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Les Balkans, Mai 1944
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John92



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MessagePosté le: Lun Jan 09, 2023 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Rien à signaler.
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FREGATON



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MessagePosté le: Lun Jan 09, 2023 16:01    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Les hommes du 7th Queen’s Own Hussars les baptisent les “Black Dogs” et chaque engin a son surnom personnel : par exemple, “Black Wolf”, “Black Tiger”… “Black Dragon”…

Il doit surement y avoir aussi un "Black Adder"... Smile Cool
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Jan 09, 2023 16:56    Sujet du message: Répondre en citant

Mais on l'a dans les balkans, notre cher Blackadder. Ceci étant, aucune liaison avec Dennis ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 16:17    Sujet du message: Répondre en citant

10 mai
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Teatime
Vallée de la Drina
– Le XIIIth Corps de Richard MacCreery commence enfin à se déployer dans la vallée de la Drina, en appui de la 10th Armoured d’Horace Birks. Les troupes impériales sont parées au combat : la 4th Indian Division (Arthur Holworthy) est à Slatina, avec la 32nd Army Tank Brigade (Brigadier A.C. William) en support à Kozice. La 51st Highlands Infantry de Charles Bullen-Smith a quant à elle passé le fleuve pour se positionner à Vajszló. Enfin, tout au nord bien sûr, la 6th Australian de Jack Stevens a rallié son corps d’armée à Szentlőrinc (abandonnée par l’ennemi) en compagnie du 5th AGRA, positionné un peu en arrière sur la route de Pècs – on pressent qu’on risque d’en avoir bien besoin pour forcer les défenses des Huns.
Encore faut-il en recevoir l’ordre ! Avec tout ce qui se passe en Bosnie, le commandement est contraint à l’attentisme – sinon à la patience. Quelle pitié ! En plus il fait beau ces temps-ci, l’aviation pourrait jouer à fond – pas comme il y a un mois ! Mais à Osijek, les officiers d’état-major britanniques se contentent pour le moment de prendre leurs quartiers dans la citadelle de Tvrđa – il est possible qu’ils y restent un certain temps.

Opération Veritable – Le siège de Sarajevo
Région de Sarajevo
– A l’ouest de la cuvette, le 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard-Heydrich et le 7. SS-PanzerGrenadier Rgt tentent toujours, à l’ouest de la cuvette, de s’emparer de la route du mont Igman, se battant toute la journée pour un simple chemin boisé perdu dans les Balkans, dont le monde ne risque pourtant pas de se préoccuper de sitôt (39). Une fois encore, leurs assauts font du mal à l’AVNOJ – lequel ne tient que d’extrême justesse, grâce au terrain très favorable à la défense ainsi qu’aux incessants bombardements de l’artillerie grecque, bien réglés par les envoyés de Kosta Nađ et qui font des ravages dans les vagues d’assaut des Schutzstaffel.
Von Oberkamp, comprenant que, finalement, les ploutocrates n’ont pas vraiment lâché les bolcheviques, obtient l’accord de Friedrich-Wilhelm Krüger pour réclamer un appui aérien, seul à même de faire taire cette artillerie… Oui, mais la Luftwaffe n’étant plus ce qu’elle était, avec quels avions ? Ravalant son mépris, le SS se résout à faire appel à l’aviation croate, ou plus exactement au 15. Staffel (Kroat.)/KG 53 de l’ancienne Légion croate. Ses Dornier 17 Z sont habitués aux procédures allemandes, non ? Et puis, ce sont sans doute les seuls pilotes de bombardier fiables et compétents qu’il reste à l’Axe dans les Balkans, alors…
En face, les titistes ne sont pas de bien meilleure humeur. Koča Popović a demandé du renfort à Milovan Đilas, en l’absence du maréchal. Et Đilas lui a dépêché une division de réserve : la 37e Division “du Sandjak” (Zarko Vidovic et Milo Jovicevic). Trois mille hommes et femmes environ, qui devraient être à pied d’œuvre dès demain si les capitalistes ne les empêchent pas de passer…
Mais ce n’est pas tout – en même temps, sur la rive est de la cuvette, le 8e Corps “dalmate” de Vicko Krstulović reçoit l’ordre de relancer au plus tôt son attaque vers le mont Trebević, pour faire enfin la jonction avec le 12e Corps “de Voïvodine”. Pareil succès pèserait sur le dispositif fasciste dans cette zone, peut-être même au point de menacer le 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard-Heydrich, ce qui forcerait à suspendre son offensive – et avec lui, son voisin le 7. SS-PanzerGrenadier Rgt.
Pour cette tâche, la 38e Division “de Bosnie orientale” (Franjo Herljević) sera de la partie – soit 4 000 combattants réputés reposés et correctement équipés. C’est toujours ça. En revanche, les Partisans ne demanderont pas l’aide des troupes de montagne grecques, toujours visiblement occupées à ne rien faire autour de Donja Ljubogošta.

Opération Veritable – Grecs et Partisans
Herzégovine et côte sud de la Dalmatie
– Calme plat dans ce secteur du front – grâce à la Neretva et à l’interruption de la coopération entre Partisans et 2e Armée française, cela semble parti pour durer… En mer, même les monitors ont renoncé à gaspiller leurs munitions sur les positions croates, se contentant de faire peser une présence menaçante en patrouillant au large.
………
Dubrovnik – Sur l’île de Daksa, après plusieurs jours de détention dans des conditions atroces et un procès pour le moins expéditif (voire carrément sans procès), l’AVNOJ fusille 35 personnes accusées de collaboration, qui sont ensuite sommairement enterrées dans une fosse commune.
L’affaire aurait pu en rester là… Problème : le Conseil judiciaire de la Cour martiale du commandement de la région de Dalmatie du Sud décide de donner une large publicité à l’événement, en faisant diffuser dans tout Dubrovnik des tracts indiquant quelles autorités ont ordonné l’exécution, et précisant le nom des condamnés. Parmi ceux-ci figurent (notamment…) un religieux, le père Petar Perica (qui a composé Djevo Kraljice Hrvata, l’un des principaux chants religieux croates) ou le maire de Dubrovnik, Niko Koprivica. Scandalisé, le chef du 2e CA grec, Dimitrios Papadopoulos, proteste avec vigueur et fera suivre à Tirana, où Sylvestre Audet… ne bougera pas, du moins pas de façon trop bruyante. Sollicités, les rares contacts qui subsistent avec l’AVNOJ concèderont bien quelques débordements ponctuels, mais ce sera pour préciser immédiatement après que ces excès ne manqueront pas d’être sanctionnés (40).
“On” passera donc très vite sous le tapis cette… initiative malheureuse –ce n’est vraiment pas le moment de chercher des poux aux titistes. Pourtant, au même moment, partout sur la côte de Dalmatie, des patrouilles en armes de l’OZNA continuent de se promener de villes en villages, avec des listes de noms…
………
« “Hé Markus, c’est qui ces guignols ?” Plus loin dans la vallée, vers Metković, un groupe de soldats porteurs du pentagramme passent de maisons en maisons, à la recherche de quelque chose ou de quelqu’un. J’observe la troupe de loin, les deux mains posées sur ma Thompson en bandoulière. “Aucune idée… Mais j’aime pas leur gueule. On va demander au commandement.” Lequel commandement restera muet. Au point que, dans la soirée, nous n’avions toujours pas de réponse – de fait, nous allions l’attendre plusieurs jours. Et pendant ce temps, nous allions entendre plus ou moins régulièrement des salves d’armes légères résonner dans le lointain… »
(Markus Amynthe –  [Machines de guerre] – Souvenirs de la campagne de Bosnie, Kedros éditeur via LGF, 1993)

Plunder et Veritable : stop ou encore ?
Citadelle de Tvrđa (Osijek)
– Bernard Montgomery est chaque jour davantage contrarié – et c’est peu dire. Contrarié par les Allemands (et ce ne sont pas les pires !), agacé par les Partisans, irrité par les royalistes et surtout écœuré par la tournure que prennent les événements. Si tout continue de la sorte, les Huns vont sans aucun doute renforcer considérablement leurs défenses vers le lac Balaton, lui coupant ainsi la route de Vienne… et ce sont les Rouges, apparemment lancés dans une grande offensive dans les Carpates, qui vont ramasser la mise !
Le pire, pour le Britannique, est qu’il n’y est objectivement pour rien ! Il a fait son devoir, il a rempli son contrat… et pourtant c’est quand même lui qui va devoir payer les pots cassés par autrui. Entre autres, par un certain souverain serbe, pour ne citer que lui !
Et comme si cela ne suffisait pas, Monty doit désormais affronter les assauts de ses prétendus alliés américains… En fait, d’Eisenhower en personne ! Celui-ci saisirait visiblement volontiers l’occasion de se débarrasser de ce Monty qu’il trouve si pénible – « unbeatable and unbearable » – avant de démembrer tout le 18th GAA, quitte à confier ensuite le meilleur de ses forces à Alexander, jugé bien plus malléable.
On parle au SHAFE, lui ont fait savoir ses contacts à Londres, d’un rapport particulièrement critique faisant état, non pas d’un véritable échec bien sûr, mais plutôt d’un manque d’efficience. A mots de moins en moins couverts, les Américains prétendraient qu’on a envoyé sur le Danube trois divisions blindées – potentiellement bien plus utiles en France – à seule fin de favoriser les manœuvres politiques de Londres. Ajoutons à cela le souvenir acide de certaines excentricités passées et, ces jours-ci, le mot d’ordre dans les couloirs du SHAFE serait carrément devenu « Sack Monty » !
Du coup, l’ombrageux général, très inquiet de ce qui se trame dans son dos, décide de prendre l’avion pour Londres afin d’en discuter avec qui de droit avant qu’il soit trop tard…

Guerre aérienne
Accident
Balkans
– Le temps est correct aujourd’hui mais, faute de plans d’opération bien arrêtés et dans l’incertitude quant aux actions à venir, les missions offensives restent réduites au strict minimum. De toute façon, le ciel est déserté par les appareils ennemis. Hélas, même dans ces circonstances, un accident peut arriver : ainsi, le NA-93 du lieutenant André Mercier, du II/39, s’égare dans les monts de Bosnie et s’écrase dans le lac Kotlaničko (au pied du mont Zelengora). Le malheureux pilote aura confondu la vaste étendue plate (480 m de long sur 200 de large) avec un champ – il est tué sur le coup. L’appareil coule à pic, par dix mètres de profondeur (41…

