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Avril 1944, version complète
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 11:08    Sujet du message: Avril 1944, version complète Répondre en citant

Enfin, rien n'est jamais complet…
En avril, par exemple, on n'a pas grand chose sur le Pacifique proprement dit, mais il ne s'y passe rien de très marquant.
Si quelqu'un n'est pas de cet avis, qu'il n'hésite pas à prendre la plume pour nous raconter ce qui manque ! Wink

Sinon, vous reconnaitrez les participations d'Anaxagore, Hendryk, Patzekiller (par ordre alphabétique - et j'en oublie sûrement).
J'ai "normalisé" le tout dans la présentation FTL, j'ai aussi allégé certaines références "manga-esques" et autres.

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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 11:22    Sujet du message: Répondre en citant

Avril 1944
2 – La guerre en Asie-Pacifique
La Birmanie reconquise et Canton libérée

1er avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Le génie de la 19e Division Indienne renforce le pont entre Tamok et Lutlut puis s’attelle à la tache à Kyaukpa, où le contact est enfin pris avec les Chindits de Wingate. En attendant, les dix LCT qui ont participé à Horseman et qui assuraient depuis la chaîne logistique sur la Tavoy permettront la traversée à ce niveau. Le reste de la division contourne la langue de terre et atteint Kywegu en soirée.


2 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Les premiers éléments de la 8e Division Indienne traversent le pont de bateaux monté à Kyaukpa pour atteindre officiellement Mergui et relayer les Chindits des 77e et 111e Brigades. La 19e Indienne, elle, continue sur sa lancée ; en fin de journée, elle a dépassé Sindin.

Opération Fauconneau / Falconet
Rangoon
– Extrait du rapport final du colonel d’Astier de la Vigerie
« En dix-huit mois, la mission Fauconneau/Falconet a remporté de nombreux succès, même si, comme nous le verrons, le concept est largement perfectible.
1 – Renseignement : l’obtention de renseignements utiles était la raison première de la mission et son succès a dépassé les objectifs fixés. Non seulement les équipes ont pu obtenir des mises à jour régulières de l’ordre de bataille ennemi et des informations sur ses dispositifs défensifs, mais les informations sur le moral de la population et ses relations avec l’occupant ont été d’un grand intérêt. L’idée d’utiliser des autochtones ayant des liens familiaux dans le secteur pour leur servir de couverture s’est révélée très pertinente.
2 – Contact avec les mouvements de résistance : c’était une autre bonne idée, dans la mesure où le terreau social a répondu favorablement. Cependant, à trop cloisonner pour ne pas compromettre notre présence, certains patriotes, n’étant pas encadrés sérieusement, se sont retrouvés en position “sauvage”, ce qui s’est avéré contre-productif. Par exemple, les premières attaques contre des postes de garde au nord, il y a environ huit mois, auraient pu se retourner contre nous si les Japonais avaient mené une enquête sérieuse et méthodique, additionnant les indices quant à la provenance des armes utilisées. Et la révolte de Kye, menée trop tôt par des éléments impatients d’en découdre (ou exaspérés) a conduit à un massacre d’innocents. Il faut donc savoir encadrer les mouvements et c’est à ce niveau que doivent se faire les cloisonnements.
3 – Préparation de l’opération Hatchet et intendance : les caches et dépôts clandestins destinés à soutenir la progression d’une colonne ont peu servi. Il faut dire que le concept de base, en deux ans, avait largement évolué : au départ, il s’agissait de soutenir une colonne en pénétration profonde sans ravitaillement, et c’est finalement une base arrière ravitaillée par air qui s’est installée. Là encore, l’idée d’utiliser des autochtones avec une couverture fut excellente puisqu’en un an, les hommes de la section du génie birmane qui nous ont rejoints et se sont installés sur place en tant que paysans ont défriché (à la main) et préparé un véritable aérodrome qui a permis les opérations de la 3e Division Indienne.
Il est heureux que les idées de base aient évolué, car notre stratégie de l’écureuil était une préparation trop ou pas assez forte. Trop car la quantité d’armes, de munitions et de matériels enterrés aurait permis de soutenir les mouvements de Résistance dès avant l’offensive ; je ne serais pas étonné que l’on retrouve encore dans plusieurs années des caches de matériel. Pas assez puisqu’elle n’aurait pu suffire à entretenir une force susceptible d’intervenir sur les arrières des Japonais ; il a fallu pour cela que le concept évolue vers une vraie base arrière fortifiée. »

………
Journal de Jean-Marie de Beaucorps
« Nous avons fait aujourd’hui la jonction avec les troupes alliées venues du nord. Dans quelques jours je dormirai dans un vrai lit, avec de vrais draps, pour la première fois depuis presque deux ans. Je ne sais pas encore ce que je vais faire ensuite. Vais-je demander à rentrer en France ? Mais le temps d’arriver, la guerre sera peut-être finie ! Vais demander à aller en Indochine ? Ça barde là-bas et ce serait une occasion d’utiliser ma connaissance de la jungle dans un cadre français. A moins de prolonger l’aventure en Malaisie avec les Fauconneaux (je préfère ce nom à “2e Groupement de Choc”) ? Les Anglais nous feront bien une place !
Le colonel a sans doute la réponse – en attendant, il nous a promis un gueuleton d’anthologie dans le meilleur restaurant de Rangoon. Je pense qu’à l’apéro, il y aura un moment de silence pour repenser à tout ce que nous avons vécu, mes frères Fauconneaux et moi, depuis deux ans. »


Guerre sino-japonaise
Naissance de la XXth Air Force
Washington
– C’est à l’initiative du général Arnold qu’est officiellement créée la XXth Air Force. Arnold en assumera personnellement le commandement à l’échelon du Joint Chief of Staff et le général Kenneth Wolfe assurera le commandement opérationnel. Cet inhabituel organigramme a deux raisons. La première, c’est que la XXth Air Force a une vocation exclusivement stratégique : frapper le Japon même, laissant à d’autres unités les opérations tactiques sur le théâtre asiatique – Arnold veut donc éviter que Wedemeyer ou Chennault (et plus encore Tchang !) aient la moindre autorité sur cette nouvelle unité. La deuxième, c’est qu’elle va être équipée d’un tout nouveau bombardier lourd, de conception révolutionnaire, le Boeing B-29 Superfortress ! Cet appareil est capable d’emporter une charge de bombes supérieure à tout autre avion existant, à une altitude et à une vitesse qui le mettent à peu près à l’abri de tout risque d’interception. Sa mise au point a cependant été particulièrement longue et laborieuse, à tel point qu’il a été décidé de ne pas prévoir son déploiement en Europe, où la victoire est attendue dans les mois qui viennent. C’est uniquement contre le Japon qu’il va être employé, dans le cadre d’un programme de bombardement stratégique à outrance dont on espère qu’il mettra à genoux l’Empire du Soleil Levant.
Quelques-uns, parmi les généraux américains les plus hauts gradés, savent que le B-29 est aussi capable de servir de vecteur à une bombe “spéciale” en cours de développement sur un site ultra-secret au fin fond du Nouveau-Mexique, une bombe qui relèguera au rang de pétard les plus puissants explosifs connus… Et même si cette future arme n’existe pas encore, la Superfortress peut d’ores et déjà emporter dans ses soutes jusqu’à neuf tonnes de charge utile, de quoi faire pleuvoir le fer et le feu sur les orgueilleuses cités nippones. Arnold baptise ce beau programme “opération Matterhorn”. Il confie sa mise en œuvre au 58th Bombardment Wing (Very Heavy) de la XXth Air Force.


3 avril
Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– A la tombée de la nuit, la 130e Division japonaise lance une nouvelle contre-attaque. Cette fois, elle tente de prendre en tenaille les éléments avancés de la 52e Armée chinoise dans l’est de la vieille ville. Bénéficiant du soutien de l’artillerie des destroyers Tsuga et Kaii, les soldats japonais parviennent à reprendre plusieurs pâtés de maisons. La situation est d’autant plus préoccupante pour les forces chinoises que le ravitaillement en munitions a pris du retard. Leur propre artillerie ne peut offrir qu’un soutien parcimonieux et il arrive à l’infanterie d’être à court de balles et de grenades. Néanmoins, les hommes n’hésitent pas à se battre à l’arme blanche, mode de combat que les Nippons sont loin d’éviter. La situation reste longtemps indécise mais finalement, en fin de nuit, les Japonais battent en retraite.


