Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

MENDES-FRANCE FTL par Menon-Marec
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Suivi de la chrono
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
Messages: 225
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 06:57    Sujet du message: Shame on Menon Répondre en citant

Sa Paléographie folc a bigrement raison. Pris par mon sujet, je me suis laissé aller au péché d'anachronisme. C'est ma faute, c'est ma très grande faute.
Diagoras n'a été ouvert qu'en 1977. Jusque là, on utilisait le terrain de Pétaloudès, dénommé Rhodes Maritsa, aménagé par les Italiens. Diagoras est réservé aujourd'hui aux vols commerciaux tandis que Pétaloudès appartient à l'Armée de l'air hellénique. Il convient donc de remplacer partout Diagoras (je préfère le philosophe éléen au boxeur, by the way) par Pétaloudès. Mais nos lecteurs, j'en suis sûr, avaient tous rectifié d'eux-mêmes.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
folc



Inscrit le: 26 Oct 2006
Messages: 912
Localisation: Rodez

MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 13:12    Sujet du message: Rhodos airports Répondre en citant

Je cite un extrait a parte in qua d'un message déjà un peu ancien :
L’aérodrome de Maritsa, ou Maritza, ainsi dénommé du nom d’un village proche, avait eu pour premier nom celui d’aérodrome de Fileremo, du nom d’un sommet voisin. Après la Première Guerre mondiale, il avait été rebaptisé « aeroporto G. Pessi-Parvis », du nom d’un as de ce conflit mort précisément en Egée. Son nom de code était 801. Il était le seul des trois aérodromes de Rhodes à avoir des constructions en dur, logements ou hangars (de type Savigliano). Il était défendu par une DCA abondante. Sa piste, agrandie en 1938-1939, ne mesurait qu’environ 1000 m : en OTL, les SM 79 torpilleurs ne purent l’utiliser et opérèrent depuis Gadurrà.
A l’aérodrome de Gadurrà (codé 806), qui tirait son nom d’un ruisseau voisin, pas de "dur": équipages et personnel au sol logeaient sous des tentes ou des baraquements provisoires. Il était situé au bord de mer et sa piste orientée grossièrement nord-sud mesurait environ 2000 m. Il convenait donc mieux aux bombardiers.


L'aérodrome de Gadurrà ne conviendrait-il pas mieux pour des Liberators ?? Ou alors les Alliés améliorent Maritsa ?

Si Maritsa reste envisageable :
a) il est évident qu'il perd son nom officiel italien "aeroporto G. Pessi-Parvis" au vrai rarement employé dans les récits OTL;
b) trois possibilités :
- les Alliés, s'inspirant des Italiens, lui donnent le nom provisoire d'un héros malheureux (puisque mort) de la conquête du Dodécanèse;
- les Alliés, pour faire plaisir aux Grecs, lui redonnent son nom de Fileremo
- les Alliés ne se cassent pas la tête et l'appellent simplement Maritsa.

Laissons le joli nom de Pétaloudès (Papillons) à l'après-guerre.
_________________
Folc

"Si l'ost savait ce que fait l'ost, l'ost déferait l'ost"
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8936
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 13:24    Sujet du message: Répondre en citant

Et piocher dans l'Antiquité ? Icare serait plutôt un clin d'oeil sympathique tout en faisant plaisir aux Grecs ?
Bon, il est vrai que ça conviendrait mieux pour un aérodrome en Crète.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9242

MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 13:26    Sujet du message: Re: tu me fends le coeur... Répondre en citant

Martel a écrit:
Oui le poste convient bien à un de ses anciens titulaire et qui a dit : (source wikipédia)

« Si la France ne peut rester en Indochine qu'en y coupant des têtes et en y maintenant un régime de terreur et de force, il vaut mieux nous en aller. » (1930, cité dans Jean-Marc Binot, Denis Lefebvre et Pierre Serne, 100 ans, 100 socialistes, éd. Bruno Leprince, 2005)

« Un régime colonial n'est pas viable quand il ne peut pas être animé du dedans par les indigènes qui doivent en bénéficier. » (24 juin 1936, cité dans Léon Blum, chef de gouvernement, p. 3

C'est dans le ton de la FTL...

Martel

Martel


Et qui également tenté du mieux qu'il a pu d'éviter la guerre d'Indochine OTL fin 1946...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
Messages: 225
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 01, 2008 14:04    Sujet du message: La Maritsa, c'est mon aérodrome... Répondre en citant

Maritsa Airfield a certainement été amélioré en urgence par les alliés - par la RAF en OTL - puisque le terrain compte deux pistes de 2 400 m. S'il faut renoncer à Pétaloudès (dommage, ça faisait un peu provençal, de quoi plaire aux anciens d'Istres et autres lieux), va pour Maritsa - ou plus exactement, RAF Maritsa puisque les Anglais, selon leurs habitudes, s'en sont fait du bien tout de suite.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 03, 2008 19:45    Sujet du message: PMF by MM, conclusion provisoire Répondre en citant

