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Asie-Pacifique, Janvier 1944
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 13:32    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Dans le récit de la réunion de l'EM Japonais à l'hôtel Métropole, les officiers présents donnent tantôt du "mon général" (en minuscules) tantôt du "Votre Excellence" (avec des majuscules) au général Rikichi.
Compte tenu que le dit-général est aussi gouverneur militaire de l'Indochine et du formalisme japonais, je pense que la généralisation du "Mon Excellence" serait plus judicieuse.

@+
Alain
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Kirishima



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MessagePosté le: Ven Juil 02, 2021 17:24    Sujet du message: Répondre en citant

L’appellation "Kakka" (閣下), "Votre Excellence" en français, est parfaitement adaptée pour des militaires de très haut rang.
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solarien



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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 01:21    Sujet du message: Répondre en citant

Quand je lis ces récits, enfin plutôt ceux de Jeudi, je me pose la question si il ne vas pas y avoir une mini-guerre civile ou du moins, une "épuration" au sein du Viet-Minh un peu après la guerre.

Casus Frankie a écrit:
Voilà pourquoi il n’aime pas le “capitaine” Nguyen. Il ne fait même pas semblant d’aimer les Français. Selon les jours, il est méprisant ou menaçant. Mais jamais il ne condescend à considérer Lamarquier comme autre chose qu’un poids mort et il ne manque jamais de le lui rappeler.


Comment dire: Quand on lis ces propos et certains autres textes, on a l'impression qu'il y a deux gros types de mentalités au sein du Viet-minh, ceux qui ont compris que les français partiront après guerre, mais qu'il faudra leur laisser un peu de temps pour partir et tout faire pour garder de bonne relation ( Ho Chi Minh est de cela) et d'autres pour qui les français ne sont qu'une aide temporaire pour chasser les japonais puis que juste après, ils devraient quitter le pays ou ils seront "chasser" de force.

Est ce juste mon impression ? une impression commune ?? ou une simple coincidence ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 12:53    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense que c'est bien l'intention de l'auteur !
(Anaxagore, sauf erreur de ma part)
Il y a ceux qui réfléchissent et qui savent négocier, et ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de leur fusil.
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 13:07    Sujet du message: Répondre en citant

14 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Opération Stoker
– C’est le terrain de Rembele, situé dans le centre de Sumatra, qui est la cible des B-24 des 436e et 493e BS, escortés par leurs fidèles acolytes à double queue des 449e et 459e FS. Les dégâts sont importants, les installations souffrent beaucoup et plusieurs appareils sont détruits, mais le 24e Sentai a le temps de regrouper une force d’interception importante. Dans la mêlée qui suit, un P-38 est perdu et deux autres gravement endommagés (l’un va s’écraser en mer, mais son pilote sera récupéré par un Sunderland du Sqn 230). Les Japonais arrivent à déborder les Lightning pour s’en prendre aux quadrimoteurs ; cinq Liberator sont endommagés, mais l’armement des Japonais (des Ki-43 et des Ki-44) est inadapté : ils n’ont que des mitrailleuses et pas de canons. Tous les B-24 vont parvenir à rentrer, même si trois d’entre eux seront bons pour la ferraille. A l’ouest de Gledangang, d’autres chasseurs japonais attaquent le raid sur le chemin du retour, mais ce sont tous des Ki-43 et ils sont incapables même d’achever les B-24 éclopés. Les pertes japonaises s’élèvent à pas moins de huit Hayabusa.

Campagne du Pacifique
Guerre d’usure
Entre Palau et Truk
– Alors qu’il escorte un convoi pétrolier vers Truk, le destroyer Sazanami est coulé par le sous-marin USS Albacore, 300 milles nautiques au sud-est de Yap. Les autres navires de l’escorte recueilleront 89 survivants.

Campagne d’Indochine
L’Ange de la Mort
Sur la route entre Cao Bang et Ngan-son (Tonkin)
Le caporal Kazuya Kujo s’abrite derrière le mur de sac de sable et fait feu avec son fusil Arisaka Type 38. Deux jours plus tôt, il a jeté son FM qui, à court de munitions, n’était plus qu’un poids inutile. En échange, il a ramassé un fusil, mais il rage d’être privé de la puissance de feu de l’arme automatique.
Les claquements des carabines et les rafales des mitraillettes des assaillants terrifient le voisin de Kujo, un jeune soldat qu’il ne connaissait pas : « Les Américains ont débarqué en Indochine ! C’est sûr ! »
Malgré la violence de l’affrontement, le caporal sourit. Ayant achevé de recharger le magasin, il se relève, ajuste un soldat repéré quelques instants plus tôt et son fusil se cabre deux fois. Il voit distinctement le sang jaillir sur la vareuse de l’ennemi, un grand gaillard à la peau noire qui s’effondre en hurlant.
– A l’aide ! A l’aide ! Je suis touché…
L’homme qu’il a blessé parle français, mais avec un accent qu’il n’a jamais entendu au cours de ses études. L’uniforme, le casque, les armes – c’est sûr, tout doit avoir été fabriqué par les Américains. Mais ces hommes n’en sont pas. Il ne s’agit pas non plus de Vietminh, qui n’auraient jamais osé attaquer un fortin en plein jour !
Tout autour de l’avant-poste, parmi les arbres et les rizières, Japonais et Alliés s’affrontent. Les assaillants viennent de trois directions. Le groupe le plus important tient une colline à l’est et les soldats impériaux ont lancé une contre-attaque dans cette direction, mais les choses ne se passent pas très bien. Au moins deux équipes d’armes collectives – probablement des BAR – hachent la végétation. De nombreux morts et mourants sont couchés entre le mur de sacs de sable d’un fortin et le bas de la colline. Plus haut, l’ennemi tire avec des carabines US-M1 ou des mitraillettes Thompson.
Les Japonais ripostent au FM et au fusil, mais leurs adversaires sont particulièrement tenaces. Kujo se redresse, tire coup sur coup les trois dernières balles de son magasin et plonge au sol quand une grenade explose, tout près. Il s’est baissé juste à temps… mais son camarade n’a pas eu cette chance.
Le jeune soldat s’effondre, crachant du sang. Kazuya Kujo le tire à l’abri – le sang vient de la gorge… Alors que les balles continuent de pleuvoir autour de lui, il tente de sauver le soldat, mais comment faire ? Il n’est pas médecin… Si Victoire était là, elle lui dirait quoi faire, elle savait toujours… mais il est seul. Depuis le début de cette guerre, il est seul.
Quelques minutes plus tard, le jeune blessé meurt sans avoir repris conscience. Autour d’eux, l’intensité des combats diminue. Des infirmiers français (ennemis, en tout cas) récupèrent leurs blessés, couverts par des équipes de feu. Mais les Japonais meurent sans soin alors que leurs officiers continuent à ordonner d’attaquer.
Les jambes tremblantes, Kujo se laisse tomber contre un mur et regarde ses mains poissées d’écarlate. Il est couvert de sang. Pourtant, il n’est pas blessé… encore une fois, quelqu’un est tombé mort à côté de lui, sans qu’il soit touché. Depuis l’âge de quinze ans, cette malédiction le poursuit. En France, il s’était retrouvé accusé de meurtre et même surnommé l’Ange de la Mort – Victoire l’avait sauvé grâce à sa perspicacité.
Victoire… Il ne l’a côtoyée que pendant quelques mois et cinq ans se sont écoulés. Mais tous les jours, il pense à elle. Où peut-elle bien être ?



