Fantasque Time Line

[Casus Frankie]

13 mai
Yougoslavie déchirée
Echec et mat ?
Palais blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade) – Dans une valse-hésitation fort surprenante, surtout en pareilles circonstances et à ce niveau de responsabilité, Pierre II revient sur sa décision de la veille et confirme finalement le lieutenant-colonel Miodrag Lozić dans ses fonctions. On murmure que le Premier ministre Božidar Purić serait allé voir le jeune souverain en urgence et que la… récupération de Lozić serait le résultat de cette audience imprévue.
Impossible, bien sûr de savoir ce que le Roi et son ministre se sont dit, mais les rumeurs vont bon train : il est de notoriété publique que Pierre II n’aime pas être réprimandé – ce qui arrive assez régulièrement depuis mai 1941. En résumé, les décisions prises la veille sont nulles et non avenues… et si on ne publie pas de démenti concernant l’interview publiée par Politika, c’est sans doute pour sauvegarder pudiquement la crédibilité de la parole du Roi.
Dans la soirée, d’accord pour une fois avec son ministre Milan Grol, le souverain trouve néanmoins le temps d’écrire une lettre que l’on portera en urgence à l’ambassade des Etats-Unis. Il s’agit d’un vibrant plaidoyer pour son gouvernement, affirmant notamment sa conviction que le remanier sous la pression de l’étranger constituerait un véritable acte de trahison envers sa Nation.
Pierre cherche de l’aide et on le comprend : si les Etats-Unis le lâchent à présent, il risque de se retrouver vraiment très seul…

Un jeu (plus ?) trop dangereux
Belgrade – Calme relatif pour la fronde menée par Mirković – que le gouvernement royal ne parvient décidément toujours pas à éteindre, ni même à circonscrire, puisqu’elle bénéficie de ralliements qui s’étendent toujours plus loin dans les strates de l’armée et de l’administration royale, de la part de tous ceux qui ne souhaitent rejoindre ni l’AVNOJ, ni la délégation de Šubasic. Pour un certain nombre de militaires et de fonctionnaires nationalistes, certes panserbes et anticommunistes, mais pas dupes des chances réelles des tchetniks dans le bras de fer qui s’annonce, Borivoje Mirković semble en passe de revêtir la figure du sauveur de la Nation, avec ses collègues Simović et Ilić. Un rôle peut-être similaire, dans l’idéal, à celui que De Gaulle a mis plus de deux ans à incarner – la comparaison ne manquerait pas de faire plaisir aux intéressés. Au train où vont les choses, persiflent les Britanniques, ils pourront bientôt former leur propre gouvernement. Ce ne serait jamais que le quatrième du pays…

