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Complément BELGE Juillet 1941
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 11:51    Sujet du message: Complément BELGE Juillet 1941 Répondre en citant

Aux Drapeaux ! (bis)

3 juillet

Renaissance officielle
Ministère belge de la Défense nationale en exil (Londres)
– Le ministre Denis reçoit le général Vinçotte, chef d’état-major général de l’Armée belge en exil, ainsi que les généraux Pire et Keyaerts, récemment évadés de Belgique occupée.
– Bonjour Messieurs. Général Pire, général Keyaerts, je vous félicite pour votre évasion, proclame Denis en leur serrant longuement la main.
– Merci, Monsieur le ministre. Mais sans l’aide des hommes du général Briquet, nous ne serions probablement pas ici, commente Pire, ce sont eux qu’il faut féliciter.
– Nous allons faire connaître à toute l’Armée votre arrivée et le retour de nos drapeaux,
s’enthousiasme Denis. Cela remontera le moral des troupes et fera comprendre aux Allemands que nous n’avons pas baissé les bras. Un jour, bientôt, l’armée belge surgira des boues de l’Yser pour ramener le Roi et la Reine victorieux dans Bruxelles libérée, poursuit Denis, dont l’esprit brouillé distingue de plus en plus de mal le présent conflit du précédent. Le général Vinçotte vous a-t-il expliqué vos futures affectations ?
– En partie seulement,
intervient Vinçotte, qui se hâte de reprendre le contrôle de la conversation avant que les absences de Denis fassent complètement dérailler la réunion. Donc, général Pire, conformément à l’arrêté secret du Gouvernement dont vous avez reçu copie avant votre évasion, vous devenez le bras droit du chef d’état-major général. Ce dernier s’occupera de toute la partie administrative, de la gestion courante et de la représentation de l’Armée belge. Vous commanderez les Forces Belges au Royaume-Uni. Il vous reviendra de les rendre opérationnelles et aptes à reprendre la lutte. A vous d’orienter les réflexions sur le renouveau de l’Armée. Au vu de vos exploits durant la campagne de Belgique à la tête de la 10e DI, vous êtes tout désigné pour ce poste. Je dois ajouter que vous représentez également une autorité morale en raison de l’abnégation exemplaire avec laquelle vous avez continué à assumer votre commandement malgré la perte de votre épouse lors de l’invasion. Les hommes salueront votre fermeté d’âme comme je le fais à présent. Je précise que vous commanderez à la fois nos forces terrestres, l’Aéronautique Militaire et le Corps de Marine. Vous forgerez le glaive de la reconquête du pays.
– A vos ordres, Général.
– Mon cher Jules, ajoute Vinçotte,
qui se fait plus familier, je serai là pour vous aider en tant que chef d’état-major, mais sur le terrain, c’est à vous que reviendront les honneurs.
– Je ne cherche pas les honneurs… seulement à ramener chez eux nos hommes victorieux et sains et saufs.
– Nous le savons,
répond Vinçotte. Quant à vous, général Keyaerts, vous savez déjà que vous allez prendre le commandement de nos troupes en Méditerranée.
– Oui, mais je n’en connais pas les effectifs exacts, Général.
– Actuellement, autour de 45 000 hommes. Ceux qui ne sont pas encore incorporés sont mis à l’œuvre dans des tâches de travaux publics. Les autres sont à l’instruction, à l’entraînement ou déjà opérationnels. Je pense ici aux deux régiments… hem… aux deux escadres qui volent, sous nos couleurs, au sein de l’Armée de l’Air française. Vous serez commandant des Forces Belges en Méditerranée. Vous disposerez d’un état-major à Alger, votre officier de liaison auprès de l’EM français est le général-major Collinet. Vous superviserez l’entraînement, les opérations ainsi que l’organisation de nos Unités sur le modèle des TO français.
– J’en suis honoré.
– Mais une tâche supplémentaire vous incombera par rapport à votre collègue qui reste ici : comme le gouvernement reste à Londres, vous serez en contact permanent avec l’ambassadeur extraordinaire Raoul Richard. Avec son aide, vous serez amené à discuter, voire à négocier, avec le ministre français de la Défense, le général De Gaulle.
– J’avais lu ses écrits avant la guerre,
répond Keyaerts.
– Pourquoi souriez-vous donc ? demande Denis, qui semble revenu en 1941.
– C’est un sourire amer, Monsieur le ministre. Il semblerait que les idées de De Gaulle aient été mises en pratique par les Allemands, à nos dépens et aux dépens des Français.
– Je vois ce que vous voulez dire. A nous d’en tirer les leçons pour la reconstitution de nos forces armées. Vous connaissez donc vos missions, Messieurs. Des questions ?
– Deux,
dit Keyaerts. Quand dois-je partir ? Et est-ce que la Force Publique du Congo est sous mon commandement ?
– Tant que la Force Publique se trouve en Afrique Centrale ou Orientale, non,
répond Vinçotte. Elle dépend directement du gouverneur-général, sous la supervision du gouvernement. Seules les troupes qui viendraient à se trouver sur le théâtre méditerranéen seraient placées sous ton commandement. Quant à ton départ, il est fixé au 8 juillet.
– Vous serez également chargés tous deux de rendre aux Régiments leurs Drapeaux
, indique le ministre. Le 21 Juillet approche, l’occasion est belle.
– Mais…
commence Pire.
– Je sais ce que vous allez dire, normalement c’est le Roi qui remet des Drapeaux. Mais vous ne ferez que les rendre ! Les Unités n’ont pas été dissoutes, elles ont été… déménagées et elles récupèrent simplement leur bien.
– Sauf pour un cas,
commente Vinçotte.
– Ah oui, c’est vrai… Le 4e Chasseurs à Cheval.
– Mais… Il me semble qu’il n’avait pas été réactivé,
commente Keyaerts..
– En effet. Mais deux officiers supérieurs évadés de Belgique ont réussi, avec l’aide de la Résistance, à passer en Espagne et à nous rejoindre ici. Ils avaient pris avec eux les drapeaux du 2e Grenadiers et du 4e Chasseurs à Cheval. Ce dernier était caché au sein du musée de l’Armée et il nous a semblé qu’il serait dommage de ne pas en profiter pour réactiver l’unité. Dans ce cas, vous remettrez donc bien le Drapeau, mais vous pourrez le faire au nom du Roi. Ce dernier étant… n’étant pas libre de ses mouvements, c’est le Gouvernement dans son ensemble qui le représente et qui vous autorisera, exceptionnellement, à remettre un Drapeau à un Régiment.
– Le 4e Chasseurs à Cheval sera réactivé en tant qu’unité de reconnaissance, une mission digne de la cavalerie légère,
conclut Vinçotte.
– Allons, Messieurs, les photographes de presse nous attendent. Il est temps de manifester au monde la renaissance de notre Armée.
Tous quatre passent dans une pièce où se trouvent rassemblés quelques journalistes. Le ministre prononce un petit discours légèrement décousu – il a sauté un feuillet sans s’en rendre compte – pour présenter les généraux Pire et Keyaerts ainsi que leurs futures fonctions.
– Vous avez, ici devant vous, la preuve vivante que l’Armée belge, contrairement à ce que pensait l’ennemi, n’est pas morte. Et nous en apporterons une nouvelle preuve très bientôt.
Les flashes crépitent. Les photos feront le tour des garnisons belges et remonteront le moral des troupes. Elles trouveront leur chemin, on ne sait trop comment, jusqu’à Laeken.