4 avril
Campagne d’Indochine
Le Laos nouveau est en gestation
Vientiane (Laos)
– Une importante réunion a lieu pour officialiser les décisions prises depuis la Libération. Elle est présidée par le prince Phtetsarah Rattanavongsa (fondateur des Lao Issara et ancien Premier ministre du roi Sisavang Vong). Est également présent son demi-frère, le Premier ministre Souphanouvong (le “Prince Rouge”), qui lui avait succédé à la tête des Lao Issara au moment de l’invasion japonaise et dirige depuis leur dissolution le parti Pathet Lao (Pays des Laos) qui lui a succédé. Le chef de l’opposition, le prince Souvanna Phouma, représente le parti de droite neutraliste (indépendantiste et nationaliste modéré) – incidemment, c’est aussi le frère cadet de Phtetsarah Rattanavongsa. Ont également été invités Jean Sainteny, en tant que commissaire de la République française pour l’Indochine, Pham Van Dong (le bras droit d’Hô Chi-Minh) pour le Front National Uni du Vietnam, et l’ambassadeur de la Thaïlande au Laos. Le bâtiment où se déroule la conférence est pour l’occasion abondamment pavoisé. Le drapeau royal rouge orné de l’éléphant blanc est à la place d’honneur, mais il est encadré du drapeau rouge et bleu orné d’un disque blanc du Pathet Lao et du tricolore de la République française…
C’est justement à Jean Sainteny, en tant que représentant de la puissance encore tutélaire, que revient l’honneur d’ouvrir les débats. Après un bref résumé des événements des derniers mois, le commissaire de la République entre dans le vif du sujet. La France, par la signature de son président du Conseil, le général de Gaulle, a validé le projet de modification de la constitution du royaume du Laos que le Premier ministre Souphanouvong lui avait soumis. Le titre de vice-roi, aboli en 1920, est rétabli au profit du prince Phtetsarah Rattanavongsa, à condition que ce dernier renonce à ses droits sur la couronne. Les attributions royales sont élargies. Au sein de l’administration du royaume, une politique de remplacement des fonctionnaires vietnamiens par des Laotiens sera poursuivie pour permettre une plus grande autonomie du protectorat. Toutes ces décisions confirment la politique poursuivie avant-guerre par le prince Phtetsarah Rattanavongsa.
Le nouveau vice-roi prend la parole à son tour. « L’occupation étrangère, déclare-t-il, a été durement ressentie au Laos, non seulement du fait de la perte de territoires, mais aussi en raison de l’aliénation culturelle engagée par les ennemis du peuple lao. » Plus d’un regard se tourne vers l’ambassadeur de Thaïlande, mais ce dernier reste figé dans une attitude d’attention polie, comme si cette pique ne le concernait pas. Le prince continue : « Après de durs combats, les Japonais ont été chassés de nos terres. Il convient à présent de soigner les dégâts insidieux infligés par leur propagande. L’ennemi s’est attaqué à notre culture, la rabaissant pour que nous nous sentions inférieurs. Je propose donc la fondation d’une association culturelle que nous nommerons Lao Nhay, afin de promouvoir l’identité lao et son développement dans notre pays. »
Après quelques applaudissements, c’est au Premier ministre Souphanouvong d’intervenir. Contrairement aux intervenants précédents, le chef du Pathet Lao pose sur le pupitre une liasse de documents. Il ne parlera pas de mémoire, mais lira un programme en dix-huit points.
………
En premier lieu, les principales factions du pays s’uniront sous le nom de Conseil Politique National de Coalisation (CPNC). Ce conseil aura pour charge d’inspirer le Gouvernement Provisoire d’Union Nationale (GPUN) qui assurera la direction du Laos jusqu’à la tenue d’élections démocratiques.
Afin d’éviter l’usage de la violence et toute tentative de coup d’état, Vientiane (la capitale administrative) et Luang Prabang (la capitale royale) seront neutralisées. Les bandes armées des différentes factions n’auront pas le droit d’y entrer. La police thaïlandaise (!) sera chargée de maintenir l’ordre dans ces deux villes, le gouvernement de Bangkok recevant en échange une compensation financière versée par le GPUN.
Le Prince Rouge évoque ensuite la poursuite de la guerre contre le Japon, mais il n’oublie pas la politique intérieure. Il faut contrôler le prix du riz, qui a quintuplé depuis le début de la guerre – les manifestations contre la vie chère qui se multiplient dans le pays. Une “université populaire” sera créée à Vientiane pour rééduquer les fonctionnaires les plus corrompus [Cette université sera bientôt déplacée à Sam-Neua (en zone Pathet Lao), parce que les fonctionnaires de la capitale administrative se révéleront aussi corrompus que ceux qu’ils étaient chargés de rééduquer.]. La création du “Mouvement des 21 Organisations” permettra de fédérer les mouvements politiques et syndicaux proches du Pathet Lao regroupant fonctionnaires, professeurs, étudiants, paysans et militaires. Ses membres auront la charge de former politiquement la population lors de réunions organisées dans les pagodes, les bureaux et les casernes.
Le modèle conseil-gouvernement est étendu au niveau national avec la formation dans chaque village, district et province d’un “conseil d’administration” comprenant des représentants de toutes les classes sociales. Ceux-ci élisent à leur tour un “comité exécutif” en charge de la gestion administrative, dont ils orientent et contrôlent l’action.
………
En résumé, le programme en 18 points cherche à éveiller la conscience politique de la population, pour lui faire comprendre la nécessité de remplacer l’ancienne administration corrompue par des Laotiens honnêtes. Le but final est l’indépendance du pays et l’élection d’un gouvernement démocratique.
Le Premier ministre Souphanouvong termine son intervention en présentant la composition de son gouvernement remanié, dit « d’union nationale » bien que les quatre cinquièmes des portefeuilles reviennent au Pathet Lao.
Ce gouvernement ne comprend qu’un seul Français, Charles Rochet, qui reprend le poste de ministre de l’Education qu’il occupait déjà avant l’invasion japonaise. Ses efforts pour la revitalisation de la culture laotienne et son soutien à l’association culturelle Lao Nhay le rendront incontournable. Toutefois, il s’opposera au vice-roi en proposant l’introduction de l’alphabet latin pour retranscrire le laotien.


5 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– La 19e Division Indienne atteint Wachaung, où les généraux Wynford-Rees et Wingate se rencontrent et se congratulent. L’ennemi semble avoir disparu, il semble qu’il aurait évacué la Birmanie. Le chef des Chindits met ses hommes à la disposition de la 19e Indienne pour faciliter sa progression.
En fin de journée, la 251e Brigade Blindée Indienne arrive à Wachaung après avoir refait le plein de ses chars à Mergui, où le premier cargo allié depuis deux ans décharge du ravitaillement.

Guerre sino-japonaise
Pure Lumière
Canton
– Dans les quartiers de Canton libérés de l’occupant japonais, la journée de la Pure Lumière est fêtée avec une ferveur reconnaissante. Au cours de ce festival dont les origines remontent à la Période des Printemps et des Automnes, au premier millénaire avant notre ère, les familles se rendent sur les tombes de leurs aïeux pour brûler rituellement des offrandes destinées aux mânes des défunts. Mais cette année, personne ne fait éclater les traditionnels pétards : tout le monde a plus que son compte de détonations… Pour les soldats, c’est l’occasion de faire le deuil de leurs nombreux camarades tombés au combat depuis le début de l’opération.
Quant à Li Zongren et son état-major, ils décident de s’offrir un moment de répit. Pour cela, ils se rendent très officiellement dans une maison de plaisirs réputée de Xiguan. Les pensionnaires de l’établissement se répandent en démonstrations de gratitude, expliquant qu’elles ont été forcées durant toute l’Occupation de recevoir des officiers japonais, qui exigeaient d’elles des prestations gratuites sous peine d’être envoyées rejoindre les « femmes de réconfort » des sordides bordels gérés par l’armée japonaise à l’intention des hommes de troupe. Le temps d’une trop brève pause, les généraux chinois oublient les horreurs de la guerre en compagnie des jeunes courtisanes qui leur servent à boire, portent délicatement à leur bouche des mets raffinés et accompagnent les plus entreprenants vers les chambres à l’étage. La plus jolie d’entre elles sort un pipa [Instrument à cordes pincées proche du luth.] de son étui, et, l’ayant accordé, entonne de sa voix aiguë un chant inspiré des vers du poète Du Mu, qui vécut sous la dynastie Tang :
"C’est le jour des défunts
La pluie ne cesse de tomber
Ceux qui sont loin de chez eux
Ont d’autant plus de tristesse
Où trouverai-je une auberge ?
Un jeune berger pointe un village
Dissimulé par des fleurs d’abricotier…"

Et tous ces hommes de guerre, endurcis par des années de combats sans merci, laissent couler leurs larmes…


6 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– La 19e Division Indienne se remet en marche et atteint Karathuri, où l’attend la 14e Brigade des Chindits. Chemin faisant, elle occupe l’ex premier aérodrome de la zone de défense aérienne de Kampong Ulu, Taugkamet, où était basé le 103e Sentai avant son départ pour la Malaisie. Aussitôt, le génie de la division, aidé des sapeurs de l’Air Commando, se met au travail pour réparer la piste.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Après un long pilonnage d’artillerie, le général Liao lance de nouveau sa 22e Division à l’assaut de l’île Shamian, mais malgré leur entêtement, les soldats chinois sont encore une fois repoussés avec de lourdes pertes. Les défenseurs ont détruit le pont dit « des Anglais » (puisqu’il donne sur la partie de l’île concédée aux Britanniques) mais continuent de recevoir des renforts par le pont dit « des Français » (puisqu’il donne sur la partie concédée aux Français), qui communique avec la ville nouvelle, encore tenue par les Japonais.
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patzekiller



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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 12:53    Sujet du message: Répondre en citant

c'est pas plus mal d'avoir cette redif Razz
ça va me permettre de terminer et de livrer mai 44 italie
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 13:09    Sujet du message: Répondre en citant

Bien entendu, la rediffusion Asie-Pacifique sera suivie des fichiers Europe et autres.
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patzekiller



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MessagePosté le: Mer Oct 31, 2018 16:32    Sujet du message: Répondre en citant

je précise pour mai 44 Italie, il ne me reste plus que les coloriages aériens et une ou deux relectures...mais ça devrait déborder jusqu'à la semaine prochaine (j'espère) Wink
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2018 10:43    Sujet du message: Répondre en citant

7 avril
Campagne d’Indochine
Coutumes locales
Mangrove de Can Giao (Cochinchine, à 40 km de Saigon)
– La mangrove est un enfer végétal pourrissant. Mais pour le “major” Jean-Louis Delayen, il s’agit d’un cadre habituel, un lieu aussi ordinaire que les trottoirs de Paname pour un Parisien. Pourtant, il a le dos moite, couvert d’une transpiration glacée qui ne doit rien à la température tropicale.
C’est que Delayen n’est pas seul : il se trouve sur une jonque, entouré d’une cinquantaine de Binh Xuyen. Des malfrats de la pire espèce, pirates, bandits de grand chemin, proxénètes, vendeurs d’opium, formant la cour du “général” Bai Vien à qui la jonque sert de QG flottant. En guise de distraction, on vient de faire débarquer, grâce à une petite embarcation, deux prisonniers solidement encadrés par des brutes armées. Tandis qu’on les ligote aux troncs de deux palétuviers émergeant de l’eau saumâtre, les prisonniers hurlent des supplications terrifiées. Delayen se tourne vers Bai Vien.
– Qui sont ces hommes, mon général ?
– Des traîtres, major.
– Qu’allez-vous leur faire ?

Dans la pénombre nocturne, à la médiocre lumière de quelques torches fuligineuses, il ne faut pas beaucoup d’imagination pour qualifier de démoniaque le sourire du maître de la Triade.
– La mangrove est un milieu particulier, une forêt dans l’estuaire d’une rivière. L’eau y est salée, mais moins qu’en mer. Quant aux habitants…
Le cri d’un des prisonniers fait frémir Delayen. L’homme se débat violement… Son voisin hurle à son tour, de douleur et de terreur.
– Ah… voilà nos invités. À marée basse, les crabes remontent dans la mangrove et s’installent sur les palétuviers. Tu sais, ce sont des nécrophages. Ils s’en prennent aux cadavres pris dans les racines… mais aussi à tout ce qui est immobilisé, mort ou vivant.
Jean-Louis Delayen met la main sur le Colt à sa ceinture, mais plus de dix hommes armés suivent le moindre de ses gestes… Tenter d’achever les prisonniers serait un suicide ! Sont-ils vraiment des traîtres ? Où n’est-ce qu’une mascarade sanglante imaginée pour le terrifier, un avertissement pour le rappeler à ses engagements ? Delayen chasse la colère de son esprit – même s’il est difficile de faire abstraction des cris des deux malheureux et des rires de leurs bourreaux.
– Vous avez reçu les munitions, quand allez-vous organiser la libération de Poulo Condore ?
– Je n’ai pas encore reçu les mitraillettes promises.

