Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

La Finlande
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivante
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays neutres
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Mer Sep 04, 2013 21:39    Sujet du message: Répondre en citant

OK.

Et, plus difficile, que vont pouvoir récupérer les Soviétiques (troupes, aviation, marine) tout en laissant de quoi se prémunir d'une traîtrise finlandaise, d'une initiative allemande et pour chercher des noises à l'ennemi en Norvège ?
Tout en sachant que ces éléments libérés peuvent (auraient du) se retrouver sur le front au sud-est de Léningrad disons au début de l'automne (42).
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Sep 04, 2013 23:44    Sujet du message: Répondre en citant

Bonne question à poser à Fantasque... Wink
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mer Sep 04, 2013 23:55    Sujet du message: Répondre en citant

Les conséquences du choix finlandais

Dans l’immédiat…

En Finlande, les réactions au cessez-le-feu furent mitigées. Tandis que la plupart des gens étaient soulagés que les combats cessent, beaucoup doutaient que l’armistice puisse tenir. Ces craintes furent un peu allégées le 20 juin par une déclaration mutuelle selon laquelle l’URSS et la Finlande confirmaient la validité du traité de Moscou de 1940 et réaffirmait que les deux pays n’étaient pas en guerre.
L’accord de Washington fut très mal accepté par l’aile la plus à droite du parlement et par les cercles nationalistes et pro-allemands. L’IKL quitta la coalition gouvernementale pour protester contre cet accord et deux ministres, Toivo Horelli (Intérieur) et Vilho Annala (Transports) démissionnèrent. Des manifestations contre le cessez-le-feu se produisirent à Helsinki et dans d’autres villes. Quelques-unes dégénérèrent en émeutes, mais celles-ci restèrent limitées et ne menacèrent jamais le gouvernement. Il n’y eut certainement jamais le moindre danger de coup d’état, car l’armée soutenait fermement Mannerheim et le gouvernement.
Le 4 juin 1942, le titre de Maréchal de Finlande fut conféré à Mannerheim pour son 75e anniversaire. C’était un geste symbolique – le titre avait été créé spécialement pour lui et il a jusqu’alors été la seule personne à le recevoir. Il est amusant de noter qu’il devait recevoir des télégrammes de félicitations de Franklin D. Roosevelt, Winston Churchill et Paul Reynaud, aussi bien que de Benito Mussolini, de Hirohito et même de Joseph Staline (contre qui Mannerheim avait commandé les troupes finlandaises onze jours plus tôt seulement) et d’Adolf Hitler, qui continuait de le respecter malgré son violent ressentiment contre les autres dirigeants finlandais.
Le 10 juin, les dernières unités combattantes allemandes avaient évacué la Finlande. Ce devait être la seule fois de la guerre que les Allemands se retireraient d’un territoire sans tirer un coup de feu. Quoique la propagande allemande fît de son mieux pour sauver les apparences, proclamant que « les forces germano-finlandaises, alliées, [avaient] forcé les Bolcheviques à renoncer à leurs plans d’invasion de la Finlande » et jurant que la Finlande « restait sous la protection du Grand Reich allemand », il était clair que le recul allemand était une défaite.
Fin juin, l’ambassadeur von Blücher rentra à Helsinki. Le commerce entre la Finlande et l’Allemagne reprit, ouvertement pour ce qui était des marchandises non stratégiques, tandis que, comme prévu, le nickel finlandais commençait à parvenir en Allemagne par l’intermédiaire de la Suède.
En juillet, le commerce maritime finlandais par Petsamo reprit grâce à la fin de l’interdiction britannique imposée depuis le mois de mai.
Durant tout le reste de la guerre, Hitler s’efforça par des menaces, des promesses et des cajoleries d’obtenir que la Finlande reprenne la guerre contre l’URSS, surtout lorsque la situation allemande sur le front russe commença à s’aggraver pour de bon. Le commandement allemand tentait à ce moment toutes les diversions possibles – de la même façon qu’Hitler avait espéré que le Japon déclarerait la guerre à l’Union Soviétique. La Finlande, n’ayant aucun intérêt à jouer la chair à canon pour les Allemands face aux Soviétiques, refusa chaque fois sans trop de façons. Les Allemands réagirent le plus souvent en interrompant les livraisons de nourriture, mais ces interruptions furent en partie compensées par des livraisons soviétiques. En fait, les exportations de denrées alimentaires d’URSS vers la Finlande formèrent la base des relations commerciales finno-soviétiques durant l’après-guerre.
Quant aux embargos allemands, comme ils réduisaient leurs importations de nickel, ils ne durèrent jamais assez longtemps pour gêner vraiment l’approvisionnement alimentaire finlandais.

