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Les Légions étranges d'Hitler (par Demo Dan)
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Avr 01, 2020 11:22    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Quoique mal armés (au point que leurs membres furent parfois surpris à voler de l’armement moderne aux soldats allemands !) et mal ravitaillés, ils rendaient au Reich un service inestimable, quoique refusant obstinément de lutter contre les Polonais ou contre les indépendantistes ukrainiens. Cependant, les quelques actions de “Résistance” menées dans ce cadre (renseignement en faveur de l’Armée Secrète polonaise, obstruction passive aux réquisitions nazies, critique de la politique du Reich (2)…)


Citation:
En janvier 1944, la 18. Waffen-Grenadier-Division fut envoyée en première ligne pour arrêter l’avance soviétique. Balayée par Bagration et réduite à 4 000 hommes, la division se replia vers la Silésie. Prenant au sérieux l’étiquette que Kaminski lui avait donnée, la Waffen-SS, envisagea alors d’en faire le noyau d’une nouvelle armée russe ! Mais elle n’en eut pas le temps.
Lors de l’insurrection de Varsovie, le Reich l’envoya, aux cô


Moi par contre, j'ai deux petites répétitions ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 02, 2020 15:14    Sujet du message: Répondre en citant

Les Hiwis, plus ou moins volontaires et plus ou moins non combattants
Finalement, l’utilisation la plus massive de volontaires russes – ou à tout du moins soviétiques, car ses promoteurs n’ont jamais vu la différence – fut bien le recours au Hilfswilliger (auxiliaires volontaires), vite abrégé en Hiwis, qui servirent de main d’œuvre servile, voire de combattants, pour la Heer jusqu’à la fin du conflit.
Le recours à ces derniers, bien que théoriquement toujours interdit dans la Heer, s’imposa sous l’effet d’une réalité très simple : l’armée allemande régulière supportait le plus lourd de l’effort de guerre. Une guerre qui n’en finissait pas et dont les pertes allaient croissant : pour la seule année 1942, la Heer déplorait 500 000 morts ou disparus – on passerait à 650 000 l’année suivante. Le Grand Reich n’ayant en ligne en 1943 (sans compter les troupes au sol fournies par la Luftwaffe et la Kriegsmarine) que sept millions de soldats, on comprendra sans peine que Berlin ne pouvait pas se permettre d’accepter ces pertes sans rien faire, sauf à réduire son ordre de bataille – éventualité évidemment impensable.
De surcroît, toujours plus rivale de la Waffen-SS, la Wehrmacht sentait bien qu’elle perdait chaque jour un peu plus d’influence face aux hommes en noir, quand bien même ces derniers accumulaient les performances discutables – la débandade de la 6. SS Nord étant la plus honteuse et la chevauchée de la mort du I. SS-PzK la plus spectaculaire. Pareil aveu de faiblesse aurait pu entrainer la disgrâce de bien des généraux auprès du Führer, voire même signer la fin de la relative tranquillité dont bénéficiait encore la Wehrmacht au sein de l’appareil nazi. Il fallait donc trouver une autre solution.
Or, parmi les multiples tâches qu’elle peinait parfois à assumer, comme nous l’avons vu, la Heer gardait la haute main sur les camps de prisonniers, notamment soviétiques. Lesquels étaient notoirement moins bien traités que les détenus occidentaux. Des hommes qu’elle maltraitait, donc, mais qui lui coûtaient néanmoins en termes d’organisation et de garde, alors qu’ils pourraient sans aucun doute se révéler plus utiles – surtout qu’ils étaient fort nombreux ! Quand bien même les victoires des armées du Reich n’avaient pas été aussi décisives qu’espéré, fin 1942, deux millions de malheureux se mouraient à présent de faim et de froid dans les Stalags. Ces victimes de la Vernichtungskrieg (guerre d’annihilation) en cours devraient être faciles à retourner, pour leur faire réaliser les tâches les plus ingrates – mais aussi les plus nécessaires – incombant à une armée en campagne, le tout contre la simple promesse d’un repas tiède.
D’une manière quasi-naturelle, les hiérarchies locales, puis l’OKH mirent donc en place une sorte de “trompe-l’œil démographique”, en déléguant de plus en massivement les tâches sur ses arrières – pour la police à la Schuma présentée plus haut, et aux Hiwis pour tout ce qui relevait de l’intendance et des travaux de bas niveau. Ni le Führer ni la hiérarchie nazie ne purent ou ne souhaitèrent stopper cet “arrangement de campagne” qui finit par devenir la norme dans l’armée allemande – au point d’être intégré dans l’ordre de bataille standard de 1943 (1) ! Ces dispositions pragmatiques ne furent pas pour rien dans l’effondrement de 1944, quand les centres opérationnels de l’Axe furent encombrés d’auxiliaires pris de panique qui tâchaient par tous les moyens de fuir leurs postes…
On estime qu’ils furent environ 400 000 à être ainsi recrutés comme travailleurs plus ou moins forcés. Portant toujours leur uniforme soviétique, désormais orné d’un brassard « Im Dienst der Deutschen Wehrmacht » [Au service de la Wehrmacht allemande], ils assumaient toutes les tâches ancillaires : déchargement de matériel, ménage, cuisine, infirmerie, transmission de messages, conduite de véhicules utilitaires (2), entretien des routes, rangement des armes, terrassements du génie, installation de baraquements… tout comme de véritables auxiliaires coloniaux dignes du XIXe siècle. Bien évidemment, les Hiwis n’étaient pas censés avoir le droit de porter une arme – mais dans les faits, ils assurèrent rapidement des gardes statiques.
Initialement limitée à 15 % de chaque unité, la proportion d’auxiliaires varia en réalité largement selon les formations et les époques. Ainsi, dans le Groupe d’Armée Centre (notablement négligé lors de la préparation de Zitadelle), la 134. Infanterie-Division alignait 25 % d’Hiwis dans ses effectifs. Dans le GA Sud-Ukraine, la 6. Armee, durablement saignée à l’été 1943, alignait au moins 10 % d’auxiliaires qui assuraient toute sa logistique. Mais ce chiffre était souvent dépassé dans certaines formations éprouvées, et ce d’autant plus que les anciens prisonniers soviétiques liaient souvent d’inattendues camaraderies de soldats avec leurs maîtres, allant même jusqu’à faire le coup de feu avec eux. Désormais dans le même bateau que l’Ostheer, et avec la certitude absolue que le pire leur était promis en cas de capture, des vétérans intégrèrent finalement les unités de combat au point de ne plus pouvoir être distingués des Allemands. Des compagnies entières de prétendus « cosaques » (étiquette évidemment destinée à complaire aux racialistes de Berlin) se formèrent au sein des régiments allemands sous les yeux d’une hiérarchie assez consciente de la situation pour fermer les yeux quand il le fallait. Le colonel Helmuth Groscurth (chef d’état-major du XI. AK) écrivit à ce propos : « Il est dérangeant de constater que nous sommes contraints de renforcer nos troupes combattantes avec d’anciens prisonniers de guerre russes, lesquels ont déjà été transformés en servants d’armes. Cela en dit beaucoup sur l’état de nos affaires, que les “bêtes” que nous combattons puissent vivre désormais à nos côtés dans la plus parfaite harmonie. »
Et de fait, on n’a aucun mal à estimer que 250 000 Hiwis, dont 6 000 officiers et même quelques anciens commissaires politiques, combattirent effectivement pour le Reich (ce chiffre venant en sus des services de police et des volontaires intégrés dans des unités SS déjà évoqués). Ils servirent assez bien, récoltant pour certains des décorations, pour d’autres l’estime de leurs camarades (ce n’était déjà pas si mal)… et subissant un taux de pertes approchant les 25 %. Toutefois, à de rares exceptions – mentionnées plus bas – la Heer rechigna à former des divisions purement Osttrupen sur le front de l’Est. Une forme de prudence, sans aucun doute. Les effectifs atteignirent néanmoins la quasi-parité dans les 71. ID et 76. ID – signe que la situation de la Heer n’en finissait pas de s’aggraver. Faute d’alternative, on finit par former au début de 1944 un corps d’armée de soldats soviétiques sous encadrement allemand, pour garnir les fortifications du secteur belge de l’Atlanticwall. Le 3. SicherungKorps (203. SD et 243. SD) y laissa un souvenir épouvantable. D’autres bataillons de Hiwis furent formés pour renforcer les troupes côtières, régulièrement ponctionnées par les troupes sur le front Est et sur le front “de Méditerranée” – elles combattirent finalement les Alliés en Normandie, sans gloire ni panache.
La SS elle-même finit par trouver un intérêt aux Hiwis, pour former au voisinage du camp de concentration de Trawniki (au sud-est de Lublin) l’effroyable unité des Trawnikimänner, laquelle fut ensuite disséminée dans tous les camps de la mort pour procéder dans les vapeurs de la vodka aux exécutions massives que souhaitaient leurs maîtres. Les Trawnikimänner devaient acquérir une telle réputation de dangerosité exacerbée par l’alcool que les officiers en charge de ces tueries reçurent ordre de se tenir à l’abri durant les fusillades ! Ces mêmes hommes restèrent le plus souvent sur place jusqu’au bout, alors que les responsables avaient déjà fui – ils durent alors subir seuls la juste, mais maladroite, colère des armées alliées (3).
Toutefois, la plupart des Hiwis devaient être capturés en 1945 avec le reste de l’armée allemande. Ceux faits prisonniers par les armées occidentales furent remis à l’URSS. L’attitude des autorités soviétiques à leur encontre fut impitoyable, le NKVD n’hésitant pas à employer à leur encontre le terme « anciens Russes » – montrant qu’ils avaient perdu le peu de droits dont ils bénéficiaient en tant que citoyens soviétiques. La majorité d’entre eux passèrent donc d’un esclavage à un autre, contribuant à l’activité économique de l’URSS d’après-guerre depuis l’archipel du goulag, de Chapayevsk à Magadan, en passant par Vorkouta et Pevek. Il fallut attendre une amnistie discrètement prononcée par Nikita Khrouchtchev en 1955 pour que les survivants puissent enfin rentrer dans leurs foyers.
Notons pour conclure que, dans le milieu des études supérieures scientifiques allemandes, les étudiants-assistants sont encore désignés “Hiwis” ! Les habitudes ont la vie dure !


