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Sonnenaufgang, par Anaxagore
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 20:25    Sujet du message: Répondre en citant

Bof bof Casus. C'est une remise en cause un peu trop libre justement, pour des gens se connaissant à peine, et qui restent des nazis forcénés.

Citation:
le Führer n'interprète mal ma démarche et qu'on m’ordonne d’arrêter mon entreprise
?
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 20:31    Sujet du message: Répondre en citant

D'abord, il se connaissent assez bien.
Ensuite et surtout, je crois que tu sous-estimes la dose d'hypocrisie des nazis de grade élevé - à commencer par Himmler en personne.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)


Dernière édition par Casus Frankie le Jeu Déc 08, 2022 20:43; édité 1 fois
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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 20:40    Sujet du message: Répondre en citant

C'est justement fort plus hypocrite de ne jamais mettre en cause Hitler.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Déc 08, 2022 20:44    Sujet du message: Répondre en citant

Hitler n'est pas mis en cause : c'est l'autorité suprême. C'est pour son bien qu'on agit sans lui en parler…
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Casus Frankie

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loic
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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 07:54    Sujet du message: Répondre en citant

Je pense qu'il était facile de justifier des décisions non orthodoxes en invoquant le fait qu'Hitler ne peut pas être partout, le pauvre, 100% de son énergie est consacrée à la sauvegarde du Reich. Donc on ne va pas l'embêter avec un projet qui si cela se trouve n'aboutira pas.
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En principe (moi) ...
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 08:15    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Je pense qu'il était facile de justifier des décisions non orthodoxes en invoquant le fait qu'Hitler ne peut pas être partout, le pauvre, 100% de son énergie est consacrée à la sauvegarde du Reich. Donc on ne va pas l'embêter avec un projet qui si cela se trouve n'aboutira pas.

C'est bien dans l'esprit du style de gouvernance nazi: aller au-devant de ce qu'on suppose (ou prétend supposer) être la volonté du Führer.
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houps



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 08:19    Sujet du message: Répondre en citant

Dans le système nazi, on œuvre "en direction du Führer" et non pas en suivant ses ordres ou directives (même si il y en a). Chacun interprète donc à sa façon ce que le maître à penser a dit; les résultats peuvent alors apparaître surprenants. Et contradictoires.
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 12:02    Sujet du message: Répondre en citant

Je laisse la réponse à Anaxagore…

Suite et fin !


16 novembre 1943
Deux SS humanitaires
Berne
– Ramirez avait vu la neige commencer à tomber sur les montagnes et songeait sérieusement à partir skier quelques jours quand la sonnerie du téléphone le fit sursauter.
– Allo ?
– Monsieur Ramirez, commandant Waibel à l’appareil. Pouvez-vous venir à Lucerne ? D’importants personnages viennent d’arriver de France… De France occupée. Et ils demandent à vous parler.