Et par la suite…
Quoique le théâtre finlandais n’ait représenté qu’une fraction relativement faible du “Front de l’Est”, il est clair que la défection finlandaise offensa gravement Hitler, le rendant encore plus paranoïaque envers les alliés qui lui restaient. C’est peut-être ce qui explique le contenu du discours qu’il prononça le 17 juin 1942, un mois jour pour jour après le début de Barbarossa. Il y décrivait la guerre entamée contre l’Union Soviétique comme « une croisade sacrée pour libérer l’Europe et le Monde de la tyrannie judéo-bolchevique ». L’extrait suivant est particulièrement éclairant : « La cause anti-bolchevique est universelle et ne connaît pas de frontières. C’est le devoir de toutes les nations, quelles qu’elles soient, de faire les plus grands efforts contre la menace bolchevique et tout manquement à ce devoir de la part d’un gouvernement est une trahison, non seulement de son peuple, mais de toute l’humanité et de la civilisation dans son ensemble. L’Histoire demandera des comptes à ceux qui auront failli dans l’accomplissement de cette mission solennelle. »
La décision de préparer et d’exécuter la prise de contrôle de l’Italie en novembre et décembre 1942 a sans doute été prise d’autant plus rapidement que les Allemands avaient à l’esprit l’exemple finlandais et voulaient éviter qu’un tel changement de cap se reproduise. Après la défection italienne, la méfiance d’Hitler s’accrut encore, le conduisant à regarder d’un œil de plus en plus soupçonneux la Roumanie, la Hongrie, la Slovaquie, la Croatie et la Bulgarie. La Wehrmacht put ainsi intervenir très tôt – et très brutalement – lorsque certains de ces satellites envisagèrent de discuter un armistice avec les Alliés.
La suspicion nazie vis-à-vis des « maillons faibles » n’était pas réservée aux non-Allemands. Au fur et à mesure que la situation militaire se détériorait, les ordres de tenir bon et de lutter jusqu’à la mort plutôt que de reculer se firent de plus en plus nombreux. Toute retraite était interprétée comme de la couardise et punie de mort. Après la tentative d’assassinat contre Hitler, toute prétention de respecter des lois ou des règles disparut au profit de l’application de la terreur nazie. Alors que le Troisième Reich s’écroulait par pans entiers, des milliers de soldats et de civils allemands surent sommairement exécutés par la SS, la Gestapo ou la police militaire sous l’accusation de couardise et de désertion. Dans le chaos des derniers jours de la bataille de Berlin, les fanatiques nazis se mirent à abattre leurs victimes en pleine rue ou à les pendre aux réverbères des rues de la capitale.
………
Hitler ne pardonna jamais sa « trahison » à la Finlande. Il répétait qu’il ne pouvait imaginer comment les Finlandais avaient réussi à résister aux Soviétiques pendant trois mois en 1939-40, avec de lourds handicaps, pour accepter un cessez-le-feu en 1942 après trois petits jours de combat, alors qu’ils étaient bien plus forts qu’ils l’avaient été deux ans plus tôt. « S’ils s’étaient battus jusqu’au bout, gémit-il devant l’ambassadeur japonais Hiroshi Oshima début juin, s’ils avaient tenu deux ou trois ans et n’avaient plus d’espoir de victoire, j’aurais pu comprendre, mais pas au bout de trois jours ! »
Le temps passant et la situation sur le front russe se dégradant, il se convainquit peu à peu que seule la défection finlandaise avait empêché la Wehrmacht de prendre Leningrad en permettant aux Soviétiques de concentrer pour défendre la ville des renforts venus de la frontière de Finlande. A la fin de la guerre, le Führer continuait de remâcher sa rancune contre « les traîtres finlandais » (et bien d’autres) pendant que Berlin brûlait au-dessus de son bunker.
………
Néanmoins, la disparition du front finlandais avait eu un effet favorable à la Wehrmacht : elle avait pu récupérer deux des divisions engagées dans la région, les 169. et 199. ID. Cela laissait encore sept divisions en Norvège, mais seule la 163. ID en fut retirée par la suite (mi-1943), Hitler ayant refusé jusqu’au bout toute autre ponction sur ces troupes de peur d’une action alliée contre la fameuse Route du Fer (et du nickel).
………
A plus petite échelle, quelques Finlandais participèrent à la « croisade sacrée » contre le bolchevisme. Le bataillon des volontaires engagés dans la Waffen-SS combattit en effet sur le front russe dès le mois de mai 1942. Par contrat, il devait se battre pendant deux ans. Ses membres avaient craint que les Allemands prennent des mesures de rétorsion contre eux lorsque la Finlande était sortie de la guerre, mais rien de tel ne se concrétisa. Le bataillon se battit en Ukraine, puis en Biélorussie. Au terme des deux années prévues, le bataillon fut retiré du front en mai 1944 et dissous peu après. L’unité avait perdu 398 hommes tués au front, 725 blessés et 16 disparus sur environ 1 400 engagés.
La bataillon avait été loué par plusieurs commandants de la Waffen-SS, dont Himmler en personne, pour sa belle tenue au feu. Himmler affirma : « Où se tenait un SS finlandais, l’ennemi était toujours défait ». Néanmoins, ni l’unité ni aucun de ses membres ne fut jamais accusé de crime de guerre ou contre l’humanité.
La plupart des survivants rentrèrent comme ils purent en Finlande, mais quelques-uns rejoignirent d’autres unités de la Waffen-SS – certains se retrouvèrent même dans la “Division” Charlemagne, sous commandement français (ou plus exactement franco-allemand).
………
La Suède et la Finlande continuèrent à fournir du minerai de fer et de nickel à l’Allemagne pendant la plus grande partie du conflit. Quand le cours de la guerre sur le front russe eut irréversiblement basculé contre les Nazis, l’Union Soviétique suggéra mi-1943 à ses alliés occidentaux de proposer aux deux pays nordiques de jouer un rôle dans la défaite allemande, en commençant par interrompre la livraison à l’Allemagne de matériaux stratégiques, avant d’autoriser l’établissement de bases aériennes alliées sur leur territoire. Churchill, enthousiaste, demanda à étendre cette proposition à la Turquie (qui fournissait du minerai de chrome à l’Allemagne). Finalement, les Alliés décidèrent de n’exiger d’aucun de ces pays de déclarer la guerre à l’Allemagne.
Quant aux livraisons de minerais, elles s’arrêtèrent progressivement. La Suède et la Finlande, après avoir interdit le passage de matériels militaires et de troupes sur leur territoire, réduisirent peu à peu leurs exportations en direction de l’Allemagne, tandis que la flotte suédoise cessait d’escorter les convois reliant les ports suédois aux ports allemands. Toute relation commerciale entre la Suède et la Finlande d’une part, l’Allemagne d’autre part, cessa en mai 1944.
En échange, les Occidentaux acceptèrent d’assouplir puis de lever l’interdiction imposée à la Suède d’importer certains biens de première importance, comme le caoutchouc et le pétrole (la Finlande en avait déjà l’autorisation via Petsamo).
………
La Guerre des Trois Jours est aujourd’hui la dernière jamais livrée par la Finlande. Mais ce ne fut pas la dernière action militaire impliquant les forces finlandaises…
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9991

MessagePosté le: Jeu Sep 05, 2013 07:55    Sujet du message: Répondre en citant

Dans "Et par la suite " : ....soldats et de civils allemands Furent sommairement exécutés par la SS...
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Sep 05, 2013 08:57    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
Dans "Et par la suite " : ....soldats et de civils allemands Furent sommairement exécutés par la SS...


Merci !
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 10:43    Sujet du message: Répondre en citant

Ce nouvel apport de Mikey (traduit par mes soins - toute bêtise est à mettre sur mon compte) décrit la fin de la guerre et l'immédiate après-guerre pour un pays qui, FTL, a eu la chance d'y échapper.
Pour nous, vivant (hélas) dans le monde OTL, il apporte des informations très intéressantes sur un aspect très méconnu de l'Histoire.



La Finlande,
des accords de Washington à la fin de la Guerre Mondiale


L’élection présidentielle de 1943

Le 15 février 1943, en pleine Guerre Mondiale, une élection présidentielle au suffrage indirect fut organisée en Finlande, bien que le pays, resté neutre, fût en équilibre précaire entre l’Allemagne et l’URSS.
Le Président Ryti, élu en 1940 pour six ans après avoir occupé le poste de Premier ministre, était désireux de rester à son poste pour diriger le pays jusqu’au retour de la paix. Mais certains hommes politiques, notamment de la Ligue Agrarienne, estimaient que le maréchal C.G.E. Mannerheim, commandant en chef des forces finlandaises et unanimement respecté, serait un chef plus efficace.
Le collège électoral de 1937 fut donc rappelé par décret du gouvernement.
Au premier tour de scrutin, 146 électeurs sur 300 accordèrent leurs suffrages à Mannerheim. Mais ce dernier voulait être soutenu par la majorité absolue des votants. Quand il apparut qu’il lui serait impossible d’y parvenir, le maréchal retira sa candidature et Ryti fut réélu président par 90 % des voix, l’ex-ministre du Ravitaillement, Väinö Kotilainen, étant son seul adversaire officiel (voir ci-dessous).
Du fait de la prolongation de l’Etat de Guerre (qui avait été décrété par le gouvernement pour permettre aux forces armées du pays d’être prêtes à combattre sans délai), le second mandat de Ryti ne dura que deux ans au lieu des six années normales. Après avoir quitté ses fonctions, en 1945, il fut de nouveau nommé gouverneur de la Banque de Finlande, poste qu’il occupa jusqu’en 1950.

