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Pantelleria été 40 FTL : la conquérir ou pas ?
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folc



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MessagePosté le: Mer Mai 27, 2009 23:36    Sujet du message: Tendance majoritaire Répondre en citant

Il me semble que la tendance majoritaire est de laisser l'opération Ravenne au rang des projets.
Je pense que nous pouvons nous en tirer en rajoutant dans la Chrono, côté Alliés, un conseil de guerre soit purement français où les marins, Darlan et Esteva en tête, vont défendre l'option "On saute sur Pantelleria" et les autres armes, arguant de Scipion plus Marignan plus Cordite, proposeront juste "On débarque en douceur à Lampedusa et on se contente de faire des misères à Pantelleria". Soit interallié où l'on arrive à la même conclusion : je suppose que le Dodécanèse l'emportera en raison de sa valeur de monnaie d'échange pour entraîner les Grecs à entrer en guerre aux côtés des Franco-Britanniques. La valeur de Pantelleria ne va pas jusque là !
Le contrôle des îles Pélages doit suffire à réduire le problème des mines italiennes dans la partie ouest du Canal de Sicile. Le harcèlement de Pantelleria écartera les MAS et l'installation d'avions avant la conquête de la maîtrise de l'air par l'Axe grâce à l'intervention de la Luftwaffe.

Côté italien, il faudrait sans doute aussi un petit conseil de guerre inter-armes où Badoglio finirait par conclure qu'il ne voit aucun intérêt à augmenter le nombre de prisonniers que les Alliés vont faire tôt ou tard en Sardaigne. Le réduit sacré = la Botte plus la Sicile.

Un effort conte Pantelleria et la prise de Lampedusa pourraient se placer à la fin août, avant que les Français aient besoin de se consacrer à Marignan ?
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loic
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MessagePosté le: Jeu Mai 28, 2009 07:51    Sujet du message: Re: Tendance majoritaire Répondre en citant

folc a écrit:
Je pense que nous pouvons nous en tirer en rajoutant dans la Chrono, côté Alliés, un conseil de guerre soit purement français où les marins, Darlan et Esteva en tête, vont défendre l'option "On saute sur Pantelleria" [...]

À ce sujet, je rappelle qu'on a 2 compagnies d'infanterie de l'air (GIA I/601 et I/602) qui peuvent servir.
folc a écrit:
[...] et les autres armes, arguant de Scipion plus Marignan plus Cordite, proposeront juste "On débarque en douceur à Lampedusa et on se contente de faire des misères à Pantelleria". Soit interallié où l'on arrive à la même conclusion : je suppose que le Dodécanèse l'emportera en raison de sa valeur de monnaie d'échange pour entraîner les Grecs à entrer en guerre aux côtés des Franco-Britanniques. La valeur de Pantelleria ne va pas jusque là !

Euh ... Rhodes ne menace pas de couper le trafic allié, que je sache. Je dirais que la prise de Pantelleria doit apparaître comme prioritaire en juillet 40, au même titre que celle de la Sardaigne.
Bien entendu, il paraît évident que les Alliés vont se rendre compte que l'opération risque de leur coûter cher. Mais pour autant vont-ils abandonner l'idée ?
Sécuriser les voies maritimes et surtout priver l'ennemi d'un tremplin vers la Tunisie est une priorité qui risque de leur forcer la main au profit d'une vraie attaque.
De plus, il ne faut pas dispenser les Alliés de faire des expérimentations coûteuses (rappelons que Churchill est un spécialiste de ces choses-là).
Les Alliés doivent découvrir le besoin d'engins de débarquement spécialisés, grâce aux opérations en Sardaigne (réussite avec pertes sensisbles), Rhodes (réussite avec pertes légères), Pantelleria (échec avec pertes sensibles) et aux autres îles Pélages (réussites sans pertes mais enseignements toujours utiles).
folc a écrit:
Le contrôle des îles Pélages doit suffire à réduire le problème des mines italiennes dans la partie ouest du Canal de Sicile. Le harcèlement de Pantelleria écartera les MAS et l'installation d'avions avant la conquête de la maîtrise de l'air par l'Axe grâce à l'intervention de la Luftwaffe.

(Remarque : pendant Merkur la Luftwaffe ne contrôle pas les airs, c'est très disputé.)
Je trouve ce raisonnement un peu trop évident. Je suis pour une tentative se soldant par un échec un peu coûteux et convertie ensuite en harcèlement/blocus, le but étant de neutraliser 1) les batteries côtières qui peuvent viser des navires 2) l'aérodrome 3) les installations portuaires.

folc a écrit:
Côté italien, il faudrait sans doute aussi un petit conseil de guerre inter-armes où Badoglio finirait par conclure qu'il ne voit aucun intérêt à augmenter le nombre de prisonniers que les Alliés vont faire tôt ou tard en Sardaigne. Le réduit sacré = la Botte plus la Sicile.

Il faudrait arriver à estimer le nombres de troupes que les Italiens ont envoyé en renfort en Libye en OTL (et surtout le calendrier) et voir ce qu'on peut en faire en FTL.

folc a écrit:
Un effort conte Pantelleria et la prise de Lampedusa pourraient se placer à la fin août, avant que les Français aient besoin de se consacrer à Marignan ?

OK sur ce point.
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Jeu Mai 28, 2009 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

Et n'oubliez pas, la prise des iles italiennes isolés de méditérannée est inscrite dans la chrono principale au printemps 1942 FTL. Il y a un risque de perturbation temporelle de taille si certaines sont prises deux fois.
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loic
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MessagePosté le: Jeu Mai 28, 2009 14:51    Sujet du message: Répondre en citant

Nan, mais elles sont reprises par les Italo-Allemands pendant Merkur (oui, la chrono n'en parle pas encore). Rolling Eyes
Les perturbations temporelles, on commence à connaître Neuneu
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Jeu Mai 28, 2009 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Nan, mais elles sont reprises par les Italo-Allemands pendant Merkur (oui, la chrono n'en parle pas encore). Rolling Eyes


Ah, d'accord! Autrement dit, les italos-allemands vont hériter d'iles inutilisables commes bases opérationelles, le génie ayant eu le temps de tout dynamiter avant leur arrivée.
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Didi



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MessagePosté le: Jeu Mai 28, 2009 16:29    Sujet du message: Répondre en citant

Les alliés connaissent quand même la géographie des lieux, et s'ils savent qu'il y autant de monde sur l'ile, je ne pense pas qu'il tente un assaut.

Mais encore faut il qu'ils connaissent la situation réelle des effectifs sur place. Au vu de la situation, on peut présumer qu'ils vont voir s'il y a des transferts de troupe par gros paquets, ils peuvent par contre ignorer des mouvements par petits paquets (de nuit ?). Ensuite les troupes italiennes sont elles aisément repérables depuis le ciel ou bien les reco alliés peuvent elles passer à coté de troupes, et ce faisant sous estimer les italiens ?
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folc



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MessagePosté le: Dim Juin 14, 2009 22:59    Sujet du message: Les armées italiennes de l'été 40 OTL/FTL Répondre en citant

Je raccroche ce qui suit à notre discussion sur le sort de Pantelleria, mais cela pourrait devenir un nouveau sujet.

Sauf erreur de ma part, nous avons détaillé les ordres de bataille du Regio Esercito en Africa Settentrionale, en Africa Orientale et dans le Dodécanèse, mais pas en Italie même (péninsule et grandes îles, sauf la Sardaigne). Or la situation sur ce théâtre principal conditionne largement notre réflexion sur ce que l’Italie peut faire ou ne pas faire en cet été 1940 FTL et au début de l’automne.

Je n’ai pas (encore) trouvé l’équivalent de l’article qui m'a servi de base pour l’annexe 40-5-3 sur l’A.S.I., mais, à ce que j’ai pu lire, les plans d’opération de Pietro Badoglio étaient à l’origine strictement défensifs et répondaient à la crainte d’une bataille sur deux fronts : France d’un côté, Yougoslavie de l’autre (la crainte de Badoglio étant que les Français ne parviennent à entraîner les Yougoslaves à entrer en guerre contre l’Italie).

Cette crainte première se marque dans la répartition du gros des armées italiennes en deux groupes de trois armées : Ouest contre la France (1ère, 4e et 7e armées), Est vers la menace yougoslave (2e, 6e et 8e armées).
Cela posé, il reste à l’Italie, outre l’armée du duc d’Aoste en A.O.I. (qui ne reçoit pas de numéro), trois armées : la 3e (réserve du Quartier Général), les 5e et 10e (toutes deux en A.S.I.).
Contrairement à ce que l’on lit parfois, il n’y a pas de 9e armée en juin 1940 : le maréchal De Bono est à la tête d’un groupe d’armées Sud qui ne rassemble guère, outre divers dépôts divisionnaires, que les corps d’armée de Sardaigne (XIIIe) et de Sicile (XIIe) plus les corps territoriaux des deux îles et du sud de la péninsule (depuis Rome).
Il existe en outre des corps d’armée en Albanie, à Zara et dans le Dodécanèse (ce dernier un peu surévalué).
A priori, en OTL, avant que Mussolini n’envisage d’attaquer la Grèce, la force des troupes stationnées en Albanie et notamment la présence de la division cuirassée Centauro (refusée à Italo Balbo) se justifient par la nécessité de défendre cette récente conquête contre une offensive yougoslave (qui pourrait d’ailleurs entraîner une réaction grecque).

Si l’offensive contre la France mobilise bien les trois armées citées ci-dessus, il reste donc trois armées disponibles où, si la crainte yougoslave s’éloigne, puiser de quoi renforcer éventuellement Sicile et Sardaigne.
L’abandon de la Sardaigne à son sort me paraît toujours justifiable, mais peut-être faudrait-il muscler notre argumentation.

Je donne ci-après l’OdB (non détaillé) côté front des Alpes, amorce d'une annexe à compléter (40-5-X).
A noter que l’ouvrage publié en 1982 chez Lavauzelle (Général E. Plan et Eric Lefèvre, La bataille des Alpes, 10-25 juin 1940) commet l’erreur dans le texte de mettre la 6e armée à la place de la 7e (ce qui n’est pas le cas sur la carte du déploiement des forces italiennes !).
Ordre de bataille italien au 10 juin 1940 :

D.I. = division d'infanterie D.I.M. = division d'infanterie de montagne
Certaines des divisions sont commandées par des généraux de brigade.