2 novembre 1941
Rhodes - “RAF-Maritsa airfield”
05h00 – L’officier de permanence réveille le commandant Kohler, chef du GB II/60, pour lui remettre un long message tombé un quart d’heure plus tôt sur l’un des téléscripteurs de la salle des transmissions.
05h15 – L’officier de permanence déclenche les sirènes pour mettre le GB II/60 en état d’alerte. Il interdit toute communication entre la base et l’extérieur.
06h15 – Après une toilette sommaire et un petit déjeuner plus sommaire encore, mécanos, électriciens et armuriers commencent à préparer les appareils, mais ils ne les chargent que de bombes d’exercice.
06h20 – Les équipages sont rassemblés pour le briefing du commandant Kohler. On note, pour s’en étonner, qu’outre le capitaine Lorier, navigateur en chef, et le sous-lieutenant Braîche-Luhard, officier météo, un inconnu a pris place sur l’estrade. Le nouveau venu arbore quatre galons sur son uniforme bleu Louise, mais il tente de dissimuler sous son bras une casquette marron très inhabituelle. Le geste ne fait qu’attirer la curiosité et bientôt tout le groupe chuchote qu’il y a un Américain dans la salle…
Le commandant Kohler, du geste, met fin au brouhaha.
– Messieurs, asseyez-vous. Vous pouvez fumer.
Comme nos camarades de la RAF, nous avons été formés au bombardement de nuit. Mais notre état-major… l’état-major général de l’Armée de l’Air, à Alger… a décidé l’expérimentation de la méthode préconisée par nos… camarades de l’aviation américaine. D’où les vols de groupe de jour auxquels nous nous sommes entraînés ces dernières semaines. Désolés, ce n’était pas pour un défilé le 11 novembre.
Avec le I/60 d’Héraklion, nous constituerons ce qu’ils dénomment un box. Compacte, hérissée de 12,7, étagée sur trois niveaux, cette… boîte de 24 avions est en mesure, estiment l’état-major et les Américains, de repousser n’importe quelle riposte de la Luftwaffe ou de la Regia Aeronautica. Peut-être. Il nous reviendra de le vérifier in situ et in vivo. A partir d’aujourd’hui et pendant quelques jours, nous allons découvrir le vol en box à l’entraînement avant de passer aux choses sérieuses.
Par ailleurs, bombarder de jour doit nous permettre de tirer un meilleur parti de nos viseurs Norden.
Enfin, nous pourrons espérer que nos amis d’en face, habitués plutôt à nous voir intervenir de nuit, seront pris au dépourvu.
– Espérer, ça ne coûte pas cher, intervient mezza voce un anonyme.
Kohler poursuit, sans faire mine d’avoir entendu : « Le commandant Prenz, ici présent, m’accompagnera à bord du Sainte Odile. Le commandant était encore il y a peu, avant de… s’engager dans la Légion, major dans l’aviation de l’Armée des États-Unis, l’USAAC. C’est un des promoteurs du bombardement diurne et un expert du Norden. Je rappelle – afin d’éviter les… bévues parfois constatées – que cet outil doit être allumé quinze minutes avant le survol de la cible. En opérations, je vous donnerai le top. Des questions ? »
07h00 – Le Consolidated 32 Sainte Odile du commandant Kohler est le premier à s’arracher à la piste de Maritsa.
07h30 – Les douze 32 du II/60 rejoignent onze 32 du I/60 à 8 200 mètres au large de la côte turque. Il faut un quart d’heure aux vingt-trois avions pour prendre leur formation, trois groupes de six et un de cinq, à cause du manque d’habitude. Le major, pardon le commandant Prenz, promu chef d’orchestre par le commandant Kohler, a fort à faire pour mettre un peu d’ordre. Il agrémente un français parfait, sans accent ni faute – personne au II/60 ne saura que son père, sculpteur, hantait Montparnasse dans les années 20, et qu’il a accompli sa scolarité à l’École Alsacienne – de I’ll be damned, You stupid, Fuck et autres Blast off.
– Ah, voilà un gonze qui sait gueuler ! commente le capitaine Hinh avec enthousiasme pour l’équipage du Ville de Louviers. Quel organe ! Chapeau !


3 novembre 1941
Gibraltar
Les Alliés estiment impossible de dissimuler tout à fait à l’Axe les préparatifs de “Retribution/ Rétribution”. Les états-majors ont prévu pour la semaine une série d’opérations de deception (chez les Britanniques) et d’intoxication (chez les Français) afin de maintenir l’adversaire “sur la pointe du dilemme” et le contraindre de continuer à diviser ses forces.
En fonction des occasions, l’Armée de l’Air et la RAF doivent multiplier les raids de harcèlement sur l’Adriatique, la Grèce continentale et insulaire, la Bulgarie. Parallèlement, on a laissé entendre aux équipages des bâtiments de la Royal Navy et de la Marine Nationale bientôt engagés qu’ils pourraient retourner, dans les jours à venir, en Méditerranée orientale. Les agents de l’Abwehr, si présents dans les ports, ne manqueront pas d’en tirer profit.