Notes
1- En 1943, les tables d’effectifs des PanzerGrenadierDivisions et des PanzerDivisions mentionnaient explicitement et 690 et 404 Hiwis respectivement. Pour une division d’infanterie, ce chiffre s’élevait à 1 455 individus, contre 11 317 soldats allemands.
2- Notamment de poids lourds, au sein de la Légion Speer, qui recrutait (sous commandement allemand) du personnel étranger qui devait prêter serment d’allégeance à Hitler. Certains anciens conducteurs de train furent même recyclés dans la Reichsbahn !
3- Voir les représailles menées au camp de Dachau par l’armée américaine, sur les plus bas échelons de la machine de mort nazie. Quoique rendues éminemment compréhensibles par les circonstances et très vite interrompues, elles restent encore aujourd’hui un mauvais souvenir pour tous.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Avr 02, 2020 16:02    Sujet du message: Répondre en citant

Je n'ai aucune prétention à parler allemand, mais on n'écrit pas Atlantikwall plutôt qu'Atlanticwall ?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 09:14    Sujet du message: Répondre en citant

En effet, Anaxagore.
Quelques autres corrections - notamment sur un point : le fait que les Stalags de prisonniers russes étaient des mouroirs était volontaire - les Allemands voulaient qu'ils meurent.
Et un débat sur le chiffre des tués allemands en 43 FTL, sans doute bien supérieur à 650 000.
Mais cela ne doit pas nous empêcher de poursuivre…
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 09:22    Sujet du message: Répondre en citant

Magouilles et fonds de tiroir : les recrutements honteux de la Heer
On recensa finalement très peu d’unités exclusivement “slaves” – ou du moins étiquetées comme telles – dans l’ordre de bataille de la Heer. La prudence déjà exercée pour l’incorporation des alsaciens resta presque jusqu’au bout la norme. Par la suite, la démarche ayant conduit à leur formation ne rechercha jamais une intégration avouée, qui fut toujours le fruit de la stricte nécessité.
Les principales unités qui retiennent l’attention de l’historien sont trois divisions : la 162. ID, la 277. ID et la 1. Kosaken Kavallerie-Division (que nous avons déjà évoquée plus haut), à côté desquelles il nous faut faire une place au Corps des Volontaires Russes.
………
La 162. ID – Unité d’infanterie classique de la Heer (15 000 hommes), issue de la mobilisation de décembre 1939, la 162. ID n’intéresse notre propos qu’à compter de décembre 1942, quand la formation intégra plusieurs bataillons de volontaires musulmans transfuges de l’armée soviétique, directement issus des camps de prisonniers ou provenant de la Turkistanische Legion. Ces recrues, représentant un régiment, furent directement incorporées dans la division sous l’impulsion du général Oskar von Niedermayer, orientaliste bien connu qui avait déjà reçu pour mission d’exciter les Afghans contre les Britanniques durant la Première Guerre et nourrissait alors de grands projets pour “sa” Légion Turkestan.
N’en déplaise à notre ambitieux Niedermayer, ce n’était pour l’OKW qu’une expérimentation. En “bricolant” ainsi la 162. ID, unité passable affectée en Slovénie à des tâches anti-partisans (et qui devrait après la Noël de Sang 1942 participer au désarmement des formations italiennes, puis tchetniks), le commandement allemand pensait ne pas prendre un gros risque. L’unité fut ensuite encore renforcée de « volontaires » du KG Albania, avant de descendre en Croatie puis en Albanie et d’arriver sur le front en septembre 1943 pour tenter de s’opposer à l’opération Présage des Alliés vers Tirana. La situation ailleurs dans les Balkans ne permettait décidément pas d’envisager un redéploiement face aux communistes – sans même préciser que, pour ce faire, il eût falllu que les Allemands fassent vraiment confiance à leurs transfuges…
Cette réserve s’avérera justifiée. La division fut déployée autour du village de Leskovik face à un adversaire supérieur en qualité mais très inférieur en nombre – le 4e Régiment de Spahis Tunisiens du colonel Roux, renforcé d’artillerie lourde. La nuit du 11 septembre 1943, le régiment de « volontaires » mit tout entier crosse en l’air, passa à l’ennemi et se défendit avec agressivité contre ses anciens frères d’armes, ouvrant ainsi un grand trou dans le dispositif de l’Axe ! Pendant que les soldats coloniaux français désarmaient amicalement leurs coreligionnaires, les Allemands se retiraient en hâte…
Après la tentative d’assassinat contre Hitler, von Niedermayer (resté jusque-là aux commandes de son unités amputée) fut disgracié – au moins autant pour sanctionner la performance déplorable de ses protégés que parce qu’il avait eu longtemps sous ses ordres le colonel Stauffenberg, à présent bête noire des nazis. Ainsi finit la pathétique tentative de la Légion Turkestan, à laquelle personne n’avait sans doute jamais cru – hormis bien sûr son principal artisan.