Candidat Parti Suffrages %
Risto Ryti Parti National Progressiste 270 90,0
Väinö Kotilainen Coalition Nationale 4 1,3
Kaarlo Juho Ståhlberg Parti National Progressiste 1 0,3
Carl Gustaf Emil Mannerheim Indépendant 1 0,3
Arvo Manner Ligue Agrarienne 1 0,3
Blancs et nuls 23 7,8
Total 300 100


L’élection présidentielle de 1945
Pour la première fois depuis 1937, toute la population finlandaise fut appelée aux urnes en 1945 pour élire le Président de la République. En effet, les élections de 1940 et 1943 n’avaient été le fait que d’un collège électoral de 300 personnes (lui-même élu en 1937). Cette fois, ce collège devrait être élu au suffrage universel les 16 et 17 janvier et se réunir ensuite pour élire le Président.
Le Président sortant, Risto Ryti, n’était pas candidat à sa réélection. Durant son passage à la tête du gouvernement et ses quatre années de présidence, il avait dû faire face à des événements graves et très dangereux pour le pays, de la Guerre d’Hiver en 1940 à la Crise de Février en 1943 en passant par la Guerre des Trois Jours, le tout sur fond de guerre mondiale. Les Alliés occidentaux n’étaient pas opposés à sa reconduction à la tête du pays, mais l’URSS avait fait connaître avec une étonnante discrétion que son remplacement par un autre homme politique serait préférable « dans l’intérêt de la poursuite des bonnes relations soviéto-finlandaises ». En novembre 1944, Ryti avait fait savoir son intention de renoncer à la politique « pour raison de santé » (il avait subi une gastrectomie partielle en octobre), tout en évitant avec soin de mentionner les pressions soviétiques.
A ce moment, le maréchal Mannerheim, commandant en chef des forces armées finlandaises, fut cité comme un candidat possible, ses supporters évoquant les immenses services rendus au pays et le rôle de rassembleur qu’il pourrait jouer. Néanmoins, comme en 1943, Mannerheim refusa de se présenter sans être assuré d’avance du soutien de la majorité absolue des électeurs. Cette condition était évidemment impossible à remplir avant un scrutin populaire ! Les historiens ont depuis lors interprété cette exigence de Mannerheim comme une excuse pour ne pas se présenter : à ce moment, le maréchal avait 77 ans et de nombreux problèmes de santé. Le 1er janvier 1945, Mannerheim transmit ses fonctions de commandant en chef au Président Ryti, qui les assura jusqu’au terme de sa présidence, le 1er mars.
La participation à la première partie de l’élection fut de 69,8 %. Les suffrages populaires se répartirent principalement sur quatre partis.

Parti Voix % Sièges
Parti de Coalition Nationale 363 552 22,8 68
Parti Social-Démocrate 350 137 22,0 65
Parti pour la candidature d’Yrjö Leino 326 099 20,5 62
Parti Agrarien 311 903 19,6 60
Parti du Peuple Suédois 140 417 8,8 26
Parti National Progressiste 90 841 5,7 19
Autres 2 060 0,1 0
Blancs et nuls 8 789 – –
Total 1 593 798 100 300
Source : Nohlen & Stöver

Juho Kusti Paasikivi, du Parti de Coalition Nationale (arrivé en tête) devint le favori de l’élection, en tant qu’homme d’état confirmé et “compatible” aussi bien avec les Alliés qu’avec les Soviétiques. Diplomate bénéficiant dune longue expérience en politique étrangère, il n’avait pas occupé de poste officiel au gouvernement durant la présidence Ryti, mais il avait exercé son influence en coulisses et avait souvent été envoyé en mission à Moscou pour négocier avec les Soviétiques.
Les principaux adversaires de Paasikivi étaient Väinö Tanner, un social-démocrate, et Yrjö Leino, de la Ligue Démocratique du Peuple Finlandais (SKDL), fondée en 1944 lors de l’abolition des lois anti-communistes. Le Parti Agrarien, arrivé quatrième, avait accordé son soutien à Paasikivi.
Les communistes prétendirent que Paasikivi avait eu une influence néfaste sur la politique étrangère du Président Ryti et qu’il n’était pas vraiment favorable à une politique de paix et d’amitié avec l’Union Soviétique. Les socio-démocrates firent porter leurs critiques sur l’âge du candidat (74 ans), suggérant qu’un dirigeant plus vigoureux et plus pro-occidental était nécessaire.
Mais ces critiques contradictoires n’empêchèrent pas Paasikivi d’être élu au premier tour de scrutin.

Candidat Parti Voix %
Juho Kusti Paasikivi Parti de Coalition Nationale 171 57,0
Väinö Tanner Parti Social-Démocrate 65 21,7
Yrjö Leino SKDL 62 20,6
C.G.E. Mannerheim Indépendant 2 0,7
Total 300 100
Source : Nohlen & Stöver

Les élections législatives de 1945
Les premières élections législatives de l’après-guerre furent organisées en Finlande les 17 et 18 mars 1945.
Un mois plus tôt, peu avant d’achever son mandat, le président sortant, Ryti, avait demandé aux électeurs d’élire au Parlement « de nouveaux visages » – ce qu’ils ne manquèrent pas de faire : près de la moitié des 200 députés élus en mars débutaient en politique.
Le Mouvement Patriotique du Peuple (IKL), dont la réputation avait été ternie par sa proximité avec l’Allemagne nazie, fut réduit à deux députés, la plupart de ses électeurs ayant préféré voter pour des partis de droite modérés. D’ailleurs, un certain nombre de députés sortants avaient décidé de ne pas se représenter, car leurs activités politiques des années précédentes – et notamment leur soutien à l’alliance militaire informelle germano-finlandaise de 1941-1942 – étaient devenues suspectes alors que la Finlande désirait établir des relations aussi amicales que possibles avec l’URSS.
De leur côté, les partis de droite et du centre devaient faire campagne avec prudence pour ne pas apparaître trop antisoviétiques. Pendant ce temps, les communistes – à bon droit et à grands cris – les accusaient d’avoir accepté sans mot dire, de 1930 à 1944, que toute activité politique fût interdite à l’extrême-gauche.
Grâce à l’abolition des lois anticommunistes en octobre 1944, les communistes pouvaient, pour la première fois depuis 1929, présenter librement des candidats, par l’intermédiaire de la Ligue Démocratique du Peuple Finlandais (SKDL). Ces candidats enlevèrent logiquement un nombre significatif de suffrages au Parti social-démocrate. Néanmoins, le fait que la Finlande ait renoncé à son alliance avec l’Allemagne dès 1942 et ait réussi à maintenir sa neutralité permit d’amortir l’effet de l’argumentation communiste et de réduire les pertes des socio-démocrates.
L’élection fut évidemment marquée par la situation économique, les pénuries de toutes sortes et le rationnement. Le SKDL promettait aux électeurs appauvris une rapide amélioration de leur niveau de vie et les autres partis faisaient eux aussi – tout comme partout ailleurs en Europe – espérer le retour de la prospérité.
Finalement, c’est un gouvernement reposant sur une large base politique de centre-gauche qui sortit de ces élections. Il fut dirigé par le social-démocrate Karl-August Fagerholm.

Parti Voix % Sièges Variation
Parti Social-Démocrate 460 034 26,86 52 –33
SKDL 349 750 20,42 44 Nouveau
Ligue Agrarienne 325 967 19,03 44 –12
Parti de Coalition Nationale 285 854 16,69 31 +6
Parti du Peuple Suédois 138 460 8,09 15 –3
Parti National Progressiste 89 430 5,22 11 +5
Mouvement Patriotique du Peuple 22 899 1,34 2 –6
Parti des Petits Fermiers 21 597 1,26 0 –2
Gauche Suédoise 9 165 0,54 1 +1
Parti Radical du Peuple 2 758 0,16 0 Nouveau
Autres 6 548 0,38 0 -
Total 1 712 462 100 200 -
Source : Tilastokeskus 2004, Suomen virallinen tilasto.


