Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Les Légions étranges d'Hitler (par Demo Dan)
Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays de l'Axe
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13668
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 11:21    Sujet du message: Les Légions étranges d'Hitler (par Demo Dan) Répondre en citant

Demolition Dan a voulu évoquer les non-Allemands au service des forces armées allemandes. Vous pensiez connaître ces histoires de LVF et autres ? Eh bien, vous aviez tort ! (NB - le titre de ce sujet est de moi - et c'est bien "Les légions étranges d'Hitler", et non "étrangères". Vous comprendrez en lisant)…


« Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux. »
Evangile selon Saint-Marc, V, 9.


Les volontaires étrangers sous uniformes allemands

(Extrait de l’ouvrage collectif Les armées d’Hitler, éd. Tallandier, 2010)

L’Histoire, matière mouvante dont même les faits qu’elle présente sont parfois sujets à débats, alimente encore trop souvent avec les événements d’hier les querelles d’aujourd’hui. Et alors que l’Europe, saisie par le doute, semble à nouveau tourmentée par les démons du nationalisme, il est trop aisé à certains de remodeler le passé à leur guise afin qu’il serve à leur démonstration du moment auprès d’une opinion bien plus prompte à la passion qu’à la réflexion. Dans ce vaste théâtre d’ombres, la Seconde Guerre Mondiale est bien sûr un sujet de choix – a fortiori pour tous les pays qui eurent à subir l’occupation nazie et en gardent toujours un souvenir brûlant. Trop nombreux, hélas, sont ceux qui se servent à présent de ces tristes épisodes pour mettre en scène une oppression « purement allemande » de leur pays « uni dans la lutte et la résistance » – tandis que d’autres affirmeront la « complicité active » de leurs voisins avec les forces du régime nazi pour asservir leur nation. Le tout évidemment pour favoriser une politique chauvine exigeant des « réparations » territoriales, voire l’indemnisation de préjudices passés en monnaie contemporaine !
Si l’on écarte ces pénibles manigances politiciennes, que pouvons-nous dire aujourd’hui de la réalité des soutiens non allemands dont le Troisième Reich a bénéficié en Europe durant les cinq années du conflit ? Vaste sujet, qui concerne tous les pans de la société ! De la “neutralité orientée” à la collaboration politique en passant par les échanges économiques ou encore le travail de renseignement, des milliers de pages ne suffiraient pas à épuiser le sujet. Toutefois, alors que nous célébrons à présent pieusement le souvenir des combattants – ceux qui ont lutté et donné leur sang contre le nazisme – nous avons choisi d’évoquer ici le plus visible, le plus sinistre et surtout le plus définitif de tous les arrangements que certains passèrent avec le diable : l’enrôlement sous l’uniforme allemand, parfois pour lutter contre son propre pays.
Qui étaient-ils, ces sombres volontaires que l’Histoire a depuis justement condamnés ? Des traîtres opportunistes ? Des fanatiques exaltés ? De simples mercenaires ? Voire de pauvres hères espérant candidement survivre ? Un peu de tout cela à la fois, même s’ils ont tous en commun le fait d’avoir rejoint les rangs de la SS ou (plus tard) de la Wehrmacht. Le présent travail va s’efforcer de brosser à grands traits leur histoire si diverse – sans complaisance mais aussi sans noircir un tableau hélas déjà fort sombre. Et ainsi d’esquisser, à travers eux, la place que le Reich envisageait de réserver aux « non-Allemands », puis la place qu’il dut bien leur attribuer alors que le conflit prenait le tour que l’on connaît.

