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de La Roque : arrestation et conséquences
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Fantasque



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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 09:30    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent

Pour le bazooka, il a été utilisé dès la Tunisie par les Américains, et il donnera naissance dès la fin de 1943 au "panzerfaust" allemand.

Le canon sans-recul léger est parfaitement capable de détruire un Pz-III et même un Pz-IV. Son problème est:
(a) son manque de discrétion (il laisse une flamme à l'arrière de prés de 10m de long quand il tire)
(b) Son manque de précision au-dela de 200m-300m

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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 09:35    Sujet du message: Répondre en citant

A-t-on connaissance de bazookas capturés par les Allemands en Tunisie ?
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Fantasque



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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 11:08    Sujet du message: Répondre en citant

Oui,

Il semble qu'un exemplaire ait été capturé dés la fin du mois de décembre 1942 ou debut 43.
On sait qu'au moins deux exemplaires ont été capturés à Kasserine.

Dès le mois de mars 43 c'est un "secret ouvert". L'étude d'une arme similaire est lancé d'urgence et on a le panzerfaust dès la fin de l'année.

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Finen



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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 13:33    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, le canon sans recul est une sorte de bazooka lourd. il est transportable par 3 hommes, un lot canon, un lot trépied, un lot munitions. Il peut être monté sur jeep aussi ou sur n'importe quel plateau de camionnette ou de camion à l'aide d'un simple axe doté d'une rotule freinée.

L'équipe de pièce est composé d'un tireur, d'un munitionnaire et d'un chef de pièce réglant le tir. Dans le cas de l'équipe para, on peut supposer qu'un deuxième munitionnaire complète l'équipe pour aider au portage de plus de munitions et à la protection rapprochée de la pièce.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Juil 16, 2009 16:02    Sujet du message: Avant-dernier épisode (toujours by Tyler) Répondre en citant

J'ai replacé ici un paragraphe que vous avez déjà lu à sa place "horaire" (à la fin).
Ne manquez pas le dernier épisode, très bientôt...


21 avril 1943
12h00 – Alger
Après une escale en Corse, le Hudson de l’opération Phénix dépose dans la capitale de la France Combattante ses passagers récupérés à un prix si élevé… Ils sont immédiatement conduits en lieu sûr. En attendant l’émission spéciale de Radio Alger prévue dans la soirée, ils vont répondre à de nombreuses questions des envoyés spéciaux du gouvernement.

14h00 – Hôtel Matignon, Paris
Otto Abetz va et vient dans le bureau de Pierre Laval comme si c’était le sien. Il est particulièrement remonté contre Doriot, mais Darnand et même Laval – tous trois sont présents, assis très raides au bord de leurs sièges – ne sont pas à l’abri de ses violentes critiques. Von Stulpnagel, confortablement installé dans un fauteuil, contemple la scène et ne peut s’empêcher de lancer de temps en temps un commentaire sarcastique. L’a-t-il assez dit à l’ambassadeur, que les Collaborateurs qu’il apprécie tant seraient incapables de maintenir l’ordre dans un couvent de Carmélites ! Sans tenir compte des ricanements du général Abetz conclut son discours en rejetant sur les Français la responsabilité des événements de Villeneuve. Stulpnagel enfonce alors le clou, en allemand (l’aide de son interprète est à peine nécessaire pour faire passer son message) : « Vous rendez-vous compte qu’en quelques mois, c’est la deuxième fois que nos troupes stationnées dans le Sud-Ouest doivent être mises en alerte générale pour limiter les conséquences de votre maladresse meurtrière ! »
Silence confus et empâté des trois têtes du Nouvel État Français…
Après avoir exigé un rapport détaillé dans les plus brefs délais, Abetz conclut avec rage : « Souvenez-vous, Monsieur Laval, de votre séjour à Bagnères, en 40… Alors, à moins que l’air des Pyrénées vous manque, je vous conseille de prendre rapidement les mesures adéquates pour que nous n’ayons plus jamais à réparer vos erreurs, surtout si elles font couler du sang allemand ! »
Il sort majestueusement, suivit par Stulpnagel, qui grimace un « Auf Wiedersehen » ironique, laissant Laval et ses acolytes inquiets et perplexes…

