Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

La Finlande
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays neutres
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9990

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 10:47    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, mais Mickey a un avantage totalement déloyal pour trouver ces informations... il parle finlandais !
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
mikey1983



Inscrit le: 17 Fév 2010
Messages: 229
Localisation: Helsinki, Finland

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 17:17    Sujet du message: Répondre en citant

Thanks for the comments, and you are welcome Smile

As for my unfair advantage... that is what accident of birth can do to you, I guess. Although I should point out the example of my linguistically talented compatriot Nico Rosberg, who speaks no less than five languages - German, English, Italian, Spanish & French... but only a smattering of Finnish, even though his father is Keke Rosberg, the Finnish F1 1982 Champion Shocked
By all accounts they have only ever spoken German to each other...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 18:29    Sujet du message: Répondre en citant

Ne faut-il pas écrire
Citation:
des sociétés britanniques et canadiennes

On n'utilise le singulier que si l'on écrit
Citation:
grâce à deux sociétés britannique et canadienne.

Mais je me trompe peut-être.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 18:38    Sujet du message: Répondre en citant

Comme il n'y a effectivement que deux sociétés, je pense que l'orthographe est correcte. Mais préciser "deux" sera effectivement plus clair.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 8935
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Ven Sep 18, 2015 20:08    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai ajouté les armoiries de Petsamo dans le texte posté par Casus.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Capitaine caverne



Inscrit le: 11 Avr 2009
Messages: 4119
Localisation: Tours

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 07:38    Sujet du message: Répondre en citant

Elles sont marrantes les armoiries de Petsamo, on les croiraient sortis de Game Of Throne ou il y a une demi-douzaine de familles avec des poissons dans leur blason!
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

« L’importance stratégique et économique de Petsamo s’accrut considérablement après la conquête par les Allemands du Danemark et de la Norvège. En effet, c’était le seul port européen au nord de Lisbonne qui restât ouvert à l’ensemble du trafic maritime mondial, et grâce à l’influence du Gulf Stream, il était libre de glaces toute l’année. Bientôt, de grandes quantités de marchandises furent transportées par voie ferrée jusqu’à Rovaniemi et de là jusqu’à Petsamo par la Route de l’Arctique. Jusqu’à la réouverture du port de Göteborg, cette route serait aussi vitale pour l’économie suédoise. Pour Petsamo, la route de Liinamakhari permit à ce moment un afflux de population et d’investissements dans la région. Dix mille ouvriers étaient en effet nécessaires à l’entretien de l’étroite Route de l’Arctique pour permettre aux milliers de camions qui l’empruntaient de parcourir plus d’un millier de kilomètres au milieu d’une taïga peu ou pas habitée.
Pendant ce temps, les mines de nickel de Petsamo commençaient à jouer un rôle central dans les négociations de la Finlande avec les grandes puissances. Les relations soviéto-finlandaises étaient sans cesse altérées par des disputes sur les droits d’exploitation des mines. De leur côté, les Allemands voulaient bénéficier de l’exclusivité du nickel extrait pour leur effort de guerre.
Dès les premières heures de l’opération Barbarossa, les forces du Reich s’installèrent dans la municipalité, mais leur séjour fut abrégé par les accords de Washington, qui faisaient de la Finlande un pays neutre dans la guerre qui se déchaînait. Durant toute la guerre, Liinamakhari abrita les consulats de Grande-Bretagne, d’Allemagne, d’URSS et de Suède… »
D’après Wikipedia, 2015.