Contre la France : Groupe d’armées ouest (S.A.R. Umberto di Savoia, prince de Piémont)

1ère ligne : 1ère et 4e armées

4e armée (général Alfredo Guzzoni)

Corps alpin (général Luigi Negri) Val d’Aoste face à la Tarentaise
1ère Division Alpine Taurinense (gén. brig. Paolo Micheletti)
2e Division Alpine Tridentina (général Ugo Santovito)
Groupement alpin Levanna

Ier corps d’armée (général Carlo Vecchiarelli) Secteur du Mont-Cenis face à la Maurienne
59e D.I.M. Cagliari (gén. brig. Antonio Scuero)
1ère D.I.M. Superga (gén. div. Curio Barbasetti di Prun)
24e D.I. Pinerolo (gén. div. Giuseppe de Stefanis)

IVe corps d’armée (général Camillo Mercalli) Face au Briançonnais
2e D.I.M. Sforzesca (gén. div. Alfonso Ollearo)
26e D.I.M. Assietta (gén. div. Emanuele Girlando)

Réserve d’armée
3e régiment alpin plus légion MSVN Face au Queyras
58e D.I. Legnano (gén. div. Edoardo Scala) Vallée de la Doire Ripaire
11e D.I.M. Brennero (gén. div. Arnaldo Forgiero) Idem
Groupement de cavalerie Idem


1ère armée (général Pietro Pintor)

IIe corps d’armée (général Francesco Bettini) Face à l’Ubaye et à la haute Tinée
36e D.I.M. Forli (gén. div. Giulio Perugi) Face à l’Ubaye
33e D.I.M. Acqui (gén. div. Francesco Sartoris) Idem
4e Division Alpine Cuneense (gén. div. Alberto Ferrero) Idem
Groupement alpin Varaita-Po Face à la haute Tinée
4e D.I.M. Livorno (gén. div. Benvenuto Gioda) Idem

IIIe corps d’armée (général Mario Arisio) Vésubie et haute vallée de la Roya
Groupement alpin Gesso Vésubie
3e D.I.M. Ravenna (gén. div. Edoardo Nebbia) Haute vallée de la Roya
6e D.I. Cuneo (gén. div. Carlo Melotti) Idem

XVe corps d’armée (général Gastone Gambara) De Breil à la mer
37e D.I.M. Modena (gén. div. Alessandro Gloria)
5e D.I. Cosseria (gén. div. Alberto Vassari)
44e D.I. Cremona (gén. div. Umberto Mondino)


Réserve d’armée
5e Division Alpine Pusteria (gén. brig. Amedeo de Cia)
16e D.I. Pistoia (gén. div. Mario Priore)
22e D.I. Cacciatori delle Alpi (gén.div. Dante Lorenzelli)
7e D.I. Lupi di Toscana (gén. div. Ottavio Bollea)
Groupement de cavalerie


7e armée placée en réserve sur la grande rocade Turin-Coni (S.A.R. Filiberto di Savoia, duc de Pistoia)

VIIe corps d’armée (général Aldo Aymonino)
41e D.I. Firenze (gén. div. Paride Negri)
20e D.I. Friuli (gén. div. Vittorio Sogno)

VIIIe corps d’armée (général Remo Gambelli)
51e D.I. Siena (gén. div. Gualtiero Gabutti)
21e D.I. Granatieri di Sardegna (gén. div. Taddeo Orlando)


Du côté de la Yougoslavie :

Groupe d’armées est (général Camillo Grossi)

2e armée (général Vittorio Ambrosio)

6e armée (général Mario Vercellino)
Le fer de lance de l’armée italienne, comprenant des unités cuirassées, rapides ou motorisées.

8e armée (général S.A.R. Adalberto di Savoia-Genova, duc de Bergame)
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MessagePosté le: Lun Juin 15, 2009 07:00    Sujet du message: Répondre en citant

Plusieurs possibilités :
1) faire une annexe "Etat des forces dans la péninsule à l'issue de la campagne des Alpes" (à nous d'estimer les pertes).
2) raccrocher cet OdB au travail en cours sur la campagne de France
3) faire une annexe "OdB Italie" à la fin juin mais qui présente peu de différences avec l'OTL et duplique certaines annexes existantes.
4) ou alors juste une mention dans la chrono

Ce qui me gêne avec la multiplcation des annexes, c'est qu'on oublie souvent d'ajouter des points d'entrée dans la chrono. Des volontaires pour y remédier ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Sep 23, 2009 23:56    Sujet du message: Pantelleria, on y va Répondre en citant

On y va une première fois, en tout cas, sous l'égide de Folc.
Comme d'hab' avec lui, il ne manque pas un bouton de guêtre. Mais n'hésitez pas à chercher !
Wink

Annexe 40-8-4
Opération Ravenne (attaque de Pantelleria et des îles Pélages) :
Les forces en présence au 30 août 1940

I) Forces alliées

C’est la Marine Nationale, par la voix de l’amiral Darlan, qui a la première souhaité la conquête de Pantelleria. Cependant, devant aussi fournir dans le même laps de temps les moyens nécessaires aux opérations Marignan (où leur contribution est prépondérante) et Cordite (où elle est forte), les marins français ont dû rapidement constater que, compte tenu d’inévitables indisponibilités, ils ne pourraient faire face seuls à Ravenne, sauf à risquer leurs navires les plus précieux. Aussi se sont-ils résolus à solliciter de la Royal Navy une aide allant au-delà de l’appoint demandé pour Marignan. Par chance pour eux, Winston Churchill a adhéré sans réserve au projet exposé par Darlan. Le Premier a donc appuyé la demande française : la Royal Navy engage dans Ravenne, outre deux destroyers depuis longtemps présents en Méditerranée, deux croiseurs et six destroyers précédemment engagés en Mer du Nord ou dans l’Atlantique.
En contrepartie, le plan final de l’opération résulte d’un compromis entre le projet français originel et celui élaboré de son côté par l’amiral Sir Roger Keyes, à peine nommé Director of Combined Operations (Directeur des Opérations Combinées). Ce dernier préconisait pratiquement une opération de commandos : jeter dans le port de Pantelleria même, de nuit, une force de 2 000 hommes d’élite. Certes, la garnison de l’île était évaluée à 4 ou 5 000 hommes par les services de renseignement alliés. Mais l’argument de Keyes était que la partie mobile de ces troupes, soumise au feu de la flotte et de l’aviation alliées, ne pourrait réagir en masse et serait mise hors combat en détail. Moins persuadés de la chose, les Français ont prévu d’engager près de 5 800 hommes, sans compter deux compagnies d’infanterie de l’Air destinées à saisir l’aérodrome de Margana. En revanche, l’accord a été total sur l’emploi d’unités navales rapides, tant pour l’escorte que pour le transport des troupes. Tout en effet repose sur la surprise initiale, obtenue par la rapidité des mouvements. La force alliée, après s’être dirigée vers Malte, doit effectuer un brusque crochet vers le nord-ouest, puis, arrivée à l’est de Pantelleria, obliquer vers l’ouest. Cet itinéraire compliqué, suggéré par la partie anglaise, doit faire croire à un convoi pour Malte en cas de repérage au début du trajet, mais surtout permettre aux assaillants d’arriver de l’est sur leur cible, une direction d’où les Italiens ne doivent pas les attendre.
Pour les transports, la participation des malles d’Ostende a été demandée – ce sont d’excellents navires, robustes et modernes, capables de filer 23 nœuds à pleine charge, avec une capacité d’embarquement de 1 800 hommes chacune et des facilités de débarquement de véhicules. Les Belges engagent finalement dans l’opération quatre de ces malles , de même qu’une escadrille de bombardiers d’assaut Fairey Battle, dont la participation a été jugé politiquement opportune. La coloration interalliée est d’ailleurs complétée par la présence du destroyer polonais Garland.

A) Forces navales

Force d’appui-feu et escorte du convoi principal (contre-amiral Edmond Derrien)
CA MN Foch, HMS Cumberland
CL MN Emile-Bertin, HMS Dragon
DD HMS Echo, Eclipse, Escapade, Greyhound
DDAA HMS Wryneck
TB MN Trombe (8e DT), Bombarde, Iphigénie, Pomone (12e DT)
PMS (avisos-dragueurs) MN Chamois, La Batailleuse, La Curieuse

Convoi principal
Paquebots français Newhaven, Rouen
Malles belges Prince Albert, Prince Baudouin, Princesse Astrid

Force secondaire (assaut des îles Pélages)
DD HMS Gallant, Inglefield, ORP Garland
TB MN Bordelais, Alcyon (8e DT)
PMS MN L’Impétueuse
Malle Princesse Marie-José

Force anti-sous-marine (basée à Malte)
Les chalutiers ASM HMS Beryl, Coral et Jade doivent patrouiller entre Malte, Pantelleria et les Pélages.

B) Forces aériennes

L’opération Ravenne bénéficie de l’appui d’une partie des avions basés en Afrique du Nord française (voir annexes 40-8-1 et 40-9-4), l’autre partie étant engagée dans les combats aux limites de la Tripolitaine et de la Cyrénaïque.
Elle peut compter sur une centaine de chasseurs et autant de bombardiers français, que renforce une escadrille de 12 Fairey Battle belges, lesquels seront engagés sur Pantelleria.

C) Forces terrestres

Trois régiments non endivisionnés, dont deux ne comptent que deux bataillons :
– 2e Régiment Etranger d’Infanterie (REI), 2 bataillons, 1 431 hommes.
– 4e Régiment Etranger d’Infanterie (REI), 2 bataillons, 1 484 hommes.
Le II/4e REI est chargé de prendre les îles Pélages : 530 hommes ont embarqué sur le Princesse Marie-José, avec pour objectif Lampedusa ; le reste du bataillon, qui doit enlever Linosa, a pris passage sur le Garland et le Bordelais.
– 3e Régiment de Tirailleurs Sénégalais (RTS), 4 bataillons, 3 408 hommes.
– Groupement aéroporté : deux Groupes d’Infanterie de l’Air (601e et 602e GIA) basés à Alger Maison-Blanche avec leurs transports, des Bloch 200 et 210 de la nouvelle 64e ET.


