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Une famille Nordinaire, par Etienne
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Andrew



Inscrit le: 06 Juil 2015
Messages: 826
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MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 18:44    Sujet du message: Répondre en citant

Le récit est très intéressant comme toujours mais les références émises par les membres de la FTL me sont inconnues,de quoi s'agit-il?
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Atatürk



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Localisation: Richmond,Virginia-USA

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 18:49    Sujet du message: Répondre en citant

Andrew a écrit:
Le récit est très intéressant comme toujours mais les références émises par les membres de la FTL me sont inconnues,de quoi s'agit-il?


A mon avis ce doit être une référence de la culture populaire française complétement inconnu de nous autres américains.
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"Paix dans le pays,paix dans le monde"
Mustafa Kemal Atatürk.
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Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2817
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 18:56    Sujet du message: Répondre en citant

Atatürk a écrit:
Andrew a écrit:
Le récit est très intéressant comme toujours mais les références émises par les membres de la FTL me sont inconnues,de quoi s'agit-il?


A mon avis ce doit être une référence de la culture populaire française complétement inconnu de nous autres américains.


Il s'agit de Tintin.

Le "Loch Lomond" est une marque de Whisky (à l'époque fictive) qui est celle que préfère le Capitaine Haddock

L'échange "Dog, tipsy-tipsy!" est basé sur une scène de "Tintin au Tibet" où Milou se laisse tenter de boire du whisky gouttant du sac d ce même capitaine...

https://www.agir-efficace.com/wp-content/uploads/2014/07/milou.png

https://tintinetmoi.files.wordpress.com/2013/04/img196-2.jpg

Vous noterez qu'on connait globalement le dialogue par cœur...
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"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
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Atatürk



Inscrit le: 08 Aoû 2016
Messages: 266
Localisation: Richmond,Virginia-USA

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

Je ne connais pas cette bande dessinée. Visiblement elle a l'air d'être populaire en France.
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Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2817
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

Atatürk a écrit:
populaire


Il y a un mot en anglais que je connais: "understatement".

Ceci en était un magnifique.

Disons que Tintin, une série dont l'auteur, Hergé, est pourtant mort depuis 34 ans reste un véritable monument qui a été lu et reste lu par à peu près TOUS les Belges (car cette BD est belge) et les Français. C'est un véritable monument culturel. En France et en Belgique, je ne pense pas exagérer en affirmant que tout le monde a un jour eu un album de tintin entre les mains...

On prête d'ailleurs cette phrase au Général De Gaulle: "Mon seul rival international, c'est Tintin!"
Elle est sans doute apocryphe, mais elle en dit long...
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solarien



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Localisation: Picardie

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 19:18    Sujet du message: Répondre en citant

En France, on est fan des BD, un peu des comics américains et maintenant des manga japonais, coréen et chinois.
la BD, c'est très européen, je dirais même franco-belge.
Hergé, Franquin, Morris, Roba, Peyo, Jacobs, Goscinny et Uderzo, Moebius , Jacques Martin, Arleston, et j'en oublie surement beaucoup.

En Europe mais surtout en France et Belgique, la BD, c'est une obligation d'en avoir.

Sans la BD franco-belge, pas de film de science fiction moderne, pas de StarWar, pas de "5ème éléments" c'est devenu la référence dans l'imaginaire futuriste, science-fiction.
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FREGATON



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MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 19:52    Sujet du message: Répondre en citant

C'est étonnant que nos amis américains n'en aient pas entendu parler car les albums ont été traduits en au moins 15 langues différentes et en 2011, Tintin à même fait l'objet d'un film hollywoodien réalisé par Spielberg et produit par Peter Jackson: "The Adventures of Tintin : The Secret of the Unicorn"....??
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Andrew



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Messages: 826
Localisation: Hartford (Connecticut-USA)

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 20:13    Sujet du message: Répondre en citant

Les bandes dessinées produites en Europe ne sont pas très populaires en Amérique du fait du style très différent auquel nous sommes habitués.