Une vie diplomatique intense
Du fait de sa situation stratégique, Petsamo, malgré sa petite taille, abrita durant la guerre plusieurs consulats étrangers… ce qui n’était pas toujours une bonne chose.
………
Avant 1940, la seule représentation étrangère officielle était le consulat de Norvège, où un consul honoraire finlandais s’occupait des affaires courantes concernant les citoyens norvégiens venus en voisins. Sa mission prit effectivement fin lors de l’occupation de la Norvège par l’Allemagne.
………
Avec le consulat d’Union Soviétique, ce fut une toute autre affaire. L’URSS avait exigé et obtenu une clause du traité de Moscou stipulant qu’elle avait le droit d’installer des consulats à Petsamo et Åland. Du point de vue soviétique, il s’agissait de régions irrédentes, distinctes de l’ensemble national finlandais. Les Ålanders étaient des séparatistes désireux de rejoindre la Suède et il y avait à Petsamo des Skolts et des Russes qui n’étaient guère satisfaits de la tutelle finnoise. Moscou entendait bien en profiter afin d’affaiblir la Finlande, mais pour cela, la façade officielle offerte par un consulat était nécessaire, d’autant plus que les Finlandais avaient anéanti juste avant la Guerre d’Hiver le réseau d’espionnage opérant dans la région.
Le 31 juillet 1940, le ministère finlandais des Affaires Etrangères agréa Gavril Trofimovitch Kravchenko comme consul soviétique à Petsamo, avec une juridiction s’étendant à toute la province de Laponie. Mais l’installation de ce consulat ne se déroula pas sans problèmes. Petsamo était encore en train de se reconstruire après la guerre et c’est peu dire que les habitants ne se montrèrent guère amicaux envers les Soviétiques – quoique quelques-uns, pour des raisons plus ou moins idéologiques, aient cherché à entrer en contact avec le personnel du consulat.
Le consul et son équipe – qui, au début, ne comprenait que deux membres – eurent bien du mal à se loger convenablement : les logements manquaient dans la région ! Au début, ils furent hébergés dans la maison déjà trop petite du commissaire de police de Petsamo. Le 29 août, le gouvernement ordonna la réquisition de la maison du directeur du Petsamon Osuuskaupa (magasin coopératif de Petsamo) et loua celle-ci au consulat pour servir de résidence et de bureau. Mais ces quartiers plus spacieux ne suffisaient pas aux besoins, car l’accord commercial finno-soviétique de juin 1940 prévoyait la création d’une représentation commerciale soviétique en même temps que celle du consulat ; en comptant les familles des employés, il fallait loger 30 à 40 personnes. Ce problème ne fut pas résolu avant avril 1941, quand quatre nouvelles maisons furent construites pour héberger tout le monde.
………
Au grand dam des Finlandais, les pays en guerre s’intéressèrent encore davantage à Petsamo au début de l’été 1940. La Finlande aurait volontiers gardé le silence à propos des possibilités commerciales offertes par Petsamo pour pouvoir y mener des activités maritimes sans interférence étrangère. Le Bureau du Transport maritime de Petsamo estimait que les informations données à tort et à travers par la presse suédoise sur les échanges commerciaux dans l’Arctique représentaient une publicité des plus malheureuses. Le Bureau s’en plaignit d’ailleurs à plusieurs reprises aux officiels suédois, mais sans résultat. Il faut reconnaître que, même sans les articles suédois, les pays étrangers se seraient sans aucun doute occupés de Petsamo.
En effet, les premiers échanges maritimes ne passèrent pas inaperçus et s’accompagnèrent d’un développement des activités internationales dans la municipalité.
Avant même l’installation du consulat soviétique, l’Allemagne avait obtenu l’autorisation d’ouvrir un consulat à Petsamo. En juillet 1940, le ministère finlandais agréa Carl Türk, un diplomate expérimenté, comme consul général délégué à Petsamo. En septembre, arrivait le nommé Franz Hieronymus, chargé d’assister le consul comme secrétaire et expert maritime – en réalité, il s’agissait plutôt d’un honorable correspondant de la Kriegsmarine.
L’Allemagne avait de bonnes raisons de s’intéresser à la région de Petsamo. Le commerce extérieur de la Finlande et de la Suède ne pouvait, à ce moment, que passer par là et, en temps de guerre, il était de l’intérêt de l’Allemagne de superviser ces échanges. A partir de l’été 1940, la tâche principale du consulat d’Allemagne à Petsamo fut l’inspection des cargaisons passant par là et la délivrance de permis d’exportation pour les biens embarqués à Liinamakhari. L’Allemagne s’intéressait particulièrement au minerai de nickel, dont elle désirait avoir l’exclusivité.
Comme le consul soviétique, le consul allemand eut du mal à se loger. Le consulat s’installa d’abord à Parkkina, dans les bureaux de Metsähallitus (l’Agence des Forêts). En 1941, il put déménager au troisième étage d’un petit immeuble de bureaux tout neuf, destiné à abriter des fonctionnaires.
………
Devant l’installation des Allemands, les Britanniques exprimèrent en juillet 1940 un intérêt subit pour Petsamo. L’ambassadeur à Helsinki, Gordon Vereker, demanda l’autorisation d’installer sur place un consul général délégué pour faciliter l’inspection des cargaisons. En août, Mr Edgar Emil Manicus Nielsen (un Suédois de naissance) fut agréé à ce poste. En décembre, Mr John Edwin Emile Carbines fut agréé pour assister le consul général délégué, avec le titre de proconsul (!). En janvier 1941, Nielsen monta en grade et devint consul.
Dès le début, le consulat britannique avait été chargé de s’occuper plus ou moins officieusement des intérêts de la France (celle d’Alger bien sûr), mais la tache devait être fort légère. Ce n’est pas pour cette raison que Londres avait, avant même la fin de 1940, installé un consul à Tornio et un nouveau bureau consulaire à Rovaniemi. Le bureau de Rovaniemi n’était qu’une couverture pour les services de renseignements britanniques, dont l’un des contacts sur place était un employé du garage qui réparait les véhicules parcourant la Route de l’Arctique.
Tout comme les Soviétiques et les Allemands, les Britanniques eurent du mal à trouver des locaux convenables. Ils commencèrent par construire un baraquement en préfabriqué près de la poste de Liinamakhari, d’où on voyait très bien la route. Ce n’était pas par hasard, car les tâches principales du consulat britannique étaient la surveillance du trafic marchand passant par Petsamo ainsi que le contrôle de la mine de nickel, dont la concession d’exploitation avait été attribuée à une compagnie britannique. Le baraquement avait été installé sans que les Britanniques jugent utile de demander la moindre autorisation aux Finlandais – les Britanniques baptisèrent « une ou deux complications administratives » les problèmes qui s’ensuivirent inévitablement.
Ces problèmes furent résolus grâce à l’intervention du Lt-Cdr Tancred Malmström, chargé de diriger les travaux d’amélioration du port et du Bureau des Transports Maritimes de Liinamakhari. En décembre 1940, un terrain d’environ 1 000 m2 fut loué au consulat britannique. Celui-ci y fit construire un bâtiment qui fut terminé en avril 1941.
Le gouvernement britannique avait rompu tous ses liens commerciaux avec la Scandinavie et la région de la Baltique après l’invasion de la Norvège. Cet embargo s’appliquait aussi à la Finlande, alors que celle-ci n’était pour rien dans les événements qui avait motivé cette décision. De ce fait, aucune marchandise ne partait de Petsamo vers le Royaume-Uni. D’une certaine façon, les Britanniques étaient donc à Petsamo pour contrôler l’application de leur propre embargo.
………
Après les grandes puissances, ce fut le tour de la Suède d’installer un consulat à Petsamo. En septembre 1940, le ministère des Affaires Etrangères finlandais agréa le capitaine Carl Johan Andersson comme consul général délégué de Suède dans la municipalité. A la différence de celle du consulat soviétique, la présence du consulat suédois répondait à des besoins pratiques. L’import et l’export de cargaisons suédoises par les ports de Liinamakhari et Trifona avaient commencé. L’intervention du consulat était nécessaire pour gérer les diverses questions administratives liées aux cargaisons en question.
Les Suédois eurent les mêmes problèmes immobiliers que les autres consulats. En 1941, ils finirent par s’installer dans le même immeuble que les Allemands, de l’autre côté du troisième étage.
Le consulat suédois ne joua aucun rôle politique jusqu’à ce que les tensions dans la région commencent à croître. A ce moment, Stockholm, de façon fort compréhensible, fit de son mieux pour rester à l’écart et ses représentants consulaires appliquèrent cette politique.
………
S’il n’est pas inhabituel de voir des diplomates de pays en guerre entre eux habiter la même ville, la situation de Petsamo était originale, car les diplomates des quatre consulats – soviétique, allemand, britannique et suédois – résidaient et travaillaient tout près les uns des autres. La Suède restant neutre, ses diplomates étaient plus libres de rencontrer leurs collègues que ceux des consulats anglais et allemand – et soviétique, à partir du 17 mai 1942. Ces derniers, au contraire, n’avaient pas le droit de se rencontrer… mais ne pouvaient tout simplement pas éviter de se voir dans la rue et les autres lieux publics. « Ils étaient comme des bandes de Gitans qui se détestent, tous à s’efforcer consciencieusement de s’éviter dans les rues et les magasins » devait raconter un témoin finlandais, en se référant au “comportement d’évitement” traditionnel chez les Roms de Finlande (1).
Les événements de mai 1942 furent un moment clé de l’histoire diplomatique de Petsamo.
Au matin du 17 mai, les forces allemandes lancèrent l’opération Renntier et pénétrèrent en Petsamo, tandis que les soldats de la 11e Division finlandaise encerclaient le consulat soviétique et ses dépendances, où les personnels soviétiques étaient confinés « pour leur propre protection ». Ce confinement dura jusqu’au 26, une fois que les forces allemandes aient commencé à se retirer de Finlande. De leur côté, les Britanniques avaient été expulsés de Petsamo, mais les militaires finlandais montèrent la garde sur leurs bureaux et leurs logements jusqu’à ce que les diplomates anglais reviennent, un mois plus tard.
En dehors de quelques froissements d’amour-propre, il y eut peu de conséquences tangibles du comportement des Finlandais à Petsamo, qui passa inaperçu à côté des événements bien plus importants se déroulant ailleurs. Le fait que les diplomates soviétiques et britanniques et leurs dossiers n’avaient pas été livrés aux Allemands devait suffire à Moscou et à Londres.
Par la suite, la situation du corps diplomatique allemand à Petsamo changea radicalement. Si, jusqu’alors, les envoyés de Berlin avaient travaillé dans un environnement plutôt compréhensif, seul le consulat britannique représentant une puissance ennemie, ils devaient maintenant faire face aux menées de deux consulats hostiles, seuls les Suédois restant neutres (et prudemment réservés). La coopération soviéto-britannique, bien sûr, ouvrit de nouvelles possibilités aux équipes anglaise et russe. De son côté, le consulat allemand ne pouvait guère faire plus que continuer d’inspecter les chargements et les passagers passant par Petsamo, tout en s’efforçant de mener en sous-main des actions d’espionnage et de contre-espionnage. Il s’y efforça de son mieux jusqu’au mois de novembre 1944, puis cessa pratiquement toute activité avant de fermer dès le lendemain de la reddition allemande.