Le “major” Delayen a envie de démolir le sinistre individu qui lui faisait face, de lui enfoncer le nez à coups de poing, de lui briser les dents et la mâchoire, de l’entendre couiner – le fantasme vire à l’hallucination. Les poings serrés à s’en blanchir les articulations, le chef du commando Pirate se contient.
– Il n’y a pas actuellement de Thompson disponibles en Indochine. Nous avons demandé en Birmanie, mais l’approvisionnement de la Chine est actuellement prioritaire. Ici, en Cochinchine, vous êtes au bout d’une très longue chaîne logistique, prenez-en conscience. Nous vous avons obtenu une grande faveur : le sous-marin Casabianca doit bientôt quitter l’Australie, il apportera ce que vous avez demandé.
– Et quand cela ?
– Dès que possible ! Un sous-marin, ce n’est pas un avion ! Vous les aurez vos mitraillettes, général. Pour vous, le Casabianca va traverser des mers tenues par l’ennemi et où patrouillent des navires hostiles, rien que pour vous ! Vous savez où se trouve l’Australie, général ? Vous pouvez compter toutes les îles tenues par les Japonais entre le Vietnam et l’Australie ?
– Ne le prends pas ainsi, petite tête !
– Général Bai Vien, j’ai répondu à votre question, la moindre des politesses serait de répondre à celle que je vous ai posée.

Les deux hommes s’affrontent du regard. Delayen est seul et sans allié sur cette jonque. Sans autre allié, du moins, que la cupidité de son interlocuteur. Bai Vien sourit.
– N’ayez crainte, j’ai déjà rassemblé mes troupes et mes navires. Donnez-moi encore quatre ou cinq jours et nous pourrons commencer.
– Cinq jours ?

Bai Vien hésite un instant.
– Oui, cinq jours. Et de votre côté ?
– Nous serons prêts quand vous le serez.

………
Jean-Louis Delayen rentre à Saigon à trois heures du matin. Comme d’habitude, le sergent “Roger” attend son jeune chef sans montrer d’impatience. Rageur, Delayen vide son sac.
– Il y a des salauds sur cette Terre… des crevures irrécupérables.
– Oui, mon lieutenant.
– Je rêve d’un grand trou où on les enterrerait tous, et on oublierait où !
– Je suis certain que nos gars adoreraient le creuser.
– Ah ! Oublie ça…
– C’était dur, mon lieutenant ?

Delayen raconte rapidement. Roger hoche la tête tout du long sans mot dire.
Bon, on a des ordres… et le pseudo-général Bai Vien est une petite pointure, comparé à Hitler ou à Hiro-Hito. Un artisan du massacre qui tient une petite boutique et qui n’aura droit qu’à une note de bas de page dans les livres d’histoire.
Bon Dieu, mais qu’est-ce que ce salopard va faire avec cent Thompson ? C’est avec ce type d’arme qu’Al Capone a organisé le massacre de la Saint-Valentin. Aucun doute : la célèbre mitraillette va bientôt faire de nouvelles victimes, vietnamiennes cette fois.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– A force d’obstination et de sacrifices, les 5e et 52e Armées finissent par faire leur jonction dans le centre de la vieille ville, coupant en deux les forces japonaises : celles-ci tiennent encore les quartiers nord de Canton intra-muros, ainsi que la ville nouvelle le long du fleuve. Dans la zone libérée par la 52e Armée se trouve un bâtiment dans lequel des partisans résistent depuis près d’un mois à toutes les tentatives japonaises de les déloger !
………
Les officines de prêt sur gages sont, dans le sud de la Chine en général et à Canton en particulier, une institution multiséculaire. De tout temps, quand un Chinois avait un besoin urgent de liquidités, le moyen le plus rapide d’en obtenir était de placer quelque bien en gage chez un prêteur. A la fin du XIXe siècle, Canton comptait plus de 400 commerces de ce type, regroupés en de puissantes guildes ; leur nombre a diminué avec l’implantation des banques modernes, mais chaque quartier en compte encore quelques-uns. Leur symbole est une chauve-souris tenant une pièce d’or, car cette créature mal perçue en Occident est considérée comme porte-bonheur dans l’Empire du Milieu, son nom se prononçant comme le caractère « bonne fortune ».
Or, pour entreposer les biens en lieu sûr, de nombreux prêteurs se sont fait bâtir d’imposantes tours aux murs épais et aux fenêtres étroites, à l’épreuve du feu, des inondations et bien sûr des voleurs. Certaines sont de véritables donjons comportant jusqu’à sept étages, qui s’élèvent çà et là au cœur de la vieille ville. Les insurgés ont réussi à prendre les Japonais de court et à se retrancher dans plusieurs d’entre eux, les transformant en blockhaus. Les Nippons n’ont pu les reprendre qu’en utilisant l’artillerie et au prix de lourdes pertes, et quand l’attaque de la ville par l’armée régulière chinoise a interrompu les assauts japonais, l’un des entrepôts tenus par les Partisans résistait encore, formant une irritante poche au milieu de la zone contrôlée par l’Occupant : des tireurs embusqués y prenaient pour cible tout soldat, et de préférence tout gradé qui se risquait à découvert à portée de fusil. Au bout de 27 jours, le siège japonais est finalement levé par l’avancée de l’armée chinoise et les défenseurs survivants, épuisés mais au comble de la joie, hissent triomphalement le drapeau nationaliste sur le toit du bâtiment grêlé d’impacts. La scène sera reconstituée pour les besoins de la propagande le lendemain, aucune caméra n’étant présente pour la filmer sur le vif. La tour sera surnommée « le nouveau Sihang », en référence au siège de l’entrepôt Sihang lors de la bataille de Shanghai en 1937, et ses défenseurs les « Cent Héros ». Après la fin de la guerre, l’endroit deviendra le musée du Soulèvement de Canton.


8 avril
Campagne d’Indochine
Un sous-marin français à Saigon
Arsenal de Saigon
– Remontant lentement la rivière de Saigon, le sous-marin Monge avance dans la nuit, précédé par une lame d’étrave fluorescente. En dépit de l’heure tardive, deux hommes d’équipage sont occupés à envoyer un grand pavillon tricolore.
Lorsqu’il accoste, les toutes neuves autorités civiles et militaires de la ville – dont un représentant de l’empereur Bao Dai – accueillent le navire français avec joie malgré les décombres qui jonchent encore les quais. Il faut dire qu’il s’agit du premier navire de l’ex-puissance colonisatrice à toucher un port vietnamien depuis la chute de Saigon par les Japonais au moment de l’invasion de 1941-42. Des photographes et même un cameraman sont présents – la cérémonie, avec lever du drapeau sur l’arsenal, Marseillaise et équipage en tenue tropicalisé au garde-à-vous, sera largement diffusée dans les journaux de l’Indochine libérée et les salles de cinéma alliées.
Avec les deux autres navires du “2e Groupe Hydrographique” (Fresnel et Henri Poincaré), le Monge reprend ainsi en direction du Vietnam les missions de transport d’armes, d’agents et même de commandos qu’ils ont effectuées durant trois ans en Méditerranée. Ces trois sous-marins de 1 500 tonnes feront bientôt une navette régulière entre l’Australie et le Vietnam, assurant un mini-ravitaillement des forces alliées en Indochine. Le Casabianca s’ajoutera bientôt officiellement à leur petite escadre.
En moyenne, un de ces bâtiments sera à quai une fois tous les vingt jours à Saigon (ou plutôt à Cam Ranh, pour les suivants : le port est d’accès plus commode et le séjour est plus sûr, s’il est moins médiatique). Vu les besoins de l’Indochine, ce ne sera qu’une goutte d’eau dans l’océan. Toutefois, le symbole politique pèsera d’un poids réel dans les équilibres de la région à la fin la guerre… et dans les suites du conflit.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Tandis que la 195e Division se dispose en posture défensive côté sud, le reste des 5e et 52e Armées concentrent leur attention sur le nord de la vieille ville, où la zone tenue par les Japonais forme une poche qui va en se rétrécissant inexorablement. Le gros de la 130e Division japonaise s’y trouve piégé et ses stocks de munitions s’amenuisent.

Hong Kong – Dix-sept B-24 du 68e Composite Wing surgissent au-dessus de la ville, a relativement basse altitude. S’ils sont encore escortés de huit P-51, c’est pour le principe : les Japonais ne semblent plus vouloir risquer les quelques chasseurs qui leur restent dans des tentatives d’interception coûteuses en avions… et en pilotes. L’objectif du jour est justement l’aéroport de Kai Tak. Malgré une DCA mordante (qui parvient à abattre deux Liberator), il subit d’importants dégâts : les deux pistes sont éventrées par des bombes de forte puissance tandis que plusieurs hangars sont réduits à l’état de gravats. Les Mustang se livrent également à des passes de mitraillage qui détruisent au sol plusieurs avions.
En fait, les Japonais, pressentant un tel raid, ont évacué Kai Tak quelques jours plus tôt : les appareils encore en état de voler et leur train logistique ont été déplacés vers une base de repli discrètement aménagée à Sha Tin, là même d’où, le 18 mars 1911, s’était envolé le tout premier avion à survoler Hong Kong (un Farman III piloté par le Belge Charles Van den Born et baptisé Spirit of Sha Tin). Seuls ont été laissés sur place des appareils hors d’usage, pour donner le change.


9 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Pendant que les troupes du XVe Corps Indien continuent leur progression, le Calcutta Light Horse (50e Brigade Blindée indienne) atteint la frontière thaïe, à Aye Chan Thar Yar.