II) Forces italiennes

A) Forces navales

Les raids de l’Armée de l’Air et de l’Aéronavale ont dissuadé les Italiens de baser des forces, même légères, à Pantelleria. De la sorte, les unités de surface les plus proches se trouvent à Trapani et Porto Empedocle. Quant aux sous-marins, certains patrouillent de part et d’autre du Canal de Sicile sans qu’aucun soit chargé spécifiquement de la défense de l’île.

B) Forces aériennes

Les défenseurs de Pantelleria et des Pélages peuvent en principe compter sur l’appui des forces de la 2e Région aérienne (Q.G. à Palerme). Cependant, les formations qui en dépendent ont été constamment harcelées depuis la fin juin et la pression a été renforcée à partir de la mi-août, tant pour couvrir les mouvements de la flotte française que pour préparer le terrain des opérations Ravenne et Marignan. Aussi, bien que l’état-major de la Regia Aeronautica se soit toujours préoccupé de combler les pertes, le nombre d’avions en ligne ne représente plus, à la veille de ces événements, que 60 % de l’effectif du 10 juin (voir annexe 40-6-4).
Les Italiens ont réagi au harcèlement français en créant de nouveaux terrains secondaires, mais ceux-ci ne peuvent encore permettre le décollage de bombardiers terrestres à pleine charge : ces derniers ont donc été repliés dans le sud de la péninsule. En revanche, il reste en Sicile des chasseurs et, tout de même, le principal atout italien : les Picchiatelli du major Ercolano Ercolani. Ces derniers, dont le nombre a été récemment porté de 15 à 20, ont été très discrètement déployés dans l’est de l’île et ménagés dans l’attente d’une grande occasion .

C) Forces terrestres

Toutes les îles sont défendues, sauf Lampione. L’importance de leurs garnisons dépend bien évidemment de leur superficie. Mais l’effort d’avant-guerre a privilégié Pantelleria, la seule à être dotée d’une véritable ceinture de batteries côtières et, de surcroît, d’une solide défense anti-aérienne.

Pantelleria
La garnison de l’île compte 7 500 hommes – bien plus donc que ce que pensent les Alliés. En effet, les fantassins du XIIe Corps territorial ont été renforcés par des hommes de la 28e Division d’Infanterie Aosta, déployée pour la défense de la Sicile, et l’acheminement d’autres renforts est en cours.
En outre, se trouve tout entière sur l’île la 9e Légion de la MILMART (Milizia Marittima di Artiglieria) qui sert le complexe de batteries suivant :
– 6 batteries anti-navires :
Batteries Bellotti, Grasso et Rossi, 4 pièces de 152 mm chacune ;
Batterie Caminita, 5 pièces de 120 mm ; batteries Rametta et Stroscio, 4 pièces de 120 mm chacune.
– 14 batteries anti-aériennes : 12 équipées de canons de 76 mm (74 pièces au total) ; 2 équipées de canons de 90 mm (12 pièces en tout) pouvant aussi tirer contre la mer.
– 18 canons de 20 mm AA.

Lampedusa
Garnison totale : 500 hommes.
L’île ne compte que deux batteries : l’une de quatre pièces de 76/40, dite batterie Lanterna, placée à l’embouchure orientale du port ; l’autre de cinq pièces modernes de 90/53, à la fois anti-navires et anti-aériennes, à Punta Alaimo (c’est-à-dire du côté de la menace maltaise).

Linosa
Garnison : 200 hommes.

Notes :
1 Une cinquième malle fait partie des transports de Marignan 3.
2 Remise des dégâts subis en éperonnant le sous-marin italien Provana.
3 Dont la participation à l’attaque est évidemment ironique (la princesse Marie-José, sœur du roi Léopold III, est aussi princesse héritière d'Italie).
4 Chaque groupe est composé d’un état-major (dirigé par un commandant), une escadrille d’avions de transport et une compagnie d’infanterie de l’air (CIA) : 175 hommes armés de PM Thompson et organisés en trois pelotons de combat plus un de soutien (avec deux fusils antichars Boys et deux mitrailleuses Hotchkiss Mle14).
5 La première à se présenter a été le passage, le 25 août, de l’escadre française revenant de Méditerranée orientale après l’opération Judgment, mais l’attaque a été manquée.


Dernière édition par Casus Frankie le Mer Nov 04, 2009 01:22; édité 2 fois
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MessagePosté le: Dim Sep 27, 2009 14:42    Sujet du message: Répondre en citant

"Politique" n'était pas à prendre en mauvaise part. il s'agissait dans mon esprit de montrer aux Belges qu'eux aussi pouvaient disposer des "right things in the right place" et donner un sérieux coup de main (les Français auraient sans doute dû racler leurs fonds de tiroir).

Pour ce qui est de la Princesse Marie-José, je l'ai finalement intervertie avec le Prince Baudouin. Elle ira donc à Lampedusa, ce qui n'enlève pas grand-chose à l'ironie.


P.S.- Petit problème d'horloge : ceci est une réponse au message de Notre Saint-Père qui suit !!
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MessagePosté le: Dim Sep 27, 2009 15:07    Sujet du message: Répondre en citant

Ah, on attend la première défaite alliée en Méditerranée.

Petit détail: je trouve réducteur de faire de l'utilisation des malles belges un pur point politique. Ce sont d'excellents navires robustes et modernes, capables de filer 23 noeuds à pleine charge, avec une capacité d'embarquement de 1800 hommes chacune, et des facilités de débarquement de véhicules de par leur configuration. Je doute que les Alliés en aient beaucoup de cette qualité-là en septembre 1940. Il sera évidemment ironique d'envoyer la Princesse Marie-José (soeur de Roi Léopold III, mais aussi Princesse héritière d'Italie) à l'attaque de Pantelleria...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Sep 27, 2009 15:20    Sujet du message: Répondre en citant

Une bulle de Notre Saint-Père ne saurait être laissée sans réponse !

Pour les transports, la participation des malles d’Ostende a été demandées – ce sont d’excellents navires robustes et modernes, capables de filer 23 nœuds à pleine charge, avec une capacité d'embarquement de 1 800 hommes chacune, et des facilités de débarquement de véhicules. Les Belges engagent finalement dans l’opération quatre de ces malles , de même qu’une escadrille de bombardiers d’assaut Fairey Battle, dont la participation a été jugé politiquement opportune.

Et j'ajoute la note suivante après la mention du navire en question :

Dont la participation à l’attaque est évidemment ironique (la princesse Marie-José, sœur du roi Léopold III, est aussi princesse héritière d'Italie).
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MessagePosté le: Mer Nov 04, 2009 01:20    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai corrigé le post (un peu plus haut) sur l'OdB de Ravenne.

On va pouvoir passer à la suite !

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MessagePosté le: Mer Nov 04, 2009 01:24    Sujet du message: Ravenne enfin ! Répondre en citant

Et voilà !
Merci Folc !


30 août
Méditerranée centrale
Opération Ravenne
20h00 GMT (21h00 heure française et British Summer Time [BST], 22h00 heure italienne), Sousse – Départ des avisos-dragueurs Chamois, La Batailleuse et La Curieuse, qui doivent ouvrir à la force d’attaque de Pantelleria un passage dans le champ de mines tendu entre cette île et Lampedusa et dont la récente mésaventure du cargo Clan Cumming a révélé la présence.

21h10 GMT, Sousse – Départ, cap est-nord-est, des cinq transports de troupes destinés à l’attaque de Pantelleria (cf. annexe 40-8-4), sous l’escorte des torpilleurs MN Trombe, Bombarde, Iphigénie et Pomone et du DDAA HMS Wryneck, arrivé le 24 de Malte.

21h10 GMT, Bizerte – Les croiseurs lourds MN Foch et HMS Cumberland sortent de la base française, accompagnés des croiseurs légers MN Emile-Bertin et HMS Dragon et des destroyers HMS Echo, Eclipse, Escapade, Greyhound, tous les six arrivés de Méditerranée occidentale le 23, deux jours avant les croiseurs lourds. La force de soutien doit retrouver le convoi de troupes un peu à l’ouest du centre d’une ligne Pantelleria-Lampedusa. Empruntant le chemin sûr qu’auront ménagé les avisos-dragueurs, les deux groupes doivent faire route ensemble quelque temps vers Malte avant de mettre la proue vers le port de Pantelleria.

22h30 GMT, Aérodrome de Naples – Les arrivées successives à Bizerte des navires alliés n’ont pas échappé aux espions italiens opérant en Tunisie. Dûment alertée, la Regia Marina ne s’est pas trop émue avant l’arrivée des croiseurs lourds. Le 26 puis le 27 août, Supermarina a signalé avec insistance à Superaereo cet « objectif qui en vaut la peine ». Mais les aviateurs ont voulu achever le redéploiement et la réorganisation des bombardiers de la 2e Escadre aérienne, repliés de Sicile dans le sud de la Péninsule, sur les terrains des 3e et 4e Escadres . Le 30, tout est enfin a posto et un raid va décoller avec 24 SM-79 : douze “Siciliens” du 30e Régiment de Bombardement terrestre et douze appareils fournis à parts égales par les deux escadrilles (206e et 207e) du 42e Groupe BT, venu d’Orvieto .

22h40 GMT, Sfax – Départ des sept navires ayant pour objectif les îles Pélages (cf. annexe 40-8-4). Parmi eux, le destroyer polonais Garland, venu de Malte avec le HMS Wryneck le 24.


31 août
Méditerranée centrale
Opération Ravenne
00h15 GMT, Bizerte – Le croiseur AA HMS Carlisle se trouvant à Mers-el-Kébir et le radar évacué de Toulon n’étant pas encore redevenu pleinement opérationnel, la possibilité d’une alerte avancée ne repose plus que sur les moyens de détection acoustique. Ce qui permet à la formation italienne, réduite à vingt-trois avions , de parvenir assez prêt de son objectif avant que l’alarme ne soit donnée. Les neuf chasseurs de nuit français disponibles décollent donc fort tard, avec des indications imprécises. Les SM-79 arrivent donc sans être inquiétés au dessus de la base navale, mais les cibles pour lesquelles ils ont fait le voyage ont disparu ! Si beaucoup de bombes, et pour cause, tombent à l’eau, l’une d’elles frappe le coffre auquel était amarré trois heures plus tôt le croiseur Foch ! Certaines font quand même du dégât : outre quelques dommages infligés aux bâtiments de l’arsenal de Sidi-Abdallah, une bombe incendie le chaland pétrolier Bitume , qui va brûler de longues heures et, reconnu irréparable, sera vendu à la démolition. Cependant, une DCA rageuse endommage plus ou moins sérieusement quatre des assaillants. C’est sur le chemin du retour que ceux-ci sont rattrapés par les chasseurs de nuit. Rendu aisément repérable par un moteur en feu, un SM.79 de la 206e escadrille BT est achevé par un Potez 631. Le sergent Roger Sauvage réussit à intercepter l’un des Savoia intacts, mais il ne peut que l’endommager, des problèmes avec son moteur gauche l’obligeant à cesser la poursuite.