7 novembre 1941
Rhodes - “RAF-Maritsa airfield”
07h00 – Comme tous les jours depuis le 2, le Consolidated 32 Sainte Odile du commandant Kohler décolle le premier de Maritsa. Mais cette fois, ses soutes sont pleines de bombes de 250 kg. Un peu plus tôt, Kohler a annoncé qu’aujourd’hui, ce serait pour de bon. La cible : le point sensible ferroviaire et routier de Lamia, près de la côte est de la Grèce, par où passe la majorité du ravitaillement de l’Axe venant du nord par voie de terre. Incidemment, la région est plus connue pour abriter le site des Thermopyles. « Je mènerai l’ensemble de la mission moi-même, d’accord avec le commandant de Grézins, du I/60. Le commandant Prenz m’accompagnera comme d’habitude à bord du Sainte Odile pour évaluer les résultats de l’expérience. Des questions ? »
Comme d’habitude, personne ne s’est manifesté.
– Parfait, a conclu Kohler. Je passe la parole au capitaine Lorier qui va vous donner votre viatique de navigation, puis au sous-lieutenant Braîche-Luhard. Rassurez-vous, il fera beau sur la Mer Egée. Un temps de demoiselle. Décollage dans une demi-heure.
07h15 – Navigateur à pilote, énonce le capitaine Mendès-France, suivez notre leader sur un cap 345. Je répète 345.
– Bien compris, navigateur. Au 345 mau len.
09h05 – La voix du commandant Kohler : « Marceau leader à tous ses enfants. Éclairez vos Wonder. » Dans le nez de chaque avion, les bombardiers poussent l’interrupteur de l’alimentation des viseurs Norden sur On.
– À tous, dispositions de combat, ordonnent les chefs de bord.
09h20 – Si le commandement avait réellement espéré que les Italo-Allemands seraient surpris par l’emploi des Consolidated 32 de jour, il s’est trompé. Les opérateurs des radars et les veilleurs du guet au sol ont bien travaillé. Dès que les 25 appareils ont franchi la côte de la mer Egée, l’alarme a été donnée.
Le box des I/60 et II/60 est accueilli par une DCA dont la puissance avait échappé aux vols de reconnaissance et aux services spéciaux des Alliés. Les Allemands ont truffé les collines qui dominent Lamia, la route et la voie ferrée de tubes de 88 mm. Il y a aussi des 90 mm Vickers et Schneider capturés en Belgique et en France au printemps 1940 et qui ont été rétrocédés aux Italiens. Deux 32 sont abattus et un troisième endommagé pendant que les bombes pleuvent. Pour quel résultat ? L’examen des photos effectué après la mission sera plus fiable que les impressions du moment…
09h28 – Le commandement allemand a rameuté dans la région une trentaine de Bf.109 et autant de Bf.110 qui accrochent les 32 sur le chemin du retour.
09h34 – Le Ville de Louviers est pris à partie par plusieurs Bf.109 (trois, peut-être même quatre) qui bravent les feux croisés du box. Les obus et les balles déchiquètent les tôles d’aluminium du fuselage et ravagent les Plexiglas.
– J’en ai eu un, crie le quartier-maître Créourc’h dans l’interphone. Baisé, le salaud ! Je l’ai…
Il n’achève pas.
09h35 – Les Bf.109 dégagent tous, cap au sud, mit echte deutsche Disziplin : Héraklion a envoyé des Maryland sur la rade de Volos, tout près de là.
Les Bf.110 insistent, leurs pipes d’échappement crachant une fumée blanche qui montre qu’ils ont recours à l’injection d’eau et d’éthanol pour augmenter la puissance de leurs moteurs DB-601. Ce n’est que vers 09h40 qu’ils renoncent.
Le quartier-maître Créourc’h ne répond plus.
09h41 – Le sergent-chef Di Messina coupe le moteur n° 3 du Ville de Louviers. Ses yeux ne quittent pas le compte-tours et les thermomètres du n° 4. Les autres appareils de la 60e EB ne volent pas plus vite que lui, c’est le principal. Le caporal Larmor, envoyé à l’arrière par le capitaine Mendès France, trouve le quartier-maître Créourc’h inanimé, le tuyau de son masque à oxygène pendant, sectionné par une balle. Larmor garde son calme : « Mitrailleur dorsal à chef de bord. Créourc’h, il n’a plus d’oxy, il est dans les vapes. Faut descendre. »
– Chef de bord à pilote. Descente d’urgence à 3 500 mètres.
– Doucement les basses, chef de bord ! riposte Hinh. Je conduis un fer à repasser. Si je pique trop, je fais sauter les plans. En plus, je suis tout seul au manche, D’Etoilies a dégusté, il est pas trop en forme.
– Attention tous, reprend Larmor, d’un ton plus rauque. C’est pas la peine. Créourc’h, il s’est aussi pris un pélot dans le cœur. Il a plus besoin qu’on descende.
– Chef de bord à pilote. Contrordre. À mitrailleur dorsal. Reprenez votre poste.
10h20 – Le commandant Kohler appelle le commandant de Grézins : « Marceau leader à Kléber leader ! »
– Kléber leader vous écoute, Marceau.
– Je paume du jus, Kléber, j’ai mes jauges en panique. Je ne rentrerai jamais à la maison comme ça. Je vais tenter d’aller jusqu’à Naxos. Remplacez-moi au commandement de la formation.
– Bien compris, Marceau leader. A tous les Marceau et Kléber, je prends la suite.
– Marceau leader à chef de bord Marceau 4.
– Chef de bord Marceau 4 vous écoute, répond le capitaine Mendès-France.
– Donnez-moi un cap. Lorier a été blessé. Il est dans le potage.
– Une seconde, Marceau leader, je calcule… voilà… vecteur 185. Je répète 185. Si votre gonio fonctionne encore, souvenez-vous que la balise de Naxos émet pendant cinq secondes ABABAB toutes les minutes sur 121 mètres.
– Parfait, Marceau 4, et merci. Je vais virer au 185. Terminé pour moi.
– Bien compris, Marceau leader.
PMF reprend sa respiration et lance : « À tout à l’heure, mon commandant. Bonne chance. »
– La chance, il nous en faudra aussi, marmonne le capitaine Hinh, de plus en plus inquiet de l’état de son copilote.
Le GB II/60 a perdu un de ses 32 sur l’objectif, deux autres ont été descendus par les Messerschmitt, et nul ne sait si le Sainte Odile arrivera jusqu’à Naxos. Le GB I/60 a été pareillement éprouvé avec trois avions abattus. La 60e EB rentre à Rhodes avec 18 avions sur 25 – un taux de pertes de 28%, diraient les stratèges de l’état-major – et la plupart des survivants des deux groupes sont plus ou moins endommagés.
11h35 – Le rituel, par nature, doit être respecté and the show must go on, whatever the circumstances, selon l’adage de la RAF. Le capitaine Hinh annonce : « À tous, je vais sortir le train. Allons-y, les chœurs ! »
Obéissant, même si le cœur n’y est pas tout à fait, le radio Van de Kerke, qui a le plus beau ténor de l’équipage, entonne : « Vive les aviateurs, ma mère ! » Et tous ceux qui le peuvent encore enchaînent, y compris le capitaine Mendès-France : « Vive les aviateurs ! Ils ont le manche près du moteur, vive les aviateurs ! » Suivent d’autres couplets, tout aussi paillards.
11h40 – Le Ville de Louviers se pose sur la piste de Maritsa. Le médecin et les infirmiers en descendent avec précaution le sergent-chef d’Étoilies des Escoyères, atteint à la tête et au thorax, et le caporal Guénec, moins gravement touché au bras, avant de sortit le corps de Quentin Créourc’h.
Les mécaniciens, comme par jeu, décompteront trente-sept impacts sur le fuselage, les ailes et les moteurs de l’avion. Le n° 3, peut-être irréparable, devra, de toute façon, être déposé et remplacé. Toutes les verrières sont à changer et il faudra, étape par étape, vérifier l’un après l’autre les réservoirs puis les canalisations de carburant. Les flexibles de circuits hydrauliques devront eux aussi être revus. « Dans quel état qu’ils me l’ont pas mis, les salauds ! » enrage Di Messina.
Le capitaine Roy accueille chaleureusement PMF : « Vous êtes un miraculé, mon cher ! » Il pourrait en dire autant. Interdit de vol pour une semaine par suite d’une poussée de paludisme, Jules Roy n’a pas pris part à la mission sur Lamia. Le sous-lieutenant Corbell, Catalan de Lerida exilé en France à dix-sept ans, arrivé huit jours plus tôt de Lartigue, le remplaçait dans le cockpit de son Consolidated 32, Djurdjura. Mais Djurdjura n’est pas rentré.


