Fantasque Time Line

[Lynx999]

Bonsoir
Comme vous l'avez probablement tous vu aujourd'hui, le journal Charlie Hebdo à été la cible d'une attaque terroriste qui a fait 12 morts ce matin à Paris. Juste un petit mot pour partager ici ma tristesse pour ces personnes, martyr de la France, et ma colère envers leurs bourreaux barbares qui, j'espère, seront attrapés. #jesuischarlie
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"Tranquille, souriant à la mitraille anglaise,
La Garde Impériale entra dans la fournaise"
Victor Hugo

[Collectionneur]

Voici une des raisons qui fait je m'investit dans la fiction, le monde réel ne m’enchante pas

Mes condoléances aux familles des victimes, que les blessés se rétablissent sans trop de séquelles, que les coupables soient mit HS le plus rapidement possible.

Et Merde, Cabu... Encore une part de ma jeunesse qui disparait
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"La défaite du fanatisme n'est qu'une question de temps"
"L'abus d'armes nucléaires est déconseillé pour la santé"
"La Démocratie est le pire des systèmes, à l'exception de tous les autres"

[Casus Frankie]

De la part de Fantasque

L’attentat qui a décimé la rédaction de Charlie Hebdo et provoqué la mort de deux policiers nous remplit d’horreur et de dégoût. Certains de ces journalistes étaient connus de tous. La mort de Cabu laisse le Grand Duduche (et la fille du proviseur…) orphelin ; celle de Wolinsky signe la fin des années de « l’après-1968 ». L’invention de Cactus-Man (l’homme aux épine rétractiles…), mais aussi de Paulette et de bien d’autres personnages me reste en mémoire. Tout ceci est désormais comme carbonisé devant la sauvagerie de sang-froid du fanatisme militant.
En vérité je ne puis écrire que pour un, l’économiste Bernard Maris, que je connaissais bien et qui écrivait sous le pseudonyme d’« Oncle Bernard » des billets hilarants et décapants.
Bernard Maris était le fils de Républicains espagnols émigrés en France. Après de brillantes études d’économie, et une thèse en 1975, il avait suivi le cursus honorum qui devait le mener au poste de professeur. Il avait alors enchaîné les postes, récolté le prix de « meilleur économiste » pour 1995 décerné par Le Nouvel Economiste, et publié des livres importants comme Ah Dieu ! Que la guerre économique est jolie ! (en 1998), ou Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles (en 1999). Il fut l’auteur du remarquable Antimanuel d’économie (publié chez Breal en 2 volumes) et d’un ouvrage collectif important témoignant de son intérêt pour les sciences sociales, Gouverner par la peur en 2007. On pouvait le suivre à la télévision ou sur France-Inter. Mais Bernard Maris était aussi bien d’autres choses.
Il a été un grand directeur de collection chez Albin Michel. Je peux témoigner de l’effort qu’il a fourni pour que mon ouvrage Les Trous Noirs de la Pensée Economique se révèle comestible pour un lecteur français. Le livre correspondait au cours que je donnais à l’époque à la Vyshaya Shkola Ekonomiki (Haut Collège d’Economie), et il y fut d’ailleurs publié. Bernard me poussa à le réécrire totalement pour en faire mieux ressortir ce qu’il présentait d’essentiel alors que d’autres éditeurs me soutenaient qu’un ouvrage de théorie et de méthodologie économique n’aurait pas de lecteurs en France. Son analyse fut la bonne et je considère qu’il est en bonne partie responsable de ce succès. Les relations que nous avions nouées à cette occasion ne se sont jamais distendues. Je peux témoigner de son attitude, à la fois ouverte, chaleureuse, mais aussi exigeante envers ses auteurs, et j’avoue être fier d’avoir été publié par un homme tel que lui. Nous avons discuté ensemble des journées entières et, de ces discussions, a surgi un autre livre, Les économistes contre la démocratie, qui fut publié en 2002. J’ai pu alors mesurer tout son écoeurement devant le comportement de certains économistes à gages, dont la seule fonction est de fournir des justifications à qui les paye. Le projet d’un troisième livre, rédigé avec un de mes anciens étudiants russes sur la « transition » en Russie ne se fit pas. Mais il nous donna le plaisir de nous rencontrer à de multiples reprises dans les locaux de Charlie Hebdo, ces mêmes locaux où s’est déroulé l’attaque criminelle qui lui a coûté la vie ainsi qu’à neuf de ses confrères.