Les ambitions de la Schutzstaffel et la division Wiking
Par l’une de ces incroyables incohérences qui furent l’une des principales caractéristiques du régime hitlérien, le recrutement de soldats étrangers fut – du moins dans les premiers temps du conflit – le privilège exclusif de la Schutzstaffel d’Himmler. L’armée régulière allemande, elle, devait rester l’armée du Reich et il lui était donc formellement interdit d’engager des “non-aryens”. Incohérence totale assurément, selon la logique nazie elle-même ! La SS s’était en effet exclusivement bâtie sur une idéologie de pureté raciale, d’exclusion, d’antisémitisme et de loyauté absolue envers la personne d’Adolf Hitler. Ses membres, réputés hérauts de la « race des Seigneurs », étaient naturellement supposés illustrer la supériorité de leur sang sur tous les autres, justifiant ainsi la domination que le Reich promettait à la terre entière une fois la guerre gagnée. Au premier regard, on a donc bien de la peine à comprendre comment, en moins de cinq ans, la SS a pu passer d’un extrême à l’autre dans sa politique de recrutement. Et pourtant, à y regarder de plus près, l’enrôlement de personnel étranger ne fut que l’aboutissement logique d’un processus mis en place dès le début des années 30.
En effet, sitôt sa place assurée par la prise de pouvoir d’Hitler en 1933, l’Ordre Noir s’était considéré comme une troupe d’élite – ce d’autant plus que le Reichsführer-SS Heinrich Himmler avait hâte de faire oublier la parenthèse des Sturmabteilungen d’Ernst Röhm pour mieux imposer sa future Waffen-SS comme l’unique organisation de « combattants idéologiques » de l’Allemagne.
L’idéal nazi ne souffrant nul compromis – au point qu’il transformait souvent la réalité des faits pour les faire correspondre à ses dogmes – les critères de recrutement furent dans un premier temps d’un élitisme draconien : on attendait de l’engagé une condition physique irréprochable (y compris pour la dentition, qui devait être sans plombage !), une taille d’au moins 1m74, la jeunesse (évidemment), ainsi qu’une absence totale d’addiction (l’alcoolisme était fréquent dans les rangs du parti nazi). Des entretiens politiques étaient bien sûr de rigueur avant l’engagement, mais curieusement, on ne trouve pas trace d’un test d’intelligence systématique – ce point n’était sûrement pas critique… Pour flatter ses recrues comme pour créer un socle “culturel” à son arme, Himmler invoquait volontiers l’imaginaire fantasmé des chevaliers teutoniques luttant seuls avec vaillance le long de la Baltique contre les hordes slaves d’Ivan le Terrible – ce qui (outre une historicité douteuse) ne manque pas d’une ironie mordante pour qui veut bien se rappeler que la SS était ouvertement anti-chrétienne…
Toutefois, comme de juste, ces grandes ambitions se heurtèrent assez rapidement à un problème de vivier. Le profil du nazi de la première heure n’était pas aussi sportif et fanatique qu’il aurait fallu, si tant est que l’individu fût d’une « aryanité » suffisante – les volontaires devaient en effet prouver leur ascendance en remontant jusqu’en 1800 (1750 pour les officiers !), le tout évidemment sans trace de maladies mentales ou héréditaires ! Les non-Allemands (tels que les Tchèques, après l’annexion des Sudètes) étaient évidemment exclus d’emblée. De plus, les incompatibilités d’égo et autres raisons personnelles provoquèrent l’éviction ultérieure de nombreux engagés – lesquels ne se bousculaient pourtant pas vraiment. On estime ainsi qu’en 1937-1938, pas moins de 12 000 personnes quittèrent plus ou moins de leur plein gré la Schutzstaffel, remettant le plus souvent ouvertement en cause la « loyauté absolue » qui leur était demandé. Un millier d’autres furent chassés pour des raisons diverses – généralement pour « apathie ou paresse » : termes passe-partout qui recouvraient parfois des raisons autrement plus sordides. Du coup, la SS dut lutter pour trouver les effectifs nécessaires à la constitution de sa première division – ses premières formations, regroupées dans la SS-Verfügungstruppe, représentaient moins de 15 000 hommes !
Au début, pourtant, ce problème du recrutement n’inquiétait pas encore la Waffen-SS – entité nouvelle finalement créée après le versement de 50 000 para-militaires de l’Allgemeine SS dans la SS-VT. Il était en effet pleinement assumé par son chef Himmler – qui n’avait que peu de culture militaire et appréhendait mal le conflit qui s’annonçait : il ne voyait dans ces difficultés forcément temporaires que la preuve de la valeur de son arme. Le 8 novembre 1937, il paradait ainsi devant ses généraux : « Ne succombons jamais à la folie du nombre. Si nous maintenons nos exigences actuelles – nous les maintiendrons et les rendrons encore plus sévères – nous pourrons utiliser au plus 10 % de la jeunesse allemande. Ne fléchissez jamais, je vous en prie, ni pour les conditions d’admission ni pour l’admission elle-même, même si parfois vous n’avez pas autant de candidats et d’aspirants que vous le souhaiteriez. »
Pourtant, dans les faits, à partir de la mi-1938 et nonobstant l’élitisme absolu toujours affiché, la Waffen-SS dut changer son fusil d’épaule et réduire ses ambitions comme ses critères physiques. A un noyau d’engagés fanatiques, elle fut finalement forcée d’agglomérer des sportifs « politiquement compatibles » ainsi que des nazis de la première heure « d’un bon niveau physique », le tout dans un esprit d’émulation devant permettre à chacun d’exprimer tout son potentiel. Ce choix issu de la volonté de l’idéologue Gottlob Berger permit l’incorporation de 32 000 volontaires par an environ. Les recrues – souvent attirées par la promesse d’une dispense du service du travail obligatoire – furent confiées aux bons soins des généraux Felix Steiner et Paul Hausser : des professionnels qui devaient amener les élus au sommet de l’art militaire, et même attirer d’autres soldats de carrière avides de promotion. Sous leur égide, les soldats de la SS reçurent une formation très poussée – quoique fortement épicée de cours idéologiques, d’ailleurs contre l’avis des deux généraux.
En toute logique, au début du conflit, la Waffen-SS était plus ou moins comme Himmler l’avait souhaitée : une formation politiquement irréprochable, dont la majorité des membres possédaient de grandes capacités physiques. Regroupés en deux divisions dites d’élite, la Leibstandarte Adolf-Hitler et la Das Reich, ils ne représentaient toutefois que 30 000 hommes environ – bien peu pour peser face au 4 700 000 engagés dans la Wehrmacht !
Durant la campagne de Pologne, ces deux formations se comportèrent militairement de façon correcte. Cependant, elles se distinguaient déjà par une propension à l’insubordination et par un très net penchant à commettre des crimes de guerre, dont par exemple le massacre de Blonie (exécution de cinquante civils juifs polonais par les hommes de la LAH). L’Ordre Noir donc ne brillait pas suffisamment au goût de son maître – il lui fallait prendre de l’ampleur pour accomplir ses ambitions. C’est ainsi que, contre l’avis de l’OKW et sans véritable soutien d’Hitler – qui partageait sans doute la volonté ultra-élitiste exprimée au départ par Himmler – la Waffen-SS choisit dans une certaine hâte (et avec, pour partie, du matériel tchécoslovaque !) de créer deux divisions supplémentaires et de les engager dans la campagne du printemps 40 : la Totenkopf et la SS-Polizei – respectivement constituées de gardiens de camp de concentration et de policiers para-militaires de l’Ordnungspolizei (qui n’étaient d’ailleurs même pas tous membres de la SS et s’entraînaient aux tâches militaires entre leurs missions de maintien de l’ordre !).
