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Le Front Russe, Janvier 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 10:12    Sujet du message: Le Front Russe, Janvier 1944 Répondre en citant

1er janvier
Plus Grand Reich
Le Führer vous souhaite une bonne année !
Berghof (Berchtesgaden)
– Tandis que le monde rentre dans une nouvelle année de conflit, Adolf Hitler fait le point, seul ou presque dans sa résidence, en compagnie de ses deux bergers allemands, Blondi et Bella. Après les agapes de la veille – si l’on peut dire, car i n’a jamais été vraiment du genre à festoyer – le dictateur profite de l’instant pour une pause méditative bienvenue, alors que les convives sont déjà presque tous repartis et qu’Eva s’occupe elle-même des tâches ménagères comme toute Deutschefrau devrait le faire, en dirigeant la domesticité SS. A moins qu’elle ne joue avec ses propres chiens, les terriers Negus et Stasi. Le Führer, lui, ne peut tout de même pas mettre en permanence la main à la pâte… ni à la patate, comme hier soir, quand il a épluché les tubercules comme tout le monde (1).
Hier, justement, les invités étaient Bormann, les époux Goebbels, un ou deux généraux de la Heer bien en cour, Picker et Speer – le seul qui ose de temps à autre essayer de l’interrompre durant ses interminables monologues, où il prend plaisir à exposer ses idées d’une manière grandiloquente à un auditoire souvent plus éduqué que lui, mais néanmoins réduit au silence durant une à deux heures (2). Pas de Göring cette année, par contre – la Luftwaffe n’est pas exactement populaire auprès du Guide ces temps-ci. Quant à Himmler, même ReichsFührer-SS, il n’a rien d’un ami !
Toute considérations idéologiques et raciales mises à part, Hitler n’est assurément pas un imbécile. Et en ce 1er janvier 1944, il conserve encore un certain contact avec la réalité du Reich. Laquelle s’assombrit assurément chaque jour sous les coups de boutoirs des alliés de l’Est et de l’Ouest. Le Führer sait, au fond de lui, que l’année 1944 sera pis que rude et que la survie de l’Allemagne est en jeu. Il faut donc redoubler d’efforts, et croire encore plus fermement en la victoire. En rédigeant ses deux traditionnelles adresses de Nouvel An, à destination du peuple allemand et de ses forces armées, il ne manquera pas d’y revenir longuement.
Aussi, après avoir exhorté ses « chers Volksgenossen » à « ne pas perdre foi en l’avenir, croire en leurs chefs, et faire face à la lutte la plus difficile pour le futur de notre Volk avec le plus grand fanatisme », il se tourne vers son armée…
« Soldats !
La signification décisive et mondiale de la guerre que nous menons aujourd’hui est claire pour le peuple allemand : une lutte sans merci pour l’existence ou l’inexistence. Pour la vie ou la mort ! Car le but de la conspiration internationaliste juive n’est rien d’autre que l’extermination de notre Volk.
Quand j’ai annoncé ce fait en 1939, certains d’entre vous ont peut-être cru que j’exagérais. Dans les années qui ont suivi, d’autres ont pu penser qu’il s’agissait là de propagande bavarde. Mais aujourd’hui, plus personne ne peut douter des intentions de nos ennemis ! Elles n’ont pas seulement été prouvées par les annonces de leurs organes de presse, mais aussi confirmées par les déclarations mêmes de leurs hommes politiques et par les préparatifs politiques que nos ennemis affectent déjà de faire pour l’après-guerre. Le judéo-bolchévisme de l’Est rejoint dans ses objectifs assassins les buts du judéo-capitalisme ouest-européen. Leur plan est de réduire en esclavage toutes les Nations. Monsieur Churchill a déclaré que tout l’est de l’Allemagne devrait être cédé à la Pologne – donc à l’Union Soviétique : non seulement la Prusse orientale et Dantzig mais aussi la Silésie et la Poméranie. Son laquais De Gaulle veut nous arracher une fois encore l’Alsace, la Lorraine et sans aucun doute la Sarre ! Tous deux écartent d’un revers de la main les immenses problèmes que poseraient ces annexions pour les populations locales : ils espèrent bien, avant leur arrivée, faire mourir sous les bombes au moins six millions d’Allemands, hommes, femmes et enfants, avant de placer le peu qu’il restera sous leur contrôle direct. Ce projet correspond exactement aux termes du programme de la maison juive stalinienne, dont le prophète haineux Ehrenburg annonce chaque jour que le peuple allemand doit être écrasé et massacré. C’est aussi le plan du cabinet américain et de son chef le juif Morgenthau.
Ces viles pensées ne sont pas une surprise pour moi. Elles ont toujours prévalu chez nos ennemis. C’est pour s’y opposer que j’ai rendu le Volk allemand si fort et si résistant. A l’intérieur comme à l’extérieur, afin d’avoir la force de défendre sa propre vie. Voilà bientôt cinq ans que nous luttons pour notre existence. Peut-être la sixième année sera-t-elle encore plus rude. Mais il est déjà clair que l’apogée du conflit est passé.
Car il est aujourd’hui tout aussi évident que le peuple allemand et son armée résistent avec succès aux tentatives ennemies pour nous écraser, en dépit de plusieurs crises et de plusieurs revers. Cette année, nous réussirons encore une fois à briser les offensives ennemies et à parer leurs coups. Si peu de revers nous ont été épargnés dans cette lutte glorieuse, c’est avant tout parce que nous luttons, non seulement pour l’avenir de l’Allemagne, mais aussi pour celui de toute l’Europe, et pour des buts qui ne concernent pas exclusivement notre Volk, mais aussi nos alliés européens.
Depuis l’effondrement de l’armée italienne et sa quasi-dissolution sous l’effet du parjure dans la conduite conjointe de la guerre par la maison royale italienne et de son coup d’état contre le fascisme italien, jusqu’à la pathétique tentative de coup de poignard dans le dos des Bulgares, on peut tracer une ligne droite. Celle de la trahison. Une ligne qui se prolonge avec la récente et pitoyable capitulation de la monarchie roumaine. Les conséquences pour la conduite politique et militaire de la guerre ont évidemment été graves.
Mais ces turbulences ne démontrent qu’une seule chose : le Volkstaat en lui-même demeure inattaquable, inaltérable et invincible. Comme je vous l’ai dit dans ma déclaration du 1er septembre 1939, et comme je vous le confirme encore aujourd’hui, le peuple allemand ne peut être vaincu par la force des armes ni du temps, et Novembre 1918 ne se répètera jamais ! Cette résolution, mes soldats, implique de lourds sacrifices pour tout le Volk allemand et, évidemment, pour vous en premier. Mais c’est à ce seul prix que nous sauverons l’avenir de notre Nation. Une nation certes durement frappée et qui doit beaucoup endurer aujourd’hui, mais qui ne peut renoncer, car un renoncement ne signifierait rien de moins que la disparition de tous nos droits à une vie dans le futur.
Mes soldats ! Je connais vos souffrances et vos sacrifices. Je sais ce que je vais devoir vous demander et ce qui vous est déjà demandé. Le Destin m’a imposé – à moi, qui espérais simplement construire une Allemagne sociale et culturelle – la plus difficile tâche concevable pour un être humain. Je porte ce fardeau en mesurant la gratitude que je dois à la Providence, car Elle m’a jugé digne d’accomplir cette tâche immense dans l’Histoire de notre Peuple, de mener à bien un travail qui décidera de son avenir.
Depuis un an, j’ai vécu uniquement avec à l’esprit les préparatifs d’une action qui nous permettrait de passer de la défensive à l’offensive. Il était bien évident que la Forteresse Europe ne pouvait être défendue, dans sa totalité, que par les forces allemandes. Nous avons donc été forcés, victimes de la trahison de nos alliés, de nous retirer de fronts entiers, et d’en raccourcir d’autres. Cependant, nous n’avons jamais reculé sans offrir la plus féroce résistance. Nos ennemis doivent savoir que chaque mètre qu’ils prétendent franchir en direction de l’Allemagne leur coûtera du sang et qu’ils ne peuvent escompter de notre part le moindre relâchement ou le moindre abandon.
Ce que vous, mes soldats, avez accompli sur tant de fronts, au sol, sur l’eau, sous l’eau et dans les airs, est surhumain. Les sacrifices consentis par le front intérieur – et spécialement par les femmes, les vieillards et les enfants, ne le sont pas moins. Et finalement, nous devons tous aux travailleurs et travailleuses allemands, aux paysans et particulièrement aux paysannes allemandes, de faire tout ce qui est notre pouvoir pour que ces sacrifices ne soient pas vains. C’est notre devoir sacré de soldats.
Dans cet esprit, j’ai moi-même enduré des tracas sans fin ces dernières années, j’ai travaillé, je me suis torturé l’esprit pour prendre des décisions difficiles – et je suis aujourd’hui plus que jamais convaincu que cette lutte s’achèvera sur un succès glorieux et unique dans notre histoire.
Qui a remporté d’aussi belles victoires que vous, mes soldats, qui n’a pas été brisé par de terribles revers, qui a si héroïquement enduré et souffert comme notre nation elle-même, qui a si diligemment travaillé pour notre Volk, ne peut être destiné à périr, mais bien à vivre ! Pour cela, ma confiance est plus forte que jamais. Nous avons survécu avec succès à la pire année de ce conflit, qui nous a vus abandonnés par presque tous nos alliés en Europe. Seul le Royaume de Hongrie se tient encore véritablement à nos côtés – signe s’il en fallait de la vitalité des vieux peuples européens. Cet Etat, déjà lié autrefois à l’Allemagne par une union politique, saura sans aucun doute demain tenir encore son rang avec fidélité et honneur.
Les puissances mondiales tentent depuis des années maintenant de détruire le Reich. Et chez nos anciens alliés, désormais pays félons, les populations commencent à peine à comprendre que cette lutte pour la vie ou la mort ne permet pas l’indécision. Partout, le vide et l’absence de sens des propositions de nos ennemis se révèlent d’eux-mêmes. Sitôt que ceux-ci occupent un pays, le chaos et l’effondrement s’installent. La démocratie est incapable d’accomplir la moindre petite tâche sur ce continent – son anarchie politique est logiquement suivie d’un chaos économique, générateur de misère. Les zones soi-disant libérées d’Europe ont perdu leur ordre allemand, remplacé par un chômage de masse provoquant famine et besoin. Car le continent le plus densément peuplé ne pouvait évidemment survivre que par une planification rigoureuse de ses énergies, et par la répression stricte de toutes les tendances égoïstes. Seuls deux gouvernements en Europe ont véritablement réussi à résoudre ces problèmes : le national-socialisme allemand et le fascisme italien. Et le fait que ces solutions aient particulièrement réussi en Allemagne tient bien évidemment avant tout à la traditionnelle discipline dont nous pouvons nous prévaloir, malgré la lourde charge de longues années de conflit. Je continuerai à faire tout mon possible, mes chers soldats, pour qu’à la maison, la direction du Parti et le sens de l’initiative de ses membres soutienne votre combat, pour que notre nation puisse satisfaire ses besoins vitaux, et pour que les forces destructrices qui la menacent, quelles qu’elles soient et quel que soit le poste qu’elles occupent, soient éliminées.
Cependant, j’attends aussi de vous, et plus que jamais, que vous fassiez votre devoir dans cette nouvelle année de lutte pour la vie et la mort, que les officiers et soldats de la Heer, de la Kriegsmarine, de la Luftwaffe et de la Waffen-SS réalisent que l’existence ou l’inexistence de leur Volk dépend de leur service. Que toutes les nouvelles organisations – du Service du Travail du Reich jusqu’aux nouvelles formations auxiliaires au service de la Wehrmacht, comme par exemple celles des femmes et filles présentes sur les fronts combattants ou intérieurs, suivent votre exemple. Cette année 1944 nous demandera à tous du courage comme de l’initiative. Dans le même temps, elle sera aussi l’année des retournements historiques. Les soldats des gouvernements européens alliés et des autres nations marchant à nos côtés constituent les bases d’un nouveau départ pour notre continent, pour notre terre partagée, celle où nos ancêtres ont vécu, celle pour laquelle ils ont lutté face au destin pendant un millénaire, et celle qu’aujourd’hui ils défendront jusqu’à la mort.
Le Tout-Puissant, qui a guidé notre Peuple dans sa précédente lutte pour la vie et qui a jugé, et récompensé chacun selon ses mérites, jugera plus tard cette génération digne de Ses bénédictions. Vous étiez les témoins ineffaçables des années passés, mes soldats allemands. Vous serez bien plus que cela dans l’année qui vient !
Adolf Hitler »