AVNOJ
La lutte… finie ?
Slovénie
– Le 7e Corps “Slovène” (Rajko Tanasković, Jože Brilej), dûment informé de la progression de ses camarades venant du sud grâce aux radios capitalistes, se prépare à pousser vers Karlovac. Il prévoit sans doute de jouer la belle contre cette maudite SS Karstjäger. Et de la gagner, espère Tanasković : car, avec de l’aide et du temps, tout vient décidément à point à qui sait attendre.
Plus à l’est, le 9e Corps “Slovène” (Lado Ambrožič, Dušan Kveder), toujours isolé, attend de voir l’évolution de la situation – mais il envisage déjà de franchir la vallée de la Save en direction du sud, quelque part vers Brežice, afin de rallier le 7e Corps. Ensemble, ces deux formations représentent 13 000 hommes et femmes, sans compter la 13e Division venant de la région de Knin. Assez pour faire payer le prix du sang aux fascistes qui voudront probablement défendre Karlovac.
………
Croatie (nord), vallée de la Save – Petar Drapšin est mort. Fauché par une rafale de pistolet-mitrailleur capitaliste, actionné par… une recrue maladroite, tandis qu’il visitait un terrain d’entraînement improvisé en compagnie de son chef d’état-major, Pavle Jakšić. Ce dernier n’a rien et assume dans l’instant les responsabilités de feu son chef.
Un malheureux accident – c’est donc ce que l’Histoire retiendra. Laissant dans l’ombre de nombreux petits détails qui sèmeront plus tard bien des doutes sur les circonstances de la mort de Drapšin : en jetant si inconsidérément ses troupes vers la Save, le Serbe – déjà réputé « psychologiquement instable et frôlant parfois la folie pure » (42) – n’a-t-il pas été incapable d’admettre un nouvel et terrible échec, au point de commettre un geste fatal ? A moins, bien sûr, que certaines de ses critiques plus ou moins avisées contre plusieurs responsables politiques de l’AVNOJ ne soient en cause…
Quoiqu’il en soit, le 6e Corps “Slavon” – durement entamé par les combats passés autour de Požega puis par sa défaite dans la région de Pakrac – ne risque pas de bouger avant un certain temps.
Quant au 5e Corps “Bosniaque”, de l’autre côté de la vallée, toujours coincé dans ses forêts entre Save et Bosnie, mais surtout entre Allemands et Français, il ne va pas bouger non plus… Puisqu’il est devenu inadmissible de travailler avec les capitalistes !
………
Croatie (nord-ouest) – Dans un magnifique effort, le 10e Corps “de Zagreb” repart vers Glina ! Plus précisément, sa 33e Division “Croate” (Josip Antolovic) se remet en marche, éperonnée par son commissaire politique, Uroš Krunić. La 34e Division, elle, reste en garnison à Novi Grad. Les Partisans, bien que décimés par la fièvre et épuisés par les combats passés, réussissent à s’emparer d’un certain nombre de positions croates – à peu près abandonnées, c’est vrai. Ils remontent à présent vers Dragotina… pour commencer.
………
Croatie (ouest), Lika-Senj – On n’arrête plus les 4e et 11e Corps “Croates” ! Partis de leurs positions sécurisées de longue date, régulièrement renforcés par des déserteurs et des mobilisés, ces derniers continuent de progresser vers leurs objectifs, sans que rien ne paraisse pour l’heure devoir les ralentir.
Sur la route de Karlovac, au nord, la 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (Veljko Kovacevic et Josip Skočilić) atteint Generalski Stol (43), à 25 km seulement de Karlovac. La prise de cette localité lui permettrait de faire la jonction avec le 7e Corps “Slovène”, retranché dans les monts Žumberak, ce qui ouvrirait ensuite la porte de Zagreb et même, au-delà, de la Slovénie ! Une éventualité catastrophique, dont l’Axe tient évidemment à se prémunir… Et comme, pour ce faire, il ne faut visiblement pas compter sur les locaux, c’est un Obergruppenführer Georg Keppler très agacé qui envoie au charbon la SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Karstjäger, du Standartenführer Hans Brandt, pour régler le problème… encore une fois !
Plus à l’est, sur la route de Jajce, la 7e Division Banija (Vojislav Djokic, Kluro Kladarin) progresse bien elle aussi. Passant le village de Jasenovac (un autre…), elle s’engage dans la vallée de la Sana, à la hauteur d’un petit affluent, l’Ižnica, approchant ainsi de Ključ. Devant elle, la 5e DI “Bosanka” (colonel Roman Domanic), de ce qu’il reste du 3e Corps oustachi, arrive en sens inverse…
Andrija Hebrang ne parait pas spécialement inquiet. Même si, sur son flanc sud, le 1er Corps oustachi d’Ivan Brozovic tout entier (ou ce qu’il en reste) est arrivé à Knin pour prendre le relais du 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt de la Handschar (qui peut donc enfin partir vers la Neretva). Le corps oustachi déploie largement ses trois reliquats de division sur un grand arc de cercle, de Vodice jusqu’à Bosanko Grahovo. Faute de mieux, et en attendant de voir… Brozovic ignore toujours pour l’heure ce qu’il pourra faire au juste avec ses troupes aussi décimées que démotivées.


Notes
39- Historiquement, cet endroit est devenu le domaine skiable principal de la ville, célèbre pour avoir accueilli l’épreuve de saut à ski durant les Jeux Olympiques d’hiver de 1984…
40- Il semble bien aujourd’hui que l’AVNOJ ait effectivement tempéré ses ardeurs à Dubrovnik. En effet, les archives de l’OZNA mentionnent 53 noms de condamnés, alors que l’on n’a dénombré que 35 morts. Un coup de frein diplomatique aurait-il stoppé l’action titiste au dernier moment ? C’est possible… Quoi qu’il en soit, les restes des victimes attendront 2010 pour être déterrés, puis réinhumés religieusement.
41- Recouvert de sédiments par les ans et préservé par une température froide et stable (nous sommes à 1 528 mètres d’altitude !), le Mustang ne sera retrouvé qu’en 1972, par un pêcheur d’omble chevalier qui avait accroché sa ligne et pensait probablement avoir pris un gros triton. Il découvrira plus tristement un appareil presque intact, avec son pilote toujours aux commandes…
42- Selon Savo Skoko, historien et ancien Partisan, qui a tenu un journal très détaillé des erreurs et crimes commis sous Drapšin en Bosnie-Herzégovine en 1941 et 1942… Y sont notamment évoqués des massacres de prétendus « ennemis de classe » – 21 civils fusillés sur la colline de Radacki ou 41 villageois de Golobrđe, Divljakuša et Meka Gruda, disparus sans laisser de traces… par exemple.
Ces crimes et les événements survenus lors de la libération du bassin de Požega expliquent sans doute l’oubli qui frappera ensuite et jusqu’au début des années 1990 toutes les actions de Petar Drapšin, alors même que l’intéressé était enterré dans l’allée des héros nationaux, avec ses deux étoiles partisanes de 1ère classe (à titre posthume), son titre de Héros national (bien évidemment) et sa croix de l’Ordre de Koutousov (2e classe) attribué par le Présidium du Soviet suprême de l’URSS !
43- Littéralement, “la table du général” – selon le folklore local, les généraux croates planifiaient ici leur défense face aux incursions ottomanes.
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Hendryk



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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 18:05    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Du coup, l’ombrageux général, très inquiet de ce qui se trame dans son dos, décide de prendre l’avion pour Londres afin d’en discuter avec qui de droit avant qu’il soit trop tard…

Guerre aérienne
Accident
Balkans
– Le temps est correct aujourd’hui mais, faute de plans d’opération bien arrêtés et dans l’incertitude quant aux actions à venir, les missions offensives restent réduites au strict minimum. De toute façon, le ciel est déserté par les appareils ennemis. Hélas, même dans ces circonstances, un accident peut arriver :

Un instant je me suis demandé si c'était Monty lui-même qui avait connu une fin prématurée.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 18:11    Sujet du message: Répondre en citant

Nan mais l'histoire d'André Mercier est bien OTL.

https://www.bibert.fr/Joseph_Bibert_fichiers/D520_fichiers/DEWOITINE%20D.520%20179.pdf

Mention spéciale à la veuve qui a eu à authentifier le corps, à peine vieilli, 42 ans après. Et aussi à la photo qu'on trouve sur Internet et que je ne publierait pas.
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John92



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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 18:56    Sujet du message: Répondre en citant

...
La 51st Highlands Infantry de Charles Bullen-Smith a quant à elle passé le fleuve pour se positionner à Vajszló. Enfin, tout au nord bien sûr, la 6th Australian de Jack Stevens a rallié son corps d’armée à Szentlőrinc (abandonnée par l’ennemi) en compagnie du 5th AGRA, positionné (installé ? ) un peu en arrière sur la route de Pècs – on pressent qu’on risque d’en avoir bien besoin pour forcer les défenses des Huns.
...
A l’ouest de la cuvette , le 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard-Heydrich et le 7. SS-PanzerGrenadier Rgt tentent toujours, à l’ouest de la cuvette, ( à supprimer ?) de s’emparer de la route du mont Igman, se battant toute la journée pour un simple chemin boisé perdu dans les Balkans, dont le monde ne risque pourtant pas de se préoccuper de sitôt (39). Une fois encore, leurs assauts (attaques ? ) font du mal à l’AVNOJ – lequel ne tient que d’extrême justesse, grâce au terrain très favorable à la défense ainsi qu’aux incessants bombardements de l’artillerie grecque, bien réglés par les envoyés de Kosta Nađ et qui font des ravages dans les vagues d’assaut des Schutzstaffel.
...
Ravalant son mépris, le SS se résout à faire appel à l’aviation croate (oustachie ? au drapeau à damiers –mais on c’est dur pour les Polonais), ou plus exactement au 15. Staffel (Kroat.)/KG 53 de l’ancienne Légion croate .
...
Et Đilas lui a dépêché une division de réserve : la 37e Division ( lui a dépêché la 37e Division du .... qui était –placée ?- en réserve ?) “du Sandjak” (Zarko Vidovic et Milo Jovicevic).
...
Pareil succès pèserait sur le dispositif fasciste dans cette zone, peut-être même au point de menacer le 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard-Heydrich, ce qui le (à ajouter ? ) forcerait à suspendre son offensive – et avec lui, son voisin le 7. SS-PanzerGrenadier Rgt.
...
“On” passera (mettra ? l’expression usuelle étant mettre sous le tapis ) donc très vite sous le tapis cette… initiative malheureuse –ce n’est vraiment pas le moment de chercher des poux aux titistes.
...
Bernard Montgomery est chaque jour davantage contrarié – et c’est peu dire. Contrarié par les Allemands (et ce ne sont pas les pires ! (Je comprends le trait d’humour mais, à part les Oustachis, y a qui de pire que les Huns dans cette région – John qui fait son chieur- ?)), agacé par les Partisans, irrité par les royalistes et surtout écœuré par la tournure que prennent les événements.
....
L’appareil coule à pic, par dix mètres de profondeur (41 (parenthèse à fermer )
...
Petar Drapšin est mort . Fauché par une rafale de pistolet-mitrailleur capitaliste, actionné par… une recrue maladroite, tandis qu’il visitait un terrain d’entraînement improvisé en compagnie de son chef d’état-major, Pavle Jakšić. Ce dernier n’a rien et assume dans l’instant les responsabilités de feu son chef.
Un malheureux accident – c’est donc ce que l’Histoire retiendra. Laissant dans l’ombre de nombreux petits détails qui sèmeront plus tard bien des doutes sur les circonstances de la mort ( du décès ?) de Drapšin : en jetant si inconsidérément ses troupes vers la Save, le Serbe – déjà réputé « psychologiquement instable et frôlant parfois la folie pure » (42) – n’a-t-il pas été incapable d’admettre un nouvel et terrible échec, au point de commettre un geste fatal ?
...
Quant au 5e Corps “Bosniaque”, de l’autre côté de la vallée, toujours coincé dans ses forêts entre Save et Bosnie, mais surtout entre Allemands et Français, il (à supprimer ???) ne va pas bouger non plus… Puisqu’il est devenu inadmissible de travailler avec les capitalistes !
...
Devant elle, la 5e DI “Bosanka” (colonel Roman Domanic), de (soit en trop, soit il manque une explication ) ce qu’il ( qui) reste du 3e Corps oustachi, arrive en sens inverse…
Andrija Hebrang ne parait pas spécialement inquiet. Même si, sur son flanc sud, le 1er Corps oustachi d’Ivan Brozovic tout entier (ou ce qu’il en reste (subsiste/a survécu ? )) est arrivé à Knin pour prendre le relais du 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt de la Handschar (qui peut donc enfin partir vers la Neretva).
...
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Archibald