La colère est mauvaise conseillère
SHAFE (Supreme Headquarters of Allied Forces in Europe), Southwick House (Portsmouth) – Bernard Montgomery a finalement réussi à être introduit auprès d’Eisenhower, après une longue et incompréhensible attente dans l’antichambre des bureaux du chef, toujours en l’irritante présence de Miss Summersby. Celle-ci semble être devenue la principale cible de son agacement, à défaut de toute autre sous la main – De Guingand est resté à l’entrée ! Toujours pimpante, la mise en plis brune sans défaut, le béret posé sur son bureau, elle affecte de ne pas s’apercevoir des regards furieux que lui lance à intervalles réguliers son visiteur, tandis que ses mains manucurées s’activent avec énergie sur sa machine à écrire.
Finalement, quand Ike vient enfin (enfin !) chercher Monty, l’Américain comprend vite pourquoi l’air de la pièce semble étrangement épais. « Kathleen, allez prendre votre pause, je vous prie. Vous ne serez pas nécessaire pour ce que nous avons à dire. » Impeccable dans son élégant uniforme, la jeune femme sourit, lance un regard étrangement amical à son chef puis disparaît (7).
Montgomery est venu à Londres sans vraiment y avoir été invité pour exiger de rencontrer son supérieur hiérarchique en titre, afin de se plaindre de la manière dont il est traité… Autant dire que la réunion ne démarre pas sous les meilleurs auspices. Et la situation ne s’améliore pas quand, passées les salutations et banalités d’usage, le Britannique sort de sa chemise le rapport si critique à son encontre et l’agite avec colère avant de le jeter sur le bureau d’Ike.
– Vous savez ce que c’est que ce document ? Vous l’avez lu ?
– C’est bien possible. Et quel est le problème ?
– C’EST UN RAMASSIS DE CONNERIES, VOILA LE PROBLEME !
C’est le coup de trop. D’une suite de gestes strictement égaux, Eisenhower se lève de son siège, contourne son bureau, va s’asseoir sur le fauteuil resté vide à côté de Montgomery, le regarde bien dans les yeux, pose sa main droite sur le genou de son vis-à-vis et le serre avec force avant de le relâcher enfin.
– Monty, je suis votre supérieur. Vous ne POUVEZ PAS me parler comme ça.
Et le Britannique se décompose, en comprenant d’un seul coup qu’il vient peut-être d’offrir à son meilleur ennemi le prétexte rêvé pour le mettre au placard. Il bredouille quelques excuses, se recule dans son fauteuil, visiblement mal à l’aise. Décontenancé. Fragilisé. Mais c’est trop tard, et le SACEUR peut conclure : « Bien. A présent que ce malentendu parait clarifié, je vous propose de coucher vos observations par écrit, pour étude par mes services. Si nécessaire, je convoquerai ensuite une réunion avec les responsables concernés pour prise en compte de vos remarques, si cela parait pertinent et nécessaire. Je vous laisse, vous avez sans doute beaucoup à faire – et franchement, moi aussi. »
Montgomery prend congé dans un murmure, alors que son hôte a déjà regagné sa place et a le nez dans ses dossiers. Alors que la porte va se refermer, Ike lâche toutefois : « Monty ? Vous comprendrez que je fasse remonter votre petit scandal à qui de droit, et notamment à votre gouvernement. Ce sera tout, merci. »
Et Montgomery de fuir le bâtiment, dévalant le grand escalier du manoir aussi vite que sa dignité et ce qui lui reste de flegme le lui permettent. En remontant dans sa Jeep, sous un ciel gris très britannique, il se demande si son séjour en Grande-Bretagne ne risque pas de se prolonger… Après tout, il a suffi d’une seule gifle à Patton pour être mis sur la touche – et il était le plus populaire des Yankees !

Mesures d’urgence françaises
Croatie, Bosnie et Slovénie occupées – Du fait des difficultés logistiques, organisationnelles et climatiques de la journée – le dernier point ne semblant hélas pas voué à s’améliorer tout de suite… – la 2e Armée française prépare activement un ensemble de convois navals rapides pour la Yougoslavie occupée, destinés à faire des aller-retours pour effectuer du ravitaillement sous le couvert de la nuit. Un peu ce qu’ont fait naguère les Japonais dans le Pacifique – à ceci près qu’on ne craint plus guère l’aviation de l’Axe. L’artillerie, par contre, c’est autre chose…
Pour ce faire, d’ailleurs, il serait vraiment bon que les Partisans slovènes ou croates daignent reprendre le contact, attendu que les bâtiments français visent surtout la péninsule de Pula (isolée) ou encore la côte rocheuse autour de Karlobag (qui est, de fait, déjà sous le contrôle des 4e et 11e Corps “Croates” d’Andrija Hebrang). Dans l’attente, on sollicite les organisations réputées neutres et opérant encore dans la région – la Croix-Rouge, notamment, qui a l’avantage de pouvoir encore passer à peu près impunément les lignes. Après tout, il s’agit de convois humanitaires ! Et Marseille n’ira pas faire une confiance aveugle aux titistes pour assurer une distribution impartiale de son aide…

Marseille – Pendant ce temps-là, Charles de Gaulle, tenu informé des convulsions yougoslaves, éclate de rire à la lecture de l’interview de Pierre II publiée la veille. « La fraternité, l’égalité, mon bon monsieur, ce sont là des problèmes de riches ! Ce qu’ils veulent, en Yougoslavie, c’est le fédéralisme ! Et l’autonomie, à défaut de l’indépendance ! Le reste, c’est trop loin, on en parlera plus tard… » Comme quoi, et quoi qu’on en pense, le président du Conseil a son opinion personnelle sur la situation – la sachant iconoclaste, il la garde pour lui.