Bernard Maris, et ceci est moins connu, était aussi un romancier. Il publia Pertinentes Questions morales et sexuelles dans le Dakota du Nord en 1995, où il laissait libre cours à sa passion pour l’anthropologie et surtout L'Enfant qui voulait être muet en 2003. Il fut aussi essayiste avec L’Homme dans la guerre : Maurice Genevoix face à Ernst Jünger, publié chez Grasset en 2013 et surtout Houellebecq économiste, publié chez Flammarion en 2014. Il fit aussi des excursions dans le cinéma, collaborant avec Jean-Luc Godard en particulier. L’étendue de ses connaissances, non seulement en économie mais aussi en Histoire et, on l’a déjà dit, dans les diverses sciences sociales, frappait tous ceux qui le lisaient. Bernard avait fait sienne la démarche d’Adam Smith, qui considérait que l’économie était une science morale et impliquait des liens étroits avec les autres disciplines des sciences sociales. Rien ne lui était plus étranger que le fumeux concept « d’économie pure » mis à la mode par Léon Walras et dont s’inspire tout une tradition d’économistes qui brillent autant par la formalisation de leurs raisonnement que par l’irréalisme de leurs déductions. Il attendait avec impatience la constitution d’une section d’économie politique, séparée de l’économie qui était en passe de devenir la chasse gardée de prétendus mathématiciens.
C’est peut être cet intérêt pour les sciences sociales dans leur ensemble qui en fit un lecteur attentif et enthousiaste de Et si la France avait continué la Guerre. Nous lui avions fait parvenir un exemplaire du premier volume. Il le lut avec une grande attention, et en fit une recension plus qu’élogieuse dans Charlie Hebdo. Il avait parfaitement saisi non seulement l’objet du livre, mais aussi le projet qui lui était sous-jacent. L’idée de la trahison d’une partie des élites françaises trouvait chez lui des résonances avec la situation actuelle. Comme bien des Français de cœur nés dans l’immédiate après-guerre, il portait en lui la blessure non refermée de la demande d’armistice et de ce qu’il faut bien appeler la trahison de Pétain et Laval.
Son engagement politique l’avait conduit des socialistes vers EELV, même s’il ne se faisait plus guère d’illusions sur le parti écologiste, en train de sombrer dans le conflit d’ambitions personnelles et de projet politiques contradictoires. A chacune de nos récentes rencontres, il ne cessait de fulminer contre le gouvernement et le président. Nommé en 2011 au Conseil Général de la Banque de France, alors qu’il avait déjà largement exprimé ses doutes quant à la survie de la zone Euro, il devait franchir le pas au début de 2014 et expliquer pour quelles raisons il était désormais favorable à une dissolution de la zone Euro et à un retour aux monnaies nationales. On s’en doute, nous avions parlé à maintes reprises de ce sujet et j’avais vu ses positions s’infléchir avec le temps parce qu’il comprenait dans quelle impasse l’Euro était en train d’enfermer tant la France que l’Europe. Je suis persuadé que ses positions quant à la crise grecque à venir auraient été importantes.
Bernard Maris était un homme délicieux, très digne dans le deuil intime qui l’avait frappé il y a deux ans, et un de ces collègues qui vous laissent à penser que vous avez eu raison de choisir l’économie. Son influence sur les jeunes générations d’étudiants aura été considérable. Il fut et reste un modèle d’économiste citoyen, comme Keynes qui était sa boussole et sa grande référence.
Il est mort à son bureau, tué par le fanatisme imbécile qu’il avait en horreur.
Il est mort, tué pas ce fanatisme qu’il méprisait et qu’il dénonçait régulièrement.
Il est mort à son poste de combat tout comme Keynes qu’il admirait tant et qui se tua à la tâche en cherchant à construire une économie mondiale meilleure.
Respect, oncle Bernard !

Fantasque

[Thomas27]

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[ladc51]

Bonjour,

Merci Fantasque pour ce vibrant et émouvant hommage à Bernard Maris. Grace à ton message, j'ai relu la double page que Charlie Hebdo avait consacre à la sortie de notre premier tome, avec l'entretien que tu avais eu avec lui... j'en ai profité pour relire l'ensemble de ce journal...