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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 20:39    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
Casus Frankie a écrit:
Du coup, l’ombrageux général, très inquiet de ce qui se trame dans son dos, décide de prendre l’avion pour Londres afin d’en discuter avec qui de droit avant qu’il soit trop tard…

Guerre aérienne
Accident
Balkans
– Le temps est correct aujourd’hui mais, faute de plans d’opération bien arrêtés et dans l’incertitude quant aux actions à venir, les missions offensives restent réduites au strict minimum. De toute façon, le ciel est déserté par les appareils ennemis. Hélas, même dans ces circonstances, un accident peut arriver :

Un instant je me suis demandé si c'était Monty lui-même qui avait connu une fin prématurée.


Non mais, y a pas écrit "Huntziger" là... la mare, le pantalon, tout ça... y a des limites quand même.

Vous imaginez la réaction des anglophones qui liraient notre beau travail ?
"Oh mon dieu ! Ils ont tués Monty ! "
"Espèces d'enf**rés !"

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loic
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MessagePosté le: Jeu Jan 12, 2023 21:40    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Sur la route de Karlovac, au nord, la 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (Veljko Kovacevic et Josip Skočilić) atteint Generalski Stol (43), à 25 km seulement de Karlovac.

_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Fév 06, 2023 11:08    Sujet du message: Répondre en citant

11 mai
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Teatime
Vallées de la Save, de la Drina et du Danube
– Le Groupement de Divisions des Balkans a désormais bien pris ses marques entre Serbie et Croatie. La 192e DIA de Léon Jouffrault, notamment, profite du calme qui règne toujours sur le front pour envoyer de multiples patrouilles dans les villages des alentours. Les résultats sont… mitigés. De très nombreuses maisons ont été détruites, alors qu’elles n’étaient pas toutes dans des zones de combat, et les bâtisses survivantes sont toutes marquées d’une croix blanche. Le même scénario, semble-t-il, qu’en Voïvodine, d’après les renseignements transmis par l’état-major… Quant aux responsables de la disparition des habitants des maisons détruites, impossible de les identifier avec certitude, mais ils ne sont sans doute pas bien loin.
Pour le moment, comme le décrira un des officiers français dans son rapport, « l’atmosphère inquiétante d’une maison hantée règne dans les villages abandonnés. La nuit, la lune projette des ombres étranges à travers les trous des murs. Il flotte dans les pièces comme une odeur de mauvais tabac froid, on a l’impression que des visages nous épient derrière chaque fenêtre et le bruit mat des bottes qui rôdent dans les positions adverses nous parvient malgré la distance. » Visiblement, rien n’est réglé dans ce secteur si disputé entre les différentes ethnies yougoslaves…

Opération Veritable – Le siège de Sarajevo
Région de Sarajevo
– Au matin, les SS de la 4. SS-Polizei comme de la 7. SS-Prinz-Eugen attaquent une fois encore vers la route du mont Igman, afin de dégager le sud de la cuvette et de prévenir toute prise de flanc par l’ennemi. Les choses commencent bien – comme l’a exigé Herr Kruger, la ZNDH est même là ! Huit Dornier Do 17 Z arrivent du nord-ouest, cerclent un instant au-dessus de la ville martyre, accusent réception des messages de reconnaissance des hommes en noir et vont finalement bombarder… le secteur de Vlakovo, soit la colline en face de leur objectif !
Evidemment, les Allemands sont furieux, et leurs amis croates risquent très vite d’entendre parler de l’incident. Surtout que dans le même temps, leur assaut cale net – l’élan des SS semble cassé, tandis que les titistes s’accrochent, voire contre-attaquent ! Plus à l’est, le 8e Corps “Dalmate” attaque même du côté du mont Trebević, à partir d’Udež et de Jasik, en plus ou moins bonne coordination avec la 16e Division “de Voïvodine” (Danilo Lekić, Savo Miljanović), qui part de Tilava et manœuvre hardiment en débordement. “Spaniard” a fait la guerre d’Espagne et ça se voit (1) !
Devant ce contre, lancé en terrain difficile, certes, mais bien préparé, le 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard-Heydrich fait front – pour l’instant. Mais ce faisant, il encaisse des pertes afin de conserver une position clé pour la défense d’un secteur qu’il a déjà du mal à tenir seul. Karl Reichsritter von Oberkamp, qui aimerait bien avoir des renforts – fiables, de préférence – propose donc à Friedrich-Wilhelm Krüger d’ordonner à Jürgen Wagner de replier son 8. SS-Panzer-Grenadier Rgt de la vallée de la Bioštica. Walther Schimana et ses hommes ne servent à rien là-haut, face à la 1ère DI grecque ! Il lui suffira de laisser quelques éléments retardateurs vers Ivančići et Vareš – des positions inexpugnables, déjà que les Grecs n’arrivent pas à percer à Olovo ! Ensemble, les deux régiments pourront ainsi tenir tout le flanc nord et est de la cuvette.
Le chef du III. SS-GAK trouve que l’idée est bonne – même si elle permet à une division d’infanterie alliée de se rapprocher de la zone à défendre, alors qu’elle en est encore à 30 kilomètres. Mais il ne dispose que de deux divisions complètes pour tenir Sarajevo, face à quatre grandes formations alliées et quatre corps de l’AVNOJ… Alors, va pour un redéploiement ! Et le siège continue.

Entretien avec un Oustachi
« – Et où êtes-vous allé après être retourné dans les lignes de l’Axe ?
– Je suis revenu vers mon unité, à Travnik, comme je vous l’avais dit. Nous n’allions pas tarder à partir vers l’ouest et Banja Luka, nous décalant ainsi au rythme du front.
– Votre retour n’a posé aucune difficulté ?
– Et pourquoi donc ? Mes Vukas et leurs familles m’avaient attendu, Milorad commandait en mon absence. Qui pour me remplacer, qui pour prétendre les diriger ? De quel droit ? C’est l’intérêt de travailler avec des gens que l’on connaît ! Et la défaite – une défaite qui n’était pas la mienne – n’avait en rien entamé ma légitimité, si c’est ce à quoi vous pensez…
– Pas de mise en ligne aux côtés de la SS non plus ? Cela aurait pourtant été possible, avec votre grade.
Il secoue la tête avec dédain.
– Non. A cette époque, les Allemands et leurs auxiliaires [Il emploie ce terme pour la Handschar.] n’avaient déjà plus aucune confiance en nous, en tant que Croates. Seuls les embrigadés trouvaient encore grâce à leurs yeux. Moi j’étais… entre deux eaux. Et ça m’arrangeait bien, dans le fond, de ne pas alimenter la boucherie de Sarajevo. Le tombeau des forces allemandes de la région ! Ensuite, plus jamais elles n’ont…
– Donc, retour à la lutte anti-terroriste. Elle n’avait pourtant plus la cote à cette époque !
– Auprès des faibles et des imbéciles, peut-être. Car il fallait être faible ou imbécile pour imaginer obtenir quoi que ce soit des Serbes ou des titistes. Demander la clémence, la pitié… Bah ! On a vu où cela a mené Mesić.
– C’était un point de vue partagé par toute votre unité ?
– Par la plupart de mes hommes, sans doute. Vous savez, les communistes eux-mêmes n’ont pas toujours été blancs comme des vierges. Depuis 1941, ils avaient aussi commis de grands crimes. Bien assez pour semer la haine dans de jeunes cœurs, comme ceux que j’avais choisis avec soin.
Il tape sur la table du plat des deux mains et sourit : « Une bonne haine – Dieu sait qu’on fait de grandes choses avec une bonne haine. Je crois que c’est un de vos révolutionnaires qui l’a dit, non ? »
En effet, c’était Jacques-René Hébert. »

(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)

Stratégie allemande
Rafistolage
OKH
– Les rapports du général Glaise von Horstenau, complétés par ceux – plus réguliers, mais pas forcément toujours lus – des services de Lothar Rendulic, parviennent enfin aux oreilles des décisionnaires allemands. En gros et pour simplifier, la valeur des unités croates est désormais tombée si bas qu’il ne saurait plus être question de leur laisser la moindre autonomie. La conclusion coule de source : « L’armée croate doit désormais servir exclusivement les objectifs allemands, et être utilisée pour épargner le sang allemand. Cela ne peut être réalisé qu'en faisant immédiatement passer toutes les unités croates sous commandement allemand et en les utilisant pour remplacer les soldats allemands dans les secteurs secondaires. »
C’est en tout cas ce qu’affirme Rendulic dans son dernier compte-rendu… A ce compte, on peut se demander l’intérêt de s’accrocher à la Bosnie, et notamment à Sarajevo, avec de précieux SS ! Mais cette question, pour l’heure, personne n’ose encore la poser. Surtout avec le flanc sud de la Hongrie à couvrir ! Et comme les forces ennemies perdues en vain dans les Alpes dinariques n’iront pas sur le Danube…