8 novembre 1941
Rhodes – “RAF-Maritsa airfield”
Le commandant Kohler et son équipage sont portés disparus. Le "Sainte Odile" n’est jamais arrivé à Naxos.
Il revient au commandant de Grézins et, pour le II/60, au capitaine Mendès-France de tirer les conclusions du raid sur Lamia dans un rapport réclamé, toutes affaires cessantes, par le commandement des Forces aériennes d’Alger. Ils ne trempent pas leur plume dans l’eau bénite : « Sans une forte escorte de chasseurs (à proportionner à l’opposition ennemie prévisible), il faut, à titre définitif, renoncer à envoyer des Consolidated 32 en mission de bombardement de jour, même en nombre relativement important. Encore nos pertes auraient-elles pu être plus lourdes si nos adversaires n’étaient pas arrivés par petits groupes – il est peu probable qu’ils refassent la même erreur.
Les photos prises pendant le raid par les navigateurs et les copilotes laissent présager des résultats médiocres. On a probablement trop vite prêté au viseur Norden des qualités qu’il ne possède pas. Il semblerait aussi que les officiers et sous-officiers bombardiers maîtrisent moins bien qu’on ne le souhaiterait la complexité de ce dispositif. L’instruction sur ce matériel est à revoir de bout en bout.
On conviendra qu’un taux de pertes de sept avions sur vingt-cinq est insupportable, même si nos mitrailleurs ont revendiqué deux Bf.109 et deux Bf.110 (et l’on sait hélas la propension des mitrailleurs à exagérer le nombre de leurs victoires). Sur les 18 survivants, seuls trois sont intacts. Il faut considérer que la 60e EB ne pourra plus être tenue pour une unité de combat digne de ce nom jusqu’à la réparation des appareils endommagés, à la livraison d’appareils neufs et au recomplètement de ses effectifs par des personnels de toutes les spécialités navigantes (encore faudra-t-il un délai avant que les nouveaux ne soient amalgamés). »
Alger remettra ce rapport sans y modifier une ligne au colonel Zachary B. Cox, ancien du La Fayette en 14-18, attaché militaire (air) à l’ambassade des États-Unis. Mais, partout où elle gardera le contrôle de l’ensemble de ses opérations, l’USAAC puis l’USAAF ne tiendra pas compte de ce rapport : les Américains considèrent que seule leur doctrine répond à l’esprit des théories de Douhet. Certes, sur le théâtre méditerranéen, l’influence française (transmise par des officiers américains engagés dans les unités de l’Armée de l’Air sous la couverture d’un engagement dans la Légion) et l’organisation d’opérations communes USAAF telles que Lampe à souder/Blowlamp avec l’Armée de l’Air limiteront les conséquences de cet aveuglement. Mais les unités américaines basées en Grande-Bretagne ignoreront à leurs dépens durant des mois les mises en garde répétées des chefs de la RAF.


15 novembre 1941
Rhodes – “RAF-Maritsa airfield”
Le capitaine Mendès-France reçoit par télex le texte de sa troisième citation, qui fait le bilan de ses missions depuis l’été et s’attache particulièrement au raid sur Lamia. Le capitaine Hinh et le sergent-chef d’Étoilies des Escoyères (dont l’état n’inspire plus d’inquiétude) sont, eux aussi, cités. Crédité d’une victoire probable sur un 109, le caporal Quentin Créourc’h est décoré, à titre posthume, de la Médaille Militaire et de la Croix de Guerre.
Un autre télex annonce l’arrivée à Rhodes, le surlendemain, du commandant Edmond Jouhaud, nouveau chef du II/60.


6 décembre 1941
Alger
Le capitaine Mendès-France, en permission exceptionnelle de trois jours, participe à la fin du débat budgétaire à l’Assemblée nationale, puis au vote de la loi de finances. À l’exception de sa venue à Alger pour la révision constitutionnelle, en janvier, c’est la première fois qu’il prend part aux travaux de l’Assemblée. Ses collègues s’étonnent qu’il se soit refusé à monter à la tribune, en dépit des compétences techniques qu’on lui reconnaît.
Les observateurs notent qu’il a dans les couloirs un entretien d’apparence cordiale avec le général de Gaulle. Le “petit algérois” du jour de l’Agence Havas Libre mentionne en quatre lignes cette conversation. La dépêche est reprise intégralement par Radio Alger à 20h00, dans le principal journal parlé destiné à la Métropole, diffusé sur six longueurs d’ondes différentes afin de déjouer le brouillage.