15 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie
– Les spécialistes en contre-mesures électroniques (même s’ils ne se dénomment pas encore ainsi) sont formels : le raid du 13 contre le radar de Tavoy n’a rien donné. Des missions de reconnaissance ont permis de repérer un autre site et une opération de grand style a été organisée. Les trois squadrons de Beaumont et les Mosquito du Sqn 47, escortés par les Beaufighter du Sqn 27 et les Spitfire des Sqn 67 et 136, ont décollé de nuit pour arriver sur place au lever du soleil. Profitant au maximum du relief accidenté de la région et arrivant sur des azimuts différents, ils arrivent à prendre en défaut la chasse japonaise, qui ne peut intervenir qu’après le bombardement, lors duquel un Mosquito est abattu par la DCA. Un Spitfire et un Beaumont sont descendus lors du combat aérien en échange d’un Shoki et de deux Hayabusa, mais la mission est un succès – le radar a cessé d’émettre.
La journée est marquée par un autre événement : des Ki-21 venus de Malaisie en faisant un détour par la mer attaquent les lignes de chemins de fer entre Moulmein et Ye. Le bombardement est efficace et les lignes très endommagées, mais la chance des Japonais ne tient pas – un peu plus au sud, des P-51 du 1st ACG sont en mission de couverture de Hurribomber indiens sur le front, et ils répondent aux appels à l’aide des contrôleurs aériens de Moulmein qui les guident vers les intrus. C’est ainsi que les 5th et 6th FS font un joli carton en abattant pas moins de 6 “Sally”, plus deux autres endommagés au point d’être irrécupérables. Le Lt-colonel Cochran lui-même remporte une victoire.

Campagne d’Indochine
Une voyageuse
Myitkyina (Birmanie)
La ville est stratégique à cause de son aéroport, de son port fluvial, de ses routes et de son chemin de fer. C’est un carrefour important pour ravitailler Kunming en Chine, tout comme Dien-Bien-Phu au Vietnam.
Son aérodrome accueille des chasseurs, des bombardiers et pas mal d’avions cargos venus faire le plein avant d’affronter « the Hump » (la Bosse – c’est ainsi que les aviateurs appellent l’Himalaya), même si la majeure partie du matériel passe par voie terrestre. Le gros du trafic se fait donc sur la ligne Calcutta-Myitkyina-Kunming… mais celui de la ligne de Dien-Bien-Phu n’est pas négligeable.
Donald Harver, Américain et pilote civil avant la guerre, a transporté de tout entre Casablanca et Dien-Bien-Phu. Des hommes, des bombes, des munitions, même des pièces de radar. Rares sont les chargements – passagers ou matériel – qui le surprennent encore.
Il la regarde une nouvelle fois… Une gamine habillée comme une infirmière, avec la capote et la coiffe d’uniforme. Le visage de poupée rougit et les yeux verts jettent des éclairs. Harver ne serait pas étonné si de la fumée sortait par ses narines. Il sait qu’il va dire quelque chose de stupide, mais son esprit était vide…
– C’est Carnaval aujourd’hui à Myitkyina, ma petite ?
Le bras de la « petite » se détend si vivement qu’il recule, craignant d’être frappé. C’est avec un temps de retard qu’il comprend qu’elle vient de lui mettre ses papiers d’identités sous le nez.
– J’ai presque vingt-quatre ans ! (Puis, rougissante Smile Je n’y peux rien si je suis petite.
Un mètre cinquante, à peine, se dit Harver (mais en pieds et pouces, bien sûr).
– D’accord, d’accord… Mais il faut…
– Une autorisation d’embarquement.

La jeune femme déplie un papier de plus. Le pilote abdique.
– Bon, montez, mais je vous préviens ce n’est pas très confortable.
– Enfin !