AVNOJ
La lutte… finie ?
Slovénie
– Rajko Tanasković fait mouvement vers Karlovac – et tout son 7e Corps “Slovène” avec lui. Les Partisans slovènes ne sont pas loin de leur objectif – en vérité, en pressant le pas et en bousculant les défenses adverses, ils peuvent même ambitionner d’être dès demain à Metlika et à Mali Erjavec – soit respectivement sur la route de la Karstjäger et aux abords de Karlovac.
Une cinquantaine de kilomètres plus au nord, Lado Ambrožič a fait son choix, lui aussi : son 9e Corps “Slovène” se prépare à franchir la vallée de la Save. Il marchera la nuit prochaine, pour des raisons évidentes de discrétion.
………
Croatie (nord-ouest) – La 33e Division “Croate” (Josip Antolovic et Uroš Krunić) s’empare de Dragotina, effaçant l’ensemble des gains des forces armées de l’Etat croate péniblement accumulés ces dernières semaines. Là, les Partisans mettent aussi la main sur plusieurs dépôts abandonnés – de modestes dépôts, certes, mais ils vont néanmoins améliorer l’équipement des Partisans expérimentés, ou fournir la base de celui des derniers mobilisés voire ralliés.
………
Croatie (ouest), Lika-Senj – La 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (Veljko Kovacevic, Josip Skočilić) arrive à Mreznicki Brig. Elle affronte là un bouchon retardateur formé de territoriaux croates renforcés – si l’on peut dire – par de nouveaux cadres oustachis et des gardes nationaux slovènes assez peu motivés à l’idée de mourir pour le NDH. Dans ce secteur pourtant favorable à la défense, sur les bords de la Mrežnica, l’AVNOJ parvient donc à forcer le passage. Elle menace désormais clairement Karlovac.
Or, la ville est un nœud de communication majeur desservant toute la région entre Zagreb, Ljubljana et Fiume. Qu’elle tombe et toutes les liaisons du flanc droit allemand se trouverait en péril. Mais que l’Axe soit rassuré ! Dans la matinée, la SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Karstjäger a foncé jusqu’à Črnomelj, qu’elle traverse en courant pour aller défendre Karlovac. Sur leur chemin, les hommes du Standartenführer Hans Brandt rapportent que la population paraît saisie d’une intense vague de panique – l’administration civile ne fait rien pour arranger la situation, elle est même parfois la première à prendre la fuite. Par contre, impossible de savoir ce qui a provoqué cet effroi…
Pendant ce temps, une poignée de kilomètres à l’est de Ključ, la 7e Division Banija, de l’AVNOJ (Vojislav Djokic, Kluro Kladarin), parvient en face de la 5e DI Bosanka, du NDH (colonel Roman Domanic). Les Partisans sont loin d’être impressionnés– de fait, la formation croate, jamais redoutable et qui enchaîne les défaites depuis deux mois, n’est sûrement pas l’unité la plus flamboyante de l’armée du Poglavnik… Et comme au sud, vers Knin, rien ne bouge vraiment, l’AVNOJ envisage ici la suite des opérations avec une visible sérénité.


12 mai
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Teatime
Vallées de la Save, de la Drina et du Danube
– Toujours rien à signaler dans ce secteur – sinon la pluie, et (pour le Commonwealth) l’attente d’une offensive qui ne vient toujours pas. La 192. DIA profite de ce répit pour sécuriser, comme les autres unités alliées, non seulement ses positions, mais aussi l’ensemble des points de passage critiques sur ses arrières. C’est certes inhabituel en terrain réputé ami… mais on ne sait jamais.
Parmi les sites concernés, on trouve notamment le pont de Šamac, qui traverse la Save entre Šamac et Kruševica – le seul ouvrage qui le permette sans devoir franchir la rivière Bosnie ou passer par Orašje, une vingtaine de kilomètres plus loin. Et Dieu sait si les Français tiennent à garantir leur liaison avec le QG du général Camille Caldairou, à Brčko !

Opération Veritable – Le siège de Sarajevo
Région de Sarajevo
– La pluie, le manque d’effectifs et de munitions et la dernière défaillance en date de l’aviation croate ont douché les ambitions des SS – ces derniers sont donc désormais revenus à une stricte défensive. L’arrivée du 8. SS-PanzerGrenadier Rgt de Walther Schimana, qui va occuper la face nord de la cuvette, renforce cette posture en permettant au 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich de ne plus en tenir que le centre, à quelques ajustements.
Certes, la 1ère DI de Vasileios Vrachnos n’est pas loin derrière Schimana – mais entre les difficultés du terrain et les bouchons retardateurs, il est douteux qu’elle dépasse Ivančići avant deux ou trois journées. Et après, il y a encore 15 kilomètres de routes de montagne qui l’attendent, jusqu’à Semizovac et la vallée de la Bosnie. Cela laisse donc pas mal de temps aux SS – des jours, des semaines ? – pour préparer la suite.
Et cela permet aussi à August Schmidhuber de prétendre encore s’accrocher au mont Trebević, du moins tant que ce dernier conserve un intérêt tactique. Hélas, le mont Igman est toujours aux mains des Bolcheviques, ce qui aurait dû ne plus être le cas depuis la veille.
Evidemment, tous les responsables locaux de l’Ordre Noir, rendus furieux par la pantalonnade des aviateurs croates, font porter sur ceux-ci toute la responsabilité de leur propre échec. Et ils exigent des têtes – notamment celles des aviateurs en question. Un message approprié vient d’être envoyé à Zagreb, à destination de Pavelic et du général Adalbert Rogulja, puisqu’il paraît que c’est lui qui commande ce rogaton d’arme aérienne.
Mais pour l’heure, Bolcheviques et ploutocrates semblent avoir été calmés par leurs dissensions, la pluie et (aussi) la saignée de la veille. A quelques bombardements d’artillerie près, la journée est donc plutôt calme – même pour les habitants : il est vrai que Vjekoslav Luburić n’est pas revenu de la capitale.

Guerre aérienne
Printemps mouillé
Balkans
– Pas d’action significative aujourd’hui – le temps est trop mauvais, et les opérations terrestres restent de toute façon suspendues.

AVNOJ
La lutte… finie ?
Slovénie
– Le 9e Corps “Slovène” tente de traverser la vallée de la Save un peu à l’ouest de Krško – un secteur découvert où il est très vite repéré et pris en chasse par les unités de la Garde nationale slovène, qui ont toujours un os à ronger avec les hommes de Lado Ambrožič depuis le mois dernier. Les combats gagnent donc vite en intensité et se décalent vers le sud, alors que la 30e Division “Slovène” d’lbert Jakopič mène la charge jusqu’à Smednik, avec ses deux équipières en couverture. Au soir, elles ne sont toujours passées – mais les pointes titistes approchent néanmoins de Malence, donc du salut… si elles traversent la Krka !
………
Croatie (nord-ouest) – Pause à Dragotina pour les malades de Josip Antolovic et Uroš Krunić – lesquels ont fait preuve ces derniers jours d’une énergie plus que respectable, en dépit du typhus, mais aussi il est vrai grâce à l’insigne faiblesse de la réaction oustachie. La 33e Division continue de rallier des combattants et d’emmagasiner du matériel – demain, elle prendra le chemin de Glina, pour poursuivre cette offensive totalement inattendue.
………
Croatie (ouest), Karlovac – La bataille de Karlovac est engagée. Venu du nord, le 7e Corps “Slovène” de Rajko Tanasković entre en ville, bousculant les faibles éléments démotivés de l’ancienne Garde nationale croate, qui sont dispersés sans ménagement. L’AVNOJ s’empare donc de l’une des principales villes du district de Zagreb presque sans coup férir. Une belle performance – du moins en apparence.
En effet, au même moment, dans le secteur de Gornje Stative, l’aile droite de la 13e Division “de Primorje-Gorski Kotar” (Veljko Kovacevic, Josip Skočilić) se heurte déjà à la SS-Freiwilligen Gebirgs-Brigade Karstjäger (Standartenführer Hans Brandt), venue rétablir l’ordre nazi dans le secteur. En dépit du terrain boisé et de la rivière petite Dobra – qui canalisent les efforts des assaillants, et même en l’absence d’appui aérien allemand, les titistes souffrent beaucoup. Ils doivent se retirer vers l’ouest et leurs camarades avant d’être taillés en pièce. Kovacevic lui-même est gravement blessé lors d’une succession d’affrontements confus dans les vallons autour de Skupica. A son entrée dans Karlovac, la 13e Division n’a plus rien d’une force efficace – elle doit se reformer avant de retourner en ligne. Du moins ses camarades sont-ils prévenus de ce qui arrive ! La nuit sera longue…
………
Croatie (ouest), Lika-Senj – Informé des événements en cours à Karlovac – notamment – les forces du Reich en général et la 2. SS-GebirgsArmee en particulier mettent en demeure l’armée du NDH de lancer une offensive dans le secteur de Gračac, afin de soutenir à la fois la Karstjäger qui va tenter de reprendre cette ville et les bons Allemands qui versent leur sang pour défendre Sarajevo. Un régiment de la Handschar a triomphé le mois dernier dans ce secteur – tout un corps d’armée croate peut au moins essayer de faire aussi bien, non ?
Evidemment, Slavko Štancer et le commandement croate n’ont pas les moyens de refuser. Ce n’est pas le face-à-face toujours en cours à l’est de Ključ entre la 5e DI Bosanka et les Partisans de la 7e Division Banija qui satisfera les Allemands ! De fait, Roman Domanic prétend ne pas avoir les moyens d’attaquer seul. Il réclame avant toute tentative le soutien de la 2e Division de Montagne d’Antun Prohaska, qui couvre actuellement Banja Luka.
L’assaut du Ier corps croate d’Ivan Brozovic démarrera donc demain.

