Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

Février-Mars 1944 : l'île d'Aphrodite touchée par Arès
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Europe du Sud
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13803
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Sep 24, 2019 22:32    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Tu peux garder l'Altiray en prenant pour hypothèse l'existance d'une vieille mine tutque protégeant en 1918 la baie d'Antalya et qui, après avoir été oubliée par tous dérive après avoir rompu son orin qui devait être un peu pourri après plus de 20 ans sous l'eau.


Ou d'une mine italienne mouillée en 1940 dans le secteur.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9358
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Mar Sep 24, 2019 22:41    Sujet du message: Répondre en citant

Vrai surtout que le trafic Crète-Péloponnèse-Dodécannèse-Rhodes-Athènes ... y a du monde entre 41 et 44 !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 9008
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mer Sep 25, 2019 07:03    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
- En 1942 FTL, les entraînements dans la mer Egée c'est ... un peu risqué non ? Idem pour la mer noire. Je doute que les sous-marins turques aient beaucoup circulé jusqu'à la fin 43 - et entre-temps les démineurs alliés sont passé.


Concernant l'Altiray, info Wikipedia (anglais) : le 14 juillet 42, il doit mener des tests dans les Dardanelles. Ces tests concernent des "lignes magnétiques de sécurité" (dixit Wiki). Ce que j'aurais tendance à traduire comment étant un système de détection contre les sous-marins.
On a parlé d'un tel système côté allié dans la chrono du 18 février 42 Atlantique.

Je ne vois aucune raison de changer son destin en FTL. Le seul candidat pour l'épisode de 1944 est le Saldiray, ce qui ne change rien au côté très original de cet épisode !
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Wil the Coyote



Inscrit le: 10 Mai 2012
Messages: 1904
Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Mer Sep 25, 2019 09:26    Sujet du message: Répondre en citant

j'imagine bien Winston s'étouffer en apprenant "Le SMS Goeben est en route vers Chypres"....enfin sous son nom Turques…. 8)
_________________
Horum omnium fortissimi sunt Belgae
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 9008
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mer Sep 25, 2019 21:31    Sujet du message: Répondre en citant

Je viens de découvrir que la Turquie possède aussi un sous-marin construit en ... Espagne !
http://www.navypedia.org/ships/turkey/tu_ss_gur.htm
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9358
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Mer Sep 25, 2019 21:33    Sujet du message: Répondre en citant

Vrai - mais je ne vais pas tous les mettre. Surtout avec ce qui arrive ! Laughing
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Capu Rossu



Inscrit le: 22 Oct 2011
Messages: 2554
Localisation: Mittlemeerküstenfront

MessagePosté le: Mer Sep 25, 2019 22:51    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Loïc a écrit :
Citation:

Je viens de découvrir que la Turquie possède aussi un sous-marin construit en ... Espagne !
http://www.navypedia.org/ships/turkey/tu_ss_gur.htm


Le Gür ex E 1 est le prototype de la série des quatre Altiray. Comme pour eux, les plans sont d'origine allemande.

@+
Alain
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13803
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 00:29    Sujet du message: Répondre en citant