Elle monte l’échelle du DC-3 avec la majesté hautaine d’une reine gagnant son trône.
Pendant le vol, la poupée – Harver n’arrive pas à lui trouver une autre appellation – change encore d’attitude, courant d’un hublot à un autre pour regarder les nuages, émerveillée. Une nouvelle fois, l’infirmière ressemble à une petite fille.
– Jamais montée à bord d’un avion ?
– Non… j’ai fait le voyage en bateau, puis en train. Je suis partie de Lisbonne il y a trois ans. J’allais au Japon, mais la guerre… Enfin, j’ai abouti à Ceylan… moi qui n’avais jamais voyagé.
– Vous alliez au Japon ?
– Oui !
Au ton, l’Américain comprend que le sujet est sensible et que l’infirmière n’en dira pas plus.
– Et… Vous êtes ?
– Vous aviez ma carte d’identité sous les yeux ! Je m’appelle Victoire Dubois.



16 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– La campagne anti-radar de la 3rd TAF continue. C’est aujourd’hui au tour du radar de Mergui d’être attaqué. Les Spitfire des Sqn 17 et 113, accompagnés des P-51 du 1st ACG, arrivent par la terre pour détourner l’attention des Japonais pendant que les B-25 des 490th et 491st BS, escortés par les Warhawk des 88th, 89th et 90th FS arrivent par la mer. Plusieurs bombes touchent directement l’objectif, avant que les B-25 à nez plein exécutent un mitraillage en règle. Le radar est complètement détruit, mais pire encore, de nombreux opérateurs et autres spécialistes sont tués. En deux jours, la chasse japonaise en Birmanie est devenue aveugle, il ne lui reste plus que le radar de Kampong Ulu, bien trop loin au sud pour avoir une quelconque utilité sur le front.

Campagne d’Indochine
Mentalités
Cao Bang
Kazuya Kujo, debout au repos, regarde les trois officiers, un major et deux capitaines, assis derrière une grande table. Derrière eux, le drapeau du Japon est encadré par deux gardes. On l’a fait venir pour lui poser des questions sur l’affrontement de l’avant-veille, mais cette comparution ressemble fort à un jugement devant un tribunal. Kujo est là depuis cinq bonnes minutes et le trio n’a pas daigné lui adresser la parole, ni même le regarder.
Le major, installé au milieu, cesse soudain de compulser des documents pour jeter un regard froid à Kujo. Se dernier se sent encore plus nerveux.
– Kazuya gosho [caporal], suite au décès du chu-i [lieutenant] Mitsuya, vous avez pris la tête des survivants de sa patrouille, puis gagné notre avant-poste 32. Est-ce exact ?
– C’est exact, shosa [major].
– Le tai-i [capitaine] Takahashi a signalé dans son rapport que vous avez alors abandonné le combat. Est-ce exact ?

Une sueur froide coule dans le dos de Kujo. Il doit prendre sur lui pour regarder son supérieur bien en face.
– C’est partiellement exact, mon major.
La réponse semble surprendre le major, qui regarde le caporal Kazuya comme si une seconde tête venait de lui pousser.
– Caporal, soit vous avez abandonné votre poste, soit vous avez continué à combattre.
– Je n’ai pas abandonné mon poste, mais j’ai cessé de combattre parce que mon camarade Watanabe avait été blessé par un éclat de grenade et que j’ai jugé de mon devoir de le mettre à l’abri.

Un des capitaines intervient, grinçant : « Et avez-vous sauvé le nitto-hei [seconde classe] Watanabe ? »
– Non, mon capitaine.

Kujo serre les dents – ses interrogateurs devaient évidemment savoir que Watanabe ne s’en était pas tiré.
– Donc, alors que vos camarades combattaient l’ennemi, vous les avez abandonnés pour… ne rien faire d’utile, gronde le major.
La première impulsion du caporal est de répondre qu’à ce moment, tenter de sauver un homme lui semblait ce qu’il y avait de plus utile. Mais alors qu’il ouvre déjà la bouche, il lui semble entendre une voix féminine murmurer, juste contre son oreille : « Pluralitas non est ponenda sine necessitas ! » La multiplicité ne doit pas être utilisée sans nécessité [Cette maxime du franciscain Guillaume d’Ockham est également appelée “principe de simplicité”. Elle implique que, lorsque l’on veut parvenir à un résultat, choisir la voie la plus simple et la plus habituelle maximise les chances de réussite.]. C’est ce que disait toujours Victoire. Son hésitation est imperceptible, déjà le souvenir de son amie dicte ses mots.
– En réalité, à ce moment, l’escarmouche était déjà terminée, mon major.
– Comment cela !
– Mon major, les soldats qui nous attaquaient faisaient partie du 1er Régiment Étranger de Parachutistes des Colonialistes français.

L’officier plisse les yeux, surpris que le caporal ait pu identifier les attaquants avec une telle précision. Son voisin lui murmure quelques mots tout en soulignant quelque chose dans le dossier étalé devant eux.
– Je vois que parler couramment français peut-être utile au combat. Toutefois, caporal, éclairez-moi : pourquoi la présence de cette unité impliquait-elle la fin du combat ?
– Parce que ce sont des vétérans, mon major, comme vous le savez. Ils sont peu nombreux et, selon les pratiques occidentales, ils sont aussi économes de leurs hommes que possible. Le capitaine Takahashi a victorieusement défendu son avant-poste contre une force importante de colonialistes. Cependant, si le poste 32 est important pour nous, puisqu’il participe à la protection de route de Cao-Bang, cette position n’a aucun intérêt par elle-même pour les Colonialistes. Sa garnison fait juste une bonne cible, tout en étant assez isolée pour ne pas pouvoir recevoir très vite du soutien. Tout cela, vous le savez, bien sûr, mon major. Mais lorsque j’ai entendu des soldats ennemis appeler des brancardiers, j’ai compris que leur repli commençait et qu’ils estimaient que leur attaque de harcèlement avait assez duré. À ce moment, il devenait peu probable de pouvoir tuer un ennemi et sauver un camarade devenait plus important.

