Les dommages au navire lui-même semblent modérés jusqu’à ce que plusieurs explosions internes retentissent, provenant sans doute de bombes préparées pour réarmer les avions revenus du raid du matin. Un très violent incendie alimenté par la rupture de canalisations d’essence aviation se déclenche. Au dessus du géant grièvement touché, les pilotes des Hellcat découvrent que leur leader manque à l’appel. Chasseur ennemi ou DCA, nul ne saura jamais ce qui l’a tué.
Un autre skipper disparaît : le Lt-Cdr Ernest W. Wood, de la VF-27, est abattu par deux Zéro particulièrement bien pilotés en défendant “ses” TBF de la VT-17 du Princeton qui attaquent le Soryu conjointement avec des SBD du VB-10 de l’Enterprise. Non seulement il est vengé immédiatement par les Lt “Tex” Harris et Stanley Wejtasa, de la VF-10, qui abattent les deux Japonais, mais le Soryu encaisse deux bombes, l’une sur l’ascenseur avant, l’autre près de l’ascenseur arrière, provoquant de furieux incendies. Quelques instants plus tard, une torpille frappe au milieu du flanc tribord, puis une autre, un peu plus en arrière. Une énorme voie d’eau provoque la mise hors service du compartiment machines tribord, puis des explosions internes retentissent et le navire stoppe net.
Dans la pagaille indescriptible de ces combats entre ciel et mer, une erreur d’identification peut suffire pour faire passer l’un des acteurs de l’anonymat à une célébrité dont il se serait bien passé. Ainsi le croiseur porte-hydravions Chikuma a-t-il la particularité d’avoir un pont arrière dégagé, ce qui, dans la fumée et l’excitation de la bataille, suffit aux pilotes des Avenger et Dauntless du Bunker Hill pour le prendre pour un vrai porte-avions ! Bien protégés par “leur” VF-8, ils se jettent sur lui et le touchent de plusieurs bombes et surtout de trois torpilles qui le frappent toutes à bâbord. C’est bien trop pour le malheureux Chikuma, qui sombre en quelques minutes.
Attirés par les fumées des incendies, 80 autres bombardiers et torpilleurs des VB-2, VT-2, VT-5 et VB-5 arrivent au contact de l’Akagi à l’agonie, entouré de destroyers qui tentent de l’aider. Dans un ciel qui, à ce moment, est à peu près vide de chasseurs nippons, les TBF lancent leurs torpilles comme à l’exercice, à peine gênés par les tirs d’une DCA exsangue. Le destroyer Niizuki reçoit un des engins destinés au porte-avions et se casse en deux, mais deux autres achèvent le grand bâtiment qui sombre, emportant le corps du vice-amiral Ozawa.
A peu près à ce moment, le Chitose abandonne la lutte. Les voies d’eau deviennent incontrôlables et le porte-hydravions transformé coule à son tour.
Enfin, les avions du dernier groupe d’attaquants, qui ont décollé plus tardivement à cause des opérations de ravitaillement et se sont quelque peu égarés, tombent presque par hasard sur le Junyo, accompagné de deux destroyers et dont les mécaniciens sont en train de réparer fébrilement les dommages dus à la surcharge de ses machines. C’est une exécution. Le malheureux ex-paquebot, incapable de manœuvrer (et bien sûr de lancer les avions qu’il porte encore), est littéralement massacré par une pluie de projectiles que les attaquants lâchent comme à l’exercice.
Peu après, le Soryu est secoué par plusieurs explosions internes. Le navire est perdu, il sera achevé à la torpille par l’un des destroyers de l’escorte.

Task-Force 50, 16h30 à 17h30 – Les appontages s’échelonnent, sans causer de problème majeur. La robustesse du matériel américain fait à nouveau merveille, car si de nombreux avions sont endommagés (surtout chez les TBF et SBD), bien peu manquent à l’appel, 18 en tout pour 22 aviateurs, mais deux commandants de Groupe sont portés manquants. Sur l’Essex, le Cdr McCampbell, devenu CAG depuis peu, va reprendre de suite du service à la tête de la VF-15, malgré les remontrances du pacha : il avait piloté le matin alors qu’il était interdit de vol !

Flotte de ligne japonaise, 18h00 – La fine fleur de la Marine Impériale avance sur quatre lignes, entourées par dix-neuf destroyers. Au centre, le Yamato, suivi du Musashi et des deux vieux cuirassés. A leur droite, les trois cuirassés rapides. Sur le flanc gauche, une division de deux croiseurs lourds précédée par le croiseur léger Agano. Sur le flanc droit, deux divisions de deux croiseurs lourds. En éclaireurs, les trois croiseurs légers de Tanaka.
C’est ce spectacle que découvrent au coucher du soleil les avions américains envoyés garder un œil sur les porte-avions japonais… Il est trop tard pour monter un nouveau raid aujourd’hui, mais l’état-major de Spruance ne s’inquiète pas : leurs porte-avions coulés ou forcés de s’enfuir, les cuirassés nippons vont battre en retraite. De toute façon, les deux task-forces américaines ont l’ordre de se replier vers le nord-est pendant la nuit. Et si quelques éléments ennemis pouvaient les rattraper, les cuirassés modernes de la TF-50 seraient sur leur chemin.

Flotte Combinée, 18h30 – Les trois porte-avions japonais encore valides – le grand Shokaku, l’Hiryu et le petit Zuiho – ont quitté la scène avec, à leur bord, une centaine d’appareils en tout, soit le quart de la force aérienne que la Flotte Combinée alignait encore douze heures plus tôt. Leur escorte n’est plus composée que du croiseur lourd porte-hydravions Tone, du croiseur léger Noshiro et de onze destroyers.

Task-Force 50, 19h30 – Les Catalina qui ont surveillé la Flotte Combinée dans la journée sont pour la plupart rentrés à leur base. Les dernières indications montrent que l’ennemi se replie vers l’ouest – c’est le cas des porte-avions, ce sera sûrement bien vite celui des cuirassés. Néanmoins, comme prévu, les task-forces américaines s’éloignent de Kwajalein pour la nuit : la TF-52 vers l’est-nord-est et la TF-50 sur une route parallèle, un peu plus au nord.

Flotte de ligne japonaise, 19h30 – L’amiral Yamamoto doit prendre une décision cruciale. Il a déjà ordonné à ce qui reste de ses porte-avions de rentrer à Truk, pour eux, la partie est perdue. Mais il garde l’espoir de pouvoir infliger des pertes « insupportables » à la flotte américaine. Pour cela, il faudrait qu’il puisse rattraper l’ennemi durant la nuit. Or, les avions de reconnaissance qui, partis d’Eniwetok, l’ont renseigné durant toute la journée sur la position des escadres ennemies, lui ont indiqué que, si la force principale était sans doute à présent au nord de Kwajalein, cap au nord-est, une force secondaire, composée – selon eux – de transports, mais aussi de petits porte-avions, de cuirassés et de croiseurs lourds, se trouvait plus à l’est, cap au nord-est.
En fonçant vers le nord-est à 28 nœuds, Yamamoto peut espérer contourner dans la nuit la force principale et contraindre la force secondaire à combattre de nuit ou au petit matin. C’est un pari – mais l’amiral est joueur. La Flotte Combinée doit absolument rendre des coups et, vis-à-vis de l’Etat-Major Impérial, il doit pouvoir clamer qu’il a infligé des pertes sensibles à la flotte yankee. Après avoir promis la « Bataille Décisive » et mobilisé presque toute la flotte, il doit revenir avec un minimum de résultats (en dehors du communiqué destiné à la presse, qui affirmera que l’US Navy a perdu 5 porte-avions, 4 cuirassés et 10 croiseurs).
Bien entendu, tous les navires de la flotte de ligne ne peuvent participer à cette véritable course (dont les suites pourraient s’avérer fatales pour les bâtiments engagés). Mais c’est une mission tout à fait dans les cordes des trois cuirassés rapides (1) et des six croiseurs lourds. Après un bref débat avec son état-major, Yamamoto se décide – son seul regret est de ne pas accompagner les navires qu’il envoie en corsaires à l’assaut de la flotte ennemie.
Le Yamato, le Musashi, les deux vieux cuirassés, le croiseur léger Agano et six destroyers se replient vers Truk.
Le Kirishima, le Hiei et le Haruna foncent vers l’est, accompagnés des croiseurs lourds Atago, Takao, Kumano, Suzuya, Haguro et Myoko, des croiseurs légers Jintsu (vice-amiral Tanaka), Naka et Sendai, du “super-destroyer” Shimakaze et des destroyers Amatsukaze, Hatsukaze, Hayashio, Kagero, Shiranui, Tokitsukaze, Yukikaze et Fujiyami, Kazagumo, Kiyonami, Naganami et Onami. Cette force est commandée par le vice-amiral Ugaki, toujours sur l’Atago.

Task-Force 50, 20h30 – En début de nuit, informé que, selon les reconnaissances radar, les cuirassés japonais se dirigent à présent vers l’ouest, Spruance considère que la Flotte Combinée se retire. Jugeant qu’il n’a guère de chances de la rattraper le lendemain, il décide que la TF-50 va se diriger carrément vers le nord, afin d’être à portée d’Eniwetok au matin du 2 et d’éliminer toute menace pouvant venir de ce côté avant l’arrivée de la TF-53. Ce changement de cap doit être imité par la TF-52, afin qu’elle reste couverte par la TF-50.