La 277. ID – Cette autre division déployée sur le front des Balkans fut essentiellement mise sur pied avec des prisonniers soviétiques et des volontaires locaux – sans autre but, semble-t-il, que de tenter de combler un peu le déficit abyssal dont souffrait l’Axe en termes d’effectifs sur ce front dit mineur, sinon tertiaire ! Le fait d’avoir confié son commandement au général Helmuth Huffmann – officier sans grande envergure, quoique d’une expérience certaine – en dit suffisamment sur ce que l’OKW attendait de cette formation.
Déployée de garnisons en Bosnie en garde-flanc dans la vallée de la Save, la 277. ID ne brilla évidemment jamais, et fut petit à petit consumée par les offensives alliées du printemps 1944. Précisons toutefois, circonstance inattendue, qu’elle ne se disloqua nullement, comme ce fut le cas pour la 162. ID – preuve que tout n’était peut-être pas à jeter chez les prisonniers soviétiques.

La 1. KKD – Nous n’y revenons que pour présenter les circonstances de sa création. Avant d’être transférée à la Waffen-SS, la 1. Kosaken Kavallerie-Division servit en effet dans la Heer, entre avril et août 1943. Précisons qu’il s’agissait pour l’essentiel du regroupement de trois types de combattants : de véritables volontaires sous le commandement de von Pannwitz, des prisonniers de guerre ralliés et enfin un bon millier de cosaques de Cherson ou du Don. Pour fuir la terreur stalinienne à l’œuvre en Crimée à la suite de l’incendie accidentel survenu sur le cuirassé Commune de Paris, ces âmes perdues n’avaient pas hésité à déserter l’Armée Rouge et à traverser les lignes avec leurs familles en profitant de l’offensive qui avait permis la reprise d’Odessa.
Après un bref entraînement, la 1. KKD mena donc de nombreuses opérations de « pacification » sur les arrières de la 2. PanzerArmee, avant de changer d’uniforme et de partir vers les Carpathes comme nous l’avons décrit plus haut.

Le Corps des Volontaires Russes – Ce regroupement d’environ 12 000 officiers et autres anciens responsables tsaristes, qui s’étaient spontanément présentés aux responsables militaires de l’Axe lors de la chute de la Yougoslavie, était commandé par le général Boris Chteïfon. Sachant ses membres naturellement sympathisants de la lutte antisoviétique du Reich, et sa 12. Armee manquant grandement d’effectifs, le général Löhr avait chargé cette formation d’assurer (avec plusieurs autres !) la sécurité de ses arrières – mais Chteïfon avait réclamé un commandement russophone, des uniformes tsaristes et la garantie de n’être opposé qu’à des communistes, s’il vous plaît ! Bien entendu, ces prétentions de façade ne tinrent que fort peu de temps quand les Alliés entrèrent en Macédoine lors de “Market” alors qu’une vaste insurrection embrasait le pays.
Les Russes de Chteïfon, qui luttaient déjà à grand-peine contre les Macédoniens de l’Ohrana, n’avaient pas signé pour ça – du moins le croyaient-ils. Mais ils durent avaler leurs exigences et lutter indifféremment contre tous les mouvements de Résistance yougoslaves, à l’image des pires unités de la région. Du coup, lors de l’évacuation de la Serbie en décembre 1943, ils se débrouillèrent pour se faire oublier par le commandement allemand et se faire désarmer sans incident par les troupes de l’ANZAC, qui les internèrent sous le régime des prisonniers de guerre.
Malgré de multiples demandes de la part des autorités soviétiques, les membres du CVR furent jugés après la guerre par les nouvelles autorités yougoslaves et condamnés… à être bannis de Yougoslavie, mais expulsés où ils voudraient. Au début des années 50, ces exilés furent finalement accueillis aux Etats-Unis. Ce « geste délibéré de provocation » du Royaume Fédéral (selon Staline) acheva de déliter les liens entre RFSY et URSS : la première estimant qu’elle était souveraine, notamment sur le plan judiciaire, tandis que la seconde y voyait une ultime preuve de la duplicité absolue de Tito, lequel refusait ainsi à son ancien protecteur le simple droit de juger des ressortissants soviétiques deux fois traîtres à la Révolution !
………
On le voit, ces unités disparates et organisées de façon quelque peu brouillonne étaient nées des circonstances, le plus souvent sans grande réflexion préalable. Ces exemples mis à part, les unités de la Heer comportant des non-Allemands représentent toutes des cas particuliers presque individuels, ou en tout cas anecdotiques. Elles furent avant tout créées à des fins de propagande et leur création doit s’interpréter dans le contexte politique du moment.
………
Le Nachtigall Battalion – Ces 400 volontaires nationalistes ukrainiens de l’Organisation Nationaliste Ukrainienne furent utilisés par l’Abwehr pour diverses “opérations spéciales” avant de passer sous l’autorité du LehrRegiment Brandenburg z.b.V. 800. Ce bataillon était pourtant loin d’être une unité d’élite ! En fait, il devait sa création à un Allemand slavophile (!) bien connu, Theodor Oberländer – lequel commanda d’ailleurs un temps la formation. Oberländer, soutenu par l’amiral Canaris, avait réussi à faire miroiter aux yeux de responsables berlinois la possibilité de tirer profit de l’agitation indépendantiste à Kiev.
Affectés théoriquement à des tâches de subversion et de propagande, ces Ukrainiens en uniforme allemand singularisés par des brassards bleus et jaunes effectuèrent surtout des gardes statiques… Certains participèrent néanmoins au raid des Brandenburgers contre le dépôt de munitions de Kiev, en préparation de Zitadelle. En revanche, le projet longuement préparé pour s’emparer de la station radio de la colline de Vysoky Zamok afin d’y lire une proclamation d’indépendance ne put bien sûr jamais être mené à bien.
Au fur et à mesure des replis allemands, le bataillon, devenu de moins en moins utile à la Heer, se signala surtout en participant à des exactions au côté des Einsatzgruppen contre les Juifs et les Polonais. Il fut finalement dissout dès septembre 1943, alors que le Reich se brouillait définitivement avec les mouvements indépendantistes ukrainiens en refusant de proclamer l’indépendance sur les territoires encore sous son contrôle (1). Les membres du bataillon furent alors dispersés. Quelques rares éléments de valeur rejoignirent la 19. PanzerGrenadier dans les Balkans ou les rangs de la Galizien, tandis que la majorité fut absorbée par la Schuma. La “Légion Ukranienne” avait vécu – mais son souvenir survivrait jusqu’aux années 50, animant bien des mouvements locaux de résistance anti-soviétique, qui bénéficieraient de la précieuse expérience de nombreux vétérans.