Ce disant, Kujo ment effrontément. Il a entendu les appels aux infirmiers avant le début du repli et il sait que leurs adversaires n’étaient pas du 1er REP mais d’une autre unité non identifiée (avec un accent bizarre). Pourtant, son explication est plausible et… il était le seul Japonais de l’avant-poste 32 à parler français. Donc personne ne peut le contredire.
– Nous connaissons, bien sûr, le plan ennemi, mais comment l’avez-vous compris ?
Kujo a un sourire attendri. Comme les officiers pourraient-ils savoir qu’il se trouve très loin de là en esprit, dans une bibliothèque du sud de la France, six ans plus tôt, en train de lire un livre par-dessus l’épaule d’une très jolie blonde aux yeux verts.
– Nos maîtres nous enseignent qu’en connaissant les habitudes d’un groupe, on peut prédire sa stratégie, mon major. Et depuis deux ans, nous commençons à connaître les habitudes des Colonialistes, mon major.
Le caporal s’abstient bien sûr de préciser que ce procédé a été théorisé par Guillaume d’Ockham – un Occidental ! Car depuis bien des années, il connaît assez les habitudes des officiers de l’Armée Impériale pour leur donner une réponse adaptée à leur mentalité.
Une demi-heure plus tard, Kujo peut rejoindre son unité, lavé de tout soupçon de lâcheté devant l’ennemi.



17 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie
– La journée est calme, en dehors de quelques escarmouches sur le front. Les forces aériennes alliées voient arriver à Moulmein un nouveau squadron, le Sqn 81, équipé de Spitfire VIII. Cette arrivée accroît la supériorité à la fois qualitative et quantitative de l’aviation alliée dans la région.

Opération Stoker – Les B-24 des Andaman continuent de pilonner la côte nord de Sumatra et notamment l’aérodrome de Langsa. Arrivant de la mer, ils bombardent sans être inquiétés, saccageant la piste – cependant, les hangars sont miraculeusement épargnés. L’escorte repousse sans mal les chasseurs qui attaquent ensuite le raid, l’un d’eux est abattu et aucun n’arrive même à approcher les bombardiers.

Campagne d’Indochine
Les Belges sur la route
Route coloniale n°9, au sud de Tchépong (Laos)
– Depuis que les Japonais n’utilisent plus cette route, son état s’est sensiblement amélioré. En tout cas, les rebelles ont cessé de la tronçonner de tranchées. Huit dixièmes de sa longueur sont à présent sous le contrôle des Laotiens. Le trafic y est relativement important puisque cet axe vital relie Savannakhet, au Laos, à Hué, en Annam. Son rôle est essentiel dans l’approvisionnement des maquis vietminh entourant l’ancienne capitale impériale vietnamienne et le spectacle de milliers de porteurs, à pied ou à vélo, est devenu familier aux habitants de la région depuis sa libération.
Moins familières sont les longues colonnes d’hommes qui avancent vers l’est. Les casques Adrian et les fusils Berthier permettent d’identifier le 10e RIC bien plus que les semblants d’uniforme dépareillés des soldats. Ils ressemblent cependant à des troupes de parade, si on compare leur tenue aux vêtements de ceux qui les suivent. Les ex-Lao-Issaras de la toute jeune armée laotienne offrent une vision bigarrée, mélange de tenues de paysans, d’habits propres aux diverses ethnies des montagnes et de fusils de toutes origines – un vrai musée ambulant des armes individuelles. Enfin, pour ceux qui ont pu se procurer un quelconque tromblon, car près de la moitié des Laotiens se contentent de grenades artisanales.
A l’inverse, une troupe surprend par ses uniformes impeccables. Les Belgo-Congolais de la Force Publique portent la tenue deux pièces HBT adoptée par les troupes américaines du Pacifique ainsi que les casques M1. D’ailleurs, presque tout leur équipement est made in USA, à l’exception des fusils anti-chars Boys (don généreux de SM le roi d’Angleterre) et de… trois chars ex-japonais portant à présent l’étoile d’or sur fond azur de la Force Publique.
………
Le lieutenant Jacobs a mal aux fesses, la longue plage arrière du char type 97 Chi Ha, tout en tôle d’acier boulonnée, n’a rien de confortable. Son voisin, le sergent N’doumbé, assis à ses côtés, affiche un air encore plus épuisé, dodelinant de la tête et changeant sans cesse la position de son fusil M1 Garand sur ses genoux.
Jacobs lui tape sur l’épaule : « Dis-toi que ça te fera un souvenir à raconter à tes enfants ! »
– Oui, M’sieur !
– Un exploit au moins aussi grand que celui que de la division belge d’automitrailleuses !

Comme le Noir le regarde avec des yeux ronds, Jacobs se fait un plaisir de lui raconter comment les Belges avaient créé la première division mécanisée au monde pendant la Première Guerre Mondiale, en 1916. Comme la guerre des tranchées sur le front ouest ne leur convenait pas, ils avaient été envoyés en Russie. Après la révolution bolchevique, les Belges avaient saboté leur équipement et traversé toute la Sibérie avant de s’embarquer à Vladivostok, traverser le Pacifique, débarquer en Californie, traverser les Etats-Unis en train avant d’embarquer sur la côte est et d’arriver en France six mois après leur départ du front russe !
– Certains soldats ont connu une odyssée plus extraordinaire encore, ajoute Jacobs. Ils ont été littéralement enlevés par les Russes Blancs et forcés à combattre pendant trois ans en Sibérie puis en Chine.
L’odyssée des Belgo-Congolais ressemble par bien des points à celle de leurs prédécesseurs de l’Autre Guerre. Jacobs espère qu’ils ne se perdront pas en Chine comme certains membres de la Compagnie des Autos-Canons de 1916.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 13:39    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Le major, installé au milieu, cesse soudain de compulser des documents pour jeter un regard froid à Kujo. Ce dernier se sent encore plus nerveux.


