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Le Front Russe, Janvier 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 09:23    Sujet du message: Re: Le Front Russe -janvier 1944 Répondre en citant

malagava a écrit:
(coupe)FTL 42... etc. c'est également remarquable, mais c'est beaucoup plus convenu puisque c'est essentiellement du wargaming OTL en un peu accéléré, avec la même fin, à part quelques évolutions politiques et "décoloniales", même si bien sûr je reste totalement "fan".


La même fin… sauf pour les Grecs, les Yougoslaves, les Italiens, les Thaïs, les Vietnamiens, les Birmans et les Singapouriens… Et sauf pour les Français et les Algériens et… bon, j'arrête, vous avez compris.
Mais si "la même fin" veut dire : les Alliés vont jusqu'à Berlin, oui, c'est la même…
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Casus Frankie

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malagava



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 09:23    Sujet du message: Le Front Russe - janvier 44 Répondre en citant

@requesens : Merci beaucoup de la suggestion j'ai acheté sur Amazon et j'ai lu (scanné) cette nuit The End / Ian Kershaw. Il démontre effectivement le soutien porté à Hitler y compris dans la population et chez les militaires (dont un sursaut après Valkyrie) quasiment jusqu'au bout, l'emprise du parti, et l'incapacité du commandement à négocier avec Hitler des stratégies / tactiques défensives adaptées. Résultat 50% des pertes militaires sont intervenues sur les 10 derniers mois de la guerre - et bien plus pour les civils et les infrastructures.
Question 1 : Est-ce que Ian Kershaw a raison de penser que Bragation aurait été plus décisif si cela avait été une attaque focalisée sur 1 front (Varsovie / Dantzig / Berlin) entre les groupes d'armée Centre et Nord au lieu d'une poussée sur plusieurs fronts (comme la stratégie française en 18 ?). Chapitres à venir ?
Question 2 : Si Einsenhower n'avait pas "privilégié" Montgomery est-ce que les alliés auraient pu envahir plus vite la Ruhr ? Chapitres à venir.
Question 3 : Si Valkyrie avait réussi à éliminer Hitler, est-ce que le régime se serait effondré comme un château de cartes, notamment du fait des rivalités internes ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 09:35    Sujet du message: Répondre en citant

1 : Je me permets de ne pas être d'accord avec Kershaw… Les Allemands auraient pu concentrer toutes leurs réserves sur ce seul front.
2 : Pas évident… et la FTL ne répondra pas à cette question, la situation stratégique et opérationnelle étant entièrement différente à l'été 44.
3 : Joker… Mais à cette uchronie je préfère celle évoquée (et à mon sens très mal développée) dans une série de BD : Hitler meurt dans l'attentat contre lui le 8 novembre 1939. Si à ce moment Göring (héritier probable) avait dit "Tout ceci n'est qu'une lamentable erreur due à ces va-t-en guerre de Polonais, tenez, on rend le grand-duché de Varsovie à qui en voudra et on s'embrasse entre anciens de la Première"… Qui aurait dit "Ah mais non, on continue à s'entretuer !" ??? Pas Chamberlain, ni Daladier…
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 09:46    Sujet du message: Répondre en citant