La Freiwilligen Stamm-Division – Cette unité d’environ 10 000 hommes fut formée en France au début de 1944 à partir de Hiwis d’origines diverses pour lutter contre les mouvements de Résistance. Sous le commandement du général Wilhelm von Henning, elle se rendit coupable d’un grand nombre d’exactions en Bourgogne, dont le massacre de Dortan (exécution de 56 civils, destruction complète du village). La formation passa ensuite en Belgique, avant de disparaître dans le feu des combats de l’été 1944. En parler davantage serait lui faire trop d’honneur.

La Georgische Legion – Cette unité est peut-être (une fois encore) née de la rivalité entre Wehrmarcht et Waffen-SS. En effet, les Géorgiens semblent avoir bénéficié au début de l’affrontement germano-soviétique d’une forme de bienveillance de la part de la hiérarchie militaire allemande, autant pour leur supposée aryanité que parce qu’on en trouvait quelques-uns parmi les conseillers d’Alfred Rosenberg (Alexander Nikuradse ou Michael Achmeteli par exemple). Bienveillance toutefois non partagée par Hitler qui, outre les réserves évoquées plus haut, n’oubliait pas qu’il avait face à lui, au Kremlin, un Géorgien des plus irritants…
La Heer n’atteignit jamais la Géorgie, évidemment. Mais en revanche, elle avait eu accès, avant même Barbarossa, à tout un vivier d’émigrés originaires de cette région, échoués un peu partout en Europe et principalement en France. Dès janvier 1941, elle décida donc de former une “Légion Géorgienne” sous les auspices de Michel Kedia et Akaki Chavgoulidze, notables bien connus de cette communauté et industriels du yaourt disposant de moyens financiers confortables. Cette “Légion”, qui devait avoir la taille d’une division, serait commandée par Shalva Maglakelidze, ancien officier de haut rang de la défunte république de Géorgie et bien en cour à Rome. Avec d’autres anciens responsables, ce dernier s’attacha à donner une forme de cohérence à l’unité, tout en encourageant la diaspora géorgienne en France à une certaine bienveillance, voire à une collaboration avec l’Allemagne. En avançant ce pion face aux menées de la SS, la Heer espérait conserver au moins une partie du contrôle des futurs territoires soviétiques occupés…
Les recrues, venues majoritairement de France, furent regroupées dans un château près d’Orléans, avant leur départ vers des camps d’entraînement en Pologne. Après Barbarossa, ces émigrés furent rejoints par de nombreux “volontaires” sortis des stalags de prisonniers soviétiques.
La Georgische Legion finit par compter une douzaine de bataillons. Ces derniers conservèrent jusqu’à la fin de la guerre le statut de supplétifs Osttruppen. Parmi les 20 000 Géorgiens ainsi enrôlés dans la Heer, seul le bataillon Bergmann eut une véritable efficacité – il est vrai qu’il était rattaché aux Brandenburgers. La plupart des autres furent affectés, grâce à l’entremise bienveillante d’Alfred Rosenberg, à des tâches de garnison aux Pays-Bas. Le dépaysement limitait le risque de désertions…
Stationnés à Texel, une île frisonne, les Géorgiens décidèrent malgré tout de se rebeller contre leurs maîtres allemands durant les derniers jours de la guerre, et même après que l’armistice ait été signé !
Il faut cependant signaler ici l’existence du “bataillon” Tamara (2), que l’industrie du yaourt voulait envoyer derrières les lignes soviétiques pour saboter l’effort de guerre rouge. Le Tamara était en réalité constitué de trois sections de 35 hommes. La première aurait été parachutée en Russie durant l’été 1942 par un avion du KG 200 ayant traversé la mer Noire – personne n’en entendit plus parler jusqu’en janvier 1944, quand quatre survivants se présentèrent à Budapest, sans avoir, semble-t-il, accompli autre chose que d’avoir réussi à s’exfiltrer d’URSS ! La seconde section était censée traverser les lignes et atteindre la Crimée – vingt hommes en revinrent… et désertèrent ultérieurement pour la plupart, le reliquat étant démobilisés par leurs commanditaires contre une indemnisation. La troisième section… resta à Paris pour encadrer un “bureau d’achat” tenu par l’homme d’affaires Chalva Odicharia, lequel s’enrichit (comme bien d’autres) durant l’Occupation (3).
Après l’armistice, les Géorgiens furent livrés aux autorités de leurs pays respectifs – l’URSS, pour la plupart. Ils y connurent le même sort que leurs compatriotes engagés dans d’autres unités du même genre. En somme, il semble bien qu’Hitler ait eu raison de se méfier : la “Légion Géorgienne” ne fut jamais autre chose qu’un ramassis de mercenaires d’une fiabilité des plus douteuses.

La Legion Freies Arabien – Ultime avatar de la politique pro-musulmane du IIIe Reich, créée notamment dans le fol espoir d’une réussite du soulèvement irakien, la Légion Arabe Libre ne représenta jamais qu’une Sonderverband de 50 hommes recrutés parmi les prisonniers de guerre ou les marginaux des pays occupés – son “état-major” était constitué essentiellement d’Allemands arabophones chargés de répandre la bonne parole de Berlin. Le Reich ayant très vite, par la force des choses, renoncé à tout projet en Afrique ou au Moyen-Orient, la formation n’eut jamais l’occasion de prospérer. Elle fut agglomérée au KG Müller, en Grèce, et partagea son sort – certaines sources indiquent toutefois la présence de quelques soldats arabes dans la 277. ID évoquée plus haut, sans certitude.
………
On le voit, rien de ce que nous venons de décrire ne peut être considéré comme une tentative sérieuse de recrutement de personnels étrangers, comme la SS affecta de le faire. Ce n’est qu’en juin 1944, alors que tout était fini ou presque, que la Heer commença enfin à considérer sérieusement le recours aux supplétifs.
Elle entreprit ainsi de regrouper ses 50 000 volontaires ukrainiens survivants dans une Armée de Libération Ukrainienne toute théorique, sans qu’aucune unité fût jamais constituée sous cette bannière – l’affaire n’eut donc jamais aucune réalité.
Quant à l’Armée de Libération Russe qu’elle appelait de ses vœux, elle ne fut finalement autorisée par Hitler que durant les derniers mois du Reich. Sa concrétisation alla encore moins loin. Entre effondrement général des moyens, disparition massive des prisonniers (morts de faim ou d’épuisement) et absence de toute figure d’encadrement marquante parmi les détenus, il n’est de toute façon pas certain que la Russkaya Oswoboditel’naja Armija (ROA – à différencier de la RONA évoquée plus haut) eût pu être autre chose que le regroupement des cosaques et “légions” de tous ordres déjà évoqués. Les archives ont cependant gardé trace d’une 600. ID, à l’entraînement dans le Jura en juin 1944 – elle paraît avoir été composée pour l’essentiel de Hiwis volontaires, encadrés par des vétérans de la brigade Kaminski et commandés par un certain major-général Sergei Bunyachenko (4). Mais cette 600. ID disparut dès la prise de Strasbourg par les Alliés. Quelques-uns de ses personnels se seraient retrouvés ensuite parmi les gardiens de Dachau, ou dans certaines sections isolées qui luttèrent jusqu’au bout sur l’Oder contre les troupes de l’Armée Rouge. Quoi qu’il en soit, tous ceux qui furent capturés par les Occidentaux furent assurément remis aux autorités soviétiques après la capitulation allemande ; les troupiers furent alors sans aucun doute envoyés au Goulag et leurs officiers exécutés.
Profitons-en pour tordre le coup une fois pour toutes à une rumeur tenace – il n’y a pas eu d’aviation russe sous commandement allemand ! Le Reichsmarschall Göring a effectivement promis de manière documentée une Jadgstaffel de 12 Bf 109 G, une Schlachtstaffel de 12 Junkers 88 ainsi qu’une section de 5 Heinkel 111… Mais à cette époque, la Luftwaffe n’avait déjà plus assez de carburant pour ses propres formations. Les modèles et profils circulant abondamment sur les sites d’information nationalistes russes – cherchant visiblement à réhabiliter la ROA pour son anti-communisme – sont donc faux, selon toute vraisemblance.
Aujourd’hui, seule la communauté orthodoxe russe de New York, exilée après la guerre, célèbre encore le souvenir des volontaires antisoviétiques de l’Armée de Libération Russe ! Une armée, rappelons-le tout de même, qui servait (ou aurait pu servir) une entreprise d’extermination.