Ces dernières unités ne connurent pas en France un succès aussi grand qu’espéré. Tandis que les deux premières formées continuèrent de tracer une route sanglante face aux Alliés (mais sans pour autant être à l’origine de victoires spectaculaires), la Polizei dut se contenter de jouer les garde-barrières sur Rhin face à la ligne Maginot, puis de participer aux actions de réduction du GA2 dans l’Aisne et dans la forêt d’Argonne. Quant à la Totenkopf, malgré des débuts prometteurs (quoique marqués par l’exécution sommaire de nombreux prisonniers non européens…), elle tomba sur un os – un os belge, en l’espèce – et se retrouva sévèrement saignée à Pont-Saint-Esprit face aux Chasseurs Ardennais. A l’évidence, le simple fanatisme rencontrait déjà ses limites, surtout quand il se heurtait au professionnalisme des meilleures unités alliées. La Wehrmacht fut finalement contrainte de retirer ces deux formations des premières lignes pour achever la campagne de France, occuper toute la Métropole et enfin triompher ostensiblement à elle seule, en n’ayant presque jamais eu vraiment besoin des soldats d’Himmler.
Par suite, face à des performances aussi passables et alors que la guerre semblait déjà gagnée, on comprendra qu’il se soit trouvé à Berlin des esprits chagrins pour s’interroger sur l’intérêt qu’il y avait à poursuivre le développement de cette arme si élitiste qu’il ne se trouvait personne pour pouvoir la rejoindre – et dont les rares membres n’apportaient finalement que très peu à l’indéniable professionnalisme de l’armée allemande traditionnelle. Ce point de vue, évidemment issu de la lutte d’influence féroce que se livraient chaque jour Heer et SS, ne fit que gagner en importance les deux années suivantes, alors que le conflit se prolongeait contre toute attente et que la Wehrmacht exigeait qu’on lui donne les moyens de la victoire finale – c’est-à-dire tous les moyens, notamment en hommes.
Nous n’évoquerons pas ici dans le détail les multiples épisodes des affrontements au sommet entre les deux forces armées rivales du régime nazi – précisons simplement que ce conflit toucha tous les aspects de l’appareil guerrier, du renseignement à l’équipement en passant par les forces spéciales, et qu’il fit un tort certain à l’effort de guerre allemand. Néanmoins, un fait demeure : à l’été 1940, la Wehrmacht était au sommet de sa gloire et en mesure de faire barrage aux volontés d’expansion de la Waffen-SS.
Parfaitement conscient de cet état de fait, Gottlob Berger avait entrepris dès le mois d’avril 1940 de former une unité composée de volontaires nordiques : le Régiment Nordland. Dans son esprit, il semble qu’il ne s’agissait que d’un pis-aller temporaire parfaitement conciliable avec les critères raciaux de la SS : les Scandinaves étaient réputés aryens, leur recrutement permettait de renforcer la présence nazie en Scandinavie, et le Danemark comme la Norvège étaient censés compter de nombreux sympathisants ! En effet, le gouvernement du Danemark – circonstance unique dans tout le conflit – s’était rendu sans combat et collaborait civilement avec le Reich (ce qui lui sera pardonné, vu la disproportion des forces, le ralliement aux Alliés de sa marine et son comportement par la suite). Quant à la Norvège, elle était gouvernée par le premier véritable gouvernement de collaboration, dirigé par Quisling et sur lequel Berlin fondait les plus vifs espoirs pour l’avenir. Il semblait donc possible de faire appel, au moins pour un temps, à une soldatesque militante bien qu’étrangère, en attendant des jours meilleurs – sa diversité ne pouvant de surcroît que servir la propagande du régime en démontrant l’intégration des Occupés au sein de la Nouvelle Europe.
Dans les faits, la majorité des recrutés (6 000) furent danois : pour l’essentiel, des sympathisants pan-germanistes et autres pronazis du Danmarks Nationalsocialistiske Arbejderparti, créé dès 1930. Le Royaume, initialement réticent, dut accepter, contraint et forcé, leur engagement dans la Waffen-SS. Regroupés autour du capitaine Von Schalburg (l’ancien chef des Jeunesses Nazies danoises), ils furent ultérieurement renforcés par 4 500 Norvégiens du capitaine Finn Hannibal Kjelstrup (lui-même membre du Nasjonal Samling) et par environ 1 500 volontaires suédois. La participation de ressortissants finlandais reste à ce jour sujette à discussion – eu égard à la neutralité choisie in extremis par leur pays, à sa situation géographique ainsi que par les incidents de frontière qui s’ensuivirent avec l’Allemagne. Nous pouvons toutefois estimer que, s’il y en eut quelques-uns, ils ne furent pas plus de 500, dont certains devraient d’ailleurs être décomptés des volontaires suédois. Précisons ici que les chiffres indiqués ci-dessus s’entendent pour la totalité du conflit – dans les faits, en 1940, le Nordland ne dépassa jamais les 4 000 hommes. C’était évidemment insuffisant pour former une division.
C’est pourquoi Berger décida dès l’automne 1940, en profitant de la chute de l’Europe de l’Ouest, la formation d’un second régiment SS étranger, baptisé Westland et recrutant aux Pays-Bas et en Belgique. Il semble bien que la Waffen-SS ait nourri dans ces deux pays les plus vifs espoirs, pensant tirer parti des sympathies pro-allemandes d’une partie de la population néerlandaise comme des tensions bien connues entre Flamands et Wallons. Toutefois, ces ambitions devaient se révéler très vite déçues : l’attitude ferme de la reine Wilhelmine et l’évacuation par les forces belges de la plus grande partie des responsables politiques d’extrême-droite ruinèrent les plans des Allemands en les empêchant de s’appuyer sur des partis et organisations solides qui auraient pu leur servir de relais. Certes, la Schutzstaffel trouva sans peine les 5 000 volontaires environ qui lui permirent de mettre sur pied le régiment (et autant devaient s’y ajouter à partir de Barbarossa) – mais à Berlin, on espérait bien mieux.
Pour former la 5. SS-Panzergrenadier Wiking, il fallut donc recruter en Allemagne un troisième régiment baptisé Germania. On s’efforça de renforcer le Nordland avec des volontaires des pays baltes, une fois que Barbarossa eût chassé les Soviétiques de la plus grande partie des trois nouvelles ”républiques socialistes”. Cette division restera la principale formation constituée en partie de citoyens des pays nordiques au service du Reich – abstraction faite des cas du Frikorps Danmark et de la Freiwilligen-Legion Norwegen, d’importance restreinte et de durée de vie limitée. Déclarée opérationnelle le 1er mai 1941, la division Wiking devait être de toutes les luttes sur le Front de l’Est jusqu’au dernier jour. Elle fut sans doute le meilleur exemple de ce que le Reichsführer-SS Himmler espérait de la croisade européenne contre le bolchevisme.
En effet, entre la chute de la France et l’invasion de l’URSS, la Waffen-SS, plus déterminée que jamais à jouer un rôle majeur dans la lutte à venir contre le communisme, avait définitivement changé de stratégie pour se constituer une armée à la mesure de ses ambitions. Renonçant temporairement à son souhait de puiser largement dans le vivier de la Race allemande et oubliant opportunément la règle de la stricte aryanité de ses membres, elle engagea une vaste campagne de recrutement à destination de l’ensemble de la population des territoires occupés, afin d’enrôler une masse de volontaires qu’un encadrement allemand ne manquerait pas de fanatiser !
Himmler n’imaginait pas que la réponse à son appel serait aussi modérée, en raison sans doute de la poursuite de la lutte par la République Française et le Royaume-Uni comme de l’insupportable pression que le Reich infligeait aux territoires qu’il occupait. Faute de pouvoir constituer les divisions espérées pour contribuer à l’affrontement, on planifia donc des brigades, puis des “légions” – lesquelles eurent le plus souvent la taille d’un régiment, sinon d’un bataillon. On espérait aussi que l’inévitable triomphe prévu contre l’URSS encouragerait les vocations chez les civils comme chez les prisonniers…
Mais auparavant, il fallut encore mener d’autres campagnes.