L’économie finlandaise durant la Deuxième Guerre Mondiale
Le rationnement du sucre et du café en Finlande commença pendant la Guerre d’Hiver. Celui du beurre et des céréales commença à l’été 1940 et celui des pommes de terre et du tabac durant l’été 1942.
Le ministère du Ravitaillement avait été créé dès septembre 1939. Des antennes locales chargées de la distribution des tickets de rationnement opéraient sous son autorité. Les activités du ministère s’accrurent constamment, atteignant leur sommet en 1945, après la fin de la guerre en Europe, et il ne fut supprimé qu’en 1947. A l’automne de cette année, le rationnement fut "suspendu" pour la moitié des produits d’épicerie et en 1950, il ne subsistait que pour certains produits dont le café et les articles de luxe, tels que les bas de nylon, les voitures et les appareils ménagers. En 1954 enfin, le rationnement du café fut supprimé. Durant ces quinze ans cependant, grâce au port de Petsamo, la Finlande ne fut jamais totalement privée de produits de consommation importants, alimentaires ou autres, bien que beaucoup d’entre eux aient été strictement rationnés.
………
Le commerce extérieur finlandais s’écroula durant la guerre. Très vite, les exportations furent réduites à 35 % de leur valeur d’avant-guerre et les importations à moins de 70 %. En 1944, les unes comme les autres atteignaient à peine 30 % des niveaux d’avant-guerre [OTL = 20%].
Après la Guerre d’Hiver, l’Allemagne devint le principal partenaire commercial du pays. Un accord organisa l’exportation de minerai de cuivre, de minerai de nickel (via la Suède après 1942) et de pâte à papier. En échange, la Finlande recevait des céréales, du carburant, des véhicules et des machines-outils. Le commerce finno-allemand fut considérablement réduit après la signature de l’accord de paix entre la Finlande et l’URSS, mais la part de l’Allemagne dans le commerce extérieur finlandais en 1944 restait d’environ 60 % [OTL = plus de 70%].
Les échanges de la Finlande avec l’URSS d’une part, la Suède et les rares autres pays neutres d’autre part, jouèrent cependant un rôle croissant pour l’économie du pays. En 1944, les importations de produits alimentaires venaient essentiellement d’URSS et de Suède.
………
Bien que la Finlande ait été épargnée par la Guerre Mondiale (la “Guerre des Trois Jours” mise à part), une grande partie de la population masculine adulte resta continuellement sous les drapeaux de la fin de 1940 au début de 1945 dans le cadre de l’Etat de Guerre. A cette époque, les usines d’armement employaient près de 200 000 personnes, dont plus de 100 000 femmes.
De plus, les femmes durent prendre la place des hommes tant dans l’agriculture que dans l’industrie, ce qui devait considérablement renforcer leur rôle sur le marché du travail après la guerre.
………
Enfin, quoique la Finlande ne fût pas en guerre, la réduction des exportations et l’accroissement des dépenses militaires se traduisirent par un déficit budgétaire croissant. Les dépenses (dont 70 % étaient destinées à la Défense) triplèrent, atteignant près de la moitié du PNB. Le déficit fut comblé par un alourdissement des impôts (dont le poids doubla presque entre 1940 et 1944) et par des emprunts à la Banque de Finlande. Ceux-ci se traduisirent inévitablement par une inflation importante et par une augmentation de la dette nationale, qui fut multipliée par dix.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 16:45    Sujet du message: Répondre en citant

Quelles sont les principales différences avec l'OTL ?
Bizarre que Mannerheim apparaisse dans les résultats alors qu'il ne participe pas ...
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 16:52    Sujet du message: Répondre en citant

Mannerheim avait parmi les "grands électeurs" des supporters obstinés...

OTL, il a été élu président, mais la Finlande était alors en guerre.

Pour les autres différences, je pense que Mikey va répondre.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9991

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 17:00    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai du mal à lire les résultats d'élection, chiffres pourcentage. Il faudrait les séparer par un "/", ce serait plus clair.
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé, j'ai vainement essayé de faire passer sur le post le tableau que j'ai en word...
Enfin, le commentaire dit heureusement l'essentiel.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
mikey1983



Inscrit le: 17 Fév 2010
Messages: 229
Localisation: Helsinki, Finland

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 18:58    Sujet du message: Répondre en citant

There is no major difference between the FTL and OTL 1943 elections; Finland is still in a state of war and normal constitutional elections would be difficult to hold. Ryti wins one more vote than he did OTL, but that is all. OTL there were many who wanted Mannerheim to run that year, and in FTL it wouldn't be different.

The differences are bigger in 1945, as Ryti finishes his term and doesn't resign like in OTL*. In a scenario where Finland was not at war with the USSR, I figured that Ryti would still step down due to poor health and political reasons having to do with "turning a new page". His successor would be seen as much as a "crisis leader" and it would need to be someone who enjoyed the support of all the major parties - even if grudging support in some quarters. With Paasikivi having stayed out of the leading posts in government during the war, but with a "behind-the-scenes" diplomatic function, he might well be the designated successor to Ryti - being someone the USSR could also accept. Hence, I had Paasikivi become president a year earlier than OTL.

Also, someone like K-A. Fagerholm could seem like a suitable leader for a Finland that seeks to convince the victorious allies that it has abandoned any and all pro-German pretensions. After all, TTL would not have needed a "peace opposition" and therefore the position of those politicians who would have been naturally critical of Nazi Germany or the war in general would be better come 1944-45. Hence why the Social Democrats do better in the FTL 1945 general election than OTL, while both the SKDL and Agrarian League win less seats than OTL. No Continuation War to energize the communists... Hope this clarified things!

*OTL when Ryti resigned, parliament passed a special act conferring the presidency to Mannerheim on 4 August 1944. Due to the dangerous situation, it was thought to be inconceivable that anyone but Mannerheim could succeed Ryti and negotiate a peace treaty with the Soviet Union.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Sam Sep 12, 2015 22:55    Sujet du message: Répondre en citant

Thanks Mikey !
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 09:20    Sujet du message: Petsamo Répondre en citant

Dernier envoi de Mikey, traduit par mes soins.
Récit inattendu sur une "municipalité" (on dirait sans doute aujourd'hui un "groupement d'agglomérations") dont le destin a été transformé par la guerre-FTL sans que le pays, justement, participe à la guerre.



Petsamo, de l’Etat de Guerre à la paix

Petsamo
Beahcán – Peäccam – Пече́нга


Armoiries
Officialisées en 1921, quand Petsamo était une province, ces armoiries furent conservées malgré la fusion avec la province d’Oulu l’année suivante. Elles représentent trois morues ouvertes – un héritage du temps où Petsamo dépendait de la pêche et non des mines de nickel.