27 mars
Enosis !
Showdown in Eastern Mediterranean
Méditerranée Orientale, 05h40
– Le TCG Yavuz et son escorte émergent au lever du soleil d’un nouveau grain, pareil à ceux qui se sont succédé toute la nuit. Le croiseur de bataille n’a pas de radar, et son escorte non plus. Il ne peut donc que compter sur ses vigies, sur son estimation de la trajectoire de l’ennemi et (aussi) sur la chance pour attraper ces Grecs qui risquent bien de lui filer entre les doigts à cause de cette maudite tempête. Halman n’a pas non plus d’hydravions embarqués… Mais l’aviation terrestre pourrait bien lui donner un coup de main.
……….
Base aérienne de Konya, 05h45 – La Marine turque possède effectivement une aviation – le V. Deniz Taburu (5e Bataillon naval), équipé de Walrus et de Southampton… mais il est basé à Guzelyali, sur les bords de la Mer Noire, à plus de mille kilomètres de l’action ! Le Kuva-yı Havaiye Müfettişliği (Inspection générale des forces aériennes) décide donc d’assister la Marine dans sa chasse au convoi en faisant décoller ses appareils de reconnaissance. La base la plus proche est Adana : le 103. Kesif Grubu (103e Groupe de Reconnaissance) envoie les Vultee V-11 GBT [T pour Turkey.] de son 2. Tayyare Bolugu survoler la mer.
……….
Méditerranée Orientale, 07h30 – L’escadre de l’amiral Sait Halman n’a toujours pas repéré l’ennemi – on ne saurait lui en vouloir, compte tenu des moyens à sa disposition et des conditions météo… Les deux escadres voguent toutes les deux cap à l’est, sur des trajectoires parallèles à environ 15 nautiques de distance, les Grecs étant plus au nord…
07h52 – Un Vultee V-11 GBT parti d’Adana repère une fumée suspecte sur sa droite. Il vire pour s’en rapprocher…
07h57 – Le convoi du capitaine Basilios constate avec déplaisir qu’il est survolé par un mouchard, dont les carrés rouge et blanc turcs sont bien visibles. Evidemment, la DCA ne va pas ouvrir le feu sur un avion neutre… Mais tout de même, ce moustique qui fait des cercles au-dessus des navires est bien agaçant. Le RHN Kountouriotis utilise finalement un projecteur à éclats pour ordonner au gêneur de déguerpir, confirmant ainsi son identité à l’observateur du Vultee – qui, il est vrai, n’avait déjà guère de doutes.
……….
Ambassade britannique d’Ankara, 08h00 – Une berline s’arrête devant l’immeuble sis rue Çankaya, non loin du mausolée d’Atatürk. A son bord, le ministre des Affaires Etrangères, Mehmet Şükrü Saracoğlu en personne, demande à être reçu « urgemment » par Son Excellence Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen. La démarche est très inhabituelle, d’autant plus que Monsieur Şükrü Saracoğlu affiche une mine tendue, voire carrément sombre.
……….
Méditerranée Orientale, 08h02 – L’escadre turque a reçu le message surexcité de l’appareil de reconnaissance envoyé par Adana. Les Grecs sont tout près et Halman connaît à présent leur cap et leur vitesse ! Assuré d’être informé de tout changement, il fait mettre le cap au 65. Il devrait avoir rejoint ces envahisseurs dans les deux heures.
……….
Ambassade britannique d’Ankara, 08h10 – C’est un Sir Hughe un peu inquiet qui salue le plus civilement du monde son visiteur. Imperturbable de flegme et de moustache, le Britannique se voit remettre d’une manière extrêmement formelle une note signée par le président İnönü lui-même. Il en prend connaissance et paraît saisi de légers toussotements au fur et à mesure de sa lecture… Finalement, il interroge Şükrü Saracoğlu.
– Puis-je vous demander sous quel délai le gouvernement de la République de Turquie sollicite une réponse de la part du gouvernement de Sa Majesté ?
– Le plus tôt sera le mieux, afin de dissiper rapidement les malentendus entre nos deux nations. Je me dois toutefois de vous signifier que dans l’intervalle, nos forces aériennes et navales n’auront d’autre choix que de se défendre si elles sont attaquées, par des alliés du Royaume-Uni par exemple.
– C’est parfaitement clair. Il va sans dire que je me présenterai personnellement à votre ministère dès que possible pour vous exposer la position du Royaume-Uni sur cette regrettable mésentente. Je vous raccompagne…
– Je vous remercie mais cela ne sera pas nécessaire. Je compte sur votre promptitude, Votre Excellence.

Sitôt son hôte parti, l’ambassadeur demande à envoyer un message à Londres en priorité absolue. Il s’agit d’éviter une guerre ! Enfin, une de plus…
……….
Méditerranée Orientale, 09h11 – La vigie du Yavuz signale plusieurs colonnes de fumée à bâbord – information aussitôt confirmée par les Adatepe et Zafer, qui naviguent de ce côté.
En face, les Grecs ont eux aussi repéré les navires de la flotte turque, et ils se doutent bien de leur identité. Le capitaine de frégate Basilios ne voit toutefois pas de raison de modifier sa trajectoire ou de s’inquiéter pour l’instant – ces Ottomans ont bien le droit de naviguer à côté de lui si ça leur chante ! Mais, pas fou, il transmet tout de même l’information à Athènes… et à Alexandrie.
……….
10 Downing Street, Londres, 09h14 – Le téléphone de Winston Churchill sonne trois fois avant que l’intéressé se décide finalement à décrocher. Maudit importun qui le dérange alors qu’il est encore au lit – mais néanmoins au travail !
Au bout du fil, Anthony Eden.
– Bonjour, mon cher ami. Qu’y a-t-il donc de si urgent, qui ne puisse pas attendre que j’aie pris mon bain ?
– Bonjour Prime Minister. Navré de perturber votre breakfast, mais j’ai sous les yeux un câble de Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen, notre ambassadeur à Ankara. Il a reçu ce matin une visite… hum, imprévue de la part de Monsieur Şükrü Saracoğlu, le ministre des Affaires étrangères turc, lequel lui a remis un message du président İnönü. J’ai pensé que vous souhaiteriez en être informé au plus tôt…
– Ah, vous avez bien fait. Les Turcs déclarent enfin la guerre à Hitler ?

