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uchronie été 1978 le shah nomme Ali Amini premier ministre
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Imberator



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MessagePosté le: Lun Déc 23, 2019 21:47    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Deux choses sont infinies : l'Univers et la bêtise humaine. Mais, en ce qui concerne l'Univers, je n'en ai pas encore acquis la certitude absolue.

Je me dis souvent que le génie d'Einstein s'exprimait au moins autant sinon plus dans cet aphorisme que dans la relativité générale.
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gaullien



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MessagePosté le: Mar Déc 24, 2019 01:07    Sujet du message: Répondre en citant

pas seulement les américains ont été aveugles avec les islamistes iraniens mais aussi le gouvernement français, Giscard qui n'aurait pas agit ainsi seulement parce que il suivait la ligne de l’Amérique mais parce il aurait eut des contentieux personnelle avec l'empereur d'iran :

"Si les relations franco-iraniennes ont connu leur apothéose lors de la visite du couple impérial à Paris en juin 1974, elles se seraient ensuite gâtées à la suite d’un premier couac, en février 1975. En effet, le président français, qui passait ses vacances à Courchevel, avait décidé de se rendre à Saint-Moritz pour saluer les Pahlavis, qui y résidaient quelques jours. Malheureusement, son arrivée en hélicoptère avait été suivie de quelques minutes d’attente en compagnie de la shahbanou avant que le shah puisse le recevoir. Ce supposé manque d’égards aurait froissé le président français. Le journaliste britannique William Shawcross rapporte l’anecdote en ces termes : « Une histoire veut que le roi ait fait attendre Giscard dans une antichambre pendant qu’il achevait une partie de cartes avec ses favoris. » Le ragot est manifestement sans fondement, le shah n’étant guère fanatique des jeux, et surtout « bien trop poli pour se comporter ainsi ». Cela dit, « l’affaire » laissera une trace. Beaucoup plus tard, au Caire, revenant sur cet épisode, le shah dira à Houchang Nahavandi : « Des ragots. J’ignore s’il attendit, mais s’il l’a fait, ce que je déplore, c’est sans doute qu’il était arrivé en avance. »C’est cependant la visite d’Etat du président français en Iran, en octobre 1976, qui semble avoir brouillé définitivement les relations entre les deux dirigeants. Selon certaines sources, un incident aurait éclaté entre les officiels du protocole des deux pays avant le dîner officiel offert au palais de Niavaran, à propos de la place prévue à table pour le « futur fiancé » d’une fille du président Giscard d’Estaing. Selon d’autres sources, ce seraient les cadeaux offerts par les Pahlavis aux Giscard qui auraient déplu. De retour dans ses appartements, le président français aurait qualifié le shah de « parvenu » ou aurait dit de lui « ce parvenu », une conversation qui n’aurait pas échappé, comme dans les résidences de ce genre, aux tables d’écoute et qui aurait été rapportée dès le lendemain au shah. Des années plus tard, Valéry Giscard d’Estaing fera allusion à sa visite en des termes à l’implicite plutôt désobligeant pour l’hospitalité iranienne : « L’accueil a eu lieu avant l’entrée de la ville. Une petite foule nous attendait : des enfants habillés en scouts, des notables, des curieux, soigneusement triés sans doute, et le maire de Téhéran. On avait déployé les tapis rouges, la musique exécutait des hymnes. Après cinq heures d’avion, cela m’a paru sympathique, mais le soir, dans notre palais du centre de la ville, Anne-Aymone m’a fait remarquer combien c’était artificiel : “C’étaient un décor, et des figurants. J’ai trouvé cela sinistre. La population n’était pas là.” »Le fait est que les jours suivants, on ne parlera partout que de ces incidents de protocole, exagérés comme d’habitude. Une des conséquences en sera qu’à partir de cette visite, on ne parlera plus en Iran que de Giscard, oubliant la suite de son nom. Le prince Gholam Réza écrira plus tard : « Mon frère prit assez mal l’attitude hautaine et dédaigneuse du président français, très préoccupé de problèmes protocolaires. » Faisant allusion aux mêmes circonstances, le shah ajoutera lui aussi pour un journaliste venu l’interroger : « Je ne pense pas que Charles de Gaulle aurait agi de la sorte… Mais c’était autre chose. »
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Imberator



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MessagePosté le: Mar Déc 24, 2019 02:06    Sujet du message: Répondre en citant

De Gaulle pouvait lui aussi se montrer fort susceptible à l'occasion, surtout dans la mesure où, dans son esprit au moins, il incarnait littéralement la France et sa grandeur et que donc, toujours de son point de vue, lui manquer de respect c'était faire affront à la nation.