8 juillet
Un FBM en AFN
Alger Maison-Blanche
– Les généraux-major Collinet et Lambert ainsi que l’Ambassadeur Richard attendent l’avion du général Keyaerts, en provenance d’Angleterre.
– C’est l’homme qu’il fallait pour commander nos troupes ici, affirme Collinet. Son attitude à la tête du Corps des Ardennes, puis lors de la Bataille de la Lys a été irréprochable. Nous pouvons lui faire confiance.
– Et c’est un meneur d’hommes,
ajoute Lambert, dont le 7e Ardennais assure le détachement d’honneur.
Un DC-3 de la Sabena, repeint aux couleurs de l’Aéronautique Militaire, se pose, suivi de peu par quatre Curtiss H-81. Keyaerts en descend, accueilli par Raoul Richard et les deux autres généraux.
– Lieutenant-général Keyaerts, je suis Raoul Richard. Avez-vous fait bon voyage ?
– Excellent, monsieur l’Ambassadeur. J’ai été un peu surpris par l’escorte… Pour notre Aéronautique, j’en étais resté aux biplans Fiat. De quel modèle s’agit-il ?
– Des Curtiss Hawk 81, mon général,
répond Collinet.
– Allons, Louis, pas de ça entre nous ! répond en souriant Keyaerts.
– Très bien… Maurice. Tu connais le commandant des Chasseurs Ardennais.
– Lambert… et comment ! Comment va le CRI des Chasseurs ?
– Il n’existe officiellement plus. Maintenant, c’est le 7e Ardennais.
– Très bien, vous m’expliquerez tous ces changements.
– Puis-je t’inviter à passer les troupes en revue ?
– Avec joie… Mais, dites-moi, certains portent le béret à la hure !
– Tout à fait,
répond Lambert, ce sont des vétérans de la Campagne de France.
– Eh bien ! Il faudra me raconter cela aussi.

Derrière Keyaerts, le major Baeyens toussote.
– Ah oui, messieurs, voici le major Baeyens, mon ordonnance. C’est lui qui a permis mon évasion, ainsi que celle de Jules Pire.
– Félicitations, major !
commente Lambert.
– Je n’ai fait que mon devoir, mon général.
– Plus que cela,
répond Keyaerts. Mais qu’y a t-il ?
– Pourrais-je avoir de l’aide pour nos… colis ?
– Ah oui. Louis, aurais-tu quatre ou cinq hommes pour aider le major ?
– Bien sûr.
– Ce sont vos bagages qui demandent tant d’hommes ?
interroge Richard.
– Pas tout à fait, Monsieur l’ambassadeur.
Les Drapeaux des Unités cantonnées en AFN ont été soigneusement emballés. Keyaerts révèle à Collinet, Lambert et Richard, sous le sceau du secret, ce que contiennent les colis qui accompagnent le nouveau FBM.
– Incroyable, murmure Lambert. Personne ne savait où ils étaient !
– Si, Auguste Tilkens le savait !
[Le lieutenant-général Auguste Tilkens est chef de la Maison militaire du Roi.]
– Oh… Ne me dites pas que…
– Non, il n’est au courant de rien, et Sa Majesté non plus, bien sûr.
– Ah, je comprends…

Après avoir passé en revue les Ardennais, Keyaerts est conduit vers ses nouveaux quartiers – ses bureaux et son logement sont situés au même endroit.


