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Je suis Charlie
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Martel



Inscrit le: 17 Aoû 2007
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Localisation: Paris, France

MessagePosté le: Ven Jan 09, 2015 23:51    Sujet du message: je suis charlie Répondre en citant

Bonjour,

Que dire de plus face à un tel évènement, qui n'a pas déjà été exprimé dans ce fil de discussion et mieux que je ne saurais d'ailleurs le faire.

Je veux simplement dire ici ma solidarité avec les familles de ceux qui sont partis. Et si ce n'est malheureusement qu'une maigre consolation pour les proches, leurs œuvres et l'exemple de leurs vies vont rester eux bien vivants pour nous inspirer, nous qui restons ici bas.


Pour apporter une petite pierre à la discussion sur le rôle de l'homme politique et un peu sur notre contribution FTL prise dans un contexte un peu différent :

Novembre 1940 FTL :
...Michel Debré se tait et Louis Marin le considère un instant, pensif. ... Mais si je peux ajouter ma contribution à votre édifice, n’oubliez pas, jeune homme, qu’à ma connaissance aucun artifice institutionnel ne peut imposer la stabilité dans un pays politiquement troublé....
... Et la République n’a pas su, ces vingt dernières années, recréer l’harmonie entre les différentes composantes de notre pays...
De la capacité des hommes politiques à proposer aux Français un avenir véritablement commun dépendra la stabilité du régime prochain.


Il nous reste donc à trouver ces hommes politiques et à faire en sortie que ceux là arrivent à se faire entendre.

Amicalement

Martel
_________________
"Enfin le cardinal a terminé son sort.
Français, que dirons nous de ce grand personnage ?
Il a fait la paix, il est mort :
Il ne pouvait pour nous rien faire davantage. "
Epithaphe anonyme du Cardinal de Mazarin.
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JPBWEB



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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 10:46    Sujet du message: Répondre en citant

Apparemment, l'indignation n'est pas unanime, ou bien elle est très selective. On n'a guère de raison de douter que les verbatims d'adolescents qui renâclent a la minute de silence dans les écoles reflètent très justement ce que pense vraiment la communauté musulmane française. Il y a dans leurs esprits un relativisme. La plupart ne sont pas plus violents que leurs condisciples non-musulmans, et ils ne sont pas non plus particulièrement religieux. Pour eux, et pour leurs parents, l'Islam, c'est surtout un ensemble de traditions et un contexte culturel. Il se trouve cependant ce contexte culturel islamique diffère radicalement du notre, et est donc totalement et définitivement incompatible avec le notre, car les valeurs essentielles qu'il véhicule sont autres. Ainsi, ces ados estiment que celui qu'ils pensent être 'Charlie' (en fait Charb, le redac'chef et auteur des fameux dessins du Prophète) a bien mérité de se faite trouer la peau. Ils pensent que l'état de droit est relatif, car Ils considèrent qu'il y a des lois divines qui sont supérieures aux lois humaines, et donc aux lois françaises, les lois du pays dans lequel ils vivent, et le pays dont beaucoup ont la nationalité.

Soyons clairs: je crains fort que vous ne trouverez aucun musulman sincere qui alignera totalement son discours sur celui, pourtant unanime par ailleurs, des Français non-mulsulmans. Un grand nombre de Musulmans en France (pour ne pas dire la plupart ou quasiment tous) entretiennent probablement cette reserve mentale, parce que c'est la pierre d'achoppement de leur identité. Certains l'expriment ouvertement, comme ces ados qui renâclent a la minute de silence, ou plus discrètement, comme les caciques de l'Islam officiel, qui n'ont évidemment pas jugé opportun d'exprimer cette nuance dans leurs condamnations publiques.

Est-ce a dire que l'Islam est définitivement incompatible avec nos sociétés séculaires et pluralistes ? Peut-etre bien. Il y a cependant une nuance importante a rappeler, qui peut sembler malsonnante pour les bien-pensants, mais qui est une vérité d'evidence: l'immense majorité des Musulmans presents en France sont issus de la frange la plus basse, la plus ignorante et la plus paumée de leurs pays d'origine. Il n'est pas étonnant que l'islamisme y fasse des ravages. Ailleurs, dans les pays musulmans, il y a une elite sociale et culturelle, qui n'est pas non plus immunisée contre l'intégrisme, car celui-ci sévit la-bas dans les universités et dans tous les milieux, mais au moins, la gentry marocaine, pour prendre cet exemple la, est suffisamment instruite et au fait des choses du monde pour relativiser les textes fondateurs de l'islam. Leurs érudits, tout pieux qu'ils soient, interprètent le Coran dans le contexte du monde moderne, exactement comme les nôtres l'ont fait et le font encore. Mais ces voix la, modernes et modérées, risquent fort de ne pas être entendues par la foule inculte et socialement marginalisée qui peuple nos cités.
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"L'histoire est le total des choses qui auraient pu être évitées"
Konrad Adenauer
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 10:49    Sujet du message: Répondre en citant

Urbain Mukanga a écrit:

Après c'est pareil,je trouve que ce faire dire que l'on est un parasite et qu'il faut que je retourne dans mon pays,alors que je travail et paye mes impôts et que j'ai défendu ce pays,par un gars qui n'a jamais rien foutu de sa vie et qui n'a que des préjugés,je n'aime pas non plus,je comprends qu'il y ai des gens qui se sentent mal parce-que dans leur rue il y a plein d'immigrés et quand plus ils foutent le bazar,mais pourquoi toujours tout généralisé? C'est comme à Libreville il y avait un monsieur qui n'arrêtait pas de dire du mal des blancs,pour lui tout les malheurs venait des blancs alors qu'il n'a jamais vu un blanc de sa vie,je ne trouve pas ça normal,il faut savoir faire la part des choses.