Mais d'un autre côté, sans probablement avoir appréhendé la gravité du danger islamiste, en son temps encore anachronique car pour l'essentiel en devenir, le Général avait pleinement mesuré l'importance du poids de l'islam dans les sociétés concernées, notamment à propos de la question algérienne.
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Archibald



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MessagePosté le: Mar Déc 24, 2019 06:35    Sujet du message: Répondre en citant

Ah la la ce Giscard et son égo surdimensionné !!! On rappellera aussi le traitement peu flatteur infligé a son premier ministre, un certain Chirac... qui rendra ce dernier complètement enragé, et causera la perte de Giscard en 81.
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JPBWEB



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MessagePosté le: Dim Déc 29, 2019 13:54    Sujet du message: Répondre en citant

Reza Shah Pahlavi était un monarque autoritaire aux méthodes assez directes, c'est un fait, mais comme il le disait lui-meme: " Je me comporterais volontiers comme le roi de Suède, mais aussi faudrait-il que les Iraniens se comportent comme des Suédois, ce qui est loin d'être le cas..."

C'était un homme instruit, parlant parfaitement et quasi sans accent le français et l'anglais, et qui s'entourait volontiers de technocrates et d'experts, avec pour mission de moderniser l'Iran a marche forcee. Cette précipitation était largement due au fait que le Shah se savait condamné par la maladie, et voulait a tout prix passer à son fils un pays moderne et stable.

Il n'était pas un ami de l'Occident, en tout particulièrement des USA, bien au contraire, mais c'était néanmoins un allié fiable et précieux. Par exemple, en 1975, il avait accepté de livrer d'importantes quantités de matériel d'origine américaine au régime du Sud-Vietnam, afin de pallier a la défection des États-unis, le congres americain ayant refusee a Gerald Ford les credits necessaires pour renforcer l'ARVN aux prises avec l'invasion par l'armée du Nord-Vietnam.

Par la suite, apres la defaite de Ford, l'administration démocrate de Jimmy Carter a joué le jeu et n'a pas savonné la planche au régime du Shah, sans pour autant le tenir en haute estime, bien entendu. Par exemple, la livraison de 80 chasseurs F-14A Tomcats et de 274 des 714 missiles AIM-54 Phoenix commandés et payés par l'armée de l'air impériale a eu lieu avant la révolution Le reste de la commande a été frappée d'embargo puis annulée, de meme que celle de 4 gros destroyers por la marine imperiale, qui ont été saisis et sont devenus la classe Kidd de l'US Navy, egalement connue sous le nom de 'Classe Ayatollah', car jamais le congrès des Etats-unis n'aurait financé 4 navires aussi coûteux si la Navy les avait demandés. Après une longue et fructueuse carrière dans l'US Navy, les 4 navires ont été vendus a la marine de Taiwan, dont ils constituent un element majeur, et c'est d'ailleurs une belle victoire posthume du Shah d'Iran, anti-communiste notoire.

Jimmy Carter a accepté de passer le réveillon de nouvel an 1977 à Téhéran, au palais imperial, ce qui était assez inhabituel pour un président américain. C'est a cette occasion qu'il a déclaré: "Iran is an island of stability in one of the most troubled areas of the world." Ce qui, un an avant la chute du régime, n'était probablement pas une affirmation sans risque pour le président Carter, mais vraisemblablement, celui-ci souhaitait réaffirmer le soutien américain au régime du Shah. Ce dernier, encouragé par cette claire manifestation de soutien, a ordonné un durcissement de la répression contre les religieux et leurs relais chez les étudiants islamiques.