Pays : Finlande
Région : Laponie
Sous-région : Laponie du Nord
Centre administratif : Parkkina
Coordonnées géographiques : 69°32’N 31°12’E
Surface : 10 159,90 km2 (troisième municipalité finlandaise par la surface)
Population (2014) : 23 105 (43e municipalité finlandaise par la population)
Densité : 2,27/km2
Evolution (sur 10 ans) : +3,6 %
Langues : finnois (95,1 %), sami (3,7 %), suédois (0,2 %), autres (1 %)
Fuseau horaire : CET (TU +2), heure d’été (+1)
Imposition municipale : 20 %
Site internet : www.petsamo.fi

"Petsamo (sami : Beahcán, skolt sami : Peäccam, russe : Пече́нга) est une municipalité de Laponie finlandaise de plus de 10 000 km2 située entre la Russie et la Norvège. Son centre administratif est la ville de Parkkina. Les autres agglomérations de la municipalité sont la ville portuaire de Liinakhamari, la ville minière de Kolosjoki et les villages de Höyhenjärvi, Jokikylä, Kaakkuri, Kolttaköngäs, Pitkäjärvi, Suonikylä, Valasjärvi et Vuoreminjoki.
La population indigène est sami. Le nom de la municipalité est d’origine sami, d’où les Russes ont tiré le nom Pechenga. Celui-ci fut d’abord donné à un monastère bâti à l’embouchure de la rivière du même nom dans la Mer de Barents, 135 km à l’ouest de l’actuelle Mourmansk, avant de désigner toute la région à partir du XVIe siècle. Le monastère fut construit par Saint Tryphon, un moine de Novgorod qui souhaitait convertir les indigènes au christianisme pour démontrer que sa foi pouvait se répandre même dans les régions les plus inhospitalières.
La région devint officiellement russe en 1533. La frontière russo-norvégienne fut délimitée en 1826 et le développement de la région s’accentua considérablement à la fin du XIXe siècle. Le port de Liinakhamari joua un rôle important pour l’économie russe durant la Première Guerre Mondiale, la Baltique étant bloquée par les Allemands.
En 1920, l’URSS céda Petsamo à la Finlande par le traité de Tartu.
En 1921, des mines de nickel furent découvertes et en 1934, les réserves de minerai furent estimées à plus de cinq millions de tonnes. Leur exploitation commença en 1935, grâce à des sociétés britannique et canadienne.
Une route allant de Sodankylä à Liinakhamari par Ivalo, commencée en 1916, fut achevée en 1931. Seule voie permettant d’atteindre la Mer de Barents en automobile, cette “Route de l’Arctique” fut vite fréquentée par… des touristes !
Pendant la Guerre d’Hiver, les forces soviétiques occupèrent la totalité de Petsamo. Cependant, aux termes des accords de paix, la Finlande ne dut céder à l’URSS qu’une partie de la péninsule de Rybachi (321 km2), les Soviétiques se retirant du reste de la municipalité."

D’après Wikipedia, 2015.



De l’après-Guerre d’Hiver au déclenchement de Weserübung
Après les destructions de la Guerre d’Hiver, la reconstruction de Petsamo commença dès le printemps de 1940. Non seulement parce que les habitants voulaient rentrer chez eux et qu’il fallait accueillir les réfugiés de la péninsule de Rybachi, cédée à l’URSS, mais parce que Petsamo était devenue un élément important du commerce extérieur finlandais. De nombreux ouvriers durent être amenés de tout le pays, entre autres pour réparer et agrandir les mines de nickel endommagées par la guerre.
Dès la fin de la Guerre d’Hiver, la Finlande envisagea la possibilité d’utiliser les ports norvégiens de Narvik et de Skibotn pour son commerce extérieur. On considérait en effet que le port de Petsamo, Liinakhamari, ne pourrait suffire aux échanges avec les Etats-Unis.
Les Norvégiens réagirent très positivement aux demandes finlandaises, de même que les Suédois, sollicités pour les droits d’utilisation du chemin de fer aboutissant à Narvik (malgré le fait que l’écartement des rails soit différent de celui des chemins de fer finlandais). En fait, dès janvier 1940, la Ligue réunissant les industriels du bois finlandais avait déjà, avec le soutien du ministère des Services Nationaux, créé la compagnie Oy Laituri Ab pour améliorer les installations portuaires de Narvik. Mais un seul chargement de bois avait pu être envoyé de Finlande à Narvik quand l’Allemagne envahit le Danemark et la Norvège lors de l’opération Weserübung, au cours de laquelle le chargement en question fut d’ailleurs incendié !
L’invasion allemande de la Norvège et du Danemark coupa net les routes commerciales passant par la Baltique. Même si les cargos finlandais partant d’Helsinki réussissaient à parvenir en Mer du Nord, ils étaient sûrs d’être refoulés par les patrouilles de la Royal Navy. Le port de Petsamo acquit une valeur considérable, d’autant plus qu’il était libre de glaces toute l’année. Il devint le seul lien de la Finlande avec le monde occidental, tant pour les exportations que pour des importations vitales. Mannerheim devait décrire ainsi la situation : « La pince allemande s’était étendue vers le nord. Une fois Kirkenes occupé, nous étions enfermés dans un sac et Petsamo était la seule et étroite ouverture qui nous permettait de respirer. »
En effet, les Allemands n’avaient pas l’intention d’autoriser les Finlandais à utiliser le port de Narvik pour leur commerce transatlantique. Les négociations entreprises n’aboutirent pas et la Finlande fut bien obligée de se rabattre sur Liinamakhari.
………
Avant 1939, Liinamakhari n’était qu’un port de pêche appartenant à l’état. Les quais, situés à cinq kilomètres de l’entrée du fjord de Petsamo, ne faisaient que 150 mètres de long, entre l’hôtel local et la conserverie de poisson. Néanmoins, l’eau était profonde, permettant à de grands bâtiments d’accoster, même à marée basse [La différence du niveau de l’eau entre la marée haute et la marée basse dans le fjord de Petsamo est de deux mètres.].
Les premiers projets d’agrandissement du port avaient été formulés en 1938 pour répondre aux besoins des mines de Kolosjoki. La longueur de la zone portuaire fut portée à 250 m et la construction d’installations pétrolières avait commencé. Mais ces travaux n’avaient guère accru les capacités du port au moment de la Guerre d’Hiver – un treuil à main capable de soulever 400 à 500 kg était le seul appareil de levage. La guerre porta un coup terrible au développement en cours et les quais furent gravement endommagés.
La fin de la Guerre d’Hiver ne s’accompagna pas d’un regain d’optimisme quant à l’avenir du port en raison de la proximité de la frontière soviétique – tous les navires entrant et sortant passaient sous le nez des observateurs soviétiques postés sur la péninsule de Rybachi, ce qui pouvait être très gênant. D’ailleurs, les forces soviétiques ne devaient se retirer de Petsamo qu’au 31 mars, si tout allait bien. Le risque d’une nouvelle guerre contre l’URSS était élevé. Industriels et militaires préféraient que Petsamo, très difficile à défendre et risquant de ce fait de tomber aux mains des Soviétiques, ne fît l’objet que d’un minimum d’investissements. Quant à l’exportation du minerai de nickel, elle devait être envisagée par Kirkenes ou par tout autre port norvégien accessible par la rivière Paatsjoki. C’était la conclusion d’une lettre adressée le 9 avril 1940 par le GQG finlandais au ministre de la Défense, et d’un courrier adressé le même jour au ministre de l’Industrie et du Commerce par le directeur général de la Petsamon Nikkeli Oy, J.O. Söderhjelm. Le GQG proposait même de participer financièrement au développement du port de Kirkenes.
Ce même 9 avril, l’Allemagne envahissait la Norvège. La situation stratégique basculait et avec elle l’opinion des militaires et des industriels.
Dès le 18, le GQG donna des ordres pour organiser les transports et les échanges à partir de Petsamo, et pour garantir la neutralité de la région. Les ministères de la Défense et de l’Industrie et du Commerce se mirent d’accord pour placer tout le trafic commercial de Petsamo sous le contrôle des militaires. Un officier de marine dirigerait le trafic maritime et le port (le Lt-Commander Ragnar Holmberg serait le premier titulaire du poste) tandis que les autres questions seraient du ressort du général commandant la 11e Division.