Notes
1- La confiance entre la Heer et les indépendantistes ukrainiens ne fut jamais la règle. Les négociateurs de l’Organisation nationaliste avaient proposé au Reich de « former une armée ukrainienne qui se joindrait à l’armée allemande jusqu’à la victoire », tandis que le commandement allemand affirmait, dès le 25 novembre 1942 : « Il est évident que les Ukrainiens préparent une révolte contre notre futur Reichskomissariat, ayant pour but l’établissement d’une Ukraine indépendante. Il convient de prendre dès à présent les dispositions nécessaires à l’arrestation, à l’interrogatoire puis à la liquidation des responsables concernés, en une fois et le moment venu. » De fait, durant les dernières phases du conflit, les Ukrainiens luttèrent tout à la fois contre la Wehrmacht et l’Armée Rouge !
2- Du nom de la reine géorgienne Tamar Ière, de la dynastie des Bagration, qui régna au XIIe siècle. Pour l’Abwehr, cette unité faisait partie d’un ensemble plus important baptisé Bataillon Bergmann, dont les 500 membres, d’origine très diverses, menèrent différentes opérations dans les Balkans et autour de la mer Noire.
3- Le personnel bureau d’Odicharia était des plus cosmopolites : 33 Géorgiens, mais aussi 7 Russes, 3 Italiens, 2 Allemands, 2 Tchèques, 1 Portugais, 31 Français (dont 2 Corses, 1 Alsacien, 1 Tunisien, 1 Martiniquais et 2 Juifs)… et 4 Françaises !
4- Officier commandant la 389e Division de Fusiliers, il avait été capturé par les Roumains en novembre 1942 lors de la chute d’Odessa… après avoir été condamné par les autorités militaires soviétiques à dix ans de camp pour « destruction prématurée de matériel », une peine qu’il aurait dû purger après son service ! On le retrouve à Prague, participant à l’insurrection anti-communiste qui secoua brièvement la ville durant l’hiver 44-45, puis on perd sa trace…
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Anaxagore



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 09:47    Sujet du message: Répondre en citant

Une véritable liste à la Prévert. Laughing
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

Là tu me fais plaisir Anaxagore Very Happy
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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houps



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 11:10    Sujet du message: Répondre en citant

De la part d'un Procyon lotor Linnaeus, ce n'est pas étonnant. Manque le quidam ... Very Happy
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 11:15    Sujet du message: Répondre en citant

Pour le quidam, qui reste quidam…
Peux-tu décoder ? Rolling Eyes
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houps



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 11:35    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien, Procyon lotor Linneaus est communément appelé " raton laveur".
Manque donc dans la liste à la Prévert (merci Anaxagore) l'unité-raton laveur. Razz
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 12:07    Sujet du message: Répondre en citant

As-tu une idée de l'origine du terme Procyonidé ?
Oui, du latin procyonidae…
Mais que veux dire ce terme en latin ?
Gaffiot ne donne que Procyon… Ah ! Les latins appelaient aussi cette constellation "Antecanis" (merci Gaffiot !). Donc, Procyonidés = parent des canidés… ??

(pour ceux qui se poseraient la question, lotor = laveur)
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loic
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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 12:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
pour la seule année 1942, la Heer déplorait 500 000 morts ou disparus – on passerait à 650 000 l’année suivante.

Chiffres FTL ?
Citation:
Le Grand Reich n’ayant en ligne en 1943 (sans compter les troupes au sol fournies par la Luftwaffe et la Kriegsmarine) que sept millions de soldats, on comprendra sans peine que Berlin ne pouvait pas se permettre d’accepter ces pertes sans rien faire, sauf à réduire son ordre de bataille
.
Ben non, réduire son OdB, c'est diminuer le nombre de troupes qui affrontent l'ennemi, cela ne peut conduire qu'à des pertes supplémentaires. Plutôt écrire sauf à réduire l'intensité de ses opérations ou encore sauf à refuser le combat.

Citation:
Il faut cependant signaler ici l’existence du “bataillon” Tamara (2), que l’industriel du yaourt voulait envoyer derrières les lignes soviétiques

Industrie ou industriel ?

Citation:
Les archives ont cependant gardé trace d’une 600. ID, à l’entraînement dans le Jura en juin 1944 – elle paraît avoir été composée pour l’essentiel de Hiwis volontaires, encadrés par des vétérans de la brigade Kaminski et commandés par un certain major-général Sergei Bunyachenko (4). Mais cette 600. ID disparut dès la prise de Strasbourg par les Alliés.

OTL, division formée en novembre ou décembre 1944 (Wiki allemand et anglais ne sont pas d'accord) en Allemagne. Elle faisait auparavant partie de l'armée de réserv (Ersatzheer) le temps de sa formation, mais où se trouvait-elle. Je pense assez improbable qu'elle soit dans le Jura en juin 1944. Si c'est historique par contre, il faudrait la placer ailleurs en France (le Jura est trop près du front).
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En principe (moi) ...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 13:01    Sujet du message: Répondre en citant

Dans l'ordre :
- A été révisé depuis,
- ben si - dissoudre des divisions pour remplumer les survivantes, ca se fait bien ...Laughing
- Industriel - l'industrie risque fort de pédaler dans son produit,
- On n'a que peu de visibilité pour l'instant - après le Jura, ca va jusqu'à Mulhouse !
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houps



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MessagePosté le: Ven Avr 03, 2020 13:02    Sujet du message: Répondre en citant

Pro = pré
cyon (grec) = canis (latin)

raton laveur, coati, kinkajous°, etc

Je pompe :

"caractères généraux : le crâne possède des orbites non fermées qui communiquent avec la cavité aménagée entre l’os temporal et l’arcade zygomatique ; la mandibule présente un condyle élargi dans le sens transversal ; la dentition comporte des canines longues et puissantes et deux dents particulièrement tranchantes en position P4 et M1 (spécialisées en carnassières) ; la clavicule est réduite ou absente ; au niveau du carpe, le scaphoïde et le lunaire sont fusionnés et forment le scapho-lunaire ; le mode de locomotion est digitigrade ou semi-digitigrade. "

La FTL, mieux que les Galeries Farfouillette !