Finalement, l'armee iranienne a lachee le Shah. Les généraux lui ont dit que la seule manière de préserver le régime impérial de la chute serait de tirer dans la foule, ce qu'ils refuseraient de faire. Alors, le Shah est parti mourir en exil. Les généraux, et leurs mentors americans, pensaient s'en sortir en soutenant un nouveau premier ministre libéral, Shahpour Bakhtiar, mais la combine s'est effondrée, Khomeini et les religieux ont pros le pouvoir, et la plupart des généraux qui n'ont pas pu quitter le pays a temps ont fini pendus à un croc de boucher.

Fimalement, avec le recul, le régime du Shah apparaît comme un moindre mal pour l'Iran et pour la région. Ce qui l'a remplacé s'est révélé bien pire, comme c'est assez souvent la cas quand un régime autoritaire est abattu et remplacé par un régime carrément dictatorial.
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Guimar



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MessagePosté le: Dim Déc 29, 2019 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

Tout a fait d'accord avec l'analyse de JPWEB.

Sur le sujet, je signale deux très bon docu d'ARTE, l'un sur l'année 1979 :
https://www.arte.tv/fr/videos/086948-000-A/1979-l-annee-qui-a-change-le-monde/
l'autre sur les relations entre le Shah et Khomeyni :
https://www.arte.tv/fr/videos/088419-000-A/le-shah-et-l-ayatollah-le-duel-iranien/
qui montrent, entre autres, comment les occidentaux ont entériné, au sommet de Guadeloupe de 1979, le remplacement du Shah par un ayatollah qu'ils ont effectivement imaginé être un excellent rempart contre l'expansion soviétique.
Qui plus est ils ont cru bêtement à cette image d'un doux vieillard pacifiste et démocratique, alors même que les infos qui remontaient notamment des ambassades à Téhéran, étaient assez inquiétants sur le bonhomme et son idéologie rétrograde.
Carter, Callaghan, Schmidt et Giscard sont donc responsables, même si ce n'était pas leur intention, en Iran d'un retour en arrière de plusieurs siècles, notamment pour les femmes et, pour le reste du Monde depuis 40 ans, de l'allumage de la mèche islamiste.
Comme stratégie, on a vu plus subtile !
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Archibald



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MessagePosté le: Dim Déc 29, 2019 19:25    Sujet du message: Répondre en citant

https://en.wikipedia.org/wiki/SAVAK

Mouais enfin le shah un progressiste... faut pas pousser non plus. La SAVAK, c'était pas des anges.

Citation:


A turning point in SAVAK's reputation for ruthless brutality was reportedly an attack on a gendarmerie post in the Caspian village of Siahkal by a small band of armed Marxists in February 1971, although it is also reported to have tortured to death a Shia cleric, Ayatollah Muhammad Reza Sa'idi, in 1970.[17][18]

According to Iranian political historian Ervand Abrahamian, after this attack SAVAK interrogators were sent abroad for "scientific training to prevent unwanted deaths from 'brute force.'

Brute force was supplemented with
- the bastinado
- sleep deprivation
- extensive solitary confinement
- glaring searchlights; standing in one place for hours on end
- nail extractions
- snakes (favored for use with women)
- electrical shocks with cattle prods, often into the rectum
- cigarette burns
- sitting on hot grills
- acid dripped into nostrils
- near-drownings
- mock executions
- and an electric chair with a large metal mask to muffle screams while amplifying them for the victim. This latter contraption was dubbed the Apollo—an allusion to the American space capsules.
- Prisoners were also humiliated by being raped, urinated on, and forced to stand naked.

Despite the new 'scientific' methods, the torture of choice remained the traditional bastinado used to beat soles of the feet. The "primary goal" of those using the bastinados "was to locate arms caches, safe houses and accomplices ..."

Abrahamian estimates that SAVAK (and other police and military) killed 368 guerrillas including the leadership of the major urban guerrilla organizations (Organization of Iranian People's Fedai Guerrillas, People's Mujahedin of Iran) such as Hamid Ashraf between 1971–1977 and executed up to 100 political prisoners between 1971 and 1979—the most violent era of the SAVAK's existence.