Greta, Veli Ragnar, Regulus…
Faire de Liinamakhari un port de commerce international allait exiger de gros efforts.
Les quais devaient être réparés et agrandis. Il fallait construire des entrepôts, reconstruire des ponts détruits et améliorer le modeste réseau routier. Une flotte automobile fut constituée de bric et de broc pour assurer le transport des marchandises entre Petsamo et Rovaniemi. Tout cela exigeait des ouvriers en nombre suffisant, qu’il fallait loger et nourrir dans une région où presque tout avait été détruit pendant la Guerre d’Hiver.
Pourtant, Liinamakhari fut rouvert au commerce maritime dès le mois d’avril 1940, quelques jours après le départ des Soviétiques. Le 14 avril, le cargo de 4 200 tonnes Greta fut le premier à accoster à Liinamakhari. Il transportait (signe des temps) 1 272 tonnes de nourriture, mais surtout 30 obusiers et 50 canons antichars revendus à la Finlande par l’Espagne. Le Greta aurait dû décharger à Kirkenes, mais à son arrivée là-bas, la Norvège était en guerre depuis quelques heures et les Norvégiens avaient tenté de confisquer la cargaison. « Avec des mots gentils et des menaces » (comme il devait le raconter), le capitaine Arvid Knuts réussit à appareiller et à atteindre Liinamakhari malgré des champs de mines posés lors de la Guerre d’Hiver. Aidés par des volontaires suédois, les militaires finnois déchargèrent le cargo en trois jours sans l’aide d’aucun équipement portuaire.
Pendant ce temps, les équipes d’entretien des routes s’activaient pour rouvrir et réparer la Route de l’Arctique, totalement fermée depuis la Guerre d’Hiver. Les ouvriers apprirent bien vite que le Greta apportait (outre des pièces d’artillerie…) des fruits et du café. Stimulés par cette nouvelle, les ouvriers et tous les civils disponibles s’acharnèrent à reconstruire la route, utilisant tout le matériel disponible dans la région, et le travail fut achevé en un temps record. Une caravane de voitures et de camions arriva à Liinamakhari et chacun s’activa pour charger les véhicules, qui emportèrent fruits et café jusqu’à Rovaniemi. Avec l’arrivée de ces 1 272 tonnes d’aliments, la Finlande ne se sentait plus tout à fait enfermée dans un sac !
Le Greta, n’ayant rien à embarquer, quitta Petsamo vide le 25 avril. Le Veli Ragnar, qui arriva le 29 avril avec des pièces et des tracteurs d’artillerie, repartit lui aussi à vide le 18 mai. Le 13 mai était arrivé le Regulus, malgré une interception en mer par un torpilleur soviétique. Ce fut le premier navire marchand à repartir avec des marchandises : pâte à papier, papier, carton et contreplaqué pour Manchester.
Le Regulus fut d’ailleurs le seul cargo finlandais à exporter des marchandises vers la Grande-Bretagne durant la Deuxième Guerre Mondiale. En 1940, 24 navires venant de Grande-Bretagne arrivèrent à Petsamo, suivis de 10 en 1941, 6 en 1942, 8 en 1943 et 14 en 1944, apportant du charbon et des marchandises diverses, mais il n’y eut plus d’exportations vers le Royaume-Uni, l’Allemagne ayant interdit à la Finlande d’exporter quoi que ce soit vers les pays ennemis du Reich. Ce qui n’empêcha pas les Finlandais d’exporter vers les pays neutres, dont les Etats-Unis.
De mai 1940 jusqu’en décembre 1941, la plupart des navires embarquant des marchandises à Petsamo devaient se diriger vers New York, Philadelphie ou Baltimore, parfois Buenos Aires ou un autre port du Nouveau Monde. Les produits de l’industrie du bois formaient 99 % des biens exportés, mais il s’agissait parfois de porcelaine d’Helsinki, de verrerie de Karhula ou de fromage de Valio, comme dans le cas du Mathilda Thordén, qui appareilla pour New York et Philadelphie le 14 juin.
Bien entendu, le matériel militaire importé passait aussi par Petsamo, comme les canons et les obus transportés par le Delaware, arrivé des Etats-Unis le 6 juillet 1940 malgré une inspection sourcilleuse effectuée par un navire des Coast Guards canadiens. Pendant la Guerre d’Hiver, les Finnois n’avaient pu acheter d’artillerie aux Américains, mais ils s’empressèrent ensuite de se procurer 130 pièces d’artillerie et leurs munitions auprès de l’industrie US – ces pièces seraient les dernières, en raison notamment de la concurrence de la France.

Un grand port sur l’Arctique
Avec la stabilisation de la situation, le principal objectif des Finlandais devint l’amélioration du port de Liinamakhari, de son infrastructure et des routes le rattachant au reste du pays.
Ayant inspecté les installations du port à la fin du mois d’avril 1940, Kaarlo Hillilä, gouverneur de la province de Laponie, informa le ministère de l’Industrie et du Commerce que la route entre Rovaniemi et Ivalo avait été réparée de façon satisfaisante, mais que l’état de la route entre Ivalo et Liinamakhari s’était aggravé. Des réparations immédiates étaient nécessaires, puis un entretien soigneux, car la boue du printemps allait bientôt s’installer. Le rapport estimait que le port de Liinamakhari était dans un état correct malgré ses insuffisances, mais qu’il fallait construire au plus vite des entrepôts et des logements pour les ouvriers. Le besoin de logements fut en partie satisfait par l’utilisation de vingt “maisons standards” préfabriquées, qui pouvaient être assemblées en douze heures et qu’avaient laissées derrière eux les volontaires suédois de la Guerre d’Hiver.
Bien qu’une compagnie du Génie ait été déployée à Petsamo pour reconstruire les ponts détruits durant la guerre, ce n’est que le 18 mai que l’Administration des Ponts et Chaussées de Laponie prit la décision officielle de reconstruire le port pour l’adapter à un trafic océanique. Des produits pétroliers devant être également importés par Petsamo, il devenait vital d’y adapter les installations, mais la construction d’un port pétrolier était un travail difficile, exigeant à la fois des travaux de terrassement et de construction de bâtiments. En novembre 1940, le dernier des dix réservoirs de pétrole du port était achevé. Trois appartenaient aux Suédois, deux à la compagnie finlandaise Trustivapaa Bensiini, deux à Esso, deux à Gulf Oil et un à la Shell. En dehors du cas d’un pétrolier, l’essence était apportée à Petsamo dans des réservoirs de pont sur des cargos.
A l’automne 1940, un générateur à pétrole de 60 kW fut installé pour permettre au port d’être éclairé à l’électricité. En avril 1941, ce générateur fut placé sous le contrôle de l’Administration Maritime finlandaise. Il fut décidé de le couper durant l’été, quand l’éclairage était superflu.
En dépit de la dureté des temps et des pénuries dues à la guerre, à l’été 1941, Liinamakhari comportait 530 mètres de quais, 5 750 m2 d’entrepôts, 3 000 m2 de hangars et une grue puissante capable de soulever des charges de 25 tonnes. La capacité du port était alors de 2 000 tonnes de marchandises par jour. Ce chiffre était une amélioration très importante par rapport à l’avant-guerre, mais il restait très faible par rapport à la capacité d’autres ports – ainsi, Kirkenes avait une capacité de 4 000 tonnes par jour (avant le raid soviétique de février 1943 bien sûr).
Le travail d’amélioration du port de Liinamakhari se poursuivit durant toute la guerre et malgré les pénuries et les problèmes d’infrastructures, à l’été 1944, la capacité du port dépassait 4 000 tonnes par jour.
On peut dire aujourd’hui que c’est grâce à la Deuxième Guerre Mondiale que le petit port de pêche de Liinamakhari est devenu l’un des ports les plus importants de l’Océan Arctique. Le pavage de la Route de l’Arctique en 1952 et la construction de la ligne de chemin de fer Kemijärvi-Petsamo en 1963 ne firent que renforcer ce rôle.