Pour ce qui est de Tintin,je crois que seul six albums ont été diffusés en Amérique dans leur versions destinées au marché américain même s'il est possible d'acheter celles destinées au marché britannique dont la série est complète.

Quand au film que je n'ai pas vu,il fut peu visionné par le public et encore il a rempli les attentes des producteurs pour le marché américain parce-qu'il est sorti à Noël.
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Etienne



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Messages: 2840
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 20:20    Sujet du message: Répondre en citant

Il y a je crois un profond fossé entre les comics américains et la BD Franco-Belge ou Belgo-Française (je crois que l'école Belge fut la plus influente).

Et je suis un (pauvre) amateur de BD, donc il y a eu et il y aura encore des références malheureusement incompréhensibles pour nos amis d'outre-Atlantique. Désolé. Embarassed
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Mar 23, 2017 20:24    Sujet du message: Répondre en citant

FREGATON a écrit:
C'est étonnant que nos amis américains n'en aient pas entendu parler car les albums ont été traduits en au moins 15 langues différentes et en 2011, Tintin à même fait l'objet d'un film hollywoodien réalisé par Spielberg et produit par Peter Jackson: "The Adventures of Tintin : The Secret of the Unicorn"....??

Et d'ailleurs le Karaboudjan y figure.
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Wil the Coyote



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Messages: 1904
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MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 07:16    Sujet du message: Répondre en citant

Et pourtant, quand on y regarde, 2 grands héros de BD sont américains, je parle ici de Lucky Luke et de Buck Danny, qui apparait sur ce site aux côté de notre pilote Breton, mais stoppons nos effusions Bédéphiles...car sinon notre grand GO va couper....

PS: pour les habitants du nord et de Belgique, je fais parti de l'organisation d'un festival BD sympa (BD Rumes)..alors si cela vous dit Very Happy (j'arrête Loic)
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Colonel Gaunt



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MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 13:31    Sujet du message: Répondre en citant

Andrew a écrit:
Les bandes dessinées produites en Europe ne sont pas très populaires en Amérique du fait du style très différent auquel nous sommes habitués.


Heavy Metal, le magazine de comic américain est la version US d'un magazine français = Métal Hurlant.

Et chez les fans de comic US, on connait un peu la BD franco-belge, dont un certain Mœbius alias Jean Giraud. Son travail a inspiré une tripoté de cinéastes dans la science-fiction, le premier Alien, Blade Runner ou Tron ou bien Abyss
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Les guerres de religion consistent à se battre pour savoir qui a le meilleur ami imaginaire
Citation vue sur le net
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Andrew



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Messages: 826
Localisation: Hartford (Connecticut-USA)

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 13:44    Sujet du message: Répondre en citant

Colonel Gaunt a écrit:

Heavy Metal, le magazine de comic américain est la version US d'un magazine français = Métal Hurlant.

Et chez les fans de comic US, on connait un peu la BD franco-belge, dont un certain Mœbius alias Jean Giraud. Son travail a inspiré une tripoté de cinéastes dans la science-fiction, le premier Alien, Blade Runner ou Tron ou bien Abyss


Certes mais ce n'est pas une majorité d'américains y compris moi-même (en passant je ne suis pas un fanatique de science-fiction ni même de comics ou de bande dessinée donc ne vous étonnez pas si les références me passent complétement par-dessus ma tête).
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solarien



Inscrit le: 13 Mai 2014
Messages: 2676
Localisation: Picardie

MessagePosté le: Ven Mar 24, 2017 14:35    Sujet du message: Répondre en citant

Le dernier Besson, valérian et Laureline, est tirée de la BD éponyme de Mézière, qui fut le dessinateur de la ville futuriste de New York dans le 5 ème éléments, et tu retrouve une partie de ses idées et influence dans l'épisode 2 de Starwars, la guerre des clones (la balade en ville en voiture volante)
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Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


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Messages: 13821
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 04, 2017 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

Après un long entr'acte… Le retour de notre Nordiste (et de quelques autres).