One well known writer was arrested, tortured for months, and finally placed before television cameras to 'confess' that his works paid too much attention to social problems and not enough to the great achievements of the White Revolution. By the end of 1975, twenty-two prominent poets, novelist, professors, theater directors, and film makers were in jail for criticizing the regime. And many others had been physically attacked for refusing to cooperate with the authorities.

By 1976, this repression was softened considerably thanks to publicity and scrutiny by "numerous international organizations and foreign newspapers." In 1976, Jimmy Carter was elected President of the United States and he raised the issue of human rights in Iran. Overnight prison conditions changed. Inmates dubbed this the dawn of "jimmykrasy".

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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Déc 29, 2019 19:42    Sujet du message: Répondre en citant

Le propos du Shah sur les suédois est brillant c'est vrai- il est aussi facile pour lui. Qui a démarré de l œuf ou de la poule ? Nous sommes bien placés, au sein de la FTL, pour parler de l affaire d'Iran et de la réalité du trône des paons.
Que dire que dire ... que dans le fond, à fortifier ainsi son pouvoir- en le radicalisant meme- le shah a creusé la tombe de plusieurs siècles de dynastie. La faute pour partie a des gouvernements qui pensaient naïvement mettre des religieux plus malléables au pouvoir - ca aura au moins servir à Saddam (a défaut de son peuple evidemment). On a le cas pas très loin, en Afghanistan- une tradition qui remonter même plus loin, à la mise en place des Saouds même (faudra que j ecrive dessus tiens ...). Mais a Washington les Islams sont interchangeables, il ne s en est pas trouvé un seul pour comparer chiites, sunnistes et wahhabites... bref ...
On peut trouver des excuses extérieurs à tout : j'en reviens toujours hélas à considérer que ce genre de régime ne peut pas arriver au pouvoir sans un minimum de soutien populaire. L'Iran a choisi son destin, avec ou sans nous.
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JPBWEB



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MessagePosté le: Lun Déc 30, 2019 06:41    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:

Mouais enfin le shah un progressiste... faut pas pousser non plus. La SAVAK, c'était pas des anges.


Le Shah était un progressiste, c'est indéniable au vu de toutes les réformes qu'il a menées à bien alors qu'il lui aurait été beaucoup plus facile et confortable de régner sur un pays misérable et un peuple soumis par l'obscurantisme religieux. C'est précisément ce progressisme réformiste militant qui a mené le régime impérial vers une collision frontale avec le clergé chiite. Le Shah disait qu'il était aussi religieux que n'importe qui, mais que ceux qui s'opposaient à lui étaient en fait les tenants du clergé qui defendaient non pas la religion ni même l'identité culturelle du peuple iranien, mais simplement leur emprise sur la société.

La SAVAK était, comme toutes les organisations de ce genre, un assemblage de brutes perverses, utilisées par un régime autoritaire pour lutter contre les menaces intérieures et extérieures, menaces bien réelles, faut-il le souligner. Tous les régimes, même démocratiques, qui ont été confrontés à une insurrection armée ont eu recours à des méthodes d'interrogation brutales, a des arrestations sommaires et autres activités qu’il est préférable de laisser loin de l’œil des caméras. Ceux qui étaient dans le collimateur de la SAVAK n’étaient pas des enfants de cœur non plus : guérilleros marxistes armés et pilotés par l’URSS, religieux fanatiques et autres méchants qui, pour ceux dont la cause a fini par prévaloir, se sont employés à rendre des points à leurs anciens tortionnaires.

Le général Mehdi Rahimi était le chef de la police a Téhéran en 1979. Surtout, il commandait la Garde Impériale, les fameux « Immortels ». Il contrôlait encore près de 30.000 hommes et disposait d’un bataillon blindé de chars Chieftain. Contrairement à l’ordre du Premier Ministre Chappour Bakthiar, le général Rahimi a refusé d’intervenir contre les débordements violents qui allaient emporter le régime (le Shah avait alors quitte le pouvoir et se trouvait à l’étranger). Reconnu et arrête alors qu’il se défilait discrètement, il a été interrogé et torturé pendant plusieurs heures avant d’être fusillé sur le toit de l’école qui servait de QG a l’Ayatollah Khomeini. Les images de son corps mutilé indiquent la brutalité extrême du traitement qui lui a été infligé : son bras droit avait été arraché avant son exécution. La même chose vaut pour d’autres généraux et notables du régime impérial. On notera également que l’ex-premier ministre Bakhtiar, qui avait réussi à quitter le pays, fut assassiné à Paris en 1991 par un agent de la république islamique.
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MessagePosté le: Lun Déc 30, 2019 07:20    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Le propos du Shah sur les suédois est brillant c'est vrai- il est aussi facile pour lui. Qui a démarré de l’œuf ou de la poule ?