Au sud de Kwajalein, 21h00 – Depuis plusieurs heures, le Hornet, le Phoenix et les quatre destroyers qui les escortent sont suivis.
Le sous-marin nippon I-180 se dirigeait vers les Gilbert pour patrouiller quand il a reçu l’ordre de mettre le cap sur Kwajalein… Et vers midi, le capitaine de corvette Hidenori Fujita a remercié ses divinités familiales en apercevant dans son périscope un porte-avions gravement touché remorqué par un grand croiseur ! Trop loin pour pouvoir attaquer, certes… Alors, le sous-marin s’est éloigné en plongée vers le sud, puis il a fait surface et a filé vers l’est en surface à plus de 22 nœuds. A la nuit tombée, il a remis le cap au nord et, toujours en surface, il vient enfin de retrouver sa proie.
Le radar du destroyer O’Bannon repère un écho suspect et l’escorteur se déroute pour en savoir plus, mais il est trop tard.
Sur l’I-180, le commandant Fujita a pris le temps de soigner sa visée et de lancer trois torpilles sur chacune de ses deux cibles, qui se traînent à 5 nœuds et ne peuvent manœuvrer. Sur trois torpilles destinées au Hornet, deux le touchent – c’est amplement suffisant pour condamner le porte-avions. Elles réduisent à néant les réparations de fortune péniblement effectuées et provoquent une nouvelle et importante voie d’eau, qui se traduit aussitôt par une gîte de 14 degrés. Peu après, il devient clair qu’il faut abandonner le navire.
Cependant, les trois autres torpilles du I-180 ont frappé le Phoenix. L’une, à la proue, n’a fait que des dommages mineurs. Mais les deux autres ont frappé le navire un peu en arrière de la seconde cheminée et explosé dans le compartiment machines arrière. L’explosion a tué 275 hommes et détruit le système de production électrique du navire, empêchant une lutte efficace contre les avaries. Le Phoenix est condamné. Vingt minutes plus tard, il coule par la poupe.
L’I-180, qui s’est attardé trop longtemps en surface pour parfaire sa visée, ne pourra se réjouir longtemps de ce doublé. A peine a-t-il plongé que les premières grenades de l’O’Bannon explosent, tandis que le Kidd vient assister son équipier. Au bout d’une demi-heure de chasse, le sous-marin fait surface très brièvement puis sombre définitivement, laissant à la surface un officier et deux matelots pour raconter l’histoire…
Il est étrange que, malgré le témoignage de ces trois hommes et l’absence de tout sous-marin britannique dans un rayon de plusieurs milliers de milles, une légende ait longtemps couru les océans, affirmant que le Phoenix avait été victime d’un sous-marin de Sa Majesté britannique et non japonaise.

Task-Force 52 (à l’est-nord-est de Kwajalein), 23h00 – Sur le Pennsylvania, le vice-amiral Turner examine les derniers messages avec inquiétude. Un B-24 des Gilbert équipé de radar a repéré près de Kwajalein une force ennemie importante – huit à dix échos de grande taille et au moins douze plus petits. Il s’agit visiblement de certains des navires aperçus dans l’après-midi. Il semble que les pertes infligées aux porte-avions japonais n’aient pas découragé cette escadre… Alors, quelle peut-être son intention ?
Il est douteux que ces navires puissent rattraper la TF-50 – et dans ce cas, Spruance a de quoi les accueillir. Mais s’il s’agit de bâtiments rapides, se demande Turner, ne pourraient-ils rattraper sa TF-52 en débordant l’escadre de Spruance avant la fin de la nuit ? Les grands croiseurs japonais ont prouvé à maintes reprises combien ils pouvaient être dangereux.
Bien sûr, il dispose de trois navires de ligne, cinq avec les deux Français, mais avec ces grands bâtiments, deux croiseurs légers et quelques destroyers, est-il sûr, de nuit, de pouvoir empêcher les redoutables torpilles japonaises d’atteindre les dix précieux transports et les trois porte-avions d’escorte confiés à sa garde ? Ses trois vieux cuirassés sont bien lents. Certes, les cuirassés de Spruance ne sont pas loin et devraient même être en position d’intercepter les Japonais (l’amiral n’a pas été informé du changement de cap de la TF-50, qui l’éloigne de son escadre et surtout de la route des Japonais). Mais on ne sait jamais, certains Japonais pourraient le déborder…
A Guadalcanal, sur la Jeanne d’Arc, Turner a pris l’habitude de prendre l’avis des marins français – il a même appris à s’exprimer quelque peu dans leur langue. C’est pourquoi il n’hésite pas à interroger le contre-amiral Barois, sur le Strasbourg.
La réponse de celui-ci le surprend : il propose d’accepter le combat avec les navires japonais, à charge pour ses deux bâtiments d’intercepter des croiseurs qui tenteraient de déborder les lents cuirassés américains pour aller attaquer les précieux transports et porte-avions d’escorte. La mission, de nuit surtout, est évidemment dangereuse – plus sans doute que de rester dans la ligne de bataille – et Turner ne manque pas de faire remarquer à Barois que lui, amiral américain, ne voudrait pas être rendu responsable du sacrifice de deux précieux navires français pour protéger des transports pleins de GI’s. Sous-entendu : votre proposition me plaît, mais est-elle politiquement valide ?
La réponse de Barois tient en quelques mots : « Depuis le 6 septembre dernier, mes navires n’ont plus la même importance pour mon pays. Ils peuvent en avoir beaucoup pour vos boys. »
Turner comprend. Depuis cinq mois, la France n’est plus en exil. Les Dunkerque et Strasbourg ne sont plus des symboles politiques, mais de simples navires de guerre.
– Très bien, fait-il répondre. Mais vous prendrez avec vous, en plus de votre Desron 70-1, le croiseur Helena. Désolé de ne pouvoir faire mieux !
Il expliquera plus tard que toute l’US Navy n’allait tout de même pas se cacher derrière deux navires alliés !
…………
« Certains historiens se demanderont bien sûr pourquoi Turner n’avait pas réclamé à ce moment l’aide des cuirassés de Spruance. D’autres accuseront Spruance d’avoir négligé la couverture de la TF-52 en marchant contre Eniwetok dans la nuit. Dans les deux cas, il y avait le fait que les amiraux américains n’envisageaient pas que les Japonais puissent envoyer en enfants perdus plus de deux ou trois croiseurs lourds et quelques destroyers : ces forces ne seraient-elles pas de toute façon vouées à la destruction le lendemain ?
D’ailleurs, pour Spruance, qui avait fait surveiller l’escadre de Yamamoto, les Japonais étaient en pleine retraite. Comme Turner, ce n’est qu’à 23h00 qu’il avait appris que cette escadre s’était divisée en deux sous le couvert de la nuit. Mais même alors, le cap suivi par le groupe d’Ugaki ne semblait pas lui permettre de mettre en danger la TF-52, qu’il pensait plus au nord.
Pour Turner, le danger venait avant tout d’une force de croiseurs et de destroyers, susceptible d’évoluer à grande vitesse et de déborder la TF-50. Apprendre que la force ennemie était plus nombreuse qu’il ne l’avait envisagé n’avait fait que le confirmer dans son idée qu’il fallait se méfier de l’irruption d’une sorte de brigade légère. Il ignorait que le changement de cap de la TF-50 avait facilité la tâche des Japonais.
En effet, il est apparu que ce changement de cap n’avait pas été communiqué à Turner (application excessive de la règle de silence radio ou message égaré dans l’éther, il est difficile d’avoir une certitude). Or, Spruance, précautionneux comme à son habitude, était convaincu du contraire. Dans son esprit, comme dans celui de Turner, les deux task-forces étaient bien plus proches qu’en réalité et la TF-50 se trouvait entre les Japonais et la TF-52.
Quoi qu’il en soit, Turner allait devoir faire face seul à Ugaki – plus seul, du moins, qu’il ne le pensait. Mais comme il le dira après la guerre en souriant, « I was not alone : I had my good friend Barois with me. » »
(Jack Bailey, Un Océan de Flammes, op. cit.)

La guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Chongqing
– Les 1ère, 5e et 52e Armées ainsi que la 200e DB commencent à faire mouvement vers leurs zones de déploiement respectives dans le cadre de la future opération Bailu. Partant de la capitale provisoire chinoise, elles prennent la direction du sud et vont cheminer par la route jusqu’à Guiyang dans la province du Guizhou. De là elles pourront continuer par le train, une voie ferrée dont la construction avait été contrariée par la guerre raccordant ladite ville au principal axe ferroviaire nord-sud de la Chine.

Note
1- Les quatre “Kongo” avaient été construits durant la Première Guerre comme croiseurs de bataille sur les plans du HMS Tiger. Entre les deux guerres, ils avaient subi deux profondes refontes. Leur silhouette avait été modifiée par le remplacement de la mâture et des superstructures avant par une tour pagode et l’allongement de la coque. L’appareil évaporatoire avait été modernisé (nouvelles chaudières), l’artillerie légère avait été remplacée, l’artillerie principale et moyenne avait vu son élévation accrue pour augmenter sa portée et le pont blindé avait été renforcé. Les Japonais les avaient alors reclassés “cuirassés rapides”, mais comme pour le HMS Hood, leur protection était restée celle d’un croiseur de bataille, incapable de rivaliser avec celle des cuirassés construits dans la deuxième moitié des années trente dans le monde ou même avec celle des dreadnoughts construits dans les années 1915-1920.


Appendice 1
Bataille aéronavale des Marshall
L’enseigne Dulluph fait son apprentissage


Sorti de l’école navale mi-1943, puis intégré à la VF-15 en reformation pour son arrivée sur l’Essex en remplacement de la VF-9, l’enseigne John C. Dulluph est encore un bleu en apprentissage le 1er février 1944. Il raconte…