12 janvier 1942
Alger
Parution en début d’après-midi de ce lundi du premier numéro du Monde.
Le gouvernement Reynaud déplorait depuis longtemps l’absence dans la presse libre d’un quotidien “de qualité”, capable à la fois d’égaler le Times de Londres, le Washington Post ou le New York Times, et de faire pièce au Temps, dont la parution a repris à Paris sous la houlette de Pierre Laval. La création de ce nouveau journal a été confiée à Hubert Beuve-Méry, ancien correspondant du Temps à Prague, démissionnaire après Munich.
Beuve-Méry et son équipe – d’autres anciens du Temps, outre des journalistes évadés de France et des débutants qui apprendront le métier sur le tas – ont reçu des bureaux rue Michelet, non loin du siège d’Havas Libre, une allocation de papier qui permettra de paraître sur huit pages et une dotation budgétaire équivalente à trois mois de dépenses. À eux, ensuite, de se débrouiller. Un accord a été passé pour l’utilisation de l’imprimerie d’Alger républicain, journal du matin.
Les lecteurs du Temps d’avant juin 1940 retrouvent à la une du Monde la colonne de politique étrangère, toujours à gauche de page, deux manchettes sur trois colonnes, un billet d’humeur – “Le tour du Monde”, rédigé par un nommé Albert Camus – et des nouvelles de l’Étranger signées “de notre correspondant”. La mise en page obéit à la consigne donnée vers 1900 par Adrien Hébrard : « Messieurs, faites emmerdant. »
En “rez-de-chaussée” du n°1, on découvre les premiers paragraphes d’un grand reportage, Avec les aviateurs français sur Sofia, que signe Rémy Roure. Il faut citer intégralement la fin de ce papier : « L’un après l’autre, guidés dans leur procédure d’atterrissage par le contrôleur qui les suit à la jumelle, le micro à la bouche, les grands quadrimoteurs se posent sur la piste puis viennent s’aligner devant les hangars, comme pour une prise d’armes au petit matin. Les équipages sont jeunes, les dessins qui ornent les fuselages sous le poste de pilotage évoquent des gamineries, mais les visages arborent tous la gravité de la maturité, parfois une tristesse insondable. Tout à l’heure, la DCA et la chasse de nuit allemandes ont réagi durement sur l’objectif.
Dix avions ont atterri. Le onzième, on l’apprend à l’instant, ne rentrera pas. On est sans nouvelles du douzième. Le commandant J., chef du Groupe, a les traits soucieux.
Enfin voici le manquant. Il fait un passage à basse altitude au-dessus du terrain. Son pilote ne répond pas à la radio. L’un de ses moteurs pend au bord de l’aile, presque arraché du bâti, sans hélice. Un autre, à l’arrêt, porte les stigmates d’un incendie mêlées aux traînées noirâtres de l’huile dégorgée par tous ses joints. Les impacts se voient à l’œil nu. On distingue sans peine qu’il manque plusieurs mètres carrés de tôle au plan gauche. L’un des ailerons du gouvernail de profondeur a disparu.
Du bombardier partent trois fusées rouges qui disent : « des blessés, plus de radio, train d’atterrissage en panne. »
Le contrôleur tire deux fusées vertes en réponse. L’avion bat à peine des ailes. Son pilote redonne des gaz autant qu’il le peut pour s’aligner face à la piste. Poussés à fond, ses deux moteurs semblent lâcher des râles d’agonie. Il sort en hâte ses volets et descend, un peu cabré semble-t-il, parallèlement à la piste. Il va tenter d’atterrir sur l’herbe le long de la piste elle-même. À l’instant où l’avion va toucher le sol, une violente saute de vent le déporte. C’est sur le béton de la piste qu’il touche, avec un raclement géant et un feu d’artifice d’étincelles. Il paraît glisser mais, soudain, le fuselage se brise en deux dans un fracas d’enfer. Des flammes jaillissent des deux tronçons.
Les pompiers parviennent à noyer l’épave sous un déluge de neige carbonique. Ils vont en retirer quatre morts et cinq blessés. Le Ville de L. ne volera jamais plus.
C’est la fin d’une nuit ordinaire pour un groupe de bombardement lourd de l’Armée de l’Air française. »


12 mars 1942
Alger
Extrait du Bulletin Officiel du ministère de la Défense nationale (section Air) : « Sur recommandation de la Commission médicale permanente du Personnel navigant, le capitaine Mendès-France (Pierre), navigateur breveté, chef de bord au GB II/60, est rayé des cadres du Personnel navigant de l’Armée de l’Air à dater du 15 mars 1942. »