18h00 – Lot-et-Garonne
Pendant que la plupart des troupes allemandes du Sud-Ouest se lancent dans une gigantesque chasse à l’homme pour récupérer les centaines de fugitifs de la nuit précédente, le bataillon Diekmann, très éprouvé par les combats, rentre à Agen. Son parcours meurtrier, commencé dans la matinée avec le massacre de l’église Saint-Joseph, se poursuit par le mitraillage de passants au hasard lors de la traversée de Pujols (une dizaine de victimes), mais ne s’arrête malheureusement pas là… En effet, en arrivant aux alentours de la gare d’Agen, le bataillon tombe sur un convoi de prisonniers à destination d’Eysses ! Ce convoi comptait au départ 71 prisonniers, politiques pour la plupart, acheminés par un train que des sabotages ont retardé. Le voyage ainsi prolongé a été marqué par des tentatives d’évasion, dont l’une a coûté la vie à un gardien. Furieux, les gardiens (des hommes du SONEF, puisqu’il s’agit de “politiques”), après avoir abattu l’évadé, ont décimé, au sens propre, les prisonniers : ils en ont abattu au hasard un sur dix, donc sept.
A l’arrivée à Agen, ni les prisonniers ni leurs gardiens ne sont au courant des évènements de la nuit précédente. Devant cette nouvelle proie, la vindicte des SS se réveille. Vingt-six prisonniers sont emmenés par Diekmann et ses hommes dans la campagne aux environs d’Agen ; on ne retrouvera après la guerre que neuf corps dans un charnier creusé à la va-vite dans un champ en jachère…

19h00 – Paris
Après concertation entre les services d’Otto Abetz et ceux du Nouvel État Français, sous la direction de René Bousquet, décision est prise de déporter systématiquement dans des camps de concentration gardés par des troupes allemandes tous les prisonniers politiques détenus en France. Pour effacer la honte de la révolte et de l’évasion, la prison d’Eysses garde un statut privilégié : désormais, de toute la France, tous les “politiques” arrêtés par les forces de la collaboration y seront envoyés au fur et à mesure. Là, ils seront interrogés, catalogués et envoyés directement en Allemagne (ou au Struthof, mais pour les Allemands, cela revient au même). Paul Touvier est nommé Directeur Spécial du “Centre Spécial de Lutte contre le Terrorisme”.
En réalité, ce “Centre” ne fonctionnera que jusqu’au 22 juillet, date de la fermeture définitive de la prison. En moins de trois mois, un millier de prisonniers environ (963 selon les chiffres officiels, très certainement sous-évalués) passeront entre ses murs. Plus de 25% y mourront, officiellement victimes de différents problèmes de santé ou abattus lors de tentatives d’évasion, ce qui ne fait quand même pas très sérieux pour un centre modèle, abritant de surcroît dans ses murs des éléments de la 2.SS Panzer Division (un bataillon entier était stationné à grand renfort de réquisitions dans Villeneuve-sur-Lot même).
Il faut ici accorder une place particulière aux 90 prisonniers d’Eysses repris (vivants) la semaine suivante dans les environs. Sur ces 90, seuls 30 survécurent au traitement spécial de Touvier et 3 revinrent des camps allemands.