+ 1

Au cours de son histoire, la France a amplement démontrée que sa force était d'intégrer des gens nés à l'étranger et d'intégrer leurs talents. Si je ne devais citer qu'un nom ce serais celui de Herman Moritz de Saxe... devenu maréchal de France après avoir francisé son prénom en Maurice. Que serait la France sans ses français d'adoptions ? Pour un exemple célèbre, combien d’anonymes morts pour la France qui s'appelaient Mohammed, Mamadou ou Nguyen ?
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
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Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 11:09    Sujet du message: Répondre en citant

JPBWEB a écrit:
Apparemment, l'indignation n'est pas unanime, ou bien elle est très selective. On n'a guère de raison de douter que les verbatims d'adolescents qui renâclent a la minute de silence dans les écoles reflètent très justement ce que pense vraiment la communauté musulmane française. Il y a dans leurs esprits un relativisme. La plupart ne sont pas plus violents que leurs condisciples non-musulmans, et ils ne sont pas non plus particulièrement religieux. Pour eux, et pour leurs parents, l'Islam, c'est surtout un ensemble de traditions et un contexte culturel. Il se trouve cependant ce contexte culturel islamique diffère radicalement du notre, et est donc totalement et définitivement incompatible avec le notre, car les valeurs essentielles qu'il véhicule sont autres. Ainsi, ces ados estiment que celui qu'ils pensent être 'Charlie' (en fait Charb, le redac'chef et auteur des fameux dessins du Prophète) a bien mérité de se faite trouer la peau. Ils pensent que l'état de droit est relatif, car Ils considèrent qu'il y a des lois divines qui sont supérieures aux lois humaines, et donc aux lois françaises, les lois du pays dans lequel ils vivent, et le pays dont beaucoup ont la nationalité.

Soyons clairs: je crains fort que vous ne trouverez aucun musulman sincere qui alignera totalement son discours sur celui, pourtant unanime par ailleurs, des Français non-mulsulmans. Un grand nombre de Musulmans en France (pour ne pas dire la plupart ou quasiment tous) entretiennent probablement cette reserve mentale, parce que c'est la pierre d'achoppement de leur identité. Certains l'expriment ouvertement, comme ces ados qui renâclent a la minute de silence, ou plus discrètement, comme les caciques de l'Islam officiel, qui n'ont évidemment pas jugé opportun d'exprimer cette nuance dans leurs condamnations publiques.

Est-ce a dire que l'Islam est définitivement incompatible avec nos sociétés séculaires et pluralistes ? Peut-etre bien. Il y a cependant une nuance importante a rappeler, qui peut sembler malsonnante pour les bien-pensants, mais qui est une vérité d'evidence: l'immense majorité des Musulmans presents en France sont issus de la frange la plus basse, la plus ignorante et la plus paumée de leurs pays d'origine. Il n'est pas étonnant que l'islamisme y fasse des ravages. Ailleurs, dans les pays musulmans, il y a une elite sociale et culturelle, qui n'est pas non plus immunisée contre l'intégrisme, car celui-ci sévit la-bas dans les universités et dans tous les milieux, mais au moins, la gentry marocaine, pour prendre cet exemple la, est suffisamment instruite et au fait des choses du monde pour relativiser les textes fondateurs de l'islam. Leurs érudits, tout pieux qu'ils soient, interprètent le Coran dans le contexte du monde moderne, exactement comme les nôtres l'ont fait et le font encore. Mais ces voix la, modernes et modérées, risquent fort de ne pas être entendues par la foule inculte et socialement marginalisée qui peuple nos cités.


Il existe pourtant des penseurs musulmans qui étaient pour la coexistence. Par exemple, Ibn'Arabî, ce dernier disait "Dieu est incolore, c'est l'âme de l'homme qui est un prisme coloré". Ce qui veut dire que Dieu est au-delà des querelles religieuses des hommes qui le font toujours à leur image. Il y a aussi Djalâl Ad-dîn Rûmî le fondateur des derviches tourneurs ne dit-il pas " Que dois-je faire, ô croyants ? Je ne suis ni chrétien, ni juif, ni mazdéen ni musulman, ni d'Orient, ni d'Occident, ni de la mer ni de la terre, ni des cieux en rotation (1) ni des mines de la nature (..)
Rûmî croyait en la valeur égale de toutes les religions.

(1) La danse des derviches tourneurs (le samâ) symbolise le mouvement des astres c'est aussi un moyen d'entrer en extase grâce à la perte d'équilibre et au déphasage provoqué par la perte des repères.
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Benoit XVII



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Messages: 472
Localisation: Belgique

MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 11:40    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
@ Benoit XVII : je comprends que la formulation puisse laisser à désirer, mais le fait que ce soit Urbain qui en soit l'auteur est important et permet de ne pas se tromper.

Si je devais essayer de reformuler, je dirais peut-être :
"Si tu viens en France pour y vivre, adapte-toi aux coutumes françaises"
(pas "adopte toutes les coutumes françaises", nuance)
"et ne prétends pas obliger la France à adopter tes coutumes ancestrales"
(ce qui n'interdit pas que la France puisse, si elle le juge bon, ajouter les dites coutumes aux siennes...)

Il n'est jamais facile de résumer un sujet aussi vaste en deux lignes, mais j'ai essayé.


Absolument, sous la plume d'Urbain (j'ai comme tout le monde été très ému par son témoignage), on comprend la signification qu'il a voulu donner à la formule.

Ce que j'ai essayé d'exprimer, c'est finalement que l'identité française doit rester dynamique, et aussi laisser la place à une certaine multiplicité des identités (européenne, régionale, religieuse, etc. mais aussi tout simplement humaine). Bien entendu, en toute loyauté par rapport à la communauté nationale. Et que cultiver cette loyauté n'est pas l'obligation exclusive des nouvaux arrivants (ils ont un effort particulier à faire, évidemment), mais aussi des Français de plus longue date.
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Merlock



Inscrit le: 19 Oct 2006
Messages: 2818
Localisation: Issy-les-Moulineaux

MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 12:13    Sujet du message: Répondre en citant

Urbain Mukanga a écrit:
Qui est-ce on qui m'a dis que la France est un pays multiculturel et où on peut venir sans faire aucun effort? Et bien c'est le fonctionnaire de l'ambassade de France quand j'ai demandé un visa pour la France,comme c'était un visa de long séjour (c'est à dire qui n'est ni touristique,ni étudiant) il m'a demander pourquoi j'allais en France,je lui ai dis que c'était pour m'engager dans la Légion (et en fait j'aurais pu demander un simple visa de tourisme mais je ne le savais pas) et il m'a demander si je comptais rester en France,je lui ai que je ne savais pas,que je comptais si possible retourner au Gabon et c'est là qu'il m'a dit ce que j'ai écris dans un post précédent.