Un raclement de gorge tient lieu de réponse, alors que Churchill guette la réponse enthousiaste qu’il espère.
– Pas exactement. Pour dire vrai…
– Un moment s’il vous plait, Anthony…

Sir Anthony croit entendre le claquement d’une boîte en bois précieux qu’on referme quelque peu brutalement – puis vient le cliquetis d’un briquet et le souffle du fumeur qui tire avec exaspération sur son cigare.
– Continuez, je vous prie.
– Oui, Prime minister. Le plus simple est de vous lire les quelques passages qui m’ont paru d’intérêt. Ils résumeront au mieux la situation. Hem…

« La République de Turquie constate avec tristesse que la situation à Chypre – territoire sous protection britannique et sur lequel vivent nombre de nos ressortissants [Ils auraient dû écrire « de nos anciens ressortissants », Prime minister.]… de nos ressortissants, qui ont conservé l’amour de notre Nation chevillé au cœur, ne connait nulle amélioration. Pire, les récents événements survenus depuis le 29 février… »
[Je passe quelques lignes…]
« Ces pénibles circonstances, qui nous incitent déjà à la plus ferme des attitudes, se trouvent encore aggravées par l’attitude irresponsable du gouvernement d’Athènes, qui appelle désormais ouvertement à l’annexion de Chypre et à l’expulsion de nos concitoyens. »
Athènes n’a jamais prétendu expulser les Turcs de Chypre, Prime minister – enfin, pas officiellement. Un peu plus loin…
« Nous constatons à regret que ces provocations ont connu hier 26 mars une nouvelle et scandaleuse aggravation. En effet, un sous-marin de notre marine a subi ce jour même une agression inqualifiable de la part de forces de la marine grecque accompagnant un convoi se dirigeant vers Chypre et dont ne pouvons qu’espérer qu’elles n’opéraient pas sous commandement britannique. A l’heure actuelle, nous sommes encore sans nouvelles de ce bâtiment, le TCG Saldilay, et nous ne pouvons hélas que présumer le pire.
En dépit de notre profond désir de paix, nous avons l’infini regret de constater aujourd’hui les points suivants :
1) Sans prétendre préjuger de l’origine des troubles qui secouent actuellement l’île, la sécurité de la population turque de Chypre n’est garantie à ce jour ni par le gouvernement de Sa Majesté, ni par aucune puissance digne de confiance,
2) Le gouvernement royal grec, qui a déjà prouvé sa duplicité dans les affaires concernant Chypre, poursuit clairement une politique d’expulsion ou d’élimination de la population turque de Chypre, avec l’aide de ses affidés tels que l’EOKA dirigée par Monsieur Grivas. La Turquie ne saurait tolérer davantage la complaisance dont font preuve les autorités locales à l’égard de cette organisation terroriste. »
Par « complaisance », ils entendent bien sûr « complicité », Prime Minister,
– J’avais saisi. Poursuivez…
– Certainement…

3) Pressentant notre juste souci de protection des nôtres, le gouvernement d’Athènes a envoyé ce jour, peut-être sans que le gouvernement de Sa Majesté britannique soit au courant, un convoi militaire agressif à destination de Chypre. Il est inacceptable pour nous que ces troupes puissent débarquer à Limassol, où elles contribueront à n’en pas douter à l’asservissement voire au massacre de la population turque.
En conséquence, le gouvernement de la République turque a l’honneur de signifier au gouvernement de Sa Majesté britannique qu’il a dépêché ses forces navales pour intercepter et stopper le convoi grec sus-mentionné – si possible sans verser de sang. Il invite dès à présent le gouvernement de Sa Majesté britannique à utiliser toute son influence pour obtenir que ce convoi regagne son port d’attache, puis pour favoriser une solution pacifique et équitable pour toutes les parties. Faute de quoi, et sans préjuger de l’évolution de la situation en mer comme à terre, le gouvernement de la République turque se verra, à regret, contraint de prendre les mesures nécessaires à la protection de sa population, comme cela a déjà été le cas par le passé.
Le gouvernement de la République turque ne doute pas que ses efforts – qui ne sont nullement dirigés contre les Nations-Unies en général ou le Royaume-Uni en particulier – seront reconnus par le gouvernement de Sa Majesté britannique, que ses requêtes seront accueillies par une oreille attentive et qu’elles bénéficieront dans les plus brefs délais de la compréhension bienveillante qu’elles méritent. »
Je vous fais grâce de la suite, Prime minister.
Churchill n’a pas répondu… il réfléchit à cette nouvelle aventure turque. Vingt-huit ans plus tard, il a encore des aigreurs d’estomac quand on lui parle de marine et de Turquie.
– Well, it seems there’s a showdown in the making in Eastern Mediterranean… [Cet aphorisme restera célèbre – évidemment adapté à la géographie. Il exprime avec fatalisme la certitude qu’il va y avoir sous peu « du spectacle » – et un spectacle fort peu plaisant.] Que proposez-vous, Anthony ?
– Déjà, il nous faut parer au plus pressé et empêcher les Turcs de couler ce convoi, ou les Grecs de tirer les premiers en se sentant menacés. Ils se défendront, sans doute, mais je ne suis pas sûr qu’ils soient de taille. Il faut dire que leur flotte a beaucoup souffert à nos côtés.
– Et pas celle des Turcs, n’est-ce pas ?
– En effet, Prime minister. J’ai donc contacté la Base d’Alexandrie – apparemment, ils ont trois croiseurs et six destroyers prêts à appareiller. J’ai pris la liberté de leur dire d’aller s’interposer avant même de vous consulter.
– Vous avez bien fait. C’est toujours Guy Grantham qui commande cette flotte ?
– C’est exact. Evidemment, ce n’est pas la Home Fleet. Mais tous nos navires de ligne sont dans la Manche ou dans le Pacifique pour préparer ce que vous savez.
– Bien sûr. Nos marins feront avec : c’est le
Yavuz que nous affrontons, pas le Tirpitz. Grantham a accompli pas mal de belles choses avec ses navires contre les Italiens, il devait commencer à s’ennuyer ! Il faudra quand même penser à en faire un amiral…
Mais passez-lui tout de même le mot, et informez-en aussi Cunningham : il ne faut surtout pas aggraver la situation. Nous les empêchons de s’étriper et rien de plus ! Je vais enfiler quelque chose et appeler personnellement İnönü. Essayez de gagner du temps avec les services diplomatiques.
– Bien sûr, Prime Minister.
– Et surtout, pas un coup de canon en premier ! Il ne s’agit pas de venger les Dardanelles ! Même si, parfois… Enfin, c’est clair ?
– Très clair, Prime minister. Je vous tiens au courant.

