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Avril 1944 - Balkans et Hongrie
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 12:52    Sujet du message: Répondre en citant

Demandez à ce monsieur de faire un schéma sinon - avec humour bien sûr. De toute façon, tout le monde rit en Yougoslavie :

https://www.youtube.com/watch?v=ig-aJzjLe6s
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 14:37    Sujet du message: Répondre en citant

11 avril
La campagne des Balkans
Salve d’éclairs ou poudre mouillée ?
Balkans
– Décidément, “Perun” est maudit : la pluie, un temps concentrée au-dessus de la Grèce, remonte dès le matin vers la Yougoslavie et la Hongrie, sans laisser aux avions alliés la moindre possibilité de frapper. La 23e EB, qui devait attaquer la gare de Rosenbach, à la frontière yougoslavo-autrichienne (non loin de Klagenfurt), est décommandé avec son escorte, tout comme les Mosquito du Sqn 227, censés éclaircir cette histoire d’activité fluviale…
Profitant d’une courte amélioration au soir, les Wellington des Sqn 202 et 205 et les Halifax du Sqn 15 remontent toutefois le Danube pour aller bombarder la gare de triage de Rákoscsaba, à l’est de Budapest. Ils remplissent leur mission avec brio, malgré la perte de deux des leurs – plus un endommagé par les Chouettes du 5/1.

Manœuvres
Knin (Croatie)
– Le 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt, dépêché par la Handschar pour aller fermer en urgence le flanc sud de l’enclave de Lika, arrive à destination sans avoir rencontré la moindre opposition. Les SS ne tardent pas à se déployer en défense, selon les possibilités de leurs effectifs mesurés. Puis, constatant l’absence totale d’initiatives ennemies, le SS-Sturmbannführer Hans Hanke envoie des reconnaissances armées vers le nord, Gračac et la trouée d’Otrić.
Ces expéditions, qui n’iront pas bien loin mais ne seront pas non plus contrées par l’AVNOJ, vont être très vite signalées à Andrija Hebrang, dont le 4e Corps et le 11e Corps sont loin de ce secteur. Ce dernier n’attendait pas une action de ce côté là – il ordonne donc en urgence à la 8e Division Kordun (commandant Vlado Cetkovic, commissaire Arthur Turkulin) et à ses chars de se rendre au sud de Gospić, pour y attendre l’ennemi avec le soutien du 11e Corps “croate”, à Bihać. Une fois encore, l’état-major central pourrait peut-être reprocher à “Fatty” Hebrang une forme d’attentisme qui détonne dans les circonstances présentes – mais dans la grotte de Tito, chacun a pour l’heure d’autres préoccupations…

Légion Noire contre Partisans
Nord de la Croatie – Požega
– Situation toujours bloquée pour la Légion Noire : les Croates n’arrivent décidément toujours pas à forcer le passage face à la 28e DI “slavonne”. C’est que son chef, le camarade-général Vicko “Pepe” Antic est débrouillard ! Vétéran de la 129e Brigade Internationale, il a commencé tout en bas de l’échelle en tant que simple volontaire pour finir la guerre d’Espagne comme sergent. Il était alors déjà devenu membre de la LCY, mais sa carte du Parti ne l’a évidemment pas protégé d’un internement en France, au camp Arielle. Il s’en est échappé, comme tant d’autres, lors du Grand Déménagement pour… remonter vers le nord et gagner l’Allemagne comme travailleur volontaire ! Pour lui, c’était le chemin le plus court vers la Yougoslavie – et c’est vrai qu’il n’a guère été contrôlé jusqu’à la frontière autrichienne, où il a simplement sauté de son train pour rentrer ensuite à pied en Croatie, puis en Slavonie. Une fois dans les Partisans, le reste de sa carrière s’est fait au savoir-faire : sergent, chef de compagnie, colonel de brigade… général de division.
“Pepe” a donc six ans d’expérience en petite guerre et les hommes de Boban s’en aperçoivent. Ils n’avancent qu’avec une lenteur désespérante… ou sur les corps de leurs camarades. Chaque carrefour, chaque soupirail, chaque fenêtre, chaque porte même peut être un piège. Et comme les légionnaires n’ont pas d’artillerie pour raser la cité…
Mais pour le nouveau 5e CA oustachi, le plus grave n’est pas là.
………
Nova Gradiška – Alors que la nuit est tombée sur la petite ville, la 12e Division “slavonne”, dirigée par Petar Drapšin lui-même, attaque le 1er Rgt de la 6e DI du colonel Sarnbek, sortant des bois au nord, là où on l’attendait… mais plus tard.
Face aux vétérans expérimentés (et motivés !) de l’AVNOJ, les Croates perdent pied très vite et commencent à se replier vers l’est et Batrina, en quête d’une protection illusoire. Les jeunes recrues du NDH ont été mises en déroute par moins de 3 000 hommes. Penaud, le colonel Ivan Sarnbek en est réduit à solliciter de son chef de corps, le général Vjekoslav Servatzy, un appui rapide, de préférence de l’artillerie lourde…

Incertitude
Kikinda (Voïvodine)
– Le général Guztáv Jány revient très, très inquiet de sa tournée d’inspection des forces de sa 2e Armée hongroise, qui sont tout à la fois dispersées le long du front et encadrées d’un peu trop près par les troupes de la 12. Armee allemande. Quant à lui, il est trop loin de Budapest pour savoir précisément ce qui s’y trame. Entre Hongrois, Jány n’a pas hésité à recueillir le sentiment de ses deux chefs de corps, Heszlényi et Kiss : ils sont d’accord avec lui, les Germains préparent quelque chose, quelque chose qui sent très mauvais. Le colonel Ferenc Osztovics, de la 2e Division Blindée, n’est pas d’un autre avis.
Italie, Bulgarie… et si la Hongrie était la future troisième victime d’une « intervention amicale » du Reich ? De toute façon, Berlin ne peut plus guère se prévaloir d’un autre allié européen, les Slovaques et la RSI ne comptent pas vraiment… Les officiers de la Honvèd considèrent froidement la chose – à tout moment, leurs alliés peuvent les poignarder dans le dos, les désarmer voire les massacrer comme ils l’ont fait des Italiens à la Noël 42.
Plus grave encore – contrairement au Regio Esercito soudé, sauf exceptions, autour de son Roi, l’armée hongroise n’est plus unie derrière son Régent. Des informations inquiétantes remontent des unités : il serait question de fraternité d’armes avec la Heer, de loyauté forgée dans les combats contre les Rouges, de gradés exprimant ouvertement leur sympathie pour le nazisme, et même d’un noyautage par les Croix-Fléchées de Ferenc Szálasi. En vérité, en cas de confrontation avec l’Allemagne, la 2e Armée n’est plus sûre de l’allégeance de ses troupes. Parmi les cas les plus inquiétants, celui de Kornél Oszlányi (10e DI, 4e CA) – grand ami du Reich, volontiers cruel avec ses hommes, il a couvert le repli de la Heer d’Ukraine en versant beaucoup de sang hongrois. Il y a aussi Ferenc Szász (19e DI, 7e CA) – un proche des Croix-Fléchées, très actif dans la déportation des Juifs, à la grande satisfaction des Allemands.
Il faudrait donc – comme les Germains – prendre dès à présent les mesures qui s’imposent, neutraliser les hommes peu fiables et se préparer à l’affrontement. Mais pour une décision aussi grave, Guztáv Jány a besoin de l’aval de Budapest. Or, il n’est arrivé à joindre son commandement qu’avec beaucoup de difficultés, et l’état-major de la Honvèd lui a signalé que « la situation nécessit[ait] prudence et vigilance face à l’ennemi ». Une phrase à double sens sur une ligne vraisemblablement surveillée…
Le général Jány passera la nuit à se demander ce qu’il convient de faire. Finalement, il choisira de maintenir simplement ses forces en alerte et de tenter, dès le lendemain matin, d’avoir enfin des instructions claires de Budapest. Mais rien de plus.