L’inspection consulaire des navires
Les passagers et les cargaisons passant par Petsamo furent doublement inspectés, surtout à partir d’août-septembre 1940, mais les méthodes d’inspection britannique et allemande différaient quelque peu. Les Britanniques étaient très stricts en ce qui concernait les certificats d’origine des cargaisons. Les Allemands, eux, étaient plutôt laxistes (au moins jusqu’à fin mai 1942) vis-à-vis des cargaisons finlandaises, mais beaucoup plus attentifs lorsqu’il s’agissait de cargaisons suédoises.
Les deux camps s’efforçaient de faire observer rigoureusement les exigences de leurs pays respectifs. Aucun navire ne pouvait quitter Petsamo sans avoir été inspecté par les consuls ou leurs envoyés. Naturellement, ces inspections ne se déroulaient pas le même jour. Auparavant, le manifeste du navire avait été examiné au consulat, souvent à l’ambassade à Helsinki, voire même envoyé à Londres ou à Berlin. S’il y avait quoi que ce soit à redire, le Bureau des Transports Maritimes faisait de son mieux pour le corriger. Après chaque inspection, les consuls déjeunaient (chacun à l’heure qu’ils préféraient) à bord du navire. Ensuite, ils donnaient des instructions de route au capitaine, qui étaient bien souvent contradictoires.
Durant les premiers mois de l’activité de Petsamo, il était courant que les navires transportent des citoyens de différentes nations, dont un certain nombre de Juifs tâchant de gagner l’Amérique et des volontaires étrangers qui avaient participé à la Guerre d’Hiver et s’efforçaient de rentrer chez eux. Mais après plusieurs incidents pénibles, aggravés par le fait que transporter des passagers gênait le trafic marchandises en raison des formalités supplémentaires nécessaires, les autorités finlandaises décidèrent de ne plus accepter que des passagers de nationalité finlandaise ou suédoise, qui ne posaient aucun problème ni aux Allemands ni aux Britanniques.