Alors là, les bras m'en tombent! Comment un fonctionnaire peut-il se permettre d'énoncer une telle énormité ? Non seulement il donne une fausse information, mais en plus il n'avait pas à décider de ce qu'est le le pays que se fonction oblige à servir et non à définir. Si ce genre de comportement est généralisé, je dois bien admettre que ça m'inquiète beaucoup...


Urbain Mukanga a écrit:
Après quand je dis "en France,fais comme les français" et bien pour moi ça veut dire parler français un tant soit peu correctement,respecter les lois de la France,respecter les traditions et us et coutumes de la région où on habite,ne pas vivre aux crochet de la société qui l’accueille et ça vaut pour tout les autres pays et pas que la France,j'ai vu que sur ce site il y a des gens qui vivent à l'étranger,vous essayer le plus possible de respecter les lois du pays,vous ne faîtes pas un scandale parce-que dans le pays où vous habitez,il n'y a pas de chocolatines comme en France ou parce-que rien n'est écrit en français?

Après bien sûr on peut (et on doit) garder des traditions de chez soi,mais par exemple je trouve que se balader en djellaba ou en costume traditionnelle dans les rues d'Aix-en-Provence ce n'est quand même pas ce qui est le plus approprié ici en France,je trouve que vivre des aides sociales (et ce tant de la part des français de souche que pas de souche) et après dire "la France ne fait rien pour nous",ce n'est pas bien,vous voyez ce que je veux dire?

Après c'est pareil,je trouve que ce faire dire que l'on est un parasite et qu'il faut que je retourne dans mon pays,alors que je travail et paye mes impôts et que j'ai défendu ce pays,par un gars qui n'a jamais rien foutu de sa vie et qui n'a que des préjugés,je n'aime pas non plus,je comprends qu'il y ai des gens qui se sentent mal parce-que dans leur rue il y a plein d'immigrés et quand plus ils foutent le bazar,mais pourquoi toujours tout généralisé? C'est comme à Libreville il y avait un monsieur qui n'arrêtait pas de dire du mal des blancs,pour lui tout les malheurs venait des blancs alors qu'il n'a jamais vu un blanc de sa vie,je ne trouve pas ça normal,il faut savoir faire la part des choses.

Je ne sais pas si je suis assez compréhensible mais je n'arrive pas à dire autrement mon sentiment sur la question.


Là, je viens de le lire et je ne peux qu'approuver ce que tu as écrit. Je n'aurait pas dit mieux.

Urbain Mukanga a écrit:
Ah bon ça va alors,je suis désolé si parfois quand j'écris ce n'est pas toujours clair car je ne suis pas très fort en orthographe (je ne dis pas la note que j'ai eu en orthographe lors du Certificat d’Études car c'est vraiment une honte) et j'emploie des fois des termes étranger au français de France sans m'en rendre compte et j'ai tendance à ne pas me relire quand j'écris sur l'internet comme ça quoi.


Ça me rappelle ce livre d'Ahmadou Kourouma, "Allah n'est pas obligé" (2000, ed. du Seuil) qui ajoutait à ses phrases des tournures "africaines" (du moins je le suppose) de son cru, assez savoureuses. Même si le Français de France se pense comme tel, il n'est pas la propriété privée de l'Académie française et j'apprécie les expressions françaises "d'ailleurs", vinssent-elles du Québec, des Antilles, d'Afrique ou d'un patois oublié du fond de nos campagnes...
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"Le journalisme moderne... justifie son existence grâce au grand principe darwinien de la survivance du plus vulgaire." (Oscar Wilde).
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crixos75



Inscrit le: 26 Mai 2011
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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 12:45    Sujet du message: Répondre en citant

« Il est mort aujourd'hui un homme qui faisait honneur à l'Homme ! » Raimondo Montecucolli, général italien au service de l’Autriche parlant de son adversaire Turenne (1675) (Homme avec majuscule signifie l’ensemble de l’humanité).
Les victimes de Charlie-Hebdo, journalistes, policiers répondent parfaitement à cette définition. Les premiers en faisant leur métier de journalistes, les seconds en tentant de les protéger. Ils étaient debout face au danger, ils ont peut-être, sans doute eu peur, mais ils étaient debout quand même.
Satiristes ils aimaient l’Homme. La satire dans Charlie-Hebdo, critique des défauts, des erreurs et des ridicules était souvent cruelle, juste, mais elle n’était pas haineuse. Dure et lucide elle portait malgré tout l’espérance que l’Homme chercherait toujours à aller vers le mieux, le beau, le juste et le bon. Critique oui, mais avec la foi qu’elle aurait un effet positif ; après tout, qui aime bien châtie bien. Critique oui, mais respectueuse de ce qui méritait le respect.
C’est parce qu’ils aimaient l’Homme que d’autres ont eu peur. D’autres qui sont bâtis sur la haine. Qui ne cherchent pas à aller vers un mieux ou une amélioration mais vers une fin. Une soumission définitive à ce qu’ils estiment juste, sans respect aucun pour ce qui existe ailleurs mais qui n’est pas eux.
Parce qu’ils étaient haineux, ils ne pouvaient tout simplement ni comprendre ni respecter la satire. Ils ont seulement compris qu’elle les remettait en cause, avec son humour et son efficacité, qu’elle risquait de diminuer leur petit pouvoir basé sur la crainte. Ils ont donc essayé de faire peur à la satire. Car c’est le seul moyen de communication qu’ils connaissent. Et comme la peur n’a pas fonctionné face à la satire ils ont voulu la tuer.
Plus de Grand Duduche poète et pacifique, plus de jolies femmes croquées si finement, plus d’Oncle Bernard avec ses chroniques économiques si justes et littéraires si passionnées, plus de Maurice et Patapon si totalement scatos.
Charlie-Hebdo toujours là par contre. Déterminé à rester debout et à ne pas laisser la peur et la haine gagner. Journal satirique, qui va continuer à dénoncer travers, dérives et malversations. Au nom de la liberté, celle de la presse et celle de l’Homme. Il a, ils ont raison. Essayons nous aussi d’être debout.
Ce n’est pas toujours facile c’est vrai, mais rien de ce qui vaut la peine sur cette terre ne s’acquiert sans effort.
Quant à avoir peur et chercher la conciliation, c’est inutile, tout ce que ce camp de la haine veut, c’est une capitulation sans condition.
Personnellement l’alternative me déplaît alors je vais continuer de rester debout. De toutes manières j’ai eu une double luxation de la rotule et m’agenouiller m’est devenu pénible.