24 janvier
Opération Bagration
L’or du Rhin
Bagration Nord (1er Front Biélorusse)
– Alors que le temps se dégage un peu – enfin ! – au-dessus de la Biélorussie, l’Armée Rouge s’apprête à reprendre son avance, à présent qu’une part significative de ses forces ont passé la Bérézina.
Celles-ci ne semblent plus rien avoir à craindre sur leur flanc nord. De fait, la 20e Armée est en train de se redéployer sans opposition sur les deux rives de la Daugava. Et un peu plus au sud, le 10e Corps Blindé s’empare de Miadzel, désertée par la Heer. Alexei Popov et ses hommes ne rencontrons personne, hormis quelques collaborateurs malchanceux, qui seront vite pendus par les Partisans.
Mais un peu plus au sud, les choses sont bien plus animées. Le LIII. AK n’en a pas fini avec les ennuis. Ainsi, toujours pressée par la 63e Armée de Kuznetsov, harcelée sur son flanc gauche par le Groupement Oslikovski – lequel profite tout à la fois des multiples bois et replis de terrain comme des possibilités de manœuvre que lui offre la trouée de Daŭhinava – la 260. ID (Robert Schlüter) est désormais en grand danger d’anéantissement. Evidemment, le retour du beau temps (même provisoire) n’arrange rien, et les colonnes se font matraquer par les VVS, alors que la Luftwaffe est… ailleurs.
Au soir, les forces de la Heer atteignent donc à peine les rives de la Néris, toujours poursuivies par les Rouges. La 260. ID n’est plus que l’ombre de ce qu’elle fut… Quant à la 293. ID (Karl Arndt), à force de courir, elle tient plus du cirque de romanichels que de la force combattante. Plus que 30 kilomètres jusqu’à Maladetchna, où les attendent… qui au juste ?
Peut-être pas forcément des amis, d’ailleurs – ainsi, un peu plus à l’est, la 3e Armée de Chars taille droit et s’empare déjà de la route au nord de Smalyavichy ; elle oblique ensuite vers la droite en laissant à l’infanterie le soin de réduire la foule de barrages improvisés dans la plaine menant jusqu’à Minsk. A la nuit tombante, les T-34/85 du camarade Vasily Volsky entrent dans Lahoïsk : une petite ville de 2 000 habitants à peine (1), située pour son grand malheur au droit d’un carrefour stratégique (ce qui lui valut de multiples pillages par les Tatars ou les Suédois) et déjà ravagée par l’artillerie (le palais Tyszkiewicz, symbole de la présence de l’aristocratie polonaise, a disparu, parmi tant d’autres choses…). Toutefois, les blindés ne s’arrêtent pas pour prendre le thé – et ils laissent une fois de plus à d’autres le soin de s’occuper des égarés et autres pseudo-bataillons de marche balayés par leur poussée. Destination : Maladetchna !
Derrière eux, la 1ère Armée de la Garde a repris son avance – certes un peu poussive mais toujours vigoureuse, sous les coups de cravache d’Ivan Chistiakov. Ainsi, les frontovikis montent à l’assaut derrière les blindés de Katukov et sécurisent Jodzina avant de poursuivre à marche forcée vers Smalyavichy. Pour la 2e Armée de Choc aussi, les choses s’améliorent, car Kuzma Galitsky montre à nouveau qu’il est un grand chef, quelque peu caractériel, certes, mais aussi très courageux (2), et surtout n’hésitant pas à payer de sa personne. On le retrouve ainsi sur les ponts et dans les ruines de Baryssaw, à faire personnellement la chasse aux trainards !
Mais la principale, et la meilleure peut-être, des raisons de ce soudain redémarrage du 1er Front Biélorusse réside peut-être dans la visite que le camarade Vassili Sokolovski reçoit aujourd’hui dans son QG perdu au milieu des bois. Il s’agit bien sûr de Konstantin Rokossovki. Lequel a choisi de faire vite et, bien sûr, d’obéir à son Vojd – mais sans trop s’exposer pour autant… Ce qui, paradoxalement, ne l’empêchera pas de prendre un malin plaisir à décrire l’épisode par le menu dans ses mémoires !
Ainsi, le Polonais remarque l’allure « soumise » de Sokolovski et « son ton las de coupable, comme s’il était le subordonné et moi le supérieur ». La passivité comme le surmenage se lisent sans doute sur le visage du chef théorique du 1er Front Biélorusse. Mais heureusement pour Sokolovski, son camarade n’est pas là pour l’auditer et encore moins le condamner… Aussi, après quelques échanges ressemblant à un jeu cruel, Rokossovki passe un long moment à le rasséréner, à lui expliquer qu’il a tous les moyens pour remplir ses objectifs… avant de lui reprocher son exercice (évidemment) trop solidaire du commandement. Puis, il s’en va faire la leçon au chef d’état-major, en lui expliquant notamment qu’il ne doit pas se laisser déposséder de ses prérogatives par son supérieur. Cela fait, il rentre enfin au plus vite à son QG et se hâte de téléphoner à Staline pour lui indiquer que son homologue lui semble tout à fait compétent et à la hauteur de la tâche. Le Vojd le remercie, évidemment ; les choses en resteront là – de leur point de vue du moins.
Quant à Joukov, curieusement, il ne soufflera mot de cet épisode précis dans ses mémoires… Impossible de savoir – encore aujourd’hui ! – où il se trouvait quand Rokossovki était avec Sokolovski. Tout comme il est impossible de l’imaginer ailleurs qu’en Biélorussie, perdu quelque part sur l’immensité du front russe… Le maréchal, ulcéré et humilié par cet incident, a sans doute filé inspecter une armée, avant d’épancher sa mauvaise humeur sur quelque responsable. Mais pour lui, qui sent bien que son rang tend à lui échapper depuis novembre dernier, les choses n’en resteront pas là. Même si, à titre personnel, il garde toute son estime à Vassili Sokolovski.

Centre de Bagration – A Berazino, la tension monte, tandis que l’Armée Rouge exerce désormais une pression constante, assistée – c’est nouveau – par une 15e Armée Aérienne qui profite de la moindre éclaircie pour venir bombarder le Fasciste tout en balayant régulièrement les nuages à la recherche de la Luftwaffe. Celle-ci est absente, ou presque : on relève juste quelques tentatives des Fw 190F du II/SG.1, déjà peu nombreux car la moitié des appareils de cette unité sont encore des Stuka – il en reste, au grand désespoir de leurs équipages ! Ceux-ci sont restés au hangar aujourd’hui : on les réserve pour des jours meilleurs… ou pires, tout dépend comment on voit les choses.
Bref… En dépit des efforts futiles des appareils “à la flèche bleue” de l’Oberst Gustav Pressler, qui perdent 7 des leurs malgré la couverture de chasse en tentant de mitrailler les bois, les Soviétiques progressent. Peut-il en être autrement ? Le VII. AK d’Enrst-Eberhard Hell lutte contre une armée et deux corps de cavalerie, qui seront sans doute renforcées dès demain par le 1er Corps de Parachutistes du camarade Gorbatov et la 29e Armée du camarade Zholudev ! Cette supériorité numérique n’est guère affaiblie par le départ vers Baryssaw de la 3e Armée de la Garde – Rokossovki a en effet profité de sa visite de courtoisie pour la renvoyer vers le nord, car il craint à juste titre les embouteillages pour traverser le fleuve.
Dans la journée, le 1er Corps de Cavalerie pousse donc depuis le nord face à une 106. ID encore vaillante, mais affaiblie par des journées entières de combat au milieu des forêts. De Leskoviči, les Rouges approchent peu à peu de Viašeŭka… et outre le point de passage sur le fleuve, du flanc de la 258. ID, qui lutte toujours au centre, dans les bois de Kukarava. Le 209. StuG est une fois encore appelé à la rescousse, bien que ses engins opérationnels fondent de jour en jour (il en est à moins de 15 !).
Enfin, au sud, tout est encore… à peu près calme pour la 268. ID, qui n’est guère confrontée sur son flanc qu’aux incursions du Groupement Pliev, en direction de Milastava. Issa Pliev – qui ne commande pas qu’à ses cavaliers, mais aussi au 4e Corps Mécanisé de Mitrofan Zinkovich ! – pourrait sans doute, au prix de quelques efforts, percer le flanc de Werner Richter pour remonter vers le nord. Seulement, voilà – ses troupes sont encore pour partie en cours de transfert, et doivent se regrouper après avoir longuement harcelé, aux côtés des Partisans, les traînards des XLIII. AK (Karl von Oven) et XIII. AK (Otto Sponheimer). Ces deux corps arrivent d’ailleurs à peine dans la Festung en se demandant si on les autorisera bien à poursuivre vers l’ouest, comme Walter Model (et bien sûr Kurt von Tippelskirch) le souhaite…
Pendant ce temps, le XXXIX. PzK passe la Bérézina en relatif bon ordre. Il approche de Jakšicy pour rejoindre le reste de la 1. PanzerArmee. C’est déjà ça.