20 juillet
Un hôte original
Casablanca-Cazès
– En cette chaude journée de juillet, l’administrateur Rochet a de la peine à éponger sa sueur, bien que son bureau soit orné d’un énorme ventilateur suspendu au plafond – mais l’engin ne brasse que de l’air chaud. Et comme l’administrateur doit recevoir d’un instant à l’autre un nouvel adjoint, il lui faut faire bonne contenance.
Il soupire.
Il espère surtout que celui-ci sera d’une autre veine que Lepeyssec, bon à rien, mauvais à tout. Il remue les papiers sur son bureau… Quel est son nom, déjà ? Bon ? Diable, ça commence mal avec un nom pareil, surtout que l’administration ne lui a communiqué que l’initiale de son prénom… un T. T. Bon ! Rochet imagine déjà les railleries et sarcasmes du service, surtout s’il ne l’est pas, bon.
On frappe à sa porte. Monsieur l’administrateur s’éponge le front à nouveau, vérifie sa mise et, d’une voix qu’il voudrait grave, répond : « Entrez ! »
La porte s’ouvre, laissant place à un grand gaillard bien bâti, aux cheveux rasés de près, dans un costume gris bien coupé sans être du dernier cri, preuve à la fois d’un bon goût et du peu de finances que l’administration laisse à ses fonctionnaires. Bon point, mais l’individu est visiblement… un nègre, et même un nègre du plus beau noir, ce qui n’est pas forcément de bon augure dans l’administration coloniale !
Rochet se lève, tandis que l’homme s’avance et se présente.
– Bonjour Monsieur Rochet, je suis envoyé par le Résident Général pour devenir votre nouvel adjoint.
– Bonjour – Monsieur Bon, c’est bien ça ? Mais votre prénom ne m’a pas été communiqué.
– Je me prénomme Toussaint, Monsieur.
– Toussaint ?

L’administrateur ouvre des yeux ébahis, c’est une blague ou quoi ? Comme s’il devinait sa pensée, le nouveau venu réplique : « Oui, Monsieur, et ce n’est pas une plaisanterie. Cela peut surprendre, je sais, vous n’êtes pas le premier et ne serez pas le dernier. Je suis originaire du Sénégal, de Saint-Louis précisément, et une tradition là-bas fait que nous portions le prénom du saint du jour de notre naissance. Mes parents ne sont ni très lettrés ni croyants, et plutôt que de consulter le curé de notre paroisse, ils ont fait comme beaucoup : ils ont pris l’almanach des PTT… Or, je suis né un 1er novembre, et ce jour-là, le calendrier indique Toussaint. »
Ouvrant toujours de grands yeux surpris, Rochet balbutie un « Ah diable ? » un peu confus (et contrastant fort avec le prénom de son nouvel adjoint). D’un grand sourire qui montre ses dents blanches, l’Africain continue : « Et j’ai encore de la chance, un de mes amis d’enfance est né un 14 juillet… »
– Et alors ?
– Il se prénomme Fetnat !

Rochet se rassoit, sidéré.
– Ça n’a pas dû être facile, à l’école… et au lycée…
– Oh, peu d’entre nous parviennent au lycée, Monsieur. J’ai eu la chance d’être repéré par le curé qui nous faisait la petite école dans le village, un peu à cause de mon prénom, et puis pour mes aptitudes scolaires. Il venait d’une famille assez riche de la Métropole, il avait un camion Citroën pour transporter ses ouailles ou du matériau de construction, c’est lui qui a bâti l’école ! Il a insisté auprès de mes parents pour que je poursuive ma scolarité. Avec son aide, j’ai pu avoir mon Certificat, puis obtenir une bourse et aller au lycée – là ce fut plus difficile, mais ça ne concernait pas que mon prénom !
– J’imagine… En plus, dans une colonie…
– Oui, il y avait plus de fils de colons blancs que de nègres, j’étais quasiment le seul, et le plus pauvre ! Mais comme j’avais de bons résultats et que j’étais déjà bien costaud, les brimades se sont faites rapidement plus rares. Oh, il y en avait toujours, et je sentais le regard des autres, parfois avec une pointe de jalousie, mais cela forge le caractère. Malgré tout, je me suis trouvé des amis. Peu, très peu, mais très bons.
– Bons… Comme vous, donc ?