……….
Méditerranée Orientale, 09h30 – Les deux flottes cheminent à présent d’une manière très visible, sur des trajectoires légèrement convergentes, sans que ni l’une ni l’autre n’envisage de modifier son cap. Par signaux lumineux, Basilios demande (pour la forme) aux navires turcs de s’identifier et d’annoncer leurs intentions. Puis, il fait immédiatement mettre aux postes de combats.
De son côté, l’amiral Sait Halman en a déjà fait autant. Il ordonne à présent aux Kocatepe et Tinaztepe, à tribord du Yavuz, de ralentir pour passer sur bâbord, en ligne de file derrière les Adatepe et Zafer. Vu des navires grecs, on pourrait croire qu’ils se préparent à une attaque à la torpille, couverts par le Yavuz…

09h35 – Sait Halman a pris son temps pour répondre – il identifie ses navires comme « une escadre turque en patrouille » et demande aux Grecs d’annoncer leur destination. Il s’agit de confirmer que ce convoi est le bon – celui qui va vers Chypre et qu’on soupçonne d’avoir coulé le Saldilay.
Basilios choisit de ne pas répondre complètement – il commande une flotte dans les eaux internationales en temps de guerre et n’a pas à indiquer sa mission à n’importe quel neutre. Il indique simplement : « Escadre grecque des Nations-Unies [ce qui est prendre quelque liberté avec la réalité] en mission de guerre – Ne nous coupez pas la route. »
En face, l’opérateur turc ne déchiffre que « Escadre grecque » – cela suffit ! Ce sont bien ces damnés Grecs qui vont tenter d’annexer Chypre et de massacrer les Turcs !
La flotte turque accélère derechef pour intercepter les Grecs, qui poursuivent leur route – le Psara en tête, les vedettes rapides à présent sur le flanc tribord, du côté des Turcs, les chasseurs de sous-marins de l’autre côté et le Kountouriotis fermant la marche, avec à son bord Basilios.
……….
10 Downing Street, Londres, 09h35 – Sans avoir pris le temps de prendre son bain, ni même de finir son breakfast, Winston Churchill obtient finalement Ankara au bout du fil. Problème : nous sommes lundi, et İnönü est justement en réunion pour préparer son allocution destinée à présenter la situation devant l’Assemblée nationale – les Turcs n’attendent pas la réponse de Londres avant cet après-midi !
Le président turc va se libérer, bien sûr – mais on perd là de précieuses minutes qui pourraient faire la différence.
……….
Alexandrie, 09h45 – La base navale britannique est submergée de coup de klaxon, de bruit de moteurs et d’appels autoritaires. Dans une apparente confusion – qui cache en réalité le professionnalisme qui fait honneur à la Navy – l’Escadre de Mer Egée, composée du CLAA HMS Dido (navire-amiral, classe éponyme), des CL HMS Aurora et Kenya (classes Arethusa et Crown Colony) et des DD HMS Isis, Laforey, Maori, Partridge, Sikh et Somali (classes I, L et Tribal), se prépare à appareiller. Le Manchester, qui était leur équipier quelque temps plus tôt, est parti vers le Pacifique, mais le Captain Guy Grantham n’est pas inquiet : après tout, il va se mesurer à un croiseur de bataille de 1911 qui n’a guère été rénové depuis 1928 et à quatre destroyers dont la technologie en est restée à 1940, avec six destroyers modernes ou modernisés, un croiseur anti-aérien et deux croiseurs armés de canons de six pouces (6 pour l’Aurora et 12 pour le Kenya !), tous dotés de radars qui leur permettront, si nécessaire, de noyer le Turc sous les obus. D’ailleurs, le blindage du pont du Yavuz ne dépasse pas trois pouces ! Bref, en face, ce n’est pas le Scharnhorst et les destroyers allemands. Et puis, il s’agit d’aller peut-être sauver deux destroyers grecs qui, jusqu’à la fin de 1943, faisaient encore partie de son escadre et ont affronté avec elle les navires italiens et les avions allemands…
Heureusement, on n’en est pas encore à ce point. Alors que l’escadre file plein nord, deux Sunderland ont décollé d’Alexandrie pour aller évaluer la situation.
……….
Méditerranée Orientale, 09h45 – Athènes vient d’ordonner à Basilios : « Mettez le cap au 180 [pour rejoindre l’escadre britannique], aussi vite que possible. Retardez le contact. Opposez-vous par la manœuvre à toute tentative turque pour vous intercepter. Vous êtes autorisé à riposter aux tirs éventuels. » Ce serait quand même préférable de ne pas en arriver là, songe le Grec. Son Kountouriotis et son Psara ne sont pas de taille avec leur quatre 120 mm chacun… Et les vedettes rapides devront affronter les destroyers turcs avant de pouvoir s’en prendre au Yavuz.
Les navires grecs commencent donc à abattre vers le sud. De son côté, l’escadre turque détache deux destroyers qui accélèrent pour tenter de leur couper la route de l’est et de les rabattre vers le Yavuz.