Ramirez essaya bien d’obtenir plus de renseignements, mais Waibel ne voulait pas donner de nom sur une ligne téléphonique. Tout ce qu’il finit par apprendre c’est que deux hommes avaient franchi la frontière en utilisant un mot de passe fournis par Waibel aux amis français du professeur Hussmann.
Cela donnait beaucoup à penser à Ramirez. Les Suisses ne se fiaient plus à la sécurité de leur téléphone ? Cela ferait rire un chat ! Bien sûr que sa ligne se trouvait sur écoute… Le Bureau Ha le surveillait ! Voilà maintenant qu’ils craignaient que d’autres le fassent !
………
Lucerne – La rencontre eut lieu dans un bureau discret utilisé par le Renseignement militaire suisse. Outre Waibel et Hussmann, il y avait deux inconnus. Le premier était grand, un visage en lame de couteau, blond, les yeux comme des morceaux de banquise et sans plus de chaleur… entre quarante et cinquante ans. Le second était nettement plus jeune, probablement moins de vingt-cinq ans, un visage poupin, des mains de pianiste, les yeux et les cheveux noirs. Il formait un parfait contraste avec son partenaire.
– Permettez-moi de faire les présentations, commença Waibel. Il désigna d’abord l’Allemand le plus âgé : « Voici le Standartenführer [colonel] Otto Mann. » Puis le plus jeune : « Le Hauptsturmführer Luigi Schieller. »
Donc le deuxième n’avait pas seulement un air méditerranéen, son prénom était italien… Du Tyrol, sûrement. De fait, la SS avait beaucoup assoupli son règlement et à la différence de la Wehrmacht, elle pouvait engager n’importe qui, pourvu qu’il eût une ascendance réputée aryenne, et tant pis pour les exigences de “pureté raciale”.
On se serra les mains, mais Adolfo Ramirez ne se sentait pas très à l’aise. Évidemment, Weibel l’avait prévenu de la présence de gens importants, mais il ne s’attendait pas à des officiers SS. Comme Gaevernitz se trouvait retenu ailleurs, l’agent français se trouvait face à deux ennemis et… un coup d’œil à Waibel… le visage du Suisse ne montrait rien. Autant dire que sa présence relevait uniquement du souci de l’hôte d’assurer la rencontre. Il ne fallait pas s’attendre à plus d’aide de sa part que de servir le café.
Ramirez hésitait rarement à gonfler sa propre importance… Cependant, il pouvait se montrer très timide… et le Standartenführer Mann pouvait intimider des gens bien plus sûrs de lui qu’il ne l’était. Il se moucha… sacré rhume…
– Bien… Monsieur Mann, je me doute que vous n’êtes pas venu en Suisse pour le bon air de ses montagnes. Vous avez demandé à me rencontrer personnellement. Vous m’en voyez très curieux.
Le colonel SS eut un sourire que n’aurait pas renié un requin.
– Est-ce une manière détournée de me demander comment je connais votre nom, Monsieur Ramirez ? Disons simplement que vous n’êtes pas très discret et que… nous avons des amis communs et…
À côté de Mann, Luigi Schieller se mit à tousser assez fort pour interrompre son supérieur. Ce dernier parut un instant surpris et dévisagea son subordonné, qui avait pâli.
« Ah, réfléchit Ramirez, le machinführer en chef n’est pas le diplomate du groupe, c’est le biduleführer en second qui va mener la discussion. Bon sang, ils ne vont me faire le truc du bon et du méchant flic… D’ailleurs… un gentil SS, ça existe ? Si c’est vrai, après la guerre, il faudra mettre Luigi Schieller sous verre et en faire don à un musée. »
– Enfin… Nous voulions vous rencontrer pour des raisons humanitaires. De nombreux civils français vivent dans la zone… relevant du gouvernement du président Laval. Du fait des bombardements… anglo-américains et du blocus imposé aux importations, leurs conditions de vie se dégradent. Vous l’avez peut-être appris, mais la ration alimentaire des habitants de Paris est présent comparables à celle d’une ville assiégée. Nous craignons la suite des événements, d’autant plus que de nombreux civils ont déjà péri suite aux attaques contre les gares, y compris des femmes et des enfants.

Ramirez se frotta la moustache, affectant un air concentré et hochant la tête comme pour approuver tout ce que disait le SS. Toutefois, son cerveau tournait à toute vitesse. « Voilà que les nazis se soucient des populations civiles, on aura tout vu. Je suis pourtant certain que les “amis communs” que j’avais avec le colonel Mann ont fini devant un peloton d’exécution. Où veut-il en venir ? »
L’agent français sourit à la fin de la tirade grandiloquente du SS : « Je dois dire que je partage votre avis. D’ailleurs, le gouvernement légal français se préoccupe énormément de la population civile. »
Ramirez avait appuyé sur « légal » pour bien souligner ce que l’on pensait en haut lieu de Laval et de sa clique de traîtres. Toutefois, le Standartenführer Mann ne manifesta aucune réaction. Finalement, ils partageaient peut-être quelque chose… le mépris des collabos.
Ce fut au tour de Schieller de parler.
– Nous ne sommes pas venus simplement pour vous faire part de simples regrets. Notre supérieur, le Gruppenführer Juncglaus, désire agir pour protéger ces civils, en particulier les femmes, les enfants, les vieillards, les malades. Les populations les plus vulnérables.
« Ou les plus inutiles »
traduisit Ramirez. L’agent français centralisait tous les renseignements qui parvenaient en Suisse depuis la zone occupée. De plus, Allen Dulles, son collègue américain, l’informait de ce qu’il apprenait sur ce qui se passait en France. Il savait donc que les rations alimentaires étaient plus élevées pour les travailleurs qui participaient à l’effort de guerre. Tandis que « les femmes, les enfants, les vieillards, les malades » se trouvaient tout en bas de la liste parce qu’ils ne servaient à rien, aux yeux de leurs maîtres nazis.
– Je comprends. Toutefois, vous voudrez bien m’éclairer sur ce que vous pourriez faire pour ces pauvres gens.
Les deux SS échangèrent un regard. Par consentement tacite et mutuel, Otto Mann reprit la parole.
– Notez bien qu’il ne s’agit, pour l’heure, que d’une proposition et que nous n’avons encore rien organisé. Toutefois, le Gruppenführer Juncglaus souhaiterait évacuer des personnes sous-alimentées vers la zone que les troupes françaises et… que les troupes françaises contrôlent actuellement, au sud de la France.
– Je ne peux évidemment rien décider par moi-même, mais je vais transmettre votre proposition à mes supérieurs. Toutefois, j’aimerais d’abord savoir quelle contrepartie vous demandez.