@+
Alain
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 14:35    Sujet du message: Répondre en citant

Ai-je dit un jour à quel point j'appréciait ces petits coloriages ? C'est frais ! 8)
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 14:53    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Ai-je dit un jour à quel point j'appréciait ces petits coloriages ? C'est frais ! 8)


C'est sûr qu'on ne peut pas en dire autant de tes personnages favoris du front yougoslave Laughing
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 16:43    Sujet du message: Répondre en citant

Mechaaaaant ! En plus, toi tu ne sais pas ce qui va se passer chez Percay et le Major !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 16:57    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Mechaaaaant ! En plus, toi tu ne sais pas ce qui va se passer chez Percay et le Major !

Et peut-être à la fin une histoire d'amour entre le roi et Tito ?
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Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !
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loic
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MessagePosté le: Sam Juil 03, 2021 22:01    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
puisqu’il participe à la protection de la route de Cao-Bang,

_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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patzekiller



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MessagePosté le: Dim Juil 04, 2021 10:22    Sujet du message: Répondre en citant

15/01
", lors duquel un Mosquito est abattu par la DCA."

>au cours duquel ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Juil 04, 2021 17:12    Sujet du message: Répondre en citant

18 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– Après la campagne anti-radars des derniers jours, les Américains tentent un coup de sonde contre l’aérodrome de Mergui. Arrivant par la mer à basse altitude, les B-25 et les P-40 ne sont détectés qu’au tout dernier moment et débouchent sur l’aérodrome au moment où les premiers Ki-44 tentent de décoller. Ceux-ci ne peuvent rien faire de mieux qu’échapper de justesse aux P-40. Plusieurs appareils sont détruits au sol et le raid repart sans pertes.
Il semble que les Japonais soient pour l’instant complètement aveugles jusqu’au sud de Mergui. Pour le confirmer, plus tard dans la journée, des P-38 viennent mitrailler sans pitié et sans opposition l’aérodrome.

Campagne d’Indochine
Piège aérien
Route de Cao Bang
– La 33e Division, surnommée Division Arc, a combattu en Chine et au Vietnam depuis la défaite de Dien-Bien-Phu. Ce sont des vétérans qui se sont toujours bien comportés et ont rencontré bien plus souvent la victoire que la défaite, même si leurs succès ont parfois été difficilement acquis. Mais une des raisons de leur réussite tient à leur chef, le lieutenant-général Shozo Sakurai. Or, ce dernier vient d’être rappelé au Japon, où le ministère de la Guerre lui a offert le poste de chef du Département des Blindés. Le nouveau patron de la Division Arc est le lieutenant-général Motoso Yanagida. Et il n’est pas à la hauteur de son prédécesseur.
Ses hommes sont fatigués par plusieurs mois d’affrontements répétitifs et inutiles. En Indochine, il n’y a pas de conquête, pas de bataille, pas de victoire qui ne soit inscrite sur du sable. Que le vent se lève, et tout est remis en question. La seule réalité, ce sont les longues marches, les embuscades… et les avions ! Comment l’armée impériale a-t-elle pu perdre le contrôle du ciel ?
Six Warhawk du II/40 tournoient le long de la colonne japonaise. Ils ont lâché de petites bombes et font à présent cracher leurs mitrailleuses de .50 en dépit des armes anti-aériennes. La radio crépite, demandant l’aide des Aigles Sauvages, comme dit Radio Tokyo, et huit Ki-43-IIb accourent à la rescousse. Cette version légèrement améliorée du célèbre Hayabusa est l’un des appareils les plus modernes de l’Aviation de l’Armée dans ce secteur. Malheureusement pour eux, c’était un piège ! Quatre Mustang belges embusqués dans les nuages tombent sur les Ki-43 alors que ses derniers tentent d’engager les avions français. Pris dans un traquenard monté par des avions plus modernes, pilotés par des vétérans, les aviateurs japonais se font tailler en pièce. Un Ki-43 est immédiatement abattu par un Belge. Les autres s’enfuient après une brève passe d’armes – mais trois d’entre eux sont endommagés et l’un s’écrasera en pleine jungle. Seul un P-40 a été légèrement endommagé.
………
Cao Bang – A dix heures du matin, les fortifications barrant la boucle entre le Song Bang-Giang et la Song Hiêm reçoivent plusieurs obus tirés par les 75 mm du 4e RAC. Ils ne font qu’égratigner les casemates de béton, mais ce bref bombardement inquiète beaucoup la garnison. D’autant plus qu’il est suivi d’une attaque aérienne menée par des B-25 et visant spécifiquement les armes antiaériennes !
Parmi les attaquants, deux appareils sont munis d’un canon de 75 mm M4 et se montrent particulièrement efficaces en tir direct contre les emplacements de DCA. Les Japonais se défendent avec énergie et deux Mitchell sont abattus, mais la défense anti-aérienne de la place est à peu près anéantie !