° A ressortir au Scrabble, jeu à pratiquer par ces temps d'enfermement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Avr 04, 2020 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

Les SS du crépuscule

Au printemps 1944, les Alliés débarquent en Normandie et balaient la Wehrmacht en France. Les Soviétiques font de même sur le Front de l’Est… Il est désormais évident que le Reich de Mille ans a vécu – le rejoindre, c’est creuser sa tombe. Et pourtant, il se trouve encore parmi les peuples d’Europe des volontaires pour lier leur sort à celui d’un régime agonisant. Qui sont-ils, ces cavaliers de l’apocalypse ? Sans doute les pires, car les plus compromis – et on les retrouve essentiellement dans la Waffen-SS, à lutter du côté de l’Axe alors même que leurs pays ont déjà été conquis – ou libérés.

Des alliés de l’Allemagne en uniforme noir
SS-Sturmbrigade Vlad Tepes – Cette brigade de 3 000 hommes fut créée en février 1944, autour de volontaires de la nouvelle 4e DI roumaine, en reconstitution en Allemagne lors de la capitulation de Bucarest. Cette unité agglomérait ainsi de rares vétérans survivants du 1er CA roumain défait lors de “Molot” à de jeunes engagés moins désabusés, mais aussi bien moins expérimentés. A cet assemblage vinrent encore s’ajouter ensuite des membres de la Garde de Fer ayant rejoint les lignes de l’Axe par les Carpathes, à travers la Hongrie – ils furent cependant très peu nombreux (moins de 500).
Il semble bien que la SS ait longtemps espéré former une division complète de PanzerGrenadiers roumains, afin de contribuer à la défense du front hongrois – ce qui ne manque pas de sel, connaissant les relations compliquées qu’entretenaient (et entretiennent toujours !) les deux pays d’Europe centrale. Manquant de matériel et n’ayant pas achevé son entraînement, la Vlad Tepes fut néanmoins jetée sur les lignes soviétiques lors des tentatives de rupture du siège de Budapest, avec les résultats catastrophiques qu’on pouvait prévoir. Réduite à 750 hommes et entraînée dans la déroute finale du Reich, elle réussit néanmoins à se rendre aux forces américaines – ses membres eurent la chance de ne pas être remis aux nouvelles autorités pro-soviétiques désormais en place à Bucarest. Une chance que n’eurent pas tous les survivants parmi les 40 000 autres Roumains engagés dans la Waffen SS à titre individuel (pour beaucoup dans la Prinz Eugen).

SS-Sturmbrigade Duce – Formation de 4 500 hommes parfois pompeusement appelée 29. Waffen-Grenadier-Division der SS ou encore Legione SS Italiana, la Duce naquit en mars 1944 – jusque-là, Mussolini refusait obstinément la formation d’une division italienne sous commandement allemand, s’accrochant au moindre lambeau de son autorité passée telle la moule au rocher. Faute de mieux, sous la pression de Berlin (comme d’une partie de ses propres hommes !) et reconnaissant le caractère à l’évidence illusoire de la souveraineté de la République Sociale Italienne, le Duce décida finalement « d’autoriser » les Italiens qui le souhaitaient à s’enrôler dans une formation dont il assurerait le parrainage – parrainage purement théorique, cela va sans dire ! De fait, l’unique commandant de cette unité fut le SS Polizei-Führer Karl Wolff – prince de la terreur bien connu à Milan et dont les exploits étaient dirigés au moins autant contre les Italiens que contre les Alliés.
La Duce était supposée être l’avant-garde d’un plus vaste « programme de redéploiement des milices armées italiennes dans la Waffen-SS » (Programm zur Aufstellung der italienischen Milizeinheiten durch die Waffen-SS). Mis au point par Heinrich Himmler et Gottlob Berger en personne, ce plan fut approuvé par Hitler bien avant de l’être par Mussolini… De fait, les nouveaux SS allaient prêter serment auprès d’Hitler et de lui seul.
Au départ, 15 000 hommes furent rassemblés à Münsingen (Bade-Würtemberg) – à l’arrivée, il en restait moins d’un tiers (le reste ayant été répartis dans diverses unités de police, voire envoyés dans des camps de travail). Engagée lors des offensives alliées de l’été 1944 sur le théâtre italien, la Duce se comporta assez bien, sous le commandement opérationnel du lieutenant-colonel Delgi Oddi (un ancien chef des Chemises Noires), lequel n’hésita pas à lancer de vigoureuses contre-attaques contre les Américains. Elle ne put toutefois rien faire pour soutenir un front qui tombait peu à peu en morceaux, alors que la RSI elle-même s’effondrait et que le Duce rencontrait un sort fatal.
La majorité des survivants tâchèrent finalement de se rendre aux forces franco-américaines montant de la Côte d’Azur, en évitant à tout prix de rencontrer les troupes italiennes cobelligérantes du général Ambrosio. Les autres devaient périr dans les stériles combats des derniers jours de la guerre, intégrés dans un quelconque Kampfgruppe allemand défendant les cols autrichiens.

17. SS-Freiwilligen Kavallerie-Division Maria Theresa (1) – Cette unité de 15 000 volontaires hongrois d’origine volksdeutsche fut formée en 1943 malgré les préventions du régime Horthy, qui ne put s’opposer à ce que le Reich considérait comme une simple conscription de ses propres ressortissants.
Initialement simple régiment au sein de la 8e SS Kavalerie-Division Florian Geyer, la Maria Theresa fut élevée au statut de division le 29 avril 1944, juste après la tentative de retournement hongrois – tentative durant laquelle les SS magyars avaient efficacement contribué au maintien de l’essentiel du royaume de Hongrie dans l’Axe, par une action tout à la fois rapide et décisive.
Renforcée en hâte à Győr en y intégrant des recrues et du matériel issus de divisions hongroises dissoutes, la 17. SS-FKD aurait dû rejoindre les forces SS en Yougoslavie pour contribuer à la lutte contre les armées du général Montgomery… En réalité, il n’en fut rien : rattrapée par la vague soviétique, envoyée en urgence sur le front aux environs d’Arad, la formation fut en grande partie encerclée puis détruite lors de son repli vers Budapest. Une partie des survivants durent même traverser à la nage la rivière Harmas pour rejoindre les lignes amies. Réduite à un gros régiment, la Maria Theresa devait ensuite disparaître à Budapest, mais non sans s’être compromise auparavant dans les pires exactions commises par les Croix-Fléchées durant le trop long siège de la ville. Seuls 170 hommes réussirent à rompre le blocus. Ils furent intégrés dans diverses unités de la Waffen-SS et disparurent avec elles. Leur chef allemand, le SS-Brigadeführer und Generalmajor August Zehender, n’était pas parmi eux.