En fait, le Shah avait commencé son règne en se confinant dans le rôle du souverain constitutionnel. Son premier ministre Mohammad Mosaddegh décida en 1952 de nationaliser l’Anglo-Iranian Oil Company sans que le Shah ne s’y oppose. Les Britanniques fomentèrent un coup d’état des que la nouvelle administration Eisenhower leur en donna le feu vert et prêta le concours de la CIA. Le Shah, qui avait temporairement quitte le pays afin d’échapper aux troubles, comprit que son régime serait intimement imbriqué avec les intérêts pétroliers britanniques et de plus en plus américains, et qu’il devrait désormais faire avec.

Une autre observation à conserver présente à l’esprit est que le réformisme moderniste en Iran est d’abord le fait de Reza Shah, le père de Mohammad Reza Shah Pahlavi et fondateur de la dynastie, déposé en 1941 par les Britanniques. Le Shah savait donc depuis longtemps que son régime était menacé à la fois par l’instabilité intérieure, inhérente à la nature primitive de la société iranienne, et par la possibilité d’interférence extérieure, occidentale pour l’essentiel mais sans pour autant négliger l’influence et la menace que constituait l’URSS, avec laquelle l’Iran avait une longue frontière commune. Par conséquent, la politique très rationnelle à laquelle il se tint dès qu’il eut repris le contrôle de la situation après le coup d’état de 1953 consista en deux piliers : d’une part, remédier à l’arriération de l’Iran et saper les soutiens de l’opposition au régime, à la fois les marxistes et les religieux, en promouvant une ambitieuse réforme agraire dans le cadre du programme dit de « Révolution Blanche », mais aussi d’autre part d’engager des réformes économiques et sociales, avec pour objectif à long terme de transformer l'Iran en une puissance économique et industrielle mondiale, en s’affranchissant à terme de l’embarrassante tutelle occidentale.

Pour en revenir avec le paradoxe suédois évoqué par le Shah, la nature de la situation faisait qu’il était évidemment impossible à celui-ci de se cantonner dans un rôle strictement constitutionnel, comme l’expérience du gouvernement Mossadegh l’avait démontré, et la modernisation nécessaire de l’Iran ne pouvait se faire que pilotée au long cours par la main impériale. Ce qui impliquait forcément un régime autoritaire, mais sans pour autant aliéner une large frange de l’opinion publique. L’Iran était une démocratie, imparfaite certes, mais il y avait une constitution, des élections, un gouvernement responsable devant le parlement, qui comptait d’ailleurs en 1976 plus de députés femmes que dans toute l’Europe occidentale.

En fait, ce qui a manqué au Shah pour réussir son pari, c’est quelques années de plus. Une nouvelle génération acquise aux préceptes de la Révolution Blanche, une nouvelle classe d’entrepreneurs, des campagnes pacifiées par l’émergence d’un paysannat autosuffisant, un clergé chiite renouvelé ayant rompu avec les vieilles ganaches mortes en exil, toute une génération d’Iraniens ayant été à l’école laïque arrivant aux manettes.
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MessagePosté le: Lun Déc 30, 2019 09:35    Sujet du message: Répondre en citant

Je vois ce que tu veut dire - c'est le même propos que celui d'Oliver Todd lors de la chute de Saigon : 'Le régime sud-viétnamien était imparfait, médiocre et autoritaire - injuste par bien des aspects. Mais il avait la possibilité et le souhait (sincère ou non) de s'améliorer. Le régime nord-vietnamien n'a jamais rien prétendu de tel.'