19 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– Quelques dizaines de minutes après minuit, des Mosquito du Sqn 47, en mission Pathfinder, viennent larguer des charges de marquage sur Tavoy. Les Japonais savent ce que cela veut dire – s’il est trop tard pour rattraper les véloces bimoteurs, ils sonnent l’alerte. Le radar local, qui venait à peine d’être réparé, était coupé pour ne pas attirer l’attention des détecteurs alliés, mais il est remis en marche pendant que deux Ki-45 Toryu décollent. Peu après, les opérateurs du radar dirigent les appareils vers un écho qui se rapproche, mais les deux chasseurs doivent encore grimper et n’arrivent pas à l’altitude des attaquants avant le bombardement, qui cause de sérieux dégâts. Cependant, l’un des Ki-45 parvient à endommager un Halifax et le sergent Kashiide, qui pilote l’autre chasseur, abat un Wellington du Sqn 215 – c’est sa cinquième victoire.

Campagne d’Indochine
Bientôt l’Année de la Victoire
Tchépone (Laos)
– Depuis sa prise en septembre, l’ancienne base aérienne japonaise joue un rôle crucial dans la stratégie alliée de reconquête de l’Indochine. Surtout que l’opération Année de la Victoire, que les historiens appelleront le plus souvent “l’offensive du Têt” est sur le point de commencer. Pendant que l’armée française feint d’attaquer à Cao Bang, près de sept mille soldats réguliers (français, laotiens et belges), aidés par quatre mille irréguliers, sans compter les Résistants présents en Annam, convergent sur l’ancienne capitale vietnamienne de Huê.
Cet important déploiement de force doit rester secret le plus longtemps possible. Les chasseurs déployés à Tchépone sont chargés d’éloigner ou d’abattre avant qu’ils ne puissent faire leur rapport tous les avions de reconnaissance nippons.
………
Cao Bang – A l’aube, le bruit de nombreux moteurs d’avion réveille habitants et garnison. Pour changer, ce sont des bombardiers lourds chinois ! Là-haut, les soutes à bombes des B-17 s’ouvrent, larguant près de 3 600 kg de bombes… pour chaque avion ! Le bombardement, imprécis, laboure les lignes de défense sans endommager sérieusement les bunkers.
Malheureusement, une grande partie des explosions retentissent dans la ville vietnamienne, qu’elles ravagent, ou dans les rizières, plus au sud. Le décompte officiel dénombrera 48 morts et plus de 200 blessés dans la population civile.


20 janvier
Campagne de Birmanie
Front aérien
Birmanie occupée
– C’est aujourd’hui le premier “circus” sur Tavoy pour le Sqn 81, dont les appareils sont décorés d’un as de pique. En compagnie des Sqn 17, 67 et 113, les Spitfire provoquent la chasse adverse pendant que les Mitchell des 490th et 491st BS, accompagnés de leur escorte habituelle à tête de mort, vont s’en prendre aux pistes autour de Mergui. Les combats qui s’ensuivent font de nombreuses victimes. Sur Mergui, les Américains perdent deux P-40 et un B-25 en échange de deux Hayabusa et un Shoki. Plus au nord, le bilan est de deux Spitfire abattus contre trois Hayabusa et deux Shoki. Le squadron leader Whitamore inaugure le tableau de chasse du Sqn 81 sur ce front, c’est sa huitième victoire personnelle.
Plus au sud, l’aérodrome de Kampong Ulu reçoit la visite des B-24 de la 10th Air Force basés aux Andaman escortés par les Lightning des 449th et 459th FS. La chasse japonaise, avertie par la veille radar, réagit efficacement. Les Ki-44 du 1er Sentai et les Ki-61 du 103e Sentai, bien placés, montrent toute leur valeur, abattant deux P-38 et permettant aux Ki-45 du 103e d’abattre un B-24 du 436th BS, plus un du 493rd BS qui se posera en mer sur le chemin du retour. L’équipage de ce B-24, le Night Affair, sera récupéré par… le Surcouf, lequel se trouvait par hasard dans le secteur (1).
En échange, les Japonais ne perdent que trois avions – un Ki-44, un Ki-61 et un Ki-45, mais le Ki-44 est celui du lieutenant Aoyagi, dont le palmarès comptait 12 victoires. Ils ne sont plus que trois au sein du 1er Sentai à avoir fait les campagnes contre les Russes et le moral des survivants est durement atteint, d’autant plus que les pertes n’ont pas empêché les Liberator de soigner leur visée : au soir, la base, déjà trop petite pour les deux sentai, n’est plus qu’incendie et décombres. Il faudra plus de dix jours pour tout remettre en état et surtout recompléter les unités basées à Kampong Ulu.

Indonésie – Opération Meridian/Méridien
Trincomalee (Ceylan)
– Comme un mois et demi plus tôt à Darwin, la mise sous les feux de la flotte alliée donne lieu à d’intenses patrouilles ASM aux alentours immédiats du port. L’arrivée des cuirassés King George V et Duke of York a permis la constitution de deux task-forces britanniques, tandis que les Français font tourner leurs bâtiments. Ainsi, La Marseillaise et le Primauguet ont échangé leurs places au sein des TF-116 et 100, ainsi que les escorteurs, permettant à ceux de la première croisière de réduire leur activité.
– TF-57.1 (RN) : CV Illustrious et Victorious, BB King George V, CLAA Charybdis et Phoebe, CA Sussex, CL Fiji et Gambia, DD Ashanti, Foxhound, Hardy II, Hotspur, Ulster et Urchin.
– TF-57.2 (RN) : CV Indomitable, BB Duke of York, BC Renown, CLAA Royalist et Spartan, CL Bermuda et Mauritius, DD Duncan, Eskimo, Penn, Petard, Venus et Vigilant.
– TF-100 (MN) : CV Jean-Bart, BB Richelieu, CA Algérie, CLAA Duguay-Trouin et Primauguet, TB Cyclone, Mameluck et Siroco, DD Léopard, Lion, Puma et Tigre.