Partir à point
GQG du 18e GAA, Athènes
– Une fois encore, la pluie résonne sur les vitres de la salle de conférence – une musique bien désagréable pour les oreilles du général Montgomery, qui commence pourtant à en prendre l’habitude. Face à lui, ses deux adjoints Béthouart et Spiliotopoulos. Le trio à la tête du 18e GAA vient d’évoquer longuement la préparation du tryptique “Plunder, Veritable, Grenade”, qui doit les mener jusqu’en Hongrie et (peut-être) jusqu’à Vienne. Cet indispensable préliminaire est achevé – les unités n’attendent plus qu’un ordre pour sortir de leurs terriers d’hivernage et marcher sur l’ennemi…
Elles en ont les moyens : le Supply Service a annoncé triomphalement que, depuis hier, les stocks permettent d’avancer vers l’ouest sans nulle crainte de manquer de carburant, de munitions, de pièces détachées… La moustache frémissante, le colonel Canterbry a le sourire du devoir accompli – lui et Sir Rhodes ont accompli des miracles, étant donné les circonstances et le peu de moyens à leur disposition. Alors, pourquoi, dans la salle, ce silence et ces mines contrariés ?
La raison en est simple : le Meteorological Service a remis ses premières prévisions pour les semaines à venir. Elles sont catastrophiques : pas une seule période de beau temps durable avant le début du mois prochain, au mieux. Certes, on devrait avoir quelques éclaircies aux alentours du 16 avril… mais elles ne dureront pas. Dès le 20, de la pluie, de la flotte et encore beaucoup d’eau jusqu’en mai ! « A croire que le général a ramené l’Angleterre dans ses bagages » persifle in petto Spiliotopoulos – il est vrai que les Grecs ne sont pas les plus concernés (sinon les plus motivés) par l’offensive à venir.
Alors, que va faire Monty ? Attendre, c’est donner encore du temps aux Allemands et aux Hongrois pour se renforcer, aux Yougoslaves pour créer des difficultés et (peut-être) aux Soviétiques pour lui souffler la route de Vienne… Mais marcher maintenant ? Sous les intempéries, sans l’appui de l’aviation et contre un ennemi en défense – certes, manquant a priori de réserves, mais néanmoins bien préparé ? A la merci du premier imprévu ?
Montgomery n’est pas un aventurier comme d’autres généraux. Ce n’est pas davantage un lâche. C’est un méthodique, qui s’attache à économiser ses maigres forces en éliminant les variables inconnues les unes après les autres. Un tropisme qui lui vient de fort loin… Qui se souvient (à part lui et la principale intéressée) qu’en 1925, il dessinait sur le sable de la plage une multitude de scénarios, dispositifs défensifs et autres déploiements, durant ses rendez-vous romantiques avec Miss Betty Anderson [Celle-ci devait finalement indiquer à Montgomery qu’elle « respectait ses ambitions » – mais elle refusera tout de même sa demande en mariage.] ? Toujours de la méthode et de la planification, c’est ce qui compte.
Finalement, le chef du 18e GAA prend sa décision – pour lui la seule raisonnable en pareille circonstances : « Messieurs, je n’enverrai pas nos soldats courir sous la pluie et la mitraille comme jadis en Belgique. Cette foutue guerre dure depuis plus de quatre ans et demi – elle peut bien attendre un mois de plus. “Plunder” et ses opérations ancillaires sont reportées à début mai. Sauf événement majeur imprévu évidemment. Vous voudrez bien donner les ordres pour consolider nos préparatifs, continuer à accumuler des stocks et multiplier les reconnaissances afin de préciser les dispositions de l’ennemi et de le harceler un peu. Je ne vois rien à ajouter. »

Invitée de dernière minute
Salonique
– La 6th Indian Division du major-général B.H. Chappel revient sur le théâtre balkanique, pour rejoindre la réserve de la 8th Army. Bien que tout à la fois compétente et bien encadrée, cette formation d’Hyderabad n’a pas eu beaucoup l’occasion de briller l’année passée, en dehors d’une participation (d’ailleurs remarquée) à l’opération Manna et à la libération de l’Attique. En effet, elle a ensuite été tenue à l’écart des combats par des inquiétudes concernant les îles grecques et le Moyen-Orient – le souvenir de l’affaire d’Irak et les craintes d’un soulèvement perse, voire d’une agitation afghane ont longtemps agité les esprits à Londres.
La nouvelle donne de 1944 a fait litière de ces craintes. Sitôt débarquée, la division indienne fait mouvement vers Belgrade. Elle sera fraîche et disponible pour donner plus d’ampleur encore aux projets du général Montgomery… Mais quand ces projets pourront-ils se matérialiser ?