2 janvier
Front de l’Est
Prévisions pour la nouvelle année
Wolfsschanze (Rastenburg)
– Dans la “Tanière du Loup” aussi, l’ambiance semble avoir retrouvé un genre de sérénité : outre le calme actuel sur le front, l’absence d’Hitler contribue à un certain apaisement à l’OKH, qui peut désormais établir en bon ordre ses prévisions pour la prochaine campagne. Même si les rumeurs de remaniement vont bon train – chacun sait que Manstein est toujours plus sur la sellette… Et même si la situation stratégique sur l’Ostfront reste ce qu’elle est.
Car, n’en déplaise aux proclamations hitlériennes, l’année 1943 s’est bel et bien achevé sur autre chose que des trahisons et des « replis stratégiques » – la Wehrmacht a subi plusieurs désastres, en Ukraine notamment, qui ont largement entamé son potentiel humain déjà fragilisé par les défections italienne et roumaine. Dans ce contexte, la levée Rheingold n’a pas tenu toutes ses promesses : il a fallu réduire le format des divisions afin de compenser les pertes, les faisant ainsi passer à 7 bataillons. Soit, en gros, les deux tiers de leurs effectifs d’avant Barbarossa. La vérité se fait jour peu à peu : le Reich n’arrive tout simplement plus à combler ses pertes, et doit faire feu de tout bois, en mobilisant tout ce qui lui tombe sous la main.
Pendant ce temps, sur le front de l’Ouest, Nordwind n’a pas permis de rejeter à la mer les Franco-Américains. Avant même que le retour du beau temps permette à l’aviation alliée de briser définitivement l’attaque conçue par Rommel, les combattants sur le terrain s’étaient aperçus que les blindés adverses étaient plus efficaces que prévu, l’infanterie adverse plus combattive que prévu et l’artillerie adverse encore plus… généreuse que prévu.
Bref, c’est peu dire que l’année 1944 s’annonce effectivement difficile ! Il a donc fallu faire des choix : en présence du Führer, et aussi (parfois…) sans lui. Sur le Front de l’Est, l’OKH a renoncé à prendre l’initiative. Il est désormais simplement à la recherche d’une bataille défensive décisive qui lui permettra de stopper les Rouges pour au moins six mois afin de pouvoir concentrer les forces allemandes face aux Occidentaux – quitte à négocier ensuite avec eux ! Cette optique conduit naturellement l’état-major nazi à tenter de prédire où le Russe portera son prochain coup. Lequel sera bien sûr brutal, massif et sans subtilité – ce sont des Slaves tout de même, certes nombreux et vigoureux, mais des Slaves néanmoins ! Ceux-ci ont d’ailleurs eux-mêmes encaissés des pertes considérables en 1943, surtout lors de leurs propres offensives. Ils ne pourront évidemment pas fournir un tel effort dès le début de l’année 1944 !
En résumé, dans la “Tanière du Loup”, le jeu stratégique favori du moment consiste donc in fine à conjecturer sur des cartes où et quand aura lieu cette fameuse bataille d’arrêt – ceci afin d’accumuler le maximum de réserves, qui permettront ensuite de l’emporter dans le secteur visé. Réserves blindées et mobiles s’entend – avec la perte (sûrement temporaire) des puits de pétrole roumains, imparfaitement compensée par la production d’essence synthétique et celle du pétrole hongrois, la motorisation des divisions d’infanterie est de plus en plus médiocre. Mais heureusement, les usines d’armement du Reich tournent à plein régime ! Modulo ces petits désagréments pétroliers, le Landser ne manque donc de rien – sauf dans certains secteurs secondaires, qu’on se le dise. La Luftwaffe a certes un peu plus de mal – elle n’a plus guère de bombardiers et manque de personnels entraînés… Mais tout le monde sait que cette arme est maintenant en déshérence.
Donc, l’Armée Rouge mettant à profit tous ses atouts, l’attaque prévue bénéficiera de la supériorité numérique ainsi que d’un appui aérien massif. Où aura-t-elle lieu, pour exploiter au mieux ces avantages ? Sans aucun doute en Ukraine. Si l’Armée Rouge parvenait à forcer le verrou de Loutsk voire celui de Lvov, elle disposerait ensuite d’un véritable charodrome pour filer jusqu’à Varsovie au nord-ouest (voire Budapest au sud-ouest), sans que rien ni personne ne puisse l’arrêter. Elle a déjà tenté le coup en septembre dernier. Elle le retentera sans doute cette année. C’est ce que la Wehrmacht ferait à sa place, d’ailleurs.
C’est pleinement logique : avec la barrière des Carpates désormais solidement en place – on a vu son efficacité en octobre – l’assaut ne saurait venir du sud. Et pas davantage du nord : la Lettonie, c’est le chemin le plus long, tandis que le terrain de Biélorussie est toujours aussi infâme et peu propice aux offensives ! A ce sujet, personne à Rastenburg n’oublie la magnifique victoire de Rommel sur les rives de la Drut et du Dniepr en septembre dernier – l’une des rares dont l’Ostheer puise se vanter en 1943.
C’est donc évidemment en Ukraine que se jouera l’avenir du Reich. Et c’est en Ukraine, au centre, que les panzers vont se rassembler – selon un mouvement entamé dès la fin 1943, et en laissant à l’infanterie seule le soin de tenir les flancs. D’ailleurs, les reconnaissances sont formelles – de vastes mouvements de troupes ont lieu actuellement dans la région de Ternopol. L’analyse théorique est ainsi magnifiquement confirmée par les faits.
Quoiqu’il en soit, au vu de la saison et des délais de préparation nécessaires, on n’attend pas l’assaut rouge avant février.