« Elles sont mortes mercredi 14/1, des personnes qui faisaient honneur à l’Homme ! »
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Capu Rossu



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Messages: 2557
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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 13:26    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

https://www.youtube.com/watch?v=-bjbUg9d64g

@+
Alain
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GAULLISTE 54



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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 14:16    Sujet du message: Répondre en citant

Cette attaque est profondément abjecte et je la condamne avec les termes les plus forts !

Moi personnellement je ne suis pas Charlie (journal que j'ai lu quelque fois et que je trouvais nul) mais je suis pour toutes les victimes de ces terroristes islamistes !

Ce qui m'énerve aussi c'est que quasiment dès le début un tri à été fait entre les victimes !

Certes les 4 dessinateurs de Charlie Hebdo étaient les plus connus du grand public mais quand même !

J'ai eu l'impression (et vu certains commentaires sur FB je ne suis pas le seul à le penser) qu'il avait les victimes dignes d'éloges et les autres qui n'avait aucun intérêt

Je m'explique :

Ca je l'ai vu sur les images rendant hommage il n'y avait que les visages des 4 ! Certes on ne peut pas mettre les visages des 17 victimes mais bon certaines images (bien rares hélas) ont mis les noms de TOUTES LES VICTIMES !

Et les 3 Policiers abattus (un abattu quand il était à terre et la Policière municipale abattue de plusieurs balles dans le dos quand même) ?

Et l'agent d'entretien ?

Et les autres victimes se trouvant dans les locaux de Charlie Hebdo ?

Les victimes assassinées dans l'hypermarché casher ?

Sont elles moins intéressantes que les 4 dessinateurs ?

Pourtant elles ont étés victimes des mêmes barbares terroristes !

D'ailleurs la décision d'A.Hidalgo de faire Citoyen d'Honneur de la Ville de Paris Charlie Hebdo (et non les victimes) le prouve !

En clair ces salopards ont tué 17 personnes et on en honore que 4 !

Pourquoi ?


Je peux me tromper bien sûr ! Si on me prouve que je dis une co**erie je rectifie (je crois que c'est Leclerc qui avait dit une phrase peu ou prou identique )

Je finirai par un hommage tout particulier à nos Forces de Sécurité qui ont fait un boulot formidable !
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Devise des Ducs de Lorraine

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Devise de la Ville de Nancy


Dernière édition par GAULLISTE 54 le Mar Jan 13, 2015 01:44; édité 2 fois
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JPBWEB



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MessagePosté le: Sam Jan 10, 2015 14:16    Sujet du message: Répondre en citant

A lire, la tribune lucide et inquiétante du philosophe tunisien Mezri Haddad:

http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2015/01/09/31003-20150109ARTFIG00339-terrorisme-islamiste-cette-guerre-qui-commence-etait-helas-previsible.php

La phrase choc:
Citation:
Ce qui vient de se produire était en effet écrit, non par la main d'Allah mais par trente années de laxisme, d'angélisme et de conformisme malséant au pays de Voltaire.

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Jan 11, 2015 01:59    Sujet du message: Répondre en citant

De la part de Fantasque


Les leçons d'un massacre
8 janvier 2015
Par Jacques Sapir

Le massacre commis par les assassins au siège de Charlie Hebdo a choqué, bouleversé, indigné. Mais il nous interpelle aussi. Il est de la tache de la police de complètement éclaircir les complicités dont les auteurs de ce crime atroce ont pu bénéficier. Ce sera l’objet de l’enquête et, il faut l’espérer, du procès à venir pour ces assassins. Mais, d’ores et déjà, deux problèmes émergent : celui de la Nation, et donc de la souveraineté, et celui de la laïcité.

L’échec de l’intégration est d’abord le refus de la Nation

Ce que révèle les dérives sectaires, certes très minoritaires, mais qui existent néanmoins dans une partie de la jeunesse française, c’est le sentiment d’anomie quant à l’identité. Une partie des jeunes, issus de l’immigration, ne peuvent pas s’intégrer car ils ne savent pas à quoi s’intégrer. Une expression importante, et oh combien juste, de Mai 1968 était que l’on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance. De même, on ne s’intègre pas à un PIB. Ces jeunes qui parfois manifestent de manière bruyante leur attachement au pays d’origine de leurs parents savent qu’en réalité ils sont rejetés par les sociétés d’Afrique du Nord. Ils ne se sentent pas Français, car on n’ose plus parler de la France. Pourtant, que les choses aillent mal, et l’on y revient immédiatement. Dans son allocution du 7 janvier, le Président de la République n’a fait nulle part mention de l’Europe. C’est un oubli des plus révélateurs.

Mais, ces jeunes savent bien qu’ils sont nés quelque part et que leur histoire personnelle est irréversible. Ce sentiment peut conduire à des réactions très diverses. Certains peuvent trouver en eux-mêmes les ressources pour chercher malgré tout à s’intégrer. On s’incline ici devant Ahmed Merabet, 42 ans, enfant de l’immigration, policier de la brigade VTT du commissariat du XIème, lâchement assassiné de sang froid par les tueurs qui ont frappé Charlie Hebdo ; de même on s’incline devant Franck Brinsolaro, policier du service de la protection, qui avait en charge la protection de Charb. Il en va aussi, mais on en a moins parlé et il faut le regretter, de nombreux soldats français morts dans les opérations extérieures. Par exemple au Mali, comme le sergent-chef Thomas Dupuy, ou encore en Afghanistan ; ces hommes témoignaient de cet attachement à la France terre d’adoption devenue patrie et pour laquelle ils sont morts. Oui, l’intégration fonctionne, mais elle ne touche désormais qu’une partie de ceux qu’elles devraient toucher. Il est à craindre, si l’on n’y prend garde que ce processus ne s’amplifie

L’illusion du religieux, la prégnance du narcissisme.