20h00 – Alger
Maurice Schumann se fait une joie de présenter l’émission spéciale de Radio Alger consacrée à l’évasion de sept prestigieux Résistants (« ou naturalisés Résistants », devait reconnaître Schumann après guerre). De gauche à droite, Dalidet et Havez, Dunois et Lebas, De la Rocque et Valois, Borotra bénéficiant d’une place spéciale, en tant que gloire nationale sur les courts et agent double – ou “ministre-espion” (pour reprendre l’expression d’un biographe enthousiaste).
Lors de cette émission, se distinguent particulièrement (les mauvaises langues diront « sont particulièrement mis en valeur par Schumann ») Auguste Havez, François de La Rocque et Georges Valois.
Havez, d’un ton très policé, se pose en rassembleur des forces communistes, ce qui ne sera pas sans faire grincer des dents du côté des proches de Thorez. Beaucoup verront la main de De Gaulle dans le temps de parole important qui lui est accordé. Cette promotion d’un opposant à Thorez rappelle au Parti Communiste ses péchés du début de la guerre et tend à rassurer ceux qu’effraye encore l’entrée des “Rouges” au gouvernement, qui ne date que de quelques mois.
De La Rocque, en grand orateur, brille naturellement, mais ne peut masquer son agacement lorsque Schumann, tout sourire, lui demande son avis sur « le club politique animé par Charles Vallin, très actif à Alger. »
Georges Valois n’a pas droit à un temps de parole très long, mais il saura marquer les esprits. En effet, il conclut ses propos par un long monologue retraçant sa carrière politique, au terme duquel il réitère sa demande faite huit ans plus tôt de devenir membre… de la SFIO ! Si l’on en croit Jean Lacouture, De Gaulle aurait lancé le lendemain, peu avant le Conseil des Ministres, à un Léon Blum encore sidéré : « Allons mon cher ami, vous ne pouvez rester insensible devant pareille ferveur socialiste ! Et puis, si Doriot est passé en quelques années du PC à la Collaboration, Valois peut bien passer de l’Action Française à la SFIO ! » – mais la comparaison n’aurait guère égayé Blum.
L’émission bénéficiera d’un des taux d’audience les plus élevés de l’histoire de Radio Alger entre 1940 et 1944, y compris en France Occupée. De larges extraits seront diffusés par les journaux en images de Pathé Cinéma. Dès le lendemain, des photos des sept évadés fleuriront dans tous les journaux alliés. Bien évidemment, les appartenances politiques exactes seront pudiquement passées sous silence, les services de propagande alliés préférant parler des “Sept d’Eysses” comme de Combattants de la Liberté arrachés aux Griffes Nazies pour reprendre la Lutte Suprême au sein de l’Union Sacrée (les majuscules sont bon marché en temps de guerre).


22 avril 1943
10h00 – Alger
Les Sept d’Eysses sont officiellement reçus en grande pompe par le cabinet De Gaulle, qui souhaite profiter de l’engouement médiatique et populaire – les nombreuses victimes, notamment parmi les habitants de la région, seront passées sous silence jusqu’à la fin de la guerre, les Alliés ne souhaitant évidemment pas en parler, les Allemands préférant malgré tout ne pas s’en vanter et les hommes de Doriot, après avoir envisagé de les mettre sur le compte des prisonniers libérés, ne voulant pas souligner la médiocrité de leur rôle dans cette affaire). Trois des évadés sont incontinent nommés à des postes ministériels, il est vrai relativement subalternes. Le colonel de la Rocque devient ministre des Anciens Combattants. Jean Borotra, lavé de tout soupçon collaborationniste, est nommé ministre des Sports (il a ainsi l’incertain honneur d’avoir été la seule personnalité membre du gouvernement collaborationniste puis du gouvernement légal). Jean-Baptiste Lebas (ancien ministre du Travail de Blum) devient sous-secrétaire d’État à la Production en AOF-AEF.
Il est avéré que De Gaulle a proposé de confier un ministère à Auguste Havez, mais que Thorez a refusé avec hauteur, au prétexte de ne pas désorganiser l’action d’un ministère par un changement de direction intempestif : « Le Parti Communiste Français, a-t-il répondu de Moscou, sait faire passer l’intérêt de la Nation avant le sien propre ! »