Les Balkans compliqués
Début prometteur
Tirana
– Définitivement lassés des arguties et autres complications yougoslaves, les services de la 8th Army valident l’attribution au général Borisav Ristic (de l’équipe d’Ivan Šubašić) du rôle de responsable de la distribution du ravitaillement aux troupes yougoslaves « non régulières ». Dans l’esprit des Britanniques, il s’agit là d’un détail sans importance, qui constituera une vexation-pression de plus vis-à-vis du gouvernement de Pierre II. Mais pour le « délégué général à l’administration des territoires yougoslaves libérés », c’est une sorte d’adoubement et un (petit) levier supplémentaire pour obliger Belgrade à collaborer avec lui. On sait l’affection que Pierre Karađorđević voue à ses corps-francs et même Washington ne peut pas tout pour eux, surtout depuis l’autre côté de l’Atlantique…

Dieu reconnaîtra les siens
Etats-Unis
– L’archevêque Alojzije Stepinac, qui bénéficie du soutien d’une partie des services diplomatiques du Vatican – tout comme, officieusement, de ceux de Belgrade et de Washington – lance dans la presse une campagne de communication minutieusement orchestrée et destinée à entamer la réhabilitation du NDH, sinon de Pavelic.
En effet, les Oustachis disposent encore de nombreux relais dans la hiérarchie catholique, malgré les efforts de Giovanni Montini. Du monastère de San Girolamo degli Illirici, sis Via Tomacelli à Rome, Krunoslav Stjepan Draganović, l’ancien aumônier du camp de Jansenovac et l’artisan de la spoliation des Serbes de Bosnie, agit pour répandre en toute discrétion son venin et sa fable d’une union sacrée serbo-croate contre les Allemands et les communistes. Les Croates n’ont pas de scrupules : plus c’est gros, plus ça passe. C’est ainsi que des collaborateurs avérés comme Radoslav Rade Radic se retrouveront dépeints dans les journaux comme de valeureux guerriers des montagnes, luttant épaule contre épaule avec les autres Slaves du Sud pour protéger la population de la violence fascisto-communiste. Ce qui ne manque pas de sel : Radic est à ce moment – tout le monde feint de l’ignorer – un des chefs du Corps des volontaires serbes, intégré à la 20. Gebirgs-Armee allemande !
Ce n’est pas la première fois que la presse américaine se fait ainsi piéger sur des sujets dont elle ignore tout. Le 25 mai 1942 déjà, le général Mihailovic avait fait la couverture de Times, sous le titre « Yugoslavia unconquered », alors même qu’il pactisait avec les forces italiennes. Mais cette fois, la riposte sera violente, venue de l’Eglise orthodoxe – au moins aussi puissante que la catholique au pays de l’Oncle Sam. La Russian Orthodox Church Outside Russia (ROCOR) (chassée de Russie en 1920 par la vague rouge impie et depuis yougoslave de fait, bien que basée pour l’instant à New York) ne tardera pas à rappeler le véritable ossuaire que Rome conserve dans ses placards à propos de la Croatie. Citons la bénédiction par Pie XII de 206 Oustachis en uniforme le 6 février 1942, la satisfaction de l’envoyé du Saint-Siège Rusinović devant les conversions forcées, les encouragements écrits du cardinal Luigi Maglione (secrétaire du Saint-Siège) aux évêques croates à ce sujet, et le souhait de Maglione de supprimer le terme « orthodoxes » pour le remplacer par le terme « apostats » ou « schismatiques ».
La ROCOR, très jalouse de ses prérogatives, n’a certes pas toujours été irréprochable, elle non plus, au début du conflit. En 1938, elle écrivait des lettres de remerciements à Hitler pour la construction de la cathédrale de Berlin, tout en vantant son « patriotisme ». Un temps, c’est vrai, le Reich lui est apparu comme le moyen pour le Christ de revenir en vainqueur à Moscou. Mais c’était là des initiatives isolées – la résistance des popes à l’invasion fasciste est connue de tous. Et de telles pensées sont désormais bien impies – surtout à présent que le maréchal Staline a plus ou moins normalisé ses relations avec le patriarche Sergius… Alors, réhabiliter le NDH ? Il ne faudrait pas exagérer. Les interventions discrètes de Belgrade n’y feront rien, et la guerre des images continuera longtemps par médias interposés.

Toute cause a son Judas
Zagreb (Etat indépendant de Croatie)
– Le responsable de la police oustachie, Ante Štitić, ressent le besoin urgent de se rendre au Monténégro pour y rencontrer Ivo Herenčić, chef du Kroatian Legion Armee Korps. Apparemment, Štitić aurait des informations intéressantes à lui transmettre.
Pendant ce temps, avec quelque imprudence, Mladen Lorković entreprend de visiter, au côté du Vitez Vokić, les unités de la Garde Nationale pour juger de leur fiabilité. Face à un parterre d’officiers choisis, Lorković va jusqu’à déclarer qu’il faut s’attendre à ce qu’il y ait bientôt « un grand événement ». Sans doute les conjurés s’imaginent-ils sûrs de leur public – et tout autant de son soutien. Mais cette parole aventurée n’en sera pas moins rapportée à qui de droit… mais toujours sans qu’Ante Pavelic paraisse s’en émouvoir.

Bon sens
Zaovine (région bosno-serbe contrôlée par l’AVNOJ)
– Informé au compte-goutte par l’AVNOJ des tractations oustachies, le colonel Fitzroy McLean adresse en urgence un rapport à Londres où il met explicitement en garde les Occidentaux sur le sérieux des conspirateurs. Il écrit notamment : « Le Parti paysan croate, dans son état actuel de désintégration et de discrédit, n’a aucune perspective réaliste et aucun moyen pour influer sur la situation politique en Croatie. Les forces du maréchal Tito m’ont clairement signifié que tout soutien envers ces repentis de la 25e heure serait une ingérence inadmissible dans les affaires intérieures yougoslaves, qui aurait les plus graves conséquences pour l’avenir. »
Message bien reçu dans les bureaux d’Anthony Eden, qui feront remonter l’information à Churchill. Pour le bouledogue, qui a rompu depuis un certain temps le contact avec Zagreb, cet avertissement est des plus irritants : qui s’amuse à chambouler ses plans en magouillant avec les Oustachis, et d’une manière aussi improvisée ?