Bagration Sud (2e Front Biélorusse et 1. PanzerArmee) – Fin de la récréation pour la 1. PanzerArmee, de nouveau confronté à un 2e Front Biélorusse très dynamique et d’autant plus motivé qu’il sait qu’avec le passage de la Bérézina, il a déjà franchi le dernier obstacle avant son objectif.
Sur la ligne Assipovitchy-Svislač, le XLI. PanzerKorps, renforcé de la 52. ID (Rudolf Peschel), soit au total… deux divisions et un Abteilung de Hetzer… voit arriver la 4e Armée de la Garde. Josef Harpe, qui s’attendait bien à voir les Rouges l’attaquer, a évidemment retranché son infanterie décimée derrière la Svilasch, tandis que la 20. Panzer (Mortimer von Kessel) défend Assipovitchy avec la 23. ID (Paul Gurran) : son carrefour, son point de passage, ses rives sans obstacles… Ce n’est pas son rôle, mais qu’y faire ? Hellmuth Weidling en est réduit à espérer que ses JagdPanzer IV seront efficaces en défense et en milieu urbain. De toute façon, il n’a pas le choix – au centre, les Hetzer du 236. StuG Abt tentent déjà de faire illusion sur un front bien trop étendu. Alors …
De fait, le premier choc paraît favorable à la Heer, grâce à la qualité de sa défense mais aussi au fait qu’Ivan Muzychenko attend lui-même la 3e Armée de Choc de Mikhail Purkayev pour se concentrer et attaquer franchement. Les Soviétiques entrent ainsi “seulement” dans Assipovitchy et passent la Svilasch à l’Est de Lipen. Pas grand-chose… mais ce pas grand-chose est cependant obtenu sans trop d’efforts, et surtout sans les renforts qui ne manqueront pas d’arriver demain afin de prendre le relais sur le flanc gauche. Et comme ce n’est pas la Luftwaffe qui va suppléer au manque d’effectifs allemand…
En parlant de suppléance – le LVII. AK, sur lequel Walter Model comptait pour servir de soutien en attendant le XXXIX. PzK, atteint Hulsk. Là, il a la très mauvaise surprise de trouver des bataillons de marche en retraite (ou en déroute) qui signalent que l’ennemi a franchi la Pitch à Zawołoczyce. La 1ère Armée de Chars de Katukov ! Le LVII. AK doit donc se mettre en défense – au moins le temps pour le II. Luftwaffen-Feld-Korps de le rejoindre. Hans-Heinrich Sixt von Arnim ne tient pas à se faire encercler ! Mais, tandis que les T-34 passent la Pitch et que le regroupement de la 1. PanzerArmee paraît déjà très compromis, une question agite le commandement : pourquoi le pont sur la Pitch n’a-t-il pas sauté ?

Solidarité
QG du HG NordUkraine
– Les unités désignées par le général Model ont commencé à se retirer du front pour rejoindre leurs gares d’embarquement – avec plus de 500 kilomètres à parcourir, leur redéploiement ne peut se faire que par voie ferrée, c’est évident. Les nouveaux Panther de la SS ne supporteraient pas un tel voyage par la route – et la troupe non plus.
Ferdinand Schröner – qui a obéi une fois encore à son Führer sans le moindre état d’âme – ne s’inquiète pas spécialement de la destination de ces unités. Et encore moins des chances de réussite de Neptun ! Le Führer est infaillible, l’armée allemande la meilleure du monde. Et puis, ce n’est pas son secteur. Enfin, ce sont Martin Unrein et Hermann Priess qui commandent les unités désignées – alors…
N’empêche – entre le trajet jusqu’aux gares, l’embarquement, le parcours en train (de nuit évidemment), les sabotages, les attaques aériennes (pendant les pauses diurnes), le déchargement, la montée au front… il parait évident que les Panzers requis ne seront pas prêts à l’attaque avant 6 ou 7 jours. En attendant, il va falloir tenir !
………
QG du HG Nord, Kaunas – De son côté, Georg von Küchler, après avoir passé à nouveau une fort mauvaise nuit – son voisin du HG Mitte a au moins raison là-dessus, il ne lui enlèvera pas – met la dernière main à sa propre contribution à Neptun. Du moins a-t-il eu la possibilité de choisir les unités en question…
Il s’agira des formations suivantes : 22. Panzer (Eberhard Rodt), 226. StuG Abt (major Herbert Keysler), 123. ID (Louis Tronnier) et 253. ID (Carl Becker). Cet Armee Abteilung, placé sous le commandement de Rodt, devrait mettre cinq jours à atteindre Smarhon – leur point de mise à disposition du HG Mitte, situé à l’ouest de Maladetchna. Par la route, bien sûr – parce que les voies ferrées des pays baltes ne sont plus ce qu’elles étaient…
………
Château de Wewelsburg – Du côté du ReichsFührer-SS, on s’agite aussi. Car pour Heinrich Himmler – dont les convictions sur le sujet sont bien arrêtées depuis 1937 ! – ses Schutzstaffeln sont désormais la seule véritable troupe d’élite digne du Reich et l’heure doit être à leur triomphe. Ses unités sont déjà les seules, estime-t-il, à s’être bien comportées sur le Front de l’Est depuis l’automne dernier, infligeant des coups très rudes aux Asiates sur la route de Kiev avant de défendre héroïquement le repli de la Heer, puis d’aller en France châtier les Américains et les Judéo-Africains. Elles ne sauraient donc rester l’arme au pied en Biélorussie, ou se contenter de jouer les suppléants au bénéfice de l’armée régulière. Leurs efforts doivent être visibles, spectaculaires et surtout décisifs.
En résumé, il faut que la Waffen-SS – arme politique s’il en est – tienne politiquement son rang dans la bataille qui s’annonce. L’enjeu est trop important. Model a déjà demandé la Totenkopf. Bien. Mais elle ne suffira pas. Le maître de l’Ordre Noir a donc exigé de ses subordonnés que l’on envoie quelque chose de plus pour aider le HG Mitte à défaire la masse rouge. Son chef d’état-major personnel, Maximilian von Herff, s’est bien sûr hâté d’obéir.
Cependant, n’en déplaise au chef, il faut bien convenir que la SS est elle aussi quelque peu… démunie en Ruthénie Blanche. On attendait l’ennemi ailleurs ! Finalement, faute de mieux, von Herff enverra donc à Minsk l’ordre de mise à disposition d’une unité pour le moins particulière : la 18. Waffen-Grenadier-Division der SS, anciennement SS-Sturmbrigade Kaminski. Celle-ci n’aura pas à aller loin depuis sa garnison au nord de Minsk.
Cette division constitue une sinistre exception dans les rangs de l’Ordre Noir – lequel n’en manque pourtant pas. Commandée par un ingénieur chimiste improvisé chef de guerre, le russe Bronislav Kaminski, elle regroupe environ 12 000 Biélorusses et Ukrainiens, unis par la haine du Bolchevique et du Juif… ainsi que par un goût certain pour le pillage. D’aucuns diraient qu’il s’agit là de soudards, voire de routiers – mais la propagande collectiviste est si médisante ! Par ailleurs, l’unité est pourvue d’armes lourdes de prise.
Ordre est donc vite donné à Kaminski de faire mouvement vers Smalyavichy, pour repousser, en collaboration avec la Heer, les pointes russes ayant passé Baryssaw. Après les Français de la Heer, voici donc les ex-Soviétiques de la SS. Reste à voir qui sera le plus combattif, des légionnaires de Laval ou de cet embryon d’Armée russe de Libération nationale que certains Allemands envisagent désormais de constituer…