3 janvier
Front russe
Des cadeaux pour le Nouvel An
Biélorussie
– Les Allemands ont bien raison de dire que les Soviétiques ne restent pas inactifs. L’ennui, c’est que ce n’est pas le cas exclusivement en Ukraine. En effet, sur les 1er et 2e Fronts Biélorusses – déployés depuis Souvorov du nord de Vitebsk jusqu’à Retchytsa – face à Gomel, les arrières bruissent d’une activité frénétique. Oh, pas davantage que plus au sud, sur les Fronts Ukrainiens – pour autant, bien sûr, que le terrain permette aux reconnaissances aériennes d’en juger. Mais au sol et de l’intérieur des lignes russes, il y a des signes qui ne trompent pas : importants mouvements de troupes rameutées d’ailleurs, préparation de positions d’artillerie, discrètes patrouilles de reconnaissance, livraison de nouveaux matériels…
Et peut-être surtout, passage régulier d’un important visiteur : Gueorgui Joukov, que l’on voit littéralement partout. Il inspecte à grandes enjambées tous les bunkers d’état-major, toujours entouré de ses deux gorilles sibériens, avant de reprendre inévitablement en hâte sa Gaz ou son avion en direction de Vitebsk ou de Gomel, où les généraux de Front Sokolovski et Rokossovski ont déployé leurs quartiers généraux. Pour l’homme de troupe, une agitation pareille ne peut signifier qu’une chose…

Tankiste (Evgeni Bessonov)
Nouvelle monture

« Avec la nouvelle année, nous avions dû finalement laisser notre vieille et glorieuse “Pobieda !” à d’autres camarades – évidemment, cela ne s’était pas fait sans une pointe de regret, et le souvenir de la mort d’Alexandr comme de tant de camarades n’était pas parti avec l’acier. Nous l’aimions bien, notre Victoire à nous – elle ne nous avait jamais laissé tomber. Et son canon de 76 mm non plus – Andrei pouvait en témoigner.
Avec le temps, lui et Sasha ont appris à se connaitre, voire à se respecter. L’ancien chef de char impétueux a fait place à un chargeur appliqué et particulièrement fiable, quoiqu’un peu éteint. Cependant, cela convient bien à notre pointeur, aussi talentueux et expansif que d’habitude.
Bref – après la Victoire, place à notre plus modeste – mais aussi plus récent n° 33 “Stalingradskiy traktornyy zavod”. Ce qui est un nom tout de même un peu long, mais qui rend un hommage bien mérité aux ouvriers qui nous l’ont offert. Ce T-34/85 plaît à notre chauffeur Fiodor – “Stalingradskiy” emporte un peu plus de carburant et il est un peu mieux blindé à l’avant . Et tout autant à moi : je bénéficie d’une tourelle plus large, avec cette fois un vrai téléphone fonctionnel et surtout un pourvoyeur – lequel me permettra enfin de faire autre chose qu’ouvrir des casiers pour passer les obus à Sasha. Ce pourvoyeur est un gros joufflu souriant qui nous vient de la péninsule de Kola, et plus précisément d’un village perdu à la frontière finlandaise (Alakourtti je crois). Il nous parle beaucoup de ses forêts et lacs oubliés – ce qui agace parfois un peu Andrei – mais aussi et surtout de son expérience passée. En effet, Nikita est tout sauf un débutant. Pour être précis, il a servi au 1536e Rgt de Chasseurs de Chars lourds, dont les SU-85 ont bravement combattu aux environs de Korosten. Un chasseur des forêts, un vétéran – un survivant. Je sentais déjà qu’il allait bien nous servir, durant notre prochaine campagne. Lui et notre nouveau canon ! »
(Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge, Evgeni Bessonov, Skyhorse 2017)



Notes
1- Menu de réveillon : bouillon, œufs et légumes (sic) – rappelons que le Guide est résolument végétarien.
2- Ceux-ci – dûment consignés par une succession de secrétaires ou de proches tels Heinrich Heim, Henry Picker et Martin Bormann – seront publiés par la suite. Bien que considérés aujourd’hui comme globalement authentiques, ils n’apportent que peu d’éléments utiles à l’historien, car Hitler radote et s’écoute parler constamment ! Jusqu’à Magda Goebbels, pourtant peu suspecte de critique à son encontre, qui déclarait à l’époque : « C’est toujours Hitler qui parle. Tout Führer qu’il est, il ne fait que se répéter et ennuie ses invités. » Albert Speer, lui, parlera plus tard d’un « amas d’absurdités décousues (…), signe classique d’un Besserwisser [“Monsieur je-sais-tout”]. Son esprit était encombré d’informations sans importance, voire carrément fausses, sur tous les sujets. Je pense que c’était là une des raisons pour lesquels il conservait auprès de lui autant d’idiots – son instinct lui soufflait assurément que des personnes éduquées ne pouvait subir éternellement pareils épanchements. »
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Etienne



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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 11:11    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Tandis que le monde rentre dans une nouvelle année de conflit, Adolf Hitler fait le point, seul ou presque dans sa résidence, en compagnie de ses deux bergers allemands, Blondi et Bella. Après les agapes de la veille – si l’on peut dire, car i n’a jamais été vraiment du genre à festoyer –


Citation:
Toute considérations idéologiques et raciales mises à part, Hitler n’est assurément pas un imbécile.


Citation:
Vous étiez les témoins ineffaçables des années passés, mes soldats allemands. Vous serez bien plus que cela dans l’année qui vient !


Citation:
Ceux-ci ont d’ailleurs eux-mêmes encaissés des pertes considérables en 1943, surtout lors de leurs propres offensives.