9 juillet
L’Armée belges des temps nouveaux
Bureaux du FBM (Alger)
– Pendant toute la matinée, Keyaerts reçoit de Collinet des explications sur l’organisation des Unités stationnées en AFN, ainsi que sur leurs noms et missions.
– Vous avez reconstitué le 2e Carabiniers-Cyclistes en tant qu’unité de reconnaissance, alors qu’ils font partie de l’infanterie ?
– Oui, mais pour la durée de la guerre ils relèveront de la Cavalerie. L’EM Général ne voulait pas accroître le nombre de Régiments de Chasseurs à Cheval.
– Ah… C’est logique. Et pour l’équipement ?
– Pour le moment, en armement léger, nous recevons du matériel neuf. Nous avons aussi reçu de nouveaux camions tous terrains. Par contre, côté véhicules blindés, nous ne sommes pas prioritaires. Nous recevons le matériel dont les Français ne se servent plus. Ce n’est pas grave, car nous ne sommes pas opérationnels : il nous faudra encore une bonne année pour l’être. D’ici le mois de novembre, nous devrions recevoir des semi-chenillés et peu après, les premières livraisons de chars neufs commenceront.
– Et la formation des équipages ?
– Elle est assurée chez les Français, dans leur école près de Constantine.
– Bien, et concernant l’organisation ?
– Elle est copiée sur les TO français. Au début nous étions un peu perdus, mais maintenant c’est plus clair. La 4e DI comprendra trois brigades, plus des troupes divisionnaires. Deux brigades sont déjà en cours d’amalgame, la troisième est en formation, sauf pour les chars.
– Des chars dans une division d’infanterie ?
– Oui, chaque brigade aura un escadron de chars, et au niveau de la division il y aura un groupe d’escadrons, le tout pouvant former un régiment pour disposer d’un poing blindé. Par ailleurs, nous avons constitué une brigade blindée indépendante, qui est en cours d’instruction et d’amalgame.
– Qui la dirige ?
– Le lieutenant-colonel Piron. Il devrait d’ailleurs passer colonel d’ici la fin de l’année.
– Et quels sont les officiers généraux de la 4e DI ?
– Elle est commandée par Jules Bastin. Pour la 1ère Brigade c’est le général-major Gérard, pour la 2e, le général-major Matthieu. Pour la 3e, ce sera le général-major Bellefroid. Ils sont passés généraux suite à leur comportement l’année dernière.
– Fort bien. J’irai en visite la semaine prochaine… Mais on va changer nos habitudes. Dorénavant, mes visites ne seront pas annoncées. Je tiens à voir les hommes dans leurs activités normales. Inspecter des troupes alignées sur la plaine de parade n’a pas de sens et ce n’est pas ça qui nous fera gagner la guerre. Ensuite, le 21 Juillet, je rendrai aux Unités leurs drapeaux. Mais pour le 4e Chasseurs à Cheval, qui n’avait pas été réactivé en 39, ce sera une remise en bonne et due forme.
– Compris. Moi, j’assure la liaison avec les Français, pour les forces terrestres et aériennes.
– J’ai compris que nos collègues aviateurs avaient commencé à prendre leur indépendance.
– Oui, et c’est nécessaire. Les temps ont changé, ils ne doivent plus dépendre de l’Armée. D’ailleurs, tu as pu constater qu’ils ont adopté les uniformes de la Royal Air Force.
– J’ai vu. Merci pour ces informations. Avec ces rapports, j’ai de quoi lire pour la semaine.
– Ah, un autre changement : tu vas recevoir une tenue de campagne identique à celle des troupes.
– Je comprends, il est fini le temps de commander en grande tenue ! Je passerai au magasin d’habillement.



12 juillet
Aux Morts
Quartier de Whitehall (Londres)
– Depuis 1934, le week-end précédent le 21 juillet, une cérémonie à lieu au Cénotaphe de Londres (monument britannique dédié à tous les soldats morts pour la patrie), en mémoire du roi Albert 1er et pour commémorer les morts belges et britanniques qui ont combattu ensemble durant les deux conflits mondiaux.
Comme le veut cette tradition, le Premier ministre Pierlot, accompagné des membres du gouvernement belge, arrive au Cénotaphe. Aux quatre coins du monument, un soldat belge est en position, tête baissée et canon de l’arme vers le sol. Le Premier ministre britannique est également présent, car la cérémonie est exceptionnelle : le privilège de défiler en armes dans Londres est normalement réservé aux seules troupes de la garnison londonienne, mais aussi aux troupes belges, depuis une décision du roi George V en 1934. Le lieutenant-général Vinçotte se présente auprès d’Hubert Pierlot : « Monsieur le Premier ministre, les troupes arrivent. »
– Très bien général. Mais dites-moi, l’an dernier, a-t-il été possible de… déménager nos musiques militaires ?
– Non Monsieur le Premier ministre, la musique est fournie par les Irish Guards.
– Je vois… enfin, j’entends,
sourit Pierlot.
– Quelles sont les Unités qui vont défiler ? interroge Spaak.
– Le 1er Grenadiers, le 1er Guide, un détachement de notre 1er Wing de Chasse et un de la Section Belge de la Royal Navy. Je dois préciser que les deux régiments qui vont défiler ont récupéré ce matin leurs drapeaux des mains du général Pire.
Peu après, alors que Big Ben va sonner 11h00, la musique des Irish Guards se présente, suivie des troupes belges. Ces dernières se mettent en place. Pierlot et Churchill les passent en revue, puis le Premier ministre belge dépose une gerbe de fleurs au pied du monument.
– Clairon, Last Post, ordonne le chef de corps du 1er Guide.
La sonnerie Aux morts retentit, tandis que les hommes rendent les honneurs.
Ensuite, suivant le protocole, le commandant des troupes demande l’autorisation de défiler au Premier britannique. Ce dernier donne son accord et ce sont des soldats très fiers qui défilent, musique et Drapeaux en tête, devant la tribune officielle. Après la cérémonie, Pierlot recevra Churchill à Eaton Square pour une rencontre moins protocolaire.