Hypocrisie slovène
Ljubljana (Slovénie) – Léon Rupnik, gouverneur provincial pour le compte du Reich (on pourrait sans doute parler de Gauleiter, mais les Slovènes ne sont pas encore allemands…) et co-chef en titre de la Domobranci, est inquiet. Même s’il affecte de ne pas le montrer.
Rupnik a observé les convulsions pathétiques du NDH et la purge en cours à présent. Le même genre de nettoyage que ce qu’on fait les Allemands après le 15 mars. Il sait que si Pavelic se montre aussi violent et impitoyable, c’est surtout pour ne pas donner prétexte au Reich de venir se montrer ferme à sa place dans ce qu’il lui reste de pré carré.
Il sait aussi que chez lui également, il y a des brebis galeuses. Les performances hélas contrastée de sa Garde nationale lors des dernières opérations de répression anti-terroriste ont nourri sa réflexion comme celle de ses amis. Nul doute qu’il se trouve parmi ses subordonnés, collaborateurs et compatriotes, un certain nombre d’individus doutant de la Victoire finale, et prêts à monnayer leur ralliement auprès des Juifs bolchevisants. Ernest Peterlin par exemple… Celui-là s’est cru malin, à jouer les tire-au-flanc – mais désormais, sa trop visible réserve est une très bonne raison de le suspecter. Ses jours sont probablement comptés.
Toutefois, en nazi fanatique mais également cynique, Rupnik ne tient pas à faire l’erreur du Poglavnik en se salissant les mains lui-même. Il lui faut sembler être au-dessus de la mêlée, rassembler ses troupes, apparaître comme une autorité morale incontestable… Alors, en son for intérieur, le Slovène décide de prendre le contre-pied des Croates en laissant faire les Allemands. Ainsi, il restera le chef, sans paraître y toucher… et sans avoir du sang slovène sur les mains. Au pire, il dira qu’il n’y pouvait rien !

Grèce agitée
Mauvais bouillon
Port du Pirée – La publication de la veille dans la presse a eu son petit effet : vers midi, les RHN Kriti et Sachtouris votent à la majorité la fin de la désobéissance, estimant qu’en l’état actuel des choses, leur lutte dessert la Cause. Quelques heures plus tard, les destroyers Ierax et Pindos acceptent eux aussi de reprendre le service – mais uniquement dans le cadre d’une aide aux populations civiles et aux troupes grecques, ce qui ne trompe personne. Reste la corvette RHN Aetos, où se sont apparemment concentrés tous les irréductibles de la flotte et qui ne veut rien lâcher. Il faudra attendre la fin de soirée pour qu’elle capitule – une bonne partie de son équipage est débarqué, contre l’assurance d’une absence de sanctions. La promesse sera tenue, le contre-amiral Petros Voulgaris y veillera…
La mutinerie du Pirée est terminée. Elle a duré 8 jours et causé un tort certain à la Marine grecque, rappelant aussi à qui de droit que le royaume hellène, pour réputé stabilisé qu’il soit, n’est pas encore franchement sorti de l’ornière (8).