L’orgueil d’un amiral
Ultimatum
Palais Budavár (Budapest), 18h00
– La prédiction du général de Nagybaczon vient hélas de se réaliser – mais d’une manière moins guerrière que prévu, du moins pour l’instant. En effet, la Chancellerie du Reich adresse ce matin une véritable sommation à la Hongrie, sous la forme d’un pli signé de la main du Führer en personne.
La missive, d’une synthétique froideur, comporte trois « directives ».
En premier lieu, le gouvernement Kállay, beaucoup trop compromis avec les Alliés, doit démissionner sans délai pour laisser la place à un nouveau cabinet, dirigé éventuellement par László Bárdossy – mais pas forcément. Le Reich se réserve évidemment le droit d’émettre un « avis amical » sur les ministres pressentis, dont on se doute bien qu’une majorité devra venir du mouvement des Croix-Fléchés.
En second lieu, les lois anti-juives, appliquées avec un zèle plus que modéré par l’administration actuelle – et de toute façon d’une ampleur très insuffisante – doivent être renforcées aussi vite que ce sera techniquement possible afin que le statut des Juifs hongrois s’aligne enfin sur ceux des autres pays inféodés au Reich. Il va sans dire que la définition même des Juifs devra également être remaniée afin de lui donner un sens moins restrictif (voir appendice 1).
Enfin, sitôt le gouvernement Kállay destitué, le régent Horthy est prié de se rendre à Rastenburg « sous 48 heures de la réception du présent courrier », afin de « rencontrer le chancelier Hitler dans une ambiance apaisée, qui permettra de mettre à plat les divergences entre nos nations et de collaborer enfin d’une manière constructive » !
Face à ses ministres catastrophés, Horthy ne peut que suffoquer d’indignation : « En somme, l’Allemagne exige tout à la fois le contrôle de notre gouvernement, de nos citoyens et de ma personne ! »
La mine sinistre, Miklós Kállay répond : « Je crains que l’heure décisive ait sonné, Régent. »
Le général Nagy de Nagybaczon complète immédiatement : « Et la Honvéd n’est absolument pas préparée à un choc contre la Heer ou contre la SS. Presque toutes nos unités sont imbriquées dans le dispositif allemand et loin de nous, en Délvidék ou bien dans les Carpathes. Je crains des massacres, des redditions… des trahisons, même. »
– A votre avis, Messieurs, pourquoi me convoquer auprès d’Hitler ? Qu’a-t-il à craindre de moi ?

Miklós Kállay répond, sur un ton qui n’a rien de la flatterie : « A l’évidence, Régent, le chancelier Hitler craint toujours votre popularité. Nul doute qu’il vous préfère absent lorsque ses armées déferleront sur nous – ce qui arrivera immanquablement. Si vous êtes en Allemagne, vous serez son prisonnier et son otage. »
– Mais c’est immonde ! Pensez-vous vraiment que le Reich soit tombé aussi bas ?

Un flottement gêné, des regards navrés échangés entre les ministres… Kállay se racle la gorge avant de reprendre la parole : « Régent, Amiral… Kormányzója [Altesse sérénissime. C’est le titre officiel de Horthy : “Son Altesse Sérénissime le régent du royaume de Hongrie”, soit “ Főméltósága a Magyar Királyság Kormányzója ”.]… Je vous supplie de nous pardonner, mais les circonstances nous conduisent à vous révéler quelque chose qui est advenu sous le gouvernement Bárdossy et que nous avions choisi de taire, pour le bien de tous. »
Le ton est lugubre, et Horthy, alarmé, se lève soudain : « Comment ? Enfin, par Dieu, de quoi parlez-vous ? »
– Vous vous souvenez très certainement, Régent, des circonstances de notre déclaration de guerre contre l’URSS. Initialement, la très grande majorité de l’Armée et du gouvernement étaient plus que réticents à se joindre à l’Allemagne dans ce conflit…
– Avec raison, quand on voit aujourd’hui le résultat ! Mais j’ai bien dû me résoudre à la signer, car les Rouges avaient choisi de nous considérer comme belligérants de fait ! Ils avaient même commencé à bombarder nos troupes à… à…
– A Kassa, régent. Toutefois, depuis mon arrivée aux affaires, j’ai demandé au général Nagy de Nagybaczon, ici présent, de bien vouloir enquêter et de me préciser les circonstances de cette histoire. Et il s’avère que…

Kállay se tait. Il passe le relais au général, qui salue et considère Horthy droit dans les yeux avant d’avouer : « Il s’avère que, ce maudit 17 mai 1942, les avions russes n’ont jamais bombardé nos troupes. C’était des avions allemands, commandés par le colonel Cuno Heribert Fütterer, de la Luftwaffe. Pire encore, toute cette affaire a été montée avec la complicité de certains officiers de notre propre Armée et de ministres du gouvernement Bárdossy [Il n’est pas certain que Bárdossy ait été effectivement au courant de ce coup monté. Mais il l’arrangeait si bien qu’il ne chercha jamais à en savoir plus. Interrogé sur les incohérences du dossier, il répondit simplement : « Puisque l’état-major, manifestement d’accord avec les Allemands, a constaté que c’était les Russes et que le gouvernement y croit, c’est ainsi et pas autrement ! »]. Le tout afin de vous abuser et d’engager la Hongrie dans le conflit. »
Après cette révélation fracassante, un silence pesant se fait, alors qu’Horthy, près de s’effondrer, s’appuie de tout son poids sur la table. Le ministre des Affaires étrangères Jenő Ghyczy de Ghicz ose alors reprendre la parole : « Ce qui explique pourquoi les Russes ont dans un premier temps refusé notre déclaration de guerre, en nous suggérant d’attendre les résultats d’une enquête. L’ambassadeur József Kristóffy m’a longuement décrit le visage “très surpris” du ministre Molotov lors de la remise de cette… »
– Mais pourquoi m’avoir caché tout cela, Messieurs ?
– Nous ne l’avons découvert qu’il y a six mois à peine. Et nous avons craint, dans les circonstances… complexes que nous traversons actuellement, une juste colère de votre part. A l’évidence, cette précaution a été inutile.
– Effectivement… Je vais prendre quelques instants pour réfléchir à tout cela. Après tout, le Reich nous offre généreusement 48 heures pour agir. Je vous annoncerai ma décision dans la soirée – si je vais en Allemagne ou pas. Si… si j’appelle à la résistance ou pas. Et si je livre notre pays ou pas. Messieurs, je souhaiterais rester seul.