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houps



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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 12:23    Sujet du message: Répondre en citant

C'est sympa d'en laisser pour les copains !
2 janvier
Front de l’Est
Prévisions pour la nouvelle année
Wolfsschanze (Rastenburg)

"...Car, n’en déplaise aux proclamations hitlériennes, l’année 1943 s’est bel et bien achevé sur autre chose que des trahisons et des « replis stratégiques »...
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Tyler



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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 14:31    Sujet du message: Répondre en citant

La mention du plan Morgenthau est peut être précoce.
En effet, elle ne fuite dans la presse qu'après la conférence des Bermudes (équivalent FTL de la seconde conférence de Québec) fin janvier-début février.
Sinon comme d'habitude, c'est de la belle ouvrage Applause
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 14:59    Sujet du message: Répondre en citant

Juste Tyler. Merci à toi - tu n'a pas idée de la douleur que c'est à traduire ... Et je parle intellectuellement, pas techniquement !
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juin 11, 2021 20:44    Sujet du message: Répondre en citant

En revanche, on sait à Berlin que Morgenthau ne porte pas l'Allemagne dans son cœur…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Juin 12, 2021 10:39    Sujet du message: Répondre en citant

4 janvier
Front de l’Est
Fragilisation
Biélorussie
– Selon les réflexions actuellement en vogue à Rastenburg, et toujours afin de se préparer à contrer l’offensive soviétique prévue ce printemps, la 12. Panzer (Erpo von Bodenhausen) quitte elle aussi le Heeresgruppe Mitte pour prendre le chemin de Rovne. Cette unité va rejoindre au HG NordUkraine la 11. Panzer, venue de France – laquelle pourra sans doute paradoxalement profiter du calme inattendu qui règne actuellement sur le Front de l’Est pour se “reposer” un peu.
Décidément, le GA Centre n’en finit pas de perdre ses forces mécanisées… Son chef, le très-nazi Ernst Busch, n’y voit cependant rien à redire – après tout, le FührerPrinzip est ce qu’il est ! Et puis, tout n’est pas négatif… La preuve, l’OKH lui envoie une formation pour remplacer la 12. Panzer : la 60. Panzergrenadier Feldernhalle (Otto Kohlermann), équipée de Panzer et Jadgpanzer IV. Le fait que cette division ait été littéralement étrillée lors de Nordwind et qu’elle doive elle-même faire un détour par l’Allemagne pour reconstitution – avec des chars neufs… et de nouvelles jeunes recrues bien vite jetées sur le front – ne l’inquiète pas davantage. De toute façon, tout le monde dit que les Russes ne viendront pas chez lui, alors…


5 janvier
Front russe
Maskirovka
Biélorussie et Ukraine
– Pour l’Armée Rouge aussi, les redéploiements se poursuivent : la 2e Armée de Choc (K.N. Galitsky) et la 4e Armée de la Garde (I.N. Muzychenko) rejoignent respectivement les 1er et 2e Fronts Biélorusses. Ces deux excellentes unités, qui ont brillé d’un vif éclat lors de Roumiantsev ou dans les combats autour de Bar, ne seront remplacées en Ukraine que par la très modeste 65e Armée (I.V. Boldine). Celle-ci vient d’être formée – il est donc douteux qu’on l’engage immédiatement, n’est-ce pas ?


6 janvier
Front de l’Est
Maskirovka
Biélorussie
– Alors que la neige paraît déjà avoir figé le front, la météo décide de jeter un lourd manteau de nuages sur la Biélorussie. Une forte dépression frappe durement la région ; elle empêchera presque toutes les reconnaissances dans ce secteur durant plusieurs jours.


7 janvier
Front de l’Est
Maskirovka
Ukraine
– La dépression qui touche la Biélorussie est notablement moins forte au-dessus de l’Ukraine, permettant ainsi aux Fw 189 et aux Junkers 88 de la Luftwaffe d’aller jeter un coup d’œil sur les arrières du front ukrainien. Ils en reviennent très impressionnés de ce qu’ils y ont vu – et la perspective d’une offensive en Ukraine de se matérialiser chaque jour davantage aux yeux des Allemands.


8 janvier
Opérations Bagration et Vistule-Varsovie
Matriochkas
Kremlin (Moscou)
– Dans le bureau du tsar rouge, il y a beaucoup de monde ce matin ! Les plus grands chefs de la Stavka : les maréchaux Gueorgui Joukov et Aleksandr Vassilevski, bien sûr. Le général Sergeï Chtemenko, chef de l’état-major général, évidemment. Et même Aleksei Antonov, chef des opérations officieux et suppléant de Chtemenko. C’est que le sujet est d’importance : il s’agit tout simplement de fixer une fois pour toute le programme d’offensives hivernales de l’Armée Rouge ! Hivernales, car contrairement à ce que pensent les Allemands, les Soviétiques n’attendront pas le printemps.
Ces premières attaques ont d’ailleurs des objectifs pour le moins ambitieux, que résume justement le général Antonov, sa baguette glissant sur une grande carte : « Détruire le dispositif allemand en Biélorussie, par une attaque massive mais menée en profondeur : ce sera Bagration.
Disloquer le front balte en contraignant l’ennemi à choisir entre une retraite précipitée et un encerclement en Lituanie. Ce sera l’exploitation de Bagration. Celle-ci sera notamment confiée à la 3e Armée de Chars de Pavel Rybalko, filant au nord de Minsk, tandis que la 1ère Armée de Chars de Mikhail Katukov suivra une route parallèle passant par Sloutsk, longeant les marais du Pripiat.
Une fois l’aile gauche de l’ennemi irrémédiablement déstabilisée, enchaîner immédiatement avec une offensive préliminaire dans le nord de l’Ukraine, en direction de Rovne. Ce sera la préparation de l’opération Vistule-Varsovie, confiée au 3e Front Ukrainien et au 3e Front Biélorusse, qui aura pour but d’achever la rupture du dispositif adverse.
Enfin, une fois que les Fascistes penseront avoir rétabli la situation au nord, déclencher Vistule-Varsovie. Cette opération, menée par les deux fronts déjà victorieux lors de Roumiantsev, a pour objectif, comme son nom l’indique, d’entrer en Pologne et de prendre Varsovie, si possible en isolant la Prusse orientale et en y encerclant les Fascistes qui auront survécu à la destruction au nord. »