« La tension qui s’était emparée de moi depuis le briefing de la veille au soir augmente brutalement alors que je me dirige en courant vers mon F6F, mais elle s’évanouit dès que je me retrouve assis aux commandes : enfin, on va y aller ! Oh, ce n’est pas ma première mission de guerre, il y a eu les multiples patrouilles de couverture depuis notre départ de Pearl, mais peut-on appeler ça la guerre ? Et puis ce raid avant-hier sur Roi, mais où il ne s’est pas passé grand-chose, du moins pour moi, donc était-ce ma vraie première ? Cette fois, c’est pour de bon, des Japs sont signalés au radar. Je me harnache fermement tandis que les mécanos font leur dernière check-list, et j’entame la mienne avant la mise en route. Personne devant ? Contact, démarreur. Les dix-huit cylindres du Double Wasp de 2000 ch s’ébrouent dans un grand nuage de fumée bleue. Il ne me reste plus qu’à attendre que les appareils devant moi décollent en vérifiant mes instruments, moteur au ralenti, volets de capot ouverts à fond. Cette tension qui m’a empêché de dormir a fait place à une concentration extrême : ne pas se louper, ni maintenant sur ce pont où tous les regards se tournent vers chaque avion sur le départ, ni tout à l’heure, quand je serai seul ou presque face à l’ennemi, après tous les conseils qu’on nous a rabâché pendant notre formation. Que Pensacola me paraît loin, à présent !
Ça y est, c’est mon tour, avec à mes côtés mon leader, Lt(Jg) Brown C. Delamare. Dernière check-list, volets sortis, trims et flettners en position décollage, hélice au petit pas, réchauffage carbu, régime à 2 800, tête calée, pouce levé pour l’officier de pont qui abaisse son drapeau à damier, c’est parti ! Le moteur qui rugit, le pont qui défile, je suis en l’air. Rentrer le train, les volets tout en baissant le moteur à 2 500 rpm, on coupe le réchauffeur, et on monte dans le sillage du leader pour rejoindre le groupe qui est formé là-haut. Nous sommes les derniers, et le skipper nous attend à peine pour grimper et prendre le cap au 230, vers l’ennemi. La clarté s’accroît au fur et à mesure de notre montée, le soleil poindra bientôt dans notre dos, entre les nuages qui se sont formés pendant la nuit. Vers 12 000 pieds, je serre mon masque à oxygène et j’ouvre le robinet, le boss a décidé de nous faire tous grimper au perchoir suivant le conseil du directeur de chasse muni du radar. Dix minutes après notre départ, nous sommes à 32 000 pieds et nous commençons à apercevoir les fumées des combats au loin, plus bas, entre les nuages effilochés. Le directeur de chasse nous fait virer à droite 30° vers un groupe de spots (pour lui) qui semble passer sur le côté, et bientôt la voix de George Carr retentit dans les écouteurs : « Bandits, ten o’clock low, Judy, and Jill lower ».
Quatre par quatre, nous piquons sur les formations japonaises qui continuent d’abord leur route imperturbablement, puis éclatent en désordre, quoique souvent deux par deux. Je suis l’avion de Brown des yeux, nous sommes plutôt en finger four, ce qui me permet de coller plus aisément. Mais tandis que la paire de Singer redresse pour rester au contact des Judy, Brown préfère continuer son piqué vers les Jill plus bas.
J’arrive à en encadrer un qui grossit dans mon collimateur, mais j’attends que Brown ouvre le feu pour l’imiter, je n’ai pas encore le compas dans l’œil pour ce genre de choses. Mon équipier fait mouche, mais ma rafale passe devant ma cible toujours tranquille, et nous devons redresser en chandelle devant eux pour éviter le tir des mitrailleurs. Deuxième passe par le flanc de la formation, nous sommes quasiment au ras des flots comme les B6N2, qui m’apparaissent comme un mur formé d’avions tellement ils volent serrés et droit devant eux. Cette fois, difficile de les louper ; Brown et moi en envoyons deux piquer une tête dans la mer. C’est si simple que ça une victoire ? Ils ne se défendent même pas, aucune manœuvre ! Nous remettons en chandelle, laissant la place à un autre groupe de Hellcat que nous croisons. Heureusement, la silhouette du F6F est facilement identifiable. Plus haut, c’est un peu confus, il y a des avions dans tous les sens, et à la vitesse où tout se passe, il devient difficile de distinguer un ami d’un ennemi. J’essaye de bien fixer mon attention sur un avion, mais ma mémoire me rappelle de toujours vérifier derrière soi avant d’attaquer – je me retourne, puis je regarde de nouveau vers l’avant, mais ma cible a disparu !
D’ailleurs Brown aussi ! Où est-il passé ? Je fouille le ciel, mais c’est plein de Hellcat dans tous les sens, poursuivant des Japs de toutes sortes… Tant pis, je vais essayer de me débrouiller seul. Là-bas, on dirait un groupe de Jill près de l’eau, je vire et mets plein gaz pour les rattraper, on aperçoit les premiers bateaux de l’écran. Je m’approche facilement de trois-quarts arrière gauche, et j’aperçois les éclairs de la mitrailleuse arrière du Jap. Je m’approche néanmoins en donnant des coups de palonnier pour dérégler sa visée et je m’apprête à déclencher mes Browning, quand ma cible se fait encadrer par des traçantes puis explose ! Deux Hellcat surgissent d’en haut et redressent de justesse, ils m’ont grillé la politesse, les salopards !
Mais je vais me venger : un autre Jill sort de la formation par la droite en fumant blanc, je coupe son virage. J’entends des impacts sur mon avion, mais je réussis à tirer alors qu’il redresse en zigzagant. Mes balles font des éclats sur son aile, mais il continue, l’animal, et je suis obligé de réduire les gaz pour faire feu à nouveau. Peine perdue, il continue encore, même si son mitrailleur a cessé de tirer. Je suis obligé de faire un 360 pour revenir dessus, mais un autre Hellcat intervient et me l’achève sous mon nez ! Je suis écœuré, j’ai l’impression que nous sommes plus nombreux que nos cibles !
Un appel radio interrompt ma quête : nous devons rentrer pour ravitailler. Cap retour sur l’Essex en passant au large des canons de notre DCA, les gunners ont la détente facile… Rassemblement en cercle au dessus de l’Essex afin d’intégrer le circuit d’appontage, dans l’ordre des arrivées. Je suis dans les premiers puisque je n’étais pas trop loin, j’entre bientôt dans le circuit à 300 pieds, crosse baissée, dans le sens du navire à ma gauche. Break bâbord devant la proue, 120 kts, deuxième virage pour vent arrière, on baisse trains et volets, verrière ouverte, siège levé, hélice au petit pas, réchauffage carbu enclenché, trim ajusté. Dernier virage à 180° et 100 pieds pour une finale aux ordres du LSO, attention à la vitesse. La mer est calme, pas trop d’oscillations. Je suis les gestes du LSO, attention, top on coupe ! Contact des roues avec le pont, pourvu que la crosse accroche un brin… Oui, le premier, j’ai du bol ! La tête part en avant, heureusement que j’ai pensé à resserrer les harnais. Les équipes de pont s’occupent de me dégager et me guider vers l’avant. Tiens ? Ils ne replient pas les ailes, ça veut dire qu’on repart immédiatement. Et m…, j’ai un besoin pressant, va falloir demander une bouteille. Moteur coupé, armuriers et ravitailleurs se mettent au travail. Mon mécanicien m’apporte un sandwich et une bouteille d’eau tandis qu’un autre fait le plein d’huile. Je commence par vider la bouteille d’eau pour aussitôt la remplir différemment sous l’œil amusé du mécano.
Un Hellcat aux ailes repliées est amené à mes côtés. C’est celui de David McCampbell, le CAG qui a décidé de prendre l’air avec nous, vu l’urgence de la situation. M’est avis que le Pacha va lui en vouloir, il l’a normalement interdit de vol ! Le Commander s’approche de moi et me signifie que je serai son ailier pour la bagarre qui va suivre. Ce n’est pas vraiment un honneur qu’il me fait, c’est pour simplifier les départs et la mise en formation, mais j’ai intérêt à me montrer à la hauteur. Curieusement, l’angoisse a été dissipée par l’adrénaline, et je n’ai qu’une envie : retourner casser du Jap !
Dès que les armuriers ont fini, les ravitailleurs stoppent leur remplissage. Que les réservoirs ne soient pas pleins n’a pas d’importance, l’ennemi est tout proche. La première paire s’envole, c’est notre tour. Nous grimpons directement face à l’ouest, pas de regroupement, ça doit chauffer sec devant pour les gars qui restaient en couverture. Nous grimpons rapidement, jusqu’à ce qu’apparaissent deux groupes de Judy sur notre gauche. Le Commander manœuvre pour les prendre par le flanc, je le suis. Je pense qu’il va tirer un Jap puis continuer en piqué pour attaquer la deuxième formation, mais sa cible explose devant lui et il est obligé de redresser pour éviter les débris. Ma cible à moi est plus coriace (ou je suis moins bon tireur), ce qui fait que je suis surpris par l’écart de mon leader et je poursuis mon piqué. Redresser m’aurait fait emplafonner un Jap ! Je fonce donc sur le deuxième groupe en faisant feu de toutes mes armes. Les Judy éclatent leur formation tandis que je passe au travers sans avoir eu vraiment l’impression d’en avoir touché un ! Je remonte en chandelle, surtout pour faire le point sur la situation. Comme tout à l’heure, c’est la confusion totale ! Je bascule sur une paire de Judy qui file vers l’escadre et je les rattrape par-dessous, au moins, les mitrailleurs ne peuvent me tirer dessus. Je m’applique dans mon approche, je vais les tirer comme des dindons… Quand des traçantes m’encadrent et que j’entends des impacts sur mon zinc. Zut ! Pas fait attention à mes six heures, derrière moi, un moteur en étoile grossit vite. Je bascule sur le dos et je pars en piqué, pas question d’essayer un tournoyant avec un Zeke ! Quand je redresse au niveau de l’eau, le Jap est loin et je peux revenir dans la course, le tout est de retrouver une cible. Donc je reprends de l’altitude, la rage au cœur. Non, ça n’est pas si facile que ça d’obtenir une victoire !
Je prends la direction de l’escadre, si des sagouins sont passés ils doivent être par là. En effet, j’aperçois bientôt une paire d’avions volant au ras des flots, le long de l’écran extérieur des destroyers, mais ils sont loin. Sauf que je les vois brutalement obliquer vers l’intérieur. Ils ont dû repérer une cible intéressante pour eux, mais du fait de leur changement de direction, je peux à présent couper leur route en piquant. Pleins gaz, je plonge. Je reconnais bientôt des Jill, ils ont l’air de foncer vers un porte-avions. La déflexion va être de presque 90°, je m’efforce donc de régler mon collimateur au mieux, mais ce n’est pas le meilleur angle d’approche. Soudain, des éclats de DCA. Ces imbéciles sont en train de me tirer dessus plutôt que de s’occuper des torpilleurs japs ! Je bascule mon avion sur la tranche pour leur montrer mes étoiles, et du coup je continue en un tonneau complet avant d’ouvrir le feu sur les Jill. Mon tir n’est toujours pas exceptionnel, mais mes balles passent devant le nez du premier avion et un peu au dessus, il tente d’esquiver et percute la mer ! Son ailier redresse pour ne pas le percuter et se fait tirer par les artilleurs qui ont enfin compris et se déchaînent contre lui. Moi, j’ai redressé et je cercle au-dessus, je suis aux premières loges pour voir le Jap se faire désintégrer par un obus… Je survole nos navires, les marins me font de grands signes, cette fois. J’entendrai plus tard parler du fou qui faisait des tonneaux avant d’abattre un Jap sous le feu de la DCA !
En faisant le point sur mes instruments, je m’aperçois que mes réservoirs sont presque vides, comment se fait-il ? Ah, c’est vrai, le Zeke qui m’a tiré… Il a dû les percer. Heureusement, ils sont auto-obturants, mais l’étanchéité laisse à désirer. Rétrospectivement je frissonne : en tirant, j’aurai très bien pu enflammer les traînées d’essence !
Je décide de rentrer sur l’Essex. Peu d’avions dans le circuit, je dois me faire reconnaître pour ne pas me faire tirer dessus. Puis, appontage un peu plus désordonné que le premier, la fatigue pèse…
Cette fois, on replie mes ailes. En descendant, j’explique au crew-chief que mes réservoirs sont troués, il fait immédiatement descendre mon appareil par l’ascenseur avant. Pour moi, la journée est finie, et avec mes deux premières victoires ! »


Dernière édition par Casus Frankie le Lun Déc 20, 2021 13:31; édité 1 fois
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 15:31    Sujet du message: Répondre en citant

Puis-je y mettre le bec ?