02h52 GMT, au large de Pantelleria – La force alliée est parvenue à l’est de l’île et a mis le cap à l’ouest. Tandis que les cinq transports progressent sous la protection des quatre torpilleurs français et du HMS Wryneck, la force d’appui les devance. Précédée à bonne distance des destroyers HMS Echo (à bâbord) et HMS Eclipse (à tribord), elle avance en deux colonnes : à bâbord les croiseurs anglais suivis du HMS Greyhound, à tribord, les croiseurs français suivis du HMS Escapade. Alors que tout s’était déroulé jusqu’alors sans anicroches, un grain de sable vient enrayer la mécanique – ou plutôt trois grains : trois torpilleurs classe Spica de la 2e Flottille, les Altair (CF Del Cima, chef de flottille), Alcione (LV Bonatti) et Aretusa (LV Castelli della Vinca) . Partis la veille au matin de leur base de Messine, les trois torpilleurs se sont rendus à Palerme pour embarquer l’équivalent d’un demi-bataillon d’infanterie destiné à renforcer la garnison de Pantelleria. Ils ont repris la mer à 18h05 GMT (20h05 heure italienne) et sont arrivés à bon port cinq heures et demie plus tard. Ayant débarqué leurs passagers, ils ont entrepris de regagner Messine en achevant de faire le tour de la Sicile .
A 02h52 GMT donc (heure consignée de manière concordante par les deux camps ), une vigie de l’Altair aperçoit, à moins de 800 mètres par bâbord avant, la silhouette de l’Eclipse, éclairant la marche des navires alliés, tandis qu’une vigie du destroyer aperçoit simultanément le petit torpilleur italien. Se sachant seule force italienne à la mer dans ces parages, le CF Del Cima réagit immédiatement : il fait forcer la vitesse et ouvrir le feu tout en lançant ses torpilles bâbord. Lancer vain, une prompte manœuvre de l’Eclipse lui permettant d’éviter cette menace. Cependant, tout en suivant leur chef, les Alcione et Aretusa aperçoivent, à 02h54, à 700 mètres environ par tribord avant, une seconde silhouette, celle de l’Echo.
Une minute plus tard, les guetteurs italiens discernent de chaque côté une autre silhouette, nettement plus grosse : il s’agit des croiseurs lourds Foch et Cumberland. Un sort funeste semble promis à la petite division italienne. Mais son chef prend une décision risquée qui va assurer son salut. Les deux croiseurs ennemis naviguant parallèlement, espacés de quelque 1 000 mètres, il ordonne à ses deux matelots d’arrière de le suivre entre ceux-ci à toute vitesse, estimant non sans raison que ses adversaires ne pourront guère faire usage de leur artillerie principale sans risquer de s’infliger des dégâts réciproques. Tirant de tous leurs canons, les trois “Spica” défilent donc à vive allure à contre-bord des navires alliés pour découvrir, une fois croisée la force d’appui, qu’il y a d’autres adversaires un peu plus loin ! Cette fois, Del Cima ordonne d’abattre vers le nord en émettant de la fumée et les trois Italiens se fondent dans l’obscurité. Compte tenu de l’addition des vitesses des combattants lorsqu’ils se sont croisés (près de cent km/h !), l’action est brève, si brève que, malgré la courte distance, aucune des torpilles lancées par les Italiens n’atteint son but, faute de temps pour ajuster les tirs. Les torpilleurs italiens ont subi le tir des canons de moyen et petit calibre alliés, mais, comme espéré, les plus grosses pièces restent un temps muettes. Ce qui n’empêche pas quelques dégâts par tirs amis chez les Franco-Britanniques : des deux obus de 100 mm qu’encaisse le Foch, l’un venait sans doute du Cumberland, tandis que sur le Dragon, les trois marins blessés l’ont sans doute été par les tirs de l’Emile-Bertin. La formation italienne ne s’en sort cependant pas indemne. Placé en serre-file, l’Aretusa encaisse notamment deux obus de 90 mm (français) à la proue et surtout, une fois à quelque distance de la formation alliée, un obus de 152 mm du HMS Dragon, qui détruit l’une de ses pièces de 100 mm arrière et réduit la mobilité de l’autre. Au total, les pertes italiennes s’élèvent à cinq tués et 27 blessés, dont 3 tués et 16 blessés sur l’Aretusa. Les Alliés ont perdu 4 tués et 11 blessés, le plus gros dégât étant subi par l’Iphigénie, dont la pièce de 100 mm avant a été détruite par un coup au but de l’Altair, alors qu’elle se ruait en avant, avec les Trombe, Bombarde et Pomone, pour tenir les “Spica” à l’écart des transports.
L’affaire n’a pas compromis la capacité combative de la force alliée. Mais l’effet de surprise est bel et bien éventé, le CF Del Cima ayant rendu compte en clair et à tous les échos de sa rencontre avec « une force ennemie forte de quatre croiseurs, au moins six torpilleurs mais aussi plusieurs transports », force ennemie « se dirigeant vers Pantelleria ».

03h05 GMT, au large de Pantelleria – Ayant rendu compte (mais en code) à Alger du fâcheux incident, le contre-amiral Edmond Derrien ajoute qu’il va tout de même tenter de respecter le plan initial en lançant immédiatement, comme prévu, deux transports et leurs quelque 2 000 soldats sur le port ou plus précisément les ports contigus (Port Vieux et Port Neuf) de Pantelleria, où ils devraient arriver vers 03h45 GMT, avec un quart d’heure d’avance sur l’horaire primitivement fixé. Poussant leur vitesse à 23 nœuds, la malle Prince Baudouin, portant environ 1 100 hommes du 2e Régiment Etranger d’Infanterie (REI), et le paquebot Newhaven, avec à bord le I/4e REI et le reste du 2e REI, foncent vers Pantelleria. Adaptation à la nouvelle donne, le torpilleur MN Trombe et les destroyers HMS Echo, Escapade et Greyhound les encadrent pour leur fournir en cas de besoin l’appui de leurs canons et la protection d’écrans de fumée.

03h25 à 03h41 GMT, au large de Pantelleria – Les transports et leurs escorteurs arrivent à portée de tir des quatre canons de 152 mm de la batterie Bellotti. Et celle-ci est bien éveillée. Une salve d’obus éclairants illumine brutalement les navires alliés. Les obus commencent à tomber, encore imprécis. Cinq minutes plus tard, c’est au tour des cinq pièces de 120 mm de la batterie Caminita d’entrer en action.
La situation des navires franco-britanniques se détériore rapidement. Dans son livre de souvenirs (Cap sur la Victoire), le capitaine de vaisseau Lepotier, qui commandait alors le torpilleur Trombe avec le grade de capitaine de frégate, rapporte ainsi les premiers coups au but ennemis, obtenus par la batterie Bellotti : « Suivant le Newhaven comme son ombre, je vois le cœur serré un obus italien exploser à l’arrière de son château . J’ordonne de forcer la vitesse pour nous porter à sa hauteur et interposer un écran de fumée entre lui et les canons italiens. Soudain, ma pauvre Trombe frémit sous l’impact d’un obus qui l’a atteinte à la poupe. Moment d’anxiété en attendant le rapport sur les dommages reçus. Soulagement d’apprendre qu’ils ne sont que matériels et ne diminuent en rien notre capacité de combat… ». Puis la batterie Caminita place un projectile sur le destroyer Escapade et surtout un autre à la poupe, un peu au-dessus de la flottaison, sur le Prince Baudouin : l’explosion met hors de service la transmission du gouvernail de la malle. Celle-ci se met à tourner en rond, le temps que l’on puisse actionner à bras le dit gouvernail depuis le compartiment arrière. C’en est trop, d’autant plus que les dix canons de 76 mm de la Punta Croce (quatre) et de la Punta San Leonardo (six) sont à leur tour entrés dans la danse et placent coup sur coup quatre obus sur le Prince Baudouin, pris dans les faisceaux de plusieurs projecteurs. Ils font un tué et quatre blessés dans l’équipage, sept morts et douze blessés dans les rangs du 2e REI.
L’amiral Derrien se résout à ordonner le repli des transports et de leurs escorteurs, pourtant parvenus à moins de 2,5 nautiques du but.

03h42 à 04h 07 GMT, au large de Pantelleria – Puisqu’il n’est définitivement plus question d’attaque-éclair, Derrien se trouve placé devant l’alternative suivante : se replier immédiatement, sans gloire mais sans trop de dégâts ; reprendre l’action de façon plus classique, en tentant de débarquer après avoir réduit au silence les batteries adverses. Comme il le dira plus tard, « il était difficile de renoncer sous l’œil des Anglais. Puisque, dans sa sagesse, l’Armée de Terre avait gonflé les effectifs affectés à Ravenne, nous pouvions, nous devions courir notre chance dans une opération classique». Ayant exposé à Alger les termes du choix et sa préférence, l’amiral se voit autorisé à poursuivre. Néanmoins, le scénario principal de Ravenne subit deux autres modifications. D’une part, les Italiens étant désormais sur leurs gardes, l’opération aéroportée est annulée : les avions de transport sont rappelés in extremis. D’autre part, les trois avisos-dragueurs sont envoyés vérifier la possibilité pour la force navale alliée de se retirer vers l’ouest de Pantelleria.