Les trois ministres quittent la pièce sans que l’amiral leur adresse un regard. Il se rassied et, le menton lourdement posé sur ses deux mains, contemple d’un regard vide l’éclat de la grande table marquetée. Qui peut dire ce qu’il fera, comment il utilisera le pouvoir considérable qu’il tient encore entre ses mains. “Pour Dieu et la Nation !”
………
Wolfsschanze, Rastenburg, 20h00 – A des centaines de kilomètres, Adolf Hitler s’apprête à dîner en compagnie de son cercle restreint de confidents. Parmi eux, bien sûr, sa compagne Eva Braun, et, comme souvent, les époux Goebbels. D’un ton presque léger, le Führer évoque avec son ministre l’ultimatum envoyé à la Hongrie.
– Pensez-vous que le vieil amiral va plier, Goebbels ?
– Je n’en doute pas, mon Führer ! C’est un dégénéré enjuivé. Savez-vous qu’il a même deux dragons tatoués sur les bras ? Comme tous les marins alcooliques de Méditerranée sans doute !
– Oui. Mais c’est aussi un véritable soldat, qui a commandé une flotte victorieuse à Otrante.
– Victorieuse d’avoir fui devant les cuirassés britanniques, avec tout le respect que je vous dois, mon Führer.
– Nous verrons bien. On m’a dit que la devise de son école navale était
« Le Devoir a plus de valeur que la vie ». Sans doute verra-t-il où se situe son devoir. J’ai hâte que nous puissions éradiquer la lèpre juive qui infeste son pays. Qui sait, dans quelques années, il me remerciera même ! De toute façon, une fois la Hongrie sous contrôle et notre ami Pavelic aux affaires en Yougoslavie, nos petits désagréments balkaniques seront enfin terminés. Ah, le dîner est servi !
Les convives sourient comme des loups devant le chef de la meute alors que les serveurs SS entrent dans la pièce, accompagnés comme il se doit du goûteur particulier d’Hitler. Les plats sont servis, des mets de choix sont dégustés et la conversation dérive vers d’autres sujets alors que partout ailleurs en Europe, des milliers d’hommes et de femmes souffrent et meurent – que ce soit du fait de leurs croyances, de leurs origines ou de leurs serments.
Cela les consolerait-il de savoir qu’avant un an, la plupart des dîneurs de ce soir seront morts – et, pour la plupart, de leur propre main ?