" Sur les ponts de la TF-50, l’enthousiasme cède vite la place à l’énervement, car il faut ravitailler au plus vite les chasseurs affamés, qui n’ont perdu que 16 des leurs. Pourtant, l’organisation est en général irréprochable : les avions appontés sont replacés à l’arrière du pont et sont ravitaillés en carburant le temps de remplir les casiers à munitions..."

Je dis ça, je dis rien, mais ne pourrait-on pas remplacer le second par "réapprovisionnés" ?

Et là :

" ...Pendant ce temps, le deuxième écran de chasseurs, positionné avec soin par la direction de la chasse, plonge sur la seconde vague, à 50 nautiques de la TF-50. Plus puissante mais relativement dispersée, cette vague, qui vient des Akagi, Shokaku et Hiryu, compte 65 B6N2, 92 D4Y et 40 A6M5. Sans se soucier des Zéro, les Hellcat plongent à toute allure sur les torpilleurs avant de remonter sur les “Judy”..."

un p'tit "dégringolent" ? (du coup, on peut même se passer du " à toute allure").
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 15:38    Sujet du message: Répondre en citant

Petits coups de bec toujours bienvenus.
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 19:18    Sujet du message: Répondre en citant

Uh-oh (comme disent les américains). J'ai l'impression que les Dunkerques et Strasbourg marchent vers leur destin... un des deux, au moins. Ça fait un moment qu'on en parle... l'heure serait elle venue ?
Et vu ce que viens de dire Barois "Depuis le 6 Septembre..."

Bref: ça sent la fin glorieuse pour un des "jumeaux".

Les Japonais risquent de le payer cher cependant car si le Pennsylvania a du 356 mm, le Colorado et le Maryland envoient du 406 mm... deux des trois "Standards" avec cet armement. Pas mécontent de les voir se battre, ceux là.

Citation:
Le Kirishima, le Hiei et le Haruna foncent vers l’est, accompagnés des croiseurs lourds Atago, Takao, Kumano, Suzuya, Haguro et Myoko, des croiseurs légers Jintsu (vice-amiral Tanaka), Naka et Sendai, du “super-destroyer” Shimakaze et des destroyers Amatsukaze, Hatsukaze, Hayashio, Kagero, Shiranui, Tokitsukaze, Yukikaze et Fujiyami, Kazagumo, Kiyonami, Naganami et Onami. Cette force est commandée par le vice-amiral Ugaki, toujours sur l’Atago.


Pourquoi le Yamato et le Mushashi ne participent pas ? trop lents ? Pas sur que les Kongos soient plus rapides ? Ils sont vieux et "expendables" je présume ?

On se dirige tout droit vers une bonne grosse baston navale.
Mon pronostic
- grosse baston entre croiseurs Américains et Japonais, au 203 mm
- Mauvaise surprise, et carnage de croiseurs Japonais par les Jumeaux, au 330 mm (prevoyez les "tourelles volantes" façon Cap Matapan )
- Hélas, arrivent les 3 Kongos contre les Jumeaux, qui vont moufter
(330 mm vs 356 mm, et le Dunkerque, premier sorti, est plus faible en blindage, de mémoire - je dirais que c'est lui qui va y passer)
- les Colorados (+Pennsylvania) tels la cavalerie arrivent juste un peu trop tard (21 kt...)
- mais ratatinent les Japonais survivants au 406 mm
- ou au 356 mm avec vrai blindage de cuirassé - pas comme les Kongos, qui vont faire des grand bangs façon Hood...

Drôle de mêlée en perspective:
- des croiseurs de bataille des années 10 qui se prennent pour des cuirassés (après reconstruction)
- des croiseurs de bataille des années 30 - qui au moins assument leur statut;
- et des cuirassés, des vrais: "Standard" bien blindés et armés, mais lents (21 kt)
Perso je choisi un Colorado, même si il se traine.
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 20:10    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Archibald,

Les Yamato = 27 nœuds
Les Kongo = 30 nœuds

Donc, si tu veux faire une attaque de nuit à grande vitesse avec des croiseurs et des destroyers pouvant donner 34 nœuds, le choix est vite fait : pas de Yamato !

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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 20:12    Sujet du message: Répondre en citant

Et 27 nœuds pour les Yamato, c'est au maximum. En pratique, on peut considérer que les Kongo leur rendent 5 nœuds.
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 21:08    Sujet du message: Répondre en citant

Ca m'apprendra a trop me baser sur Wiki... chais pas pourquoi j'avais vu 27.5 kt...
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MessagePosté le: Jeu Nov 11, 2021 21:29    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir Arhibald,

Pour avoir de bonnes infos sur la marine nippone, voici un excellent site :

http://www.combinedfleet.com/kaigun.htm

@+
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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 05:05    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:

Pourquoi le Yamato et le Mushashi ne participent pas ? trop lents ? Pas sur que les Kongos soient plus rapides ? Ils sont vieux et "expendables" je présume ?


Le système propulsif des Yamatos ne permettait pas d’atteindre une vitesse suffisante pour leur donner une capacité de raider de surface, ni d’opérer efficacement avec les porte-avions rapides. De plus, leur consommation de carburant a vitesse maximale était astronomique. Ce n’était pas vraiment un défaut de conception, car ils partageaient ce trait avec d’autres cuirassés contemporains, comme les North Carolina et les South Dakota américains. Dans le cas de ces derniers cependant, leur exceptionnelle utilité en écran anti-aérien des porte-avions compensait l’inconvénient de leur moindre vitesse, ce qui n’était pas le cas des colosses japonais.

Archibald a écrit:

On se dirige tout droit vers une bonne grosse baston navale.
Mon pronostic
- grosse baston entre croiseurs Américains et Japonais, au 203 mm
- Mauvaise surprise, et carnage de croiseurs Japonais par les Jumeaux, au 330 mm (prevoyez les "tourelles volantes" façon Cap Matapan )
- Hélas, arrivent les 3 Kongos contre les Jumeaux, qui vont moufter
(330 mm vs 356 mm, et le Dunkerque, premier sorti, est plus faible en blindage, de mémoire - je dirais que c'est lui qui va y passer)
- les Colorados (+Pennsylvania) tels la cavalerie arrivent juste un peu trop tard (21 kt...)
- mais ratatinent les Japonais survivants au 406 mm
- ou au 356 mm avec vrai blindage de cuirassé - pas comme les Kongos, qui vont faire des grand bangs façon Hood...


Oui, mais…

Les Dunkerques ont été conçus pour être des « cruiser killers », grâce a leur vitesse et leur artillerie principale puissante et a haute cadence de tir. Ils ont tout ce qu’il faut pour hacher menu les croiseurs japonais, et aussi les 3 Kongos (ou au moins obtenir un « mission kill » ), et comme les cuirassés américains, ils bénéficient de la conduite de tir par radar, qui multiplie l’efficacité de leur artillerie principale, même et surtout en combat de nuit.

Le hic cependant est exactement la, le combat de nuit, ou les Japonais conservent l’avantage grâce a leurs torpilles lourdes a longue portée. Si l’engagement a lieu de nuit, ou dans des conditions de visibilité comparables, ce sera une course contre la montre, pour que les croiseurs japonais parviennent a survivre suffisamment longtemps pour mettre les navires alliés (et singulièrement les 2 Dunkerques) a portée de leurs torpilles. Ce qui est exactement la situation tactique qui est a l’origine du développement par la marine impériale des torpilles « Longue Lance » a propulsion par hydrogène.
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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 10:14    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Uh-oh (comme disent les américains). J'ai l'impression que les Dunkerques et Strasbourg marchent vers leur destin... un des deux, au moins.


Il n'y en a pas déjà un qui a été envoyé par le fond à ce stade de la chrono (par pas moins de quatre "longues lances", si mes souvenirs sont bons)?

Ou est-ce qu'on revient sur cet épisode?
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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 10:52    Sujet du message: Répondre en citant

Alias a écrit:
Ou est-ce qu'on revient sur cet épisode?


Lire mon avertissement au début de la page !
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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 11:10    Sujet du message: Répondre en citant

2 février
Campagne de Birmanie
Activité aérienne
Birmanie occupée
– Au lever du soleil, les défenseurs de Mergui voient arriver de lourds quadrimoteurs de l’USAAF, escortés par les dragons à double queue des 449th et 459th FS. Bien qu’ayant décollé en avance, les chasseurs japonais ne sont pas en mesure de menacer les attaquants, qui volent à plus de 20 000 pieds. La réussite du bombardement s’en ressent, mais l’accumulation des cratères plus ou moins bien retouchés fait ressembler la piste à un champ labouré.
A la nuit, les Halifax et les Wellington de la RAF et du BVAS viennent compléter le travail avec une réelle efficacité. En effet, si les Mosquito du Sqn 47 sont interdits de vol, leurs pilotes ont récupéré dans les stocks un certain nombre de Night Battle qu’ils utilisent pour faire le même travail de marquage des cibles. La piste est à nouveau touchée et plusieurs hangars sont complètement détruits.
Le 103e Sentai, dont les Ki-45 avaient commencé à monter sur la Birmanie une garde nocturne, a vu rapidement fondre ses effectifs, car il fallait aussi lutter contre les raids diurnes et que les Ki-61 n’y suffisaient pas. Le taux de remplacement n’étant pas suffisant, le 103e vient d’être redéployé en Malaisie pour se refaire une santé.