Je n'ai jamais été particulièrement fan de Charlie Hebdo, sans doute n'étais-je pas sensible à cette forme d'humour ou à l'aise avec certaines prises de position. Mais j'ai toujours pensé que leur impertinence et leur libre expression étaient indispensables à notre société, à notre liberté. Et comme la plupart d'entre nous sans doute, j'ai connu Cabu ou Wolinski à travers leurs multiples productions, et je suis resté bluffé par leur talent pour comprendre le coeur d'une situation ou d'une personne et de le rendre en trois coups de crayons...

Hier, j'étais horrifié et consterné par l'irruption de la plus ignoble des barbaries dans notre quotidien, à notre porte. Hier j'ai pleuré la disparition tragique de brillants intellectuels et artistes et de courageux policiers, tous tués dans l'exercice de leur mission à notre service, ainsi que celle de malheureux anonymes que le hasard a mis sur la route de lâches barbares. J'ai pensé avec tristesse à ces victimes et à leur famille dont j'ai partagé le chagrin.

Aujourd'hui, je suis en colère.
En colère bien sur d'abord contre ces fanatiques barbares qui piétinent les plus élémentaires valeurs humaines et veulent nous terroriser, détruire notre mode de vie, tuer nos voisins, amis, familles.
En colère aussi contre ceux qui n'ont pas attendu bien longtemps pour réagir en faisant le pire des amalgames, sans comprendre qu'ils font le jeu des terroristes en cherchant des boucs émissaires, en stigmatisant ainsi une partie de nos populations, en divisant notre société plutôt qu'en cherchant son unité.
Mais aussi en colère contre ceux, responsables politiques et citoyens qui les ont élus, qui nous construisent (détruisent ?) depuis 20 ou 30 ans une société sans valeurs et sans espoirs, terreau fertile de recrues fragiles et faciles à endoctriner pour ces folles sectes qui nous menacent.
Et surtout en colère contre notre folle insouciance, responsables et citoyens mêlés, obnubilés par nos préoccupations égoïstes de consommation ou d'ambition personnelle, pour ne pas voir que nous sommes en guerre, une guerre dont nous ne comprenons pas la nature : ce n'est pas une guerre de religion, ce n'est pas une guerre lointaine au Moyen-Orient ou en Afrique, ce n'est pas un conflit de civilisation, c'est une guerre contre un cancer qui ronge le coeur même de notre société.

Sans amalgame ni angélisme, il faut nous réveiller et réagir. Réagir avec force et avec cohésion. C'est notre liberté, notre liberté d'expression mais aussi notre liberté de penser et de vivre comme nous l'entendons, bref notre mode de vie qui est en jeu. Arrêtons de nous diviser sur des détails, rassemblons-nous sur l'essentiel, sur nos valeurs communes, et agissons.

Aujourd'hui, je comprends mieux le combat de Charlie contre tous les fanatismes, tous les extrêmismes, qu'ils se revendiquent politiques ou religieux. : c'est désormais aussi mon combat.

#jesuischarlie


Amitiés,

Laurent

PS : désolé si ce message sort du cadre de notre forum, mais il fallait que ça sorte...

[carthage]

Nous sommes tous des soldats! Heureux ceux qui sont morts pour une juste cause.
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cedant arma togae

[Urbain Mukanga]

Il est triste de voir la liberté de la presse et de l'expression ainsi bafoué par une bande de criminels.

Mais il est triste aussi de voir que certaines personnes plus ou moins bien attentionnés et sincères font de la récupération politique et en profitent pour distiller leurs messages haineux en faisant des amalgames (exemple de hier soir ici à Aix: des gens du Bloc Identitaire qui scandaient dehors tous les musulmans! Dehors les immigrés!).

Comme Ladc51,je suis quand même étonné du manque d'actions de la part des français pour s'opposer à ces gens qui tuent aveuglément au nom d'un prophète qui doit réprouvé tout ça de la où il est (je ne suis pas musulman et je n'ai jamais lu le Coran mais je ne pense pas qu'il y ai marqué "tue ton voisin si sa tête ne te revient pas") ou des gens qui propagent le racisme,ce sont les valeurs qui ont fait la France qui sont en jeux,des valeurs qui sont une référence dans le monde entier,au Gabon les opposants à l'autocratie font beaucoup références aux valeurs de la République Française ainsi qu'à la Révolution de 1789.