(à suivre demain - il y aura une dizaine d'épisodes)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
borghese



Inscrit le: 07 Sep 2011
Messages: 2731

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 12:04    Sujet du message: Les legions étranges d'Hitler Répondre en citant

J'attends avec impatience de lire la plume de Demo Dan quand il va s'agir d'évoquer l'aryanité de la Handschar....
Merci, une fois de plus, pour ce récit!
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé MSN Messenger
Capitaine caverne



Inscrit le: 11 Avr 2009
Messages: 4110
Localisation: Tours

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 12:11    Sujet du message: Répondre en citant

Ca me rappelle d'anciens numéros des Editions Caraktères, Hors-série compris qui traitaient du sujet. Ils n'auraient pas servis par hasard?
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1806
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 12:12    Sujet du message: Répondre en citant

Un seul mot :
miam !
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Chabert



Inscrit le: 30 Aoû 2011
Messages: 995

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 12:32    Sujet du message: Répondre en citant

Pour les français, avez vous une idée de la fin ?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1806
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 13:41    Sujet du message: Répondre en citant

Chabert a écrit:
Pour les français, avez vous une idée de la fin ?


Je pronostique :
pour certains : couic !
pour une poignée : la plume (si si, j'y tiens) Peut se rattacher à l'option ci-dessous.
pour un bon nombre : une activité tout à fait honorable (dans la banque, les assurances, l'artisanat, les milieux artistiques) en France ou peut-être à l'étranger, par la force des choses, l'un n'excluant pas l'autre.
pour d'autres : une carrière politique, à l'échelon local, ou plus si affinités. Pas incompatible avec l'option ci-dessus.
pour les irréductibles : l'utilisation de compétences durement acquises par divers Etats. Y compris la France. Tout ce savoir et ce matériel humain gâchés, quelle tristesse !
Là aussi, option compatible avec la (ou les) précédente(s).
QEADM ? Very Happy
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9219
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 13:47    Sujet du message: Répondre en citant

Hé bé Frankie, me voila en Majuscule ! Quelques éléments :
- ce récit est ... 'multi-sources' et à pour but de fixer trajectoires, chiffres et politiques pour la chrono. Appelons-la l'ambitieuse synthèse,
- Vous aurez effectivement droit à tout le monde - je ne vais pas spoiler. Sachez simplement que tout ce qui est transcrit ici se retrouvera inévitablement d'une manière ou d'une autre dans la chrono ! Ca concerne évidemment les français de la Charlemagne ... mais pas qu'eux,
- Enfin, le sujet m'intéressait depuis longtemps (comme tout ce qui est complexe, voire interlope) et je souhaitait tout à la fois lui faire un sort au sens premier comme second du terme. Je m'engueule d'ailleurs très régulièrement avec des pseudo-chroniqueurs apologétiques sur certains sites là dessus
Vous voulez vomir ? ATTENTION sujet de forum '177 Kieffers vs 1000 Charlemagne - qui s'est mieux battu pour la France ?'. Le tout évidemment ramené sur un plan purement militaire anticommuniste, rejoindre la SS n'ayant rien de politique, qu'allez-vous donc raconter là mon bon monsieur ? D'ailleurs la SS était aussi une formation d'élite, Sepp Dietrich dans ses mémoires dit que ...
Bref, vous verrez que dans les faits, on est assez loin de ce que ces gens-là essaient de vendre !