Indonésie – Opération Meridian/Méridien
Java
– Comme d’habitude, après le raid de chasseurs la veille, les Alliés lancent dans ce secteur une attaque plus importante. Le port est bombardé, ainsi que le dépôt de locomotives, presque vide comme à Sigli quelques jours plus tôt. De nombreux entrepôts sont incendiés, ainsi que plusieurs navires dans le port. La DCA, très active, se montre inhabituellement efficace, en abattant trois avions. Un des équipages se parachute au large ; il va dériver sur un canot pneumatique pendant une semaine avant d’être récupéré par le HMS Tally-Ho.
Même s’ils ne sont pas affectés de manière officielle aux task-forces aéronavales, les quatre sous-marins de classe T affectés au secours en mer dans le secteur (HMS Tactician, Tally-Ho, Tantivity et Tantalus) n’en jouent pas moins un rôle essentiel. Positionnés au large des objectifs, leurs ordres sont simplement de faire acte d’éclairage en attendant le raid. Après celui-ci commence une nouvelle mission, associant la recherche d’appareils tombés en mer et la chasse au trafic maritime local. Les pilotes des appareils endommagés qui estiment ne pas pouvoir rentrer savent que, dans les secteurs couverts par ces sous-marins, ils ont une chance d’être repêchés.
Aucun sous-marin de la Marine Nationale n’est affecté à l’opération. En effet, du fait des ressources limitées de la France en (petite) partie libérée, la Marine Nationale doit limiter ses ambitions et l’arme sous-marine est son parent pauvre. Si les mécaniciens bichonnent leurs engins et si des machines-outils avec des gabarits métriques ont été envoyées d’Afrique du Nord à Fremantle, les sous-marins français du Pacifique (dont le secteur d’opération se situe plutôt au large de l’Indochine) vont terminer la guerre usés jusqu’à la corde. Depuis 1940, les Français ont eu d’autres soucis que d’accroître leur flotte sous-marine. En revanche, les quatre classe T (batch 3) qui opèrent au large de l’Indonésie ont, eux, été lancés en 1940 et sont donc très récents.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Tourane (Annam)
– Plusieurs poches japonaises situées entre la rue Francis-Garnier et la rue Jules-Ferry, à l’est de la mairie, sont éliminées. La mairie elle-même est enlevée par la Force Publique qui a repris le parc la veille. Au soir, seuls quelques groupes d’irréductibles tiennent encore quelques maisons.
………
Province de Gia Dinh (entre Mytho et Saigon) – Les Japonais de la 56e Division cheminent vers le nord-est au milieu des rizières. Une colonne de fantassins armés de fusils, de lance-grenades et de FM longent la route où progressent des tanks, des camions, des charrettes, des bœufs, quelques voitures et surtout une cohue de fantassins épuisés et démoralisés. L’offensive sur Saigon ressemble bien à une retraite…
Soudain, des avions surgissent au milieu des nuages. Les Japonais ont si bien pris l’habitude de progresser sous un ciel ennemi qu’il n’est besoin d’aucun ordre. Les soldats se dispersent et se jettent dans la boue sur les bas-côtés de la route tandis que les Warhawk tombent du ciel dans un rugissement assorti à la gueule de requin dessinée sur leurs fuselages. Leurs mitrailleuses font naître des geysers de boue et de sang…
Peu après, la tête de la colonne parvient à un village sans nom, même pas indiqué sur les cartes. De simples cases de bois et de feuilles, sans le moindre intérêt. La position est pourtant défendue : des FM et des mortiers accueillent les soldats du Mikado. Avec un courage inébranlable, les Nippons attaquent, soutenus par un char type 95 Ha-Go. Sa mitrailleuse de 6,5 mm et son canon de 37 mm sont sans réplique chez les Vietnamiens dépourvus d’arme antichars. Le blindé permet aux fantassins de s’approcher assez des bunkers de rondins tenus par l’ennemi pour y envoyer des grenades.
La victoire est saluée par un Banzaï jailli de centaines de poitrines et les fantassins, baïonnette au canon, se préparent à charger les ennemis survivants lorsque les Warhawk reviennent. Deux seulement, mais ils ont des bombes et plongent sur le char. L’une des bombes du premier déchenille le blindé qui s’immobilise. Des flammes montent de l’arrière du véhicule. L’équipage évacue, tirant un blessé, mais le second avion lâche ses bombes à ce moment. Une pluie d’éclats et de débris enflammés fauche les fantassins les plus proches.

Campagne du Pacifique
Bataille aéronavale des Marshall
Task-Force 52 (à l’est-nord-est de Kwajalein), 03h00
– Le vice-amiral Turner est informé d’un nouveau repérage effectué par un B-24 venu des Gilbert. Il se confirme que les Japonais ont engagé des forces relativement importantes, six ou huit « grands bâtiments » et une douzaine de « croiseurs légers ou destroyers ». Ce n’est qu’à ce moment que Turner est informé que la TF-50 ne se trouve pas entre lui et l’ennemi, mais plus au nord ! De ce fait, étant donné leur cap et la distance parcourue depuis le précédent repérage, les Japonais vont forcément tomber sur la TF-52, sans doute vers 04h00. Il faudra tenir deux heures avant le lever du jour, même si Spruance, enfin informé, a ordonné au contre-amiral Lee de foncer à l’aide de la TF-52 avec l’Iowa, le New Jersey, le Boston et huit destroyers – ils arriveront comme les carabiniers…
Turner décide de faire face. Il place en premier rideau et un peu sur sa gauche le croiseur Nashville avec six destroyers, les Abner Read, Bache, Burns, Hudson, Sigsbee [Fletcher] et Gridley [Gridley]. Derrière, et un peu sur sa droite, le groupe de Barois : Dunkerque et Strasbourg, croiseur Helena et destroyers Buchanan, Dewey, Ellett et Ralph Talbot. Enfin, au centre, les trois vieux cuirassés, Pennsylvania (amiral), Colorado et Maryland, escortés par les destroyers Anderson, Hughes, Morris, Mustin, Russel, Wainwright [Sims], forment le dernier barrage.
Au nord de cette flotte, les transports et les porte-avions d’escorte, accompagnés des destroyers Dale, Worden [Farragut], Gansevoort, Meade [Laffey], tentent de s’éloigner aussi vite qu’ils le peuvent.
………
Escadre Ugaki, 03h00 – En face, Ugaki a disposé ses forces en râteau. Au centre, les trois cuirassés en colonne : Kirishima, Hiei et Haruna. A leur droite, en trois colonnes, les croiseurs lourds Atago (amiral) et Takao, puis le croiseur léger Naka et les destroyers Fujiyami, Hatsukaze, Tokitsukaze, Yukikaze [Kagero], enfin le croiseur léger Sendai et les destroyers Kazagumo, Kiyonami, Naganami, Onami [Yugumo]. A gauche des cuirassés, les croiseurs lourds Kumano et Suzuya, puis les croiseurs lourds Haguro et Myoko. Enfin, à l’extrême gauche, le croiseur léger Jintsu (sur lequel Raizo Tanaka a mis sa marque), suivi des destroyers Amatsukaze, Hayashio, Kagero, Shiranui [Kagero] et du “super-destroyer” Shimakaze.
Les Alliés sont convaincus que les Japonais en ont après leurs transports. Seraient-ils rassurés de savoir que la mission d’Ugaki est de détruire, non des transports, mais le plus possible de navires de guerre ennemis, et les plus gros possible ? Quoi qu’il en soit, l’affrontement qui va suivre est souhaité par les deux camps !
………
Palais des Congrès de Strasbourg, 2 février 1994 La salle était bleue. Sans doute, il y avait quelques îlots gris (semés de touches de couleurs, pour ces dames) aux places réservées aux délégations civiles, notamment celles des villes jumelées de Strasbourg, Dunkerque, Helena et Nashville et de trois états américains. Mais dans l’ensemble, la salle était bleue, du bleu des uniformes français et américains. L’amiral sourit en montant à la tribune. Une telle réunion de marins à Strasbourg ! Il aurait été plus logique de la tenir à Dunkerque, mais les installations adaptées étaient trop petites – il y avait même des journalistes télé !
A l’annonce de son nom, un grand mouvement se fit – les assistants se levaient et se mettaient au garde-à-vous. L’amiral salua ses cadets. C’est vrai qu’avec ses soixante-quinze printemps bien sonnés et les cinq étoiles sur sa casquette, il était le plus ancien dans le grade le plus élevé.
– Repos, Mess… Mesdames et Messieurs. Asseyez-vous.
Il avait encore du mal à s’habituer à la présence d’officiers de marine du sexe féminin !
– Alors qu’approche la clôture de cette commémoration du cinquantenaire, que puis-je ajouter qui n’ait déjà été dit par les brillants historiens qui se sont succédé à cette tribune ? Peu de choses, en vérité. Je vais donc vous livrer une narration un peu différente de la bataille, à la fois comme je l’ai vécue dans cette nuit tropicale, il y a cinquante ans, et comme je l’ai revécue depuis, en étudiant les faits et en rencontrant certains des protagonistes, dont beaucoup nous ont quittés aujourd’hui. Et puis, en conclusion, je pourrai peut-être vous étonner un peu.
Il poussa un léger soupir. En vérité, dit-il, il ne lui était que trop facile de revenir à cette nuit de 1944. De revenir à 04h09, à la minute précise où un très bref message du Nashville avait signalé l’ennemi attendu.
« Nous avons alors vécu cinquante-trois minutes irréelles : l’ennemi était là, à moins de vingt-cinq nautiques, il approchait à 28 nœuds, il apparaissait peu à peu sur les radars de tous les navires alliés, mais on ne devait pas encore l’attaquer. Il fallait jouer la montre et se replier jusqu’à ce qu’il soit assez proche des cuirassés américains pour que ceux-ci ouvrent le feu, guidés par leurs radars de tir. La portée de ces derniers, non celle des canons, déciderait du début de la bataille.
Enfin, à 05h02, les Pennsylvania, Colorado et Maryland sont venus sur bâbord pour barrer le T de l’ennemi et ont ouvert le feu à environ 12 nautiques sur les trois plus gros échos – jusqu’alors, ce n’était que cela, la flotte japonaise : des taches blanches sur un écran noir. »