Jours de tonnerre
Wolfsschanze (Rastenburg), 15h00
– Nouvelle journée de tension dans la Tanière du Loup. Informé des progrès dans la préparation de Neptun – pas assez rapides, mais il faut bien commencer – Hitler décide l’envoi de deux des six divisions en formation en Prusse Orientale afin de contribuer à garnir la défense de Minsk. Il s’agira de la 357. ID (Knut Eberding) et de la 359. ID (Norbert Holm), regroupées en un nouvel ArmeeKorps, le LXXXII. AK, confié au General der Artillerie Johann Sinnhuber.
Toutefois, après ces premières satisfactions, le Führer se scandalise – avec quelque raison – quand il apprend la situation à Zawołoczyce, et le passage de la Pitch sur la droite de la 1. PanzerArmee. Cette unité tenait si bien le coup – comment expliquer pareil manquement ? « Quelle est cette idiotie qui consiste à laisser des ponts intacts tomber entre les mains de l’ennemi ? » demande-t-il à la cantonade.
Evidemment, il faut lui répondre. On cherche à joindre Model – il est en tournée à Tcherven auprès de Josef Harpe, justement, selon son habitude (3). Mais, tout chef brutal qu’il soit, rejeter la faute sur ses subordonnés n’est pas son genre. Son état-major confirme donc sans attendre que la préservation du pont en question fait suite à un ordre direct dans le cadre de la préparation de Neptun (les unités doivent partir de quelque part !). En effet, on n’envisageait pas que le gros de l’effort des Rouges se porte immédiatement en direction de l’ouest. A l’évidence, il faisait plus beau hier en Pologne – aujourd’hui, de gros nuages noirs apparaissent à l’est…

Tankiste (Evgueni Bessonov)
Pause

« Arrivée de notre peloton à Miadzel. Pause – sous la pluie et dans le froid. Après pareille cavalcade, Stalingradskiy avait bien besoin de repos et d’entretien. Tout comme nous du reste. Surtout Nikita et Sasha. Il faut dire que rester toute la journée en équilibre sur des caissons de munitions…
Pas de repas chaud ou de douce chaleur du foyer pour nous. Pas davantage de Pokhnodno-Polevaïa Jena pour notre bouillant Andrei, qui répétait pourtant à qui voulait bien les entendre des vulgarités où il était question de rafales et de gros calibres (4). Il allait devoir se calmer en allant plutôt aider Fiodor à entretenir notre engin. Ça l’occuperait.
Après tant de succès, tant de victoires, tant de progression, l’euphorie avait fait place à l’épuisement. Les moteurs étaient usés, les chauffeurs fatigués, les fantassins dormaient vautrés sur nos plages arrières en dépit des cahots comme de la pluie. Bref, c’était enfin l’arrêt, le temps pour nos camarades au sud de nous rattraper – selon le Commissaire du groupe. Ce qui ne prendrait donc pas longtemps. Et à l’ouest, la Néris paraissait déjà nous tendre les bras, aussi sûrement que le ferait une tendre babouchka. »

(Tankiste ! – Jusqu’au cœur du Reich avec l’Armée Rouge, Evgueni Bessonov, Skyhorse 2017)