Et puis, pour conclure, j'en ai profité pour sécuriser certains renforts pour les Balkans. On se refait pas et ca donnera encore plus de couleurs à ce théatre qui en avait vraiment besoin Wink
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1806
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:


Et puis, pour conclure, j'en ai profité pour sécuriser certains renforts pour les Balkans. On se refait pas et ca donnera encore plus de couleurs à ce théatre qui en avait vraiment besoin Wink


Comment, le rouge et le noir ne vous suffisent pas, cher ami ? Un certain Stendhal, fit, je crois, son beurre (ou une partie) avec cette seule bichromie.
Very Happy

Et en...quiquina des générations de lycéens avec, mais ça, c'est un avis personnel. Embarassed
Oui, y'en a qui sont une bande de jeunes à eux tout seuls, moi, je suis une génération à moi tout seul. Na ! Evil or Very Mad
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9184

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 16:35    Sujet du message: Répondre en citant

houps a écrit:
demolitiondan a écrit:


Et puis, pour conclure, j'en ai profité pour sécuriser certains renforts pour les Balkans. On se refait pas et ca donnera encore plus de couleurs à ce théatre qui en avait vraiment besoin Wink


Comment, le rouge et le noir ne vous suffisent pas, cher ami ? Un certain Stendhal, fit, je crois, son beurre (ou une partie) avec cette seule bichromie.
Very Happy

Et en...quiquina des générations de lycéens avec, mais ça, c'est un avis personnel. Embarassed
Oui, y'en a qui sont une bande de jeunes à eux tout seuls, moi, je suis une génération à moi tout seul. Na ! Evil or Very Mad


A chaque génération son boulet littéraire ! La mienne, ce fut Rousseau... (allez, fouette, cocher, pardon, Mme de Warens...)
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9219
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Ven Mar 27, 2020 18:21    Sujet du message: Répondre en citant

Tellement ch...t je me rappelle avoir lu ses 4 fichus tomes des mémoires en une après-midi. Allez on se fait mal en une fois !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
le roi louis



Inscrit le: 13 Mar 2009
Messages: 236

MessagePosté le: Sam Mar 28, 2020 00:46    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
houps a écrit:
demolitiondan a écrit:


Et puis, pour conclure, j'en ai profité pour sécuriser certains renforts pour les Balkans. On se refait pas et ca donnera encore plus de couleurs à ce théatre qui en avait vraiment besoin Wink


Comment, le rouge et le noir ne vous suffisent pas, cher ami ? Un certain Stendhal, fit, je crois, son beurre (ou une partie) avec cette seule bichromie.
Very Happy

Et en...quiquina des générations de lycéens avec, mais ça, c'est un avis personnel. Embarassed
Oui, y'en a qui sont une bande de jeunes à eux tout seuls, moi, je suis une génération à moi tout seul. Na ! Evil or Very Mad


A chaque génération son boulet littéraire ! La mienne, ce fut Rousseau... (allez, fouette, cocher, pardon, Mme de Warens...)



Mais non Émile, tu exagères
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9184

MessagePosté le: Sam Mar 28, 2020 10:11    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Tellement ch...t je me rappelle avoir lu ses 4 fichus tomes des mémoires en une après-midi. Allez on se fait mal en une fois !


Rousseau à la confesse ! ça veut tout dire, vraiment... Allez Rousseau le c..., vient là que je te fesses !

Je n'ai rien contre l'Emile ni le reste de son œuvre. C'est vraiment Les confessions qui m'ont dégouté du personnage. Faut dire aussi que l’Éducation Nationale n'a pas vraiment rendu la chose plus digeste.

Par contre le "ils n'ont qu'a manger de la brioche" - à charge contre Marie Antoinette, en fait c'était de lui, Rousseau, mais déformé et hors contexte. La totale quoi.

Le fond de l'affaire ici > https://fr.wikipedia.org/wiki/Qu%27ils_mangent_de_la_brioche
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13668
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Mar 28, 2020 11:45    Sujet du message: Répondre en citant