…………
Peu après que les obus américains aient ouvert le bal, les Kirishima, Hiei et Haruna abattent dans la même direction et commencent à répondre, se fiant aux lueurs de départ des coups.
Sur l’écran radar principal du Dunkerque, le dispositif japonais est à présent bien visible : un énorme râteau. Avec, à bâbord des cuirassés, quatre croiseurs lourds – ou plutôt, quatre échos de bonne taille, mais moins gros que les trois premiers – qui continuent à foncer droit devant eux comme des torpilleurs géants – ils ont même accéléré à plus de 32 nœuds. A tribord des cuirassés, deux autres grands croiseurs – ceux-là, quelqu’un d’autre devra s’en charger. Mais les premiers sont la proie désignée des Français. Sur le Strasbourg, Barois donne les ordres attendus – droit sur l’ennemi, non en ligne de file, mais en échelon refusé, le Dunkerque décalé sur tribord arrière par rapport au Strasbourg, tandis que l’Helena ouvre la marche sur bâbord avant du navire amiral et que les destroyers tâchent de couvrir les flancs.
Pendant ce temps, les cuirassés américains et japonais échangent des obus de gros calibre – mais la supériorité du tir des Pennsylvania, Colorado et Maryland, guidé par radar, ne tarde pas à se manifester. Par ailleurs, une certaine confusion survenue au moment du changement de cap japonais fait que le Kirishima est ciblé à la fois par le Pennsylvania et le Colorado. Dès 05h19, le Japonais, durement atteint par une demi-douzaine d’obus de 14 et de 16 pouces, cesse le feu et quitte la ligne de bataille à 13 nœuds.
C’est à ce moment que les deux Français surgissent sur le flanc bâbord de l’escadre d’Ugaki. Ils marchent à 28 nœuds au cap 120 tandis que les Kumano et Suzuya, puis Haguro et Myoko, filent à 32 nœuds au 040.
« Nous nous enfoncions dans le flanc bâbord des Japonais comme des trirèmes lancées pour l’éperonnage. J’ai toujours pensé que les gens du Kumano et du Suzuya avaient dû être épouvantés de nous voir leur tomber dessus à peut-être cinquante nœuds de vitesse cumulée, pendant que nos seize 330 crachaient leurs obus. Ils ont riposté, bien sûr, et il semble même que le Suzuya, au moins, ait lancé ses torpilles bâbord, mais sous cet angle de tir, contre des navires présentant la proue, ils n’avaient guère de chances. »
Les blindages des deux Japonais ne sont pas faits pour résister aux obus de 330, et leurs adversaires mettent un point d’honneur à justifier leur titre de meilleurs tireurs de la Marine Nationale, alors que la distance diminue très vite. Le premier à succomber est le Kumano, mais le Suzuya ne tarde pas à le suivre. Ravagés par les flammes, les deux croiseurs ne sont bientôt plus que des bûchers flottants. Les Français vont pouvoir passer à la division de croiseurs lourds suivante.
« C’est à ce moment que le Destin a frappé – et, comme souvent dans cette partie du monde durant ce conflit, le Destin s’appelait Raizo Tanaka. Sur son Jintsu, il menait une division de quatre destroyers, les Hayashio, Kagero, Shiranui et Amatsukaze, auxquels il avait ajouté le “super-destroyer” Shimakaze et ses quinze tubes lance-torpilles. Sa colonne était située à l’extrême gauche du dispositif japonais et, quand les cuirassés américains avaient ouvert le feu, il avait entraîné ses navires dans une manœuvre de débordement qui devait lui permettre d’aller attaquer la ligne de bataille ennemie. Mais, recevant les appels de détresse de la division Kumano/Suzuya, il avait interrompu sa manœuvre pour se rabattre par le nord-ouest vers les cuirassés rapides qui mettaient à mal les croiseurs lourds de son escadre.
Filant 35 nœuds, les six bâtiments de Tanaka commençaient à rattraper notre formation, sur un cap presque parallèle, quand ils sont apparus sur l’écran radar de l’Helena. »

Le croiseur américain signale au Strasbourg : « Destroyers ennemis arrivant par bâbord arrière, je m’en occupe. » Il abat brutalement sur bâbord, venant barrer le T des bâtiments de Tanaka. Et alors que le Jintsu s’apprête à lancer, il est littéralement englouti sous une avalanche d’obus de 6 et 5 pouces. Derrière le croiseur, l’Hayashio fait un écart brutal pour éviter son leader qui semble assailli par plusieurs navires ennemis à la fois et dont l’état est visiblement désespéré. Brûlant du désir de venger son chef vénéré, le commandant du destroyer fait aussitôt lancer une salve complète – huit Longues Lances – sur l’Helena. Quelques minutes plus tard, le croiseur américain est cassé en deux par au moins trois impacts et coule très rapidement, tandis que le brûlot qu’est devenu le Jintsu flotte encore.
« Les Kagero, Shiranui et Amatsukaze, ses équipiers habituels, avaient suivi l’Hayashio, mais le Shimakaze était resté un peu en arrière, l’attention de son commandant fixée sur l’escadre ennemie – vers nous. Et bientôt, quinze torpilles se sont élancées vers le Dunkerque. Cinq d’entre elles sont allées au but. Je frissonne toujours à ce souvenir – nous avons compté les impacts, inquiets d’abord, puis horrifiés… D’un coup, les machines se sont arrêtées. La plupart d’entre nous avaient été projetés au sol. Le commandant Jaujard a été le premier à se relever. Je l’entends encore demander l’état des dommages, mesurer rapidement l’ampleur de la catastrophe et ordonner d’une voix étranglée l’évacuation du navire… »
Mais si le Shimakaze a foudroyé le Dunkerque, il ne va pas profiter bien longtemps de sa victoire. L’Ellett, qui n’avait pu suivre les manœuvres des deux cuirassés qu’avec un léger décalage, l’a en effet repéré alors qu’il venait de lancer et huit torpilles partent vers le “super-destroyer”. Peu après, victime de l’arme même qu’il a utilisée si efficacement, le Shimakaze est envoyé par le fond.
« A ce moment, la bataille est devenue peu à peu chaotique, et je ne le dis pas parce que je m’étais retrouvé à l’eau… Sur le Strasbourg, l’amiral Barois, redoutant d’autres torpilles, avait fait mettre brutalement le cap au 210, alors que le cuirassé venait de toucher à plusieurs reprises le Myoko. De l’autre côté, l’affrontement tournait à l’empoignade. »
En effet, le Nashville et ses six destroyers sont venus presque littéralement percuter les deux divisions de destroyers de l’aile droite japonaise. Ils ont totalement surpris la division du Naka, avant d’être pris à revers par celle du Sendai. L’échange de torpilles et d’obus à courte distance tourne au massacre. En moins de quinze minutes, cinq Américains sur sept (le Nashville et les Abner Read, Bache, Burns et Gridley) sont au fond de l’eau ou agonisent, mais le Naka et trois destroyers, les Fujiyami, Hatsukaze et Yukikaze, les accompagnent.
Au centre, les cuirassés américains, à présent à trois contre deux, pourraient sans doute en finir avec leurs adversaires, mais ils n’ont plus d’obus perforants – il n’était pas prévu qu’ils soient engagés en combat de surface ! Néanmoins, le Hiei est durement touché ; avec le Haruna, plus légèrement atteint, les cuirassés japonais commencent à battre en retraite, suivis du Myoko. En revanche, le Colorado, touché à plusieurs reprises et victime d’avaries de machine, traîne à moins de 15 nœuds derrière ses deux partenaires.
La confusion règne à présent sur tout le champ de bataille. Le contre-amiral Barois ordonne aux navires qui lui restent – le Strasbourg et quatre destroyers – de poursuivre leur virage sur tribord et, cap au nord, de rejoindre les cuirassés américains. Ugaki, de son côté, lance ses croiseurs lourds Atago (amiral) et Takao, ainsi que le Haguro, dans une attaque digne de destroyers, mais Turner, voyant le danger, ordonne à ses cuirassés de cesser de tirer sur leurs homologues nippons, qui semblent matés, pour reporter leur tir sur les croiseurs.
Les premières lueurs de l’aube commencent à pointer à l’est, quand une pleine bordée de 14 pouces du Pennsylvania (peut-être six obus sur douze) atteint l’Atago. Bien qu’il ne s’agisse pas de perforants, les superstructures du croiseur sont dévastées et Ugaki est tué sur sa passerelle. Les deux autres croiseurs lancent chacun une bordée de torpilles d’assez loin et battent en retraite, car aux obus américains viennent se joindre ceux du Strasbourg, tandis que les destroyers escortant les cuirassés s’apprêtent à contre-attaquer.
Mais il en faut plus pour décourager les hommes de Tanaka. Après la disparition de leur leader de flottille, les quatre destroyers ont un moment zigzagué en hésitant, mais ils foncent à présent sur la ligne de bataille ennemie. Passant inaperçus dans la confusion, ils vont faire preuve de leur précision habituelle. Ralenti par ses avaries, le Colorado est une victime de choix – crucifié par plusieurs impacts de Longues Lances, le cuirassé chavire lentement et finit par couler.
C’est fini.
Le soleil levant éclaire une mer couverte d’épaves, où des centaines de marins naufragés tentent de survivre. Sur le Pennsylvania, Turner rallie ses navires, interdisant toute poursuite – « C’est l’affaire de l’aéronavale ! » Son escadre a perdu deux cuirassés, deux croiseurs, quatre destroyers. Mais le convoi et les porte-avions d’escorte sont intacts – déjà, les Avenger des Chenango, Sangamon et Suwanee, qui ont décollé avant l’aube, pourchassent les Japonais en retraite. Ce sont eux qui vont avoir l’honneur de tirer le premier sang de la matinée, en achevant le Kirishima à la torpille !
………
« Pendant ce temps-là, je m’accrochais à un débris qui flottait. Il y avait deux ou trois autres Français avec moi et, tout près, nous pouvions voir un groupe de Japonais – le jour qui se levait montrait qu’il s’agissait de plusieurs officiers. Et… je vous avais promis une surprise… Messieurs, je vous présente le capitaine de vaisseau Tanaka ! »
Une houle d’étonnement parcourut l’assistance tandis que montait à la tribune un homme en civil, mais au maintien toujours très militaire – un Japonais, sans aucun doute, et d’un âge certain ! Il s’inclina cérémonieusement devant l’amiral, puis en direction de l’auditoire.
« Tanaka Masahiro, je veux dire. Vous savez que Tanaka est un nom très répondu au Japon. Le 2 février 1944, celui qui est aujourd’hui mon ami Masahiro et qui est devenu capitaine de vaisseau dans la Force d’Auto-Défense japonaise était enseigne, comme moi. Et, comme moi, il tentait de survivre, à quelques brasses de distance. Mais lui et ses camarades tâchaient surtout de soutenir leur chef, gravement touché durant la bataille. Quand un destroyer américain est venu nous repêcher, j’ai vu les officiers japonais abandonner aux flots en saluant l’homme qu’ils avaient tenté de sauver et qui n’était plus qu’un cadavre. D’instinct, j’ai salué moi aussi, tout en m’accrochant de la main gauche aux quelques planches qui m’avaient soutenu jusque là. Je ne savais pas alors que j’assistais aux obsèques très improvisées de Tanaka Raizo en personne. En son honneur, mais surtout en l’honneur de tous les marins courageux qui ont donné leur vie pour leur pays cette nuit là, je vous demande d’observer une minute de silence. »
L’assistance se mit au garde-à-vous, tandis que la sonnerie Aux Morts résonnait dans les haut-parleurs.