Campagne d’Indochine
Objectif Poulo Condore
Palais du Gouverneur Général, siège (provisoire) du gouvernement impérial du Vietnam (Saigon)
– La salle est élégamment pavoisée de la bannière personnelle de l’Empereur (d’or avec un dragon rampant de gueules) et des drapeaux de l’Empire du Vietnam, du Vietminh, de l’Union Indochinoise et de la République française. Divers secrétaires et représentants des pouvoirs civils assistent à la conférence donnée par trois militaires (ou supposés tels) : le “général” Bai Vien, le colonel Vo Nguyen Giap et le “major” Jean-Louis Delayen. Il est curieux de noter que Giap – l’ancien instituteur – est le seul des trois à avoir réellement le brevet de son grade (encore certains militaires français lui contesteraient-ils ses galons…). Delayen “fait fonction de” et Bai Vien s’est auto-proclamé général.
Jean-Louis Delayen a raconté à Giap ses deux précédentes rencontres avec le “général”. Le Vietminh l’a écouté sans l’interrompre. Mais ses yeux ont jeté des éclairs lorsque le Français en est arrivé aux prisonniers dévorés vivants par les crabes. En 1939, une véritable chasse aux communistes s’est abattue sur l’Indochine à la suite du pacte germano-soviétique, de l’invasion de l’est de la Pologne par l’URSS et de la mise du PCF au ban de la République. Si Giap a réussi à se cacher, son épouse Nguyen Thi Quang Thai est restée plus d’un an et demi en prison. Elle en est ressortie profondément affaiblie [Historiquement, la femme de Giap est morte en prison. Ici, l’assouplissement des positions de la République française en exil vis-à-vis des communistes vietnamiens lui vaut de sortir avant l’invasion japonaise, tandis que Giap peut revenir de son exil en Chine au même moment et non en 1944.]. Depuis, le colonel hait ceux qui abusent de leur pouvoir sur les faibles et les innocents. Les despotes au petit-pied le révoltent, qu’ils soient Français, Japonais… ou Vietnamiens. L’invasion japonaise lui a démontré qu’il y avait pire que les colonialistes, et le comportement de certains Vietnamiens a donné une forme d’universalité à son aversion.
Quand Bai Vien prend la parole pour ouvrir les débats, Giap reste de marbre. Avec une patience bien orientale, il écoute l’arrogant chef de la Binh Xuyen parler pour ne rien dire. Une fois vomies ses vantardises, le “général” se rassied. En uniforme de campagne dénué des décorations clinquantes (et imaginaires) de son prédécesseur, le colonel Giap est bien plus discret, mais dès ses premiers mots il apporte des informations claires, pointant du doigt la carte épinglée sur un panneau mobile.
– Le but de l’opération Bastille est de libérer l’archipel de Con Dao… ou de Poulo Condore, si vous préférez… et les nombreux prisonniers politiques détenus dans le pénitencier de la Grande Condore, l’île principale de l’archipel. La garnison japonaise est principalement concentrée dans cette île, que ce soit dans la baie du pénitencier ou dans le camp militaire qui se trouve plus au sud, face à l’îlot Rond. Plusieurs bunkers de sacs de sable et de rondins ont été édifiés le long des côtes de la Grande Condore. La seule autre position militaire notable dans l’archipel est le phare de l’île Hon Bai Can.
Giap s’approche de la carte et poursuit.
– Comme vous le voyez, l’île de la Grande Condore est approximativement en forme de croissant. Il existe trois points de débarquement possibles. La baie nord-est – mais, au delà d’une plage étroite semée de cocotiers, on se trouve immédiatement face à des collines dépassant trois cents mètres. La baie sud-ouest est située presque à l’opposé – la bande de plage est tout aussi étroite et elle est dominée par la cote 600, qui est le point le plus élevé de l’île. La baie du Pénitencier, à l’est, dans la courbe intérieure du croissant, est l’emplacement le plus favorable à un débarquement, avec le seul terrain plat au delà de la plage. C’est d’ailleurs là que se trouve la seule localité de l’île, qui est son seul port. Le problème, c’est que pour l’atteindre, il faut contourner le croissant de la Grande Condore, avec ses nombreux îlots et récifs. De plus, si l’on passe par le sud, on défile sous les yeux de la garnison principale, laquelle est en même temps fort bien positionnée pour couvrir la baie du Pénitencier.
Lorsque le colonel Giap s’interrompt, Delayen lève la main. Lui aussi a bien réfléchi : « Pour résumer, on a le choix entre deux points de débarquement peu pratiques et une plage trop évidente et très bien défendue. »
– Exactement ! De plus, si le but principal de l’opération est bien d’éliminer les Japonais, la libération des prisonniers est un objectif secondaire mais important. Si nous laissons trop de temps à la garnison, il est évident qu’ils en profiteront pour mettre à mort tous les captifs.
– En tout cas, il faut compter une dizaine d’heures de mer en partant de Vung Tau pour atteindre l’archipel. C’est à dire qu’il faut débarquer en une seule fois. D’éventuels renforts ne pourraient être amenés à la Grande Condore que le lendemain.

Bai Vien vient de faire sa première intervention et les autres doivent admettre qu’elle est frappée au coin du bon sens.
Jean-Louis Delayen reprend la parole : « N’oublions pas l’aviation. Les appareils d’Epervier peuvent soutenir les combats au sol, c’est un avantage qui peut être décisif. »
– Mais quelle baie choisir ?
répète Giap.
– On peut tenter un débarquement simultané sur deux d’entre elles, répond Bai Vien.
– Et diviser nos forces ! Une stratégie risquée.
– Les plages nord-est et sud-ouest sont étroites et nous ne pourrions faire débarquer toutes les jonques en même temps sur une seule. En plus, les navires se gêneraient mutuellement.
– Remarquons que les bunkers japonais sont tournés vers la mer, intervient Delayen. Si nous prenons les casemates qui se trouvent face à notre plage, les autres seront indéfendables si on les attaque à revers.

Giap se redresse, le sourcil froncé : « Si je vous suis bien, Major Delayen, vous suggérez de débarquer en un point secondaire, de prendre d’assaut ses défenses, puis d’attaquer un autre site à revers afin de faciliter la mise à terre du reste de nos troupes ? »
– Exactement ! Cela minimiserait nos pertes.

Giap regarde pensivement la carte pendant une longue minute ; puis sa voix se fait pensive.
– Je crois que nous tenons une idée… oui. Nous allons débarquer dans la baie sud-ouest. La cote 600 se trouve entre cette plage et la garnison principale, cela devrait empêcher l’ennemi d’envoyer des renforts autrement qu’en longeant les plages, sous le feu de nos avions. Pendant que nous feindrons un assaut contre la garnison principale pour la fixer, le commando Pirate attaquera à revers les positions japonaises du nord-est de l’île et le débarquement de la seconde vague commencera dans la baie nord-est dès que celle-ci sera sécurisée. Toutes nos forces pourront alors porter la véritable attaque contre l’agglomération de Condore et le pénitencier. Avec un peu de chance, nous les prendrons par surprise et à revers !

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Tandis que les combats font rage dans le nord de la vieille ville, où les Japonais, à court de munitions, cèdent peu à peu du terrain, le général Liao tente pour la troisième fois de prendre l’île Shamian de vive force. Le génie de la 22e Division, couvert par un feu nourri d’artillerie légère ainsi que par les chars du 599e Régiment blindé alignés le long du canal, installe plusieurs ponts flottants. Dix B-25 de la ROCAF, mobilisés pour l’occasion, patrouillent le long du canal, mitraillant tout défenseur qui se risque à découvert et interdisant l’arrivée de renforts par le pont des Français.
Le destroyer Tsuga, qui cherchait à soutenir les défenseurs, attire l’attention des B-25. Ces derniers n’ont aucun entraînement dans l’attaque d’objectifs navals et leurs passes de bombardement ne font que secouer le navire. Cependant, les B-25 mitraillent généreusement les ponts du destroyer, dont de nombreux marins sont tués ou blessés. Le navire bat en retraite vers l’embouchure du fleuve, craignant de s’échouer en tentant d’éviter de nouvelles bombes.
Enfin les soldats chinois parviennent à prendre pied en force sur l’île. Ils investissent méthodiquement les luxueux bâtiments ayant abrité les divers consulats étrangers, que les Japonais ont transformés en autant de fortins. Le dernier à tomber sera le consulat britannique, aux petites heures de la matinée du lendemain.


10 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Opération Black Prince
Province sud-est de la Birmanie
– Les Anglais prennent l’aérodrome de Kampong Ulu, complètement dévasté, et atteignent Kawthaung, à l’extrême sud de la Birmanie, là où la 9e Division nippone s’était embarquée en décembre vers la Malaisie. Le commandant du 1/15e Punjab Rgt, qui a fait ses humanités, ramasse une poignée de sable sur la plage et l’envoie par messager au général Wynford-Rees. Au porteur, il n’a donné que cette consigne : « En lui remettant ce sable, tu lui diras que toute la Birmanie est reconquise. Et s’il te demande : Toute ? Tu lui répondras : toute ! »

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Les derniers nids de résistance japonais dans le nord de la vieille ville finissent par tomber, au terme de trois jours de combats acharnés. Ayant brûlé leurs dernières cartouches, les soldats de ce qui reste de la 130e Division se lancent dans des charges désespérées ou se suicident dans leurs bunkers. Cependant, les Japonais tiennent toujours la nouvelle ville.
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Colonel Gaunt



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2018 16:36    Sujet du message: Répondre en citant

Vraiment toute la Birmanie ? Il n'y a même pas un petit village peuplé d'irréductibles gaulois, euh je veux dire nippon qui résiste toujours à l'envahisseur ?
_________________
Les guerres de religion consistent à se battre pour savoir qui a le meilleur ami imaginaire
Citation vue sur le net


Dernière édition par Colonel Gaunt le Ven Nov 02, 2018 00:24; édité 1 fois
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Nov 01, 2018 21:39    Sujet du message: Répondre en citant

Oh il y a surement une mangrove quelconque. Tiens, ce serait amusant de caler un 'left behind' qui reste jusqu'en 1977 en Birmanie !
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Nov 02, 2018 09:27    Sujet du message: Répondre en citant

11 avril
Campagne de Birmanie et Malaisie
Après Black Prince
Rangoon
– Une réunion d’état-major se tient au plus haut niveau pour un débriefing à chaud de la campagne en présence de tous les responsables opérationnels et de l’ABDAF. La reconquête de la Birmanie est un indéniable succès en dépit de pertes plus élevées que prévues. Si les Japonais ont perdu trois divisions, plus, semble-t-il, une division de l’ANI, la 1ère Division Birmane est hors de combat, la 81e West African Division ne vaut guère mieux et les 7e et 8e Divisions Indiennes ont subi de lourdes pertes – elles sont dans le même état que la 5e DI britannique et la 14e Indienne quatre mois plus tôt et sans la victoire, elles seraient à la limite de la rupture. La 19e Division Indienne s’est bien comportée malgré un taux de pertes dépassant 25 % – par chance, elle a été engagée sur une zone délaissée par les Japonais au début de la campagne.
La 7e Division Indienne est apparue très performante, menant de nombreuses actions de débordement en pleine jungle. Dans toutes les brigades, des officiers et sous-officiers devraient suivre l’entrainement à la guerre dans la jungle, assuré par la 13e Brigade. Il faudra aussi renforcer la dotation des unités du génie en matériel de franchissement, compte tenu des difficultés rencontrées par certaines divisions.
Les deux tiers des blindés sont indisponibles : engagés en soutien direct de l’infanterie sur un terrain difficile, les trois brigades ont eu à souffrir d’un terrain que l’ennemi avait eu quatre mois pour fortifier et d’un potentiel antichar inattendu de la part des soldats du Tenno. Va-t-on les réunir en une grande division blindée à l’européenne ou se contenter de les utiliser séparément pour appuyer les divisions d’infanterie ? La question est laissée en débat.
L’excellent comportement de la brigade parachutiste appelle des commentaires sur l’enveloppement vertical dans ces zones difficiles. Tous les participants sont d’accord pour souhaiter la création d’une vraie division aéroportée indienne, en lui adjoignant des renforts venus d’Europe si le conflit s’achève à temps là-bas. De même, en matière d’opérations spéciales, on note la validité du concept de base fortifiée sur les arrières de l’ennemi, ravitaillée par air grâce à un corps aérien spécifique.
En ce qui concerne l’aviation, on est satisfait de l’utilisation des roquettes. Les nouveaux modèles d’avion se sont bien comportés et ont démontré une supériorité sur le matériel japonais, qui semble stagner. On espère cependant des renforts pour attaquer la Malaisie.
Enfin, si les participants sont d’accord pour célébrer cette victoire, tous reconnaissent que les pertes ont été proportionnellement plus élevées que celles de l’opération Tiger, en octobre. Cependant, chacun est optimiste pour la future opération Dracula, puisque la mousson prochaine laissera le temps de recompléter toutes les unités, sans parler des renforts attendus.