19. Waffen-Grenadier-Division der SS (ungarisch) – Parfois dénommée Hunyadi dans les archives, la 19. WGD eut une existence des plus brèves. Commandée elle aussi par un officier allemand, le SS-Standartenführer Thomas Müller, elle devait, semble-t-il, participer à l’intégration complète des reliquats de la Honvèd dans l’armée allemande en refondant complètement la 19e DI du colonel Ferenc Szász (personnage des plus appréciés par les nazis).
Cette formation n’eut cependant jamais le temps de s’entrainer ou même simplement de recevoir de l’équipement. Evacués d’un camp d’entraînement à l’autre, les 20 000 Hongrois (dont beaucoup désertèrent) ne purent jamais rien accomplir de notable et se dispersèrent simplement durant l’effondrement final de l’Allemagne nazie pour aller se rendre aux forces américaines en Autriche. Il est douteux que, si elle avait été engagée, cette unité aurait eu une grande valeur combative…

SS-Panzergrenadier Brigade Horst Wessel – Cette formation de 5 000 Volksdeutsche hongrois fut créée en hâte durant les derniers jours de mai 1944 sous le commandement du SS-Oberführer August Trabandt. La Waffen-SS avait à l’évidence le projet d’en faire une division destinée à être intégrée aux forces luttant en Yougoslavie – mais, faute de moyens comme de volontaires, il n’en fut rien. Utilisée quasi exclusivement dans des tâches de sécurisation des arrières, dont la répression du soulèvement national slovaque, elle fut entièrement détruite par l’Armée Rouge vers la fin du conflit, lors des rudes combats de Silésie.

Des égarés venus d’autres pays
En arrivant au bout de ce triste inventaire, il nous reste encore à évoquer les quelques égarés et autres cas particuliers ne rentrant dans aucune case – exotiques et ultimes récipiendaires de la supposée confiance du Reich.
………
Indisches Freiwilligen Legion der Waffen-SS – Parfois appelée Tiger Legion à des fins de propagande virile, cette formation des plus exotiques est directement issue de la volonté (ou des illusions…) de Subhas Chandra Bose, le fameux leader indépendantiste hindou, qui espéra un temps s’appuyer sur l’Allemagne pour libérer l’Inde en passant par la Russie. Un projet pour le moins audacieux, d’autant plus que Bose avait expressément demandé à ce que sa Légion n’ait jamais à combattre les Soviétiques ! Il ne faut pas voir dans ce petit régiment davantage qu’une tentative des services diplomatiques allemands (et de certains membres du cercle Kreisau) de maintenir un semblant d’activité. De fait, les 2 500 prisonniers péniblement recrutés parmi les vétérans des campagnes d’Albanie et de Grèce, même renforcés par quelques opportunistes de la diaspora, étaient forts loin de pouvoir rentrer en Inde.
Faute de véritable engagement de la part des Allemands – qui se désintéressèrent très rapidement de cette unité – la Légion du Tigre fut finalement envoyée en garnison dans les iles Frisonnes, avec d’autres formations de divers volontaires soviétiques. Début 1944, elle fut expédiée en France pour y tenir garnison dans des secteurs considérés comme secondaires sur la façade atlantique du Mur du même nom. Menacée d’encerclement par l’opération Cobra, elle fut alors renvoyée vers l’est, mais l’opération Overlord la surprit pendant le transfert échelonné de ses deux bataillons vers l’Allemagne. DEUX PHRASES COUPEES POUR EVITER DE GACHER…
Les hommes de la Légion du Tigre passèrent finalement les derniers jours de la guerre à tenter d’atteindre la Suisse malgré le harcèlement constant de la Résistance et des forces aériennes alliées… Ils n’y parvinrent pas : capturés par… des troupes coloniales françaises (qui en passèrent un certain nombre par les armes), les survivants furent renvoyés en Inde, où ils durent affronter la Justice du Dominion – laquelle se révéla étonnamment clémente, signe s’il en fallait des tensions qui persistaient à Bombay avant l’Indépendance.
Rappelons pour mémoire que Chandra Bose – écœuré par la condescendance d’Hitler à son égard – avait rencontré un peu plus de succès auprès de l’Empire japonais dans sa tentative de créer une Armée Nationale Indienne. Au lieu d'un régiment à deux bataillons en Europe, il réussit à lever en Asie deux divisions, dont une était à effectif complet, quand bien même son ardeur combative restait incertaine.

SS-Polizei Selbstschutz Regiment Sandschak – Cette milice albano-croate musulmane était en théorie placée sous le commandement du SS-Standartenführer Karl von Krempler et répondait en pratique aux ordres du Sulejman Hafiz Pačariz. Elle avait toutes les caractéristiques de la bande de routiers médiévales – le fanatisme religieux en plus. Opérant en soutien des forces collaboratrices monténégrines de Pavle Đurišić, puis au bénéfice direct de la SS, le Sandschak ravagea le nord du Monténégro durant tout l’hiver 1943-1944, avec une violence et une propension au pillage qui forçaient la crainte.
Rencontrant finalement les forces vertes désormais “retournées” de Krsto Popović – pas vraiment ralliées aux Alliés mais plus vraiment favorables à l’Axe – au milieu d’un affrontement généralisé contre l’AVNOJ titiste, le régiment s’épuisa dans de stériles combats dans le secteur de Kolašin jusqu’à ce que Pačariz tombe à la tête de ses hommes (quoique pas forcément au combat). Les survivants furent ultérieurement intégrés dans la Handschar.