………
Comme c’était prévisible, la journée du 2 va être rude pour les forces japonaises, mais moins dévastatrice peut-être qu’on aurait pu le croire. En effet, Spruance est tiraillé entre le désir d’anéantir tous les navires du Soleil Levant qui sont à sa portée et la prudence qui lui dicte d’éradiquer la base aérienne d’Eniwetok (la task-force chargée d’y débarquer approche) et même d’infliger de nouveaux coups aux défenseurs de Kwajalein (il peut encore croire que les Japonais y ont conservé quelques avions). De plus, le temps s’est (un peu) gâté et de nombreux nuages gênent la visibilité.
Dans la matinée, les avions de la TF-50 vont donc se contenter (si l’on peut dire) d’éliminer les éclopés – le Hiei, l’Atago et le Myoko – avant de se concentrer sur le Haruna, qui va jouer le rôle de paratonnerre pour les navires japonais survivants. Manœuvrant à grande vitesse, il réussit à survivre jusqu’à 11h45, quand il succombe enfin sous une pluie de bombes et de torpilles. Personne sur place, ni chez les Américains ni chez les Japonais, ne semble se rendre compte que ce naufrage ressemble trait pour trait à celui du Prince of Wales, un peu plus de deux ans plus tôt.
L’escadre de feu Ugaki a donc perdu ses trois cuirassés rapides, quatre croiseurs lourds sur six, deux croiseurs légers sur trois, son “super-destroyer” et trois destroyers sur douze.
L’après-midi, les avions de la TF-50 vont pouvoir nettoyer ce qui reste d’avions japonais sur les différentes Marshall. La TF-52 de Turner remet le cap sur Kwajalein, tandis que la TF-53 (vice-amiral Hill) approche d’Eniwetok.
………
Pendant ce temps, les croiseurs lourds Takao et Haguro, le croiseur léger Sendai et les destroyers Amatsukaze, Hayashio, Kagero, Shiranui, Tokitsukaze [Kagero] et Kazagumo, Kiyonami, Naganami, Onami [Yugumo] peuvent porter vers Truk la nouvelle que toute l’opération A-Go est un échec. La bataille navale “décisive” des Marshall est terminée… et la Marine Impériale l’a glorieusement perdue.


3 février
Campagne de Birmanie
Activité aérienne
Birmanie occupée
– Devant la passivité des Japonais dans le secteur de Tavoy, la RAF décide de pousser ses missions Circus le plus au sud possible, entre Tavoy et Mergui. Les cinq squadrons volant sur Spitfire s’envolent donc vers cette localité, équipés de réservoirs supplémentaires. Devant tant d’échos, les opérateurs du nouveau radar de Mergui sonnent le branle-bas pour les 11e et 77e Sentai, faisant appel au 1er Sentai, déployé plus au sud, pour protéger la base
La manœuvre est effectivement une diversion destinée à couvrir un double raid. Depuis la mer arrivent les B-25 américains couverts par les Burma Banshee, tandis que de l’est, dissimulés par le relief et n’hésitant pas à empiéter sur l’espace aérien thaï, les Beaumont, escortés par les Beaufighter du Sqn 27, viennent attaquer les pistes de la région. Les Anglais, aidés par leur vitesse, accomplissent leur besogne sans accroc. Les Hayabusa et les Shoki venus de Kampong Ulu sont mieux placés pour s’opposer au raid américain : deux B-25 sont endommagés et un Warhawk abattu contre trois appareils japonais. Après les raids de la veille, même les pistes de desserrement sont lourdement endommagées et les bombes alliées prélèvent leur tribut non seulement sur les installations mais aussi sur le précieux personnel technique des escadrilles nippones.
Plus au nord, le rapport de force est de deux contre un en faveur des Anglais. La confrontation envoie trois appareils japonais au tapis contre deux Spitfire ; cependant, les Japonais perdent encore deux appareils à l’atterrissage. Côté britannique, le sergent Bob Cross, du Sqn 136, devient un as en abattant un Ki-44.

Indonésie – Opération Meridian/Méridien
Iles de la Sonde
– La flotte alliée continuant son périple, c’est aujourd’hui au tour des pistes de Sœmbawa d’être attaquées. Le radar de la Marine Impériale ayant détecté l’approche du raid, d’assez nombreux Zéro ont eu le temps de décoller pour constituer un comité d’accueil. Cependant, si leurs pilotes savent que le raid est important, ils n’ont pas conscience de sa puissance et sont littéralement submergés. Au sol, les infrastructures subissent de gros dégâts ; un grand réservoir d’essence est incendié et un dépôt de munitions est détruit.
Lagadec : « Nos adversaires se sont retrouvés devant un véritable rouleau compresseur. Ils ont tout de même valeureusement tenté de s’en prendre à nos bombardiers, mais notre rideau de chasse était à peu près infranchissable. A un moment, lassé de jouer les chefs d’orchestre de “mes” flottilles de chasse, j’ai couru sus à un Zéro qui n’a rien trouvé de mieux à faire, pour fuir, que de passer sous le nez d’un de nos Dauntless (j’avais encore un peu de mal à dire “Cormoran”, l’habitude). Celui-ci a ouvert le feu de ses deux .50 et le Japonais s’est enflammé aussi sec ! Inutile de dire que j’en ai pris bonne note – mais je n’ai pas été le seul. Le soir, le pilote du Cormoran et moi, nous nous sommes fait chambrer de toutes les façons possibles, par les chasseurs comme par les bombardiers : LE pilote de SBD qui pique les victoires sous le nez du Célèbre Lagadec ! »

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Tourane (Annam)
– Laissant au Vietminh le soin d’éliminer les derniers indomptables, Français, Laotiens et Belgo-Congolais se regroupent à l’est de la ville et commencent à se réorganiser. Les combats de Tourane ont été coûteux, en hommes et en munitions, mais la plus grande partie des garnisons du nord et du centre Annam ont déjà cessé toute résistance.
………
Hanoi (Tonkin) – La nouvelle de la chute de Tourane fait l’effet d’une bombe à l’état-major. Cependant, le général Andou Rikichi est bien plus inquiet de la surdité progressive de son QG. À mesure que les bases et les garnisons tombent, leurs émetteurs cessent d’envoyer des nouvelles et des zones entières de la carte deviennent muettes. Les Japonais ne peuvent même plus compter sur leurs avions de reconnaissance. Pour échapper à la chasse des Colonisateurs, il leur faut voler vite et haut et les clichés sont difficiles à exploiter.
………
Province de Gia Dinh, entre Mytho et Saigon (Cochinchine) – L’avant-garde de la 56e Division avance toujours au milieu des rizières, sur un terrain coupé de ruisseaux et de digues d’irrigation sous un ciel chargé de nuages gris-blanc. Les attaques des avions ennemis et les embuscades du Vietminh transforment la progression en calvaire.
Les avions s’en prennent surtout aux véhicules. On ne compte plus les épaves enflammées que les soldats ont poussées hors de la route. Et dans le ciel, les colonnes de fumée guident les vautours de métal qui tournoient en se moquant de la faible DCA japonaise.
A l’avant, une fois encore, les Vietminh défendent le passage d’un cours d’eau. Il faut arroser les positions au FM et au lance-grenade, avant de lancer une charge à la baïonnette.

Campagne du Pacifique
Bataille aéronavale des Marshall – Opération Flintlock
Kwajalein
– L’artillerie prépositionnée sur les petites îles proches de l’atoll bombarde celui-ci avec vigueur tandis que le convoi escorté par la TF-52 atteint son but, avec vingt-quatre heures de retard. Après cette préparation, le 40e RI débarque et s’empare sans grande difficulté de l’île, où les forces japonaises étaient peu nombreuses.

Eniwetok – La TF-53 (vice-amiral Hill) approche de l’atoll. Il y a là les cuirassés Idaho, New Mexico, Tennessee et California (amiral), les porte-avions d’escorte Coral Sea, Corregidor et Manila Bay, le croiseur Columbia et seize destroyers, les Bailey, Frazier, Monaghan, Boyd, Cotten, Franks, Harrison, Hazelwood, Heermann, John Rodgers, McKee, Murray, Saufley, Schroeder, Taylor et Maury. Ces bâtiments escortent seize transports contenant les hommes de la 2e Division de Marines et un LST chargé de chars.
Comme à Kwajalein, des éléments d’artillerie sont débarqués sur des îlots tout proches, pendant que les cuirassés bombardent l’atoll.