Singapour – Les Japonais eux aussi examinent les conséquences de la perte de la Birmanie.
Après avoir noté comme une évidence le besoin urgent de renforts en hommes, en avions et en blindés pour tenir la Malaisie, il est décidé de rappeler à l’état-major impérial, à Tokyo, le fait que le bon approvisionnement de la Mère Patrie en pétrole indonésien dépend de la capacité à défendre Singapour, mais que l’Armée ne pourra assurer correctement sa mission sans une pleine coopération de la Marine. Il faudra renforcer la défense des côtes puisque l’ennemi ne pourra arriver qu’en débarquant, la Thaïlande jouant, par sa neutralité, le rôle d’un bouclier bienvenu. Une nouvelle fois, la responsabilité de la Marine est mise en cause : après son relatif succès du mois d’avril de l’an dernier, elle s’est montrée incapable d’empêcher les Alliés de mener des opérations amphibies sur les côtes birmanes. Cette incapacité ne saurait être masquée par le succès de l’opération d’évacuation effectuée entre la Birmanie et la Malaisie ! Cependant, la dite Marine a pour l’heure d’autres soucis…
On signale que la plus grande partie de l’ANI a disparu dans la bataille et que ses éléments n’ont eu un comportement correct qu’en présence de cadres japonais – un tel encadrement s’impose donc pour ce qui en reste. En revanche, la perte de trois divisions japonaises (12e, 55e et 71e) est presque passée sous silence. Tout au plus est-il affirmé que ces trois divisions se sont sacrifiées dans l’honneur, en causant suffisamment de pertes à l’adversaire pour « lui interdire de violer la neutralité thaïe ». Enfin, la perspective de la mousson prochaine permet d’envisager sous les meilleurs auspices l’acheminement de renforts aux défenseurs de Singapour et de la Malaisie, malgré la situation en Indochine, où les forces japonaises sont à présent à peu près confinées à la région d’Hanoi et Haiphong.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Le gouverneur-général Rensuke Isogai donne l’ordre au général Tanaka de commencer la destruction des installations portuaires de la ville. Canton est de toute façon perdue pour les Japonais et pour des raisons de prestige, Isogai considère que la priorité est désormais de défendre Hong Kong, arrachée de haute lutte aux « Colonialistes » britanniques et symbole, avant Singapour, de leur humiliation par la glorieuse Armée impériale. Tandis que l’état-major de Tanaka évacue son quartier général provisoire dans l’hôtel Aiqun et que les 108e et 137e Régiments se livrent à des combats de retardement contre les forces chinoises dans les quartiers nord de la nouvelle ville, les artificiers du génie de la 104e Division commencent le dynamitage méthodique du port.


12 avril
Campagne d’Indochine
Objectif Poulo Condore
Ile de la Grande Condore, archipel Poulo Condore (au sud-est de la Cochinchine)
– Les jonques de la Binh Xuyen sont arrivées poussées par un bon vent, avec près d’une heure d’avance sur les prévisions. Le soleil n’est attendu que dans deux heures mais on s’active en silence et efficacement. Les équipages sont des malfrats, certes, mais ils connaissent leur affaire.
A la lumière de quelques lanternes sourdes que l’on prend soin de ne pas orienter vers l’île, des chaloupes sont mises à l’eau pour le commando Pirate. Avec un sourire, le lieutenant… enfin, le “major” Delayen se rappelle qu’il a donné ce nom à sa troupe alors qu’elle opérait dans les Hautes Terres. Il n’avait jamais imaginé qu’elle se retrouverait vraiment embarquée sur des navires de flibustiers ! Le destin a de ces tours…
Les commandos français touchent terre presque sans un bruit. Comme l’a dit Giap, la plage n’est qu’une simple bande de sable, les premiers cocotiers poussent presque au bord de la mer. Les hommes de Delayen se glissent d’arbre en arbre et découvrent un bunker de troncs et de sacs de sable, censé défendre le secteur.
L’attaque est un modèle du genre – il est vrai que les Vietnamiens et Laotiens du commando sont des experts. Ils surgissent de l’ombre et agrippent les sentinelles par derrière, leur plaquant la main sur la bouche tout en leur enfonçant un poignard dans la poitrine. Contenir le corps qui se débat… attendre les spasmes… puis le coucher au sol…
Le servant du FM, qui se trouvait derrière son arme, a le temps de lancer une giclée de balles qui couche un homme de Delayen avant qu’une grenade jeté dans l’embrasure le fasse taire à jamais. Après quelques autres coups de feu, le calme revient.
Un message est envoyé par projecteur vers les jonques, qui profitent du lever du jour pour se glisser entre la Grande Condore et la Petite Condore. Puis Jean-Louis Delayen fit signe à ses hommes, qui se mettent en marche vers le nord.
………
En chemin, le commando pirate rencontre une patrouille. L’échange de tir ne dure qu’une poignée de minutes. Immédiatement enveloppés et attaqués en pince, les Japonais meurent bravement. Comme toujours… Au moins, songe Delayen, cela évite de se soucier des prisonniers et des fuyards qui pourraient alerter leurs copains.
Ses hommes arrivent à une route qui les mène jusqu’au village de pêcheurs installés dans la baie nord-est. Alors qu’ils cheminent dans cette direction, ils entendent au loin des rafales d’armes automatiques et des claquements de fusils. On se bat déjà autour de la garnison de la baie sud-ouest.
L’attaque de la petite garnison de la baie nord-est, installée dans un petit groupe de cases, n’est guère plus difficile que l’élimination de la patrouille. Le commando n’a aucune perte : Delayen commence par tuer d’un coup de fusil la sentinelle postée à l’entrée, puis ses hommes jettent des grenades par les ouvertures. Le seul soldat du Tenno qui peut sortir de sa case est aussitôt envoyé dans un monde meilleur.
Pendant que le radio du commando signale aux jonques qu’elles peuvent déposer leur chargement humain dans la baie, on interroge les villageois. Ceux-ci indiquent à Delayen trois positions japonaises. La première est un bunker dans les collines, gardant la route qui mène à la pointe nord-est. La seconde est une casemate postée sur la route conduisant vers la côte ouest… celle-là même que les Pirates viennent de parcourir ! Dans l’ombre, le commando est passé à côté sans être vu et sans voir les Japonais. La dernière, enfin, est formée de deux fortins de rondins et de sacs de sable qui encadrent la route allant de l’agglomération de Condore à la côte ouest. Delayen baptise simplement les trois positions alpha, bêta et gamma, puis appelle par radio le colonel Giap pour lui communiquer les renseignements reçus et lui proposer de neutraliser les trois positions, ce que Giap accepte aussitôt.
Alors que les troupes de la seconde vague, débarquées dans la baie nord-est, se frayent un chemin en contournant la pointe Con Chime, le commando attaque la position alpha. Le premier contact avec l’ennemi est une patrouille descendant la route. Les commandos n’ont aucune peine à l’éliminer, mais les défenseurs du bunker, alertés par les tirs, accueillent avec férocité les commandos. Tandis qu’un groupe amuse les Japonais de face, un autre contourne la position en escaladant la colline. Le bunker pris à revers est alors éliminé en quelques instants.
À première vue, prendre la casemate bêta devrait être encore plus simple : arrivant par l’intérieur des terres, les hommes de Delayen peuvent espérer balayer toute opposition sans coup férir. Hélas, les défenseurs, alertés, ont déployé quelques hommes hors de la casemate et appelé des renforts, qui surgissent alors que le combat est à peine engagé. Une lutte acharnée se prolonge durant près de vingt minutes avant que l’expérience des Franco-Indochinois ne fasse pencher la balance. Les Japonais se replient au milieu des cocoteraies en direction de la position delta. Prenant tout juste le temps d’éliminer la casemate, leurs adversaires les poursuivent.
Pendant ce temps, Giap a lancé l’assaut sur Condore et le bagne, avec l’appui de deux ou trois paires de P-40 qui tournent dans le ciel et plongent pour mitrailler à la demande après avoir lâche quelques petites bombes sur le cantonnement de la garnison. Cet appui aérien est décisif et bientôt, les derniers soldats nippons tombent en défendant le bourg. A ce moment, la plupart des geôliers gardant la prison se sont déjà rendus – événement assez rare pour être signalé… il est vrai qu’il s’agit de Coréens, leurs officiers nippons se sont suicidés.
A la même heure, le groupe que poursuit Delayen est accroché par les bo-dois débarqués à l’aube dans la baie sud-ouest et dûment éliminé.
Il faudra encore deux heures pour neutraliser les bunkers de la position gamma et éliminer les restes de la garnison.

Campagne de Birmanie (post-scriptum)
Les Chinois s’en vont
Birmanie
– Le reste des forces du corps expéditionnaire chinois en Birmanie, soit les 6e et 66e Armées, commandées respectivement par les généraux Gan Lichu et Ma Weiji, entame son rapatriement. Leur présence n’est plus utile à présent que la totalité de la colonie a été libérée des occupants japonais.
A vrai dire, cette présence n’était plus nécessaire depuis plusieurs mois, mais Tchang Kaï-chek a délibérément laissé traîner les choses pour rappeler à ses alliés britanniques qu’ils ne pourront plus ignorer les intérêts chinois dans la région une fois la guerre terminée. Le succès de l’opération Black Prince offre simplement le prétexte dont Tchang, estimant que le message a été bien reçu, avait besoin pour rappeler officiellement ses troupes.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Les 108e et le 137e Régiments japonais cèdent peu à peu du terrain dans la nouvelle ville, mais pendant ce temps, la destruction des installations portuaires se poursuit.


