Fantasque Time Line

[DMZ]

Félix Got His Gun

Et se simplifie la vie

À la suite de la commande de ses Amiot 143 comme M.5 (multi-place de combat à cinq hommes d'équipage) au titre du Plan I de réarmement de l'Armée de l'Air, Félix Amiot décide d'en tirer une version bombardier pur (B.4) plus évoluée pour faire pièce au Savoia-Marchetti SM.79 qui est annoncé nettement plus véloce. Il s'agit aussi de répondre au Bloch MB.210, qui vient lui aussi d'être commandé en tant que BN.4 (bombardier de nuit), étant plus rapide que son appareil de 40 km/h.

Une première idée d'affiner son nez et de le doter d'un train rétractable montre que le gain de vitesse, bien que non négligeable, ne devrait donner que 350 km/h, un peu mieux que le MB.210 mais bien moins de ce qu'on sait du SM.79. Une étude plus ambitieuse et plus extrême doit être lancée.

L'idée force est de diminuer la surface frontale pour limiter au maximum la traînée. La première action consiste donc à supprimer le balcon et le couloir de communication, diminuant de près de 60 % la surface frontale du fuselage, ce qui a pour avantage annexe de supprimer le décrochage à l'arrière et donc d'améliorer grandement le Cx. Le gain de masse à vide est de plusieurs centaines de kilogrammes et la plus faible garde au sol améliorera la visibilité du pilote au roulage. Dans le même ordre d'idée, l'épaisseur des ailes est divisée par deux tandis que leur surface est amputée d'un tiers mais des volets de courbure compensent pour partie la perte de portance à basse vitesse. La finesse est améliorée et plusieurs centaines de kilogrammes sont également économisées. En contrepartie, la masse maximale est limitée à neuf tonnes pour garder la charge alaire sous la limite de 140 kg/m² au lieu de 107 sur l'Amiot 143. Malgré les plus de six cents kilogrammes gagnés sur la masse à vide, l'emport de bombes est réduit à 800 kg et le rayon d'action à 1.000 km. La défense est assurée par une mitrailleuse dorsale double de 13,2 mm installée à l'initiative de Félix Amiot et deux mitrailleuses légères dans le plancher et dans le nez.


Modifications Amiot 143 - Amiot 144 optimisé

Au total, avec les trains rentrants et le nez redessiné, la finesse a gagné 20 %. La diminution de 50 % de la surface frontale divise donc le S.Cx par deux et demi ce qui permet une vitesse maximum de 450 km/h peu après son premier vol en mai 1936 [1]. C'est un extraordinaire succès et l'Armée de l'Air, impressionnée, le commande en série à 120 exemplaires pour remplacer tous ses bombardiers moyens.

Le nouvel appareil ayant beaucoup de pièces communes avec le 143 et l'aménagement intérieur n'étant pas trop modifié à part le poste du navigateur/bombardier/mitrailleur avant, la mise en service est relativement rapide et les premiers groupes de bombardement en reçoivent à partir du milieu 1937. À la fin de l'année, six GB en sont équipés (treize appareils en ligne plus quatre en volant de réserve). Les 143 sont dirigés vers les écoles de pilotage.


Amiot 144 OTL


Amiot 144 optimisé

Deux Amiot 144 dotés de réservoirs supplémentaires à la place de la soute à bombe sont engagés dans la course Istres-Damas-Paris en août 1937 et, malgré quelques problèmes de jeunesse, l'un d'entre eux se classe à la deuxième place derrière le Savoia-Marchetti 79 des lieutenant-colonel Ranieri Cupini et Amadeo Paradisi mais devant les deux autres SM.79 italiens.

Une nouvelle version, Amiot 145, équipée des nouveaux Gnome & Rhône 14N 20/21 qui développent 1.020 cv à 4.000 m au lieu de 940 cv à 2.600 m, décolle en mars 1937 et atteint rapidement 470 km/h. La puissance au décollage permet d'augmenter la masse maximale et la charge utile remonte à 1.600 kg et le rayon d'action à 1.500 km. Malgré une mise au point un peu plus longue, six GB supplémentaires en sont dotés à la déclaration de guerre et les équipages apprécient la meilleure fiabilité des 14N et la facilité de pilotage qu'offre le surcroît de puissance.