C’est au maréchal Joukov de conclure : « Cette immense offensive, organisée selon le concept des opérations à tiroirs qui a commencé à faire ses preuves lors de l’enchaînement Koutousov-Roumiantsev [Joukov évite de parler de Souvorov… ], devrait logiquement disperser les réserves ennemies, contraintes de courir en permanence d’un secteur à un autre, sans avoir aucune possibilité de souffler ou même de se réorganiser. Ayant totalement perdu l’initiative, son dispositif tronçonné au-delà de toute réparation par nos pointes offensives, ses armées sur le front encerclées ou au moins débordées, la Wehrmacht sera incapable de se rétablir et devra se retirer ou être détruite. Nous pouvons assurément envisager la libération de la quasi-totalité du territoire de l’Union pour le début du mois d’avril. »
On s’en doute, Staline apprécie ce discours. De surcroît, venant de son état-major, il sait que cette prévision n’a rien d’un fantasme irréaliste. Ainsi énoncé, ce vaste plan semble élémentaire – on pourrait croire qu’il s’agir simplement d’écraser la Wehrmacht sous le poids d’une offensive majeure. Pourtant, l’élaboration de Bagration (sans parler de Vistule-Varsovie) a été des plus complexes. Elle a même commencé au mois d’octobre 1943.
Le maréchal Joukov, du reste, n’y a guère pris part, occupé qu’il était alors par les opérations en Ukraine puis en Roumanie [De fait, selon les carnets de visite du Kremlin, on ne trouve aucune trace d’un passage de Joukov entre le 27 octobre et le 1er décembre 1943 !]. Il le reconnaitra lui-même à demi-mot dans ses mémoires : « Volant vers Moscou, j’étudiais les derniers renseignements émanant des Fronts. J’étais toujours plus convaincu que, le 28 décembre 1943, la Stavka avait pris une décision judicieuse lorsqu’elle s’était fixé comme une de ses premières missions pour l’hiver 1944 de battre le groupement allemand en Biélorussie. » Or, le 28 décembre, seuls Antonov et Chtemenko étaient présents dans la capitale, pour évoquer le sujet lors d’une réunion préparatoire en présence de Staline. Un point qui, d’ailleurs, a pu lui servir – après tout, Bagration signait en quelque sorte un retour à la stratégie centrale chère au maréchal… mais plus vraiment bien vue du maître du Kremlin.
D’ailleurs, au fond, à qui l’URSS doit-elle la conception de cette opération ? Le Vojd, bien plus tard, accordera la paternité collective de Bagration « à l’état-major central, sur la base de propositions faites par des commandants de Front qui connaissaient la situation en détail. » Les commandants en question étant sans aucun doute Joukov et Vassilevski, qui auraient tous deux « envoyé leurs idées quand ils commandaient les fronts ukrainiens. » Vassilevski, lui, fera plutôt remonter l’idée originelle au mois de septembre, en ajoutant à ses principaux initiateurs Konstantin Rokossovski. Selon Sergeï Chtemenko, ce dernier aurait initialement plaidé pour une double frappe : d’abord, partant de sa gauche, son 2e Front Biélorusse aurait visé Salihorsk puis Baranavitchy, de façon à couper la retraite vers la Pologne aux Allemands. Ensuite, le 1er Front Biélorusse serait parti de Vitebsk pour atteindre Maladetchna, au nord de Minsk, puis les bouches du Niémen, enfermant ainsi l’intégralité du HG Mitte !
Ce premier plan peut effectivement sembler proche, dans ses modalités tactiques, de l’exposé que vient de faire le général Antonov. Toutefois, il avait été rapidement rejeté par Joukov. D’abord pour des raisons logistiques – commencer une offensive en attaquant dans les marais du Pripyat ne semblait pas une très bonne idée – mais aussi et surtout pour des raisons de portée stratégique. Car, ainsi qu’il l’énonce aujourd’hui, le maréchal ambitionne bien davantage que d’arracher puis de digérer dans les forêts un gros morceau de l’Ostheer, au secours duquel Berlin aura tout le temps d’envoyer ses réserves blindées. Fidèle à sa doctrine d’opérations en profondeur, il veut désormais disloquer et détruire l’intégralité du dispositif allemand, pour rejeter irrémédiablement l’envahisseur en Pologne. De ces considérations complexes – et pas si éloignées, du reste, de son plan d’attaque préventive établi en 1940-1941 – est finalement né le vaste ensemble d’offensive à tiroirs “Bagration” et “Vistule-Varsovie”. Un dispositif immense, présenté, repris, critiqué, amendé lors de pas moins de sept séances de travail consécutives, et dont celle qui se tient à présent ne constitue que la conclusion ultime.
– En résumé, Camarade Maréchal, nos forces reconcentrées disposent désormais le long de la Drut et du Dniepr de 1,5 million d’hommes, 2 500 chars, 25 000 pièces d’artillerie, 2 000 avions. La supériorité de nos forces, couplée à notre plan d’opération minutieusement établi, rend la victoire plus que probable.
– Sans doute, sans doute Gueorgui Konstantinovitch ! Et si les fascistes font monter des réserves ? Et s’ils en ont déjà sur place ?

Question rhétorique. Vassilevski a déjà la réponse : « Notre maskirovka ne tient pas qu’au camouflage. Elle tient aussi à la préparation de Vistule-Varsovie. Hypnotisés par l’Ukraine, où ils nous attendent en nous voyant nous agiter, les Fascistes n’imaginent pas nos préparatifs au nord. Et quand ils rameuteront en catastrophe leurs panzers pour nous arrêter, nous frapperons au sud.
– Oui, oui. Une opération à double détente, qui permettra de s’assurer que le seul atout qui reste à notre ennemi ne soit jamais là où il le lui faudrait. J’ai bien compris.

Un silence. Chacun comprend que les débats ont atteint leur terme. Il faut prendre une ultime décision.
– Quelle date suggérez-vous, Camarades ?
– Pour Bagration, le 17 janvier, répond Antonov.
– Si tard, Camarade général ?
– Cela nous permettra de parfaire nos préparatifs, tout en mettant à profit le mauvais temps pour camoufler nos positions.
– Bon. Et Vistule-Varsovie ?
– Probablement à la mi-février, selon les résultats de Bagration et les conditions météo.
– C’est bon. J’accepte vos suggestions. Reste simplement un dernier point. Gueorgui Konstantinovitc, Alexandr Mikhaïlovitch… Qui pour coordonner Bagration ? Et Vistule-Varsovie ?
– Avec votre permission, je me chargerai des fronts biélorusses. Le maréchal Vassilevski pourra confier le 1er Front Ukrainien au général Petrov, par intérim, et s’occuper de l’opération polonaise.
– Parfait. Camarades, ne décevons pas notre mère la Russie !

Bien plus tard, lors du tournage du film de propagande stalinienne La Chute de Berlin (Mikhaïl Tchiaourelli, 1949), cette conversation sera reprise pratiquement in extenso par les dialoguistes, grâce aux archives du Kremlin. A ceci près que ce sera Staline qui dirigera les débats, face à une Stavka aussi silencieuse qu’attentive, et de surcroît amputée d’un maréchal Joukov littéralement effacé de l’Histoire !


9 janvier
Front de l’Est
Maskirovka
Biélorussie
– Le mauvais temps se prolonge au-dessus du front de la Drut et du Dniepr. La situation reste calme. Cela ne dit rien de bon aux vétérans allemands, lesquels répètent aux jeunes recrues : « Il fait un temps de Russe ! » Mais il n’y a aucun général pour les entendre.


10 janvier
Front russe
Maskirovka
Biélorussie
– Il a beau pleuvoir et neiger, les frontovikis poursuivent leur activité frénétique à l’arrières des fronts biélorusses, afin d’être prêts pour l’offensive qui s’annonce (même si, pour l’heure, ce n’est évidemment qu’une rumeur). Dans les QG, les états-majors font de même, et multiplient les Kriegspiels (!) – presque toujours avec le maréchal Joukov comme arbitre, conseiller, professeur, voire correcteur le cas échéant.
C’est qu’étant donné le terrain qu’il faudra traverser – on s’en souvient, depuis Souvorova fortiori avec les forces considérables qui ont été accumulées ici par Moscou, on craint tout de même un peu l’embouteillage, voire l’engorgement. De fait, on a stocké dans la région pas moins de 400 000 tonnes de munitions, 300 000 tonnes de carburant et 500 000 tonnes de vivres ou fourrages – rien moins ! Il conviendra de les utiliser au mieux, selon un plan minutieusement préparé – et c’est pourquoi le maréchal est une fois encore sur tous les fronts, allant régulièrement inspecter en personne les deux futurs secteurs de percée, qui se scinderont une fois encore sitôt la première pénétration obtenue.
Au nord, partant de la région entre Talatchyn et Orsha, un fort groupement composé des 1ère et 3e Armées de la Garde, de la 3e Armée de Chars et du 18e Corps Blindé doit percer les défenses de la 4. Armee et (avec le soutien des forces plus au nord) la couper de la 2. Armee – qui sera vouée à se rabattre vers le HG Nord ou bien à être anéantie. Il poussera ensuite vers Baryssaw pour franchir la Bérézina avant de se scinder en deux groupes : l’infanterie poursuivra vers Minsk, les chars fileront droit vers l’ouest et Vilnius.
Au sud, ce sera l’affaire de la 3e Armée de Choc, de la 4e Armée de la Garde et de la 1ère Armée de Chars. Parties de la plaine de Jlobine, elles prendront Babrouïsk dans l’élan pour passer elles aussi la Bérézina avant de se diviser en deux forces, destinées respectivement à foncer vers Minsk et à filer vers Sloutsk en longeant les marais du Prypiat.
Dans tous les cas, les troupes au centre de cette tenaille, bien que puissantes (deux armées, deux corps de cavalerie, un corps blindé et un corps aéroporté !), n’auront pas pour tâche de foncer en avant. Elles devront seulement presser durement les Fascistes pour les empêcher de manœuvrer – une fois menacés sur leurs arrières, ceux-ci seront donc inévitablement soit détruits sur place, soit mis en déroute.
Dans le fond, Joukov n’a guère d’inquiétudes pour le secteur sud : Konstantin Rokossovski est peut-être à l’heure actuelle le plus brillant général commandant de Front, encore auréolé de ses succès de l’année dernière. Quand bien même ce Polonais n’est pas le général le plus… apprécié de Staline (et encore, cela va mieux…), il est très respecté de ses pairs et bénéficie de toute la confiance de la Stavka.
Vassili Sokolovski, sur le secteur nord… c’est autre chose ! Nommé au 1er Front de Biélorussie plus ou moins par défaut, afin de complaire à l’ambition d’Ivan Koniev (depuis parti vers d’autres horizons), l’homme ne manque pas de savoir-faire, et encore moins de loyauté. Non – ce qui lui manquerait plutôt, au grand regret de Joukov, c’est de l’assise, de la sérénité. D’aucun diraient de l’envergure – cet ancien séminariste, qui n’a pas connu de véritable poste au feu depuis 1918 (il est resté entre état-major et académie), a tendance à se noyer dans les détails et à perdre ainsi le sens des opérations, voire simplement l’initiative, avant de finalement agir maladroitement sous la pression des événements. Cela inquiète un peu certains, à la Stavka… Le maréchal a déjà noté qu’il faudrait le tenir à l’œil (plus ou moins) discrètement.
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Sam Juin 12, 2021 14:23    Sujet du message: Répondre en citant