04h00 GMT, Porto Empedocle – Les Alliés n’ignoraient pas que, faute de pouvoir les baser à Pantelleria, trop exposée, les Italiens avaient rassemblé dans le port sicilien de Porto Empedocle un groupe de vedettes lance-torpilles : neuf unités au total, appartenant aux 9e, 10e et 12e escadrilles MAS . Les Alliés ont vu le danger constitué par leur présence à moins de 100 km de l’objectif principal, mais si les Français ont proposé de bombarder préventivement Porto Empedocle, les Anglais ont conseillé de n’en rien faire pour ne pas risquer de mettre la puce à l’oreille des Italiens. Il a été décidé que les Martin 167F de Malte attaqueraient les vedettes au nid à l’heure même où serait déclenché l’assaut du port de Pantelleria. A l’heure prévue, donc, quatorze appareils des escadrilles B3 et B4, prenant par surprise une DCA quelque peu assoupie, bombardent sans perte Porto Empedocle. En vain ou presque, car les MAS disponibles (7 sur 9) sont alors en train de partir à l’assaut de la force d’invasion, l’alerte ayant été donnée ! Déjà en eaux libres ou quittant en hâte leur mouillage, toutes échappent aux bombes françaises, sauf la MAS-519 à qui un coup proche cause une voie d’eau telle qu’elle coule au milieu du port . De plus, la MAS-527, indisponible sur cale, voit sa coque criblée d’éclats. Les bombes françaises coulent aussi un très petit chalutier (30 GRT) et deux barques de pêcheurs…

04h00 GMT, au large de Lampedusa et de Linosa – Les navires envoyés contre les îles Pélages ont été placés sous le commandement du capitaine de vaisseau Guillerm (enlevé à son cuirassé Paris réduit à l’état de bâtiment-base), lequel a mis son pavillon sur le torpilleur MN Alcyon. Quant au capitaine de frégate de Bourgoing, chef de la 8e division de torpilleurs, il s’est vu confier la responsabilité de la prise de Linosa. Prévenu de ce que les Italiens doivent être désormais en alerte, Guillerm a cependant décidé de ne rien précipiter. Les forces alliées se présentent donc à l’heure prévue devant leurs objectifs. A Linosa, le torpilleur Bordelais et le destroyer ORP Garland attendent 04h30 et une meilleure visibilité avant de bombarder l’île. A Lampedusa, tout en cherchant en vain des mines, l’aviso-dragueur L’Impétueuse joue la chèvre à 3 miles nautiques du port pour amener les canons italiens à se démasquer. Ainsi provoquée, la batterie Lanterna finit par ouvrir le feu et placer un obus sur le petit navire. Mais elle est aussitôt prise à partie par les destroyers HMS Gallant et Inglefield ainsi que par l’Alcyon.

04h30 à 08h15 GMT, Pantelleria – Les batteries défendant l’accès du port de Pantelleria sont abondamment bombardées. D’abord, par les croiseurs alliés, dont le tir a été réglé, pour les Français, par deux Loire 130 catapultés par le Foch et, pour les Anglais, par deux Walrus du Cumberland .
Un incident contraint momentanément l’escadre alliée à relâcher sa pression : l’attaque lancée à 05h33 par les six MAS sorties de Porto Empedocle, qui sont arrivées à 30 nœuds. Celle-ci cependant demeure stérile. Il est vrai qu’elle a cumulé les handicaps. Elle a été lancée de jour, contre des adversaires aux aguets, auxquels vitesse et manœuvres ont permis d’éviter les torpilles lancées d’un peu trop loin par des vedettes tenues à distance par un volume de feu des plus respectables. Cinq des MAS ont lancé, en vain. La MAS-515 n’a pu arriver en bonne position : touchée, un moteur hors d’usage, elle se retire à 20 nœuds avec un tué à bord.
Ensuite, l’île est attaquée par près de cent bombardiers venus de Tunisie (voir annexes 40-8-1 et 40-9-4). Parmi eux, les douze Fairey Battle belges, qui effectuent deux raids, attaquant successivement les batteries de Punta Croce et de Punta San Leonardo, auxquelles ils infligent de sérieux dégâts, au prix de deux appareils. Lors du premier raid, un Battle touché s’écrase avec sa charge de bombes sur la batterie de Punta Croce, détruisant l’une des pièces ; lors du second, l’appareil touché peut amerrir non loin de la côte tunisienne, son équipage est sauvé. Les bombardiers français, attaquant en vol horizontal et en altitude, n’ont aucune perte. Ils pilonnent les batteries défendant le port mais visent aussi d’autres points de l’île, endommageant notamment la centrale électrique .

05h10 à 06h55 GMT, Lampedusa – La batterie Lanterna a été proprement assommée par les navires alliés, non sans avoir touché une fois l’Inglefield qui avait pris le risque de s’approcher à moins de 6 000 mètres pour mieux ajuster son tir. La batterie n’a plus qu’une pièce en état de tirer.
Précédée par l’Impétueuse, la malle Princesse Marie-José s’avance alors vers le port où elle jette l’ancre à 05h21, selon son livre de bord. Le dernier 76/40 italien tente de s’en prendre à elle, mais il la rate de peu et est aussitôt réduit au silence par l’Impétueuse et l’Inglefield. Les 530 légionnaires du II/4e REI commencent aussitôt à débarquer. Leur entrée en action est toutefois gênée par les tirs indirects des cinq canons de 90 mm de la batterie de Punta Alaimo, qui forcent la Princesse Marie-José à manœuvrer et changer de mouillage. Mais il s’agit de canons à la fois anti-navires et anti-aériens, donc à ciel ouvert, et ils doivent peu après s’occuper de se défendre contre des Martin 167F des GB I/63 et II/63 venus de Malte ; puis les Gallant et Alcyon vont à leur tour les engager. Toutefois, par précaution, la malle belge quitte le port une fois le dernier légionnaire débarqué, en attendant la neutralisation définitive des 90/53. Pendant ce temps, les légionnaires, sitôt pris le contrôle du port, attaquent à revers et enlèvent la batterie Lanterna.

06h30 à 07h15 GMT, Linosa – Au bout de deux heures de bombardement, les Bordelais et Garland mouillent à la hauteur du Scalo Vecchio, mettent leurs canots à la mer et commencent à mettre à terre les quelque 200 légionnaires du II/4e REI. Ceux-ci débarquent pratiquement sans opposition et se regroupent pour entreprendre la conquête de la petite île.

06h55 à 7h05 GMT, Aérodromes du sud de l’Italie – La Regia Aeronautica, qui a pu être convenablement alertée en raison de la détection précoce de la flottille alliée, fait décoller des terrains du sud de la péninsule (de Viterbo à Naples en passant par Rome) pas moins de 42 bombardiers SM.79 . Les Sparviero sont rejoints au-dessus de la Sicile par une escorte de 32 Fiat CR.42 .
Les Italiens espèrent que ce raid “classique”, qu’il donne ou non des résultats, va retenir l’attention de la chasse française et permettre une attaque-surprise des 20 Ju-87B2 du 96e Groupe Autonome de Bombardement en piqué, commandé par le Maggiore Ercolano Ercolani. Précaution supplémentaire : les précieux “Picchiatelli”, basés en Sicile, vont disposer comme escorte de tout le 6e Groupe Autonome CT. Equipé des tout récents Macchi MC.200, ce groupe a été cloué au sol par l’interdiction de vol qui a frappé ces appareils fin juin. Il a depuis touché provisoirement des Fiat G-50, jusqu’à ce que le Saetta soit à nouveau autorisé à voler. Pour éviter qu’ils ne se gênent mutuellement, Ercolani a décidé d’engager ses appareils en deux vagues, espacées de six minutes : d’abord les dix avions de la 236e escadrille, puis ceux de la 237e.

07h10 à 08h05 GMT, Porto Empedocle – Les cinq MAS intactes arrivent au port pour refaire le plein d’essence et réarmer. Elles y sont surprises par un nouveau raid de douze Martin 167F de Malte . Mobilisée par la prochaine offensive contre les navires alliés, la chasse italienne n’intervient pas. En manœuvrant pour éviter les projectiles, la MAS-513 passe trop près du môle, déchire sa proue et coule . Les MAS-518 et 529 sont endommagées par des éclats. Une fois encore, les Français touchent aussi des bateaux civils : une goëlette de commerce de 89 GRT est détruite ainsi qu’une autre barque de pêche. Cependant, la DCA est cette fois bien réveillée : elle abat l’un des Martin de la B1 (les trois hommes d’équipage peuvent évacuer et sont faits prisonniers) et endommage deux autres avions (un de la B3 – deux blessés, un de la B1 – un blessé).
La MAS-515 arrive en clopinant peu après 08h00, alors que les bombardiers français sont déjà repartis.