15h00 – Villeneuve-sur-Lot
Joseph Darnand et son second Paul Touvier (ce dernier venant prendre ses fonctions de Directeur Spécial) font en grande pompe leur entrée dans la cour principale d’Eysses, dans un imposant déploiement de forces du SONEF. Après une rapide inspection des lieux et une minute de silence à la mémoire de Joseph Schivo et de ses hommes « assassinés par des brigands sans foi ni loi à la solde du judéo-bolchevisme et de la ploutocratie anglo-saxonne », la visite s’achève sur l’exécution en bonne et due forme d’une douzaine de prisonniers, par un peloton commandé par Darnand lui-même, pour « tentative d’évasion et meurtre sur agents de la Force Publique » (bien qu’il semble que les douze fusillés proviennent en fait du convoi d’Agen arrivé la veille).
Darnand repart ensuite pour Paris, sans faire mine de s’apercevoir des quolibets venant, non des habitants de Villeneuve (encore terrés dans leurs maisons), mais des soldats de la Das Reich montant la garde à la porte de la prison ! Curieusement, ces « clowns invisibles », comme les qualifiera Diekmann dans son journal personnel, ne seront pas corrigés par leurs officiers… Il est sans doute opportun de rappeler ici que le Sturmbannführer Adolf Diekmann tombera quelques mois plus tard, en soldat, sur le front de Provence.

22h00 – Cahors
Hans-Albin, Freiherr [seigneur libre] von Reitzenstein, membre de la SS depuis 1931, officier dans la Waffen-SS dès 1933, héros de l’arme blindée SS sur le front russe, Croix de Chevalier avec feuilles de chêne, s’enferme dans son bureau à son quartier général, écrit plusieurs lettres et se tire une balle dans la bouche. Goebbels annoncera, avec des trémolos dans la voix (et après avoir fait détruire les lettres), que ce champion de la Race Aryenne est mort des blessures reçues au combat.
En 1957, Stanley Kubrick, après avoir envisagé un film sur la Première Guerre Mondiale, tournera son célèbre film La Prison de la Gloire en s’inspirant de l’histoire de la prison d’Eysses et de la bataille de Villeneuve, avec quelques modifications de noms. On se souvient de Kirk Douglas (“Renaud” – Bigeard), rentré à Alger, lançant à Adolphe Menjou (“Dalban” – Vallin), à la fin du film : « Ce qui me tue, c’est que dans toute cette foutue histoire, le seul qui ait eu le foutu courage d’assumer ses foutues responsabilités, c’est un foutu Boche ! » (“Von Scheinendorf” – Von Reitzenstein, évidemment joué par Erich Von Stroheim). La phrase est sans doute apocryphe, mais Bigeard, quarante ans après les faits, avouera qu’elle aurait pu être vraie.
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Jeu Juil 16, 2009 17:58    Sujet du message: Répondre en citant

Décidément, cette histoire tient toutes ses promesses! J'attend avec impatience le dernier épisode. Et ca commence à sentir le bon air de Sigmaringen pour ces messieurs du gouvernement collabo.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 17, 2009 19:56    Sujet du message: Répondre en citant

Un petit oubli - Une note de bas de page sur le destin de la prison d'Eysses.

En 1947, une tentative du ministère de la Justice pour rendre le bâtiment à sa fonction première devait se heurter à l’opposition virulente du PSF et du PCF, pour une fois d’accord. Eysses est aujourd’hui le “Musée-Mémorial de la Résistance dans le Sud-Ouest” (visites : tlj sf mardi, 9h-18h, entrée gratuite pour les Anciens combattants et les militaires en uniforme).
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 17, 2009 20:02    Sujet du message: Répondre en citant

Dernier épisode... Conclusion très politique. C'est une coproduction Tyler - Casus, qui fera peut-être réagir.