Les Suédois sur la Route de l’Arctique
Le trafic passant par Petsamo n’était pas vital que pour la Finlande, car les relations maritimes de la Suède avaient été elles aussi désorganisées par la guerre. Quoique le port de Göteborg, sur la Baltique, restât en théorie utilisable, la sévérité des contrôles exercés par les puissances des deux camps et les risques liés à la guerre en Mer du Nord étaient tels que les Suédois désiraient pouvoir utiliser Petsamo pour leur commerce extérieur. Dès avril 1940, le chargé d’affaires suédois à Helsinki avait demandé si la Finlande pouvait autoriser sa voisine scandinave à importer des biens essentiels (y compris des matériels militaires) par Petsamo.
Bien que l’utilisation de Liinamakhari fût très limitée par son équipement inadéquat et le mauvais état de la Route de l’Arctique, le gouvernement finlandais accorda à la Suède les droits de passage qu’elle demandait à travers le territoire national. Cependant, les autorités finlandaises conservaient le droit de décider dans quel ordre les navires arrivant à Liinamakhari pourraient décharger ou embarquer leur cargaison. En d’autres termes, les Finlandais ne voulaient pas permettre aux Suédois de faire attendre les cargaisons finlandaises, alors que les importateurs et exportateurs nationaux devaient demander à l’avance un permis pour utiliser le port de Liinamakhari. Pour tempérer davantage les ardeurs suédoises, le ministre des Transports, V.A. Kotilainen, souligna que les étrangers ne pouvaient trop attendre des capacités de Liinamakhari en temps normal et que ces espoirs devaient être d’autant moindres dans les circonstances exceptionnelles de 1940.
En dépit des graves problèmes logistiques de Liinamakhari, la Suède avait de très bonnes raisons de demander à utiliser Petsamo et son port, de très bonnes raisons d’ordre militaire. En fait, le Bureau de l’Industrie d’Armement suédois (Ammunitionsnämnd) était derrière la requête présentée par le ministère des Affaires Etrangères à la Finlande. Il avait, entre autres, besoin des matériels achetés aux Etats-Unis par Ab Landenius & Björklund et qui devaient arriver de New York. Les Suédois firent savoir aux Finlandais que l’entrée et le passage à travers la Finlande des matériels en question était vital pour la défense de la Suède, qui ne pouvait être indifférente à la Finlande. La Svenska Petrolium Ab et Svenska Shell formulèrent des requêtes justifiées de la même façon en ce qui concernait l’importation de grandes quantités de pétrole et Ab Volvo se montra aussi intéressé.
Les autorités finlandaises ne tardèrent pas à répondre aux requêtes suédoises. Dès le 8 mai 1940, les Affaires Etrangères annoncèrent que la compagnie Landenius serait autorisée à embarquer à New York 150 tonnes de machines-outils sur les cargos Mathilda Thordén et Marisa Thordén, pourvu que ces navires aient suffisamment de place après avoir chargé les marchandises destinées à la Finlande. Volvo reçut même l’autorisation d’embarquer 50 tonnes de pièces pour automobiles « en urgence, même à la place de marchandises finlandaises ». Ces autorisations étaient délivrées « à titre exceptionnel ».
L’exception devint la règle, cependant, car les autorités finlandaises acceptèrent bientôt l’ensemble des requêtes suédoises, comme le souhaitait le ministère des Transports. Les camions suédois apparurent vite sur la Route de l’Arctique, avec les véhicules de la division des services routiers Pohjolan Liikenne du Groupe VR, en dépit du fait que les capacités du port de Liinamakhari et de la Route elle-même étaient toujours aussi limitées et que les besoins finlandais étaient toujours aussi pressants. Mais la Suède avait bien aidé la Finlande durant la Guerre d’Hiver en lui envoyant de nombreux volontaires, elle aidait le pays à se reconstruire et c’était un partenaire commercial vital. Il était donc naturel que les Finlandais agréent aux souhaits des Suédois.
Les besoins suédois étaient avant tout militaires.
Le pays avait acheté des chasseurs américains Seversky P-35 (J9 en Suède), dont quelques-uns avaient déjà été livrés – mais la plupart, qui devaient arriver en pièces détachées, étaient bloqués par la guerre aux Etats-Unis. En dehors de Liinamakhari, le seul port neutre sur le continent européen était Lisbonne, ce qui n’arrangeait rien ! Les Suédois décidèrent de demander à la compagnie maritime finlandaise Thordén de transporter les avions à Liinamakhari, où ils pourraient être assemblés avant d’être livrés en vol en Suède. Mais il fut vite évident que Petsamo ne possédait ni les installations, ni les outils nécessaires au montage des avions, ni même un aérodrome d’où ils pourraient s’envoler. La seule possibilité était de transporter les avions démontés de Petsamo à Haparanda (en Suède) – soit un voyage de 680 km.
Après un accord entre la force aérienne suédoise et le syndicat des camionneurs du pays, une première colonne de douze camions partit le 24 mai 1940 et arriva à Liinamakhari deux jours plus tard. En quelques jours, trente camions étaient en route pour prendre livraison à Petsamo de « cargaisons de produits alimentaires » – c’est du moins ce que disaient les conducteurs à tous ceux qui posaient la question. De plus, les camions contenaient des marchandises suédoises destinées à l’exportation.
A Liinamakhari, le Mathilda Thordén attendait avec ses avions. Le déchargement fut long, mais finalement, des dizaines de caisses et de gros conteneurs purent être chargés sur les camions. Ceux-ci partirent tous ensemble pour Haparanda, où ils arrivèrent après un voyage de 72 heures, à une vitesse moyenne (lorsqu'ils roulaient) de 20 km/h.
Après cette opération, la Suède avait encore besoin d’utiliser Liinamakhari, mais il fallait pour cela un accord formel avec la Finlande. Lors des négociations, les Finlandais s’efforcèrent d’obtenir qu’en échange de l’utilisation de Petsamo, la Suède fournisse à la Finlande une assistance technique pour résoudre les problèmes de transport de la région. Fin mai, le gouvernement d’Helsinki approuva une proposition du Bureau des Transports maritimes de Petsamo accordant 25 % des capacités d’importation et 15 % des capacités d’exportation à la Suède « aussi longtemps que la Suède comme la Finlande seraient neutres et libres de toute pression d’une puissance en guerre ». Cette décision donnait aux Suédois le droit de construire les quais, les entrepôts et tous les équipements nécessaires à Trifona, Petsamo. Jusqu’à ce que ces installations soient terminées, la Suède pourrait utiliser le port de Liinamakhari. Elle pourrait également y accéder lorsque Trifona, situé plus loin de la mer dans le fjord de Petsamo, serait pris par les glaces. Enfin, les Suédois avaient le droit de transporter leurs marchandises sur la Route de l’Arctique, pourvu qu’ils utilisent leur propre carburant et assurent l’entretien de leurs véhicules.