15 juillet
Inspection
Quartier Lys (Tunisie)
– Les hommes du I/3 Ch grimpent dans les camions qui les conduisent aux stands de tir. Weber et Balleger discutent en les observant.
– Ces camions sont extraordinaires, ils passent presque partout !
– C’est un gros avantage, et ce sera encore mieux au combat !
– Et l’armement ?
– Nous avons reçus de nouvelles mitrailleuses de .30 et .50. La 3e Compagnie est formée entièrement sur Garand. Les servants des antichars, des mortiers et les personnels d’appui, eux, ont été formés sur la carabine M1.
– Allez, en route, nous devons aussi faire nos tirs à la Thompson, c’est autre chose que mon pistolet d’ordonnance.

Au stand de tir, les compagnies commencent à s’entraîner. A l’écart, les hommes du peloton antichar s’entraînent sur le matériel transmis par des Français, quelques AU AC-47 Mod 41. Sur le Paulette, le Sgt Callens donne ses ordres, puis : « Prêt au tir, mon lieutenant ! »
– Bien Callens ! Vous voyez la tankette italienne à droite ?
– Vu !
– Dès que prêt feu !
– Allez les gus ! On se dépêche, imaginez que c’est un panzer et qu’il nous a reniflés !
– Prêt !
– Feu !

Bang… L’obus passe légèrement à gauche de la cible
– Raté, rechargez !
– Prêt !
– Feu !

Cette fois, l’obus atteint sa cible.
– Bien joué, commente le jeune lieutenant.
– Sauf votre respect, mon lieutenant…
– Oui Callens ?
– Là, nous sommes morts. Un panzer ne nous aurait pas laissé une seconde chance. Alors les gus, on va recommencer l’exercice. Il faut mettre au but dès le premier tir !

Un peu en arrière, Balleger écoute en souriant. Le lieutenant a l’air un peu dépité. Sur les trois autres véhicules aussi, on s’efforce d’être efficace au premier tir. Les servants sont jeunes, les sous-officiers, vétérans de l’année 40, sont là pour apporter leur expérience.
Balleger est retourné au stand de tir pour s’entraîner à la Thompson quand, en fin de matinée, arrive une grosse voiture noire d’état-major.
– Nous avons une visite de prévue, mon major ?
– Pas que je sache, Bernard. Peut-être le général Bastin.
– Hum… Le connaissant, il serait venu en jeep.

Les portes de la Buick s’ouvrent sur Keyaerts et Baeyens. Weber ne les reconnaît pas tout de suite, mais Balleger était sur la Lys : « Crévindjeu ! C’est le lieutenant-général Keyaerts ! »
Balleger s’apprête à faire cesser le tir et à aligner les hommes quand une voix s’élève : « Capitaine ! Laissez vos hommes en place ! » Keyaerts s’avance vers les deux officiers, qui se mettent au garde à vous et saluent.
– Bonjour Messieurs.
– Mes respects mon général ! Major Weber, commandant le 1er Bataillon du 3e Chasseurs à Pied. Voici mon second, le capitaine Balleger.
– Repos Messieurs. Voici mon ordonnance, le major Baeyens. Présentez-moi vos hommes et le matériel. Sur ce point, j’ai besoin d’une petite mise à jour !

Keyaerts est impressionné par la mitrailleuse lourde de .50 et s’étonne de l’attribution d’une Thompson à chaque officier.
– Mon général, l’année dernière, en Bretagne ou en Provence, des officiers de divers grades ont été en première ligne ! Et la Thompson est plus efficace qu’un pistolet d’ordonnance.
– Et en armement lourd ?
– Si vous voulez bien monter dans la Jeep, nous vous conduirons à notre peloton antichar.
– Ah, je ne connaissais pas encore la fameuse Jeep !
– Vous allez voir, mon général, c’est nettement mieux qu’un side-car ! Enfin, pas vraiment plus confortable, mais c’est rapide et ça se glisse partout ou presque !

Arrivé au stand de tir des antichars, Keyaerts s’exclame : « Major, il va falloir nous tenir au courant de toutes, et je dis bien toutes, les évolutions depuis un an. Je m’attendais à voir un canon tracté et je découvre un véhicule spécifique. Major Weber, que pensez-vous de ces engins ? »
– Prometteurs, mais je ne saurais vous en dire plus, nous venons de les recevoir. Ils ne sont pas neufs, ils ont déjà vu le feu avec les Français. Mais pour le moment on fait avec. Voulez-vous une démonstration ?
– Certainement !

Par radio, Weber demande un tir au Paulette. « Et tachez de mettre au but ! » ajoute-t-il.
Sur le Paulette, on s’affaire, pointage, réglage, « Feu ! ». Mouche du premier coup !
– Bon boulot les gars, sourit Callens.
– Vos hommes apprennent vite, commente Keyaerts, c’est très bien.
– Il le faut mon général. Nous devons évoluer, ou nous sommes battus d’avance !
– En effet, major. Nous l’avons payé très cher l’année dernière.



19 juillet
Préparatifs
Alger
– Baeyens et l’EM du FBM préparent les cérémonies du 21 Juillet. Le général Keyaerts doit rendre leurs Drapeaux aux 12 et 13 Li, 2 Cy, 2 et 3 Ch à Pied, 2 L et 1 Carabiniers. Pour eux, ce n’est pas une remise officielle, simplement une récupération. Par contre, pour le 4e Chasseurs à Cheval, ce sera une renaissance en bonne et due forme, car il n’avait pas été réactivé à la mobilisation partielle de 39.
– Messieurs, vous préparerez les drapeaux. Nous nous rendons par avion à Sfax demain. Le général Keyaerts doit y rencontrer les généraux Lambert et Bastin avant les festivités.
Keyaerts arrive pour vérifier les derniers préparatifs : « Dites-moi Baeyens, vous étiez dans le coup aussi ? »
– Euh… Quel coup mon général ?
– L’évasion de Libbrecht ! Et par la même occasion celle d’Herbiet !
– Disons que j’étais au courant, mais je n’y suis pour rien ! Vous pourrez en parler au colonel Libbrecht après-demain, mon général, quand vous lui rendrez l’étendard du 2 Ch.
– C’est vrai, j’ai vu qu’on l’avait remis en place comme chef de corps de son régiment.