Petsamo, Chicago du café
Les principales marchandises importées par Petsamo étaient des céréales, du café, du sucre, du tabac, de l’huile alimentaire, mais aussi du coton, de la laine, du cuir, du caoutchouc, du savon, des médicaments, des pièces détachées, du carburant et des lubrifiants. Ces produits représentaient 85 % des cargaisons arrivant à Liinamakhari. Les autres 15 % consistaient principalement en matériel de guerre destiné aux forces finlandaises – armes, munitions, véhicules, moteurs, pièces détachées (pour avion notamment). En outre, l’essentiel des chargements de tissu et de cuir, ainsi que la plus grande partie du tabac, étaient réservés à l’Armée.
Le rôle de Petsamo dans le ravitaillement de la Finlande était majeur. C’est ainsi qu’entre juillet 1940 et mars 1941, par exemple, 96,7 % du café, 76,7 % de l’essence, 56,2 % de la farine et 20,3 % du sucre importés par la Finlande entraient dans le pays par Petsamo.
Plus de 1 600 camions circulaient sur la Route de l’Arctique (soit près de 10 % du parc de camions du pays à l’époque) et dix mille ouvriers s’acharnaient à maintenir la Route en état. Avant le début des opérations, on estimait que la Route pourrait supporter le passage d’environ 400 tonnes de marchandises par jour. Mais à son pic d’activité, c’est plus de 5 000 tonnes de marchandises quotidiennes qui empruntaient cette voie. Ce qui, bien entendu, éprouvait sévèrement la résistance de la chaussée, qui par endroits s’effondrait sous le poids des camions. Malgré tout, les équipes d’entretien réussirent à éviter sa fermeture pendant toute la durée de la guerre. Ce qui n’empêchait pas les accidents : de début 1940 à fin 1944, 320 camionneurs et automobilistes perdirent la vie sur la Route de l’Arctique.
………
Les accidents n’étaient pas le seul danger à redouter. Certains des produits transportés étaient tels que les conducteurs devaient surveiller leur cargaison sur tout le trajet de Liinamakhari à Rovaniemi. Le café était particulièrement menacé.
Tout comme de nos jours, les Finlandais faisaient partie des plus gros consommateurs de café au monde, et la pénurie touchant cette denrée fut si douloureusement ressentie dans tout le pays que cela fit naître des vocations. Postés sur les côtes les plus raides du parcours, les voleurs de café profitaient du ralentissement des camions transportant du café pour grimper sur le chargement et jeter quelques sacs sur la route. Parfois, c’était les routiers eux-mêmes qui volaient du café, et parfois même les policiers censés surveiller les cargaisons !
Les amendes infligées aux voleurs étaient loin de les dissuader, car une fois payée la pénalité, la vente du café au marché noir restait une affaire très profitable : il suffisait d’augmenter le prix demandé du montant de l’amende. Les journaux étaient pleins d’histoires d’anciens bootleggers et autres “barons de la bière” qui avaient fait leurs preuves lors de la prohibition finlandaise (2), accourant en Laponie pour profiter du développement foudroyant du commerce illégal du café. La presse parla même de “barons du café”.
Néanmoins, la plupart de ces histoires se révélèrent par la suite être le fruit de l’imagination des journalistes, comme celles concernant le fameux Algoth Niska – on ne prête qu’aux riches. Niska s’était recyclé avant même le début de la guerre, passant de la contrebande d’alcool à un autre genre de trafic : celui des Juifs venant d’Allemagne et des pays contrôlés par l’Allemagne chercher la relative sécurité de la Finlande. De son propre aveu, il aida ainsi 151 Juifs, contre rétribution ou, selon des témoignages dignes de foi, gratuitement. Il utilisait des passeports volés et maquillés pour faire venir des Juifs par la Hollande ou par l’Estonie. Quand son réseau fut découvert, en 1939, il s’enfuit vers l’Estonie, pour y être surpris par la prise de contrôle du pays par l’URSS. Il rentra alors en Finlande sur un bateau à rames. Au moment de la Guerre d’Hiver, il s’engagea et combattit sur le front de Ladoga. Mais aucune preuve n’existe que ce personnage digne d’un film d’Hollywood ait effectivement pris part au trafic de café…