La Yougoslavie : du bon usage des rivalités inter-ethniques
En mai 1941, et après avoir vainement espéré s’accommoder le royaume des Karađorđević pour ne pas avoir à venir mettre lui-même bon ordre aux déboires de l’Italie fasciste dans les Balkans, le Reich envahit – avec ses alliés hongrois, bulgare et bien sûr italien – la Yougoslavie puis la Grèce afin de sécuriser définitivement son flanc sud en Méditerranée Orientale. Cette campagne, ni programmée ni souhaitée par l’Allemagne, se termina cependant par une nouvelle et retentissante victoire de l’Axe, qui chassa les Alliés du continent en deux mois, sans toutefois parvenir à empêcher l’évacuation d’une part significative de leurs forces vers la Crète et les îles de la mer Egée – lesquelles devaient très vite se révéler pour la plupart hors de portée des armées nazies.
L’Axe se retrouvait donc, d’un seul coup et d’une manière quasi involontaire, à devoir gérer un territoire de 385 000 km², souvent montagneux, parfois difficile d’accès et en tout cas habité d’une population aussi agitée qu’hostile envers les étrangers. Dans la perspective de la confrontation à venir avec Moscou, alors que les forces armées italiennes n’avaient fait preuve que d’une efficacité fort limitée et que Hongrois et Bulgares n’avaient ni les moyens, ni l’envie de les suppléer, Berlin se mit fort logiquement à faire des calculs…
Pour tenir en laisse la France métropolitaine – laquelle constituait sans aucun doute la plus belle prise du Reich, sinon la plus paisible en l’absence d’un gouvernement de collaboration pleinement reconnu, il fallait au moins 400 000 hommes. Précisons qu’il s’agissait là d’un total déjà très insuffisant, qui exigeait de recourir à bien des expédients et n’empêchait guère le renseignement ou le sabotage. Selon cette base éprouvée, il fallait donc au moins 240 000 hommes pour prétendre contrôler les Balkans – sans même parler de les rendre sûrs pour les voyageurs éventuels, ou encore de les exploiter. Ce chiffre représentait 12 divisions, soit quatre corps d’armées ou deux armées complètes – et dans les faits, de par l’action de groupes de résistance particulièrement nombreux et organisés, l’Axe devrait vite envisager de doubler ces effectifs pour prétendre maintenir un simple semblant de paix armée.
On le comprendra, l’Allemagne ne pouvait se payer le luxe de maintenir 24 divisions en garnison dans les Balkans. La Hongrie d’Horthy avait déjà fait comprendre qu’elle n’irait pas plus loin que le Danube – quant à la Bulgarie, si elle voulait bien occuper la Macédoine, en préalable à une future annexion, elle ne déploya jamais ses troupes au-delà de ladite province. De son côté, l’état croate que venait de créer Ante Pavelic ne demandait pas mieux que d’aider le Reich à contrôler la Yougoslavie (ou du moins la partie du pays qu’il estimait lui revenir de droit), mais s’il en avait incontestablement la volonté, il n’en avait assurément pas les moyens – au surplus, ses intentions génocidaires à peine cachées provoquèrent vite le scepticisme, voire l’hostilité, d’une bonne partie des responsables concernés. Faute d’une armée italienne efficace – et même faute d’armée italienne tout court après le retournement de la Noël 1942 – Berlin se mit très vite à envisager le recrutement massif d’auxiliaires autochtones, ce avec d’autant plus de facilité que ces derniers se présentaient spontanément aux autorités allemandes pour solliciter leur arbitrage ou leur soutien dans leurs propres querelles intestines !
En effet, la défaite avait permis l’émergence, dans les royaumes de Grèce et de Yougoslavie (hors Croatie), de toute une collection de mouvements aux buts et orientations politiques divers, mais tous bien décidés à imposer leurs idées par la force. Encore épargnerons-nous au lecteur – par pure charité – le détail des soubresauts du défunt royaume d’Albanie : ils sortent du sujet, de même que la foule d’alliances et de cessez-le-feu (souvent précaires) conclus entre milices de toutes obédiences et autorités d’occupation, italiennes puis allemandes. Constatons simplement que, face à pareil tableau, l’Allemagne s’attacha très vite à aggraver ces conflits internes, considérant avec raison que tant que les Occupés consacraient leur énergie à se battre entre eux, ils ne la dépensaient pas contre leurs troupes…
Toutefois, pareilles manœuvres ne pouvaient suffire. Surtout à partir de la mi-1942, alors que la lutte armée – régulière cette fois, contre les troupes franco-britanniques – accaparait à nouveau les faibles effectifs allemands présents sur ce théâtre. De son côté, la Schutzstaffel, volontiers prompte à dénoncer les insuffisances de la Heer, mais à cette date d’une taille encore mineure au sein de l’armée allemande (huit divisions, dont deux étaient en formation), se mit rapidement à considérer les Balkans comme un théâtre d’opérations annexe où il lui serait possible de mener “sa” guerre, raciale bien sûr (comme souvent dans la région) et férocement anticommuniste, mais surtout avec les coudées d’autant plus franches qu’elle savait qu’elle n’y serait guère surveillée et que sa rivale ne s’intéressait guère à la région. Aussi, à forces de manigances, mais aussi en s’appuyant sur deux personnages aux profils pour le moins atypiques et prêts à tout pour satisfaire leurs ambitions, la Waffen-SS entreprit donc de transformer les territoires occupés du sud-est de l’Europe en vaste laboratoire d’expérimentation. Elle y forma ainsi durant l’année 1942 deux divisions, qui restèrent au moins aussi tristement célèbres que leurs commandants.
………
La 7. SS-Freiwilligen-Gebirgsdivision Prinz Eugen fut officiellement créée le 20 avril 1942, autour d’un noyau dur de Transylvaniens d’origine allemande, eux-mêmes agglomérés autour du futur SS-Obergruppenführer Artur Martin Phleps. Ce dernier, Saxon de Transylvanie et militaire de carrière, avait servi dans presque toutes les armées de la région depuis l’Autriche-Hongrie avant de finalement s’engager dans la Wiking. Ayant réussi dans ses rangs à convaincre Gottlob Berger de lui confier la mise sur pied d’une formation SS, il réunit très vite autour de lui des soldats issus de familles d’anciens colons allemands de sa région, ce qui correspondait parfaitement aux critères raciaux de la Schutzstaffel. Au fur et à mesure du conflit, d’autres représentants des antiques branches germaniques présentes dans toute l’Europe Centrale, redoutant l’avancée communiste, vinrent le rejoindre. La Prinz Eugen conserva ainsi une forme de cohérence ethnique jusqu’à sa disparition.