21 juillet
Aux Drapeaux
Plaine de parade du Quartier Lys (Tunisie)
– Les chefs de corps ont reçu l’ordre de fournir un détachement pour la parade et la venue du lieutenant-général Keyaerts, mais pas seulement pour rendre les honneurs, puisque l’ordre précise : « Fournir une compagnie ainsi qu’une escorte au Drapeau. »
Le colonel Wets, chef de corps du 3e Chasseurs à Pied, est perplexe : « Une escorte au Drapeau ? Je me demande bien pourquoi ! Le Drapeau du 3e Chasseurs est quelque part en Belgique, s’il n’a pas été détruit ! »
– Oui,
répond le major Weber, du I/3Ch, j’ai interrogé quelques anciens qui étaient sur la Lys et aucun ne sait où il se trouve. Tout est prêt pour tantôt ?
– Tout est prêt ; j’ai quand même désigné le capitaine Balleger comme porte-drapeau, cela lui revenait au vu de ses états de service.
– Mais, mon colonel, je vois que des détachements sont aussi demandés aux 12e et 13e de Ligne, au 1er Carabiniers, au 2e Chasseurs, aux 1er et 2e Lanciers, aux 10e, 11e et 20e d’Artillerie, au 1er Chasseurs Ardennais, au 2e Carabiniers-Cyclistes et au 19e d’Artillerie à Cheval, mais le 4e Chasseurs à Cheval devra être au grand complet !
– C’est bizarre, en effet, et le général-major Bastin a l’air au courant de beaucoup de choses, mais il n’a rien dit.
– Ah, il y a du mouvement on dirait…
– Jacques, que les hommes soient en position !
– A vos ordres.

Plusieurs voitures arrivent. L’une porte un fanion orné des trois étoiles de lieutenant-général. Keyaerts en descend et est accueilli par le général Bastin, commandant la future 4e DI.
– Mes respects, mon général.
– Bonjour Jules, comment va ta division ?
– En formation… Nous recevons petit à petit le nouveau matériel, seul l’équipement lourd se fait encore attendre ! Les détachements de notre 1ère Brigade Blindée nous ont rejoints hier, à leur grand étonnement.
– Tu n’as rien dit ?
– Non, comme vous me l’avez demandé.
– Ne t’inquiète pas pour le matériel lourd, je rencontrerai bientôt le général de Gaulle et je pourrai lui en toucher un mot.
– Espérons ! Mon général, voulez-vous passez les troupes en revue ?

Keyaerts passe devant chaque détachement, reconnaissant les diverses Unités à leurs insignes. Que de changements depuis un an… Dans la tenue et le regard de ces hommes, on lit la soif de revanche et la volonté de libérer le pays. Le général rejoint la tribune, d’où les officiels observent l’arrivée de nombreux paquets soigneusement emballés.
– Lanciers, Chasseurs, Lignards, Carabiniers, Cyclistes et Artilleurs, vous êtes réunis en ce 21 Juillet pour célébrer notre fête nationale. Nous commémorons la prestation de serment du roi Léopold 1er, qui, le 21 Juillet 1831, devint notre premier souverain. Cette année, nous ne célébrons pas cette fête chez nous, parmi les nôtres. Nous ne savons pas rendre non plus les honneurs à notre commandant en chef, qui est prisonnier des Allemands. Mais toutes nos pensées vont vers le Roi et vers nos familles.
Si 1940 fut une année noire pour la Belgique et pour l’Europe, 1941 voit la renaissance de notre Armée. Grâce à un nouveau matériel et à une nouvelle organisation, nous pourrons reprendre pied chez nous et libérer notre beau pays avec l’aide de nos Alliés.
Aujourd’hui, je ne suis pas venu devant vous les mains vides. Grâce à l’aide de personnes qui sont volontairement restées en Belgique, nous avons récupéré les symboles de vos régiments, au nez et à la barbe de l’Occupant ! Soldats, en ce jour de fête nationale, je vais rendre leurs Drapeaux à vos régiments ! Soyez en fiers ! Ils portent en leurs plis des citations comme “Liège”, “L’Yser”, “Anvers”, “Dixmude”, “Namur” et bientôt ils pourront porter “La Lys”, en attendant d’autres. Qu’ils soient votre symbole de ralliement ! Chefs de corps et porte-étendard… A moi !