L’Alaska finlandais
Quoi qu’il en soit, le trafic de café était une réalité et le café était loin d’être la seule denrée visée par les voleurs ! Les autorités étaient véritablement exaspérées par la situation. Selon un rapport de la police d’Etat, « [A Petsamo], on vole et on vole encore. Sur place, de Petsamo et vers Petsamo, tout est trafic. On trafique tout le long de la route de Petsamo à Rovaniemi et à Rovaniemi même. Tout le monde le sait et bientôt, tout le monde y prendra part ! »
Ces nouvelles se répandirent même à l’étranger. Le Washington Post surnomma Petsamo « l’Alaska finlandais », affirmant qu’on y retrouvait l’ambiance de l’Ouest Sauvage dans des endroits du même genre que Dawson City ou Deadwood. L’article affirmait même que depuis la Guerre d’Hiver, on avait décompté 858 cas de banditisme sur la route de Petsamo à Rovaniemi, avec des hommes armés arrêtant des camions et forçant les chauffeurs à leur remettre une partie de leur chargement.
Le journaliste du Washington Post n’exagérait pas trop. Certes, la plupart des “crimes contre la propriété” commis dans la municipalité de Petsamo étaient des vols simples et non du banditisme. Mais à la fin de 1940, le gouvernement de Laponie recevait un rapport dénombrant 906 vols simples, 124 vols aggravés et cambriolages, ainsi que 50 détournements d'argent ou de marchandises, tous liés à l’activité de Petsamo. Une fameuse opération de police avait permis de récupérer sur des camionneurs et des passagers revenant de Petsamo du café, du sucre, des fruits, du tabac, des lames de rasoir et d’autres biens de valeur, tous volés, y compris des douzaines de cadeaux envoyés d’Amérique par des émigrés finlandais à leurs proches et détournés par les transporteurs ; plus de vingt personnes furent arrêtées.
Par ailleurs, la municipalité de Petsamo eut jusqu’en octobre 1940 un statut de port franc, ce qui provoqua une intense contrebande entre Petsamo et le sud du pays, posant de gros problèmes aux douanes finlandaises. Même après la suppression de ce statut, les camionneurs suédois purent abuser du privilège qui les autorisait à acheter des biens hors taxes pour leur usage personnel dans les magasins de Petsamo. C’est ainsi qu’ils devaient importer clandestinement en Suède des milliers de chaussures de femme, qu’ils revendirent avec un gros bénéfice.
Pour aggraver les choses, camionneurs suédois et finlandais se disputaient fréquemment au moindre accrochage sur la Route de l’Arctique ou dans les rues de Petsamo – ce qui ralentissait davantage le trafic et générait de nouveaux accidents. Le fait que les Suédois avaient l’habitude de rouler à gauche, alors que les Finlandais roulaient à droite depuis 1858 (avant même l’apparition des automobiles), ne pouvait qu’ajouter encore à la confusion !
Afin de surveiller le chargement et le déchargement des marchandises à Parkkina, Ivalo et Rovaniemi, Pohjolan Liikenne avait embauché 32 assistants-policiers. Ils devaient aussi inspecter les camions sur la Route de l’Arctique pour éviter ou au moins signaler les vols et pour interdire le transport de boissons alcoolisées. Parfois, il leur fallait garder des chargements particulièrement précieux. En 1941, un inspecteur de la police de la route et 15 policiers expérimentés furent envoyés pour les aider.
Mais la situation ne s’améliora pas avant le printemps 1941, quand les cargaisons de café venant de Petsamo furent organisées en convois surveillés par des gardes. Quelque temps plus tard, cet exemple fut suivi pour l’ensemble des biens de consommation courante.