Appendice 1
Les Juifs en Hongrie : des boucs émissaires fantasmés

« L’antisémitisme hongrois avait toujours eu pour spécificité d’être davantage culturel que lié à un quelconque programme politique. En effet, la population magyare de religion hébraïque présente sur le territoire post-Trianon n’avait jamais rencontré de véritable problème d’assimilation jusqu’aux années Vingt, attachée qu’elle était à fondre son petit nombre dans la masse de la population. Ainsi, en 1930, on ne dénombrait que 446 000 Juifs sur un total de 8 688 300 habitants. Et près de 54 % des Juifs habitaient Budapest.
Autant dire qu’il était possible pour un Hongrois de la campagne de ne jamais croiser un Juif de toute sa vie. Et pourtant, parmi les conséquences complexes du traité de Trianon, les minorités servirent une fois de plus de bouc émissaire à la frustration populaire. La libération de Budapest par les forces d’Horthy fut ainsi l’occasion d’exactions qui firent plus de 5 000 morts, dont de nombreux Juifs, et le 26 septembre 1920, un numerus clausus anti-juif était instauré à l’université, pour complaire à la vindicte d’une partie de la population.
Toutefois, le nouveau Régent, une fois intronisé, se montra vite plus pragmatique qu’idéologue. Il semble que, dans son esprit, une distinction se soit opérée entre “mauvais Juifs” – comprendre les communistes de la République des Conseils, assurément d’origine étrangère – et “bons Juifs” – les citoyens hongrois qui contribuaient à l’économie du pays. Au-delà de cette différenciation d’une générosité toute relative, on peut toutefois remarquer que l’amiral tenta de limiter ce qu’il considérait comme « leur emprise [excessive] dans le domaine économique », notamment par la loi XXVI/1920, qui autorisait à exproprier les biens acquis après 1864 au bénéfice des héros de guerre – or, les Juifs n’avaient le droit d’acquérir des terres que depuis 1867. Néanmoins, par sagesse sinon par bonté d’âme ou par conviction, il faut reconnaître qu’Horthy s’attacha, les premiers temps de son règne, à protéger les membres du culte mosaïque contre la violence populaire et à tempérer les haines anti-juives, n’hésitant pas pour cela à s’opposer à Gyula Gömbös et à son parti MOVE.
La crise économique de 1929 porta hélas un premier coup à ce fragile équilibre magyar, notamment quand les membres de l’association étudiante Turul descendirent dans la rue pour protester contre le chômage de masse, conséquence selon eux du “réseau des Juifs se réservant les postes” (rappelons que le “réseau” en question ne totalisait que 6 % de la population environ). Suivirent une salve de vexations destinées à calmer cette colère : les Juifs furent petit à petit exclus de l’administration et on leur interdit de changer de nom. Ces mesures n’allèrent toutefois pas plus loin : la croissance économique retrouvée et le stoïcisme de la communauté firent oublier ce pénible épisode.
Il fallut donc attendre l’Anschluss pour que la situation évolue de nouveau. Désormais frontalière de l’Allemagne d’Hitler, la Hongrie fut contrainte de suivre son exemple. Le 29 mai 1938 était promulguée la loi XV/1938, dite “première loi anti-juive”. Cette dernière définissait comme juive – et c’était une nouveauté en droit hongrois – toute personne faisant partie de la communauté religieuse juive, ou convertie au christianisme après 1919, ainsi que sa descendance. Toutefois, les invalides de guerre et certains autres anciens combattants étaient exclus de l’application de la loi : l’aura des combattants de la Premier Guerre Mondiale était encore vivace. Ce texte prétendait également, pour la première fois, limiter le nombre de Juifs dans des professions considérées comme stratégiques : médecins, journalistes ou encore avocats. Il déclencha évidemment de vigoureuses protestations dans les clergés catholique et calviniste, – mais cette loi était avant tout destinée à l’extérieur. Elle ne fut pour ainsi dire pas appliquée.
Par la suite, la tension anti-juive continua de s’aggraver, au fil de l’évolution politique. Car si les conquêtes allemandes permirent à la Hongrie d’accroitre notablement son territoire, les annexions de la Slovaquie, de la Ruthénie, de la Transylvanie et enfin de la Bucovine et de la Voïvodine conduisirent le Royaume à hériter successivement de 78 000, 72 000, 149 000 et 20 000 Juifs ! Signe des temps qui allaient s’assombrissant, les Juifs yougoslaves subirent un véritable massacre de la part de la Honved – la plupart fuirent vers la Serbie. Mais nonobstant ces chiffres, qui pouvaient paraitre impressionnants en valeur absolue, et une fois déduits les massacrés et les émigrés, la réalité démographique était là : fin 1941, les Juifs ne représentaient que 725 000 personnes sur… 14 683 000 Hongrois, soit 4,9 % de la population. Les annexions avaient en fait dilué le “problème juif”.
Face à ce qu’ils persistaient à voir comme une gêne, les éléments les plus durs du régime se lancèrent alors dans une véritable politique que nous pouvons qualifier “d’anti-assimilation” – en ceci qu’elle consistait essentiellement à renvoyer à leur identité réelle ou fantasmée des Juifs qui tentaient de plus à plus de se faire oublier en se comportant comme des citoyens modèles ! Les Croix-Fléchées les plus vindicatifs échafaudèrent ainsi le concept d’une “race hongroise” immanente, qui s’opposait évidemment pour partie à la “nation hongroise”, laquelle était temporelle et avait le malheur d’abriter ce serpent en son sein. Ces diatribes raciales ne furent pas encouragées par le régent Horthy – ce dernier n’y voyait qu’une source de division et de désordre. De surcroit, sur le plan strictement juridique, ces prétentions nazies n’avaient aucun sens : le droit hongrois ignorait alors le concept de “race” et considérait le judaïsme comme l’une des religions révélées !
Petit à petit, toutefois, les antisémites gagnaient du terrain. Sous leur pression fut adoptée la loi IV/1939 (dite “seconde loi antijuive”), qui définissait pour la première fois le concept d’une “race” (et non plus d’une confession) juive – entraînant l’annulation de fait d’un grand nombre de conversions au christianisme, voire de naturalisations. Ce texte, qui déclencha par ailleurs une véritable crise avec les églises chrétiennes, conduisit donc par la force des choses à la démission, au renvoi ou à la mise à la retraite de toute une cohorte d’enseignants et de juges réputés convertis, ce qui déstabilisa évidemment le pays. Par ailleurs, cette même loi interdisait désormais aux Juifs de participer aux élections de la Chambre haute, ou bien de diriger des journaux et des théâtres. La commande publique et la propriété foncière leur était également interdites – le souhait avancé étant encore une fois de réduire la part des Juifs dans le commerce. Le statut des Juifs devenait donc de plus en plus contraignant, malgré les nombreuses exemptions et oublis de la part d’une administration toujours très compréhensive.
Le déclenchement du conflit en 1939 porta un coup fatal à ces arrangements si hongrois en accentuant la dureté des positions allemandes au fil des succès de la Wehrmacht. En 1941, l’infâme gouvernement de László Bárdossy fut ainsi responsable de la troisième loi antijuive, plus ou moins calquée sur les textes de Nuremberg. Ce dernier texte entérinait définitivement le concept de « races hiérarchisées et immanentes », ce qui conduisait à l’annulation rétroactive des mariages de convertis, les couples mixtes étant interdits. Inutile de dire que ce texte déclencha une nouvelle bronca dans le clergé. D’autres lois suivirent, s’attachant toutes à décourager l’assimilation et à briser la résistance passive du droit hongrois et du régent Horthy – qui conservaient tous deux en héritage l’unicité impériale sur les plans religieux et linguistique. Ainsi, la loi VIII/1942 classa le judaïsme parmi les religions “non révélées”, entraînant de ce fait le rejet de ses pratiquants aux marges de la société (ce qui leur assurait paradoxalement un calme relatif).
Mais le pire, hélas, était à venir. Dès le début de la guerre contre l’URSS, 52 000 Juifs furent enrôlés, avec d’autres éléments “non fiables”, dans des bataillons de travailleurs forcés envoyés sur le front pour déminer ou creuser des tranchées au bénéfice de la 2e Armée hongroise. Les intéressés, toujours stoïques, s’y comportèrent fort bien, malgré les pertes – à tel point que le ministre de la Défense Vilmos Nagy devait plus tard louer leur utilité !
Puis vint la loi XV/1942, suggérée par le Reich, qui instituait “enfin” l’expropriation des terres agricoles et forêts… expropriation qui fut immédiatement dédommagée, selon les instructions du Régent, par l’émission de bons d’Etat sur 30 ans ! Ce texte, ultérieurement étendu aux autres secteurs de la vie économique, se révéla au final fort peu efficace et ne toucha que les propriétaires pauvres – les riches industriels bénéficiant d’exemptions permettant la poursuite d’une production qui servait alors beaucoup à l’Allemagne. Ainsi, les aciéries Weisz, détenues par des Juifs mais d’un intérêt vital pour l’effort de guerre, “aryanisèrent” simplement leurs actionnaires et poursuivirent leurs activités. Leur propriétaire, Ferenc Chorin, put même bénéficier de l’intervention personnelle d’Heinrich Himmler pour protéger ses employés – ce qui n’empêcha pas le Reichsführer SS de saisir l’usine par la suite, en laissant toutefois à son ancien possesseur le loisir de fuir vers la Suisse.
La chute du gouvernement Bárdossy mit heureusement un frein à ces avilissements, mais sans qu’il soit possible, pour des raisons bien évidentes, de revenir en arrière. Ainsi, le nouveau ministre de l’Intérieur, Keresztes-Fischer confiera ultérieurement « avoir bien appliqué les lois antisémites… pour ne pas avoir à faire davantage ! » La reprise en main des affaires du pays par le duo Kállay-Horthy offrit donc un répit inespéré. Il fallut attendre l’année 1944 pour que les lois allemandes interdisent définitivement la propriété et le travail aux Juifs, dans l’attente d’un sort fatal.
De tout cela, l’amiral Horthy n’était évidemment plus responsable. Mais il parait pour le moins osé, au vu de ses opinions exprimées et de ses actes, de l’ériger en défenseur des Juifs. Ce serait positivement grotesque – et d’ailleurs, aucun de ses thuriféraires ne l’a jamais fait, que ce soit par conviction ou par simple souci de crédibilité. »

(Laurent Ray, La Shoah en Europe de l’Est, Albin Michel 2018)
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 15:46    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Demandez à ce monsieur de faire un schéma sinon - avec humour bien sûr. De toute façon, tout le monde rit en Yougoslavie :

https://www.youtube.com/watch?v=ig-aJzjLe6s


Explosé de rire. C'est tellement ça ! Un des meilleurs gags des Guignols, pas le plus subtil mais hyper-drôle.
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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Etienne



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 15:58    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
La 23e EB, qui devait attaquer la gare de Rosenbach, à la frontière yougoslavo-autrichienne (non loin de Klagenfurt), est décommandé avec son escorte

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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 16:08    Sujet du message: Répondre en citant

Ainsi les tentatives de revirement se suivent et se ressemblent. C'est quand même impressionnant, ce mélange de candeur et de maladresse des vassaux du Reich, qui semblent incapables d'apprendre de leurs mésaventures respectives. C'est toujours "On n'est pas pressés, tiens les Allemands prennent position dans le dos de nos troupes, on ne va pas s'inquiéter pour si peu..."