………
Le cap est mis à l’est, vers les Andaman, laissant envisager aux éventuels espions ou aux reconnaissances ennemies une opération contre la Birmanie ; tandis que les navires de la TF-116, chargés du train d’escadre et du ravitaillement, ont appareillé depuis plusieurs jours vers un point de rassemblement à l’écart avant de mettre le cap sur “Trocadéro”.
– TF-116 : CVE MN Dixmude ; CLAA MN La Marseillaise ; CL HMS Trinidad ; TB Bison, L’Adroit et Le Hardi, DD Chacal, Jaguar, Lynx et Panthère.
Pétroliers : MN Rhône, Niger ; HMS/RFA Cedardale, San Ambrosio, Wave King.
Provisions : MN Ile d’Aix.
Hôpital : MN Asie.
Production d’eau : HMS/RFA Bacchus.
Pièces détachées, équipages, ateliers : HMS/RFA Bosphorus, Fort Colville (air).
Navire atelier lourd : HMS Resource.
Transports : MN Ile de Batz (H), Allier, Cher ; HMS/RFA Corinda, Heron, Prince de Liege, Robert Maersk.
Combat Store (munitions): MN Rhin, HMS/RFA City of Dieppe, Kola.
Remorqueurs : 4.


Campagne d’Indochine
Le domino cambodgien
Phnom-Penh
– Un important conseil des ministres de la prétendue République khmer de Son Ngoc Thanh se tient au palais du gouvernement national. Les Cambodgiens sont supervisés par deux Japonais, l’ambassadeur du Tennô à Phnom-Penh et… le responsable de la Kempetai pour le Cambodge.
La discussion porte sur la lutte contre la « guérilla colonialiste ». Jusqu’à la libération du Laos… Non, jusqu’au retrait temporaire de l’Armée japonaise de ce royaume frère, les coups de main contre la République khmer se sont limitées à des attaques de médiocre envergure contre des avant-postes. L’ensemble des forces contrôlées par les rebelles ne devait pas dépasser dix mille paysans mal armés. Seuls les deux maquis vietminh au nord-est du pays, dans l’angle formé par les frontières du Laos et du Vietnam, disposaient de quelques FM et mortiers. Mal ravitaillés, les rebelles opéraient en groupes isolés et sans concertation.
Les troupes du régime pro-japonais, habillées d’uniformes nippons portant les marques de la République, ne disposent elles-mêmes que de fusils de 6,5 mm modèle 38, vestiges de la guerre russo-japonaise, et de quelques FM de 6,5 mm modèle 11, mais elles ont jusque là réussi sans trop de mal à maintenir l’ordre dans les villes et le long des routes.
Cependant, les choses changent… La menace des rebelles s’accroît à vue d’œil, et elle a plusieurs origines.
Jusqu’alors, par une sorte d’accord tacite, le régime pro-japonais évitait de s’en prendre directement aux maquis vietminh et ceux-ci n’agressaient pas les villes. Les heurts se limitaient aux patrouilles et aux avant-postes des deux camps. Mais depuis quelque temps, le Vietminh multiplie les actions offensives, apparemment pour sécuriser la piste Hô Chi-Minh. L’attaque de Siem Pang, à 25 km de la frontière sud du Laos, qui a été rapportée la veille, est une première au Cambodge. Pour l’instant, les objectifs des Vietnamiens restent limités à la région où ils se sont installés ; toutefois, la rupture du statu quo inquiète beaucoup Son Ngoc Than.
Un autre problème est dû aux Lao-Issaras cambodgiens. Au nord du Cambodge existe en effet une importante minorité laotienne. Cette dernière a créé sa propre version des Lao-Issaras, qui bénéficient bien sûr de l’aide de leurs grands frères du Laos. Ce n’était pas grave tant que ceux-ci avaient fort à faire dans leur propre pays, mais depuis deux mois, les Lao-Issaras laotiens ont des loisirs et ils envoient à leurs frères cambodgiens de plus en plus de fournitures militaires, en particulier des fusils Lee-Enfield d’origine peu claire (2). Du coup, les Lao-Issaras du Cambodge multiplient les attaques de patrouilles et de postes militaires tout le long de la frontière du Laos. Leurs objectifs semblent limités à la région occupée par leur ethnie, mais les contre-attaques de l’armée cambodgienne n’ont pas donné de grands résultats. Non seulement les guérilleros se fondent dans la jungle sans difficulté, mais ils n’hésitent pas à se réfugier au Laos.
Enfin, le plus grave problème, car il touche le cœur du pays : les bombardiers lourds des Colonialistes britanniques ont commencé à frapper les grandes villes du Cambodge.
Son Ngoc Than se tourne vers l’ambassadeur du Japon, vêtu d’une redingote noire et d’une fine cravate : « Honorable Suzuke-san, nous avons déjà parlé de ce problème à plusieurs reprises. Vous m’aviez laissé entendre que le gouvernement de Sa Majesté le Tennô était sensible au meurtre de mes concitoyens. Toutefois, si vos paroles amicales sont un baume pour notre population meurtrie, j’ai promis à mon peuple que le Japon nous enverrait rapidement des pièces anti-aériennes. Je l’ai même écrit dans mon journal Nagaravata. Et nous n’en avons pas reçu une seule ! Vous me mettez dans une position très délicate. »
L’ambassadeur Suzuke a pourtant fait ce qu’il a pu. Il a transmis la demande au secrétaire de la représentation japonaise en Indochine, Son Excellence Kuriyama. Celui-ci a câblé à Tokyo directement. Mais il n’a pas été soutenu par le général Andou Rikichi. Ce dernier manquait de pièces anti-aériennes, il n’allait pas dégarnir ses défenses pour les Cambodgiens. La réponse du gouvernement japonais a bien sûr promis l’envoi « dès que possible » de canons de DCA, mais le message ressemblait presque mot pour mot à celui que la République khmer avait reçu précédemment, et qui n’avait pas été suivi d’effet.
L’Indochine est un front secondaire pour l’empire du Japon. Et sur le champ de bataille indochinois, le Cambodge est loin des zones stratégiques. Cet isolement l’a jusque là préservé de toute attaque d’envergure. Toutefois, même les objectifs de moindre importance peuvent être de bonne prise s’ils ne sont pas défendus.