En échange de tous ces avantages et en sus de la rétribution normale du port, des droits de trafic spéciaux seraient imposés aux Suédois, en fonction du tonnage transporté. L’accord prévoyait aussi que le port de Trifona, construit par les Suédois, reviendrait aux Finlandais une fois que le trafic suédois par la Route de l’Arctique aurait cessé. De plus, seuls les navires finlandais pourraient utiliser Petsamo. Enfin, la Suède fournirait au moins cent camions à la Finlande pour faciliter le trafic sur la Route de l’Arctique.
Si des camions suédois transportaient des marchandises finlandaises, ils pourraient acheter de l’essence aux Finlandais. A propos de véhicules, les Suédois devraient aménager au moins deux garages pour réparer camions et automobiles en des lieux convenables sur la Route de l’Arctique. Les Finlandais pourraient les utiliser en payant un droit, de même que les Suédois pourraient utiliser les garages finlandais.
Un protocole d’accord fut signé dès le 28 juin 1940 par le ministre finlandais des Affaires Etrangères Rolf Witting et l’ambassadeur de Suède Stig Sahlin. Selon cet accord, la part suédoise du trafic de Petsamo serait portée à 40 % pour les importations et 25 % pour les exportations, une fois terminée la construction du port de Trifona. Les droits de trafic demandés aux Suédois, justifiés par le coût de l’entretien de la Route de l’Arctique, étaient fixés à 10 pennies/tonne brute/km.
Néanmoins, après avoir visité Petsamo, une équipe d’experts suédois parvint à la conclusion que la construction d’équipements portuaires à Trifona serait trop longue et trop chère. Le gouvernement finlandais accepta d’amender sa décision en demandant aux Suédois de construire un quai, des entrepôts et d’autres installations pour leurs cargaisons entre Veneniemi et Paksuniemi. Les Suédois auraient naturellement le droit de gérer les secteurs de Petsamo concernés par la construction de ces équipements et l’installation des réservoirs de carburant nécessaires. Les quais et entrepôts disponibles pourraient être utilisés par les Finlandais comme par les Suédois quel que soit le propriétaire des équipements en question.
Tous ces projets devaient encore évoluer par la suite.
En janvier 1941, la construction du Quai Suédois commença sur la rive sud de Veneniemi, selon des plans déjà faits par les Finlandais avant la guerre. En mai 1941, cent mètres de quai étaient achevés et un entrepôt voisin de 1,76 hectare était loué par les Suédois.
Avant même la signature du protocole du 28 juin, le gouvernement finlandais avait donné à l’Armée suédoise la permission d’importer par la Finlande du matériel militaire, allant de pièces détachées d’avion à des outils pour l’entretien de véhicules en passant par des parachutes. La deuxième livraison comprenait 66 tonnes de matériel aéronautique, 110 tonnes de munitions et 165 tonnes d’autres matériels militaires. Une grande partie des premières cargaisons livrées à la Suède étaient destinées à la force aérienne suédoise. Celle-ci avait même créé une antenne spécifique à Petsamo pour prendre livraison de ces matériels, qui étaient adressés à « Kungliga flygförvaltningen, Petsamo ». D’autres cargaisons étaient destinées au Service Royal des Munitions (Kungliga ammunitionsnämnd) ou au Département des Uniformes de l’Administration de l’Armée Royale (Kungliga Armeförvaltningens Tygdepartment).
Les Suédois créèrent une société spécialisée, Ab Transitotrafik, pour gérer leurs activités à Petsamo. Ses bureaux étaient situés à Haparanda, mais dès août 1940, elle s’installa aussi à Rovaniemi (où elle construisit son propre terminal à Ounasvaara), puis à Petsamo. En juillet 1940, les Suédois mettaient en œuvre 401 véhicules dans la municipalité de Petsamo. Ceux-ci transportaient aussi bien des marchandises finnoises que suédoises, selon les termes d’un accord entre Pohjolan Liikenne et Transitotrafik.
Les négociations finno-suédoises ne s’arrêtèrent pas avec le protocole de juin 1940. Les autorités de gestion des transports maritimes des deux pays devaient discuter continuellement de l’organisation du trafic, des quotas suédois et de la livraison de véhicules et de carburant. Après l’interdiction par l’Allemagne de l’exportation par la Suède de roulements à bille, d’acier et de fer via Petsamo, en avril 1941, Petsamo perdit une partie de son intérêt pour les Suédois, leurs exportations étant pratiquement paralysées. Néanmoins, Liinamakhari restait utile pour leurs importations et les négociateurs suédois et finlandais décidèrent que les camions de Transitotrafik roulant vers Petsamo transporteraient des marchandises finlandaises à la place des marchandises suédoises accaparées par les Allemands.
Selon des informations révélées en 2009, Ernst Wigforss, ministre des Finances suédois en 1941 et considéré à l’époque comme un social-démocrate anti-allemand, avait consenti à l’Allemagne un prêt de 40 millions de couronnes via des banques suédoises pour nourrir l’effort de guerre allemand. En échange, la Suède aurait bénéficié d’avantages économiques considérables, dont la réouverture du port de Göteborg. De fait, ce dernier fut rouvert au commerce en février 1941 avec l’accord de l’Allemagne. Du coup, l’activité des Suédois à Petsamo diminua considérablement, mais ne cessa pas jusqu’à la fin de la guerre en Europe.
La seule exception survint pendant la Guerre des Trois Jours, en mai 1942, quand le terminal de Transitotrafik à Rovaniemi fut occupé par les forces finlandaises, tandis que les camions suédois se trouvant encore en Finlande (environ 70) étaient réquisitionnés et leurs conducteurs renvoyés en Suède. Dès le début de juillet 1942, cependant, camions et terminal furent restitués à la Suède.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2773
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 10:00    Sujet du message: Répondre en citant

C'est un texte superbement intéressant, merci et merci à Mikey pour ce travail magnifique! Very Happy

Juste un mot:
Citation:
ces pièces seraient les dernières, en raison notamment de la concurrence de la France.


On peut avoir l'impression que la France fait concurrence aux USA pour vendre du matos aux Finlandais, peut-être préciser:

ces pièces seraient les dernières, en raison notamment de la concurrence de la France pour l'acquisition de matériel de guerre.


Question: Où, bon sang, trouvez-vous toutes ces informations sur l'état et les capacités des installations portuaires ??
_________________
"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 10:14    Sujet du message: Répondre en citant

@ Merlock : OK pour ta remarque. Pour ta question, heu, peut-être sur le site officiel de Petsamo... en finlandais... Wink

@ Tous : je n'ai pas précisé que c'était "A suivre" ! Mais il y aura une suite demain et une fin après-demain.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays neutres Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9  Suivante
Page 8 sur 9

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com