Mais pour filer la comparaison, le régime RV était tenue exclusivement à bout de bras par les occidentaux. En Iran, c'était plutôt l'inverse. Et dans les deux cas, on ne peut pas aller indéfiniment contre un élan national ...
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MessagePosté le: Lun Déc 30, 2019 11:24    Sujet du message: Répondre en citant

Le régime impérial iranien jouissait d'une très large assise, et n'était réellement contesté que par des franges relativement marginales de la population. Il y avait un mécontentement populaire croissant, notamment du a la détérioration des conditions de vie du prolétariat urbain (surtout a Teheran, noyaute par les marxistes) et rural (exploité par le clergé réactionnaire chiite), du fait de l'échec partiel de la Révolution Blanche, qui n'a pas tenu toutes ses promesses.

Le problème de fond était rendu mortifère par le fait que le régime impérial était très mal équipé pour faire face a une contestation de grande ampleur. La police ne disposait ni des outils ni de la doctrine nécessaire pour canaliser les mouvements de foule. La seule réponse possible était le recours a la force armee, et donc le risque avéré d'un bain de sang. C'est un peu une situation analogue a celle de Hong Kong aujourd'hui. La police hongkongaise, et les autorités qu'elle sert, ne savent pas comment gérer un mouvement populaire dont le concept même leur échappe. La police en France ou au Royaume-Uni s'appuie sur des décennies d'expérience pour encadrer des manifestations souvent violentes, qu'elles soient politiques ou non (les hooligans du foot par exemple). Les régimes autoritaires par contre se font très vite déborder, et leur seul recours est de tirer dans le tas, ce qui se révèle souvent contre-productif.

Les réformes du Shah ont été édulcorées pour apaiser l'opposition, surtout clericale, et le régime s'est adouci en réponse a la pression exercée par l'administration Carter. A un moment, il est apparu que la personne du Shah etait un obstacle, et il est parti. Shapour Bakhtiar espérait aisini calmer l'essentiel de l'opposition, tout en réprimant les extrémistes. Il espérait également que les religieux se contenterait de créer un etat dans l'etat, a Qom, sur le modele du Vatican. C'etait se bercer d'illusions, quand on connaissait la personnalité et la determination de Khomeini.

A la fin, comme très souvent dans une révolution, ce sont les extremistes, peu nombreux mais agissants, qui font basculer le régime, ce que la majorité silencieuse ne souhaitait pas forcement.
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MessagePosté le: Lun Déc 30, 2019 17:34    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Tous les régimes, même démocratiques, qui ont été confrontés à une insurrection armée ont eu recours à des méthodes d'interrogation brutales, a des arrestations sommaires et autres activités qu’il est préférable de laisser loin de l’œil des caméras.


voir le SAC qui finit en tuerie d'Auriol... beurk.
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MessagePosté le: Mar Déc 31, 2019 01:10    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:
Les généraux, et leurs mentors americans, pensaient s'en sortir en soutenant un nouveau premier ministre libéral, Shahpour Bakhtiar, mais la combine s'est effondrée, Khomeini et les religieux ont pros le pouvoir, et la plupart des généraux qui n'ont pas pu quitter le pays a temps ont fini pendus à un croc de boucher.
.


les américains n'avait nullement l'intention de soutenir le gouvernement de bakhtiar bien le contraire :

"Tandis qu’à Téhéran, les diplomates américains préparent déjà le retour de Khomeyni, la conférence s’achève sur un accord relatif au départ du shah et à la prise de pouvoir de l’ayatollah. Le général américain Robert E. Huyser, commandant en chef des forces de l’Otan, se voit confier l’organisation de cette « phase finale » du plan. Carter est pressé d’en finir !
Huyser, habitué de l’Iran, débarque donc à Téhéran où il est logé sur la base de Dowchantapeh chez le général Rabiï, commandant en chef de l’armée de l’air. Il se présente comme mandataire « de l’ensemble de l’alliance occidentale » et produit à ses interlocuteurs « une copie des délibérations de Guadeloupe ».
Mohammad Réza, mis au courant de son arrivée, ne réagit même pas. Ardéshir Zahédi lui suggère pourtant de le faire arrêter puis expulser avec fracas pour entrée illégale sur le territoire national, mais il s’y oppose. « Le véritable maître de l’Iran fut pendant cette courte période le général Huyser, qui organisait l’arrivée de Khomeyni », commente Gholam Réza Pahlavi.
Huyser, accompagné de l’ambassadeur des Etats-Unis, daigne enfin rendre visite au shah : « Ce qui les préoccupait l’un comme l’autre, c’était de savoir quel jour et à quelle heure je partirais. » Il ne demande même pas à rencontrer Shapour Bakhtiar, qui déclarera n’avoir jamais entendu parler de lui.