Le Noir sourit. "Ça monsieur, ce sera à vous de me le dire ultérieurement ! Mais il semblerait, d’après certains spécialistes de l’onomastique versés en anthroponymie, que le nom d’une personne puisse influer sur son caractère."
– C’est fort possible, je ne suis pas très connaisseur en ono… en la matière. B… Bien !
[Zut, il faudra faire attention à ne pas dire « Bon » !] J’ai une première mission à vous confier, fort simple au demeurant. Vous savez certainement qu’avec le Grand Déménagement, nous accueillons depuis plus d’un mois une foultitude de personnes de tous rangs, que nous devons loger. Or les places disponibles se sont plus rapidement taries qu’une mare dans le désert !
Aujourd’hui, nous devons nous occuper du dernier bateau en provenance de Bordeaux, arrivé en soirée hier. Il y en aura d’autres sûrement, de Bayonne ou de Saint-Jean de Luz, mais celui-ci marque la fin du déménagement bordelais. Voici la liste des passagers à reloger. Nous avons un peu de tout, mais nous ne nous occupons que des civils. Il y a deux cadres, un ingénieur de chez Bloch, Monsieur Brignon, qui logera à la villa Atlas, où sont déjà quelques-uns de ses collègues. L’adresse est ici… Pour Monsieur Lecat, de Ratier, il y a des logements sur le site où ils sont installés, voici les coordonnées. Il y a ensuite ici la liste des ouvriers spécialisés qu’il faudra loger sous les tentes militaires du terrain d’Anfa. Ce qui m’ennuie le plus, c’est que nous avons ici un contremaître, Monsieur Vanbrugge, que nous ne pourrons que loger avec les ouvriers, il n’y a plus de place ailleurs ! La construction des logements est en cours, mais loin d’être terminée. J’ignore quel est le caractère du personnage, peut-être devrez-vous faire preuve de persuasion diplomatique, Monsieur Bon.
– Je vois. Cela ne me semble pas trop difficile…
– Il vous faudra peut-être tenir compte de comportements… Euh…
– Racistes ? J’en ai pris l’habitude, rassurez-vous.
– Oh, je n’irai pas jusqu’au racisme, quoique… Mais un mouvement de recul peut se faire sentir.
– Ne vous inquiétez pas, ça aussi je connais, et même si cela peut vous surprendre, je trouve ça très naturel : la vision de quelqu’un de différent provoque toujours ce type de mouvement. Nous autres, nègres, faisons de même, comme tout un chacun dans n’importe quelle société ou peuple devant quelqu’un de difforme, de visiblement malade… C’est un réflexe, pas un sentiment profond.
– C’est très vrai. Bienvenue et bonne chance, Monsieur Bon. Ah, allez au dépôt, et demandez au conducteur du bus qu’il vous emmène prendre les passagers au port pour les déposer en leurs logements.