08h15 à 08h50 GMT, Pantelleria – L’ascendant semble avoir été pris sur les batteries italiennes. Aussi l’amiral Derrien vient-il d’ordonner aux paquebots Newhaven et Rouen – qui porte le I/3e et une partie du IV/3e RTS et remplace le Prince Baudouin endommagé – de foncer vers le port. Cette fois, c’est le torpilleur Trombe et les trois “600 tonnes” qui doivent les accompagner en tendant des écrans de fumée.
C’est à ce moment qu’apparaît la Regia Aeronautica. Conformément au plan, les bombardiers en vol horizontal se présentent les premiers, avec leurs biplans d’escorte. Du côté allié, 10 MS-406 du GC III/8 patrouillent en protection de la force navale. De plus, 9 Curtiss H-75 du GC III/2 et 8 Morane MS-406 du GC III/5, chargés de couvrir les bombardiers engagés contre Pantelleria, vont venir se mêler aux débats. Enfin, des renforts vont rapidement arriver de Tunisie : 6 Curtiss du GC III/2 et 9 MS-406 du GC II/16 seront sur les lieux entre 08h30 et 08h35 et 10 MS-406 du GC III/4 arriveront un peu plus tard.
Le bilan du premier engagement est favorable aux Français. La chasse française perd quatre appareils (1 Curtiss H-75 et 3 MS-406, dont un abattu par le mitrailleur arrière d’un SM.79) pour huit victoires : 6 CR.42 et 2 SM.79. Le bombardement en vol horizontal ne donne pas de résultats, si ce n’est qu’il oblige les navires alliés à se disperser.
Mais, comme espéré par les Italiens, la première vague de Picchiatelli, qui a décollé vingt minutes plus tôt de sa base proche de Comiso et est escortée par 14 Fiat G-50, peut attaquer à 08h37 sans opposition aérienne. Deux par deux, les Ju.87 s’en prennent aux transports. Les deux paires qui plongent sur les paquebots Newhaven et Rouen n’ont à affronter que la DCA un peu maigre des torpilleurs français et des transports eux-mêmes. Ercolani en personne, qui mène la première paire, met un coup au but dans la salle des machines du Newhaven, tandis qu’une seconde bombe, ratant de peu le Rouen, lui cause une importante voie d’eau. Et les quatre avions repartent indemnes. Pour les six Picchiatelli qui s’en prennent aux trois malles belges, l’affaire se passe moins bien car, tout en ayant dû manœuvrer pour éviter les bombes des SM.79, le DDAA HMS Wryneck est resté monter la garde auprès d’elles. Le destroyer, dont le feu anti-aérien est très violent pour l’époque, fait exploser l’un des Ju-87 avant qu’il n’ait pu lancer sa bombe et gêne l’attaque d’un second, qui s’éloigne en traînant un panache de fumée. Cependant, manœuvrant plus lentement que les autres malles, le Prince Baudouin ne peut éviter un projectile qui dévaste sa plage avant et cause de nouvelles pertes dans les rangs du 2e REI (21 tués et 14 blessés, sans compter les hommes intoxiqués par la fumée de l’incendie qui s’ensuit, mais pourra être maîtrisé). La Princesse Astrid est criblée par les éclats d’une bombe tombée non loin du bord (un marins et trois tirailleurs tués, sept soldats blessés). Seul le Prince Albert échappe à tout dommage.
La seconde vague, réduite à neuf appareils , a moins de chance : elle doit affronter les 10 MS-406 du GC III/4, bientôt rejoints par 4 Curtiss du GC III/2 et 3 autres Morane qui ont abandonné la mêlée principale quand leurs pilotes, reconnaissant la silhouette maudite du Ju.87, ont compris qu’il se passait quelque chose d’inhabituel. Cependant, les chasseurs français trouvent face à eux, outre les 12 Fiat G-50 affectés à la seconde vague, 8 de ceux de la première vague (six escorteurs ont raccompagné les Picchiatelli de la 236e escadrille). Ne se laissant pas accrocher par les chasseurs italiens, deux MS-406 du GC III/4 parviennent à atteindre les Ju-87 pendant leur phase d’approche et en descendent un, tandis qu’un Curtiss et un Morane sont abattus, pour trois Fiat. Pendant ce temps, huit Stukas italiens attaquent les navires alliés : quatre se dirigent sur les Newhaven et Rouen, les autres sur les trois malles belges. L’un de ces derniers, poursuivi par un MS-406, ne peut continuer sa route vers les malles. A la place, échappant à son assaillant, il plonge sur le HMS Cumberland. Malgré la DCA du croiseur lourd, qui l’endommage, il met au but. La bombe frappe le navire à bâbord et pénètre dans la chambre des machines, rompant au passage des tuyaux de vapeur (huit marins succomberont à des brûlures) et privant momentanément le croiseur de toute énergie. Mais la chance est partiellement avec les marins anglais : la bombe ressort sans exploser entre la salle des machines et un magasin de 102 mm, ne provoquant qu’une voie d’eau limitée. Un autre Stuka est victime des tirs précis du Wryneck et les deux derniers de ceux qui attaquent les malles ne peuvent faire mieux qu’encadrer le Prince Albert. Les quatre autres Picchiatelli attaquent comme à l’exercice le Newhaven immobilisé et le Rouen qui prend l’eau. Le premier est achevé par un second coup au but et un coup proche. Le second subit deux coups proches qui accroissent ses dommages, réduisant sa vitesse à 8 nœuds. Trois des assaillants peuvent se retirer indemnes, le quatrième repart endommagé par la DCA de l’Emile-Bertin qui s’était rapproché des paquebots – il est rattrapé sur le chemin du retour par un Curtiss qui l’achève.

08h50 à 9h30 GMT, au large de Pantelleria – Quand le dernier avion italien s’est retiré, la Regia Aeronautica, pour la première fois depuis le début du conflit, est clairement victorieuse. Certes, elle a perdu 9 chasseurs et 6 bombardiers contre 6 chasseurs français. Mais, en coulant l’un des transports alliés et en infligeant de sérieux dommages à deux autres (sans compter le Cumberland), elle a définitivement brisé l’assaut contre Pantelleria. En effet, l’amiral Derrien est contraint de jeter l’éponge. Néanmoins, avant d’ordonner le repli, il lui faut veiller au salut des unités blessées et récupérer les survivants du Newhaven. Ce qui ne se passe pas sans tracas. Profitant du désordre régnant dans la flottille alliée, les batteries de Pantelleria se réveillent. Deux des canons de la batterie Caminita sont encore en état de tirer et l’un d’eux met un coup au but sur le torpilleur Trombe, fauchant sa cheminée centrale : « La punition est immédiate. Outre les canons de la Trombe, la batterie est la cible des 152 de l’Emile-Bertin. A la troisième salve de ce dernier, une violente explosion se produit et les canons se taisent [le croiseur a fait exploser l’un des magasins à munitions secondaires, servant de relais entre la sainte-barbe principale et les pièces]. Par précaution, le Foch, aidé du Dragon, “traite” aussi la batterie Bellotti. » (Commandant Lepotier, Cap sur la Victoire).
La Trombe, aidée par les trois “600 tonnes” et le destroyer Greyhound, peut alors se consacrer au sauvetage des passagers et de l’équipage du Newhaven. Les pertes sont lourdes : les légionnaires comptent 373 tués et disparus et 114 blessés, 31 hommes d’équipage manquent à l’appel et 16 ont été blessés. Bien que le Rouen puisse encore se mouvoir, l’amiral Derrien ordonne d’en évacuer les passagers (qui ont eu 5 tués et 11 blessés). Le croiseur Emile-Bertin en récupère une partie, la majorité se partageant entre les malles Prince Albert et Princesse Astrid. Derrien divise ensuite ses forces éprouvées en deux. Tout d’abord, les unités pouvant naviguer à bonne allure, renvoyées sans délai vers Sousse : les croiseurs Foch, Emile-Bertin et Dragon, les malles Prince Albert, Princesse Astrid et même le Prince Baudoin, dont les machines et la coque sont intactes, qu’escorteront les destroyers anglais, sauf le Wryneck, et les trois “600 tonnes”, encombrés de passagers. Les unités blessées, HMS Cumberland et paquebot Rouen, se retireront à 10 nœuds, protégées par le DDAA Wryneck, la Trombe et les trois avisos-dragueurs. L’amiral Derrien choisit de partager le sort de ce groupe et transfère sa marque sur la Trombe. Avant de quitter le champ de bataille, les navires alliés ont aussi repêché tous les aviateurs français ou italiens abattus qu’ils ont pu repérer. Les autres le seront par les soins des Italiens, ce qui vaudra à un pilote du GC III/8 oublié de finir prisonnier…

09h20 GMT, Linosa – L’île est le premier fragment d’Italie métropolitaine conquis par les Alliés. Ayant subi un peu plus de 25% de pertes (10 tués et 46 blessés), la garnison capitule. Quant aux légionnaires, ils n’ont perdu qu’un seul tué et 15 blessés. Le CF de Bourgoing et son homologue polonais, le CF Doroczkowski, rejoignent alors à terre le capitaine de Terride, chef du détachement de la Légion. Une petite cérémonie de prise de possession est rapidement improvisée. Courtoisement, De Bourgoing fait hisser en premier le drapeau polonais. Il obtiendra un peu plus tard du CV Guillerm que la Princesse Marie-José, momentanément oisive à Lampedusa, vienne à Linosa, escortée par l’Impétueuse, embarquer les 61 blessés français et italiens ainsi que les 147 prisonniers valides et leur piquet de garde. Ce sera chose faite peu après midi. La malle retourne ensuite à Lampedusa.

09h30 à 12h30 GMT, Canal de Sicile – Dûment couverts par les chasseurs de l’Armée de l’Air, dont une vingtaine se relaient au-dessus de chaque groupe, et par des hydravions de l’Aéronavale en patrouille ASM (auxquels se joignent ceux des Foch et Cumberland), les navires alliés prennent le chemin du retour en passant par la route ouest précédemment inspectée par les avisos-dragueurs.
Vers 12h00, la Regia Aeronautica fait une tentative pour les attaquer. Elle n’y engage pas ses Picchiatelli assez éprouvés dans l’attaque matinale (4 abattus et autant d’endommagés ) et qu’elle réserve pour une intervention, supposée moins risquée, autour des îles Pélages. Ce sont donc 39 SM-79 qui reprennent l’air, accompagnés cette fois de 22 Fiat CR-42. Repéré par un avion de reconnaissance français, le raid est intercepté alors qu’il va atteindre le convoi lent. Il doit affronter non seulement les 8 Curtiss H-75 du GC III/2 et les 14 Morane MS-406 qui couvrent celui-ci, mais encore les 20 MS-406 rameutés de la garde du convoi rapide et 8 autres Curtiss du GC III/2 arrivés en renfort. Cette fois, les choses se passent moins bien pour la force italienne. Les chasseurs français dispersent les SM-79 et les empêchent de bombarder avec quelque précision. Les Italiens perdent quatre CR-42 et trois Savoia, en échange d’un Curtiss et d’un Morane.

12h00 GMT, Lampedusa – Les légionnaires achèvent la conquête du tiers oriental de l’île par la prise de la batterie de Punta Alaimo, dont la garnison, avant de se rendre, a soigneusement saboté les cinq pièces et les appareils de visée.

13h00 à 13h 15 GMT, Canal de Sicile – Mettant à profit les renseignements fournis par la Regia Aeronautica, les deux dernières MAS opérationnelles de Porto Empedocle, les MAS-514 et 517, essaient de s’en prendre au convoi lent. Repérées par un hydravion français, elles sont harcelées par quelques Morane MS-406 et font demi-tour.
Au total, les MAS ont été bien éprouvées, puis que deux ont été coulées et trois endommagées à des degrés divers ; leurs équipages ont à déplorer 4 tués et 10 blessés .