09h45 – L’amiral Halman observe d’un œil soupçonneux les navires grecs en train de virer vers la droite, juste après que les Kocatepe et Tinaztepe aient entrepris de les encadrer. Les Turcs ne sont plus guère qu’à deux nautiques de leurs adversaires.
Bien sûr, Sait Halman n’est pas dupe : si sa cible met le cap au sud, ce n’est pas pour des raisons de navigation ou pour lui faire plaisir – elle espère du renfort ! Il relit pour la millième fois ses ordres. Si les Grecs se dirigent vers Alexandrie, quel prétexte a-t-il encore pour intervenir ?
En attendant de trouver la réponse, il ordonne à ses navires de mettre eux aussi le cap au 180. Le Yavuz et deux destroyers sont à présent à tribord du convoi et les deux autres destroyers à bâbord, sur des routes parallèles.
……….
Londres/Ankara, 09h50 – La conversation téléphonique entre Winston Churchill et İsmet İnönü est fort animée, mais ne semble pas d’abord déboucher sur une solution rapide. Sur le fond, pourtant, ils sont d’accord : aucun d’eux ne souhaite voir éclater un conflit entre leurs nations. Toutefois – et c’est tout le problème – aucun des deux ne veut non plus rien céder à l’autre.
Le président turc a déjà renouvelé, avec un peu d’emphase, ses protestations faites auprès de Londres et annoncé que son armée se réserve le droit de procéder à des manœuvres en Thrace pour défendre sa frontière ouest. De son côté, le bouledogue tente de mordre sans faire saigner son adversaire : il n’est pas question d’asservir la population turque de Chypre, la République de Turquie est la bienvenue à Athènes pour discuter, sous l’égide britannique, de l’avenir de cette île et elle est tout à fait libre d’envoyer des observateurs pour s’assurer de la sécurité de la population d’origine turque. Quant à cette histoire de sous-marin disparu, Londres est tout à fait prêt à mettre à disposition tous ses moyens disponibles pour rechercher le navire manquant et élucider son sort…
Par contre, la demande d’İnönü de détourner « jusqu’à nouvel ordre » le convoi grec vers Alexandrie – voire de lui faire faire carrément demi-tour – est inacceptable pour Churchill. Cela reviendrait à désavouer son allié et à perdre toute crédibilité dans les futurs arbitrages avec lui – la campagne de Yougoslavie ne manquerait pas d’en subir les conséquences, et cela le Premier britannique n’en veut à aucun prix ! C’est pourquoi, avec force grommellement de mauvaise humeur, il lâche finalement : « Monsieur le Président, la balle est dans votre camp, si j’ose m’exprimer ainsi. Vous pouvez accepter nos propositions raisonnables et discuter avec nous – donc avec Athènes – ou bien persister dans votre souhait de faire cavalier seul. Nous ne pouvons pas vous forcer la main. Néanmoins, j’attire votre attention sur un point précis : en cas d’accrochage, sur mer ou sur terre, entre vos forces et les forces grecques – qui opèrent sous notre commandement, je vous le rappelle – nous serions dans l’obligation de considérer qu’il s’agit là d’une agression contre les Nations-Unies dans leur ensemble. Et nous ne serions sûrement pas les seuls ! J’espère que vous réalisez, Monsieur le Président, les conséquences d’un pareil événement ! »
Pour préserver son rêve de campagne dans le ventre mou de l’Europe, Winston est prêt à tout – ou au moins à secouer violemment Ankara et à jeter aux orties sa vieille lubie d’une Turquie alliée. Après tout, il n’en a plus vraiment besoin : avec la chute de la Bulgarie et la libération de la Grèce, Istanbul est beaucoup moins utile aux Alliés qu’auparavant. Une fermeture des Détroits serait une contrariété, c’est vrai, mais elle serait facile à compenser et causerait beaucoup plus de dégâts à la Turquie qu’aux Nations-Unies. Le pire – pour les Turcs… et aussi pour Churchill – serait qu’elle offrirait également un casus belli en or à Staline, qui serait trop heureux de venger les nombreuses désillusions subies par les tsars contre les Ottomans.
Au bout du fil, à Ankara, İnönü sent bien qu’il est allé au bout de ce qu’il pouvait obtenir. Mais il sait aussi que c’est la crédibilité politique du régime kémaliste qui est en jeu : un régime basé sur l’indépendance du pays et la perspective d’une réunification nationaliste. Reculer aussi facilement, c’est risquer de s’aliéner le Parlement et peut-être même de perdre sa place. Il tente donc de grappiller encore quelques concessions…
……….
Méditerranée Orientale, 09h57 – Après deux heures de poursuite, les deux flottes sont pratiquement au contact. Le dispositif grec n’a pas bougé, à peine dérangé par son abattée vers le sud. A tribord, le Yavuz, précédé sur sa gauche des Adatepe et Zafer, est désormais à moins d’un mille nautique de ses cibles – ses tourelles s’orientent de temps en temps vers les Grecs avant de revenir dans l’axe, sans chercher par ailleurs l’inclinaison correspondant à la distance entre eux. A bâbord du convoi, les Kocatepe et Tinaztepe, eux, continuent de se rapprocher. En l’air, enfin, un second Vultee V-11 GBT a pris le relais du premier.
Conscient qu’il ne pourra pas tenir longtemps face sans que survienne un incident – qu’il s’agisse d’un tir inopiné ou d’une collision – le capitaine de frégate Basilios envoie en clair le message suivant : « A toutes forces alliées Méditerranée Orientale – Sommes pris à partie par escadre turque. Position : 34°58 N, 29°25 E. Demande soutien de toute urgence. »
Alexandrie répond en signalant le départ de l’escadre de Grantham, ainsi que l’arrivée imminente d’un appui aérien. Elle ne précise pas le délai nécessaire à la Navy pour être sur place – dans l’intervalle, il va falloir tenir, et si possible sans tirer un coup de canon !