Notes
1- Avant-guerre – bien moins à présent : le quart de la population de Lahoïsk était composé de Juifs, qui ont été presque tous exterminés par les Einsatzgruppen.
2- Il est dans l’Armée Rouge depuis… 1918 ! Gravement blessé contre les Blancs en 1919, il retourne sur le front avant la fin de sa convalescence. Bien sûr, il participe ensuite à la guerre contre les Polonais. Arrêté lors des purges en 1938, il est libéré en mai 1939 faute de preuves et/ou d’aveux (mais surtout à l’occasion de l’arrivée de Beria aux affaires). Enfin, c’est l’un des responsables de la percée de la ligne Mannerheim à la fin de la guerre d’Hiver.
3- Sur le front, les visites de Walter Model, quasi-quotidiennes, suivent un protocole aussi efficace que bien établi. Le général arrive au QG avancé avec une escorte réduite et exige un rapport très net et très bref sitôt passé le pas de la porte. En cas de problème, le commandant local doit avoir trois solutions différentes à suggérer. La séance terminée, ledit commandant local a le droit de formuler des requêtes – décision est alors prise dans l’instant et l’ordre est ensuite donné par téléphone au chef d’état-major, Krebs, prié d’obéir vite. Certaines demandes très spécifiques (telles que des lance-flammes pour du combat urbain) aboutiront même directement au service matériel de Berlin !
4- Jeu de mot vaseux sans doute issu du fait que l’acronyme des “Epouses de Campagnes”, PPJ, est très proche de celui du pistolet-mitrailleur PPSh.
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 10:04    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Aussi, après quelques échanges ressemblant à un jeu cruel, Rokossovki passe un long moment à le rasséréner, à lui expliquer qu’il a tous les moyens pour remplir ses objectifs… avant de lui reprocher son exercice (évidemment) trop solidaire du commandement


Solidaire? vraiment? seul dans sa forêt...
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malagava



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 10:37    Sujet du message: Le Front Russe - Janvier 1944 Répondre en citant

@ Casus Frankie : Oui je focalisais sur la prise de Berlin, l'occupation partagée de l'Allemagne et l'opposition europe de l'est / europe de l'ouest... C'est probable que la conspiration Oster, si elle avait réussi, aurait été un point d'inflexion majeur - est-ce que l'Allemagne n'aurait pas fini par dominer pacifiquement - politiquement l'Europe ? Cette uchronie a t'elle été creusée ?
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DMZ



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 10:38    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Alexei Popov et ses hommes ne rencontrons personne, hormis quelques collaborateurs malchanceux, qui seront vite pendus par les Partisans.

Il parle de lui à la troisième personne ? (quand bien même, l'accord resterait incorrect...)
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houps



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 12:23    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ne pas être en reste :

Centre de Bagration

"...On relève juste quelques tentatives des Fw 190F du II/SG.1, déjà peu nombreux car la moitié des appareils de cette unité sont encore des Stuka – il en reste, au grand désespoir de leurs équipages ! Ceux-ci sont restés au hangar aujourd’hui ..."

Et puis, tant qu'à pinailler, on pourrait croire que ce sont les équipages qui restent au hangar...

Suggérons : "... Leurs JU 87 ne volent pas aujourd'hui..."
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Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Juin 22, 2021 20:48    Sujet du message: Répondre en citant

Et qu'il me soit permis d'exprimer ici à quel point la désignation SS-Sturmbrigade KAMINSKI m'agresse ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 09:55    Sujet du message: Répondre en citant