Casus Frankie a écrit:
Ce n’est pas la première fois que la presse américaine se fait ainsi piéger sur des sujets dont elle ignore tout. Le 25 mai 1942 déjà, le général Mihailovic avait fait la couverture de Times, sous le titre « Yugoslavia unconquered », alors même qu’il pactisait avec les forces italiennes.

S'il s'agit de l'hebdomadaire, le nom est au singulier: Time.

Je me demande au passage si, faute de pouvoir le situer en Indochine, Graham Greene FTL ne va pas consacrer son roman Un Américain Bien Tranquille aux manoeuvres troubles de l'OSS dans les Balkans.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 16:11    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
11 avril
La campagne des Balkans
Salve d’éclairs ou poudre mouillée ?


Et on découvrira après la guerre que la S.S. employait des danseurs de l'oiseau-tonerre pour qu'il fasse tomber la pluie... des S.S. emplumés !
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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DMZ



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 16:28    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
La raison en est simple : le Meteorological Service a remis ses premières prévisions pour les semaines à venir. Elles sont catastrophiques : pas une seule période de beau temps durable avant le début du mois prochain, au mieux. Certes, on devrait avoir quelques éclaircies aux alentours du 16 avril… mais elles ne dureront pas. Dès le 20, de la pluie, de la flotte et encore beaucoup d’eau jusqu’en mai !

À l'époque, une prévisions, même tendancielle, sur une telle durée n'est pas possible, d'autant plus dans ce secteur.
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le poireau



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MessagePosté le: Jeu Oct 24, 2019 18:28    Sujet du message: Répondre en citant

Juste pour préciser qu'à la date du 11 avril 44 FTL Hitler a probablement déjà quitté Rastenburg pour Berlin.
Ou à tout le moins que ce QG est désormais beaucoup trop exposé pour que l'on y convoque une personnalité telle qu'Horthy.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 12:05    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui les couvertures de Time ... Ce pauvre Draza a pas de chance, la sienne est assez moche. Je préfère celle avec Donitz à tout prendre ... le coup du périscope - monstre du Loch ness est génial !




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borghese



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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 17:30    Sujet du message: Avril 44 - Balkan et Hongrie Répondre en citant

48h d'ultimatum, avec des unités imbriquées dans le dispositif de défens7e de la wehrmacht, des officiers de l'armée Hongroise peu fiables...

C'est possible de faire autrement que de plier devant l'ultimatum?
Genre, prendre contact avec un Montgomery qui bouffe son béret devant l'impossibilité d'avancer à cause d'un temps pourri?
Ça paraît très TRÈS court, non?

Autre question que je me pose: un communisme teinté de patriotisme façon Tito est-il soluble dans la monarchie constitutionnelle fédérale d'un Pierre II? Ou l'inverse?
L'alliance de la carpe et du lapin, mais bon, dans les "balkans compliqués", tout semble possible.

Merci en tout cas de ce récit captivant!
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 17:54    Sujet du message: Répondre en citant

Attendez ce soir !

N'anticipez ni sur les réactions (logiques d'Horthy, ni sur les évolutions politiques de la Yougoslavie - tout est affaire de passé, et de vécu des personnages. La suite va vous surprendre comme on dit sur le ternet. Ou pas d'ailleurs ...

Comme dirait l'autre : 'Tout est là !' Regardez le raton-laveur - il sait, c'est dans sa tête ... Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil Twisted Evil
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 18:54    Sujet du message: Répondre en citant

Heu… pour cause de migration ferroviaire, attendez demain !
Désolé.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 19:00    Sujet du message: Répondre en citant

Evidemment - mes excuses .
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lbouveron44



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MessagePosté le: Ven Oct 25, 2019 22:40    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Heu… pour cause de migration ferroviaire, attendez demain !
Désolé.


Hé zut. Moi qui pensais vous lire pendant ma migration ferroviaire... Chez les ritals Laughing
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Oct 26, 2019 09:58    Sujet du message: Répondre en citant

12 avril
La campagne des Balkans
Salve d’éclairs humides
Balkans
– Comme prédit par le Meteorological Service, le domaine de Perun reste encore très humide aujourd’hui. Le temps est instable sur la Croatie, la Hongrie et la Slovénie. L’activité du jour s’en ressent, une fois de plus.
Néanmoins, quelques timides accalmies sur le centre de la Yougoslavie permettent encore aux Beaumont britanniques et aux Boston grecs de chasser un peu le SS – non sans mal, car les hommes en noir ont appris la prudence à la dure. Les Sqn 139 et 241 (sur Beaumont) poussent même jusqu’à Knin pour raser la gare locale – où se trouve d’ailleurs, par le plus grand des hasards, le dépôt de ravitaillement du 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt de la Handschar, qui vient à peine d’arriver. En dehors de ces épisodes, les cieux restent désespérément vides d’avions alliés ou ennemis. Les Mustang de la 9e EC Bohême-Moravie et les Spitfire du 244th Wing tournent en rond en attendant vainement un adversaire.
Sur le Danube, les Beaufighter du Sqn 39 ont pris la relève des Mosquito de la veille, et patrouillent entre deux strato-cumulus à la recherche de… de quoi d’ailleurs au juste ? L’Axe n’a plus coque qui flotte dans le secteur, la mission est une perte de temps. Pour tout le monde, il est évident qu’il ne se passera plus rien sous ses latitudes avant mai…
Comme pour le prouver, les Sqn 148 et 149 (sur Halifax) et le Sqn 104 (Wellington) montent dans la nuit vers Vienne pour attaquer les rives du grand fleuve bleu, espérant ainsi perturber encore un peu le trafic fluvial, voire détruire un pont sur un coup de chance. De fait, le Reichsbrücke est un peu secoué… mais l’ouvrage, qui date de 1876, en a vu d’autres. Deux Halifax et deux Wellington tombent sous les coups de la Flak et des Ju 88 du III/NGJ 1, qui perdent eux-mêmes deux des leurs, victimes des Beaufighter français.
Pour Tedder, cette mission est sans doute le dernier bombardement stratégique avant longtemps. En effet, le centre de gravité du conflit s’est bien déplacé vers le nord et les Alpes, faute d’un temps favorable sur les Balkans, et bientôt, les squadrons basés en Italie vont inévitablement être réorientés vers d’autres cibles. La Yougoslavie paraît s’endormir quelque peu sous les averses…