Les chefs de corps, surpris et émus, s’avancent et s’alignent devant le lieutenant-général Keyaerts. Derrière lui, Baeyens sort un à un les Drapeaux de leurs housses et les tend au général en annonçant le Régiment.
– 12e de Ligne – Prince Léopold !
– Colonel Rustin, je vous rends votre Drapeau. Re-présentez-le à votre détachement !
– A vos ordres,
répond Rustin. Il confie l’étendard à son officier porte-drapeau, qui passe ensuite devant le détachement du I/3Ch, dont les hommes rendent les honneurs.
– 2e Chasseurs à Cheval !
– Colonel Libbrecht ! Voici votre Etendard. Et bravo pour votre évasion.
– Merci mon général.
– 3e Chasseurs à Pied !
– Colonel Wets, voici votre Drapeau ! Que les jeunes recrues, en le voyant, prennent l’exemple de ceux qui l’ont servi sur la Lys !
– A vos ordres !
Wets tend le Drapeau à Balleger.
Et ainsi de suite, chaque Drapeau rejoint son détachement. Plus d’une larme coule sur les joues des plus endurcis…
– Mon général, chuchote Baeyens, il ne reste que celui du 4e Chasseurs à Cheval.
– Lieutenant-colonel de ligne de Looz, à moi !… Lieutenant-colonel, au nom du Gouvernement exerçant en conseil les pouvoirs de Sa Majesté le Roi, je vous attribue l’Etendard du 4e Régiment de Chasseurs à Cheval. Gardez-le et portez haut et fort ses couleurs ! Faites-le passer devant le Régiment, que tous vos hommes puissent le voir !
– Merci mon général et à vos ordres !

Les drapeaux ayant rejoint leurs détachements respectifs, Bastin s’avance vers Keyaerts : « Mon général, m’autorisez-vous à faire défiler les troupes ? »
– Mais avec joie, mon cher Jules.

Drapeaux en tête, chaque détachement passe devant la tribune, où les photographes de presse prennent de nombreuses photos.
– Général, commente Richard, nous ne sommes peut-être pas sur la place des Palais, mais je pense que l’on peut dire qu’à partir d’aujourd’hui, l’Armée belge reprend sa place au combat.
– Mais elle ne l’a jamais quittée, Monsieur l’Ambassadeur, grâce à nos aviateurs et à la Force Publique du Congo !



30 juillet
Aux Drapeaux…
Laeken
– Quand le lieutenant-général Tilkens arrive à son bureau, Rombauts lui annonce, presque au garde-à-vous : « Mon général, il y a du courrier pour vous… et pour Sa Majesté… En provenance de l’étranger ! »
– De l’étranger ? Quel étranger ?
– Voyez vous-même, mon général.

Tilkens ouvre une grande enveloppe, non timbrée. Elle contient des coupures de presse d’un journal anglais et d’un journal français publié à Alger, ainsi que des photos. Les photos montrent les généraux Pire et Keyaerts remettre leurs Drapeaux à différents chefs de corps. Et d’après le paysage… et la couleur du ciel, Pire est en Angleterre et Maurice en Afrique, pense Tilkens.
– Rombauts ! Qui vous a remis cela ?
– C’était dans ma boîte à lettres, mon général.
– Je vois… Remettez donc ces documents au général Van Overstraeten.

Peu après, Van Overstraeten se rend dans le bureau de Léopold III.
– Bonjour, Général.
– Bonjour, Sire. Il m’est parvenu des documents qui pourraient intéresser Votre Majesté. Des photos, surtout.
– Des photos ? Montrez-les moi.

Le Roi observe les photos une par une, lit attentivement les deux coupures de presse, puis regarde Van Overstraeten bien en face : « Apparemment, nos Drapeaux ne sont plus à l’Abbaye de Saint-André-lez-Bruges… et les généraux Pire et Keyaerts, eux, ne sont plus en Belgique ! »
– En effet, Sire,
répond le général, faussement impassible.
– Seules six personnes étaient au courant de l’endroit où étaient cachés les drapeaux. Deux sont dans ce bureau, deux dans le bureau à côté et les deux dernières sont prisonnières en Allemagne.
– Sire, en ce qui concerne Keyaerts, je n’ai fait que relayer – en mon nom propre – la position de Votre Majesté selon laquelle les officiers de l’armée devaient agir en conscience. Et je me suis permis d’intervenir auprès du colonel Kiewitz pour que son départ éventuel ne porte pas à conséquences fâcheuses pour l’OTAD. Quant aux drapeaux, ma foi, j’ignore bien l’origine de la fuite. Je vous remettrai ma démission tout à l’heure.
– Et je la refuserai, général ! Je pense avoir compris qui a pu communiquer les renseignements concernant les drapeaux. D’aucuns dans ma Maison n’hésitent plus guère à afficher des sentiments ostensiblement pro-Alliés.
– C’est un jeu dangereux, Sire. Il faut les écarter,
s’exclame Van Overstraeten, emporté par sa vieille rivalité avec Tilkens. L’Occupant ne doit rien pouvoir reprocher à Votre Majesté.
– Vous avez raison, général. La presse alliée en parle, la chose filtrera en Belgique d’une façon ou d’une autre et les renseignements allemands sont assurément déjà au courant…
– Sire, permettez-moi d’aborder le sujet avec le colonel Kiewitz. Je mettrai tout cela sur le compte de la Résistance… Enfin, des repris de justice stipendiés par Londres, comme disent les Allemands.

Léopold III se lève et se dirige vers la fenêtre pour observer le parc de Laeken. Les derniers mots de Van Overstraeten, prononcés, bien sûr, avec ironie, le laissent songeur : en se constituant prisonnier, a-t-il véritablement posé le bon choix ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 11:54    Sujet du message: Répondre en citant

Ce fichier est le dernier des compléments belges de 1941.

Très bonne nouvelle : ces posts ont conduit Sa Sainteté B XVII à me donner de ses nouvelles. Elles sont bonnes, quoiqu'il soit débordé par ses obligations profanes.
Comme il tient à apporter des aménagements aux fichiers prévus pour janvier-février et mars 1943, nous retournerons donc sur le Front Russe en attendant…

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houps



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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 12:03    Sujet du message: Répondre en citant

Je me permets de signaler qu'il n'y a pas que l'Armée Belge à redresser :

Mais sans l’aide des hommes du général Briquet, nous ne serions probablement pas ici, commente Pire, ce sont eux qu’il faut féliciter.
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 12:14    Sujet du message: Re: Complément BELGE Juillet 1941 Répondre en citant

La restitution des drapeaux est un moment émouvant et très bien rendu.