Enthousiasme révolutionnaire
Bosnie orientale
– Le maréchal Tito est toujours en URSS, mais cela n’empêche pas le mouvement des Partisans de continuer à étendre son ordre de bataille. Aujourd’hui, il met sur pied la 43e Division “Istrienne” (Milan Šakić Mićun, Marijan Badel), destinée à rejoindre le 11e Corps “Croate” opérant entre Karlovac et Sanski Most, à la frontière de la Bosnie-Herzégovine et de la Croatie. Cette division compte 5 000 combattants, certes pour la plupart simples mobilisés récents et blessés légers tout juste remis, mais au moins (!) correctement équipés, selon les standards locaux.
Il est tout de même étonnant qu’Andrija Hebrang ait réussi à créer aussi rapidement cette nouvelle troupe, alors même que le manque d’effectifs l’a contraint à l’inaction une grande part du mois dernier. Les effets de l’enthousiasme révolutionnaire, à n’en point douter !

Note
1- Basil Davidson, membre de la mission militaire britannique, dira de lui : « Il était courageux, énergique, extrêmement sûr de lui. Son bagage intellectuel l’a sorti du provincialisme étroit qui caractérise nombre des commandants de l’AVNOJ (bien que ce soit plus rare chez ceux qui ont combattu en Espagne). »
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John92



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MessagePosté le: Lun Fév 06, 2023 13:29    Sujet du message: Répondre en citant

...
De très nombreuses maisons ont été détruites , alors qu’elles n’étaient pas toutes dans des zones de combat, et les bâtisses survivantes sont toutes marquées d’une croix blanche. Le même scénario, semble-t-il, qu’en Voïvodine, d’après les renseignements transmis par l’état-major… Quant aux responsables de la disparition des habitants des maisons détruites , impossible de les identifier avec certitude, mais ils ne sont sans doute pas bien loin.
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Là, les Partisans mettent aussi la main sur plusieurs dépôts abandonnés – de modestes dépôts, certes, mais ils vont néanmoins améliorer l’équipement des Partisans expérimentés, ou fournir la base de celui des derniers mobilisés voire ralliés.
...
L’arrivée du 8. SS-PanzerGrenadier Rgt de Walther Schimana, qui va occuper la face nord de la cuvette, renforce cette posture en permettant au 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich de ne plus en tenir que le centre, (manque un verbe je pense ) à quelques ajustements.
...
Les combats gagnent donc vite en intensité et se décalent vers le sud, alors que la 30e Division “Slovène” d’lbert Jakopič mène la charge jusqu’à Smednik, avec ses deux équipières en couverture. Au soir, elles ne sont toujours pas(à ajouter? )passées – mais les pointes titistes approchent néanmoins de Malence, donc du salut… si elles traversent la Krka !
...
En dépit du terrain boisé et de la rivière petite (petite rivière? ) Dobra – qui canalisent les efforts des assaillants, et même en l’absence d’appui aérien allemand, les titistes souffrent beaucoup. Ils doivent se retirer vers l’ouest et leurs camarades avant d’être taillés en pièce. Kovacevic lui-même est gravement blessé lors d’une succession d’affrontements confus dans les vallons autour de Skupica. A son entrée dans Karlovac, la 13e Division n’a plus rien d’une force efficace – elle doit se reformer avant de retourner en ligne. Du moins ses camarades sont-ils prévenus de ce qui arrive !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Fév 06, 2023 14:39    Sujet du message: Répondre en citant

C'est la rivière Petite Dobra (la capitale manquait à "Petite").
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Fév 07, 2023 16:18    Sujet du message: Répondre en citant

11 mai
Yougoslavie déchirée
Echec et mat ?
Palais blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade)
– Le général Bernard Law Montgomery a été informé par des bruits de couloir des projets de Pierre II à son sujet. Aussi, avant de prendre ce matin son avion vers Londres, il a choisi d’y répondre par anticipation. Une réponse dont la brièveté comme l’acidité se passent de commentaires : « J’ai été informé de votre souhait de m’attribuer l’ordre de Saint-Sava, et je vous en remercie. Toutefois, je ne saurais l’accepter, attendu qu’en recevant cette décoration, je donnerais l’image d’une bonne relation entre ma personne et vos services. Mes relations avec vos services ne sont pas bonnes. C’est précisément l’inverse. »
Monty fait du Monty… mais cette fois, avec la bénédiction pleine et entière du Foreign Office, qui n’a visiblement plus peur de ne pas prendre de gants.
Décidément, la position de Pierre II s’affaiblit de jour en jour, sinon carrément d’heure en heure. Et le souverain, qui n’a toujours rien reçu de Marseille – ou de qui que ce soit d’autre d’ailleurs – mais qui a bien noté le récent changement de position soviétique (contre lequel il est totalement désarmé !), prend conscience avec beaucoup de retard de son isolement total sur la scène internationale. Si l’on excepte bien sûr les Américains, mais ceux-ci restent pour l’instant silencieux.
Au temps pour la tentative de séduction de Montgomery avec une décoration – comme pour le respect des convenances. Ce soir, ça sent un peu le brûlé au domaine royal de Dedinje…

Un jeu trop dangereux
Belgrade
– La retraite du général Borivoje Mirković est attaquée ! Enfin, pour être plus précis, elle est l’objet d’une visite de la gendarmerie royale, venue imposer de force le dessaisissement des mutins de leurs fonctions, et arrêter le colonel Žarko Popović (dont on a bien compris le rôle central dans les événements en cours).
L’affaire se passe mal, car les gendarmes ont été choisis parmi les plus fidèles, voire les plus fanatiques soutiens du régime. Hélas, en face d’eux, les factionnaires yougoslaves de garde sont de mauvaise humeur, tandis que les MP britanniques présents sur place ont reçu des ordres sans équivoque. Une violente bagarre éclate. Et après bon nombre d’horions, quelques arcades fendues, voire même deux ou trois bras cassés, les gendarmes, inférieurs en nombre, doivent se retirer en menaçant leurs adversaires de leurs armes – menace à laquelle on répond de la même façon, mais personne n’ouvre le feu. C’est déjà ça ! De fait, si tout le monde avait sans doute reçu l’ordre de ne pas faire couler le sang, ce n’est sans doute pas passé très loin… Mirković, paradoxalement, en sera très affecté – il n’aime pas l’idée d’être la cause d’autant de souffrance entre Serbes, et il sent bien que l’incident va lui causer du tort.
Quoiqu’il en soit, hasard ou malheur du calendrier, c’est justement aujourd’hui que la Floydforce de R.W.B. Simonds arrive de Belgrade en camion. Dès ce soir, ses commandos assureront une veille vigilante autour des locaux abritant les mutins, et, plus généralement, certaines tâches de sécurité dans les environs. En totale illégalité, et en doublon des autorités compétentes yougoslaves, faut-il le préciser !

Frustration anglaise
10 Downing Street (Londres)
– Winston Churchill est des plus contrariés. D’abord, parce qu’il sent bien que toute cette histoire yougoslave ne va nulle part, en dépit d’un rapport de forces largement en sa faveur. Pire, la situation à Belgrade semble pourrir, alors que cette fichue tête de mule de Karađođević ne veut toujours pas céder.
Le plus grave, rétrospectivement et du point de vue du Bulldog, reste tout de même la fuite de Tito à Moscou, qu’il n’a pas été possible d’empêcher – pardon, de prévenir. A quelques heures près, les troupes alliées auraient été sur place et il aurait été possible d’assurer la “protection” du maréchal afin de le garder sous la main, avant de le persuader de la bonne foi britannique, qui n’a pas varié depuis son entrevue avec Churchill à Limnos, le 14 février dernier. Quand on pense que l’avion qui l’a emmené vers la Roumanie a été dûment annoncé aux contrôles aériens concernés comme un vol d’entraînement… ce qui explique d’ailleurs qu’on ne l’ait pas interdit, car de tels vols sont réguliers, prévus, et disposent même de couloirs aériens pré-réservés ! Il fallait bien se montrer constructif, pour le bien du mouvement des Partisans… Et le si précieux Tito s’est ainsi évaporé sans avoir pris congé ni prévenu personne.
C’est dramatique, songe Churchill. Au train où vont les choses, c’est Staline qui va récupérer le gâteau yougoslave – sans qu’on puisse rien lui reprocher, en plus… Alors, Churchill prend sur lui d’écrire à Josip Broz : une lettre envoyée directement à l’ambassade du Royaume-Uni à Moscou, qui transmettra. Une missive dans laquelle le PM peine à cacher sa frustration.
« Vous semblez nous traiter d’une manière de plus en plus odieuse. Il se peut que vos ambitions d’occuper les territoires italiens du nord de l’Adriatique vous conduisent à considérer avec suspicion et à rejeter les opérations militaires que nous vous proposons de mener sur vos côtes contre les Allemands. Je vous ai déjà assuré que toutes les questions territoriales seront réservées à la Conférence de paix. Et elles seront jugées indépendamment de l’occupation en temps de guerre. De telles questions ne devraient certainement pas entraver les opérations militaires actuelles. »
Bien sûr, chacun aura compris que quand Churchill parle de Trieste, il parle en réalité de tout sauf de l’Italie… Mais peu importe. L’important c’est que le fond du message passe : le Royaume-Uni est toujours l’allié de l’AVNOJ. Avant qu’il soit trop tard pour sauver le partage qu’il a conclu avec Staline il y a trois mois à peine.

Mesures d’urgence françaises
Croatie, Bosnie et Slovénie occupées
– En dépit des précipitations qui arrosent ce jour et cette nuit une bonne partie du centre de la Yougoslavie, le DESTROMO continue ses petites livraisons, en contournant le mauvais temps par l’Adriatique – ce n’est pas comme si on craignait la Luftwaffe. Ce manège commence à être connu et même si pour l’heure, l’AVNOJ reste sur la réserve, la 2e Armée française a bon espoir de ramener petit à petit les titistes à de meilleurs sentiments par… disons, la diplomatie. Car enfin, il ne saurait être question ici de reconnaissance du ventre – la République ne cherche évidemment pas à acheter les Partisans !
………
Tirana – La nouvelle de la défection de Boris Furlan – évidemment approuvée par Marseille, on n’allait pas le renvoyer vers Belgrade ! – fait vite le tour de la Yougoslavie libérée. Elle porte ainsi un nouveau coup très rude à l’administration royale dans les territoires dont la 2e Armée française assume la charge. De fait, le ralliement de Furlan aux Français crédibilise leur “Délégation générale à l’Administration des Territoires yougoslaves libérés” autant qu’elle démontre l’effondrement de l’autorité royale dans ces régions. Et comme il se trouve parmi ses subordonnés de très nombreux fonctionnaires qui, tout compte fait, préfèrent obéir à Ivan Šubašić plutôt qu’à l’AVNOJ, la consolidation du pouvoir de Šubašić en Macédoine et au Monténégro (notamment !) en est d’autant plus facilitée.
Il ne faudrait toutefois pas que Šubašić ait l’air de se tailler un fief… Pour éviter de prêter le flanc à pareille critique, il va donc instituer une nouvelle règle officieuse dans les instances décisionnelles : un tiers de “légalistes” (royalistes), un tiers de “Résistants” (Partisans) et un tiers de son parti. Quoique pour l’heure théorique, par manque d’effectifs disponibles, la règle dite des trois tiers sera respectée autant que faire se pourra – elle est sans doute vouée à prospérer.
En attendant, Belgrade peut bien tempêter et déchoir (une fois encore) le traître Furlan de toute responsabilité ! La Délégation générale lui trouvera bien un poste. Comme à tous ceux de son ministère qui, lassés de l’incompétence colérique des royalistes, voudront bien le suivre.