De 10h00 à 11h15 – Alors que le convoi grec poursuit sa route plein sud, les destroyers turcs entament une succession de manœuvres agressives, bien que les Adatepe et Zafer soient eux-mêmes gênés par les vedettes qui virevoltent autour de leurs étraves. Le Yavuz reste à distance du convoi, tout en se portant peu à peu sur son tribord avant. De l’autre côté, les petits Alkyoni, Doris, Niki tentent courageusement de barrer le passage par leur simple présence aux Kocatepe et Tinaztepe.
Durant de longues minutes, la désagréable situation se prolonge. Le croiseur de bataille turc prend du champ et met plus d’un quart d’heure pour se positionner finalement deux à trois milles nautiques en avant du convoi. Puis il abat brutalement vers l’est, coupant à angle droit la route des Grecs comme pour leur barrer le T ! Au même moment, les Tinaztepe et Zafer, qui ferment la marche de chaque côté, virent à 45°, apparemment pour tenter de passer au milieu du convoi !
Face à ces manœuvres d’intimidation, la formation grecque commence dangereusement à se disloquer, et quelques-uns des transports s’écartent peu à peu de leurs homologues. Craignant de se faire éperonner par le Tinaztepe, le Doris n’est pas moins nerveux et fait feu dans la mer devant lui, pour indiquer sa trajectoire au destroyer. Les deux Turcs font demi-tour au dernier moment. Sur sa passerelle, Halman ironise : « Je pourrais faire ça toute la journée ! »
Basilios ordonne finalement de virer à droite, cap au 210, pour s’écarter de la route du Yavuz. Certains cargos n’arrivent pas à suivre – deux manquent de se heurter bord à bord. Finalement, les transports tiennent tant bien que mal la route indiquée. « Si ça continue, grogne Basilios, nous allons former le cercle, comme des chariots de western attaqués par les Apaches ! »
Les deux cargos les plus à gauche de la formation ont eu du mal à rejoindre et semblent désormais bien isolés. Le Tinaztepe s’approche de l’un d’entre eux, se préparant visiblement à l’arraisonner. Informé, le capitaine de la compagnie transportée par le cargo n’hésite pas : il fait monter ses hommes sur le pont, le fusil à la main, et les déploie le long du bastingage ! Une issue sanglante est évitée de justesse, quand le Kountouriotis arrive en hâte de la queue du convoi pour jouer le chien de berger auprès des brebis égarées.
C’est la pagaille. On joue des coudes, on se gêne – un historien naval parlera d’un « jour de marché à Athènes… ou à Istanbul ! » Mais pour l’instant, personne ne tire.
Tout de même, les étincelles se multiplient sur la paille et les silex frottent et s’entrechoquent tandis que le vent souffle sur la Méditerranée. Puis, alors que le Yavuz a fait demi-tour par la droite et a commencé à rattraper le convoi en marchant comme lui au 210, il met soudain le cap au 300 (ouest-nord-ouest) – s’écartant ainsi largement des Grecs. Un instant plus tard, ses destroyers rompent le contact pour le rejoindre…

11h15 – Sur sa passerelle, l’amiral Sait Halman considère le message qu’il vient de recevoir de son amirauté : « Cesser toutes manœuvres d’intimidation du convoi – Continuer surveillance à 3 milles de distance minimum. » On lui ordonne donc de baisser pavillon… les Anglais ont dû donner de la voix. Au-dessus de son croiseur de bataille passe une ombre : un Sunderland venu d’Egypte qui le survole en montrant bien ses cocardes et ses charges de profondeur.