D’autres se tournent vers la religion et peuvent finir dans le fanatisme. Mais, derrière l’apparence d’une montée de la religiosité, c’est en réalité à une montée des affirmations identitaires et narcissiques que l’on assiste. Les crispations autour des tabous alimentaires et vestimentaires, sur les signes extérieurs (comme la question du voile chez les musulmans) ont avant tout pour but d’identifier brutalement une communauté, de la séparer du reste de la population et de l’enfermer sur des références mythifiées pour le plus grand profit de quelques uns. Ces pratiques, en produisant des mouvements de réactions, font en réalité progresser la division des individus entre eux au lieu d’y mettre fin. Dans la quête de la pureté, et toute religion distingue le « pur » de « l’impur », il ne peut y avoir de mouvement collectif, si ce n’est de petites communautés en proie aux réactions violentes d’autres communautés. C’est d’ailleurs la le piège qui nous est tendu par les meurtriers, comme l’a bien souligné Robert Badinter au journal de FR2 le mercredi 7 janvier. Il est frappant que Marine le Pen, dans sa courte déclaration (toujours sur Fr2) ait dit en substance la même chose.

Par ce retour au religieux, on croit ainsi se protéger de l’anomie. En réalité, on s’y précipite tête baissée. Il faut ici faire le constat de l’échec d’une intégration pour une partie des populations immigrantes car ces dernières n’ont pas eu de références qu’elles pouvaient assimiler. L’intégration est un processus d’assimilation des règles et des coutumes, qui est en partie conscient (on fait l’effort d’apprendre la langue et l’histoire de la société dans laquelle on veut s’intégrer) mais qui est aussi en partie inconscient. Pour que ce mécanisme inconscient puisse se mettre en place, encore faut-il qu’il y ait un référent. La disparition ou l’effacement de ce dernier au nom d’un « multiculturalisme » qui ne désigne en fait que la tolérance à des pratiques très différentes, est un obstacle rédhibitoire à l’intégration. De fait, de même que pour échanger il faut instituer des objets que l’on n’échange pas, pour intégrer et aboutir à un principe de tolérance des individus il faut définir des limites très claires, des points sur lesquels il n’est pas question de transiger. Ici encore, on découvre les dégâts produits par un relativisme outrancier qui se pare des atours des sciences sociales pour mieux en subvertir les enseignements.

La trahison des élites et la perte de souveraineté.

Il faut en suite souligner l’immense responsabilités des élites politiques, de l’UMP comme du PS, qui abandonnent la France à petit pas, soit parce qu’ils ne croient plus en notre pays (mais comment fait alors la Corée du Sud ?), soit par intérêt bête et méchant, la volonté de vivre la vie des élites mondialisées. Ce qu’oublient tous ces politiques qui ont cédé aux sirènes de la pipolisation c’est que pour plus de 95% de la population française, la vie réelle se passe dans le cadre des frontières de ce pays que l’on nomme France. Pour ceux qui ne croient plus en la France, on aurait pu s’attendre à la tentative au moins de construire une Europe véritablement fédérale, sur le modèle de l’Allemagne ou des Etats-Unis. C’est un projet que l’on peut comprendre. Mais ce projet a échoué. Il aurait fallu le proposer quand le mur de Berlin est tombé. A la place, on a voulu perpétuer le méthode traditionnelle de la construction européenne, celle des « petits pas ». Nous en payons aujourd’hui le prix, avec une France qui n’est plus tout à fait un pays puisque l’on a abandonné nombre de prérogatives régaliennes, de la monnaie au budget, aux institutions européennes, et une Europe qui ne sera jamais un pays comme on le constate tous les jours, et en particulier dans la réduction du budget européen, qui se trouve aujourd’hui être inférieur à 1,3% du PIB. Le système confédéral qui en résulte, et qui en résulte par défaut, produit la crise tant économique que politique que l’Europe traverse. Cette crise qui a dévasté la Grèce, le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie et qui demain, si nous n’y prenons garde, dévastera la France.

La Cour Constitutionnelle allemande à bien vu le problème, elle qui a rappelé dans un de ses arrêts de 2009 qu’il n’y avait pas de peuple européen, et que seuls les différents pays étaient le cadre de la démocratie. De cette entre-deux où nous végétons nait l’anomie. De l’anomie naissent des monstres. Tous les responsables politiques français qui n’ont pas voulu entendre ce qu’avait dit clairement notre peuple il y a dix ans de cela, lors du rejet du projet de Constitution européenne par référendum, en sont responsables. Ils sont donc profondément disqualifiés pour appeler aujourd’hui à l’unité nationale.

L’Europe fédérale étant impossible, et avec elle le mythe d’une « Europe sociale », antienne du PS et d’une partie de la gauche et aujourd’hui désormais pleinement déconsidérée il faut donc rapidement revenir en arrière et redonner à la France les instruments de sa souveraineté. Cela passe par la monnaie, bien entendu avec la dissolution de la zone Euro, mais aussi par les différentes règles contraignantes quant au budget. Il est souhaitable que ceci se fasse à l’échelle européenne. Mais ce qui est souhaitable n’est pourtant pas toujours possible. Il est nécessaire que cela soit fait de toute manière, que nos partenaires le veuillent ou non.

Sociétés hétérogènes, sociétés denses.

Mais, construire une Nation, ou la reconstruire, impose de réfléchir à ce qui peut faire lien entre des individus différents ayant des croyances différentes. Quelle peut être la nature de ce ciment ? On pense qu’aujourd’hui, en ces temps que l’on veut « mondialisés », que l’économique est supposée l’emporter sur le politique. Les relations « de marché », se substitueraient donc aux relations faisant la trame de la société. Cette dernière ne serait donc que la résultante d’une somme de « contrats », entre deux ou plusieurs personnes, et pourrait donc s’appréhender à travers chaque contrat particulier. Ceci implique une dépersonnalisation de l’action et le rôle des normes qui en découle, dépersonnalisation qui repose sur des principes voisins de ceux de l’économie monétaire parfaite décrite par G. Simmel[1]. Mais Simmel lui-même était conscient qu’une société dont le ciment ne serait pas un ensemble d’institutions combinées et inter-agissantes, qui ne sauraient alors être séparées les unes des autres dans l’analyse, ne pourrait aboutir qu’à l’anomie[2]. Nous vivons en réalité dans des sociétés à forte densité économique, mais aussi sociale. Disons tout de suite que cette définition de la densité n’est pas celle du géographe ou du démographe, même si elle leur emprunte naturellement certains aspects. Les sociétés modernes ont en effet pour caractéristiques d’être dense, non seulement humainement (sens géographique et démographique) mais aussi en raison des interactions de plus en plus développés et de plus en plus puissantes entre les acteurs. Ces interactions découlent de ce que l’on peut appeler le « progrès des forces productives » pour reprendre une formule de Marx. Ce sont les effets d’externalité toujours plus importants qu’induisent les moyens matériels mis en œuvre depuis le XIXème siècle. Nous devons à Durkheim la paternité de la notion de densité sociale. Dans son ouvrage Les règles de la méthode sociologique il établit la notion de densité dynamique et de densité matérielle de la société[3]. cette densité dynamique correspond aux nombres de relations qui existent entre les unités d'une société donnée:

"La densité dynamique peut se définir, à volume égal, en fonction du nombre des individus qui sont effectivement en relations non pas seulement commerciales mais morales; c'est-à-dire, qui non seulement échangent des services ou se font concurrence, mais vivent d'une vie commune"[4]. La densité matérielle correspond quant à elle à la densité démographique, mais aussi au développement des voies de communication et de transmission. Pour Durkheim, ces deux densités sont nécessairement liées: "Quant à la densité matérielle (...) elle marche d'ordinaire du même pas que la densité dynamique et en général peut servir à la mesurer"[5].

L'hétérogénéité des agents dans une société qui est matériellement dense induit alors une hétérogénéité et une multiplicité des formes d'interactions. La complexité qui en résulte ne peut être traitée que par des ensembles d'institutions et de formes organisationnelles. Ces ensembles institutionnels et ces formes organisationnelles doivent être complémentaires, soit dans les règles qu'elles produisent soit dans les effets que ces règles engendrent. Cette double complémentarité fait obstacle à toute tentative de reproduire la logique de l'atomisme à l'échelle des institutions. Il faut dès lors prendre en compte la nécessité de l'action collective[6]. On retrouve ici l’apport de la philosophie pragmatique de Dewey[7]. Le rapport à l'institutionnalisme ouvre donc la question de son rapport au holisme méthodologique[8].

La laïcité, compagne obligée de la souveraineté.

Mais, reconnaître l’importance d’un point de vue analytiquement holiste, pose alors la question de savoir sur quelle base va-t-o construire les règles et les institutions, bref les formes collectives, dont on a besoin. Il y a la nostalgie d’un âge mythique où était affirmée la trilogie « Un Roi, une Loi, une Foi ». Cette nostalgie s’exprime tant chez les fondamentalistes musulmans que chez les identitaires. Mais, cet idéal mythique a été fracassé un fois pour toute par l’hétérogénéité des croyances qui s’est imposée comme un fait majeur avec la Réforme. Les guerres qui ont résulté ont été parmi les plus atroces et les plus inexpiables que l’Europe a connues. La seule solution résidait dans le découplage entre la vie publique et la vie privée, et le cantonnement de la religion à cette dernière. Ceci a été reconnu et théorisé à la fin des Guerres de Religion par Jean Bodin dans une œuvre posthume, l’Heptaplomeres[9], compagnon secret des Six livres de la République. Son contenu ne fait que prolonger celui des Six livres. De quoi s’agit-il donc ? Bodin imagine que sept personnages, qui tous pratiquent la médecine[10] et qui professent tous une foi différente, sont réunis dans un château. Chacun son tour, ils vont chercher à convaincre les six autres. Naturellement, c’est à chaque fois un échec, et pour une raison simple : la foi n’est pas affaire de raison. Quand le septième de ces personnages a parlé se pose alors une question redoutable : que vont-ils faire ?

La réponse est éclairante à deux titres. La première est qu’ils décident de ne plus parler entre eux de religion, autrement dit celle-ci est exclue du débat public et devient une « affaire privée », même si, par courtoisie, ils s’engagent tous à aller aux célébrations des uns et des autres. La seconde est qu’ils décident d’œuvrer en commun « pour les bien des hommes ». Une autre fin aurait été possible. Ils auraient pu décider de se séparer et de travailler séparément chacun dans leur communauté. Il y a là la seconde « invention » de Bodin. On insiste, à juste titre, sur la première qui est la distinction entre une sphère publique et une sphère privée. Elle est essentielle. Mais, elle ne doit pas masquer la seconde, qui n’est pas moins importante. L’invention de la sphère privée, et du cantonnement de la foi à cette dernière, ne prend sens que parce que des personnes de fois différentes se doivent de cohabiter ensemble. Que Jean Bodin insiste sur l’action en commun de personnes aux convictions religieuses différentes est très important. Cela veut dire qu’il y a des choses communes, des Res Publica, qui sont plus importantes que les religions. Cela signifie aussi que ce que nous appellerions dans notre langage la « laïcité » est une des conditions de l’existence des sociétés à composition hétérogènes[11]. En retranchant de l’espace public les questions de foi on permet au contraire au débat de se constituer et de s’approfondir sur d’autres sujets. En ce sens, Bodin pose le problème de l’articulation de l’individualisme avec la vie sociale, problème qui est au cœur du monde moderne.

Souveraineté et laïcité

Il nous faut aujourd’hui réagir. Non pas en exigeant un durcissement des peines et de l’arsenal répressif. Cela peut être nécessaire, mais il faut savoir que l’on reste, là, dans le domaine essentiellement symbolique. On fait de la gesticulation politique. La réaction doit être plus profonde et, en un sens, plus radicale. Face à la montée de l’anomie et de ses monstres il faut reconstruire d’urgence les conditions d’exercice de la souveraineté du peuple dans le cadre de la Nation. Mais, pour cela, il est impératif d’avoir une attitude ferme en ce qui concerne la laïcité, qui est la garantie fondamentale de nos libertés. Oui, nous devons nous rassembler et retrouver les fondements de la Res Publica. Mais nos dirigeants élus ou anciens élus sont les derniers à pouvoir le faire

Les assassins ne paraissent forts que parce que nous sommes faibles, et oublieux des principes dont nous sommes porteurs. Nous les avons laissé monter sur nos épaules. Redressons nous et ils joncheront la terre !