Tito au pays des Soviets
Une route de la banlieue ouest de Moscou, 03h00
– La GAZ 11-73 noire roule avec sérénité sur les routes désertes, depuis Kuntsevo vers le centre-ville. A l’arrière, le maréchal Jozip Broz Tito n’en est même pas encore à redescendre de son petit nuage. On a rattrapé son anniversaire, c’est le moins que l’on puisse dire ! Le Petit Père des Peuples sait recevoir, le Yougoslave n’ira pas dire le contraire !
On a fait bombance en célébrant les immenses réalisations de la Patrie des Travailleurs. On a porté des toasts à l’offensive soviétique d’évidence déjà victorieuse, malgré les rudes combats toujours en cours dans les Carpates. Là-dessus, Staline a été particulièrement explicite : « Bientôt, nous serons à Budapest et vos ennuis seront terminés, maréchal. La puissante, l’immense Armée des Travailleurs et des Paysans pourra vous appuyer directement sur votre frontière nord ! »
– Certes, mais il y a une certaine urgence…
a alors risqué Tito, le regard un peu dans le vague et un verre encore plein dans la main. L’index droit dressé, la pipe au bec et un verre de vodka dans la main gauche, le Vojd ne l’a pas contredit. Enfin, pas complètement…
– C’est vrai ! Mais en attendant, notre état-major général a déjà prévu quelque chose. Vous allez voir… Bientôt, vous pourrez renvoyer chez eux tous ces capitalistes avec leurs alliés réactionnaires, et pour de bon ! C’est vous le maître de la Yougoslavie, c’est vous le patron dans les Balkans, Camarade Tito ! Vous et personne d’autre !
Venant de Staline, pareil adoubement ne peut que faire plaisir. Surtout qu’immédiatement après, le Maréchal de l’Armée Rouge a tenu à offrir à son collègue visiteur un magnifique uniforme blanc, inspiré de celui qu’il porte tous les jours pour les cérémonies, et notamment face aux caméras des actualités cinématographiques. Quel meilleur symbole de l’amitié et de l’estime que se vouent les deux dignitaires. Oui… envolées, les petites contrariétés du passé : les rebuffades, les purges, la peur en 1938, les missions de conseil, les difficultés du camarade Terzić. L’AVNOJ est une grande puissance socialiste, reconnue de tous et avec lui à sa tête ! Oh… Justement, la tête lui tourne un peu et Tito demande à son chauffeur de s’arrêter. Il fait frais et humide, l’air de la nuit printanière fera du bien au nauséeux maréchal.
Quelques instants plus tard, les deux mains sur les genoux, le chef penché sur le fossé, le dit maréchal s’efforce de limiter les dégâts sur sa veste toute neuve. « Nom d’un chien, quel buveur tout de même ce Staline, même moi je n’arrive pas à le suivre ! » C’est ce que songe le Yougoslave en contemplant l’eau sale qui coule devant lui et emporte les restes d’un pourtant si bon repas. Oui, c’est sûr, l’air frais lui fait du bien… C’est à peine s’il entend un véhicule qui s’arrête, juste derrière le sien. Bah, l’escorte sans doute ! Mais Tito se rend vite compte que ce n’est pas un simple véhicule de police. Le silence se fait, les oiseaux se taisent, les eaux elles-mêmes se figent tandis qu’une brume hivernale paraît tomber sur le printemps…
« Bonsoir, Camarade Walter ! » Lavrenti Beria ! Beria, qui s’approche avec l’air bonhomme de celui qui retrouve par hasard un vieil ami. Apparemment indifférent à l’état de ce dernier, le chef du NKVD se met à lui faire la conversation, sur un ton badin, en russe saupoudré de mots étrangers – serbo-croates, mais pas seulement… Tito va vite s’adapter et s’exprimer de la même façon.
– J’étais passé voir si tu allais bien. C’est que tu es un visiteur important maintenant, un chef d’État étranger ! Oh là, tu m’excuseras si je profite de cet arrêt, tu sais ce que c’est, à mon âge, il faut souvent… Ah…
Pas plus gêné que ça, Beria fait trois pas de côté et commence à uriner dans le canal.
Tito est un peu revenu de sa surprise : « Qu’est-ce que tu fais dehors à une heure pareille, Lavrenti ? »
– Oh, ce n’est pas très avouable… Je me balade, à la recherche de l’une ou l’autre coquine. La nuit est si belle ! Et tu sais comment sont les femmes russes, n’est-ce pas, Walter ! Ahhhhhh…

Le silence s’impose un instant, sous les étoiles de cette nuit qui semble de plus en plus froide. Puis Beria reprend : « A propos de femmes… Tu te souviens de Pelagia ? Et de Lucia, ton Allemande ? »
Ces souvenirs provoquent un nouvel haut-le-cœur chez Tito, qui murmure un « Oui… » étranglé.
– Ah quelle tragédie, quelle misère ! Cette pauvre Polka est morte en Asie centrale, sans que je puisse y faire quelque chose (1). Quant à Elza (2), imagine-toi que même moi, je ne sais pas ce qu’elle est devenue ! Enfin, c’était du temps de la Guépéou… Et pourtant, je sais bien des choses. Par exemple, que Žarko va bien, si tu veux savoir (3). Il a perdu une main contre les fascistes, mais sa blessure s’est cicatrisée, et il a été décoré. Tu dois être fier !
Beria a fini son affaire. Il se tourne alors vers Tito qui le fixe avec l’air mi-courroucé, mi-intrigué de celui qui sait bien qu’on va lui dire des choses désagréables.
– Walter, Walter, mon cher Walter ! Mon conseil d’il y a deux ans reste valable. Fais attention à tous tes gens. Ne crois personne de ton entourage, ni Ranković, ni Djilas, ni Kardelj : tous agissent contre toi. Ouvre grand les yeux et prends garde à ce qu’ils font…
Tito se redresse un peu. La nausée est passée, mais son malaise grandit.
– Je suis fidèle en amitié, Camarade, poursuit Beria. J’ai même aidé de très vieux amis, durant les années Vingt.
Puis il s’approche tout près et lui tape sur l’épaule avec un immense sourire, les yeux fixés droits dans ceux du Yougoslave : « N’oublie pas Walter, je connais la vérité des choses en Union Soviétique. Et tu sais bien que personne n’est de meilleur conseil que moi… »
Puis il repart en direction de sa voiture qui l’attend entourée d’hommes en bleu, non sans ajouter en passant, l’air bonhomme : « Bon, sur ce, il est tard, hein ! Je te laisse, ton chauffeur connait le chemin. Au plaisir de te revoir un jour, camarade Walter. » Sa voiture démarre, vite suivie d’une autre. Puis la nuit avale le bruit des moteurs, laissant Tito seul à l’arrière de sa GAZ, en territoire ami mais étranger, sa veste de maréchal souillée sur sa chemise mal rajustée, son esprit encore embrumé plongé dans une intense réflexion (voir appendice 3)
………
Grande lessive en Croatie
Territoire du NDH
– Situation calme à la tête de l’état croate, sinon dans le pays. Après plusieurs jours de rafles dignes des plus grandes heures de 1941, Ante Pavelic est tout simplement arrivé au bout de sa liste de conspirateurs et de traîtres. Reste seulement le cas des Slovènes – mais pour eux, chacun fera comme s’il n’avait rien vu – et celui de Slavko Kvaternik.
Cependant, ce dernier ne sera pas longtemps un problème. Il prononcera quelques déclarations aussi bien senties qu’opportunistes sur « l’unité des âmes, l’harmonie spontanée, l’orientation du pays, la volonté politique et une abnégation biblique » – toutes évidemment nécessaires aux Croates, faute de quoi « nous perdrons notre pays, notre peuple, notre maison et nous deviendrons des esclaves des Bolcheviques dans les Balkans ». Puis il prendra grand soin de rester à l’abri en Autriche, à attendre la suite des événements (voir appendice 4).

Grèce agitée
Mauvais bouillon
Port du Pirée
– Dans la foulée de la relance urgente et massive des opérations de ravitaillement prévue pour la Yougoslavie, l’amirauté grecque fait le tour des unités mobilisables. Pas beaucoup hélas – l’immobilisation de trois corvettes et trois destroyers, toujours “indisponibles” en baie du Pirée, handicape lourdement la glorieuse mais petite flotte hellène. Cependant, le contre-amiral Petros Voulgaris a une idée…


12 mai
Yougoslavie déchirée
Echec et mat ?
Palais blanc (domaine royal de Dedinje, Belgrade)
– Le roi Pierre II convoque le journal Politika pour un entretien aussi imprévu dans sa forme (personne n’a été prévenu, pas même son gouvernement !) qu’étonnant dans son fond. Au cours de ce long échange, le souverain se montre particulièrement ouvert, ayant semble-t-il évolué dans la conception qu’il a de certains enjeux essentiels pour son royaume.
« L’important est de garantir entre tous nos sujets, qui ont tous également souffert des terribles événements de ces dernières années, une fraternité à laquelle nous ne pourrons parvenir que par l’égalité entre les peuples du Royaume. Seuls en seront exclus les traîtres, qui seront sanctionnés à la hauteur de leurs fautes, et les égarés, qui devront faire la preuve de leur repentance.
L’identité yougoslave doit transcender les identités serbe, croate, macédonienne, slovène, monténégrine, bosniaque… La Yougoslavie est une famille. Elle doit avoir un chef, bien sûr – et il est naturel qu’il s’agisse de son Roi, et de son gouvernement. Mais un bon père de famille se doit de veiller sur chacun de ses enfants, et de permettre le développement de tous. C’est une erreur d’avoir laissé croire le contraire ces dernières années. »

Le discours reste donc hégémonique, mais se fait tout de même bien plus subtil. Certes, il n’est peut-être pas tout à fait sincère – mais c’est déjà un grand progrès par rapport à feu Alexandre ou même à Pierre lui-même, depuis son retour à Belgrade l’année dernière. Certains sourcils ne manqueront pas de se froncer en lisant ces lignes.
Et ce n’est pas tout : dans la soirée, le Palais crée à nouveau la surprise en annonçant par un communiqué banal le limogeage du lieutenant-colonel Miodrag Lozić, officiellement pour raison de santé – et surtout, sans que l’intéressé en ait été avisé.