Au vu de ces préparatif, les soviétiques vont passer sur les Allemands.....
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le poireau



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MessagePosté le: Sam Juin 12, 2021 14:30    Sujet du message: Répondre en citant

Euh...il y a quelques détails à revoir concernant la réunion du 8 janvier au Kremlin !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 09:40    Sujet du message: Répondre en citant

Les "détails" dont parlait Le Poireau ont été discutés en… détail. Voici le résultat. Plus intéressant sera le récit des opérations !

« D’abord, nous détruirons le dispositif allemand en Biélorussie, par une attaque massive mais menée en profondeur : ce sera Bagration.
L’exploitation de Bagration sera confiée à la 3e Armée de Chars de Pavel Rybalko et à la 1ère Armée de Chars de Mikhaïl Katukov, chacune accompagnée d’un Groupement de cavalerie. La 3e Chars filera au nord de Minsk, tandis que la 1ère Chars suivra une route parallèle passant par Sloutsk, longeant les marais du Pripiat.
Cette exploitation, associée à une pression exercée par les deux Fronts Baltes, nous permettra de disloquer le front fasciste en Lettonie en contraignant l’ennemi à choisir entre une retraite précipitée et un encerclement en Lituanie. Cette seconde offensive, dite Šiauliai, doit nous permettre de libérer entièrement les Pays Baltes.
Une fois l’aile gauche de l’ennemi totalement déstabilisée, nous enchaînerons d’emblée avec une offensive dans le nord de l’Ukraine, en direction de Rovne, Kovel et Lvov. L’opération Lvov-Kovel sera à la fois la continuation de Koutousov et Roumantsiev et la préparation de l’opération Vistule-Varsovie. Elle sera confiée aux 1er et 3e Fronts Ukrainiens, qui auront pour but de compléter la libération de l’Ukraine et surtout d’achever la rupture du dispositif adverse.
Enfin, une fois que les Fascistes penseront avoir rétabli la situation au nord, nous déclencherons Vistule-Varsovie. Cette opération sera principalement menée par les 2e et 3e Fronts Biélorusses. Ces deux fronts devront s’engouffrer dans la brèche, entrer en Pologne et prendre Varsovie, tout en isolant la Prusse orientale avant de s’en emparer. Mais cette action s’accompagnera d’une marche en avant des deux Fronts Baltes, au nord, et des 1er et 3e Fronts Ukrainiens au sud.
Il y aura une suite, bien sûr, en direction de la Hongrie. Elle sera confiée au 4e Front Ukrainien, aidé du 2e Front Ukrainien. Nous aurons l’occasion d’en reparler. »
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 09:52    Sujet du message: Répondre en citant

11 janvier
Front russe
Maskirovka
Biélorussie
– Temps toujours incertain le long du Drut et du Dniepr. Cependant, il n’empêche pas les camions soviétiques de poursuivre leurs livraisons en sillonnant le nouveau réseau routier de campagne mis en place – au prix d’efforts surhumains – par les sapeurs de l’Armée Rouge.
Ces camions ne sont guère gênés, du reste, par la crainte d’un bombardement : outre leur camouflage et des ordres de circulation d’une rigueur extrême, il fait un temps à ne pas mettre un avion en l’air aujourd’hui. Et quand un importun réussit par miracle à trouver une percée parmi les nuages, il est immédiatement pris en chasse et raccompagné chez lui – ou jusqu’au sol… – par des MiG ou des Yak en patrouille haute.


12 janvier
Commandement nazi
Disgrâce
Berghof (Berchtesgaden)
– Les monts de Bavière sont froids et gris, enveloppés de nuages tristes comme l’hiver. Avant de partir, Adolf Hitler a choisi de régler à la Kehlsteinhaus un souci désagréable, qu’il souhaite traiter personnellement. Il a fait venir Erich von Manstein, commandant en chef du HG NordUkraine, vainqueur de la campagne de France, mais vaincu en Ukraine en 1942 et encore une fois vaincu en 1943 – malgré quelques beaux exploits défensifs.
En fait, le général ne commande déjà plus vraiment son groupe d’armées depuis octobre 1943 : c’est Ferdinand Schörner, son chef d’état-major, qui prend toutes les décisions. Et il se doute bien de la raison pour laquelle on l’a convoqué… Même si, dans l’esprit du dictateur, les choses ne sont peut-être pas aussi simples. Au fond de lui, sans doute a-t-il même conscience que Manstein lui a évité – et par deux fois ! – un désastre qui aurait abouti à la destruction de tout son groupe d’armées. Un désastre dont on ne saurait toutefois risquer qu’il se produise en 1944… et dont Manstein lui-même a contribué à créer les conditions, lors de l’offensive ratée sur Kiev, l’été dernier !
Aussi, Hitler a choisi d’y mettre les formes : il a envoyé à Manstein il y a deux jours les épées pour sa Croix de Chevalier – le général les porte justement en montant sur la terrasse.
Tout près, l’adjudant Günther Reichhelm (l’ordonnance de Walter Model) observe toute la scène. « Le Führer l’a accueilli avec la courtoisie qu’on offre à un vieil oncle, échangeant un instant avec lui sur les succès passés, sur ses réussites de la campagne de 1942. Puis, il a évoqué la situation stratégique complexe du Reich, pour finalement asséner : « Je ne peux plus avoir recours à vos services au sud. Le maréchal Model prendra la suite. »
Mon patron est alors arrivé à son tour sur la terrasse derrière Manstein, le monocle vissé à l’œil droit et la casquette rigoureusement plaquée sur le chef. Très fier, évidemment, de sa nouvelle et double promotion. Manstein a simplement répondu : « Mon Führer… Veuillez me croire, je vous prie, quand je vous dis que j’ai utilisé tous les moyens stratégiques en mon pouvoir pour défendre la terre où repose mon fils. » Il a salué – Hitler et Model lui ont répondu. Puis il a tourné les talons et il est parti. On lui avait donné son congé sans daigner lui serrer la main. »
Cette entrevue aura des conséquences allant bien au-delà des carrières de ces deux généraux. En effet, par-delà la rupture affective entre Hitler et Manstein – ce dernier avait tout de même été autrefois un des généraux préférés du Führer ! – elle marque bel et bien une nouvelle cassure dans le système de commandement nazi, toujours plus rigide et politisé.
Pour Model, bien sûr, c’est d’abord l’aboutissement de plusieurs années d’intrigue, qui l’ont vu passer de simple chef d’état-major de corps d’armée à général de groupe d’armées – le tout, d’ailleurs, sans forcément avoir été systématiquement victorieux… Individu brillant et sans scrupules, il a su avec art retourner régulièrement sa veste pour suivre le sens du vent, et finalement s’intégrer sans dégâts au sommet du haut commandement “remanié” de la Wehrmacht. Ferdinand Schörner – le presque chef du HG NordUkraine depuis la fin de Roumiantsev – ne s’y trompera d’ailleurs pas, quand il accueillera avec satisfaction le renvoi de ce « vieil homme dépassé qui ne croyait plus en la victoire ». Pour lui, Manstein était « un individu d’un autre temps, qui n’avait plus sa place sur le front. » De fait, avec Model, il a l’assurance de trouver un supérieur tout à la fois professionnel et compréhensif quant à ses méthodes pour maintenir le moral de la troupe…
Erich von Manstein pour sa part, va se retirer dans sa propriété de Liegnitz, espérant sans doute soigner tranquillement sa cataracte et couler des jours à peu près tranquilles jusqu’à ce que la fin de la guerre vienne l’y chercher. Plus tard, dans ses mémoires (qu’il entreprendra curieusement de rédiger dès mars 1944), il s’attachera à cultiver avec soin l’image d’un homme d’action et d’un militaire apolitique. Dans cette optique, il insistera bien sûr fortement sur ses succès – soulignant notamment « le professionnalisme et l’efficacité avec lesquels [son] armée avait déjoué durant l’été 1943 presque toutes les tentatives de débordement ou d’encerclement communistes ». Il rappellera aussi lourdement son opposition « strictement professionnelle » à certains ordres d’Hitler et évoquera un peu la mort de son fils – le tout pour mieux passer systématiquement sous silence sa propre responsabilité dans l’échec de Zitadelle… ou dans les crimes de guerre de la Heer. Il fera ainsi partie des inventeurs du mythe d’une prétendue « Wehrmacht propre ».
Pourtant, ne nous leurrons pas : en janvier 1944, si Manstein est encore incontestablement un des généraux allemands les plus brillants et (surtout) les plus lucides sur la situation du Reich, c’est aussi un des principaux artisans des conquêtes passées d’un régime criminel, ainsi qu’un serviteur zélé des idées nazies. Il n’a donc pas fini de faire parler de lui…
Quoiqu’il en soit, avec un troisième commandant en six mois, le Heeresgruppe NordUkraine est bel et bien en crise. Rien qui puisse toutefois vraiment contrarier Hitler – et celui-ci rentre à Rastenburg par avion, afin de commander lui-même la défense face à la prochaine vague bolchevique, qui déferlera évidemment au printemps. N’est-ce pas ?