Notes
1- Si un Rom a subi des violences ou a été gravement offensé par un autre, la famille de l’offenseur doit éviter les proches de la victime et si possible quitter la région, sous peine de déclencher une vendetta sanglante.
2- La Finlande avait mis en œuvre la prohibition de l’alcool en 1919, un an avant que les Etats-Unis en fassent autant. Cette prohibition dura jusqu’en 1932 et fut à peu près aussi efficace que son équivalent américain.

(suite et fin demain)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Capitaine caverne



Inscrit le: 11 Avr 2009
Messages: 4119
Localisation: Tours

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 11:24    Sujet du message: Répondre en citant

La vache, pour un peu ce serait un mélange de "Petsamo, nid d'espion" avec "Chicago sur l'arctique"!
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2773
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 12:29    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine caverne a écrit:
La vache, pour un peu ce serait un mélange de "Petsamo, nid d'espion" avec "Chicago sur l'arctique"!


"Play it again, Samu!"
_________________
"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Van Gogh



Inscrit le: 09 Juil 2014
Messages: 190

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 14:32    Sujet du message: Répondre en citant

Sans oublier un film de Clouzot avec Yves Montant, qui doit conduire un camion de nitroglycérine sans amortisseurs spéciaux depuis Petsamo sur la route du Nord, malgré les accidents,les trafiquants et les attaques de Stukas (un peu inventées, mais il faut bien rajouter une tension qui parle aux spectateurs français).
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 14:35    Sujet du message: Répondre en citant

Dans Le Salaire de la Peur, il n'y a aucun Stuka et on a la trouille tout du long (malgré l'absence de Freddy, d'Alien et des Velociraptors) !
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9990

MessagePosté le: Sam Sep 19, 2015 15:12    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine caverne a écrit:
Elles sont marrantes les armoiries de Petsamo, on les croiraient sortis de Game Of Throne ou il y a une demi-douzaine de familles avec des poissons dans leur blason!


Moins marrantes que les armoiries d'Eddie Merx ! Cet ancien cycliste à un vélo dans ses armoiries. Laughing
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13715
Localisation: Paris

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2015 12:02    Sujet du message: Répondre en citant

Petsamo ou la vie sauvage
Bien que Parkkina fût le centre de la municipalité de Petsamo – et fût dénommé « la cité » par les locaux – ce n’était pas, en vérité, un centre-ville très impressionnant. Des années plus tard, le journaliste Arvo Ruonaniemi décrirait ainsi Parkkina tel qu’elle était en 1941 : « Quoique le trafic de Petsamo traversât Parkkina, le secteur paraissait calme et terne. Un certain nombre de bâtisses étaient entassées entre la route et la rivière Petsamo et il semblait qu’aucun plan particulier n’eût présidé à leur construction. En dehors des églises, il n’y avait que de rares immeubles de plus grande taille : les casernes, l’hôpital et le magasin coopératif, qui se voyaient d’assez loin. L’impression générale était celle d’un village bas et grisâtre qui somnolait sur un terrain plat près du fjord. »
Pourtant, dès avant la guerre, la Laponie avait la réputation d’une province sauvage, avec des équipes de bûcherons bigarrées vivant sur de nombreux sites de coupe de bois. La vie à Petsamo durant les années de guerre était tout aussi sauvage, et Liinamakhari n’était pas un cours de catéchisme. En dehors des heures de travail, on passait le temps entre les alcools forts, les cartes, les bagarres et les diverses activités commerciales illégales. L’alcool arrivait davantage du sud, en camion, que du nord, par bateau. Quoique l’organisation du trafic nécessitât quelque régularité, il y avait tant d’exceptions que la vie n’était jamais ennuyeuse.
Arvo Ruonaniemi ira jusqu’à dire que « La vie dans le port était comme la poésie moderne : pas de régularité, pas de rime, juste des sauts hasardeux d’un côté à l’autre. Une seule exception : le chargement et le déchargement des cargos, qui devaient se dérouler aux moments prévus, en dépit de tout ce qui pouvait se produire par ailleurs. Le mélange entre ceux qui avaient des heures de travail régulières et ceux qui n’en avaient pas ne facilitait pas l’équilibre, non plus que l’alcool frelaté, les paris et les jurons (souvent étroitement mêlés). Les poings et les couteaux volaient souvent, avec des résultats parfois fatals. Un cadavre par semaine, estimait la police. Il était clair qu’un port comme Liinamakhari attirait des tas de gens en dehors des honnêtes travailleurs. Des gens qui ne se fatiguaient pas en travaillant dur et de leurs mains, mais gagnaient leur vie autrement. Des joueurs professionnels, des trafiquants de gnôle et d’autres “hommes d’affaires”. C’étaient les responsables de la sauvagerie de la vie dans le port.
Le jeu de cartes le plus courant était le sökö [un stud poker finlandais]. C’était la forme de pari la plus populaire. Des sommes d’argent étonnamment fortes passaient d’une poche dans une autre. Ce n’était pas des clubs de tricot et les murs devaient être à l’épreuve des cris !
Le rythme de travail très élevé, les treuils qui grinçaient nuit et jour, les voitures qui ronflaient, les boulots irréguliers, les cartes et les bagarres, et puis les grands navires amarrés aux quais – c’était Liinamakhari. A l’arrière-plan, une vaste coupe d’arbres, couverte de neige blanche l’hiver, montrant des crêtes et des carrières d’un brun grisâtre l’été. Avec la mer gris-bleu, salée et froide au milieu de tout ça. »