25 janvier
Opération Bagration
L’Or du Rhin
Bagration Nord (1er Front Biélorusse)
– Sur le flanc droit de Bagration – c’est-à-dire du côté de la 2. Armee de Johannes Friessner – les choses arrivent à leur terme. En effet, tandis que la 20e Armée et le 10e Corps Blindé tiennent toujours fermement la route du HG Nord, le LIII. AK arrive enfin à Maladetchna – après avoir réussi à semer quelque peu ses poursuivants dans les marais de Cna… tout comme, du reste, une bonne partie de ses propres forces ! La 260. ID de Robert Schlüter n’existe déjà plus – elle s’est dissoute lors de la traversée de la Néris vers Vileïka. Schlüter lui-même a été capturé blessé (l’explosion toute proche d’un obus a renversé sa voiture) (1).
Cependant, si la 63e Armée et le Groupement Oslikovski ont un peu laissé filer leur proie, ce n’est pas seulement à cause des marais, de la Néris et de la foule de traînards abandonnés en cours de route et qu’il faut bien ramasser… C’est aussi et surtout parce que ce n’est pas leur objectif ! De fait, la première poursuit déjà vers Vishneva, tandis que le second se dirige Miadzel, pour y relever les blindés d’Alexei Popov. La Heer, plus vraiment poursuivie, peut donc se croire à l’abri – pour l’instant.
Néanmoins, au même moment, la 3e Armée de Chars pousse franchement vers Žukaŭka et vise justement Maladetchna en renversant tout sur son passage – il est vrai qu’il s’agit surtout de bataillons de marche et de diverses garnisons qui ignoraient son arrivée… Ne rencontrant aucune résistance sérieuse, Pavel Rybalko approche ainsi rapidement de Radaškovičy par les bois au nord de Novy Dvor. Pour la Mère-Patrie !
Pendant ce temps, les soldats (ou prétendus tels) de la 18. Waffen-Grenadier-Division der SS – qui ont échappé sans le savoir à ce véritable rouleau compresseur – arrivent à Slabada, au milieu d’une foule de formations diverses en déroute. La 1ère Armée de la Garde n’est pas loin derrière – et avec elle la 2e Choc puis la 3e Garde !
Face à cette masse, certes, Bronislav Kaminski n’est pas exactement seul… mais il n’est pas vraiment aidé par ses propres troupes ! Car la 18. SS-Grenadier a été victime ces derniers mois de désertions massives. Numériquement compensées, il est vrai, mais par l’intégration de Hiwis et même d’autres prisonniers de guerre ou de droit commun tirés des camps ou des prisons – et les premiers échos de Bagration n’ont rien arrangé. Jouant habilement de la menace de la corde et de la promesse de la carotte, les Partisans n’ont jamais cessé de tenter de retourner leurs camarades égarés, pour lesquels le pire n’est pas encore certain… pour peu qu’ils fassent le bon choix, et maintenant ! Il y a deux mois à peine, le major Tarasov, du 2e Régiment, avait failli faire changer de camp son unité – Kaminski avait dû mettre personnellement la main à la pâte en l’étranglant devant ses hommes, en même temps que huit autres traîtres.
En vérité, à l’heure qu’il est, son unité n’a de division que le nom : 8 000 hommes au maximum, avec 8 T-34 de prise et 12 pièces d’artillerie seulement (2). Sa transformation de Sturmbrigade Kaminski à 18. Waffen-Grenadier-Division der SS aurait dû être l’occasion d’un passage au camp d’entraînement Neuhammer, en Pologne, pour reformation et intégration de nouvelles recrues. Mais il n’en a rien été. Ainsi, malgré sa Croix de Fer et son rang de Waffen-Brigadeführer, Kaminski ne saurait prétendre arrêter la vague rouge.
Sur sa droite, dans les bois de Slabada, le XX. ArmeeKorps de Rudolf von Roman fait bien sûr ce qu’il peut… mais sans chercher pour autant à se coordonner avec ces renforts de la onzième heure, et même sans vraiment vouloir les aider ! Par un ironique hasard de l’histoire, ce corps d’armée compte d’ailleurs lui-même dans ses rangs un nombre important d’ex-Soviétiques – en l’espèce les Hiwis de la 134. ID (Hans Schlemmer), qui composent presque 25 % des effectifs de cette division. Au total, on peut donc estimer que, sur presque 30 000 combattants, pas moins de 10 000 “Slaves” contribuent (ou sont censés contribuer) à la défense de la route de Minsk.
Evidemment, ce fait ne change rien à l’issue des combats. Ivan Chistiakov – aussi impitoyable que ses troupes, qui ne feront guère de prisonniers – repousse sans difficultés les prises de flanc du XX. AK et rejette brutalement la 18. Waffen-Grenadier-Division der SS de 7 kilomètres en arrière vers Koroljov Stan. Les hommes de Kaminski reculent dans un désordre indescriptible, sans que leurs qualités aient impressionné leurs adversaires ou leurs partenaires involontaires. Demain, la 2e Armée de Choc de Kuzma Galitsky (qui a fini de traverser) prendra le relais sur le flanc droit – puis la poussée recommencera.
Pendant ce temps, à l’ouest de Vitebsk, les choses se clarifient enfin quand le maréchal Joukov rend visite – après son subordonné Konstantin Rokossovki – au chef du 1er Front Biélorusse, Vassili Sokolovski. Ce dernier est toujours aussi éteint que la veille… Et après un long échange relatif aux difficultés rencontrées lors de la traversée de la Bérézina et au mini-chaos de Baryssaw, le maréchal lâche finalement, d’un ton étrangement calme mais où pointe l’exaspération : « Comment se sont produits tous ces contretemps ? On nous a expliqué ici que vos forces et vos moyens étaient insuffisants pour que la traversée puisse être rapidement menée à bien. Mais vous auriez le savoir auparavant, n’est-ce-pas ? Pourquoi n’avez-vous pas pris le téléphone pour appeler le camarade Staline ou la Stavka et donner les raisons expliquant pourquoi les opérations ne pouvaient se dérouler selon les plans ? Que pouvez-vous répondre ? » Face à cet orage, l’intéressé répond… il ne répond rien.
Le général Pokrovski écrira bien plus tard à ce sujet : « Il y a eu un long silence. Sokolovski n’a pas répondu. J’ai été surpris. Mais le fait demeure : il n’a pas répondu un seul mot. Et il n’avait vraiment jamais appelé la Stavka… Je ne sais pas comment expliquer cela, je ne le peux pas. Soit il n’osait pas appeler Staline, soit il croyait pouvoir accomplir les tâches assignées à son Front avec les forces et les moyens qu’il avait. C’était une personne très controversée. Il était très intelligent. Je dirai même qu’il était exceptionnellement intelligent. Lorsqu’il vous parlait de questions opérationnelles, stratégiques ou politiques en général, il était impossible de ne pas l’écouter. Il prenait les questions d’un point de vue très large, il pensait large. Je dirai : il pensait politiquement. Stratégiquement et politiquement. En un mot, c’était un grand stratège. Mais dans le rôle de commandant de front, il n’a pas réussi. Et il est difficile d’expliquer pourquoi. »
En vérité, Pokrovski – responsable de la police militaire qui participera plus tard aux procès de Nuremberg – sait sans doute exactement pourquoi. Sokolovski, brillant théoricien plus proche des cabinets que du front et préférant volontiers l’encre à la poudre, a été véritablement écrasé par le poids de ses responsabilités, la peur de l’échec… et la peur de Staline. Joukov l’a compris – il va donc s’installer à demeure à Vitebsk, pour prendre le relais.
………
Centre de Bagration – Du côté de la 4. Armee, avec le retour des VVS et la menace d’un encerclement qui parait plus prégnante que jamais, c’est l’heure des choix. Alors qu’une pluie d’obus s’abat sur son périmètre, qui va en se réduisant comme peau de chagrin – deux kilomètres de moins au nord, trois au centre, cinq au sud ! – Kurt von Tippelskirch sent bien qu’il est au bout de ce qu’il peut faire sans être totalement détruire pour rien.
Déjà, sur sa droite, le XLIII. ArmeeKorps (Karl von Oven) a dû prendre le relais de la 268. ID dans le secteur de Rudzienka, pour que le VII. AK puisse se concentrer entièrement face au 1er Corps de Cavalerie, à la 15e Armée et au 7e Corps Blindé. Un mouvement judicieux – mais il ne saurait faire tenir cette pseudo-Festung encore longtemps. Aussi, Tippelskirch a déjà pris sur lui de déplacer le XIII. AK (Otto Sponheimer) sur la rive ouest – Model ne manquera pas d’approuver, ne serait-ce que parce qu’il a lui-même grand besoin de défenseurs à Minsk !
Mais ce transfert a lieu sous un grand soleil et un ciel bleu qui permettent à la 15e Armée Aérienne de Nikolai Papivine d’en faire un épisode apocalyptique ! Les faibles protestations du I/JG.54 (ses Fw 190A revendiquent 14 victoires contre 4 pertes) n’y font rien – les Faucons de Staline piquent presqu’impunément et mitraillent les colonnes, incendiant les véhicules, disloquant les groupes en attente, semant la terreur jusque dans le cœur des Landsers. En vérité, si les Tupolev Tu-2 ne détruisent pas les ponts sans attendre pour interdire tout repli à l’ennemi, ce n’est pas parce qu’ils ne le peuvent pas, mais plutôt parce qu’ils ne le veulent pas. Leurs ordres sont clairs : ces ouvrages pourraient servir à l’Armée Rouge !
Heureusement, la nuit tombe tôt en cette saison… Sturmovik et Pe-2 laissent la place au ronflement de machine à coudre des Po-2, qui tournent en vibrant et interdisent toute lumière, donc tout repas chaud. Sans parler du bruit qui empêche de dormir. Les Sorcières de la Nuit ! Elles ne sont pas les plus nombreuses dans ce type de formations aériennes, loin de là ! Néanmoins, elles ont déjà marqué l’imaginaire de l’envahisseur allemand, qui les insulte le poing levé en leur promettant le pire des sorts si elles tombent entre leurs mains… Pire encore que celui réservé à ces terroristes qui capturent les sentinelles et égorgent les blessés.
Pour Tippelskirch, pourtant, la soirée marque un début de soulagement. Les ordres de Minsk sont en effet tombés peu avant 20h00 : toute la 4. Armee doit évacuer vers l’ouest. Les mouvements se poursuivront toute la nuit. Au milieu des combats et des bombardements, évidemment.
………
Bagration Sud (2e Front Biélorusse et 1. PanzerArmee) – Pour la 1. PanzerArmee, la situation continue de se dégrader, à présent que Josef Harpe et ses hommes doivent faire face aux assauts coordonnés et – surtout – continus de la 15e Armée Aérienne, de la 4e Armée de la Garde et de la 3e Armée de Choc. Ces dernières l’attaquent en deux points principaux : Assipovitchy et Lipen.
Sur la droite du dispositif, à Assipovitchy, la 23. ID et 20. Panzer tiennent encore bien le coup, même si le milieu urbain et ses ruines ne sont pas forcément le terrain de jeu favori des blindés et si, vers la gare, les ruines du terrible attentat commis par le Partisan Fedor Krylovich – jamais totalement déblayées – apparaissent à beaucoup comme un sombre avertissement. Cependant, face à Mortimer von Kessel – officier “traditionnellement” compétent et que Paul Gurran, blessé au combat, ne peut guère soutenir – Ivan Muzychenko n’hésite pas et pousse ses pions franchement, à grand renfort d’artillerie et d’aviation, tout en essayant d’envelopper la ville par Molotyno et Teplukhy. Il a connu pire en Ukraine, ce ne sont pas quelques panzers (même récents) qui vont lui faire peur ! Le centre-ville comme la route principale au nord de la ville deviennent le théâtre des plus féroces combats – pendant ce temps-là, la population terrée dans les caves prie et attend un miracle (3). Il ne viendra sans doute pas tout de suite, mais une chose est déjà certaine : la Heer recule, contrainte et forcée, pour ne pas être totalement écrasée.
Sur les rives de la Svilasch, à Lipen, Mikhail Purkayev force lui aussi le passage, face à une 52. ID totalement dépassée (le XII. AK doit aussi continuer à tenir la rive aux alentours…) et renforcée trop tard par les trois divisions du XXXIX. PzK venant de Berazino. Relevant un Rudolf Peschel (52. ID) totalement épuisé et un Wilhelm Fahrmbacher (XXV. AK) qui n’a plus beaucoup d’unités à commander, Otto Schünemann installe ses bleus 8 à 10 kilomètres en arrière, sur une ligne Hrodzyanka-Vyaz’ye. De quoi se laisser un peu de temps pour préparer ses propres défenses.
Et pendant ce temps, la 1ère Armée de Chars continue de traverser la Pitch et atteint déjà Staryïa Darohi en écartant d’un revers de main les prises de flanc du LVII. AK. Celui-ci tente désespérément de passer, à présent qu’il est relevé derrière lui, face à la 54e Armée de Roginski. Sloutsk et la Slŭc ne sont plus très loin. Autant dire que les T-34 de Katukov seront bientôt à la hauteur de Minsk.