Le nouvel adjoint quitte les locaux de l’administration, son petit dossier sous le bras, et se rend au dépôt, un hangar automobile en ferraille quelque peu décrépit, ou du moins rouillé par endroits sous une peinture jaunâtre appliquée sans soin. Le préposé à la conduite du bus est visiblement interloqué par la couleur du nouveau venu, mais doit bien se plier à l’évidence devant sa carte d’adjoint. Le court trajet vers le port se passe dans un silence pesant, ou plutôt interrogatif. Le dégel se fait sur le quai, lorsque l’adjoint, se présentant aux passagers descendus du cargo, provoque l’hilarité de Stefan Vanbrugge, à la grande surprise de tous.
– Excusez-moi, Monsieur Bon, c’est à cause de votre prénom : pas le fait que ce soit Toussaint, mais en patois de Lille, “ tou sint” veut dire ”tu sent”, ce qui fait que je vous ai entendu dire “Tu sens bon !”, ce qui m’a fait rire, je m’en excuse encore.
Devant cette explication, c’est le nommé Toussaint Bon qui éclate à son tour de rire, d’un rire franc et surtout communicatif – tout le groupe suit, y compris le chauffeur.
– Ah, celle-ci, on ne me l’avait pas encore faite, je vous remercie, Monsieur Vanbrugge. En prenant un accent un peu nèg’, ce sera encore meilleur !
Et il répète son nom à l’envi, déclenchant à nouveau les rires.
Puis, la glace étant brisée, le jeune administrateur-adjoint explique aux différents arrivants leur devenir de locataires. Quand arrive le tour de Stefan, son sourire s’estompe un peu pendant qu’il explique qu’il va devoir être logé sous tente.
– Je suis désolé, Monsieur Vanbrugge, mais c’est une solution provisoire, comme pour vos ouvriers, et je peux vous promettre que je ferai tout pour accélérer le mouvement, dans la mesure de nos moyens, que je ne peux encore estimer par ailleurs.
– Ce n’est pas grave, Monsieur Bon, je suis moi-même un ouvrier et j’ai l’habitude de partager, pas vrai les gars?
– Ah oui !

C’est alors l’ingénieur Brignon qui prend la parole, à la grande surprise de Stefan : « Mais dites-moi, Monsieur Bon, la chambre que je vais occuper à la villa Atlas est bien pour deux personnes ?"
– Oui, Monsieur Brignon.
– Avec deux lits ?
– Oui, c’est exact.
– Alors, si cela vous convient, monsieur Vanbrugge, pourquoi ne viendriez-vous pas avec moi ? A la guerre comme à la guerre, nous n’en mourrons pas !

Là, le Stefan arrondit les yeux ! Quoi, l’ingénieur lui propose de partager sa chambre ? Certes, il a partagé sa cabine sur le cargo avec Monsieur Lecat, mais ils étaient entre gens du même monde ! Ce qui n’est pas son cas… Interdit, il regarde le groupe d’ouvriers, tout aussi surpris. Revenant vers les autres, il bafouille : « Mais, Monsieur l’ingénieur… Ça ne me gêne pas de loger sous une tente… Je ne voudrais pas vous déranger… »
– Mais vous ne me dérangerez pas, Monsieur Vanbrugge ! Pendant cette traversée, j’ai pu jauger que vous étiez un excellent compagnon ! J’ajouterai que par pur intérêt, et au vu des personnes logeant déjà à la villa, vous serez là-bas d’une certaine utilité, étant donné votre pragmatisme et vos connaissances pratiques et techniques. Il y a là Monsieur Lambourg et son adjoint Monsieur Lafosse pour l’aménagement des sites, le chef-magasinier Dupuis, l’ingénieur Marin, de Bacalan… Avant que le Patron n’arrive, il convient de bien mettre à plat tous les besoins, et vous en savez beaucoup à ce sujet, Stefan. Or nous avons peu de temps, et celui passé ensemble lors des soirées pourrait être profitable.
– Je vois ce que vous voulez dire, Monsieur l’ingénieur. Dans ce cas, j’accepte. Mais je vous laisserai à votre tranquillité dès que nous le pourrons.
– C’est acquis, monsieur Vanbrugge !