Notes
[1] Simmel G., Philosophy of Money, Routledge, Londres, 1978; publié originellement sous le titre Philosophie des Geldes, 1900

[2] Deutschmann C., “Money as a Social Construction: on the Actuality of Marx and Simmel”, Thesis Eleven, n°47, novembre 1996, pp. 1-20

[3] E. Durkheim, Les règles de la méthode sociologique, Presses Universitaires de France, coll. Quadrige, Paris, 1999 (première édition, P.U.F., Paris, 1937).

[4] Id., pp. 112-113.

[5] Id. pp. 113.

[6] D. Truman, The Governmental Process , A. Knopf, New York, 1958.

[7] J. Dewey, John Dewey: Philosophy, Psychology and Social Practice , édité par J. Ratner, Putnam's Sons, New York, 1963.

[8] M-C. Villeval,, "Une théorie économique des institutions?", in Boyer et Saillard, edits, Théorie de la régulation. État des savoirs, La Découverte, Paris, 1995, pp.479-489.

[9] Bodin J., Colloque entre sept sçavants qui sont de différents sentiments des secrets cachés des choses relevées, traduction anonyme du Colloquium Heptaplomeres de Jean Bodin, texte présenté et établi par François Berriot, avec la collaboration de K. Davies, J. Larmat et J. Roger, Genève, Droz, 1984, LXVIII-591.

[10] Ce qui n’est pas sans importance car la médecine, sous l’impulsion de personnes comme Ambroise Paré, et par la pratique de la dissection des cadavres, est devenue la science du corps humain, et a commencé la démarche qui en fera un savoir scientifique.

[11] On trouvera un commentaire éclairant de sa contribution aux idées de tolérance et de laïcité dans: J. Lecler, Histoire de la Tolérance au siècle de la réforme, Aubier Montaigne, Paris, 1955, 2 vol; vol. 2; pp. 153-159
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MessagePosté le: Dim Jan 11, 2015 08:33    Sujet du message: Répondre en citant

@ Urbain. La langue française est extrêmement difficile.

Mani, un indien travaillant en France avec qui je correspond sur le forum Air Défense depuis des années à raté un examen professionnelle de français, ce qui l'incite à quitté la France pour son travail. Et il écrit beaucoup mieux que moi, français ''de souche'', qui sans correcteur d’orthographe fait honte à mes professeurs. Je vous prévient donc, mon petit pamphlet ce dessous n'est pas du à un orateur confirmé mais d'un simple employé.

Pour en revenir a cette triste actualité, je m'associe à la douleur des familles des victimes et souhaitent aux blessés un prompt rétablissement.

Le fait est que le terrorisme en temps que tel n'est une nouveauté du XX/XXIe Siècle. Les anarchistes après la révolution industrielles ont fait tombé sous leurs balles présidents et têtes couronnées (Sissi,... pourquoi elle ? ) au nom du ''peuple opprimée''. Mais ceux ci avaient pour ''excuse'' le fait qu'il voulaient améliorer le sort du ''petit peuple'' et l'amener à s'épanouir. Même le communisme avec son mythe de ''l'homme nouveau'' voulaient améliorer en fin du compte sa situation

Aujourd'hui, le terrorisme dit ''islamique'' n'aspire pas à libérer les peuples, mais à les soumettre à un carcan ''religieux'' impitoyable Evil or Very Mad

Comment des ''jeunes'' même désœuvrer peuvent s’impliqué dans une idéologie les emprisonnant ?

Ils ne sont que quelques milliers ''d'actifs'' dans une Union Européenne de 500 millions d'habitants, et cela seraient suffisant pour déstabilisé un continent relativement prospère et de loin le plus ''pacifique'' du monde actuel (taux de crimes violent le plus bas hors Japon et Corée du Sud) et faire régner la Terreur ? Je dit Non, No, Nein et Niet...

S'ils veulent une société arriéré à l'image de leur ''idéal'', que l'on fournissent un aller simple aux membres de ces sectes dans un coin d'Arabie avec une pelle et une pioche et regardons les s'escrimé selon leur mode de vie qu'ils veulent imposé aux autres. Seront ils aussi endurant que les bédouins du XIXe S ou les Hamish que je respecte sans le support de la société moderne, pas sur du tout... Twisted Evil

Après ce petit délire, petit texte récapitulatif à l'affaire des caricatures, prétexte à ce massacre. Si les auteurs de cette tuerie avaient fait de véritable recherches, peut être ne seraient ils pas passé à l'acte :

Post de ''Bat'' sur Air Défense écrit le samedi 10 :

http://www.air-defense.net/forum/topic/19009-attentat-paris-7-janvier-2015/?p=832888

Tout a débuté lorsqu'un écrivain danois s'est plaint que personne ne voulait illustrer son bouquin consacré à Mahomet depuis l'assassinat de Theo Van Gogh aux pays-bas. En réponse, le journal Jyllands-Posten a publié 12 dessins réalisés par 12 caricaricaturistes différents pour illustrer un dossier sur le thème de la liberté d'expression et l'auto-censure, dans le contexte danois de l'époque de débat politique et médiatique sur les limites (ou non) de la liberté d'expression. L'idée était plus d'illustrer les limites que chaque artiste se mettait ou ne se mettait pas dans son travail, plus que vouloir parler/caricaturer le prophète lui-même. Certaines de ces caricatures ont entraîné des réactions de la communauté musulmane danoise qui se sentait stigmatisée ou assimilée au terrorisme, et de quelques religieux avec l'interdiction de représenter le prophète. Ça se serait sans doute arrêté là s'il n'y avait pas eu une reprise de l'affaire dans les pays musulmans, et un appel au meurtre de certains dessinateurs par des extrémistes. C'est dans ce contexte que Charlie Hebdo (et d'autres journaux, ne l'oublions pas; par ailleurs le mufti de Marseille s'était publiquement opposé à toute action contre la publication de ces caricatures au nom de la défense de la liberté d'expression) a publié les caricatures et le dessin de Cabu. Cette publication de Charlie Hebdo, amalgamée à des représentations du prophète jamais publiées dans aucun journal européen (comme p.exemple Mahomet sous les traits d'un porc), a été diffusée dans tout le monde musulman par une poignée de prédicateurs extrémistes qui, outre qu'ils n'acceptent pas la critique/la satire, ont surtout été dans la manipulation en faisant passer pour des publications de Charlie Hebdo des images que l'hebdomadaire n'a jamais réalisées nu publiées! C'est en partie cette désinformation qui a alimenté les réseaux radicaux et les appels à la vengeance et au meurtre contre Charlie Hebdo et, ne l'oublions pas, d'autres journalistes et journaux occidentaux.