Décisions, décisions…
QG du Heeresgruppe Mitte (Minsk), 18h00 – Dans son QG de la Hauptstrasse bourdonnant d’une activité intense et même – c’est nouveau – vibrant d’une certaine fébrilité, voire d’une angoisse croissante, Walter Model affronte la terrifiante réalité de sa situation.
Neptun a échoué avant d’avoir commencé – du moins sous sa forme actuelle, car sa conception telle qu’elle fut présentée au Führer est désormais nulle et non avenue : les Soviets auront bientôt atteint la base de départ des unités censées les encercler ! Les reconnaissances aériennes (enfin de nouveau possibles, au moins en théorie !) sont implacables. Les rapports des unités chargées de garder ses flancs – en déroute sitôt engagées – le sont tout autant.
Model n’est pas d’un caractère enclin à la déprime – et pas davantage à la colère. Il vient d’ailleurs de renvoyer assez durement les premiers enquêteurs délégués par l’OKH pour auditer le comportement de Friessner et Harpe. Il n’a vraiment pas le temps pour ces enfantillages, et eux non plus du reste. Alors – de la méthode, afin d’adapter son plan.
Dès sa prise de fonction, il y a… quatre jours à peine, Model avait émis en privé des réserves quant à la possibilité de tenir Minsk. Il espérait y attirer les Russes pour qu’ils y soient écrasés, soit – mais cela supposait aussi qu’ils pourraient y arriver un jour ! C’est d’ailleurs pourquoi il a déjà autorisé l’évacuation d’une grande partie des dépôts, hôpitaux et administratifs s’y trouvant. Mieux vaut prévenir que guérir, et ce n’est pas être défaitiste qu’être prudent.
Bref – Minsk est à présent objectivement perdue. Neptun ne sera pas un encerclement devant ou dans la ville, mais plutôt une opération de dégagement, qui conduira éventuellement à son encerclement avant sa reprise. Les ordres qu’il va donner sont donc parfaitement clairs et il les assumera : repli vers l’ouest de la 4. Armee de toute urgence, en tâchant de faire front à la force descendant depuis Baryssaw, évacuation totale de Minsk… et rotation vers l’ouest de la 1. PanzerArmee afin d’accompagner le mouvement.
Tout cela, il faudra le justifier. Mais demain. L’OKH mettra la nuit à réagir, autant en profiter. Très vite, une activité frénétique va s’emparer de la capitale de Ruthénie blanche, pourtant déjà secouée par les transferts et brûlant d’une fièvre exprimant la peur de l’insurrection. Les jours suivants, jusqu’à 70 trains en partiront chaque jour ! Tous chargés de personnels, de matériels, de ravitaillement… ainsi que d’archives considérées comme importantes, ou de Collaborateurs qui auront eu la chance de pouvoir évacuer.
Et à propos de trains… Model note qu’il faudra aussi informer la Schutzstaffel, d’ailleurs point trop brillante aujourd’hui – et qui a elle-même un point de détail à régler à Maly Trostenets. Ce qui, par bonheur (pour lui), n’est ni sa responsabilité, ni son problème.