Le bus fait donc quelques navettes entre le port et l’aérodrome ou la villa, sous la houlette joyeuse de Monsieur Bon, avec qui les conversations vont bon train. La villa Atlas estomaque ses nouveaux locataires, surtout le dôme astronomique, qui séduit Stefan à tel point qu’il supplie les ingénieurs de le laisser passer la nuit dans cette salle immense et si intéressante. Nul n’y voyant d’inconvénient, le Nordiste curieux de tout s’installe alors sur une banquette du complexe. Ses nuits risquent d’être courtes, surtout celles sans nuages…


23 juillet
Installation
Casablanca-Cazès
– Content d’avoir son vélo, Stefan. Cela lui donne une mobilité certaine, sans contraintes d’horaires ou de convenance vis-à-vis des autres locataires de la villa Atlas. Mais la chaleur locale n’aide pas l’ex-Lillois, qui préfère arriver à la fraîche à l’aérodrome, quand le soleil se lève. Là, il retrouve “ses” ouvriers, avec qui il partage le café. C’est d’ailleurs souvent lui qui le prépare, et tous le trouvent goûteux sans vraiment connaître la recette du Nordiste, pourtant simple : ajouter une petite cuillère de chicorée en grains entre deux couches de café moulu bien tassé. Ça ne pourra hélas pas durer bien longtemps, la petite provision du contremaître ne pouvant tenir éternellement, et la source d’approvisionnement étant sous le joug allemand.
Il s’agit ensuite de préparer le boulot de la journée. Les trois hangars de type militaire montés par le Génie ne sont pas suffisamment grands pour y installer une vraie chaîne d’assemblage des Bloch 175/176 rapatriés. Un des trois bâtiments fait office de magasin, avec les deux petits de l’aéro-club, où stationne également le 157. Dans le deuxième, on prépare les sous-assemblages, tandis que le troisième voit la finition de deux à trois appareils. Mais pour cela, il faut d’abord préparer des bâtis, parfois roulants, des échafaudages, des établis et tous ces petits supports ou cadres nécessaires aux ouvriers, que l’on n’a pu emmener. Certes, c’est facile à fabriquer, mais tout ceci demande du temps, et pour le moment un seul avion peut être achevé à la fois, pendant que l’on travaille sur les outillages. Dans ce contexte sortant de l’ordinaire, où tout doit être réinventé, l’esprit pratique et la créativité de Stefan font merveille, et il n’hésite pas à faire certaines choses différemment de l’habitude, du moins celles dont il avait observé l’inadaptation dans les usines de Bordeaux. Le tout avec l’accord de Brignon, qui n’intervient que rarement dans ce cadre.
Il a aussi fallu réorganiser les horaires en fonction du climat. La chaleur de la mi-journée empêchant pratiquement toute activité, on commence tôt après le lever du soleil, pour s’arrêter vers midi. On mange, puis la sieste, afin de récupérer des heures de nuit perdues au petit matin. Avant de reprendre vers dix-sept heures, jusqu’à la nuit au moins. La difficulté de s’adapter à ces contraintes climatiques a conduit Brignon à former deux équipes, une “du matin” et l’autre “du soir”, en se fondant sur les capacités des uns et des autres. Sauf les soirs où il est en discussion avec les ingénieurs à la villa, Stefan est sur place du matin au soir, dormant parfois sur un lit de camp si la soirée s’achève fort tard. L’urgence de la situation est telle que personne ne sourcille, il faut aussi dire que les plus ardents syndicalistes sont restés en Métropole, et comme Stefan reste le seul représentant du syndicat, tout le monde le suit sans discuter !
Bien évidemment, et bien avant que les derniers responsables de production arrivent de Bordeaux, on avait rapidement commencé l’assemblage et la finition des premiers avions rapatriés, avec le peu de matériel disponible, créant celui-ci au fur et à mesure des besoins. Et en ce 23 juillet, les gars ne sont pas peu fiers de pouvoir présenter à leurs ingénieur et contremaître le premier exemplaire achevé au Maroc, un MB-176 complet par la grâce d’un arrivage de moteurs Pratt & Whitney des États-Unis… Bon, il faudra un peu de temps pour que l’EAA le réceptionne, faute de pilote pour l’essayer, et faute de membre de l’EAA présent sur place !
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