3 avril 1942
New York
« Mon cher Mendès,
Toutes les nouvelles ou presque, outre votre lettre du 4 mars, me sont parvenues ici à la fois. Permettez-moi de vous dire que rarement Légion d’Honneur fut plus méritée que celle qui vous échoit. Après votre quatrième citation à palme, elle allait de soi. Ou elle serait allée de soi, devrais-je dire plutôt, si le maître de nos Défenses nationales ne se comportait pas d’une manière aussi haïssable, en général, et ne se faisait, en particulier, gloire de son ingratitude. Voilà un homme qui ne se soucie pas plus d’être apprécié par ses camarades qu’aimé par ses subordonnés ! Je n’en suis que plus surpris qu’il vous ait enfin accordé la Belle Rouge plus un quatrième galon. Peut-être a-t-il voulu compenser votre radiation du personnel navigant. Ce serait assez de son genre.
Quels que soient les motifs du Grand Sémaphore, je vous félicite du fond du cœur. Si le champagne m’attend encore à l’Aletti, aux bons soins du barman Edmond, nous en boirons plus d’une coupe quand je viendrai à Alger cet été – en juillet si c’est possible. On s’est enfin décidé en haut lieu à m’accorder une permission. On n’avait, d’évidence, guère envie de me voir traîner mes guêtres à moins de mille lieues du siège du Pouvoir. Je préfère imaginer que l’on redoutait l’écroulement des gratte-ciel de Manhattan, à l’instar des murailles de Jéricho, si je quittais le territoire des États-Unis. À quelles extrémités la solidarité entre alliés ne pousse-t-elle pas ceux qui nous gouvernent !
Il est temps que je change d’air. Je me lasse de jouer les maîtres de relais de poste exotiques, même si les Stratoliner remplacent les diligences. À vous, je puis confier que je me meurs d’ennui.
L’écriture elle-même ne suffit pas à me divertir. Mon Pilote de Guerre, traduit sous le titre Flight to Arras, a rencontré quelque succès, ce qui m’a valu maints déjeuners, dîners, cocktails, signatures, rendez-vous galants, interviews, conférences et tutti quanti. Un temps, ces festivités et les jolies femmes m’ont un peu amusé. Elles ne m’amusent plus. J’ai tout de même achevé mon conte illustré pour enfants, Le Petit Prince. Vous me pardonnerez d’avoir repris le dessin que je vous avais donné à Marrakech pour le personnage de l’Ivrogne. Votre sobriété à toute épreuve étant devenue proverbiale, vous n’y verrez, je l’espère, qu’un signe d’amitié.
Je m’attache maintenant – j’ai trop de loisirs – à mettre au net des monceaux de notes d’un disparate à faire peur. Il y a là, me semble-t-il, la matière de plusieurs livres. Si Dieu me prête vie, je commencerai par une suite à mon Pilote dont je n’ai rédigé encore que le titre, Orphelins du Ciel. Vous-même et vos petits cos de promo de Marrakech y apparaîtrez au premier plan. Qu’en pensez-vous ?
J’avais cru (non : j’avais voulu croire) qu’on ferait de moi, précisément, le pilote d’essai des avions américains que nous acquérons, qu’il s’agisse d’appareils entièrement nouveaux ou de versions nouvelles. Il n’en est rien. On me laisse le manche pendant dix minutes, on prend une photo, et le tour est joué. Si au moins on me versait un cachet digne d’Hollywood !
Je vois que je jacasse, si je puis m’exprimer ainsi, comme une commère au lavoir alors que je ne devrais vous parler que de vous.
Je ne sais si cette lettre vous trouvera encore à l’hôpital, ou si vous avez pu entamer votre convalescence. Dans le premier cas, guérissez vite, je vous en prie, et dans l’autre, reposez-vous énergiquement. Je vous donne l’ordre (je suis votre ancien) d’être sur vos deux pieds quand je viendrai à Alger.
À bientôt, mon cher Mendès, portez-vous bien, et croyez-moi plus que jamais votre ami fidèle.
Antoine de Saint-Exupéry »


21 juin 1942
Alger
Le commandant Mendès-France assure ce dimanche soir la “causerie au coin du feu” hebdomadaire de Radio Alger.
Les rapports parvenus de Métropole indiquent que cette émission d’un quart d’heure est l’une des plus écoutées par les Français de France. Le ministre de l’Information, Jean Zay, choisit lui-même les intervenants. Il s’agit, sur le ton de la confidence, d’expliquer à ceux qui souffrent sous la botte de l’Occupant et des félons le pourquoi et le comment de la guerre. Et de répéter inlassablement le même message : « Nous ne vous abandonnerons jamais. »
On y a entendu le Président de la République Albert Lebrun et André Gide, le général de Gaulle et le caporal-chef Ahmed Ben Bella, Léon Jouhaux et Jean-Pierre Aumont, Hansi et Max-Pol Fouchet, René Leduc et Louis Marin, le lieutenant de vaisseau Bertrand de Saussine et Mgr Tisserant.
– Mes chers amis, commence Pierre Mendès-France, ce n’est pas à vous que je veux m’adresser ce soir. Du moins pas à vous d’abord. Non, voyez-vous, je veux parler pour ma femme et mes deux fils qui survivent parmi vous, cachés par des amis sûrs.
Comme tant de Français d’aujourd’hui, et pour tellement de raisons, ma famille est contrainte à la clandestinité, aux faux papiers. Mon épouse ne peut plus porter plus mon nom. Ses enfants, elle les fait passer pour ses neveux. Vous savez tous… vous avez tous éprouvé, au plus profond de votre chair, parfois… de quoi sont capables la Gestapo de l’ennemi et les polices… que dis-je : les milices et les gangs… du soi-disant gouvernement de fantoches et de traîtres au service des Nazis. S’ils découvraient que cette femme, que ces deux petits garçons sont bel et bien ma femme, mes deux petits garçons, quels dangers les miens ne courraient-ils pas ! Quelle mort, après quels ignobles traitement, les attendrait !
En mission, à bord de l’un de nos bombardiers, j’ai souvent éprouvé la peur, comme tous les combattants. Je redoutais, bien sûr, la DCA et les chasseurs frappés de croix noires. Mais rien ne peut dire l’éprouvante qui me prend lorsque je pense à ceux qui me sont chers. Cet effroi-là, je vous l’avoue, résiste à tous les courages.
Et cependant, je sais que vous êtes des milliers, des dizaines, des centaines de milliers, à partager les mêmes risques, et à endurer les mêmes souffrances, que ceux que j’aime et qu’il me tarde de revoir. Le Boche et ses valets n’entrent pas dans les détails. À leurs yeux, chaque Français, chaque vrai Français, peut devenir un adversaire à torturer d’abord, à abattre ensuite.
C’est pour vous, vrais Français, comme pour eux, que j’ai combattu. Et c’est pour eux, comme pour vous, que nos soldats, nos marins, nos aviateurs, se battent tous les jours, sur les théâtres géants de ce conflit mondial. C’est dans l’ombre, pour vous, comme pour eux, que des hommes et des femmes d’une audace insensée… car ils sont fort déraisonnables, n’est-ce pas, nous prétendront les tièdes et les donneurs de leçons… c’est pour vous comme pour eux que des hommes et des femmes participent à la lutte secrète. C’est pour eux, comme pour vous, que des gens simples, qui se croyaient peureux, hébergent, dissimulent, nourrissent, guident les persécutés, les évadés, les traqués, les aviateurs perdus. C’est pour eux, comme pour vous, que des policiers patriotes désobéissent à leur hiérarchie et perdent des mandats d’amener, que des fonctionnaires falsifient les documents officiels, que des cheminots transportent dans le tender de leur locomotive des passagers en fuite, que des postiers égarent le courrier envoyé par les marionnettes dont Hitler tire les ficelles… »
Pierre Mendès-France poursuit durant une dizaine de minutes, puis en arrive à sa conclusion : « Je vous dis ce soir : ne désespérez pas. D’immenses armées se sont levées, se lèvent, pour venir vous libérer. Des usines de nos alliés sortent tous les jours des matériels en masse qui équipent leurs troupes fraîches et rééquipent nos forces un moment défaites, mais qu’anime à nouveau l’esprit de la Victoire. De leurs chantiers navals appareillent toutes les semaines de nouveaux navires, des bâtiments neufs qui viennent se joindre à notre flotte éprouvée mais invaincue. De leurs ateliers décollent chaque jour des dizaines, des centaines d’avions modernes dont une partie viennent prendre, dans nos escadrilles, la relève des anciens appareils. Leurs convois sillonnent les mers avec les nôtres au mépris des sous-marins. La Libération est en marche.
Permettez-moi de vous dire à tous : au revoir et à bientôt.
Et d’ajouter, pour ma femme et mes enfants : dormez bien, ce soir, je vous embrasse. »