11h30 – Les flottes sont à présent en pleine reformation, maintenant entre elles une distance de sécurité de plusieurs nautiques. Une fois le convoi reconstitué, il remet le cap au sud. L’escadre turque se contente de le suivre, sous la surveillance d’un – non, de deux hydravions britanniques. Quelques minutes plus tard, un box de B-24 venus de Crète tourne à plusieurs reprises au-dessus des Grecs, puis c’est un flight de Spitfire arrivant de… Chypre. Ecœuré, le second Vultee V-11 GBT s’en va sans être remplacé. Les autres avions ne resteront sans doute pas beaucoup plus longtemps… le mauvais temps a suivi les Turcs et arrive de l’ouest.
……….
10 Downing Street, 12h30 – Churchill ne devrait pas tarder à s’attabler devant son lunch – il en a bien besoin, après les émotions de la matinée. Mais avant de boire sa traditionnelle coupe de champagne, il a une dernière fois Sir Anthony au téléphone pour évoquer ce quasi-affrontement en Méditerranée. Malgré tout son sang-froid, Eden se montre quelque peu soulagé de l’évolution de la situation…
– Prime Minister, je viens d’avoir Sir Hughe Montgomery Knatchbull-Hugessen au téléphone pour lui indiquer la position qu’il conviendra d’indiquer de manière formelle à Monsieur Şükrü Saracoğlu. Je ne doute pas qu’elle soit bien reçue.
– Elle le sera, Anthony – je vais vous dire en vérité : ce foutu président a changé de ton entre le début et la fin de notre petite discussion ! J’ai déjà les Grecs, les Serbes royalistes, les Croates fascistes, les Serbo-Croates communistes et même ces fous d’Albanais à gérer. Je ne vais quand même pas m’embêter en plus à prendre soin des états d’âme des Turcs !
– Chypre reste sous notre mandat – il faudra sans doute céder quelque chose pour la forme.
– Pour la forme, Anthony. Mais sur le fond, nous ne changerons absolument rien ! La Turquie n’a pas voulu devenir notre alliée quand nous l’avons suppliée, elle n’a rien à demander à présent que nous n’avons plus besoin d’elle ! Même De Gaulle serait d’accord !

Churchill prend un instant pour reprendre son souffle – cette conversation l’échauffe à l’évidence. Toujours plus agacé, il poursuit : « Enfin… Si on lui demandait son avis bien sûr. Il faudra tout de même que je discute avec lui de cette affaire, à l’occasion. Avec les Américains aussi, sûrement – qu’ils ne s’imaginent pas de mauvaises choses. Mais peu importe… et puis, il y a tous les autres neutres, ou supposés tels. Que se passerait-il en Argentine, en Thaïlande ou en Afghanistan si nous cédions à Ankara à cause d’un minable petit accrochage naval ?"
– Alors tant pis pour les Turcs, Prime Minister ?
– Tant pis pour eux, Anthony. Ils n’avaient qu’à prendre notre train en marche quand il en était temps. A tantôt, cher ami.

……….
Méditerranée Orientale, 17h00 – Sous un ciel changeant, voire virant carrément à l’orage, les flottes grecque et britannique se rejoignent. De loin, les Turcs observent d’un œil dépité les destroyers et les croiseurs anglais venir se positionner entre le convoi et eux, salués par les vivats et les klaxons des Grecs. La White Ensign flotte au vent d’ouest.
Sur la passerelle du Dido, le Captain Guy Grantham est satisfait. Sa mission est accomplie… même s’il est arrivé après l’absence de bataille ! Il aurait bien ajouté une vieille coque turco-allemande à son tableau de chasse…
Malgré tout, le Captain va saluer son adversaire manqué avec son Dido, escorté des Maori et Sikh. Il fait hisser les pavillons Baker-Dog-Uncle, puis Sugar-Uncle-William. Soit « Je transporte des matières dangereuses [les Grecs !] – Je manœuvre avec difficulté [Ne me gênez pas !] – Vous courez vers un danger. » Suivi de : « Je pars en arrière – Je vous souhaite bon voyage. » L’amiral Sait Halman fait lui aussi hisser UW et les navires se séparent – les uns vers Chypre, les autres vers le continent.