Apparences
Ukraine
– Le général Ivan Petrov est officiellement nommé chef du 1er Front Ukrainien… mais par intérim, en remplacement du maréchal Alexsandr Vasilevsky – toujours plus absorbé par la préparation de Vistule-Varsovie. Ainsi donc, le vainqueur des Roumains – au côté de Fiodor Tolboukhine, il est vrai, mais tout de même ! – n’en a toujours pas fini avec les brimades et les vexations. Vae victoribus ?…


Notes
1- Tous n’auront pas cette chance. De nos jours, la mise en eau du lac artificiel de Vileyka a effacé les traces du massacre…
2- 8 x 45 mm, 3 x 76 mm et 1 x 122 mm.
3- De tout temps, et malgré les rebuffades des autorités locales, les habitants ont maintenu un culte très visible dans l’église de l’Exaltation de la Sainte-Croix (1826).
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Etienne



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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 10:45    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Comment se sont produits tous ces contretemps ? On nous a expliqué ici que vos forces et vos moyens étaient insuffisants pour que la traversée puisse être rapidement menée à bien. Mais vous auriez le savoir auparavant, n’est-ce-pas ? Pourquoi n’avez-vous pas pris le téléphone pour appeler l


Pu?
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 11:43    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Numériquement compensées, il est vrai, mais par l’intégration de Hiwis et même d’autres prisonniers de guerre ou de droit commun tirés des camps ou des prisons – et les premiers échos de Bagration n’ont rien arrangé.


Citation:
Sur la droite du dispositif, à Assipovitchy, la 23. ID et 20. Panzer tiennent encore bien le coup, même si le milieu urbain et ses ruines ne sont pas forcément le terrain de jeu favori des blindés


"la 23. ID et la 20. Panzer" ou bien "les 23. ID et 20. Panzer"


Citation:
Les jours suivants, jusqu’à 70 trains en partiront chaque jour ! Tous chargés de personnels, de matériels, de ravitaillement… ainsi que d’archives considérées comme importantes, ou de Collaborateurs qui auront eu la chance de pouvoir évacuer.


OTL, les Allemands avaient pu récupérer autant de matériel ferroviaire adapté à l'écartement russe?
En FTL, les Soviétiques ont pu avoir plus de temps pour procéder à plus de destructions de matériel ferroviaire et en laisser moins aux Allemands.
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patzekiller



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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 11:57    Sujet du message: Répondre en citant

euh, problème d'orbat : j'ai la 52 ID sur le front italien, depuis un moment déjà et jusqu'à la fin puisque ce front est terminé depuis avant le premier confinement...
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www.frogofwar.org
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Centre de Bagration – Du côté de la 4. Armee, avec le retour des VVS et la menace d’un encerclement qui parait plus prégnante que jamais, c’est l’heure des choix. Alors qu’une pluie d’obus s’abat sur son périmètre, qui va en se réduisant comme peau de chagrin – deux kilomètres de moins au nord, trois au centre, cinq au sud ! – Kurt von Tippelskirch sent bien qu’il est au bout de ce qu’il peut faire sans être totalement détruire pour rien.


Accord bizarre pour le verbe "détruire", non ?

Citation:
Il n’a vraiment pas le temps pour ces enfantillages, et eux non plus du reste.


"Eux non plus" désigne-t-il les "enquêteurs de la Herr" ou "Friessner et Harpe" ?

@+
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le poireau



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MessagePosté le: Mer Juin 23, 2021 13:30    Sujet du message: Répondre en citant

patzekiller a écrit:
euh, problème d'orbat : j'ai la 52 ID sur le front italien, depuis un moment déjà et jusqu'à la fin puisque ce front est terminé depuis avant le premier confinement...


Zut...moi qui pensais avoir éliminé tous les doublons !😫
S'y retrouver dans ces centaines de divisions allemandes quant on a 3/4 fronts différents à suivre c'est pas simple !

Bon j'ai peut-être une solution.
Est-ce que dans tes textes tu as fait apparaitre le nom d'un général commandant cette division ? Ce n'est pas le cas dans les OB.
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