23 juin 1942
Alger
Partout en Afrique du Nord comme dans tout le monde libre, les téléscripteurs de l’Agence Havas Libre se mettent à sonner. On se précipite pour suivre les caractères qui s’impriment sur un rythme d’une lenteur à désespérer – 50 bauds dans le meilleur des cas.
« Bulletin Mendès France
Alger, 23 juin 1942 (AHL). M. Pierre Mendès-France a été nommé ministre des Finances et de l’Économie, indique un communiqué de la Présidence du Conseil. frm (AHL) »
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
patzekiller



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 3940
Localisation: I'am back

MessagePosté le: Ven Juil 04, 2008 12:05    Sujet du message: Répondre en citant

y aura t'il une allusion de st ex à ce nouvel ouvrage decrit dans certains coloriages mais jamais ecrit en otl?
_________________
www.strategikon.info
www.frogofwar.org
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Menon-Marec



Inscrit le: 27 Mai 2008
Messages: 225
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Juil 04, 2008 15:35    Sujet du message: Saint-Ex et autres Répondre en citant

Pour Patzekiller:
L'histoire des "Orphelins du Ciel", telle que je la connaîs, reste confuse. Il semble que Saint-Ex avait abandonné ce texte à peine ébauché durant de longs mois pour rédiger "Lettre à un Otage", mettre au net le "Petit Prince" et travailler sur d'autres projets. Il n'aurait repris les "Orphelins" que fin 43. Des indices concordants me portent à croire que Saint-Ex, en Angleterre au printemps 44 pour s'initier au pilotage d'appareils à récation sur Gloster Meteor (Qu'est-ce qu'one ne lui faisait pas faire!), avait confié une serviette Hermès contenant tout ce qui concernait les "Orphelins" au pilote d'un B 17 américain en partance pour Paris. Le courrier France-Angleterre fonctionnait alors à la va-comme-je-te-pousse. L'amricain se serait engagé à remettre la serviette à Gaston Gallimard lui-même. En bref, ce B 17, à bord duquel se trouvait Glenn Miller, est tombé dans la Manche pour des raisons inconnues. On croit en avoir retrouvé l'épave, mais il n'y avait pas la moindre trace de la serviette Hermès, bien évidemment. Voilà tous ce que je sais. Mais Casus Frankie, le plus éminent des saint-exupéristes de sa génération, vous en dira davantage je pense.
Pour Martel:
1) Contrairement à ce que nous pensons, la question du mode de scrutin n'inquiétait pas beaucoup les politiques de la IIIème. Ils s'étaient habitués au "scrutin de gladiateurs". Je me souviens d'avoir lu chez ma grand-mère un "Lecture pour Tous" d'avant la Grande Guerre (1912, je crois) où un dessin montrait l'image d'une Marianne radieuse dans une psyché marquée "Scrutin propotionnel" et difforme dans un miroir "Scrutin d'arrondissement". Trente ans plus tard, on en était au même point. En réalité, l'adoption de la proportionnelle a été une concession du général aux Communistes qui la réclamaient à cor et à cri. Il l'a payé cher en 1951, où le RPF aurait remporté haut la main la majorité absolue aux législatives avec le majoritaire à deux tours. Il s'en est souvenu en 58. Quant au vote des femmes, je soupçonne que Daladier et Mandel partageaient le même point de vue que bien des chrétiens sur le paradis: oui, bien sûr, mais rien ne presse. C'était un sentiment assez répandu. Mais je dois me rendre lundi ou mardi àa la bibliothèque de Sciences-Po et je tâcherai de creuser vos deux questions.
Amts, ainsi que l'on écrit à l'AFP.
M-M.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Martel



Inscrit le: 17 Aoû 2007
Messages: 262
Localisation: Paris, France

MessagePosté le: Ven Juil 04, 2008 17:07    Sujet du message: creuser...encore et toujours Répondre en citant

Bonjour,

MM, merci pour la réponse.

La position du général peut coincider aussi avec le fait que le mode de scrutin ait été passé à la proportionnelle par Daladier pour les élections à venir.
Le général se sentant comme le syndic de l'entreprise france, aurait maintenu le scrutin proportionnel pour rester en phase avec ce que la chambre avait voté.

Pour Mandel, j'ai lu qqpart qu'il avait été en charge d'une commission sur le sujet et que les propositions faites par ladite commission n'avaient pas été suivi d'éffet, mais étaient assez éloignées de la proportionnelle.

Ce qui nous permettrait de rebondir sur le parlementarisme rationalisé cher à M Debré et dejà abordé en FTL, de provoquer une réaction des radicaux...

2) Le vote des femmes est le dada de Reynaud sur la base de mes lectures
et donc cela fournirait un beau coloriage et un débat intéressant à l'assemblée.
Les deux sujets pouvant être liés.