24 avril
Alger
La journée est marquée aussi par deux événements politiques d’une certaine importance pour la politique intérieure française.
Le plus anecdotique est l’entrée officielle de Georges Valois à la SFIO, devant des spectateurs mi-amusés, mi-scandalisés à l’idée qu’un homme ayant commencé sa vie politique comme partisan de Charles Maurras se retrouve, grâce à l’onction de la lutte armée, membre du parti de Jean Jaurès !
Plus discrète, mais sans doute de plus d’importance pour l’avenir, est l’arrivée de De la Rocque à une réception organisée par ses partisans pour fêter sa libération et son entrée au gouvernement. Mais si une large banderole de bienvenue barre la façade de l’immeuble, le colonel tombe en arrêt devant une plaque de cuivre toute neuve à l’entrée : « Parti Républicain de la Liberté – Président : Charles Vallin ».
– Nous serions nous trompés d’adresse, Vallin ? lance le président du Parti Social Français à son ancien directeur de propagande.
– C’est que… euh, le PSF ayant été interdit… bafouille ce dernier, honteux et confus.
– Je ne savais pas que l’autorité du sénateur Laval avait traversé la Méditerranée… Enfin… Ce qu’il y a de commode avec les principes, c’est qu’on peut toujours les sacrifier quand c’est nécessaire, assène De la Rocque à mi-voix, citant Somerset Maugham (on ne sait si cet auteur siégeait dans sa bibliothèque ou si un de ses compagnons de cellule lui en avait parlé). Le tout sur fond de sourire forcés et de poignées de mains trop prolongées devant les photographes et les membres du PSF-PRL présents (la scène est décrite dans le journal personnel de Borotra, qui se trouvait évidemment là).
Il est vrai que l’arrivée de De la Rocque à Alger n’était pas sans poser de problème à Charles Vallin : bien qu’il ait été, début janvier, à l’origine de l’opération Phénix, il ne souhaitait plus avec la même ferveur, fin avril, le retour du charismatique colonel. En effet, entre l’entrevue avec Mandel et l’arrivée des Sept d’Eysses, le mouvement qui regroupait sous sa houlette les anciens du PSF, bien que peu structuré, avait connu un très réel succès : des réunions d’une dizaine de personnes dans un café en janvier 1941, on était passé, au printemps 1943, à des rassemblements pouvant atteindre le millier de participants, et ce, pour la seule ville d’Alger ! Peu à peu grisé par sa popularité naissante et mesurant mal ce qu’elle devait à l’ombre du colonel, Vallin avait fini, en mars 1943, par créer le Parti Républicain de la Liberté. Il enterrait ainsi le Parti Social Français, sous prétexte de ne pas se confondre avec le Nouveau PSF lavaliste, mais en fait parce qu’il préférait une étiquette qui lui semblait plus rassembleuse – les débats à ce sujet furent vifs avec les autres parlementaires PSF présents à Alger : François de Polignac, Emile Peter, Fourcault de Pavant et Stanislas Devaud. On prétendit même à l’époque que la “petite étoile montante de la politique africaine” (comme l’avait cruellement surnommé, à Paris, Philippe Henriot) était sur le point d’entrer au cabinet De Gaulle [Cette rumeur, peut-être alimentée par Vallin lui-même, était infondée ; en tout cas, il n’en est fait nulle mention dans les écrits personnels de De Gaulle.].
La libération du colonel de la Roque, toujours aussi charismatique, fut pour Vallin un rude retour sur terre. Mais il était trop tard : si son affection pour De La Roque était sincère, Vallin n’en pensait pas moins avoir conquis sa place au soleil et il allait tenter de la garder.Selon certains historiens du mouvement créé par De la Rocque, Vallin aurait même espéré que le colonel se ferait tuer lors de l’opération Phénix et que lui, Vallin, pourrait apparaître comme son successeur logique tout en bénéficiant de l’auréole du glorieux martyr. Un tel machiavélisme paraît aujourd’hui peu probable, mais il semble que De la Rocque ait cru à la duplicité de son compagnon de lutte, ce qui devait l’affecter douloureusement.