Les Amiot 146 R équipent ensuite les GR des groupes d'armée, ils disposent de trois appareils de prise de vue et la verrière avant est plus enveloppante pour améliorer l'observation latérale. Allégés, ils sont manœuvrés par trois hommes, dotés de 14N 48/49 un peu plus puissants et encore affinés ils volent à près de 500 km/h.

L'Aéronautique navale reçoit à son tour l'Amiot 240, version quadrimoteur push-pull à long rayon d'action développée pour elle avec l'aide de Farman et pouvant parcourir 4.500 km à vide [2]. Six escadrilles de surveillance de cinq appareils chacune, basées à Calais-Mark, Lanvéoc-Poulmic, Hyères-Le Palivestre, Bizerte-Karouba, Goulimine (au sud d'Agadir) et Dakar, surveillent la Mer du Nord, la Manche, les approches de la façade atlantique et la Méditerranée occidentale. Le 240 peut être équipé de bombes classiques, de charges de profondeur ou de deux torpilles en fonction de sa mission.

[1] OTL, le 144 vola le 18 janvier 1936. Compte tenu du travail supplémentaire pour la conception et la réalisation de la nouvelle aile, le premier vol ITTL aura lieu en mai, quatre mois plus tard.

[2] La Marine préférait les hydravions à coque ou flotteurs mais disposait tout de même à l'époque de Farman de la famille F.220 dont le fameux "Jules Verne", à partir de la déclaration de guerre, qui largua 80 bombes de 10 kg sur Berlin au cours d'un vol de plus de 2.500 km à 200 km/h.

Edit : correction Amiot 143 M.5.
_________________
« Vi offro fame, sete, marce forzate, battaglia e morte. » « Je vous offre la faim, la soif, la marche forcée, la bataille et la mort. » Giuseppe Garibaldi

[Archibald]

Ah ben c'est sur il va voler beaucoup plus mieux comme ca, forcement !
Curieux de voir ou ca mene. Sedan et le Cdt De Laubier ? Le pont flottant de Floing Gaulier ?
C'est le pendant bombardier de la TL LN-161 ?

Ca me rapelle le Hampden britannique, et ces surnoms fleuris : "valise" et aussi " porte de grange volante"... mais il etait rapide et en service jusqu'en 1942...
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."

[DMZ]

[Ppblouin21]

En s'affinant encore un peu il va finir par ressembler a un 340, non?

[DMZ]

[Archibald]

[loic]

Aviafrance donne 350 km/h pour l'Amiot 144.
La valeur que tu donnes est pour la version optimisée ?
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...

[DMZ]

[DMZ]

Amiot 145 optimisé avec nouveaux capots moteurs (ceux du 351 OTL) et nez encore affiné. 500 km/h.
_________________
« Vi offro fame, sete, marce forzate, battaglia e morte. » « Je vous offre la faim, la soif, la marche forcée, la bataille et la mort. » Giuseppe Garibaldi

[loic]

[DMZ]

[Archibald]

Intéressant de comparer le 143 aux trois bombardiers anglais: Hampden, Wellington, Whitley. Pour être franc, les deux derniers sont plus gros donc seul le Hampden est assez proche de l'Amiot 143.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Amiot_143

[DMZ]

Félix Got His Gun

Et se heurte au mur des réalités

La vie d'un avionneur n'est pas un long fleuve tranquille mais ce n'est pas forcement ce qu'il recherche. Pourtant les difficultés s'accumulent en ces années troubles. Si les développements du nouvel Amiot 144 n'ont pas rencontré particulièrement de problèmes, l'environnement en a posé quelques uns qui ne furent pas aisés à résoudre alors que Félix Amiot vient juste de reprendre le contrôle de sa société après les errements de la S.G.A, Société générale d'aéronautique, montage financier beaucoup plus spéculatif qu'industriel qui dévasta ce qui restait de l'industrie aéronautique française du début des années 1930.