Britische Freecorps (SS) – Cette “unité” de propagande, regroupant au maximum 45 hommes, ne faisait même pas officiellement partie de la Waffen-SS. Il semble qu’elle soit directement issue des rêveries de l’ancien secrétaire d’Etat John Amery, capturé lors de la première Campagne de France et qui rêvait de former une “Légion de Saint-George”, constituée de Britanniques prêts à combattre au côté de l’Axe (et proche dans l’esprit de la LVF). Faute de volontaires (les tournées dans les camps de prisonniers en ramenèrent… un (2) !), le Freecorps fit de la figuration, sans que personne au sein de la Waffen-SS se donne même la peine d’entraîner cette formation einsatz fraglish – et notamment pas son chef, le SS-Hauptsturmführer Hans-Werner Roepke, bien plus intéressé par son poste au sein de la Wiking.
De fait, hormis Amery, personne ne semble jamais avoir cru à son projet ! Déçu, il devait passer l’essentiel de la guerre sur les ondes, à côté de William Joyce (“Lord Haw-Haw”), à répandre son fiel pour tenter de démoraliser ses compatriotes. Son ultime tentative militaire, dans les derniers jours de la guerre, n’eut pas davantage de succès : réussissant enfin à réunir péniblement les rarissimes Britanniques présents sous les armes allemandes – dont Thomas Cooper, ancien membre de la British Union of Fascists, engagé dans la SS avant la guerre et adjudant décoré de la Wiking ! – Amery entreprit de faire passer à ses hommes une formation de SturmPioniere. Ils rejoignirent finalement la 3e Compagnie de Reconnaissance du régiment Nordland… qui refusa de les intégrer ! Après des semaines à creuser des tranchées ou à gérer la circulation, les derniers transfuges rejoignirent enfin le flot des fuyards, avant d’être appréhendés sans incident par les forces alliées.
La plupart d’entre eux s’en sortirent étonnamment bien après la guerre – la Justice britannique considérant, dans une intéressante démonstration du sens de l’humour anglais, qu’ils n’avaient en fait jamais pris véritablement les armes contre leurs pays ! Seul John Amery fut jugé pour trahison. Il décida gaillardement de plaider coupable en se justifiant par son anti-communisme (3). Faute de débat, le procès dura 8 minutes – le juge, après avoir fort civilement remercié Amery d’avoir bien voulu assumer le poids de ses actes, le condamna à mort. Il fut pendu le 19 décembre 1945 à la prison de Wandsworth.
Pour être complet, précisons qu’en dépit de ce que mentionnent certaines sources, il n’y a jamais eu d’American Freecorps semblable à la pitoyable bande d’Amery – même si les archives mentionnent effectivement que cinq ressortissants américains rejoignirent la Waffen-SS durant le conflit (4), ainsi que huit autres individus d’origine douteuse. Il est difficile de distinguer ces Américains des autres binationaux ayant rejoint l’Allemagne entre 1939 et 1941 pour servir dans les rangs de la Wehrmacht – et il est de toute façon certain qu’ils n’ont eu aucune influence sur le cours du conflit.


Le piteux destin d’une armée « racialement pure »

A l’heure de refermer ce pénible inventaire, non pas à la Prévert mais bien à la Pervers… que retenir de la rocambolesque et sanglante épopée des volontaire étrangers sous uniforme allemand, qui fait hélas encore fantasmer certains ? Sans aucun doute, que loin d’être l’expression d’une « unité européenne dans la lutte anticommuniste », l’intégration d’auxiliaires ne fut jamais pour l’Allemagne plus qu’un simple pis-aller, auquel on eut de plus en plus recours sous la pression des événements et en fonction des opportunités.
Prenons un instant pour fixer quelques données démographiques : en 1939, l’Allemagne avait sous les drapeaux 4 200 000 hommes, dont 3 750 000 pour la Heer, 35 000 pour la SS et –nous l’avons vu – pratiquement aucun étranger. En mai 1942, à l’aube de Barbarossa, ils étaient 7 235 000 (dont 5 millions pour la Heer et 125 000 pour la SS). Parmi eux, guère plus de 60 000 étrangers, dont une bonne partie dans des unités même pas opérationnelles. Enfin, en 1945, lors de la chute finale, il y avait plus de 9 millions d’hommes sous les drapeaux (6,5 millions pour la Heer, 600 000 pour la SS), dont environ 500 000 étrangers, pour l’essentiel des Hiwis, mais aussi 150 000 soldats dans la SS.
Nous avons bien vu que tous étaient très loin d’être vraiment volontaires (même s’ils obtinrent paradoxalement le plus souvent la nationalité allemande en s’enrôlant !). On découvre ici l’imposture de la Schutzstaffel : cet organisme soi-disant « purement allemand » ne réussit jamais à se conformer à ses propres ambitions même lorsqu’il eut pris le contrôle de l’Allemagne nazie, et resta toujours dans l’ombre de la Heer malgré son soi-disant caractère élitiste – lequel était pour le moins contestable, au vu de la foule compliquée d’unités disparates et pas toujours fiables que nous avons passé en revue.
La guerre en Europe fut donc bien, pour l’essentiel, livrée par le peuple allemand – c’est indéniable. Prétendre le contraire sous le masque d’une supposée fraternité d’armes entre les peuples face aux hordes bolcheviques relève de la mystification apologétique. L’Allemagne devant assumer les conséquences de ses agressions, le Reich fit tout simplement feu de tout bois pour espérer rééquilibrer la balance – et, au surplus, sans même agir avec intelligence, compte tenu des circonstances ! Quand les candidatures furent nombreuses, il était trop tôt – quand elles furent souhaitées, il était trop tard.
Ainsi en fut-il plus globalement de la Waffen-SS en général. A la fin de l’année 1941, les Volksdeutschen ne sont que 16 000, et ces individus représentent un expédient à la fois temporaire et superflu. Deux ans plus tard, ils sont vingt fois plus nombreux et encadrent une masse de volontaires étrangers, y compris de supposés sous-hommes fort différents des Aryens racialement purs, mais néanmoins capables de comprendre un ordre et de tenir un fusil… Bien loin d’être « les héroïques volontaires de la Nouvelle Europe », ce n’était qu’une bande de miliciens, qui prétendait pourtant toujours représenter l’armée d’élite voulue par Himmler.
N’en déplaise aux thuriféraires de l’armée allemande – il s’en trouve hélas encore beaucoup de nos jours – force est de constater que Berlin ne chercha jamais vraiment à donner un caractère européen à sa lutte, sans même parler de fédérer ses alliés autour d’un projet, et échoua complètement à profiter des dissensions de ses adversaires. Ce qui était somme toute parfaitement logique : dans la ligne de sa politique mortifère, le nazisme était tout simplement incapable de construire. Eût-il par malheur triomphé que l’Axe n’aurait jamais pu durer mille ans – même s’il aurait sans nul doute causé encore bien des milliers de morts…


Notes
1- En hommage à Marie-Thérèse de Habsbourg, reine et impératrice de Bohème, d’Autriche… et de Hongrie.
2- Kenneth E. Berry, repris de justice notoire et marin sur le tanker Cymbeline, capturé par un corsaire allemand durant l’automne 1940. Il s’était échappé de son camp de détention, mais loin de chercher à retourner en Angleterre, il était simplement devenu trafiquant sur le marché noir à Paris (!) avant de se faire arrêter par la Gestapo. Il échappa à une lourde peine en ayant la délicatesse de trahir tous ceux qui l’avaient aidé à s’échapper et trouva sans aucun doute dans le Freecorps un moyen d’échapper au mépris – voire à la vengeance – de ses compatriotes, tout en menant à nouveau la belle vie. En cela, il était très représentatif de ses collègues…
3- Quoique son frère Julian eût tenté de prouver qu’il avait été naturalisé Espagnol, ce qui aurait fait tomber la charge.
4- Dont James Monti, pilote américain d’origine germano-suisse, qui commit l’exploit de déserter avec un Lockheed F-5A de reconnaissance… en avril 1944, en plein effondrement du front allemand. L’homme devait se rendre aux forces de l’US Army à la fin de la guerre, vêtu d’un uniforme SS prétendument donné par des maquisards qui l’auraient déguisé ainsi pour faciliter son passage vers les lignes amies ! Chassé de l’armée et condamné à 15 ans de travaux forcés pour désertion, il fut libéré en 1948 pour être immédiatement arrêté de nouveau par le FBI pour trahison. Il fut finalement libéré en 1960.
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