Merci de vos coups de pic et de pioches

Martel
_________________
"Enfin le cardinal a terminé son sort.
Français, que dirons nous de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
Il ne pouvait pour nous rien faire davantage. "
Epithaphe anonyme du Cardinal de Mazarin.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Lun Juil 07, 2008 00:41    Sujet du message: Répondre en citant

"Orphelins du Ciel"
- Les oeuvres OTL de St Ex contiennent un gros pavé appelé "Cathédrale", qu'il aurait certainement raffiné s'il avait vécu en un livre plus bref.
- FTL, St Ex vit des expériences différentes, qu'il va raconter comme il a raconté les précédentes (Vol de Nuit, Pilote de Guerre). Le temps d'écriture est celui qu'il a consacré OTL à Cathédrale.
Hélas, le manuscrit définitif est tombé dans la Manche avec Glen Miller, mais le "brut" sera publié après la disparition de l'auteur.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 08, 2008 22:16    Sujet du message: Epilogue ? (by Menon-Marec) Répondre en citant

15 août 1942
Rhodes - RAF Maritsa
M. Pierre Mendès-France
Ministre des Finances et de l’Économie
Alger

Monsieur le ministre, mon commandant,
J’ai trop tardé à vous dire, au nom de tous les Cantonniers du II/60, combien nous sommes fiers de votre entrée au Gouvernement. Mais vous savez que je n’aime pas trop écrire. D’ailleurs, sans chercher à justifier ma paresse, sans doute avez-vous su que le Groupe n’a pas chômé ces jours-ci. Mais mieux vaut tard que jamais : toutes nos félicitations, donc, et tous nos vœux de réussite.
J’ai une faveur à solliciter, mon commandant. Non, il ne s’agit pas de vous demander d’ordonner à monsieur le percepteur de considérer mes pertes au jeu comme déductibles de mon revenu…
J’ai été nommé hier (l’auriez-vous imaginé ? Moi, je ne l’aurais jamais cru !) commandant de notre Groupe, tandis que le colonel Jouhaud a pris la tête de la 60e Escadre. Cela me donne des privilèges que vous connaissez. Je voudrais que vous nous autorisiez à perpétuer la tradition des Cantonniers en donnant au Lockheed Electra de liaison et d’évacuation de mon Groupe le nom de Ville-de-Louviers et à peindre sur le nez le Cantonnier du Cdt de Saint-Exupéry. Le pilote de l’Electra, un de nos anciens, le capitaine de Fermendidier, qui a repris du service à quarante ans passés, est d’accord et se sentirait très honoré, affirme-t-il, si vous acceptiez.
Mon Libérateur (les circulaires ministérielles demandent de franciser les noms américains) a été baptisé Dragon d’Annam. Son insigne, m’a dit d’Étoilies des Escoyères (il est aspirant maintenant), se lit « D’azur au dragon d’or lampassé et onglé de gueules timbré d’un casque d’aviateur de sable au listel d’azur portant la devise mau len d’or ». Moi, je n’avais pas appris cette langue-là au lycée Paul-Bert.
Notre nouveau navigateur est un lieutenant Gary, d’origine plus ou moins russe, qui nous guide à l’intuition – tout le contraire de vous. Mais il ne se débrouille pas mal non plus, même s’il trouve nos quadrimoteurs un peu gros à son goût (je ne serais pas étonné qu’il finisse par demander sa mutation sur B-25 – tiens, comment francise-t-on “Mitchell” ?).
Les Cantonniers survivants – et, j’en suis sûr, les autres aussi, d’où ils sont – se joignent à moi pour vous assurer, monsieur le ministre, mon commandant, de notre respect et pour vous envoyer notre meilleur souvenir.

Nguyen Van Hinh
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Finen



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1924

MessagePosté le: Mer Juil 09, 2008 00:04    Sujet du message: Répondre en citant

"Mitchell" => "St Michel" ?
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Fantasque



Inscrit le: 20 Oct 2006
Messages: 1336
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Juil 09, 2008 15:02    Sujet du message: Répondre en citant

Billy Mitchell avait servi en France en 1917-1918.

Il ne serait pas convenable de ne point l'honorer....

F
_________________
Fantasque
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
dak69



Inscrit le: 24 Oct 2006
Messages: 345
Localisation: lyon

MessagePosté le: Mar Juil 15, 2008 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Bravo des deux mains pour la relation des exploits aéronautiques de PMF dan s la FTL !

Quelques petites remarques au passage :

Citation:
L’Amiot vole ne pourtant qu’en croisière économique, poussé il est vrai par la brise de nord-est, comme le prévoyait le 2nd officer Hallam, ce qui lui permet d’atteindre 350 km/h au badin.


Le badin donnant la vitesse par rapport à l'air ne peut pas prendre en compte la composante liée au vent (favorable ou défavorable). La phrase pourrait être modifiée ainsi :

L’Amiot ne vole pourtant qu’en croisière économique, poussé il est vrai par la brise de nord-est, comme le prévoyait le 2nd officer Hallam, ce qui lui permet d’avancer nettement plus vite que les 350 km/h affichés au badin.

Ensuite, les fréquences utilisées pour le repérage gonio. Celle de BBC Malta me semble hors des bandes "civiles", et, à l'époque, celle de Beromünster était de 653 kilocycles, et non pas 2039, qui serait aussi hors bande.

Enfin, le Norden sur un Liberator "export" à l'automne 1941 me semble hautement improbable, pour les raisons suivantes :

- la "merveille technologique secrète" (frelatée...) était considérée comme stratégique et réservée aux besoins nationaux (la Navy d'abord, "propriétaire" de l'engin, qui fournissait ensuite l'Air Corps).
- les capacités de production étant limités, même pour les besoins US, les B24 étaient équipés d'un viseur Sperry (supérieur au Norden et plus facile d'emploi !) jusqu'à fin 1943 - début 1944.

Ainsi, les LB30-32 utilisés par la RAF étaient équipés d'un viseur Sperry.

Bien amicalement
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 15, 2008 17:50    Sujet du message: Répondre en citant

Honte sur moi, j'avais raté le coup du Badin... Embarassed Embarassed
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Suivi de la chrono Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6  Suivante
Page 4 sur 6

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com