Avant le massacre d'avant-hier, plusieurs tentatives d'assassinat du dessinateur Kurt Westergaard déjouées par la police danoise (dont une in extremis: il était barricadé dans sa salle de bains avec le tueur tentant d'enfoncer la porte!) et maintenant sous protection policière.




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MessagePosté le: Dim Jan 11, 2015 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

Merci a Fantasque pour ce texte de tres haute volee!,
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Benoit XVII



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MessagePosté le: Dim Jan 11, 2015 12:07    Sujet du message: Répondre en citant

Merci à Jacques pour son analyse interpellante. Je ne puis marquer mon accord sur l'ensemble, mais il y a un point que j'avais déjà moi-même ressenti, à savoir le goufre entre les élites françaises et le reste de la population.

Une petite anecdote à ce sujet. Il y a quatre ans, je discutais avec un (très) haut cadre d'une insitution financière française de tout premier plan de la crise politique que traversait alors la Belgique. Nous en vînmes à évoquer comme scénario plausible un éclatement du pays à plus ou moins long terme, qui pourrait voir la Wallonie demander son rattachement à la France. La réaction du cadre en question fut du style: ce serait vraiment une catastrophe, nous avons déjà nos pauvres... Quand on a perdu à ce point tout réflexe de grandeur ou de générosité, par rapport à une population dont on est si proche géographiquement et culturellement, il y a effectivement de quoi se poser des questions. Je dois reconnaître que j'ai entendu des réactions beaucoup plus chaleureuses auprès d'autres Français, de toutes classes sociales. Mais presque toutes les réactions de scepticisme auxquelles j'ai été confrontées au cours de discussions similaires émanaient de ce qu'il convient d'appeler les "élites".

Dans un tout autre ordre d'idée, j'ai également été frappé en parcourant un livre sur la noblesse belge dans la Résistance. De nombreux liens familaux et référents culturels communs unissaient la noblesse belge à son homologue française. Eh bien, l'on voit à de nombreuses reprises ces nobles belges atterrés et honteux de l'attitude complaisante de leurs cousins français par rapport à l'occupant. Paradoxalement, la noblesse (et la bourgeoisie d'ailleurs) furent le conservatoire du patriotisme de la "non-nation" belge et payèrent un prix d'ailleurs élevé à la Résistance alors que tant d'élites françaises virent dans la défaite une forme d'opportunité.

Plus récemment cependant, j'ai éprouvé de véritables malaises au vu de l'évolution récente du contexte politique belge. Comme vous le savez peut-être, le nouveau gouvernement belge a accueilli en son sein le parti indépendantiste flamand NVA, et n'est plus représenté du côté francophone que par les libéraux du MR, qui ne représentent qu'environ 25% des voix au sud du pays. C'est un gouverenment qui penche assez clairement à droite, et a pris toute une série de mesures conformes à son idéologie dominante. Que ce soit dans la presse ou par mes contacts auprès d'une certaine élite économique, je vois de nombreux (pas tous, je précise quand-même) chefs d'entreprises et cadres supérieurs francophones manifester une véritable extase devant cette nouvelle donne politique. Leurs intérêts de classe à court terme leur font oublier qu'ils ont au pouvoir un parti qui n'a cessé d'insulter leur communauté depuis 10 ans, et dont tout le programme consiste à rompre les solidarités qui unissent les différentes parties du pays et dont la Wallonie - aujourd'hui - bénéficie largement. C'est proprement affligeant - pour ne pas idre écoeurant - d'aveuglement de les voir se précipiter dans les cercles d'affaires pour y applaudir Bart De Wever (le leader de la NVA) à chacune de ses apparitions. Et cependant, je fais partie de ce 1% qui a tellement bénéficié des évolutions économiques des trente dernières années.

Je terminerai ce message peut-être un peu incohérent par une question à Fantasque. Nous sommes confrontés en Belgique également à un sérieux problème de jeunes nés ici (et parfois même pas issus de l'immigration) qui partent combattre avec les djihadistes en Syrie. Cependant, la toute grande majorité provient de Flandre, alors même que la proportion de musulmans y est bien moins élevée qu'à Bruxelles ou en Wallonie. Je pense personnellement que la cause en est la crispation identitaire qui a sasi la Flandre depuis une bonne trentaine d'années (qui montre d'ailleurs, même dans les nuances, de nombreuses similitudes avec certains discours entendus en France), qui porte un discours très uniformisant et excluant. Plusieurs expatriés de fraîche date en Belgique m'ont d'ailleurs confié à quel point ils avaient été frappés à leur arrivée de la libération de la parole raciste - souvent même inconsciente - en Flandre. A contrario, et quels que fussent ses très réelles fautes et par moment son manque de courage, il faut reconnaître que le Parti Socialiste francophone a poursuivi un vrai travail palliatif (à défaut d'une vraie stratégie d'intégration) sur le terrain auprès des populations immigrées fragilisées. Le résultat est loin d'être satisfaisant, mais il a permis d'éviter jusqu'à présent l'arrivée d'une situation aussi paroxystique qu'en France.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Jan 11, 2015 12:16    Sujet du message: Répondre en citant

Je vais vous dire une bonne chose concernant le fossé - sa largeur et sa profondeur- entre le peuple français et ses "élites". Lors de l'attentat contre Charlie on a vu cette masse d'abrutis proclamer leur "surprise". Je vis dans un quartier dit populaire. En 10 ans j'ai vu apparaître les burqas, les barbus. J'ai vu les murs fleurir de discours meurtriers. Je n'ai pas été surpris, ou plutôt si je l'ai été... par l'état d'impréparation de nos gouvernements. Dans quel aveuglement vivaient-ils nos cadis, nos cheikhs et nos émirs républicains pour que l'évolution de la société, la violence inter-ethnique, l'islamisme radical - qui ne se cache pas - qui revendique et qui impose ses normes à tous et à tout le monde puisse les surprendre ? C'est quand la dernière fois qu'ils ont quitté leurs beaux bureaux, leurs intérieurs bourgeois chauffés, leurs voitures avec chauffeur pour regarder la vie de leurs électeurs ?
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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