13 janvier
Front de l’Est
Profession de foi
Wolfsschanze (Rastenburg)
– Sitôt de retour à l’OKH, Adolf Hitler émet une nouvelle directive destinée à l’ensemble de ses commandants de groupe d’armées. Il y met en accord sa stratégie avec les préceptes qu’il a énoncés au Nouvel An, confirmant ainsi les critiques adressées quelque temps plus tôt par le général Schörner à celui qui était théoriquement son supérieur : « Le temps des opérations de grand style est passé, voici venu le temps de la défense opiniâtre, immobile. » Dès lors, on comprend mieux le limogeage de Manstein – et personne ne doute, dans l’Ostheer, que le général Model, qui le remplace, saura combiner son indéniable compétence technique avec un nazisme à toute épreuve, qui assure qu’il ne discutera jamais les ordres, quelle que soit la nature de ce que les Rouges préparent.
Mais en réalité, cette future offensive, encore assurément lointaine, importe assez peu, pour l’heure – du point de vue de la Wehrmacht, l’important est désormais de se débarrasser des défaitistes et autres indésirables de tout poil.

Licenciement sec
Zaslawye (au nord de Minsk)
– Depuis fin septembre, la LVF (ou 638e Régiment d’Infanterie de la Wehrmacht) dépend de l’exécrable 201. Sicherungsdivision – unité de troisième ordre dont les hommes réussissent pourtant l’exploit de mépriser les légionnaires au moins autant que leurs compatriotes “Africains” luttant au même moment en France.
Affectés aux tâches les plus ingrates de garde statique ou de représailles, les hommes du lieutenant-colonel Lacroix sont désormais éparpillés sur un large secteur, où ils opèrent souvent par compagnie. Dans leur lutte contre les Partisans, ces Français se révèlent toutefois beaucoup plus efficaces que lors de leur combat sur le Boug Oriental – ce n’était pas très difficile, il est vrai. L’ordre du jour de la division, signé par le Generalleutnant Alfred Jacobi, leur rend donc hommage – mais ajoute immédiatement après que ceux-ci « vont pouvoir retrouver leur sol natal ».
Cette décision, dans le fond, ne fait que confirmer plusieurs semaines de rumeurs qui avaient déjà agité la troupe, partagée entre ceux qui se montrent ravis d’aller repousser « les traîtres africains » et ceux qui ne pensent pas que les « Africains » en question soient des traîtres et se sont engagés avant tout pour lutter contre le péril rouge. Devant une troupe aussi divisée, on comprend les doutes de Jacobi. Et les raisons du renvoi de la LVF aux services de Doriot, qui sauront bien leur trouver une… une utilité.
Quoi qu’il en soit, les Français sont éparpillés et il faudra bien une semaine pour les concentrer, tout en assurant un passage de relais correct avec une autre unité de lutte anti-partisans (essentiellement la SS-Sturmbrigade Kaminski). Ensuite, ce sera le trajet vers Minsk pour prendre le train – une vieille habitude dans la région. Le camp de Maly-Trostenets, qui a copieusement alimenté d’autres Konzentration-Stalags bien connus en Pologne, est régulièrement desservi…


14 janvier
Partisans… et autres
Marchands de tapis
Camp de concentration de Sachsenhausen
– Depuis la libération de certains de ses “amis” en décembre, Stepan Bandera a continué à discuter avec le Reich – et plus particulièrement avec le RSHA d’Ernst Kaltenbrunner. Ce dernier, infiniment plus pragmatique que ses prédécesseurs – mais pas au point de venir négocier en personne avec ce sous-être ! – serait très intéressé pour organiser, avec lui et son principal lieutenant, Yaroslav Stetsko [Yaroslav Semenovich Stetsko, très impliqué dans l’embryon de collaboration avec le Reich en 1942, avait notamment beaucoup contribué à la formation du bataillon SS Nachtigall. C’est aussi un féroce antisémite – « le marxisme est l’expression ultime du judaïsme, mis en application avec l’aide des Asiatico-Moscovites qui ont contribué à asservir l’Ukraine ». C’est évidemment un ardent partisan de la Solution finale, persuadé de « l’inutilité de tenter d’assimiler les Juifs ». Admiratif de la rationalité allemande dans ce domaine, il a d’ailleurs dédicacé son autobiographie aux autorités concernées !], une véritable armée de guérilla inféodée au Reich, sur le modèle des Partisans soviétiques. Les deux Ukrainiens, bien qu’évidemment ouverts à ce beau projet – mais qui le seraient plus encore s’ils étaient libres ! – prennent leur temps avant d’entrer dans le concret. Ils continuent ainsi de faire traîner les discussions en espérant faire monter les enchères.
………
Pologne occupée – Plus ou moins au même moment, prenant acte de la relative proximité des forces alliées du général Montgomery comme de l’avance toujours plus inquiétante des Soviétiques, les chefs de l’Armia Krajowa décident de prendre contact avec les Ukrainiens de l’ONU pour tenter d’arrêter les massacres en cours en ci-devant Volhynie et en Galicie annexée, avant d’acter une trêve (les accrochages entre les deux formations sont nombreux !) et peut-être même – qui sait ? – de développer un embryon de collaboration face à l’Armée Rouge.
Une délégation, centrée autour du poète et résistant Zygmunt Jan Rumel, est donc envoyée dans la région pour rencontrer les milices locales, puis les Ukrainiens. Une démarche un peu naïve – et très risquée. De fait, à Londres, on a sans doute pensé que l’ONU-M avait à la fois l’autorité, les moyens et la volonté de venir en aide aux colons polonais locaux… Il semble bien aujourd’hui que le gouvernement en exil du général Sikorski – très imparfaitement renseigné, il est vrai – se soit gravement mépris sur la réalité de la situation sur place, particulièrement confuse.
Cependant, tout n’est peut-être pas si négatif pour les Polonais : pour une fois, les Allemands ne s’en mêlent pas, eux qui ont tant contribué à mettre de l’huile sur le feu, dans le cadre d’une politique délibérée visant à accroître l’hostilité entre eux et les Ukrainiens ! Ainsi, Erich Koch (Gauleiter de Prusse Orientale) écrivait en juillet 1942 : « Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour qu’un Polonais, quand il rencontre un Ukrainien, soit prêt à le tuer. Et inversement. » Il est donc presque encourageant qu’un responsable local de Samy se soit contenté de répondre aux civils polonais venus lui demander protection : « Vous voulez Sikorski, ils veulent Bandera. Réglez vos histoires. » De fait, les histoires en question risquent d’être vite mises au clair.