Alors que le premier prototype vient de faire son premier vol, l'arrivée au pouvoir du Front populaire amène un lot de déboires. La grève générale fait perdre de précieux mois dans toute l'industrie et retarde un peu les nécessaires modifications, heureusement pas si nombreuses, du nouvel appareil. Les hausses de salaires qui en découlent conduisent à de laborieuses négociations avec le ministère de l'air sur le prix des appareils. Aidé par une série relativement longue pour l'époque, 120 avions, qui permet à Félix Amiot d'optimiser ses coûts, un accord finit tout de même par être trouvé et la commande est passée à l'automne.

C'est alors que la nationalisation des usines d'armement intervient et le meccano imaginé par les services de Pierre Cot, tout comme les spéculations imaginées par les avionneurs pour en profiter, perturbent le lancement de la production. Cette nouvelle organisation industrielle contrarie la planification des approvisionnement et de la répartition de la charge de travail entre les usines d'aviation. Heureusement pour Amiot, l'existence d'une chaîne de production du 143 limite les impacts par sa reconduction à peu près telle quelle pour son successeur.

Mais la sécurité des approvisionnements n'est pas pour autant réglée. Entre les pénuries de matières premières à allouer entre tous les constructeurs et les capacités de production des sous-traitants pas toujours au niveau requis pour la rapide augmentation des cadences de livraisons demandées par le plan de rééquipement de l'armée de l'air, des retards se font jour et des appareils non finis s'entassent à la sortie des chaînes. Il faudra attendre le deuxième semestre 1938 pour que moteurs, hélices, trains, radios, viseurs... soient enfin livrés à peu près en temps et en heure en quantités suffisantes.

Alors que l'horizon s'éclaircit enfin pour la production, un dernier écueil vient ralentir la mise en ligne du bombardier dans les unités. L'armement de tous les avions de guerre doit se faire à l'EAA 301 de Châteaudun qui se voit bientôt dépassé par l'afflux des MS 406, MB.152, H-75, Po 631 et autres dont les productions décollent toutes au même moment. La chance de l'Amiot 144/145 sera d'avoir été prêt un peu avant les autres et, suivant l'adage du premier arrivé, premier servi, d'avoir un processus de mise en état "bon de guerre" plus précoce et donc moins ralenti que d'autres. Il est également aidé par la standardisation, restant le seul bombardier présent sur ce site après l'arrêt des commandes du Bloch MB.210.

À la veille des accords de Munich, les livraisons mensuelles s'élèvent à une moyenne de 25 appareils quand la mobilisation partielle, diminuant le nombre d'ouvriers qualifiés sur les lignes, la fait chuter pendant deux mois. Félix Amiot commence à employer des femmes pour le montage et met en place des écoles de formation pour palier la pénurie de main d'œuvre. Le même phénomène, avec plus d'ampleur, se reproduit à l'entrée en guerre avec la mobilisation générale. Il faudra attendre plus de trois mois pour que la production se redresse et atteigne à nouveau une quarantaine d'avions par mois.

Le volume commandé au titre du plan V est de 720 appareils dont la livraison doit s'achever à la fin 1940. Le plan VI prévoit de passer de 20 à 26 GB.4 et une commande de 240 exemplaires additionnels est passée début 1940. C'est une affaire qui roule enfin.
_________________
« Vi offro fame, sete, marce forzate, battaglia e morte. » « Je vous offre la faim, la soif, la marche forcée, la bataille et la mort. » Giuseppe Garibaldi

[Ppblouin21]

Le 143 beneficie t il de ce changement, en terme d'entretien et peut etre un changement de motorisation? un peu plus d'entrainement au bombardement de nuit puisque les 144 arrivent "en masse" combien 350 arrivent t il aussi en temps?

[DMZ]