Il ne faut pas oublier que la tyrannie,la haine et le fanatisme ne se reposent pas et ne sont jamais définitivement éradiquer,la liberté est un combat de chaque instant.
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Legio Patria Nostra-Honneur et Fidélité

[dado]

Je suis profondément choqué par ce qui s'est passé hier, et j'espère que ces hommes seront rapidement arrêtés pour répondre de leurs crimes ignobles devant la justice.
Toutes mes pensées vont aux familles des victimes et aux blessés. Aujourd'hui plus que jamais, la liberté d’expression est un bien précieux, n'oublions pas ces hommes qui la défendaient armés de leur plume et de leur humour. Je n'oublie pas non plus les policiers qui ont donné leur vie en cherchant à les défendre. Policiers comme journalistes sont des héros morts pour la défense de nos valeurs.

Je pense que c'est lorsqu'elle reste unie que la France peut être la plus forte et la plus belle, il faut nous serrer les coudes face à cette tragédie et rester digne.

Je suis Charlie.

[Casus Frankie]

Merci Laurent.

Je crois que ton message ne sort PAS du tout du cadre de ce Forum.

Après tout, ce Forum est consacré à la lutte contre la Barbarie - qu'elle soit inspirée par un délire d'origine raciste ou d'origine religieuse - et au refus de la Capitulation.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)

[ChtiJef]

Je ne sais quoi dire. Je ne trouve pas mes mots.

L’écœurement le dispute à la colère, à la rage.

Quand j'ai rejoint la FTL, je croyais simplement participer à une superbe aventure.

Après ce qui vient de se passer, je comprends que je me suis engagé dans une armée, la grande armée de la Liberté contre tous les fanatismes, contre ceux qui veulent nous dicter ce que nous devons croire et nous interdire toute autre pensée que l'obéissance aveugle à leurs inepties, qui ne savent et ne veulent enseigner que la haine.

La France continue la guerre.

A notre modeste place, faisons tout notre devoir pour la gagner. La FTL participe à ce combat.

Jamais, jamais, jamais nous ne capitulerons.

C'est tout ce que je peux dire. Désolé si c'est un tantinet grandiloquent.
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"Les armes ne doivent pas être utilisées dans des guerres" - Alain Berset, président de la Confédération helvétique

[Wil the Coyote]

Que nous restera t'il si nous n'avons plus notre liberté de penser......
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Horum omnium fortissimi sunt Belgae

[Capitaine caverne]

Esperont que ce crime infame ne porte pas un coup fatal à Charlie Hebdo. La presse risquerait de devenir déprimante à lire dans l'ambiance actuelle.
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"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.

[loic]

Ce que je pense de cet épisode dramatique a déjà été exprimé ici. Merci à tous pour vos messages.
(Je déplace juste le sujet dans la bonne section du forum).
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...

[Duguay-Trouin]

Je suis profondément attrsite par ces événements , encore plus car j'ai suivi mes études dans le même lycée que Cabu et que son fils.
Je dois dire que j avais toujours trouvé que les terroristes ne réussissait de "grand coup" en éliminant des cibles de valeurs, je me suis lourdement trompé.
Ils ont réussi a éliminé en un seul nom marquant de la presse, et cinq personnalité nous obligeant à reflechir.
J'espère juste qu'ils continueront la ou ils sont à nous servir de poil a gratter.

Requiem In Pacem
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Les Hommes bon n'ont jamais sauvé une Nation, car ils n'ont pas en eux la force nécessaire pour mener ces actions.

[Hendryk]

Comme d'autres ici, je me sens personnellement atteint par l'assassinat de dessinateurs qui me faisaient rire (et parfois grincer des dents) depuis des décennies. Wolinski était publié dans Phosphore, le mensuel pour lycéens, à l'époque où j'en étais lecteur, c'est dire si ça remonte. Cabu, encore pire, c'est dans Récré A2 que, tout gamin, j'ai vu ses dessins pour la première fois. C'est une partie de mes souvenirs d'enfance et d'adolescence qui a été criblée de balles hier.
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