13 avril
Campagne d’Indochine
Objectif Poulo Condore
Ile Hon Bai Can, archipel Poulo Condore (au sud-est de la Cochinchine)
– Les bo-dois qui débarquent sur l’île reçoivent immédiatement la visite d’un Béret Blanc muni d’un drapeau de la même couleur. La garnison chargée de la défense du phare, formée de ces Collabos que les Vietnamiens traitent avec mépris de “Japonais locaux”, préfère se rendre sans combat ! Leur admiration pour l’Empire du Soleil Levant ne va visiblement pas jusqu’à imiter l’acharnement de ses soldats et à se battre jusqu’au dernier.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Une fois achevée la destruction des installations portuaires, les derniers défenseurs japonais décrochent des quartiers encore sous leur contrôle dans la nouvelle ville. Ils se replient en bon ordre vers les faubourgs de Henan, au sud du fleuve, malgré les tirs intenses mais imprécis de l’artillerie chinoise, elle-même contrebattue par les canonnières Hashidate et Okitsu.
L’évacuation à peine terminée, les artificiers japonais font sauter le pont métallique de Haizhu, le seul qui relie les deux rives du fleuve.


14 avril
Campagne d’Indochine
Poulo Condore : mission accomplie
Saigon
– Le colonel Giap, de retour de Poulo Condore, fait son rapport au gouvernement.
– L’opération a été un net succès, toutes les îles ont été libérées en deux jours. Nous n’avons eu que 73 morts et 160 blessés. Les Japonais et leurs stipendiés locaux ont eu autour de 200 morts. Nous avons fait 43 prisonniers : soit des collabos de la milice Bach Mu Doan (Bérets blancs), soit des gardiens de prison coréens. Conformément au plan, la ville et le pénitencier ont été capturés rapidement, ce qui a évité que les gardiens aient le temps d’exécuter les prisonniers. Néanmoins… (une note de colère rentrée fait vibrer la voix de Vo Nguyen Giap) l’état de santé des ex-détenus est très médiocre. Nombre d’entre eux ont été gardés dans des “cages à tigre” depuis leur arrestation. Obligé de rester accroupis en permanence, ils ont perdu l’usage de leurs jambes… Cette pratique barbare n’a d’ailleurs pas été inventée par les Japonais.
Comme le regard du colonel Giap s’arrête – comme par hasard – sur les Français présents, l’un d’eux tousse et s’empresse de relancer : « Qui sont les prisonniers libérés ? »
– Surtout des habitants pris lors de rafles de l’ennemi. Mais il y a quelques personnalités, comme le prince laotien Boun Oun, capturé par les Japonais alors qu’il dirigeait des opérations de guérilla près de Packsé. Il faut aussi mentionner l’intendant de la Sûreté Générale Louis Arnoux [Historiquement, vichyste, antisémite et anti-communiste notoire.]. Cependant, ce dernier n’a pas été libéré. Non parce qu’il a envoyé dans cette prison tant des nôtres… je veux dire, tant de nationalistes vietnamiens, mais parce qu’il a proclamé son allégeance au NEF après l’invasion japonaise. Ce qui n’a pas empêché les Japonais de le placer en résidence surveillée sur la Grande Condore lorsque le NEF a commencé à se liquéfier.

Nul n’éprouve le besoin de commenter…
– L’état de santé des personnalités est heureusement satisfaisant, probablement parce que les Japonais avaient prévu de les utiliser ultérieurement. Ce n’est malheureusement pas le cas des rares militaires français que nous avons retrouvés. Les “mercenaires des Colonialistes”, comme les appellent les Japonais, ont eu droit au… traitement spécial que la Kempetai aime infliger aux hommes prétendument sans honneur qui tombent entre leurs mains.
Aucun des participants n’a besoin de faire un effort d’imagination pour traduire les propos de Giap. Après plusieurs années de luttes contre les Japonais, les méthodes de l’Occupant, les tortures infligées et leur cruauté raffinée sont connues de tous.

Base Épervier, Dien-Bien-Phu – La nouvelle de la réussite de l’opération Bastille arrive simultanément sur les bureaux du général Mast et d’Hô Chi-Minh. Pour le premier, le rapport constitue le point final de la reconquête de la Cochinchine. Il rejoint un classeur que Charles Mast range avec satisfaction dans les archives de son bureau, avant d’en ouvrir un autre, baptisé “Cao Bang”.
Mais si le général regarde vers le futur, ce n’est pas le cas de l’Oncle Hô. Ce jour là, il est entouré de Pham Van Do, “neveu favori” du président du Front National Uni du Vietnam [FNUV ou Lien Viet, nom officiellement adopté par le Vietminh après l’invasion japonaise, bien que le terme “Vietminh” soit utilisé pendant toute la guerre par les Français et les Japonais.] et de Le Duc Tho, co-fondateur (avec Hô) du Parti Communiste Indochinois. Tous deux ont été emprisonnés dans le pénitencier de Poulo Condore.
Hô Chi-Minh et ses deux amis signent tous trois avec satisfaction le document qu’ils viennent de rédiger. Il s’agit d’une proposition adressée au gouvernement de Sa Majesté l’empereur Bao Dai par l’intermédiaire des membres du Lien Viet qui en font partie. « La France ayant décidé avant l’invasion japonaise de fermer le pénitencier de Poulo Condore et d’en libérer tous les détenus, sa réouverture par les Japonais doit être considérée comme nulle et non advenue. À l’instar de tous les Vietnamiens désireux de tourner cette page sombre de notre histoire, le Lien Viet souhaite que ces bâtiments ne soient plus utilisés, pour aucun prisonnier. Il sera temps, après guerre, de décider si nous devons les raser ou en faire un musée. »
Deux jours plus tard, le gouvernement vietnamien décidera de l’abandon définitif de ces installations, reconnues par tous comme le lieu d’emprisonnements arbitraires et cruels. Après la guerre, le pénitencier deviendra un musée, qui est aujourd’hui l’attraction principale de ce qui est aujourd’hui un site touristique prospère.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– L’aviation japonaise se montre pour la première fois depuis trois semaines : six Ki-51 “Sonia”, renforcés par deux Ki-32 “Mary” sortis des réserves et couverts par les six derniers Ki-43 “Oscar” opérationnels dans la région attaquent les forces chinoises qui sont en train de traverser le fleuve grâce à une noria de petites embarcations. Deux des lents bombardiers (un Ki-51 et un Ki-32) sont abattus par la DCA, mais la diversion est efficace et ce qui reste de la 104e Division japonaise peut se replier vers Hong Kong sans encombre. Le port de Canton est en ruines et sa remise en état prendra de longs mois.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 09:51    Sujet du message: Répondre en citant

11 avril Malaisie :
Citation:
engagés en soutien direct de l’infanterie sur un terrain difficile, les trois brigades ont eu à souffrir d’un terrain

répétition

14 avril DBP

Citation:
qui est aujourd’hui l’attraction principale de ce qui est aujourd’hui un site touristique prospère.


répétition (et c'est probablement ma faute Crying or Very sad )
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 10:18    Sujet du message: Répondre en citant

15 avril
Campagne d’Indochine
Demandez lisez La Dépêche !
Saigon
La Dépêche de Cochinchine reparaît. Les locaux, un temps occupés par un organe de presse des “Japonais locaux”, ont été rendus aux survivants de l’équipe rédactionnelle d’avant l’invasion. Ces journalistes, très à gauche sur l’échiquier politique, ont été la cible de persécutions particulières de la part des Japonais. Nombre d’entre eux ont été obligés de passer dans la clandestinité ou de fuir.
Le premier numéro de la Dépêche de Cochinchine libérée à être mis en vente titre sur la reconquête de Poulo Condore par le “général” Bai Vien… puisque c’est la version officielle. Mais en page 2 (sur quatre), les journalistes, bien renseignés par le gouvernement, ne parlent pratiquement que des décisions du colonel Vo Nguyen Giap.
La presse en Indochine est d’ailleurs contrôlée d’assez près par le nouveau gouvernement, qui s’est doté d’un Service de l’Information, de la Propagande et de la Presse. Le Conseil des ministres de Sa Majesté l’empereur Bao Dai a décidé que la presse devait refléter « le soutien unanime de la population au gouvernement et à la poursuite de la guerre » (sic). Dans cet esprit, le SIPP a autorité pour censurer les articles et suspendre ou interdire un journal. De lui dépendent également les dotations en papier-journal, matériau hautement contingenté du fait de la pénurie.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu – Canton libérée !
Canton
– La bataille de Canton prend officiellement fin avec la prise sans combat des faubourgs de Henan. Après un défilé de la victoire abondamment filmé par les services de propagande chinois, Li Zongren décide une nouvelle pause opérationnelle : ses troupes sont épuisées après sept semaines de combats et ses stocks de munitions et de carburant ont de nouveau besoin d’être reconstitués.