16h20 GMT, Malte – Pour pouvoir attaquer sans trop d’opposition les navires alliés présents devant Lampedusa, les Italiens, reprenant une recette éprouvée, montent contre l’île-forteresse une attaque de diversion destinée à retenir la chasse alliée dans les cieux maltais. Sont engagés dans ce raid diurne de grande ampleur (pour l’époque et pour la Regia Aeronautica) les bombardiers disponibles dans le ressort de la 4e Escadre (ou 4e Zone Aérienne Territoriale), à l’exception des hydravions Cant Z.506B du 35e Régiment de Bombardement Maritime, que la prudence a conseillé de ne pas engager de jour face à la chasse ennemie. En tout 37 machines, opérant depuis l’aérodrome de Lecce : les 16 Fiat BR.20M du 116e Groupe autonome BT, mais aussi les 21 Savoia SM.81 du 37e Régiment BT , bien plus lents. Le 2e Groupe autonome CT ayant été fort malmené lors de l’opération Judgment , la protection des bombardiers est confiée aux 38 Fiat G.50 disponibles des 22e et 24e Groupes CT (52e Régiment CT), déplacés une nouvelle fois dans le sud de la Botte après l’attaque de Tarente. Compte tenu de leur moindre autonomie, les chasseurs opèrent depuis Reggio de Calabre.
L’attaque se fait en deux vagues : tout d’abord les 21 SM.81, escortés par 20 G.50 du 22e Groupe, puis les 16 BR.20, escortés par 3 G.50 du 22e Groupe et 15 du 24e.
Les Potez 631 de l’escadrille AC2 couvrant à ce moment l’attaque de Lampedusa, la première vague, qui n’a pas échappée à la station radar de Dingli Cliff, se heurte à 8 Dewoitine 520 de l’AC1, 6 Martin 167F de l’escadrille B3, ainsi qu’à 8 Hurricane et 3 Gladiator du Sqn 261. Au terme d’une intense mêlée, 2 avions alliés et 8 italiens tombent. L’AC1 a abattu 3 Fiat G.50 au prix de l’un de ses D-520. Les Hurricane perdent aussi l’un des leurs, mais pour deux G.50 et un SM.81. La B3 envoie au tapis un SM-81 tandis que les Gladiator s’en adjugent un autre. Un quatrième SM-81 succombe sous les coups de la DCA. En contrepartie, le petit dragueur HMS Fermoy est coulé dans le port et des avions sont touchés sur les aérodromes de Luqa et Hal Far : un Martin 167F est détruit (du GB I/63) et deux endommagés (un du GB I/63 et un du II/63), tandis qu’une bombe démolit un Gladiator en réparation.
La seconde vague doit affronter 4 D-520 de l’AC1, 2 Hurricane, 6 Martin 167F de l’escadrille B4 et 5 autres des GB I/63 et GB/63. Le combat est moins sanglant. Français et Anglais perdent un Martin (trois autres sont endommagés) mais abattent deux G.50 et deux BR.20, un troisième bombardier revenant à la DCA . Mais les Italiens bombardent à nouveau avec une relative efficacité. Surprenant en cours de ravitaillement et remise en état les avions qui ont affronté la première vague, ils détruisent un D-520 et un Martin de la B3 et endommagent deux autres Dewoitine. Au total, les deux vagues ont causé divers dégâts et détruit sept avions alliés (3 en vol et 4 au sol) pour la perte de 14 machines et de leurs équipages. Mais les Italiens ont atteint leur objectif majeur : empêcher l’envoi de renforts aériens vers Lampedusa.

16h30 GMT, Sousse – Marchant à 18 nœuds, pour ne pas trop éprouver le Prince Baudoin, le convoi rapide, qui a pris la précaution de parfois zigzaguer, rejoint Sousse. Il y a été précédé par le croiseur Emile-Bertin qui, peu après 13h00, a filé à 30 nœuds pour aller débarquer ses passagers. Tandis que les trois malles et les “600 tonnes” entrent dans le port, les croiseurs et les destroyers, rejoints par le Bertin, repartent vers Bizerte à 20 nœuds. Leur route croise celle du sous-marin Ciro Menotti (LV Carlo Fecia di Cossato), dont l’attaque constitue la dernière manifestation de la Regia Marina dans cette affaire. Deux torpilles manquent de peu le HMS Dragon ; en retour, le submersible échappe à la contre-attaque des destroyers anglais.

16h45 GMT, Lampedusa – Protégés par 12 Fiat G-50 du 6e Groupe Autonome CT, 8 des 12 Picchiatelli encore en état de vol après les deux missions du matin arrivent en vue de la plus grande des Pélages. La formation italienne n’a affaire qu’aux 9 Potez 631 de l’escadrille AC2 : six d’entre eux engagent l’escorte pour permettre aux trois autres de s’en prendre aux bombardiers en piqué. L’un des Ju.87 est abattu et un autre doit se délester prématurément de sa bombe, pendant que deux Po.631 et un G-50 tombent.
Les six Picchiatelli restants peuvent s’en prendre aux navires alliés. Mouillée dans le port et commençant à peine à être manoeuvrante, la malle Princesse Marie-José est sauvée par le retour offensif d’un Potez qui perturbe l’attaque du Ju.87 qui en avait fait sa cible. Manoeuvrant à vive allure, les autres navires parviennent à éviter les bombes, à l’exception du HMS Gallant. Celui-ci est la première victime d’un futur as du bombardement en piqué, le lieutenant Giuseppe Cenni, qui réussit à l’atteindre à l’avant : la bombe traverse le bâtiment et explose au contact de sa coque. Amputé d’une bonne partie de sa proue, le destroyer va pourtant survivre grâce à la résistance de ses cloisons étanches.

18h00 GMT, Lampedusa – L’obscurité qui tombe entraîne la fin des combats terrestres. Soutenus (jusqu’à l’attaque aérienne) par les tirs de la force d’appui, les légionnaires ont enlevé point d’appui après point d’appui, grignotant le tiers central de l’île. Mais le commandant de la garnison, désormais bien amoindrie, refuse encore toute idée de reddition. Ne cédant du terrain que pied à pied, il s’est replié dans la partie ouest de Lampedusa. Les légionnaires devront attendre le lendemain pour achever le travail.

21h30 à 22h30 GMT, Bizerte – Les sept croiseurs et destroyers parviennent à la hauteur de Bizerte à 21h30. Les destroyers Echo et Eclipse s’en détachent pour aller attendre dans la base française le Cumberland qu’ils escorteront ensuite jusqu’à Gibraltar. Les cinq autres bâtiments continuent vers Oran où ils parviendront le lendemain à 23h45.
Quant au convoi lent, marchant à 10 nœuds et ayant lui aussi décrit des zigzags, il arrive à Bizerte à 22h30. Sa destination probable a été repérée, à la tombée du jour, par un SM-79 envoyé en reconnaissance, lequel, contrairement à deux de ses camarades, a réussi à échapper à une chasse française particulièrement hargneuse.


1er septembre
Méditerranée centrale
Opération Ravenne
02h05 GMT (04h05 heure italienne), Bizerte – Supermarina ayant prié Superaereo de « régler son compte » au HMS Cumberland, un nouveau raid contre la base navale française est monté avec les mêmes unités que la veille. Cette fois, le 30e Régiment BT aligne 14 machines et le 42e Groupe BT 11 avions. Ayant décollé de Naples une heure trois-quarts plus tôt, les avions arrivent par un chemin légèrement différent.
Mais les Français, assaillis la veille, se méfient et ont mis en l’air deux paires de Potez 631. En un instant, la chance (et, pour certains, la malchance) fait basculer l’engagement. L’une des paires croise la route des SM.79 – malchance pour l’un des bombardiers et l’un des Potez qui, dans l’obscurité, se percutent. L’explosion qui s’ensuit illumine vivement les alentours et permet au Potez survivant ainsi qu’à l’autre paire, conduite par le sergent Roger Sauvage, de repérer des cibles. Les trois chasseurs de nuit perturbent l’approche d’une bonne demi-douzaine de Savoia, dont l’un est abattu par Sauvage, qui décroche là sa quatrième victoire et n’est plus qu’à un succès du titre d’as .
Dix-huit bombardiers italiens parviennent à bombarder en payant tribut à la DCA, qui en abat un et en endommage deux. Cependant, le bombardement manque de précision et le croiseur Cumberland échappe aux projectiles, tout comme ses escorteurs. Au final, malgré de nouveaux dégâts infligés à divers bâtiments militaires et aux habitations de Ferryville, les Franco-Britanniques s’en sortent bien. Quant aux Italiens, le bilan leur est moins favorable que la veille. Ils ont cette fois perdu trois appareils (2 du 42e Groupe BT et 1 du 30e Régiment») et autant d’équipages (11 tués ou disparus, 4 prisonniers) .

03h00 GMT, Lampedusa – Parties d’Augusta la veille à 21h00, cinq MAS (la 15e escadrille au complet : MAS-547 à 550 plus la MAS-503, seule unité alors opérationnelle de la 4e) essaient de s’en prendre aux unités alliées. Elles se retrouvent face aux torpilleurs Alcyon et Bordelais ainsi qu’aux destroyers Garland et Inglefield. La rencontre est quasi stérile. Ayant forcé leur vitesse de trop loin, les vedettes sont repérées et ne peuvent, face à des adversaires manœuvrants, gagner une position de lancer favorable. C’est en vain que les MAS-503 et 549 se risquent à lancer chacune une torpille. En contrepartie, seules deux vedettes sont égratignées par la riposte des navires alliés : la MAS-548 se retire avec deux blessés, la MAS-503 avec un blessé et sa mitrailleuse de 13,2 mm de poupe hors service.

07h10 GMT, Bizerte – Désormais en mesure de donner 12 nœuds, le HMS Cumberland quitte la base française sous bonne escorte navale et aérienne. Il atteindra Alger le lendemain vers 11h10 GMT et Gibraltar le 4 septembre à 06h40 GMT. Il restera immobilisé au pied du Rocher jusqu’au 14 novembre pour faire réparer ses avaries.

11h10 GMT, Lampedusa – Assommés par les canons de marine et deux bombardements des Martin 167F des GB I/63 et II/63, les 292 défenseurs encore valides se rendent après un dernier baroud d’honneur. Le nombre d’hommes hors de combat témoigne de l’âpreté de la lutte : 58 tués et 116 blessés côté italien, 20 tués et 48 blessés dans les rangs du II/4e REI. Maigre consolation pour les Alliés, les îles Pélages sont désormais en leur pouvoir.