La 11. Waffen-Gebirgsdivision der SS Handschar fut levée en décembre 1942 après une longue période d’hésitations et d’intrigues nées de la lutte entre Ribbentrop et Himmler quant au devenir de l’Etat Indépendant de Croatie. La division “Cimeterre” était initialement constituée exclusivement de musulmans bosniaques ou croates – le Reich, jouant une fois encore une ethnie contre l’autre pour mieux maintenir sa domination, se gardait bien de choisir un champion dans le conflit intra-yougoslave. Cependant, on ne peut écarter ici le souhait de complaire à la frange musulmane la plus radicale, représentée par le grand Mufti de Jérusalem et toujours très échauffée contre la cause alliée – quoique doutant quelque peu du soutien effectif de Berlin après la désastreuse affaire d’Irak.
Confiée au général Karl-Gustav Sauberzweig – pourtant un pur produit de l’aristocratie prussienne ! – cette unité s’éloignait quelque peu des standards raciaux théoriques du recrutement SS pour intégrer des membres fort peu aryens ! En effet, les arguments vaseux tentant d’apparenter les Bosniaques à d’antiques Goths entretemps convertis à l’Islam ne convainquirent jamais grand monde… Mais à cette époque, le conflit contre les Soviétiques avait déjà commencé et l’heure n’était plus aux arguties pseudo-scientifiques. Du reste, la composition de cette formation évolua régulièrement tout au long du conflit, intégrant de multiples recrues d’obédience diverses, dont des Albanais en provenance d’anciennes milices collaboratrices. Ici, un seul dénominateur commun semble avoir véritablement compté : la religion musulmane !
………
Ces deux formations furent rapidement déployées sur les arrières du HeeresGruppe E, où elles se livrèrent à une longue suite d’exactions qu’il serait vain d’énumérer ici, mais qui en firent deux des troupes d’assassins les plus redoutées parmi toutes les forces allemandes. Parfaitement opérationnelles et aptes au combat sur le front comme aux tâches dites “anti-terroristes”, ces unités de 20 000 hommes chacune, dotées d’armes lourdes et d’appuis blindés, représentaient assurément un premier pas encourageant dans la politique de recrutement mise en place selon les instructions d’Himmler. De fait, elles combattirent jusqu’à la fin de la guerre, et prirent part à toute la pénible campagne des Balkans, qui connut une terrible litanie d’horreurs.
Elles furent par ailleurs renforcées durant le conflit par trois autres formations de valeur incertaine, constituées pour étoffer ce qui deviendrait le III. SS-GebirgArmeeKorps et plus généralement pour tâcher de défendre l’essentiel de la Yougoslavie occupée aux côtés des Oustachis tandis que la Heer était occupée plus au nord.
………
La SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Skanderbeg fut d’une existence extrêmement brève. Peut-être issue d’une volonté de concurrencer le Kampfgruppe Albanien de la Heer (qui constituait alors la principale formation albanaise embrigadée), cette unité ne dépassa guère le stade du vœu pieux. Sa création était sans doute censée couronner la formation (avortée) du “Conseil de Haute-Régence” national-collaborateur de Cafo Beg Ulqini et favoriser l’annexion ultérieure de ce médiocre organisme par la SS. Les quelques 3 000 volontaires péniblement rassemblés, peu équipés et pas vraiment formés, se dispersèrent spontanément lors de l’offensive alliée de septembre 1943. Les rares convaincus – pas plus de 250 selon les archives – réussirent à rejoindre le Monténégro, pour être ultérieurement intégrés à la Handschar.

La SS Gebirgs-Brigade Karstjäger fut créée en mars 1944, dans le cadre de la prise de contrôle par la SS du gouvernement de Zagreb. Sa formation devait se faire autour du SS Gebirgs-Rgt Karstjäger déjà existant et constitué de Slovènes du nord (considérés comme apparentés aux Autrichiens, donc aux Allemands), en intégrant d’autres Slovènes collaborateurs au sein d’une unité destinée à défendre le nord de la Yougoslavie face à l’agitation communiste et à la remontée alliée. Quoique d’un entrainement trop bref, elle était d’une cohérence acceptable, notamment grâce à un encadrement compétent commandé par le SS-Standartenführer Hans Brandt.
La Karstjäger lutta essentiellement contre les forces titistes de l’AVNOJ, puis contre leurs alliés occidentaux et soviétiques, mais sans jamais aller jusqu’en Bosnie – apparemment de crainte de désertions, les Slovènes ayant à cœur de défendre leur pays mais seulement celui-ci. Elle disparut, comme bien des forces collaboratrices, à la fin de la campagne de Yougoslavie, dans des circonstances qui déchaînent encore aujourd’hui la polémique.

La SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Kama fut créée autour du SS-Freiwilligen Gebirgs-Rgt Kama, dans le contexte d’une tentative pour embrigader l’ensemble des citoyens du NDH sous la bannière du Reich – et non plus du gouvernement de Pavelic. Cette unité en théorie purement croate ne dépassa jamais les 3 000 hommes – et encore, uniquement en y intégrant un bon millier de volontaires Bosniaques ou Hongrois de Voïvodine ! Engagée dans la vallée de la Save après une période de formation hâtive, sous l’autorité du SS-Standartenführer Helmuth Raithel, la Kama n’eut jamais l’occasion de briller : victime de la dégradation de la situation militaire de l’Axe dans les Balkans comme de l’effondrement du NDH, elle devait se dissoudre durant l’été 1944.