Asie et Pacifique
Hideki Tojo, chef d’état-major
Tokyo
– Le général Tojo, Premier ministre de Sa Majesté Hiro-Hito, constate que, si la Marine a failli dans la Pacifique Central, l’Armée a elle aussi connu ces derniers mois de graves échecs. En Chine, Canton est tombé. En Indochine, le Laos, le Cambodge et la Cochinchine sont perdus. Les Anglais ont reconquis toute la Birmanie et Singapour, perle des conquêtes de l’Empire, est menacée.
C’est pourquoi Tojo décide de démettre Hajime Sugiyama de son poste de chef d’état-major de l’Armée Impériale pour incompétence, et de s’auto-promouvoir à sa place. Ces décisions ne vont pas sans provoquer de violents grincements de dents, mais l’Empereur soutient fermement son Premier ministre. D’ailleurs, quand il prétend pouvoir redresser la situation militaire, celui-ci est sincère : sans être stupide, il ne réalise pas le déséquilibre des forces. Et sa conviction de la supériorité raciale du soldat japonais fait le reste.
………
« Dans l’imagerie des Nations Unies, le général Tojo a souvent été mis sur le même plan que Hitler et Mussolini. Mais si les deux dictateurs européens étaient en grande partie responsables de l’attitude agressive de leurs pays, le cas de Tojo était plutôt inverse : c’était la politique agressive du Japon qui lui avait permis d’accéder à la tête du pays. De fait, Tojo était bien un ultra-nationaliste et un représentant de la ligne dure de l’Armée, mais c’était d’abord un partisan fanatique de l’Empereur. Il considérait celui-ci comme un dieu vivant et était prêt à obéir à n’importe quel ordre de sa part.
En tant que ministre de l’Armée favorable à l’intensification de la guerre en Chine et à l’alliance avec l’Allemagne et l’Italie, Tojo avait en quelque sorte (et bien involontairement) servi de couverture à Konoye quand celui-ci avait recherché une solution négociée à « l’incident chinois ». C’est dans ce but que Konoye l’avait fait entrer dans son gouvernement. Mais lorsque l’Empereur s’était mis à considérer favorablement l’idée d’une guerre avec les Occidentaux, Konoye s’était retrouvé isolé face à Tojo qui affirmait haut et fort que céder aux exigences américaines serait catastrophique pour la position du Japon en Asie, non seulement en Chine et en Indochine, mais au Mandchoukouo et en Corée.
Après la démission de Konoye, le choix de Tojo comme Premier ministre fut essentiellement guidé par le fait que le général était tout dévoué à l’institution impériale. Et lorsqu’en novembre 1941, Tojo présenta au cabinet les derniers efforts de Cordell Hull pour trouver une solution négociée, c’est assurément avec l’accord (au moins tacite) de Hiro-Hito qu’il choisit de mentir en affirmant que Hull avait lancé au Japon un ultimatum exigeant son retrait immédiat de toute la Chine, Mandchoukouo compris.
En résumé, pour citer H.P. Willmott, « Tojo incarnait l’opinion qui prévalait dans le pays, dans les forces armées et en particulier dans l’Armée. Il bénéficiait d’un large soutien politique et, du point de vue japonais, ce n’était pas un extrémiste. »
C’est à la lumière de ces faits qu’il faut examiner les actes et les responsabilités d’Hideki Tojo. »
(Pascal Nguyen-Minh, Guerre et paix en Asie du Sud-Est, op. cit.)


16 avril
Campagne d’Indochine
La renaissance de l’Union Indochinoise
Saigon
– Un conseil spécial réunit les principaux membres des gouvernements de l’empereur Bao Dai, du roi Sisavang Vong du Laos et du prince Sihanouk du Cambodge, ainsi que le colonel Giap (représentant d’Hô Chi-Minh, dont le gouvernement doublonne toujours avec celui de l’empereur) et le Haut Commissaire Jean Sainteny. Le but principal de cette réunion est la réorganisation de l’Union Indochinoise à présent que la plus grande partie de ses territoires ont été libérés.
Le Japon avait remplacé toutes les assemblées élues par divers conseils désignés par ses représentants ou leurs séides locaux. Officiellement, il s’agissait de « supprimer les troubles provoqués par les campagnes électorales ». Les envahisseurs avaient également aboli la Direction des Services judiciaires, laissant la “justice” aux mains de la seule Kempetai.
Après le départ des Japonais, un vide immense a succédé à la mainmise ennemie. En pratique, des “chefs locaux” (terme utilisé dans le compte-rendu des débats et pouvant désigner des Vietminh, des Lao-Issaras, des guérilleros khmers, voire la Binh Xuyen…) se sont arrogé le droit de décider de tout. C’est ainsi que des “tribunaux populaires” ont jugé et condamné de nombreux Collabos présumés sur la base de simples calomnies. Dans certains cas, les “chefs locaux” ont même lancé des réformes de leur cru, souvent d’inspiration socialiste (comme la collectivisation des terres), sans en avoir l’autorisation. Dans d’autres cas, les nouveaux maîtres se sont comportés comme des seigneurs féodaux, voire des brigands. Dans toute l’ancienne Union Indochinoise, seul le Laos – du fait des réformes du Premier ministre Souphanouvong – a vu une certaine reprise en main de la part des autorités légales.
Jean Sainteny, après avoir brossé un tableau sans concession de la situation, conclut son discours en souhaitant que l’Union Indochinoise retrouve bientôt sa place parmi les organisations démocratiques alliées. Dans ce but, il propose de créer ou de recréer différentes assemblées :
– Les Chambres des Représentants du peuple de l’Etat démocratique du Vietnam (Cochinchine, Annam et Tonkin), du Cambodge et du Laos. Il est remarquable que l’on parle de nommer des représentants du Tonkin, alors que ce dernier est encore largement dominé par le Japon (de même que le nord de l’Annam). L’imminence de la reconquête des dernières régions sous contrôle japonais semble admise par tous.
– Le Grand Conseil des intérêts économiques et financiers.
– Les conseils des notables administrant les communes.
Les participants à la réunion approuvent ces orientations, qui ne préjugent pas de la forme exacte de l’organisation politique de ces états, pourvu qu’elle soit démocratique, selon les traités signés en janvier 1943 entre la France et les Etats d’Indochine. Toutefois, à court terme, il semble impossible d’organiser des élections démocratiques pour ces institutions. Aussi, les représentants qui siégeaient au moment de l’invasion japonaise retrouveront leurs postes… du moins, ceux qui ont survécu. Les sièges vacants seront occupés par des suppléants désignés par « les autorités en place » – ce qui, dans les faits, veut dire que les gens les mieux armés imposeront leurs suppléants préférés.
Par ailleurs, les états membres de l’Union Indochinoise devront s’attacher à reconstruire des forces de maintien de l’ordre et une justice autonomes. Là encore, le Laos montre la voie, puisqu’il a constitué une force de police neutre… louée à la Thaïlande (!).
Enfin, au Vietnam, le nombre de mandarins exécutés par l’Occupant est vertigineux. Il est donc décidé d’entamer une campagne auprès de la population afin de reconstituer ce corps et de relever son prestige. Les bâtiments de l’École supérieure d’Education physique de Phan-Thiêt seront mis à la disposition de nouvelles écoles de mandarins, chargées d’organiser l’étude et les examens.
Le second problème traité par la réunion intergouvernementale est l’état préoccupant des relations économiques avec l’extérieur. En effet, pendant l’Occupation, les Japonais fournissaient l’essentiel des biens industriels et agricoles non disponibles sur place. Mais leur retrait ne signifie pas le retour à la situation antérieure.
Le coton, par exemple, n’est pas cultivé en Indochine. Il était importé d’Égypte et d’Inde. En dépit de la reconquête de la Birmanie par l’Empire britannique et de la neutralisation de la Thaïlande, la reprise des importations n’est pas à l’ordre du jour ! Le cas des dérivés pétroliers est encore plus critique. L’Indochine était approvisionnées par les Indes néerlandaises – toujours occupées – et n’a pas reçu une goutte de pétrole depuis sa libération. Les sources militaires n’approvisionnant que les militaires – si peu d’ailleurs – on ne saurait les mettre à contribution.
Interrogés, des représentants locaux de l’artisanat, de l’agriculture et de l’industrie vont proposer la fabrication de produits de remplacement. Pour reprendre les exemples cités plus haut, on peut utiliser des textiles locaux comme le jute ou la ramie à la place du coton. Quant aux dérivés du pétrole, l’alcool, le gazogène, les huiles de graissage d’origine animale (poisson) ou végétale (ricin) peuvent être substitués, dans une certaine mesure, à l’essence et aux lubrifiants. Le mazout utilisé par les centrales électriques de Cochinchine sera ainsi remplacé par un mélange à base d’huile de poisson d’eau douce.

La Patrie ou la piastre, il fallait choisir
Saigon
– Par ordonnance impériale, et en conformité avec les accords signés à Dien-Bien-Phu après l’invasion, les biens immobiliers saisis par les Japonais sont rendus à leurs propriétaires. Ce qui vaut en particulier pour les locaux des différentes formations politiques françaises représentées en Indochine, ainsi que pour les immeubles abritant les loges maçonniques de Saigon. En pratique, la question se pose : à qui rendre les bâtiments susdits ? Car les Japonais ont pratiquement exterminé les membres des partis politiques français (il est vrai aux effectifs très réduits) et n’ont pas épargné les francs-maçons.
Par ailleurs, le cas des grandes exploitations agricoles françaises – rizières, cocoteraies, plantations de canne à sucre, de caféiers ou d’hévéas – est un sujet politiquement délicat. La superficie de ces exploitations est gigantesque. A elles seules, les rizières d’Oân-Tho couvrent 25 000 hectares, celles de Bac-Lieu 18 000 et celles de Long Xuyen 12 000 ! La plantation de cocotiers de Rach-Gia atteint presque 8 000 hectares. Or, le Vietminh est violemment opposé à la restitution de ces exploitations à leurs grands propriétaires coloniaux d’avant décembre 1941. Il exige qu’elles soient gérées collectivement par les ouvriers qui y travaillent.
L’affaire est cependant moins explosive qu’il n’y paraît : la plupart de ces exploitations appartiennent en fait à des groupes siégeant en Métropole et dont les dirigeants se sont compromis avec les Allemands. Dans d’autres cas, les dirigeants des exploitations ont omis de prendre le maquis à l’arrivée des Japonais et ont affirmé leur allégeance au NEF. Toutes choses qui ne disposent guère le gouvernement de De Gaulle (qui se souvient de l’accueil médiocre qui lui avait été réservé trois ans plus tôt en Indochine par les gros coloniaux) à défendre le retour au statu quo ante !

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Les premiers éléments du génie du 68th Composite Wing de l’USAAF arrivent à l’aéroport de Baiyun, prélude au redéploiement de ladite force, actuellement basée à Guilin.