Ankara, 17h30 – L’Assemblée nationale turque est dans un état d’ébullition digne de la vie parlementaire française – le multipartisme en moins, quand même… A la tribune, İsmet İnönü présente les derniers développements maritimes en Méditerranée et la fin piteuse d’Attila.
– Nous n’avons pas débarqué d’armes et de troupes à Chypre [Ankara reconnaîtra bien plus tard que les cales de ses navires étaient pleines de matériel militaire, et que ces derniers avaient aussi embarqué un bataillon d’infanterie de marine – ce qui peut d’ailleurs expliquer la velléité d’abordage d’un transport par le Tinaztepe. L’objectif premier de l’escadre turque était de rejoindre Chypre, pas d’affronter la marine hellène…] pour ne pas mettre de l’huile sur le feu. Mais je vous le dis, chers amis : nous avons stoppé les Grecs ! Nos marins peuvent être fiers de leur bravoure – elle nous a permis de nous faire entendre ! Car la voix de la République de Turquie comptera dans l’avenir de Chypre, soyez-en certains !
Face à lui, les bancs du Parti Républicain du Peuple (le seul autorisé !) paraissent bien agités pour un parti majoritaire. Les plus nationalistes, toujours menés par Adnan Menderes, s’agitent, criant non pas « Démission ! » – mais bien « Abandon ! »
Finalement lassé, İnönü s’écrie pour les faire taire : « Mais que suggérez-vous au juste, Messieurs ? Qu’il nous faut déclarer la guerre à la Grèce ? Et à l’Angleterre ? Et à la France, à l’Union Soviétique, aux Etats-Unis, à… »
Triste évidence – à force d’avoir usé et abusé de sa position stratégique, la Turquie, ses charmes devenus inutiles, se retrouve désormais sans aucun prétendant.

Chypre, 19h54 – Le soleil se couche à nouveau sur l’île d’Aphrodite, sur laquelle on se bat encore – mais moins qu’hier. Avec intelligence, le gouverneur Charles Campbell Woolley a communiqué à la communauté grecque en général – et à l’EOKA en particulier – les résultats du presque-affrontement naval de ce jour. La marine grecque sera bientôt à Limassol, il n’est plus nécessaire de faire couler le sang pour rien… Et le Britannique de signifier qu’il risque d’être désormais beaucoup moins tolérant qu’auparavant vis-à-vis des éventuels débordements qu’il pourrait constater. Les Grecs ont pour ainsi dire gagné, l’ordre doit revenir au plus vite, sinon il ne se privera pas de le restaurer de vive force, et avec le soutien des troupes d’Athènes qui plus est.
Message bien compris par Grivas et ses hommes : la joie explose dans les quartiers grecs de Limassol et le drapeau bleu et blanc flotte sur de plus en plus de bâtiments. L’archevêque Makarios envisage déjà une grande messe d’action de grâces, en remerciement pour « la bénédiction que représente l’arrivée de nos frères. »
L’évolution de la situation est très vite connue des Turcs. La TMT cède à l’abattement – ses membres les plus acharnés envisagent à présent de vagues opérations de guérilla. Cependant, l’armée britannique dépêche dans les zones “turques” des représentants, chargé de négocier les termes d’un désarmement dans l’honneur et – surtout – dans le calme. Ces délégués ne se priveront pas d’évoquer la présence de très nombreux réfugiés musulmans sur la base RAF-Nicosie – le Royaume-Uni est neutre dans les conflits entre Turcs et Grecs, on peut lui faire confiance…
Tard dans la nuit, la situation est jugée suffisamment sûre pour que des patrouilles puissent commencer à sortir des bases britanniques pour restaurer l’ordre public et venir en aide aux blessés. En armes, c’est vrai – mais sans avoir besoin de s’en servir.[/i]
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Imberator



Inscrit le: 20 Mai 2014
Messages: 5466
Localisation: Régions tribales au sud-ouest de Nîmes.

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 02:46    Sujet du message: Répondre en citant

C'était logique, tous ont su raison garder. Pourtant quand on nous avait annoncé du spectacle, j'ai bien cru que les choses allaient dramatiquement dégénérer.
_________________
Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Dronne



Inscrit le: 30 Jan 2014
Messages: 620
Localisation: France

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 05:58    Sujet du message: Répondre en citant

Et le ballet nautique?
_________________
Cinq fruits et légumes par jour, ils me font marrer! Moi, à la troisième pastèque, je cale..
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9358
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 09:54    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Et le ballet nautique?


Celui-là ?




_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste


Dernière édition par demolitiondan le Jeu Sep 26, 2019 15:18; édité 2 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
egdltp



Inscrit le: 07 Jan 2011
Messages: 475
Localisation: Cher

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 10:29    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe illustration.Merci Dan.
Puis je demander si il y aura un schéma avec l'intervention de la RN ?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9358
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 10:32    Sujet du message: Répondre en citant

Ben y aura pas grand chose à dessiner ... Tu veut dire sur la carte principale ?
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Alias



Inscrit le: 06 Juil 2007
Messages: 793
Localisation: Dans les environs de Genève-sur-Léman

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 10:56    Sujet du message: Répondre en citant

C'est historique, comme événement, ou inspiré d'autres actions?
_________________
Stéphane "Alias" Gallay -- https://alias.erdorin.org
Multi-classé rôliste / historien / graphiste / fan de rock-prog / utilisateur de Mac
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé Visiter le site web de l'utilisateur
demolitiondan



Inscrit le: 19 Sep 2016
Messages: 9358
Localisation: Salon-de-Provence - Grenoble - Paris

MessagePosté le: Jeu Sep 26, 2019 11:16    Sujet du message: Répondre en citant

Totalement FTL - avec un vague gout de 1974 OTL !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1944 - Europe du Sud Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8  Suivante
Page 4 sur 8

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com