e général Huyser, maître d’œuvre de l’opération, s’entretient durant des heures avec les chefs de l’armée. Soufflant le chaud et le froid, il alterne menaces et promesses. Il prend également le temps de se concilier les chefs de l’opposition radicale : une de ces réunions durera dix heures. L’urgence pour lui est de lever l’hypothèque d’une intervention de l’armée. L’existence – semi-fictive – du cabinet Bakhtiar ne constitue guère un obstacle. Quant aux politiques américains, ils ne s’opposent pas au bon déroulement du plan du général Huyser malgré quelques tensions internes, par exemple celle du futur vice-président puis président des Etats-Unis, George Bush, qui déclare le 25 janvier 1979 au Washington Post que « la mission du général Huyser pour paralyser l’armée iranienne était une erreur », ou celle du général Alexander Haig, supérieur hiérarchique de Huyser, qui démissionne, un signe fort de désaccord avec le président Carter. L’opposition iranienne a les mains libres."
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MessagePosté le: Mar Déc 31, 2019 07:18    Sujet du message: Répondre en citant

gaullien a écrit:

les américains n'avait nullement l'intention de soutenir le gouvernement de bakhtiar bien le contraire


Tout dépend de quels Américains et a quel moment. L'administration Carter était très partagée sur la question, et c'est une grosse pierre dans le jardin du president Carter, de n'avoir pas su quelle ligne choisir et s'y tenir.

L'ambassadeur Sullivan a Téhéran était convaincu des intentions democratiques de Khomeini, alors que les militaires américains, au premier rang desquels le général Huyser, étaient surtout préoccupés de prévenir un coup d'état monarchiste qui empêcherait un changement de régime en Iran et perpétuerait l'impasse. Eux voyaient Chapour Bakhtiar comme un PM de transition, alors que Sullivan et son boss a Washington, Cyrus Vance, voulaient traiter directement avec l'opposition (avec Khomeini, en fait). Le general Alexandre Haig, futur secrétaire d'etat et alors SACEUR et patron en titre de Huyser, a démissionner pour protester contre la politique iranienne de l'administration Carter.

Les generaux iraniens, quant a eux, espéraient vraiment pouvoir préserver l'essentiel en débarquant le Shah. Leur problème était qu'ils pouvaient difficilement réussir si les Américains les abandonnaient, ce qui a fini par arriver.

Il ne fait aucun doute que l'administration Carter a très mal géré la crise iranienne, et s'est comportée avec beaucoup de duplicité non seulement vis à vis du Shah mais aussi des progressistes et démocratiques en Iran. En fait, le président Carter et ses conseillers se sont enfermés dans un choix impossible entre cautionner une répression violente et télévisuellement insupportable par la SAVAK et l'armee imperiale, et esperer (contre toute indication objective) que le saint homme alors en résidence surveillée a Neauphle-le-Château se contenterait d'un rôle de figure de proue d'une révolution douce. Ils n'ont pas voulu croire en la possibilité d'une solution locale et libérale, probablement parce qu'en définitive ils ne comprenaient plus rien a la situation en Iran et qu'ils en avaient plus que marre qu'elle leur pourrisse la vie.

Jimmy Carter, qui vit toujours et jouit même d'une apparente immortalité, est souvent revenu sur l'affaire iranienne, mais toujours sous l'angle de la prise d'otage de l'ambassade américaine à Téhéran. Il n'évoque jamais les hésitations de son administration dans la gestion de la chute du pouvoir impérial iranien.Le reste du monde paie depuis 40 ans l'addition de cette inconséquence.
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