17 avril
Campagne d’Indochine
A bas les cao-daïstes
Saigon
– La réunion commencée la veille se poursuit au palais du gouvernement. Après l’organisation politique et la santé économique de l’Indochine, la question des caodaïstes est au centre des discussions. La secte est très puissante et, en janvier 1943, son “évêque”, Tran Quang Vinh, a annoncé son ralliement au Viêt-Nam Phuc Quoc Dong Minh Hoi, la Ligue pour la restauration du Vietnam de l’empereur fantoche Cuong De.
………
Fondée en 1933, la Ligue n’avait, avant guerre, qu’une très faible influence en Indochine. En 1940, alors que le Japon avait commencé à montrer ses ambitions régionales, des membres de la Ligue réfugiés en Chine occupée avait été renvoyés au Vietnam pour tenter de déstabiliser le pays. L’entreprise avait piteusement échoué et les agents de Cuong De, désavoués par les Japonais, avaient été contraints de retourner d’où ils venaient.
L’invasion japonaise avait cependant tout changé. L’empereur Bao Dai avait dû suivre l’armée française dans sa retraite vers les Hautes Terres, tandis que l’usurpateur Cuong De était reconnu comme empereur par les Japonais. Les caodaïstes, de leur côté, soutenaient depuis toujours la légitimité de Cuong De, parce qu’il était un descendant de l’empereur Gia Long. Bien que ne faisant pas partie du V.N.P.Q.D.M.H., l’évêque Tran Quang Vinh s’était donc affilié au nouveau régime tout en créant en Cochinchine un “Comité directeur” qu’il présidait afin de réunifier la secte caodaïste sous sa seule autorité.
Les adeptes ainsi regroupés devaient participer à une campagne de recrutement grâce à des réunions d’information régulière, à des collectes et à l’émission de bons de soutien pour la Ligue, remboursable par le gouvernement de l’empereur Cuong De, et lorsque la persuasion ne suffisait plus, les émissaires du Comité directeur n’hésitaient pas à employer la violence. C’est pourquoi nombre de jeunes adeptes reçurent une instruction militaire dispensée par les Japonais.
Les caodaïstes, entraînés dans les chantiers navals Nishinan à Cholon, furent répartis entre différentes formations comme les “Forces volontaires de l’intérieur” (Noi Ung Nghia Binh), les “Bérets blancs” (Bach Mu Doan) ou la “Garde” (Canh Ve Quan) de Cuong De. D’autres adeptes adhérèrent tout simplement au Hei Ho, corps de partisans levé et contrôlé directement par les Japonais.
………
Bien que la secte ait trempé dans toutes les actions des “Japonais locaux”, les représentants de l’Union Indochinoise sont bien embarrassés par le problème qu’elle pose. Déjà en lutte avec les Hoa-Hao dans le delta du Mékong, le Vietminh n’a aucune envie d’entamer un conflit avec d’autres fanatiques et les Français ne le souhaitent pas davantage. Pourtant, on ne peut pas rester sans rien faire !
La décision est finalement prise d’arrêter l’évêque Tran Quang Vinh, qui est en résidence surveillée à Tay-Ninh depuis la prise de la ville, et de le faire passer en jugement pour trahison, ainsi que tous les membres de son Comité directeur. Mais ils seront jugés en tant que personnes privées, sans évoquer leur appartenance à la secte, pour éviter une nouvelle flambée de violence.

Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– Les éléments du génie du 68th Composite Wing s’activent pour remettre en état l’aérodrome, avec l’aide de nombreux Chinois réquisitionnés.


18 avril
Campagne d’Indochine
Réalisme
Hôtel Métropole (QG des forces d’occupation japonaise en Indochine), Hanoi
– Le général Andou Rikichi vient de recevoir un long rapport classé secret, signé du lieutenant-général Genzo Yanagita, commandant la 33e Division. Il s’agit d’une étude de la situation sur la frontière sino-vietnamienne, particulièrement du cas de la garnison de Cao-Bang.
Le rapport explique que le but original de l’établissement de postes entre Langson et Cao-Bang était de conquérir la population et de renseigner l’état-major sur ce qui se passait dans le secteur. Comme des embuscades de plus en plus meurtrières se sont multipliées, les soldats ont baptisé la RC4 la “route sanglante” et le défilé de la 73/2 entre That Khé et Dong Khé est même devenu le “boulevard de la mort”. L’activité principale des postes n’est plus de maintenir le contrôle de la région, mais de garder la RC4 ouverte… Or, cette route ne sert qu’à les ravitailler.
Plusieurs postes sont tombés et les sacrifices consentis ne sont pas à la hauteur des résultats. Les garnisons ne sont pas seulement incapables de garder le contrôle de la région, elles sont littéralement prises en otages par l’ennemi. Ces derniers mois, la vulnérabilité du dispositif japonais a été plusieurs fois confirmée et plusieurs postes ont été évacués pour regrouper les unités. Ainsi, toute la RC3 (avec Bac Kan) a été abandonnée, mais aussi bon nombre de positions secondaires de la RC4 et les postes frontières de Talung, Po Ma et Bi Nhi. En pratique, les Japonais ne tiennent plus que Cao Bang, Dong Khé, That Khé, Na Cham et Dong Dang, plus quelques avant-postes le long de la “route sanglante”.
Après ce rappel de la situation présente et des décisions qui y ont abouti, la seconde partie est consacrée à la résolution du problème. Le général Yanagita prescrit carrément d’évacuer Cao-Bang : les effectifs déployés par l’Armée Impériale ne sont plus suffisants pour maintenir le contrôle de la région et lutter contre le harcèlement des communications. Avec la dégradation de la situation en Chine, il n’est plus possible de compter sur les unités déployées au sud de ce pays. Dès lors, maintenir ouvertes des routes ne menant nulle part ne se justifie plus et constitue une charge qui dépasse les possibilités des forces japonaises en Indochine. Si les troupes qui tentent de remplir cette mission inutile ne sont pas évacuées vers la région de Hanoï et le Delta, elles seront anéanties. Bon nombre d’excellents soldats seront perdus pour rien et ce désastre sera exploité par la propagande ennemie.
Le général Rikichi ne peut s’empêcher de juger convainquant le rapport de son subordonné.


19 avril
Guerre sino-japonaise
Opération Bailu
Canton
– La ville étant déclarée sécurisée après la neutralisation des derniers tireurs embusqués laissés derrière eux par les Japonais et la piste de l’aérodrome étant remise en état, Tchang Kai-chek se rend en personne à Canton. Son avion personnel, un C-47 baptisé Meiling (le prénom de son épouse), se pose à l’aéroport de Baiyun sous la protection d’une solide escorte de huit P-40. Il se rend sur les lieux des principaux combats, accompagné d’une foule de journalistes, photographes et cameramen de la presse aussi bien internationale que chinoise : Henry Luce, patron du groupe de presse Time-Life et ami de longue date des époux Tchang, a donné des instructions pour que l’événement fasse l’objet d’une abondante couverture médiatique aux Etats-Unis.
Le point d’orgue de la visite est un discours triomphal qu’il prononce sur les marches du mémorial de Sun Yat-sen. Depuis le début de la guerre sino-japonaise en 1937, la Chine avait certes remporté quelques victoires tactiques et réussi à défendre des villes contre des attaques ennemies ; mais pour la première fois, l’une des principales métropoles chinoises a été libérée de l’occupant japonais, et ce avec des forces essentiellement chinoises (on ne glosera pas sur leur équipement presque entièrement made in USA…). Même si le port sera longtemps inutilisable et si, de toute façon, les Japonais sont toujours en mesure de le bloquer tant qu’ils tiennent Hong Kong, c’est pour la Chine (et pour Tchang) une importante victoire symbolique.


20 avril
Campagne d’Indochine
Billard à trois bandes
Hué
« Le lieutenant Laurent Peyrard venait d’achever la traduction à voix haute du rapport que le général Yanagita avait adressé à son supérieur, le gouverneur Rikichi. Rapport très secret, certes, mais l’antenne du Vietminh au Tonkin avait pu s’en procurer un exemplaire et l’avait immédiatement envoyé au 2e Bureau.
Le jeune officier soupira : « J’avais espéré que ce rapport secret nous apprendrait des choses que nous ignorions, mais décidemment il n’y a rien d’exploitable. »
– Uniquement parce que vous considérez les choses de votre point de vue.

Assise sur une chaise droite, Victoire Dubois considérait le lieutenant Peynard d’un air boudeur qui la faisait ressembler à un écureuil.
– Que voulez-vous dire, Mademoiselle Dubois ?
– Que se passerait-il si la presse publiait ce rapport ?

Laurent Peyrard eut un instinctif mouvement de recul. Le secret était la base du travail de renseignement. Publier le rapport revenait à crier aux Japonais que le Vietminh avait un agent dans la place. Bon, mais que pouvaient-ils faire ? Soupçonner tout le personnel de l’hôtel Métropole, tous les collabos vietnamiens, les mettre tous dehors…
Il jeta un regard à Victoire, elle était retournée à la lecture de son livre. Après des semaines à l’observer, il savait que c’était pour elle une manière de garder contenance. La jeune fille était très timide. Laurent réfléchit à la question : voyons, que se passerait-il si cette information secrète devenait publique ? La réponse semblait évidente.
– Ils seraient embarrassés…
Sans lever les yeux, Victoire secoua sa tête blonde : « Oui, mais raisonnez en Asiatique ! »
– Ils seraient embarrassés, donc, ils perdraient la face… Et ils n’aimeraient pas ça.
– Le général Andou Rikichi est l’archétype du général japonais, raciste, colérique, imbu de sa supériorité. Si la presse publie un article qui montre qu’un de ses subordonnés a peur d’affronter l’ennemi – car bien sûr, c’est ce que nous lui ferons dire – que fera-t-il ?

Le jour se fit dans l’esprit du lieutenant Peynard.
– Il refusera d’abandonner Cao-Bang pour ne pas perdre la face. C’est une idée géniale !
– N’exagérons pas !

Le lieutenant Peynard s’amusa de la gêne de Victoire. Elle s’était penchée davantage sur son livre et il ne put discerner ses traits. Pourtant, il se doutait qu’elle rougissait.
Il se secoua. Il fallait préparer tout ça. Bon, si on pouvait quand même éviter d’orienter les soupçons des Japonais sur le personnel de l’hôtel Métropole. Hum… après tout, il n’avait pas besoin de publier le texte exact du rapport. Si on incluait des erreurs et des approximations, les Japonais s’orienteraient vers une fuite à un niveau moindre. Laurent sourit. L’intox était un boulot stimulant et on rencontrait des gens extraordinaires. »


Guerre sino-japonaise
Opération Bailu – Vers Hong Kong
Vallée de la Rivière des Perles
– Tandis qu’à Canton on déblaie les gravats et on enterre les morts avant de commencer à reconstruire, les 1ère, 5e et 52e Armées commencent à se redéployer vers le sud.
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 13:23    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
lieutenant Peynard


Serait-il peinard le père Peyrard? Think Laughing Laughing Laughing
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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 13:42    Sujet du message: Répondre en citant

C'e'st un vrai nom de famille... mais vu sa "collaboratrice"... je pense que la guerre terminé, il passera quelques mois dans une maison de repos pour être soigné pour excès de stress... pas facile à vivre, Victoire !
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 14:09    Sujet du message: Répondre en citant

Euh, je parle plus des coquilles de passage du "r" au "n" Wink
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Nov 03, 2018 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
L’intox était un boulot stimulant et on rencontrait des gens extraordinaires.

On avait eu il me semble un débat sur la pertinence du mot intox possiblement anachronique. J'en conclu que ce n'était pas le cas.
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