Notes
7- Bien que probablement pas amants, Ike et sa collaboratrice affecteront toujours d’entretenir une sorte de romance platonique : baisers volés, gestes de tendresse et moments de convivialité partagée dépassant de très loin le strict cadre professionnel. Kathleen Summersby conservera jusqu’au bout dans ses archives une note manuscrite que certains jugeront explicite : « Pourquoi pas un déjeuner, un thé ou un diner un jour ? Si oui, avec qui d’autre, si vous le voulez ? A quelle heure ? Et comment allez-vous ? » D’autres rappelleront qu’Eisenhower était marié depuis 28 ans avec Mary Geneva Doud – mais cela entrait-il en jeu, après deux ans de l’autre côté de l’Atlantique ?
8- Après la guerre, Voulgaris jouera à nouveau les négociateurs, mais pour quelques manœuvres obscures entre partis politiques (pas toujours couronnées de succès, vu l’ambiance des années 50 !), avant de retourner tranquillement à la vie privée et de reprendre son ancien poste de directeur général de l’entreprise Bodosakis. Il mourra d’une insuffisance cardiaque à l’hôpital naval d’Athènes le 26 novembre 1957. Sa dépouille aura droit à des funérailles nationales, en présence du Premier ministre de l’époque et d’un représentant de la famille royale.

[John92]

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– la 2e Armée française prépare activement un ensemble de convois navals rapides pour la Yougoslavie occupée, destinés à faire des aller-retours pour effectuer ( acheminer ?) du ravitaillement sous le couvert de la nuit.
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Rupnik a observé les convulsions pathétiques du NDH et la purge en cours à présent ( redondant ?).
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Les performances hélas contrastée (contrastées) de sa Garde nationale lors des dernières opérations de répression anti-terroriste ont nourri sa réflexion comme celle (celles ??) de ses amis.
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Ne pas confondre facilité et simplicité

[demolitiondan]

Dans l'ordre et en attendant que j'ai le temps pour plus de commentaires :
@ Loic : Raptor, ca ne veut jamais que dire Rapace en bon anglais. Faut arrêter de croire que je case des monstres à écailles partout, Jurassic Parc n'est pas sorti en 44.
@ Alias : qualité du lectorat. La scène (que j'aime beaucoup) va très bien ici. Résumons : il n'est rien d'extraordinaire ici. Juste un Beauf de garde qui fait une panne électronique en tentant d'intercepter un assaillant inconnu venant du Sud...
@ John : clin d'oeil certes, mais tout à fait crédible FTL.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[demolitiondan]

Bon les petits commentaires de rigueur !
- Miss Sarajevo, pour mémoire ...



Tiens U2 en avait fait une chanson avec Pavarotti, c'était pour la bonne cause.
https://www.youtube.com/watch?v=51DMGjup6h4

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[le poireau]

[demolitiondan]

Ah et quand j'écris plante verte. Il faut comprendre 'accessoire décoratif'. Dans le genre secrétaire de direction typeCatherine Jane Grant pour ceux qui connaissent.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[Archibald]

Oui "plante verte" dans le sens de "joli truc pour le décorum" - comme... une potiche.
Et cette dame, rien qu'a la regarder en photo, ce n'est pas du tout son style. Elle serait pas secrétaire de Ike, sinon.
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."

[Anaxagore]

Ike n'était pas du genre à s'encombrer d'une plante verte.
Et puis les femmes jolies et intelligentes ça existe... j'en ai trois dans mon entourage. Elles pourraient postuler à à un concours de beauté et en remonter à la plupart des mâles dans leur domaine de spécialité (l'une d'entre elle réussisant l'exploit d'être talentueuse dans plusieurs domaines hautement spécialisés et n'ayant rien à voir les uns avec les autres.)
D'ailleurs la seule fois de ma vie où je me suis retouvé face à quelqu'un qui me parlait en français et qui disiait quelque chose qui ressemblait à un assemblage de son sans aucun sens.... c'était une très jolie rousse (genre prix de beauté) rencontré dans une soirée. J'ai utilisé ma méthode de drague préférée, mettre en avant mon brillant intellect et mon immense culture, j'ai donc lancé une conversation sur la philo...
Résultat: Jolie rousse inconnue 1 point, Anaxagore... O pointé.
C'est la seule fois de ma vie, que j'ai eu l'impression d'être totalement stupide.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.

[FREGATON]

[Archibald]

[John92]

[demolitiondan]

Bon je dirai juste Team Triss et puis on passe à autre chose.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste

[Finen]

[Archibald]

[Capu Rossu]

Bonjour,

Pour le caractères, rouquine aussi c'est pas mal. D'ailleurs Julius en connait une :