Casus Frankie a écrit:
Cela remontera le moral des troupes et fera comprendre aux Allemands que nous n’avons pas baissé les bras. Un jour, bientôt, l’armée belge surgira des boues de l’Yser pour ramener le Roi et la Reine victorieux dans Bruxelles libérée, poursuit Denis, dont l’esprit brouillé distingue de plus en plus de mal le présent conflit du précédent.

C'est OTL, les absences de Denis?
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 12:50    Sujet du message: Répondre en citant

es chefs de corps, surpris et émus, s’avancent et s’alignent devant le lieutenant-général Keyaerts. Derrière lui, Baeyens sort un à un les Drapeaux de leurs housses et les tend au général en annonçant le Régiment.
– 12e de Ligne – Prince Léopold !
– Colonel Rustin, je vous rends votre Drapeau. Re-présentez-le à votre détachement !
– A vos ordres, répond Rustin. Il confie l’étendard à son officier porte-drapeau, qui passe ensuite devant le détachement du I/3Ch, dont les hommes rendent les honneurs.

Je me rend compte d'une coquille....

qui passe ensuite devant le détachement du 12 Li et non I/3 Ch

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

@ Hendryk : Oui, hélas - le pauvre Denis va s'éteindre peu à peu (sans doute d'un Alzheimer, mais la maladie n'était pas aussi "reconnue" à l'époque).

@ Wil : désolé, j'aurais dû la repérer !
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 15:58    Sujet du message: Répondre en citant

L'usage du tutoiement /vouvoiement me semble un peu confus dans les premiers échanges entre Keyaerts et les officiers présents à son arrivée à Alger ... Si j'ai bien compris, Colinet est un officier français. Sans connaître les usages au sein de l'armée française de la Seconde Guerre Mondiale, il me semble avoir lu à plusieurs reprises dans les textes FTL que les français sont surpris par la conception... particulière de la hiérarchie chez nos amis belges.
Que Colinet accepte d'appeler Keyaerts par son prénom, pourquoi pas, d'autant que l'initiative vient du général belge. Par contre, qu'il prenne lui-même l'initiative du tutoiement me semble un peu étrange.
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Imberator



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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 16:01    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Très bonne nouvelle : ces posts ont conduit Sa Sainteté B XVII à me donner de ses nouvelles. Elles sont bonnes, quoiqu'il soit débordé par ses obligations profanes.

Voilà qui est à la fois rassurant et, qui sait, prometteur (?).
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

Il est toujours bon d'avoir des nouvelles de ses amis.
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 16:04    Sujet du message: Répondre en citant

Autant pour moi, j'avais mal lu, Collinet est belge en fait ! Par contre, j'avoue que je m'y perd un peu... Keyaerts est général major lui aussi ou lieutenant général ? Autrement dit, comment se situe-t-il hiérarchiquement vis-à-vis de Collinet? Si celui-ci est sous son commandement, même à égalité de grade, je maintiens que je trouve l'usage du tutoiement un peu... rapide.
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 16:49    Sujet du message: Répondre en citant

Le Chat a écrit:
Autant pour moi, j'avais mal lu, Collinet est belge en fait ! Par contre, j'avoue que je m'y perd un peu... Keyaerts est général major lui aussi ou lieutenant général ? Autrement dit, comment se situe-t-il hiérarchiquement vis-à-vis de Collinet? Si celui-ci est sous son commandement, même à égalité de grade, je maintiens que je trouve l'usage du tutoiement un peu... rapide.


Je plussoie. Keyaert est lieutenant-général (3*), Collinet et d'autres présents sont major-général (2*). Je pense moi aussi que l'usage du tutoiement en public est anachronique. Bien sur, l'ABL est une petite armée, ou tout le monde se connait a partir d'un certain grade, et en Belgique, il est culturellement très mal perçu d’agir comme si on se considérait plus important ou meilleur que son interlocuteur. Ce n’est pas encore la modestie scandinave, mais il y a de ca. Malgré tout, je crois que dans les années 40, on était plus formel que ca.

D’ailleurs, puisqu’on est sur le plan de la forme, je tique sur le protocole ampoulé dont il est fait usage concernant le roi. Enfin, je veux dire le Roi Smile. Pour autant que je sache, de nos jours, et je suppose déjà en 40-41, on parle du Roi en disant "le Roi”, pas “Sa Majesté”. De manière très formelle et officielle, on dira (rarement) “Sa Majesté le Roi”, mais jamais seulement "Sa Majesté”. En presence du Roi, on s’adresse a lui en l’appelant “Sire” et en le vouvoyant, et on parle de lui (en tant qu'institution) en disant “le Roi”.