« Le colonel se réfugia dès lors dans son travail, entre son ministère et l’écriture de ses Mémoires, même lorsque le PRL fut redevenu le PSF et qu’il en eut été élu président sans avoir présenté sa candidature. Peu à peu, il cessa de participer aux réunions du parti et même d’en demander des nouvelles, ne reprenant goût à la vie que lorsqu’il recevait des nouvelles de son fils Jacques, pilote dans l’Armée de l’Air, qu’il avait eu la joie d’embrasser peu après son arrivée à Alger. Il aimait faire de longues promenades dans la forêt de Sidi-Ferruch, ne permettant de l’accompagner qu’à deux personnes : Jean Borotra, fidèle parmi les fidèles, et François Mitterrand, qu’il continuait d’appeler affectueusement Morland, lorsque la Libération eut permis à celui-ci de rejoindre Alger à la fin de 1943 pour se remettre de ses aventures au maquis. C’est bien sûr à la demande de De la Rocque que Mitterrand devait être nommé sous-secrétaire d’État aux Prisonniers.
Au sein du PSF, une majorité de “réalistes” soutenait le secrétaire général du parti reconstitué, Charles Vallin : resté le grand propagandiste qu’il était avant-guerre, celui-ci avait su faire valoir ses exploits guerriers et le fait qu’il avait rejoint Alger « dès 1940 » (en oubliant de préciser « fin décembre »). Ceux qui se méfiaient de l’arrivisme de Vallin, les “historiques”, se voulaient proches du colonel.
L’affrontement resta larvé jusqu’à la fin de la guerre et la mort de De la Rocque, survenue le lendemain de l’armistice avec le Japon, mais surtout le lendemain de l’annonce de la mort au champ d’honneur de Jacques, l’un des derniers Français tombés lors de la Seconde Guerre Mondiale. L’inauguration en 1946 de l’émouvant monument à François de la Rocque et à ses deux fils aviateurs fut l’ultime manifestation d’unanimité du Parti Social Français, avant qu’il se déchire entre partisans de Vallin et de Borotra. On sait comment, après des mois de coups d’éclat, de coups bas et de coups fourrés, François Mitterrand réussit le premier tour de force de sa longue carrière politique en se présentant comme un jeune et inoffensif médiateur pour rassembler tout le PSF sous son autorité. » (D’après Alex Tyler, François de la Rocque, un naïf en politique, 1998)
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Ven Juil 17, 2009 22:03    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien, le rastignac de la Nièvre frappe fort pour ses débuts en politique. Rassembleur du PSF en 46-47, il peut esperer entrer au bureau politique pour prix de son action de "conciliateur" en 48 (à la mort de Vallin), devenir menbre de la commission administrative permanente au milieu des années 50 et du comité éxécutif dans les années 60, avant de s'emparer de la présidence à la fin des années 60 ou au début des années 70 (le temps qu'Ottavi, Barrachin, Borotra et Riché quittent la scène politique).
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Tyler



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MessagePosté le: Lun Juil 20, 2009 19:13    Sujet du message: de La Roque : arrestation et conséquences Répondre en citant

On peut même imaginer que le parcours de "Morland" au sein du PSF soit un peu plus rapide, en effet c'est le protégé de De La Roque qui reste officiellement le chef du PSF pendant la guerre, il est l'un des rares membres du gouvernement étiquettés PSF, je le vois bien déjà rentrer au sein de la commission administrative permanente pendant le courant de la guerre (ce qui pourrait d'ailleurs lui valoir beaucoup d'animosité de la part de certains membres et provoquer certains remous à la mort du "chef"). Après pour la succession au sein du PSF après guerre, les conséquences de la survie de ce parti dans le paysage politique français d'après guerre, on a tout le temps d'en débattre, on en est qu'à l'automne 42 dans la chrono...