15 janvier
Front de l’Est
Etrennes
Secteur du HG NordUkraine
– Le Reich continue d’accumuler des renforts sur le trajet prévu de la future offensive soviétique. Cette fois, c’est au tour du 507. schw Pz Abt (Major Erich Schmidt) d’arriver en Ukraine. Cette nouvelle unité, qui combine des Tiger et les premiers Panzer VII Panther enfin à peu près opérationnels, ne manquera pas d’être un appui précieux face aux T-34… quand ces derniers se présenteront.


16 janvier
Front de l’Est
Heureux les simples d’esprits
QG du Heeresgruppe Mitte, Minsk
– Sur la Hauptstrasse froide et balayée par les vents, le général Ernst Busch fait le point devant sa fenêtre avant d’envoyer – comme tous les jours – son rapport à Rastenburg. Plus tard, quand il recevra ses ordres pour la journée, il ne manquera pas de faire diligence pour exécuter les instructions du chef, sans la moindre protestation, ni même un embryon de critique.
L’ancien chef de la 18. Armee n’a pas gagné en envergure en devenant patron du HG Mitte. A l’exact opposé de son prédécesseur Rommel – toujours prompt à proposer, contester voire ignorer – le général n’a pas montré le plus petit signe de réflexion indépendante depuis septembre dernier. Droit dans ses bottes, le regard insensible sous sa mèche tout hitlérienne, il a laissé ses forces se faire dépouiller de l’intégralité de leurs réserves blindées.
Au point que, sur la dizaine de formations mécanisées qui étaient sous ses ordres en septembre, il ne reste plus désormais en Biélorussie que deux divisions (et cinq Abteilungen de StuG) : la 18. Panzergrenadier de Karl Zutavern (sur StuG III et Marder – mais les deux-tiers de ses effectifs sont de l’infanterie) et la 20. Panzer de Mortimer von Kessel (sur Panzer IV, Leopard et JagdPanzer IV). Cette dernière unité est sans aucun doute la meilleure formation du XLI. PanzerKorps (Hellmuth Weidling), stationné derrière la 1. PanzerArmee. Dommage que la 60. Panzergrenadier ne soit toujours pas arrivée d’Allemagne…
Evidemment, toutes certitudes mises de côtés, pareil état de faiblesse pourrait en inquiéter certains… Si d’aventure les Russes lançaient une offensive de diversion en Biélorussie, le Heeresgruppe mettrait du temps à réagir – à ce propos, les reconnaissances rapportent ces dernières heures comme une agitation dans les lignes rouges. Mais tout cela n’inquiète évidemment pas Busch. Pétri de préjugés et corseté dans ses convictions sur l’infaillibilité du chef, le général attend calmement la fin de l’hiver…

Petites amabilités entre camarades
QG du 2e Front Biélorusse (Gomel)
– Dans les bureaux du général Rokossovski – tout comme, plus au nord, chez son partenaire, Sokolovski – la tension monte avec les heures. Demain sera décisif… Il ne faudrait pas que Bagration rate comme Souvorov – les enjeux sont trop importants. Pour l’Union… comme pour les chefs des Front engagés, sur lesquels les pires châtiments ne manqueront pas de s’abattre en cas de malheur.
Konstantin Rokossovski est évidemment habité des mêmes doutes que la Stavka concernant Vassili Sokolovski. Bien sûr, le Polonais – qui ne tient vraiment pas à refaire un tour à la Loubianka, même en tant qu’invité – a à cœur de s’assurer de la réussite de l’opération. Voire de se couvrir un peu, cela ne saurait nuire ! C’est pourquoi, en toute confidentialité – il n’a même pas averti Joukov, pourtant encore passé ici même la veille au soir ! – le commandant du 2e Front Biélorusse a envoyé un câble à Moscou informant Staline de ses craintes sur « les modalités de coordination des deux fronts en cas de contre-offensive fasciste, dans des circonstances déjà connues auparavant. »
A l’époque, comme chacun sait, c’était Koniev qui avait réglé le problème – avec fort peu d’élégance et selon ses méthodes. Mais que le camarade Rokossovski soit rassuré : ce soir, il reçoit un câble signé de Staline en personne, lui indiquant qu’en cas de nécessité, le Camarade général Rokossovski serait autorisé à prendre les initiatives qu’il estimerait nécessaire en en référant directement à la Stavka – c’est à dire à Staline lui-même – et sans forcément passer par Joukov. Si besoin, il pourra même demander qu’une partie des forces du 1er Front soit mise à sa disposition.
Curieuse décision, pour une simple précaution ! Mais à l’évidence, en ce début d’année 1944, le Vojd poursuit le remaniement de son haut commandement déjà bien entamé en novembre.

Tankiste (Evgeni Bessonov)
Veillée d’armes

« Loin, très loin des rives mortelles de la Sozh ou du Drut, notre vieux 10e Corps Blindé avait passé le réveillon dans des bois proches de la Lituanie. Un secteur froid, pluvieux, humide… déplaisant en vérité ! Du moins avait-il la bonté de n’abriter aucun T-6 et de ne pas nous obliger à rester coincés sur un radeau au milieu d’un fleuve-champ de tir ! Depuis plusieurs jours – voire plusieurs semaines – régnait dans nos lignes une certaine effervescence. Une effervescence que nous ne connaissions que trop bien : celle d’avant les offensives. Plusieurs fois, au mois de décembre, nous avions déjà été mis en alerte : l’agitation était alors montée d’un coup comme une fièvre, avant de stagner puis finalement de retomber.
Mais pas cette fois. La fièvre a continué de monter et elle reste élevée, brûlante et prégnante jusqu’à envahir nos corps. C’est pour cette nuit, tout le monde le sent bien. Jusqu’au chef de peloton qui nous ordonne de prendre un peu de repos – ça veut tout dire. Je regarde mes camarades. Andrei, qui a hâte de venger Aleksandr. Sasha, qui veut sûrement faire de même avec son ancien équipage. Nikita, qui n’en pense sûrement pas moins quand on évoque – même par accident – son vieux Su-85. Et Fiodor, qui nous mènera jusqu’au bout du monde pour peu qu’on le laisse conduire.
Ce n’est pas de la peur. C’est de l’appréhension. Mais nous sommes prêts, déterminés à la dépasser. C’est pour ce soir donc. »

(Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge, Evgeni Bessonov, Skyhorse 2017)


Dernière édition par Casus Frankie le Dim Juin 13, 2021 15:52; édité 1 fois
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 10:11    Sujet du message: Répondre en citant

Tout semble indiquer que ce Bagration alternatif sera une aussi écrasante victoire soviétique que son pendant OTL.

Casus Frankie a écrit:
Erich von Manstein pour sa part, va se retirer dans sa propriété de Liegnitz, espérant sans doute soigner tranquillement sa cataracte et couler des jours à peu près tranquilles jusqu’à ce que la fin de la guerre vienne l’y chercher.

Vu où sa propriété est située, il risque de ne pas avoir à attendre longtemps avant que les soldats de l'Armée rouge viennent troubler sa quiétude.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 11:02    Sujet du message: Répondre en citant

N'anticipe pas Hendryk Laughing Tu verra !
Et sinon Casus, comme soulevé, Hitler ne peut pas être au 1er janvier au nid d'aigle, au 9 à la tanière du loup (voir front de l'ouest) puis revenir le 12 en Autriche. Va falloir déplacer un truc.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

"au 9 à la tanière du loup (voir front de l'ouest)"

Pourrais-tu préciser ? Il n'y pas de "front de l'ouest", il y a Bataille de France, Euro Nord, Italie… Mais je ne trouve d'Hitler à la Tanière le 9 janvier dans aucun de ces fichiers.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Juin 13, 2021 11:20    Sujet du message: Répondre en citant

L'extrait ci-dessous au 10 janvier !

Citation:
Sur la piste des V
De la Corse à Marseille
Wolfsschanze (Rastenburg) – Réunion

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