Donc, en reprenant le passage en question, il me semble que ca sonnerait plus juste en ecrivant:

Citation:
Laeken – Quand le lieutenant-général Tilkens arrive à son bureau, Rombauts lui annonce, presque au garde-à-vous : « Mon général, il y a du courrier pour vous… et pour le Roi… En provenance de l’étranger ! »
– De l’étranger ? Quel étranger ?
– Voyez vous-même, mon général.
Tilkens ouvre une grande enveloppe, non timbrée. Elle contient des coupures de presse d’un journal anglais et d’un journal français publié à Alger, ainsi que des photos. Les photos montrent les généraux Pire et Keyaerts remettre leurs Drapeaux à différents chefs de corps. Et d’après le paysage… et la couleur du ciel, Pire est en Angleterre et Maurice en Afrique, pense Tilkens.
– Rombauts ! Qui vous a remis cela ?
– C’était dans ma boîte à lettres, mon général.
– Je vois… Remettez donc ces documents au général Van Overstraeten.
Peu après, Van Overstraeten se rend dans le bureau de Léopold III.
– Bonjour, Général.
– Bonjour, Sire. Il m’est parvenu des documents qui pourraient vous intéresser. Des photos, surtout.
– Des photos ? Montrez-les moi.
Le Roi observe les photos une par une, lit attentivement les deux coupures de presse, puis regarde Van Overstraeten bien en face : « Apparemment, nos Drapeaux ne sont plus à l’Abbaye de Saint-André-lez-Bruges… et les généraux Pire et Keyaerts, eux, ne sont plus en Belgique ! »
– En effet, Sire, répond le général, faussement impassible.
– Seules six personnes étaient au courant de l’endroit où étaient cachés les drapeaux. Deux sont dans ce bureau, deux dans le bureau à côté et les deux dernières sont prisonnières en Allemagne.
– Sire, en ce qui concerne Keyaerts, je n’ai fait que relayer – en mon nom propre – la position du Roi selon laquelle les officiers de l’armée devaient agir en conscience. Et je me suis permis d’intervenir auprès du colonel Kiewitz pour que son départ éventuel ne porte pas à conséquences fâcheuses pour l’OTAD. Quant aux drapeaux, ma foi, j’ignore bien l’origine de la fuite. Je vous remettrai ma démission tout à l’heure.
– Et je la refuserai, général ! Je pense avoir compris qui a pu communiquer les renseignements concernant les drapeaux. D’aucuns dans ma Maison n’hésitent plus guère à afficher des sentiments ostensiblement pro-Alliés.
– C’est un jeu dangereux, Sire. Il faut les écarter, s’exclame Van Overstraeten, emporté par sa vieille rivalité avec Tilkens. L’Occupant ne doit rien pouvoir reprocher au Roi.
– Vous avez raison, général. La presse alliée en parle, la chose filtrera en Belgique d’une façon ou d’une autre et les renseignements allemands sont assurément déjà au courant…
– Sire, permettez-moi d’aborder le sujet avec le colonel Kiewitz. Je mettrai tout cela sur le compte de la Résistance… Enfin, des repris de justice stipendiés par Londres, comme disent les Allemands.
Léopold III se lève et se dirige vers la fenêtre pour observer le parc de Laeken. Les derniers mots de Van Overstraeten, prononcés, bien sûr, avec ironie, le laissent songeur : en se constituant prisonnier, a-t-il véritablement posé le bon choix ?

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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 17:02    Sujet du message: Répondre en citant

Content que B XVII donne de ses nouvelles !

Par contre, il y a un souci : l'utilisation du mot "jeep".
En réalité, il y eut 3 véhicules surnommés "jeep", de gauche à droite sur l'image ci-dessous : Willys ​1⁄4‑ton, Dodge ​3⁄4‑ton, Dodge ​1⁄2‑ton.
Avec le temps, le mot "jeep" ne fut utilisé que pour le premier véhicule (modèle Willys), celui que nous connaissons tous.
Il est impossible que l'armée belge dispose à l'été 1941 de la jeep modèle Willys. Même pas un Dodge ​1⁄2‑ton dont la production démarre en 1940-41, car le Lend-Lease ne fait que commencer et la Belgique n'est pas prioritaire. La production du ​3⁄4-ton commence en 1942.
De plus, l'utilisation même du mot "jeep" par les Belges me laisse dubitative (au moins dans les premiers temps), tant qu'ils ne sont pas au contact des Yankees.

Fregaton pourra compléter ou corriger mes propos.



Sources :
https://en.wikipedia.org/wiki/Willys_MB
https://en.wikipedia.org/wiki/Dodge_WC_series
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 18:00    Sujet du message: Répondre en citant

Autant pour moi pour les Jeep....concernant les dodges...il s agit des camions Dodges.
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MessagePosté le: Ven Fév 05, 2021 18:26    Sujet du message: Répondre en citant

A l'été 41 le terme "jeep" est à priori prématuré, outre-atlantique on parle encore probablement de Willys MA ou Ford GP.
Il est généralement admis que jeep vient de gipi (GP, General Purpose) et que ça lui va bien car elle passe partout comme "Eugene the Jeep" des comics Popeye. Mais il y à plein d'autres théories chez les aficionados et ça finit par relever du sexe des anges comme pour l'article devant le nom des navires... Par exemple dans les unités blindée US le Dodge WC 56 (command car) est aussi appelé jeep alors que dans l'infanterie ce sera plutôt un "beep" (big jeep)...
Sa désignation officielle est: Truck, 1/4-ton, 4×4, Ford, 1941

Par ailleurs, la probabilité pour en trouver en juillet 41 en AFN est disons... infime mais peut-être pas inexistante:
Production totale 1941:environ 6000 exemplaires (inégalement) repartis entre Ford GP et Willys MA. Ce n'est vraiment qu'à partir de 42 que le 1/4 ton fait parler de lui.
Mais pourquoi pas quelques exemplaires de pré-série en démonstration/évaluation tactique fournis aux alliés pour appâter le client..?
Dans ce "best case" ce sera probablement une Ford GP (la plus produite à cette date).
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MessagePosté le: Sam Fév 06, 2021 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

OTL, le premier raid réussi des SAS dans le désert avec des jeep eut lieu en novembre 1941.
Donc un Dodge ​1⁄2‑ton à l'essai pourquoi pas, mais pas nommé jeep par les troupes.
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