Après la Guerre d’Hiver, la police fit de son mieux pour maintenir les formes d’une société organisée dans la municipalité. A l’automne 1940, pour assister le magistrat local, la police de Petsamo comptait deux officiers et cinq agents de police. Une équipe de police mobile (liikkuva poliisikommenuskunta) de six hommes, envoyée pour aider à canaliser le trafic routier, assistait la police municipale pour maintenir l’ordre et monter la garde dans des postes spéciaux réunissant des personnels de la police civile et de l’Armée. Ces quelques hommes avaient largement de quoi s’occuper à Petsamo, même si les homicides semblent avoir été plus rares que dans les souvenirs d’Arvo Ruonaniemi : par exemple, à Liinamakhari, en 1941, un meurtre en mars, un autre en avril, un troisième en juin – chaque fois, le meurtrier était ivre.
Arrivant à Liinamakhari pour la première fois, un capitaine de cargo présente ainsi ses premières impressions du port : « A l’entrée du fjord, je vis un bateau à rames – c’était le pilote. Mais nous étions presque arrivés et tout ce qu’il pouvait nous montrer, c’était un endroit où jeter l’ancre. Doubler la dernière pointe nous séparant du port fut une expérience curieuse – soudain, la lande arctique désolée se transformait en une baie pleine de navires, avec cet étrange port de rechange débordant d’une vie fourmillante. A l’automne 1940, le trafic portuaire de Petsamo était en plein développement. Des vaisseaux allaient et venaient nuit et jour et je comptai plus de vingt-cinq bâtiments dans le port. Toutes les compagnies de navigation de Finlande étaient représentées. Seuls trois ou quatre navires à la fois pouvaient décharger leur cargaison et embarquer des marchandises sur les primitifs quais de bois du port. Dès que les opérations étaient achevées sur un navire, il lui fallait céder la place. (…) Les distractions abondaient pour les marins en bordée et tant Bacchus que Vénus étaient l’objet d’un culte fervent. (…) »
L’argent coulait à flot à Liinamakhari. Des foules de trafiquants sortaient de nulle part, vendant des montres, des chaussures, des vêtements… On pouvait se procurer presque n’importe quoi à condition de pouvoir payer. Toutes sortes d’aliments, et bien sûr toutes sortes d’alcool. En revanche, au début, les services commerciaux du port étaient très limités, car le magasin le plus proche se trouvait à Parkkina, celui de Trifona ayant entièrement brûlé durant la Guerre d’Hiver.
………
En 1942, avec l’arrivée de la 11e Division, les forces de l’ordre locales furent renforcées par des unités de police militaire. Hélas, l’autre face de la pièce était l’arrivée de milliers de jeunes gens qui n’avaient souvent pas grand-chose à faire de leur temps libre et de leurs permissions de week-end. L’ennui régnait en maître à ce moment, et les seules distractions étaient le jeu, l’alcool et la danse. Les soldats rêvaient à la “grande ville” de Rovaniemi, à 500 km de là, et à leurs yeux, Helsinki aurait aussi bien pu être New York. Les militaires ivres ou naïfs étaient des proies faciles pour les voleurs et les filous.
L’arrivée de la division aggrava aussi le déséquilibre des sexes, déjà important dans la région, où les hommes adultes étaient bien plus nombreux que les femmes. Il devint courant de voir deux hommes danser ensemble dans les dancings de Petsamo. La moindre femme était immédiatement entourée par des hordes d’hommes désireux de l’inviter et la seule vue d’une jolie fille pouvait provoquer des querelles et des bagarres. Pas étonnant que, dans ces conditions, la prostitution ait explosé.
Les autorités finirent par reconnaître que la combinaison de l’ennui, de l’alcool et de la frustration sexuelle étaient pour les hommes un véritable poison contre lequel il fallait lutter. Des distractions furent organisées pour les soldats, telles que des compétitions sportives, des concerts, des soirées dansantes (avec des jeunes femmes volontaires de l’organisation Lotta Svärd)… Un grand nombre d’artistes de variété arrivèrent par la Route de l’Arctique : acteurs, chanteurs, comédiens, musiciens, lanceurs de couteaux et prêcheurs itinérants. En septembre 1942, un cinéma fut ouvert à Parkkina et une fête foraine s’y tint durant les étés 1943 et 1944.