Sanctions aériennes
Un aérodrome près de Niš
– Sans tambour ni trompette, la Balkans Air Force et la 1ère Armée aérienne annoncent la dissolution de la 83e Escadre de Bombardement Vardar (Yougoslave). Son personnel (déjà aux arrêts depuis le 7) est immédiatement dispersé vers des affectations subalternes, qui les tiendront le plus souvent très éloignés des avions de combat. Les Mitchell, quant à eux, sont pour la plupart récupérés par la 31e EB polonaise, qui partira avec eux pour la France dans quelques jours.
Jusqu’à la fin de la guerre, les équipages de la 81e EB Kosovo (Y) voleront sur Baltimore et sur B-25C (de seconde main). Rétrospectivement, il semble bien que le commandement allié ait souhaité ici faire un exemple pour tuer dans l’œuf toute velléité d’indiscipline, en privant les aviateurs yougoslaves de matériels modernes. Tant pis pour eux ! Beaucoup sont pourtant d’authentiques héros, dont certains ont bombardé le Reich le jour même de l’invasion ou dont les Dornier 22 ont fait la navette avec la Grèce jusqu’au dernier moment, sauvant ainsi des centaines d’hommes de la captivité, voire de la mort.
Quant à la 83e EB, l’escadre maudite “au cimeterre brandi”, son insigne illustre aujourd’hui encore bien des ouvrages publiés en Serbie par des historiens plus ou moins impartiaux… et les décors de ses avions sont fort prisés des maquettistes amateurs de sujets originaux.

Un jeu (plus ?) trop dangereux
Belgrade
– Après l’échauffourée de la veille – à laquelle certains assurent d’ores et déjà une large publicité – le général Borivoje Mirković tente de calmer le jeu. Tenant à faire taire par anticipation certaines rumeurs et faisant aussi montre d’un bel esprit de sacrifice, il publie un second communiqué en son nom propre, dans lequel il annonce son intention de ne prendre aucune fonction politique et de retourner auprès de son arme sitôt la crise passée. Il ajoute : « Je ne suis pas un agent des services de renseignements britanniques, et aucun de ceux qui se trouvent avec moi ne l’est. Cela doit être souligné, car en cette heure tragique pour notre Nation, pareille assertion est simplement risible. » Il est clair que les FARY n’ont pas beaucoup le cœur à rire ces temps-ci, mais pour la fronde opposée au gouvernement de Dedinje, par contre, les choses s’améliorent.
De fait, pendant ce temps, Bogoljub Ilić est au téléphone – lui a réussi (comme c’est étonnant !) à joindre Illija Brasic. Ce dernier est de très mauvaise humeur, toujours coincé qu’il est à Pančevo par « certaines contraintes logistiques et matérielles » complétement insolubles, même s’il n’a pas forcé non plus… L’ancien commandant de la 2e Armée peut néanmoins mettre à profit son prestige auprès de l’actuel chef du 1er Corps pour le convaincre de la profonde sincérité de la démarche de son groupe, et du fait que seul l’intérêt supérieur de la Nation guide son action. Brasic est ombrageux, mais il a bien compris qu’il ne peut plus rien faire – rien d’utile s’entend. Il a aussi compris que si, malgré tout, il tentait quelque chose, il risquerait d’aggraver considérablement la situation. Le général gronde donc, mais choisit finalement de laisser passer. Par contre, il refuse de se déclarer en faveur du groupe de Mirković
En somme, de plus ou moins de bonne grâce mais sans duplicité, le 1er CA yougoslave confirme son attentisme. Cela suffit.

Monty exaspéré
Aérodrome d'Heathrow (Londres)
– Le général Montgomery a bien atteint la Grande-Bretagne – après un nouveau périple interminable quoique plus court que les précédents (il a pu passer par Toulouse, le grand tour par Gibraltar lui a été évité) et dans un équipage qui n’a hélas rien fait pour arranger son humeur. C’est que, depuis qu’il n’a plus son B-17 personnel, Monty vole en C-47 – aménagé, il est vrai, mais tout de même beaucoup moins confortable !
Plus grave encore, il a obtenu, par certains contacts bien introduit à Londres, copie des rapports américains. Ils ne sont pas bons – ils sont même mauvais, très mauvais. Par la faute de la bêtise de Pierre II, l’intérêt de toute la campagne du Danube est désormais mis en doute ! Et, sur cette base, évidemment, les services d’Eisenhower ne se privent pas de critiquer le principe même de sa stratégie, ce qui est tout à la fois injustifié dans le fond et inadmissible dans la forme.
En résumé, quand il débarque enfin sur la terre anglaise, en début d’après-midi, Montgomery veut voir Ike – et tout de suite ! Hélas, il y a un mois, cela aurait peut-être été possible – mais avec Overlord en cours, le SACEUR est retenu par une foule d’obligations urgentes (et plus importantes que de voir le chef du 18th AAG, semble-t-il !) qui contraignent à repousser la rencontre à demain, juste avant que le Grand Chef parte en tournée d’inspection.
C’est le mieux que l’on puisse faire, du moins si l’on en croit Miss-Captain Kathleen Helen Summersby, chauffeur et secrétaire personnelle d’Ike, qui l’accompagne depuis son arrivée au Royaume-Uni en mai 1942. Mais enfin, qu’est-ce que cette femme prétend faire ? Régenter le dialogue entre deux grands chefs ? Qu’elle reste à sa place ! De plus, c’est une Britannique – ne devrait-elle pas servir d’abord son pays et son Roi ?
C’est donc de très, très mauvaise humeur que Monty s’installe finalement dans sa suite au Carlton de Pall Mall, en n’oubliant pas de faire prévenir Churchill. Il aura tout loisir d’y remâcher de sombres et colériques pensées toute la nuit durant…

Mesures d’urgence françaises
Croatie, Bosnie et Slovénie occupées
– Les forces françaises continuent de tenter de ravitailler Partisans et population des zones qu’elles occupent – à hauteur de leurs moyens comme de la météo, tous deux très perfectibles aujourd’hui. Au-delà de ces contrariétés évidemment passagères, les responsables de la logistique se veulent néanmoins optimistes : en faisant jouer leurs relations avec toutes les organisations sur place – dont la Croix-Rouge, certes rigoureusement neutre mais bien consciente des réalités – leur bonne volonté finira par apparaître… Et les opérations en cours entre Slovénie et Croatie devraient d’ailleurs l’y aider.
………
Tirana – La Délégation générale à l’Administration des Territoires yougoslaves libérés accueille un nouveau rallié : Jovan Banjanin, ministre des PTT du gouvernement royal et collègue de Furlan, qui a lui aussi senti le vent tourner et estime sans aucun doute que désormais, les meilleures chances pour sa personne de peser un peu sur l’avenir de son pays (la Croatie dans la Yougoslavie) sont représentées par Ivan Šubašić. A ce propos, Banjanin n’oublie pas que ce dernier fut en première ligne des négociations ayant abouti à la création du Banat de Croatie, en 1939 !
Moins encore que celui de Boris Furlan, cet engagement sincère de la onzième heure ne trompe évidemment personne. Et certainement pas les nouveaux collègues de Banjanin – par exemple Sava Kosanović ou Isidor Cankar, deux autres Croates qui, eux, ont payés leurs convictions d’un exil prolongé. Mais tout le monde fait des efforts et met de l’eau dans sa Rakija afin de faire avancer le bateau. C’est encourageant.

Deux fois traître
Un camp de prisonniers dans la région de Podgorica
– Les services français et grecs de la 2e Armée française sont bien embêtés : avec la capture (défection ? reddition ? retournement ?) du général Marko Mesić, ils ont désormais sur les bras un authentique criminel de guerre dont ils ne savent pas très bien quoi faire au juste.
Le pire dans cette histoire, c’est que l’homme ne demande pas mieux que de collaborer ! Visiblement intelligent, il paraît ravi de faire tout ce qu’il convient pour rendre au plus vite le maximum de services aux Alliés, et ainsi de se placer dans le bon camp en prévision de la fin de la guerre. Il a même proposé d’animer des émissions de radio destinées à encourager les défections ! Mais pas en donnant son nom, tout de même, il a de la famille de l’autre côté… Cela sans parler des très précieux renseignements qu’il a fournis sans rechigner sur les déploiements, ordres de bataille et plans allemands comme oustachis.
Alors qu’en faire au juste ? Il serait stupide de le traiter comme un vulgaire territorial capturé dans un bosquet – Mesić a de la valeur, il le sait et souhaite visiblement la monnayer. Faut-il lui donner les moyens qu’il demande pour agir, au risque de prêter le flanc aux accusations de complicité avec les fascistes ? A l’inverse, doit-on le juger pour les actions de son unité ? Et si oui, selon quelle autorité légale et sur quelle base juridique – d’autant plus qu’il semble désormais que la Yougoslavie n’a pas moins de trois gouvernements différents ?
Alors, transférer le dossier à autrui ? Informé on ne sait comment de la “capture” du général, les Partisans ont déjà réclamé qu’on le leur remette – sans dire ce qu’ils comptaient en faire, mais nul besoin d’être devin pour imaginer que cela ne serait rien de bon pour lui. Or, même si les Grecs n’ont aucune sympathie pour cet Oustachi, ils savent l’impact désastreux qu’aurait pareille décision sur les opérations futures, avec des Croates luttant jusqu’à la mort pour ne pas être systématiquement livrés aux Bolcheviques.
L’armée du NDH est moribonde, en train d’agoniser faute de moral et de motivation. Inutile, donc, d’aller lui redonner des raisons de se battre, ce sont les combattants alliés qui en paieraient le prix. Alors, le commandement de “l’armée Fabvier” cherche une solution, tout en jonglant avec sa patate chaude.