Personnel soignant
Dien-Bien-Phu – La journée a été épuisante pour le personnel de la base aérienne. Épervier ressemble à une fourmilière du lever au coucher du soleil. Avant même les premiers rayons, une patrouille prend l’air pour protéger la base de toute attaque aérienne. Une précaution de moins en moins nécessaire. Depuis des mois, les Japonais n’ont pas lancé de raid aérien. Les attaques à basse altitude se heurtaient à une DCA féroce. Et celles à haute altitude se retrouvaient toujours coiffées par des P-40 F ou L, capables de grimper haut grâce à leurs moteurs Packard V-1650 Merlin, ou même par des P-51. Les Japonais n’ont jamais tenté d’attaque nocturne. Dien-Bien-Phu n’est pas une grande ville illuminée, juste un assemblage disparate de cases et de hangars éparpillés au creux de plusieurs vallées, au milieu d’un véritable labyrinthe de collines. Finalement, les mauvais résultats et le coût souvent élevé de leurs attaques avaient convaincu les aviateurs nippons de l’inanité de leurs raids.
Avec la tombée de la nuit, les coolies vietnamiens vont se reposer, ainsi que la plupart des Occidentaux faisaient de même. La base aérienne n’est plus peuplée que par des mécanos en train de réparer les engins et des sentinelles qui surveillent les dépôts de munitions et les cuves de kérosène enterrées près des pistes.
En revanche, l’activité de l’hôpital ne diminue pas. Chaque place à bord des avions sanitaires devant se mériter, les blessés qui arrivent plus ou moins régulièrement sont toujours assez gravement atteints. Gravement atteints, mais chanceux ! Les plus souvent, seules les troupes françaises ou belges peuvent recourir à une évacuation sanitaire aérienne. Les forces “locales” se débrouillent…
L’hôpital est un ensemble de constructions simples groupées en carré. Un des bâtiments héberge le bloc opératoire, un autre la pharmacie, un autre loge médecins et infirmiers et un autre encore abrite quelques locaux administratifs – il en faut toujours ! Les autres bâtiments sont les salles communes des blessés et des malades. Dans chacune s’alignent des lits, prétendument séparés les uns des autres par des moustiquaires.
Grégoire Vallens n’a pas eu de chance. Il a héroïquement ramené son P-40 transformé en gruyère, l’a posé avec adresse… et l’une des jambes de son train d’atterrissage s’est repliée en touchant le sol. On l’a extrait inconscient du cockpit avec les deux jambes cassées et il a fallu lui enlever les débris de son collimateur du visage à la pince à épiler.
Et que peut faire un pilote coincé depuis des jours dans un lit, quand son voisin de droite est dans le coma et que celui de gauche est un Vietminh qui ne baragouine pas six mots de français ? Il fantasme sur les infirmières. Certes, à Dien-Bien-Phu, d’habitude, les infirmières militaires sont plus militaires qu’infirmières… Mais depuis quelques jours, une étrange poupée de porcelaine parcourt les salles. Elle s’appelle Victoire Dubois. Si elle ne portait pas l’uniforme kaki sous son tablier blanc et une coiffe sur ses cheveux blonds, elle ressemblerait à une adolescente.
Une infirmière, ça ? En plus, elle déteste faire des piqûres.
Comme chaque fois qu’elle traverse la salle, Grégoire la suit du regard. Et sous ses yeux, la jeune femme se prend les pieds dans un obstacle invisible et s’étale de tout son long, répandant le contenu de son plateau dans toutes les directions. L’infirmière reste immobile une longue minute sans répondre à Grégoire qui lui demande si elle va bien, puis elle tourne ses grands yeux verts pleins de larmes vers le pilote et gémit : « C’est votre faute ! Si vous ne m’aviez pas suivie comme ça du regard, j’aurais fait plus attention où je mettais les pieds ! »
Distraite, maladroite et de mauvaise foi. Mais tellement mignonne.



Notes
1- La tradition du 493e BS affirme que lorsque les hommes du Night Affair rejoindront la base du squadron, chacun d’eux aura pris dix livres en raison de la nourriture française servie à bord du Surcouf
2- Il s’agit sans doute d’armes saisies par les Japonais lors de la chute de Singapour et cédées à la Thaïlande. Ces fusils, d’abord stockés faute de munitions, ont par la suite disparu avant de réapparaître mystérieusement au Cambodge… avec les munitions correspondantes.
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borghese



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MessagePosté le: Dim Juil 04, 2021 18:41    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Distraite, maladroite et de mauvaise foi. Mais tellement mignonne.


Un triangle amoureux dans une ambiance digne de l'Amant, chic!
Par contre comment le caporal Kujo va-t-il se retrouver au contact de son amour perdu?
Les japonais ne semblent pas en mesure de lancer une offensive sur la base Epervier, l'inverse ne semble pas non plus en mesure de se produire...

Le Vietminh ou les forces speciales belges font des prisonniers pendant leurs raids?

Merci pour le récit.
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Wardog1



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MessagePosté le: Dim Juil 04, 2021 21:46    Sujet du message: Répondre en citant

https://www.youtube.com/watch?v=aJwEsTS1am4&ab_channel=playmakerzam
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

Larry Foulke
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