Petsamo, nid d’espions
Durant ces années de guerre, Petsamo devint un endroit très cosmopolite. En plus des Suédois, des Allemands, des Russes et des Anglais, on pouvait y rencontrer des Lapons, des Juifs, des Tartars et des Roms, ainsi que des Américains, Français, Norvégiens, Danois, Suisses, Italiens, Canadiens, Estoniens, Hongrois et bien d’autres. Ces étrangers pouvaient être (ou se prétendre) diplomates, espions, observateurs militaires, hommes d’affaires, prospecteurs, ouvriers en tous genres et criminels de tout poil…
Bien entendu, le seul port neutre au nord de Lisbonne et la capitale d’une province grande productrice de nickel attira l’attention de nombreux services de renseignements. Certains – notamment les services soviétiques – envoyèrent des agents capables de se fondre dans la population. La chose fut plus difficile pour d’autres, pour des questions de langue ou d’apparence physique (comme dans le cas des Japonais (1) ). Ces derniers durent se reposer sur des agents finlandais pour leur fournir des informations. Si quelques citoyens finlandais coopérèrent avec des services étrangers pour des raisons idéologiques, la plupart le firent simplement pour l’argent, ravis de fournir ce qu’ils considéraient comme des informations banales et sans intérêt en échange de devises fortes !
La situation précaire de Petsamo, coincée entre deux puissances en guerre, n’échappait pas aux habitants. Cette notion jouait certainement un rôle dans la “vie sauvage” de la municipalité, car il semblait qu’à tout moment, les Allemands, les Russes ou les deux pouvaient se ruer sur Petsamo et transformer à nouveau la région en une zone de guerre. Les résidents les plus cultivés faisaient fréquemment allusion à Charybde et Scylla.
Fort heureusement, tant la Guerre des Trois Jours de mai 1942 que le raid de Kirkenes en février 1943 s’avérèrent être de fausses alertes. Par la suite, seules quelques interceptions aériennes ou l’atterrissage forcé d’un avion abattu par un camp ou l’autre vinrent rappeler aux habitants que la guerre était toujours à leur porte.

En guise de conclusion…
« La fin de la Guerre Mondiale et la réouverture des routes maritimes réduisirent l’importance économique de Petsamo, mais les investissements effectués durant la guerre dans les infrastructures régionales et le boom de l’industrie minière assurèrent la pérennité de la prospérité de la région. En 1952, la Route de l’Arctique fut pavée. En 1954 fut construite l’aciérie de Kolosjoki. En 1963, le chemin de fer Kemijärvi-Petsamo fut mis en service, rattachant la région au réseau finlandais.
Hélas, le secteur de Kolosjoki fut bientôt de plus en plus pollué par les activités minières. En 1979, des manifestants écologistes organisèrent un sit-in sur les lieux. Des incidents similaires se déroulaient au même moment dans tout le pays et la Ligue Verte Finlandaise devint un mouvement politique important. Depuis lors, les mines de nickel sont toujours exploitées, mais des mesures ont été prises pour réduire leur impact sur l’environnement.
Aujourd’hui, en plus des mines de nickel, la région tire des ressources non négligeables du tourisme attiré par les monastères et églises, la pêche au saumon dans les rivières, l’observation des baleines en mer…
L’aérodrome de Petsamo-Yläluostari, à 15 km de Parkkina, desservi par Finnair, a vu passer près de 300 000 passagers en 2011. La voie ferrée Rovaniemi-Liinamakhari a été prolongée jusqu’à Kirkenes en 1985 ; il est envisagé de la connecter au réseau ferré russe. Enfin, l’ancienne Route de l’Arctique est devenue la Route Européenne 75, qui va jusqu’à Liinamakhari. »
D’après Wikipedia, 2015.


Note
1- Durant la guerre, le corps diplomatique japonais en Finlande se composait d’une dizaine de personnes : l’ambassadeur Tadashi Sakaya (en fonction de novembre 1940 à juillet 1945), son adjoint, le colonel Hiroshi Onouchi (attaché militaire), un attaché naval et six ou sept secrétaires et serviteurs. Le seul autre Japonais résidant en Finlande à cette époque était le Professeur Tsutomu Kuwaki, arrivé en Finlande en 1941 pour enseigner le japonais et la culture nippone à l’université d’Helsinki. Aucun Japonais n’aurait pu mettre le nez dehors en Laponie sans être immédiatement repéré !
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9990

MessagePosté le: Dim Sep 20, 2015 12:22    Sujet du message: Répondre en citant

EN FTL, l'action du film "Le port de l'angoisse" ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Port_de_l%27angoisse) pourrait être déplacé à Petsamo....
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> Les pays neutres Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9
Page 9 sur 9

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com