Légion Noire contre Partisans
Požega, nord de la Croatie
– Informée du risque qu’elle court de se faire tourner sur ses arrières, la Légion Noire évacue en catastrophe Požega, abandonnant tous les gains péniblement accumulés depuis deux jours pour se replier à Batrina. Elle y rejoint la 6e DI, qui a commencé à se décaler d’une manière plus ou moins ordonnée vers Gradiška – de l’autre côté de la Save, à portée des monitors. A terme, les Oustachis envisagent de monter une ligne de défense sécurisant l’axe Slavonski Brod – Banja Luka – Prijedor – Zagreb, évitant ainsi largement Okučani et Nova Gradiška.
Incapable de triompher avec la Légion Noire et la 6e DI des forces de Petar Drapšin, qui représentent moins de 5 000 hommes enrégimentés, le général Vjekoslav Servatzy se gratte la tête. Il envisage à présent de faire monter de Banja Luka sa brigade de cavalerie, voire de faire appel à la SS pour qu’elle envoie la Kama sitôt cette dernière opérationnelle…
Dans la nuit, la 28e DI “slavonne” reprend triomphalement pied dans Požega, hissant le drapeau yougoslave à six torches aussi haut que possible dans le ciel détrempé d’avril. L’AVNOJ exulte – il peut prétendre à la fois avoir libéré à lui seul une zone de Croatie et avoir repoussé ceux qui venaient l’en chasser. Les conséquences en termes de recrutement – et de désertion, dans les rangs Oustachis – ne tarderont pas à se faire sentir, surtout que pendant ce temps-là, la zone de Lika-Senj reste parfaitement sûre pour les Titistes…

Incertitudes
Kikinda (Voïvodine)
– Toujours moins assurée de ses troupes, de sa position et de l’attitude de sa hiérarchie, qui semble prise d’un embarras visible dès qu’il parvient à la joindre au téléphone, le général Guztáv Jány, commandant de la 2nd Armée hongroise, prend une décision irréversible. Il… Il prend sa voiture et s’en va vers Budapest, pour solliciter personnellement des instructions. Le convoi, légèrement escorté pour des raisons de discrétion et qui espère avaler très vite les 220 kilomètres jusqu’à la capitale, disparaît dans la nuit. Son départ n’a absolument pas échappé aux Allemands, aux aguets et de toute façon parfaitement renseignés par leurs sympathisants disséminés dans la Honvèd. Trop tard, général. Trop tard depuis… depuis trois ans, peut-être.
………
« La nuit tombait sur Budapest – mais ce soir, c’était pour longtemps. Le grand drame de la Hongrie – moins sanglant, certes, que celui de Yougoslavie, mais hélas pas moins triste – était bien commencé. D’aucuns diront qu’il avait même débuté dès le 16 mai 1942, voire depuis l’invasion de la Yougoslavie, en 1941…
Nous l’avons vu, le chaos des Balkans, passant le Danube, étendait son influence sur toute l’Europe centrale. Mais avant d’atteindre le point d’orgue, le sommet de cette symphonie de destruction, faisons le bilan de la situation telle que l’envisageaient les Alliés.
Pour eux, elle n’était pas mauvaise. Après tant d’efforts, sur le front comme en coulisse, les armées des Nations-Unies étaient enfin de nouveau en ordre de bataille, unies, ravitaillées et à même d’agir sans craindre le désordre sur leurs arrières. C’était en soi une sacrée performance ! Il n’y a qu’à comparer le contexte du 12 avril 1944 avec celui du 1er janvier précédent pour mesurer le chemin parcouru…
Est-ce à dire que tout était définitivement réglé, que les divisions entre les différentes nations participant au 18e GAA étaient effacées ? Non, bien sûr. Chaque capitale, qu’elle soit officielle (Londres, Athènes), provisoire (Marseille), contestée (Belgrade) ou même officieuse (Višegrad, Skopje) gardait en tête ses objectifs propres, souvent contradictoires avec ceux de son voisin. Toutefois, l’ensemble était désormais pour l’instant orienté vers la seule défaite de l’Axe – et ce grâce, notamment, à l’influence décisive de Winston Churchill, dont on ne louera jamais assez la tournée diplomatique de février 1944.
Toutefois, enivré par ce succès, le Bouledogue avait ici fait preuve d’hubris : il pensait avoir fixé les choses jusqu’à la fin de la guerre. Dans les faits, il avait gagné trois mois, ni plus ni moins. Trois mois critiques toutefois, pour lui et ses objectifs. Et comme ce n’était pas non plus lui qui paierait de sa Liberté les arrangements conclus…
Des arrangements qui engageaient d’ailleurs beaucoup l’avenir. Sans Churchill, il n’y aurait pas eu de participation grecque à la campagne de 1944. Sans les Grecs, il n’y aurait pas eu “Veritable”. Et sans “Veritable”, le maréchal Tito n’aurait pas atteint la position que l’Histoire lui a reconnue. On peut donc dire que Churchill a bel et bien sauvé Tito, et garanti son triomphe. Malgré ses préventions anticapitalistes, toujours aussi vives, ce dernier saura s’en souvenir, déclarant bien plus tard : « Churchill est un grand homme. C’est aussi bien sûr notre ennemi, car il a toujours été l’adversaire du communisme. Mais c’est un ennemi qu’on se doit de respecter, et un adversaire qu’on doit être heureux d’affronter. »
On ne saurait trouver plus bel hommage dans la bouche du futur dictateur. Toutefois, pour l’heure, le triomphe de Broz était encore loin – il semblait même s’éloigner, alors que ses forces pansaient leurs plaies aux confins de la Bosnie, du Monténégro et de la Serbie, et que la Yougoslavie se payait à présent le luxe d’avoir en même temps trois gouvernements. Et sans l’aviation alliée, il ne fait aucun doute que l’AVNOJ aurait été chassé de ses terres, rabattu vers la zone contrôlée par Pierre Karađorđević puis vraisemblablement anéanti.
“Perun”, effort considérable mais méconnu de l’histoire aéronautique militaire, avait coûté 164 avions (hors appareils soviétiques) détruits ou irréparables à la Balkans Air Force de l’Air-Marshall Tedder et du général Weiss. Un taux de pertes approchant les 20 % sur 39 jours, donc, et qui n’avait rien à envier à celui du Bomber Command lors de ses frappes sur la Ruhr.
Les aviateurs tués n’étaient toutefois pas tombés en vain, ou pour le bénéfice exclusif de l’AVNOJ. En effet, les armées alliées reprendraient bientôt leur avance, contre un adversaire vaillant mais affaiblie par leurs frappes. Et cette avance passerait inévitablement par la Hongrie, véritable porte sud du Reich, qu’on pensait verrouillée à double tour, mais dont on se rendrait compte un peu tard en la poussant qu’elle n’était même pas claquée ! »
(Robert Stan Pratsky, La Libération de la Grèce et des Balkans, Flammarion, 2005)
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