17h00 GMT, Lampedusa – Ayant embarqué les blessés des deux camps et les prisonniers italiens (avec une garde armée renforcée), la malle Princesse Marie-José, accompagnée de l’aviso Impétueuse, met le cap sur Sfax où elle parvient à 22h40. L’aviso repartira au petit matin rejoindre la force navale de Marignan 1.
Le DD HMS Gallant, la proue en lambeaux, est remorqué vers Malte, sous l’escorte des chalutiers anti-sous-marins Beryl, Coral et Jade, d’abord par le destroyer Inglefield puis par un remorqueur dépêché de la base navale.
………
Opération Ravenne – Le bilan
Pour les Alliés, l’opération Ravenne se conclut par un indéniable échec, puisque leur principal objectif, Pantelleria, leur a échappé. Les pertes matérielles sont loin d’être négligeables : un transport de troupes a été coulé , un destroyer gravement endommagé, un croiseur lourd et un torpilleur endommagés ainsi que deux autres transports ; 22 avions ont été perdus : 18 abattus (15 français, 2 belges et 1 anglais) et 4 détruits au sol (3 français, 1 anglais). Les pertes humaines sont lourdes : au total, 554 tués et disparus, 292 blessés et un unique prisonnier. Les forces de débarquement comptent 432 tués et disparus, 232 blessés, la plupart causés par la perte du Newhaven. C’est la Légion (et surtout le 4e REI) qui a subi les coups les plus rudes : 424 tués et disparus, 214 blessés, presque un bataillon sur les quatre engagés. S’y ajoutent, chez les marins, militaires et civils, 111 tués et 55 blessés (notamment les 59 tués et disparus et les 15 blessés du HMS Gallant, les 31 morts et disparus et les 16 blessés du Newhaven) et, chez les aviateurs, 11 tués, 9 blessés et 4 prisonniers.
En face, les pertes italiennes sont moindres. Au plan matériel, outre les deux batteries de Lampedusa et les dommages subis par les défenses et les autres installations de Pantelleria, il y a surtout les pertes subies par la Regia Aeronautica. En tenant compte des bombardements de Bizerte et de Malte, elle a perdu 44 appareils : 21 chasseurs et 23 bombardiers . Quant à la Regia Marina, elle n’a à déplorer que deux MAS provisoirement coulées, un torpilleur et trois MAS endommagés . Le bilan humain se monte à 172 tués, 325 blessés et 457 prisonniers. Il est évidemment alourdi par la chute des îles Pélages, dont les garnisons ont été mises hors de combat ou capturées (68 tués, 162 blessés, 439 prisonniers). Sur Pantelleria, la garnison a eu 62 tués et 114 blessés (auxquels s’ajoutent 25 morts et 58 blessés dans la population civile). La Regia Marina ne déplore que 13 tués et 49 blessés. La Regia Aeronautica a beaucoup souffert : 38 tués, 19 blessés, 20 prisonniers.
Cependant, si la victoire italienne doit beaucoup aux Picchiatelli, les Alliés sont désormais au courant de leur présence au sein de la Regia Aeronautica. Et les neuf appareils abattus ou gravement endommagés vont bien manquer les jours suivants.
………
Il va sans dire qu’après bien des défaites, la victoire de Pantelleria fait en Italie l’effet d’une divine surprise, que ne gâche guère la perte des petites Pélages. Habilement exploitées par la propagande, les circonstances de ce succès confirment la réputation de hardiesse et de combativité des torpilleurs de la Regia Marina, redorent le prestige ébranlé de la Regia Aeronautica et valent à la MILMART ses lettres de noblesse. L’on ne lésinera pas avec les décorations. Si le CF Del Cima aura droit à une médaille d’argent à la Valeur militaire et ses deux subordonnés à une médaille de bronze, le plus grand nombre de récompenses ira naturellement aux canonniers de la MILMART et aux aviateurs, beaucoup étant dans les deux cas décernées à titre posthume.
Les événements des jours suivants troubleront cependant quelque peu ces réjouissances.
………
Du côté des Franco-Britanniques, la prise des Pélages est une bien maigre consolation à l’échec de Pantelleria. Mais celui-ci, attribué à la malchance, n’entamera guère leur moral. Quelques esprits chagrins feront bien remarquer (d’un côté) que décidément les engouements de Winston Churchill ne riment pas forcément avec victoire et (de l’autre) que le flair tactique de l’Amiral de la Flotte semble sérieusement émoussé – le tout pèsera davantage sur le prestige de Darlan que sur celui de Churchill, qui retrouvera le sourire avec les opérations dans le Dodécanèse.
Sir Roger Keyes sera assez bon pour louer la conduite du contre-amiral Derrien, avant qu’un conseil de guerre français ne confirme cet avis autorisé. On peut laisser à Edmond Derrien le mot de la fin, prononcé quelques années plus tard : « Sur l’instant, j’avais maudit la malchance qui nous avait fait tomber sur ces torpilleurs italiens qui passaient par là. A présent que je suis mieux informé sur les défenses de Pantelleria, je suis convaincu que s’ils nous avaient croisés sans nous voir, l’affaire se serait terminée en massacre, nos pertes auraient été bien plus lourdes et, occupés par l’opération Marignan, nous aurions dû renoncer ! » Qui sait… C’est aujourd’hui un thème de wargame.


2 septembre
Malte
Arrivée, dans la matinée, du HMS Gallant endommagé. Jugé réparable, le destroyer va entrer à l’arsenal. Mais les travaux seront très lents.
En revanche, le HMS Inglefield, arrivé en même temps, verra très vite réparés les légers dégâts que lui a infligés la batterie Lanterna.

Méditerranée centrale et occidentale
De Ravenne à Marignan
Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, l’Amirauté française profite de l’échec partiel de Ravenne pour récupérer plusieurs navires pour Marignan. Outre les quatre avisos-dragueurs Chamois, L’Impétueuse, La Batailleuse et La Curieuse, dont la participation à l’action contre la Sardaigne était déjà programmée, elle affecte au dernier moment à Marignan 1 les torpilleurs Alcyon, Bombarde, Iphigénie et Pomone, dont l’engagement permet le retrait des torpilleurs neufs de la classe Le Hardi. Elle obtient aussi des Anglais de pouvoir disposer du DDAA Wryneck, dont les qualités anti-aériennes ont convaincu.

Oran
06h30 GMT – Le croiseur HMS Dragon, escortés par les destroyers Escapade et Greyhound, quitte Oran pour Gibraltar, où il va arriver à 18h30. Il en repartira quelques jours après pour reprendre ses patrouilles en Atlantique.

………………………………

25 février 1941
Malte (Blitz Malte-Tunis)
Le petit dragueur HMS Fermoy, coulé le 31 août, relevé depuis et en réparations, est détruit lors d’un bombardement.


26 février 1941
Malte (Blitz Malte-Tunis)
Immobilisé en cale sèche depuis le 2 septembre 1940, le destroyer HMS Gallant est définitivement mis hors service par deux bombes allemandes. Les nouveaux dégâts reçus le font déclarer « damaged beyond repairs ».
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MessagePosté le: Mer Nov 04, 2009 08:57    Sujet du message: Répondre en citant

Bravo pour cet épisode. Juste quelques petits commentaires mineurs :

- Je trouve les Ju-87 un peu trop efficaces pour une première opération contre des navires

- le décompte des pertes est trop précis et donne l'impression d'un récit froidement rédigé après une enquête minutieuse, bref ça ne colle pas

Citation:
Ainsi provoquée, la batterie Lanterna finit par ouvrir le feu et placer un obus sur le petit navire.

Il faut vraiment avoir du bol pour toucher un navire qui va sans doute accélerer et manoeuvrer dès le premier départ d'obus ...
Citation:
elle abat l’un des Martin de la B1

Les escadrilles engagées sont les B3 et B4, non ?
Citation:
Enfin, des renforts vont rapidement arriver de Tunisie : 6 Curtiss du GC III/2

Le III/2 est basé à Malte depuis le 8 août.
Citation:
Parmi eux, les douze Fairey Battle belges

Alors là j'ai un problème, car l'annexe 40-8-1 nous dit :
Citation:
50 Fairey Battle de la réserve de la RAF (21 transférés en vol fin juillet en Afrique, dont 2 ont été perdus, et 29 livrés par bateau fin août et en cours de réassemblage à Casablanca).

Et par ailleurs la chrono du 25 août indique :
Citation:
Liverpool
Les transports belges Thysville et Mar del Plata appareillent pour le Congo, avec à leur bord un lot de 29 Fairey Battle et leurs équipages de l’Aéronautique Militaire belge. Ils font partie d’un convoi pour Casablanca, où des renforts rassemblés en Afrique du Nord parmi les unités belges évacuées de France les rejoindront pour le voyage jusqu’au Congo.

Manifestement, ce dernier passage doit être précisé : les 29 derniers avions sont destinés à l'aviation belge en AfN. Donc les cargos doivent décharger les avions (et leurs pilotes) à Casa et poursuivre vers le Congo, c'est ça ?

Au final, sur les 50 avions :
- 21 sont partis en juillet pour la CAFP (Escadrille n°1, sur 15 Fairey Battle + 4 en réserve suite aux 2 avions perdus lors du transfert)
- les 29 derniers avions seront assemblés à Casa

Il faudra aussi corriger ce passage au 1er août :
Citation:
Les Belges [...] proposeront d’engager dans Ravenne leur première escadrille de Fairey Battle opérationnelle.

Elle ne sera donc pas prête à temps. Par contre, on pourrait utiliser (cf. 40-8-1) :
Citation:
Escadrille n°5 : 4 Fairey Battle (*) + 3 DB-8 + 3 Caudron Goéland ; doit recevoir 15 DB-7
Escadrille n°6 : 6 LeO-451 opèrent déjà symboliquement depuis le 21 juillet au sein de l’Armée de l’Air, sous le commandement du Lieutenant Philippart. Pas d’autres avions à l’heure actuelle (les pilotes s’entraînent sur les machines de l’Escadrille n°5) ; l’escadrille doit recevoir 15 DB-7 (et rendre à ce moment les 6 LeO-451 à l’Armée de l’Air).

(*) Question pour Sa Sainteté : ces 4 Battle sont des avions de l'école de pilotage évacués de France ?

Sinon Alain, as-tu une liste des pertes navales toute prête à me transmettre suite à tes divers ajouts en Méditerranée ? Car mes listes ne sont plus à jour depuis un long moment déjà ...
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