Les (rares) Balkaniques de la Wehrmacht
Si le tableau que nous venons de brosser semble a posteriori fort peu brillant, il faut noter que les calculs ethniques et les recrutements de circonstances ne furent nullement l’apanage de la seule SS. Confrontée à la crise des effectifs évoquée plus haut et faisant face à une succession de fortes offensives alliées, la Heer s’attacha elle aussi (mais sur le tard) à trouver des supplétifs – sans parvenir toutefois à complétement contourner l’obligation de « sang allemand » présente dans ses statuts, et en s’attachant avant tout à maintenir la cohésion de ses propres unités. De fait, contrairement aux dirigeants de la Schutzstaffel, la Wehrmacht semble n’avoir jamais cru à une possible intégration des populations locales dans son propre système de répression, s’attachant plutôt à créer des organismes partenaires opérant sous son commandement – il y en eut une myriade, notamment le Corps de Volontaires Serbes et même, pendant un certain temps, les formations tchetniks du général Mihailovic. Mais celles-ci sortent du champ de notre texte, tout comme les forces de l’état croate (NDH). En effet, ces formations ne combattirent jamais vraiment au sein de la Heer, mais bien sous leurs propres couleurs, même si l’armée allemande forma les trois divisions de la Légion Croate, leur attribua des numéros de divisions d’infanterie allemandes et les encadra jusqu’en février 1944. L’un de leurs régiments put d’ailleurs opérer temporairement au sein de la 100. JägerDivision, dans le cadre d’une sorte d’échange “culturel”.
Cette règle de non-mixité connut cependant deux exceptions.
………
– La première se situa en Grèce, où la SS ne put jamais étendre véritablement son influence – autant du fait des actions de la Heer qu’en raison de la rapide reprise des combats dans le Péloponnèse. Les forces alliées ayant assez vite réussi à fédérer (au moins provisoirement !) les diverses forces de Résistance grecques en une alliance fragile, l’Axe n’eut jamais de véritable partenaire sur lequel s’appuyer, ni le temps d’identifier des collaborateurs véritablement efficaces. Faute de mieux, la Wehrmacht se contenta, courant 1943, d’intégrer différents volontaires dans les rangs d’une unité qui tenait plus de la bande de soudards que d’une véritable force militaire : le Kampfgruppe Müller, de très sinistre mémoire.
Cette formation ne fit jamais autre chose que faire régner la terreur sur son passage avant de finalement disparaitre lors de la chute de Salonique. Il semble bien que les cinq cents Grecs compromis dans cette unité (dont l’uniforme portait un insigne spécifique, le Phénix rouge du gouvernement collaborateur Rallis) furent les seuls combattants hellènes embrigadés dans l’armée allemande. Si la Grèce peut avoir honte de leur comportement, elle peut toutefois se féliciter qu’ils aient été si peu nombreux.

– Seconde exception : le Kampfgruppe Albanien. Ce véritable ramassis de milices sans chef bien défini (et qui ne se rattachaient même pas aux différentes factions politiques qui se disputaient alors l’Albanie) était fort d’environ 3 500 hommes. Constitué lui aussi au début de 1943, il semble avoir été initialement destiné à être intégré dans la 162. ID – une division allemande d’un genre très particulier issue d’une tentative du général Oskar von Niedermayer et dont nous parlerons plus loin. Le commandement de la 12. Armee paraît s’en être désintéressé assez vite, faute de moyens – et lorsqu’il en eut finalement besoin, la SS avait déjà obtenu son rattachement à la Handschar, afin bien évidemment d’assurer la sécurité sur les arrières de la Heer.
………
On le voit, hormis les divisions Prinz Eugen et Handschar – issues de contextes géopolitiques particuliers renforcés par le charisme de leurs chefs – il ressort de la création et de l’utilisation des formations allemandes “ethniques” sur le front des Balkans une impression d’improvisation ratée que l’étude des faits ne dément pas. Ballotée d’un intérêt politique à l’autre, obligée de ménager la chèvre et le chou, la Heer n’eut jamais de stratégie claire pour mobiliser les forces qui auraient pu lui être favorables – lesquelles étaient certes nombreuses, mais revendiquaient toutes une forme d’exclusivité. De son côté, la SS s’attacha avant tout à se tailler un fief dans le secteur, par tous les moyens – y compris par la mise au pas des Croates, qui auraient pourtant pu devenir leurs principaux partenaires. Prisonniers de considérations pro-musulmanes et de l’urgence de la situation, l’Axe ne put donc jamais développer la piste “indigène” pour se dégager du bourbier des Balkans.
Cependant, alors que la Schutzstaffel avait formé trois nouvelles divisions avant Barbarossa (les Nord, Hohenstaufen et Frundsberg), la tournure des événements à l’Est comme la performance de certaines de ces unités allait donner une nouvelle impulsion à la volonté “internationaliste” de la Waffen-SS.

(la suite demain)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Etienne



Inscrit le: 18 Juil 2016
Messages: 2821
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Sam Mar 28, 2020 13:12    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Ces deux formations furent rapidement déployées sur les arrières du HeeresGruppe E, où elles se livrèrent à une longue suite d’exactions qu’il serait vain d’énumérer ici, mais qui en firent deux des troupes d’assassins

_________________
"Arrêtez-les: Ils sont devenus fous!"
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13668
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Mar 28, 2020 13:18    Sujet du message: Répondre en citant

Non non, Etienne. Ce sont bien deux des troupes d'assassins des armées allemandes ! Car il y en a d'autres…
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays de l'Axe Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page 1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
Page 1 sur 6

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com