Sinon Capitaine, comme tu as pu le voir il n'y a pas eu de membres du cabinet Laval expédié à Sigmaringen dans le petit coloriage, mais tu suggères un point intéressant : Ne pourrait-il pas y avoir certains membres du gouvernement Laval évincés durant la guerre? Déat et Doriot ne se portent pas une mutuelle affection, un des 3 "D" pourrait comploter auprès de Berlin pour remplacer Laval le gouvernement de ce dernier n'étant pas des plus populaires ni des plus efficaces et ainsi instaurer un régime encore plus autoritaire au lieu d'un gouvernement fantoche, etc... Enfin ce n'est qu'une idée comme ça...
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Menon-Marec



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MessagePosté le: Ven Aoû 07, 2009 13:39    Sujet du message: Germanopinaillerie Répondre en citant

Bonjour à tous.
Effaçant peu à peu mon retard de forum, je découvre que Freiherr a été traduit par "Seigneur libre"! C'est amusant, ingénieux et nouveau, mais je dois rappeler à tout un chacun qu'en français, dûment avalisé par Frédéric II et quelques autres, médiatisés ou non, tout aussi francophones que lui, Freiherr correspond à notre baron. Je sais bien que l'allemand possède également un Baron ,mais le Freiherr désigne plus spécifiquement un baron balte (Cf. les chevaliers teutoniques, porte-glaives et autres grands-papas revêtus d'acier): possessionné, faut-il comprendre, en Courlande et au-delà de Memel. D'ailleurs, un Freihher doit être appelé Herr Baron. Évidemment, pour compliquer les choses, on trouvait en Prusse des barons baronnant et des Freiherr pas moins barons qu'eux!
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Aoû 07, 2009 14:08    Sujet du message: Répondre en citant

Nunc est pinaillandum, dirait Folc (enfin je crois qu'il dirait ça, mais je n'ose plus m'avancer).
Seigneur libre n'était pas une traduction directe de Freiherr, mais de Free Lord, car c'est ainsi que l'interprétait l'article en anglo-saxon où je l'ai pêché.
Alors Baron balte, bon bon, je corrige, mais je trouve quand même que Seigneur libre, ça en jette...
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Finen



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MessagePosté le: Ven Aoû 07, 2009 15:49    Sujet du message: Répondre en citant

Tous ceci étant très justement dit, il n'en reste pas moins qu'un baron ou même un Freiherr reste généralment un seigneur bien plus libre que de nombreux autres car il tient fief et rang d'un roi voir d'un empeureur et ne doit hommage qu'à celui la si tant est qu'il existe encore, je pense aux barons des rois de bohème ayant maintenu leurs armes malgré la déferlante germanique et se trouvant persque dans la situations d'un seigneur d'alleu non revendiqué, seigneurs devenant avec le temp les fameux princes des contes et légendes.

Un prince de Boisbelle eût aussi le titre de baron puis duc de Sully et officia comme ministre de Henri IV. Labourages et pastourages ...
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gaullien



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MessagePosté le: Dim Mai 09, 2010 13:57    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
. On prétendit même à l’époque que la “petite étoile montante de la politique africaine” (comme l’avait cruellement surnommé, à Paris, Philippe Henriot) était sur le point d’entrer au cabinet De Gaulle [Cette rumeur, peut-être alimentée par Vallin lui-même, était infondée ; en tout cas, il n’en est fait nulle mention dans les écrits personnels de De Gaulle.]


il parle du gouvernement ou du cabinet personnelle du général de gaulle?
(dans la otl il a fait partie de son cabinet privé)
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Tyler



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MessagePosté le: Dim Mai 09, 2010 15:26    Sujet du message: Répondre en citant

En écrivant ça, je pensai au gouvernement De Gaulle. Concernant son cabinet privé, je ne pense pas que Vallin en fasse partie (ou pas tout de suite), en effet son passage à Alger FTL n'a pas le meme impact que le passage à Londres OTL, parce que c'est la majorité du systeme politique qui est à Alger. Vallin qui quitte la metropole fin 40 FTL sera a priori un politique parmi d'autres dans ce qui est la capitale politique de la France combattante. Avec son essor politique courant 43 FTL, il pourra finir par entrer au sein du cabinet privé De Gaulle à la fin de l'année. Ce qui peut etre un bon moyen d'enquiquiner DeLaRoque (qui n'appreciait pas tant que ça DeGaulle OTL).
Enfin d'ici là, on a le temps! Finissons déjà 42! Smile
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