Un Américain à l’abri
Zagreb
– Le colonel MacDowell quitte Zagreb en toute discrétion vers la côte adriatique, aux environs de Trieste. En raison des opérations en cours en Slovénie et Croatie, il attendra là deux bonnes semaines avant d’être enfin récupéré par des agents de l’OSS en Italie.
La mission MacDowell restera parmi les plus controversées de l’OSS – qui n’en a pourtant pas manqué. Ainsi, dans une lettre rédigée en captivité, Ante Vokić écrira à un camarade que « MacDowell était un de nos grands amis (…) et il avait eu l’occasion de voir nos grandes forces militaires, ainsi que le lien fort unissant le Peuple et l’Armée. En Bosnie, il s’est réjoui de notre travail de rapprochement avec les musulmans et les catholiques. Il a participé aux assemblées où toutes les confessions étaient représentées, et je crois que son journal, en plus des papiers de ses adjoints, sera une autre confirmation de l’état réel du pays susceptible d’agir en notre faveur. MacDowell a visité des hôpitaux militaires avec moi et s’est entretenu avec des Oustachis qui avaient pour la plupart été blessés par des Partisans. Il m’a alors dit qu’il y aurait un scandale majeur si le peuple américain apprenait que des soldats “nationalistes” étaient tués par des armes américaines livrées par des avions américains (5). »
De fait, l’anticommunisme reste fort chez l’agent américain. Il orientera même son rapport final, remis fin mai et qui formulera les recommandations suivantes :
1. Les Alliés devraient ordonner à toutes les forces en Yougoslavie de cesser les combats et la violence les unes contre les autres, sous peine de perdre l’aide alliée.
2. Des équipes alliées devraient être envoyées dans toutes les grandes villes de Yougoslavie pour établir des organes administratifs de base, en coopération avec le groupe contrôlant déjà la ville [ce qui revenait à pérenniser le NDH en Croatie].
3. Un nouveau gouvernement devrait être établi en Yougoslavie, composé d’un tiers de royalistes, d’un tiers de Partisans et d’un tiers de personnes yougoslaves désignées par les Alliés. Ce gouvernement devrait préparer des élections libres et les organiser sous la supervision de ses alliés.
4. Ce gouvernement devrait accepter la reddition des forces oustachies et partisanes et former à partir d’elles une seule armée yougoslave pour combattre les Allemands sous commandement royal – donc allié.

Evidemment, ces recommandations – outre le fait qu’elles dépassent très largement les attributions d’un simple colonel de l’OSS, fut-il talentueux – s’opposent nettement aux plans politiques de Churchill, tout en étant très favorables aux Oustachis comme aux Tchetniks. Elles ne seront guère écoutées, pas davantage que l’avertissement de MacDowell faisant état d’un risque de guerre civile en cas d’entrée de l’AVNOJ au gouvernement – avertissement déjà périmé, d’ailleurs, quand il arrivera sur le bureau de ses chefs.
Robert Harbold MacDowell quitte donc pour de bon la Yougoslavie, où l’on n’entendra plus parler de lui (6). Les Oustachis et les Tchetniks ne peuvent plus compter que sur eux-mêmes.

Fin de partie en Croatie
Zagreb et territoire du NDH
– Retour à une forme de calme dans l’Etat indépendant de Croatie. Les services juridiques du pays préparent sereinement le procès des traîtres enfermés à Lepoglav, l’armée tente de rétablir l’ordre sur le territoire et le reste de l’appareil d’état oscille entre répression féroce et attentisme prudent. Rien d’important en somme.

Grèce agitée
Mauvais bouillon
Port du Pirée
– Après deux jours de silence, les mutins de la flotte reçoivent un gros paquet de journaux avec leur ravitaillement. Il y est question de la libération de la France, des événements récents dans le royaume hellène (évidemment – avec une belle double page mettant en valeur le redressement humanitaire et économique grec), de la lutte toujours en cours en Yougoslavie et surtout des terribles sévices subis là-bas par les civils.
Puis, à la suite d’une sombre et interminable liste, une phrase retient l’attention : « Force est malheureusement de constater qu’à ce jour, les forces navales grecques ne sont pas en mesure d’appuyer comme il conviendrait les opérations terrestres en cours, qu’il s’agisse d’une offensive ou même d’une action de protection des populations. Ce manquement tragique, fruit des erreurs de ces dernières années comme d’une propension à l’indiscipline inusitée sous nos drapeaux, met en danger la vie de nos soldats et fait du tort à la Nation. »
Celui qui tient la plume n’y est pas allé de main morte. I Kathimeriní a beau être un journal de référence, il pourrait facilement être accusé d’une manœuvre grossière – de fait, certains ne s’y tromperont pas. Cependant, ce n’est pas parce qu’un propos manque de finesse qu’il ne contient pas une part de vérité. Ponts et quartiers des navires sont une fois encore ravagés par les disputes et la nuit tombe sur une mutinerie plus divisée que jamais.

Hongrie écrasée
Shoah
Budapest
– Herr Eichmann a beau avoir déserté la capitale hongroise, cela n’empêche pas les Croix-Fléchées de continuer leurs efforts pour lui complaire. Lassé d’avoir à gérer les Schutzpass des diplomates neutres – qu’il n’avait admis que dans un futile effort pour tenter d’obtenir la reconnaissance des pays neutres – le gouvernement du Nemzetvezető décide d’ordonner la concentration de tous les Juifs de la capitale (donc la majorité de ceux du pays) dans le quartier hébraïque historique, situé en centre-ville.
Ceux qui disposent des laissez-passer adéquats et qui n’ont pas déjà fui sont autorisés à rejoindre le quartier des légations, dans le district d’Újlipótváros, pour profiter de l’extraterritorialité des ambassades suisse et suédoise. Ce refuge, qui ne sera hélas pas un îlot de paix, sera vite appelé « le ghetto international ». Cependant, pour une fois, personne ne souhaitera en sortir !


Notes
1- C’est faux ! Pelagia (“Polka”) Denisovna Belousova, première femme de Tito (épousée à 14 ans !), est toujours vivante, en dépit de sa condamnation pour trotskysme. Ayant refusé après la guerre de retourner en Yougoslavie pour espionner son ex-mari, elle ne sera relâchée qu’en 1956 et finira sa vie comme une modeste institutrice à Istra, dans la banlieue de Moscou. Elle est décédée en avril 1968.
2- Elza Johanna König, dite Lucia Bauer, deuxième femme de Tito, épousée en URSS le 13 mai 1936 et arrêtée dès fin septembre 1937, alors que Tito était à l’étranger. Effectivement, on ne peut que présumer qu’elle a été fusillée comme espionne.
3- Premier fils de Tito et de Pelagia, né en février 1924 et seul des quatre enfants du couple à avoir vécu. Son père ne s’en occupa que par intermittences. Enfant turbulent et même instable, il est passé d’internats en tuteurs, Dimitrov et l’état soviétique subvenant (chichement) à ses besoins !
4- Deux Blenheim du 8e Régiment de Bombardement pilotés par les capitaines Pandžin et Salevic ont attaqué Graz dès le 4 mai, avec deux Hurricane pour toute escorte.
5- La remarque remontera semble-t-il jusqu’à Londres, et Anthony Eden émettra une courte note précisant : « Il n’y aurait aucun sens à remettre en question notre attitude envers Tito pour avoir utilisé des armes alliées contre ses “concitoyens”, alors que les Oustachis coopèrent avec les Allemands. »
6- Sauf pour une déclaration assez malavisée destinée à défendre les Tchetniks durant les procès de Sarajevo : « Le soussigné n’a entendu ni vu aucune preuve qui servirait à lier personnellement des officiers des corps-francs yougoslaves à la collaboration avec les Allemands sous quelque forme que ce soit. Ceci est confirmé non seulement par ses observations personnelles, mais aussi par des documents complets et des conversations tenues avec des responsables américains, alliés et même adverses. Des fonctionnaires britanniques et des responsables de rang très élevé sont aussi impliqués dans ce dossier. » Une défense facilement battue en brèche par un ensemble de preuves proprement accablantes.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Fév 07, 2023 16:44    Sujet du message: Répondre en citant

Peut-être que j'idéalise le personnage ... mais à chaque fois que je relis ce bout de texte, je pense à une planche en particulier, sur un vieil homme coincé au bout de sa vie avec des regrets. D'ailleurs, les dates de mort ...






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John92



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MessagePosté le: Mar Fév 07, 2023 17:57    Sujet du message: Répondre en citant

...
Manque la référence de la note 4 )
...
Mirković, paradoxalement, en sera très affecté – il n’aime pas l’idée d’être la cause d’autant de souffrance (souffrances ???) entre Serbes, ...
...
Là-dessus, Staline a été particulièrement explicite : « Bientôt, nous serons à Budapest et vos ennuis seront terminés, maréchal (Maréchal ? ).
...
Puis il repart en direction de sa voiture qui l’attend entourée d’hommes en bleu, non sans ajouter en passant, l’air bonhomme : [i]« Bon, sur ce, il est tard, hein ! Je te laisse, ton chauffeur connait le chemin. Au plaisir de te revoir un jour, camarade Walter. »
Sa voiture démarre, vite suivie d’une autre.
...
Les Mitchell, quant à eux , sont pour la plupart récupérés par la 31e EB polonaise, qui partira avec eux (à supprimer ? –tout simplement- ) pour la France ...
...
Beaucoup sont pourtant d’authentiques héros, dont certains ont bombardé le Reich le jour même de l’invasion ( référence note 4 ??)
...
Par contre, il refuse de se déclarer en faveur du groupe de Mirković . (à ajouter )
En somme, de plus ou moins de ( à supprimer) bonne grâce mais sans duplicité, le 1er CA yougoslave confirme son attentisme. Cela suffit.
...
Plus grave encore, il a obtenu, par certains contacts bien introduit (introduits ?? ) à Londres, ...
...
En résumé, quand il débarque enfin sur la terre anglaise, en début d’après-midi, Montgomery veut voir Ike – et tout de suite ! Hélas, il y a un mois, cela aurait peut-être été possible – mais avec Overlord en cours, le SACEUR est retenu par une foule d’obligations urgentes (et plus importantes que de voir le chef du 18th AAG, semble-t-il !) ...
...
Cela sans parler des très précieux renseignements qu’il a fournis (fourni ) sans rechigner sur les déploiements, ordres de bataille et plans allemands comme oustachis.
...
... il attendra là deux bonnes semaines avant d’être enfin récupéré par des agents de l’OSS en Italie.
La mission MacDowell restera parmi les plus controversées de l’OSS ...
...
Lassé d’avoir à gérer les Schutzpass des diplomates neutres – qu’il n’avait admis que dans un futile effort pour tenter d’obtenir la reconnaissance des pays neutres ...
...
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