La guerre sino-japonaise
Opération Bailu (préparatifs)
Canton (province du Guangdong)
– Principal port de Chine méridionale, Canton (Guangzhou pour les Chinois, le nom occidental venant de la prononciation approximative en Portugais) a toujours été tournée vers la mer et le commerce avec l’étranger… mais pas toujours pour son bonheur. Au VIIIe siècle, la ville accueillait une communauté de négociants arabes ; au XVe, c’était au tour des Portugais. En 1839, c’est là qu’avait été déclenchée la première Guerre de l’Opium, lorsque le mandarin Lin Zexu avait osé confisquer une cargaison de ladite drogue que les Britanniques cherchaient à écouler au nom de la « liberté du commerce » ; pour avoir perdu cette guerre, la Chine avait dû accepter l’implantation des premières concessions étrangères.
On parle ici un dialecte chantant (à huit tons !) aussi différent du chinois standard que le catalan l’est du français. La plupart des Chinois de la diaspora sont originaires de la région, et notamment le plus célèbre d’entre eux, Sun Yat-sen. Avant de devenir le fondateur de la République de Chine, il avait émigré à Hawaï pour y suivre des études de médecine.
C’est en décembre 1938 qu’a commencé le pire épisode de l’histoire de Canton, lorsqu’elle est tombée sous la coupe des envahisseurs japonais. Depuis, violences et pillages par les troupes d’occupation ont provoqué la fuite de l’essentiel de sa population, qui en six ans est passée de 1,2 millions à 300 000 habitants.
A part les occasionnels attentats et autres coups de main de la Résistance chinoise, la 23e Armée japonaise, déployée à Canton et aux alentours depuis août 1941, n’a jusqu’à présent pas connu beaucoup d’action. Commandée par le lieutenant-général Hisaichi Tanaka, elle est majoritairement constituée de forces de second ordre dont la mission se limite à maintenir la basse vallée de la Rivière des Perles sous contrôle japonais ; seul le 137e Régiment de la 104e Division, dite Division Phénix, a combattu lors de la prise de Hong Kong, fin 1941.
Cette période de relative quiétude pour la 23e Armée prend brutalement fin aujourd’hui : les sirènes annoncent l’arrivée d’une formation de bombardiers venant du nord-ouest. Il s’agit de 22 B-24 du 308e Bombardment Group escortés de 18 P-51 du 23e Fighter Group. Ces deux Groups ont été récemment assemblés au sein de la 68e Composite Wing (14e Air Force) et installés à Guilin dans la perspective de leur participation à l’opération Bailu. Volant à basse altitude au milieu des reliefs karstiques très découpés typiques de cette partie de l’Asie, les appareils américains ont échappé à la surveillance de l’unique radar de deuxième main dont disposent les Japonais pour couvrir l’espace aérien de la région de Canton. Quand l’alerte est donnée, ils ne sont plus qu’à une quarantaine de kilomètres de leur objectif, et les 27 Ki-43 qui décollent pour aller à leur rencontre ne parviennent au contact qu’après que les Liberator aient largué leurs bombes et font demi-tour. Dans le combat qui s’ensuit, six Hayabusa sont perdus contre deux Mustang et un Liberator (un autre quadrimoteur, endommagé, fera un atterrissage forcé dans les rizières ; son équipage sera pris en charge par les partisans chinois). Hélas, le bombardement n’a guère été précis : le port, qui était visé, n’a subi que des dégâts modérés, et de nombreuses bombes sont tombés sur les quartiers d’habitation, faisant plusieurs dizaines de victimes civiles.


4 février
Indonésie – Opération Meridian/Méridien
Makassar
– Pour monter cette attaque, les groupes aéronavals anglais et français se sont rapprochés des côtes. Ce faisant, ils sont passés sous les reconnaissances de l’IJN, qui les chercheront toute la journée bien plus au large. En fin de journée, un Mavis sur le chemin du retour détectera le sillage de la TF-100, mais il est abattu avant de pouvoir émettre par Danny Potter en personne (36-35 pour Lagadec…).
L’attaque du port et des installations de Makassar est une surprise totale pour des Japonais qui ne s’attendaient pas à recevoir la visite d’appareils alliés si loin à l’intérieur de leur périmètre. Le pétrolier San Clemente Maru est mortellement touché – son épave brûlera plusieurs jours. Les avisos ASM Hachijo et Manju (le second flambant neuf) sont coulés. L’hydrobase, bien que vide d’appareils, est sévèrement endommagée. Les hydravions H6K normalement basés là sont ceux du Singapour Hikotai ; leur mission habituelle est moins la reconnaissance que la couverture ASM des convois.
Dans les airs, les Zéro qui ont décollé sur alerte tentent sans succès de rattraper les appareils alliés. Ceux-ci rentrent sans autre perte que quelques appareils endommagés par la DCA.

Campagne d’Indochine
Offensive du Têt
Quang Nam et Faifo (Annam)
– Partie de Tourane dans la matinée, la Force Publique traverse Quang Nam (déjà libérée par le Vietminh) avant d’entrer dans Faifo, où les combats continuent.
………
Banlieue sud de Cholon (Cochinchine) – L’avant-garde de la 56e Division a dû s’arrêter le temps que le gros des troupes l’ait rejointe. Ses pertes ont été si élevées ces derniers jours que son potentiel de combat est proche de zéro. D’ailleurs, la division toute entière n’est plus que l’ombre d’elle-même. Privée de ses canons – sabotés et abandonnés après avoir tiré leurs derniers obus – et presque dépourvue de véhicules grâce aux constantes attentions des P-40 alliés, la fière Division Dragon ressemble à présent aux partisans qu’elle combat.
Le général Yuzo Matsuyama ordonne pourtant l’assaut. Devant eux se trouve le terrain d’aviation de Cholon Sud. Assiégé depuis onze jours, il a résisté ! L’attaque proprement dite se déroule avec une facilité déconcertante. Les Vietminh n’ont laissé qu’un mince rideau de troupes qui se replie sans hésiter, couvert par des tirs de FM. Les Japonais ne tardent pas à rejoindre une garnison épuisée.
Bien sûr, les Vietnamiens ne tardent pas à reprendre le harcèlement de la base, tandis que les bombardiers des Colonialistes s’adjugent le dernier char Ha-Go de la division. Du moins est-il possible d’agrandir largement le périmètre, ce qui permet aux appareils japonais encore opérationnels de décoller pour contester (un petit peu) la maîtrise du ciel de Cochinchine aux Alliés.

Campagne du Pacifique
Bataille aéronavale des Marshall – Opération Flintlock
Eniwetok
– L’atoll comprend en réalité trois îles : Eniwetok même, Engebi et Parry. L’attaque commence par Engebi. Les Marines débarquent sans mal, mais ils s’aperçoivent que les Japonais ont concentré leur défense dans des retranchements très bien camouflés au milieu de l’île. Il faudra trente-six heures pour les éliminer.

La guerre sino-japonaise
Les tribulations d’un Anglais en Chine
Dunhuang (province du Gansu)
– Après deux mois et demi d’un voyage mouvementé, l’expédition de Joseph Needham arrive enfin à sa destination, le site de Dunhuang, qui fut pendant des siècles un carrefour sur la Route de la Soie. Là, dans un complexe de caves creusées à flanc de falaise, se trouve l’une des plus importantes collections d’art bouddhique de la dynastie Tang, révélée au monde occidental par l’archéologue Aurel Stein en 1907. Loin de la guerre et de ses atrocités, Needham va consacrer plusieurs semaines à une patiente étude des nombreuses richesses du site.
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Alias



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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 11:18    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Alias a écrit:
Ou est-ce qu'on revient sur cet épisode?


Lire mon avertissement au début de la page !


Ah ouais, mais s'il faut lire des trucs, aussi…



Ahem. Je vous prie de m'excuser, chef.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 12:43    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
seuls deux sont opérationnels dans l’US Navy (un troisième a été offert aux Australiens).


De l'art de faire de grosses bêtises, aussi ...
C'est donc la version FTL du tir aux pigeons des Mariannes .. avec un petit côté de mer des Philippines.

Citation:
cette vague, qui vient des Akagi, Shokaku et Hiryu


Ca me choque toujours qu'ils soient toujours là, eux ! Même si on n'échappe jamais à son Destin, apparemment ...
Quoiqu'il en soit, les japonais s'en tiennent à leur doctrine. Mais si, comme dirait Crabs et pour ce qui relève de l'affaiblissement préalable par raid aérien 'Oui bon, ben ca n'a pas marché..."
Mais on n'aura donc pas le Yamoto/Mushashi au combat !

Question idiote, le Hiei et son comparse n'ont pas été transformé en cuirassé "mixte PA" FTL ?

Citation:
Il est étrange que, malgré le témoignage de ces trois hommes et l’absence de tout sous-marin britannique dans un rayon de plusieurs milliers de milles, une légende ait longtemps couru les océans, affirmant que le Phoenix avait été victime d’un sous-marin de Sa Majesté britannique et non japonaise.


C'est une référence à quoi ? Cool Question Question Question Question Question

Citation:
Les tribulations d’un Anglais en Chine


Doublement savoureux ! Le fond et la forme !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Ven Nov 12, 2021 12:47    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

lors de la première mouture de ce texte, j'avais signalé ce qui est une anomalie pour moi :
- 1) L'escadre japonaise est repérée à 25 nautiques et marche à 28 nds,
- 2) les Américains ouvre le feu quand elle est à 12 nautiques
Donc, entre ces deux moments, les Japonais ont parcouru 13 nautiques !
Ce qui fait qu'à 28 nds, ils ont mis 28 minutes environ et non pas 52 minutes. Sinon, en 52 minutes, les deux flottes auraient été bord à bord pour combattre comme au temps de la marine à voile avec des canons ne portant qu'à quelques centaines de mètres voire pour une prise à l'abordage.

@+
Alain
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