Le Standartenführer Mann secoua la tête.
– Aucune contrepartie, notre offre est purement humanitaire.
Ramirez fit de son mieux pour cacher son incrédulité… Mais il s’en serait probablement mieux sorti s’il avait vu Adolf Hitler entrer par la fenêtre en volant, avec tout l’attirail du petit ange (toge, ailles, auréole et lyre) – vision qui venait d’ailleurs de lui traverser l’esprit.
– Je… vais en informer mes supérieurs.
– Nous restons quelques jours en Suisse, vous pourrez nous recontacter par l’intermédiaire du commandant Waibel.



17 novembre 1943
Un jeune homme indigné
Marseille
– L’homme regardait la ville par la fenêtre de son bureau du palais Longchamp, au-delà du parc zoologique. La troisième ville de France, la capitale provisoire de ce pays… de son pays… Pour être exact, de son pays depuis 1938. En 41, il avait rejoint Reynaud et De Gaulle à Alger pour lutter contre le pays qui l’avait vu naître… l’Allemagne.
Il s’appelait Stéphane Hessel.
Hessel connaissait l’histoire de Marseille, il n’ignorait pas qu’elle avait été fondée par les Grecs de la ville de Phocée, fuyant l’invasion perse. Il n’ignorait pas non plus la légende qui racontait que les Grecs de Massalia avaient été les premiers à offrir leur aide aux Romains après l’invasion gauloise de Brennus. Vae victis… malheur au vaincu. Mais le vaincu d’un jour pouvait être le vainqueur final, l’histoire n’en finissant pas de bégayer.
Si Hannibal avait risqué ses éléphants dans les cols des Alpes, il l’avait fait pour éviter le territoire de cette puissante cité. Plus tard, Massalia avait été la dernière ville de Gaule soumise par Jules César. Événement non raconté dans le célèbre De bello gallico, mais dans le livre suivant, le De bello civilli. Massalia, fidèle alliée de la République romaine, avait aidé César dans sa conquête de la Gaule, mais s’était rangée au côté de Pompée pendant la guerre civile. Mauvais choix ! Toutefois, elle n’avait pas succombé sans un long siège et plusieurs batailles navales.
Refuge contre les invasions, amie de ceux qui les subissaient et cité jalouse de son indépendance, Marseille avait été depuis l’Antiquité un bastion contre la tyrannie. Plus récemment, n’avait-elle pas donné son hymne national à la France, la célèbre Marseillaise, chantée par les Gardes Nationaux qui étaient montés à l’assaut du palais des Tuileries ?
Telle était Marseille. C’était peut-être un signe qu’elle soit devenue la capitale de la France. Quelle ville eût été plus digne de diriger la lutte contre l’Occupant ?
L’Occupant.
Le jeune homme de 26 ans qui regardait par la fenêtre ne disait jamais « les Allemands » en parlant des envahisseurs. A ses yeux, ils ne l’étaient pas : la barbarie n’avait pas de nationalité. Stéphane Hessel ne haïssait pas les sicaires d’Hitler pour l’avoir chassé d’Allemagne parce qu’il était Juif. La haine n’était jamais la bonne réponse à la haine. Le jeune homme ne croyait pas non plus en la violence. La question morale qu’elle posait ne constituait pas à ses yeux le problème principal, mais le recours à la violence était une manière inefficiente de régler les problèmes. La preuve, les millions de morts des précédents conflits n’avaient conduit qu’à cette guerre plus grande encore que la “Grande Guerre” qui l’avait précédée.
Stéphane Hessel ne portait pas l’uniforme, bien qu’il soit techniquement lieutenant de l’armée française. En 1940, il avait combattu en tant chef de section d’une compagnie de cyclistes sous les ordres du capitaine Pierre Fourcaud. Ce dernier, d’origine russe et parlant cette langue, avait fait partie du 2e Bureau durant l’entre-deux guerres. Évacué comme bien d’autres, Fourcaud était retourné aux renseignements militaires, sous les ordres directs du colonel Passy, lui-même servant de liaison personnelle avec le général de Gaulle. Dès son arrivée à son bureau d’Alger, le capitaine Fourcaud avait demandé que son ancien subordonné le suive, pensant que sa connaissance de l’Allemagne et des nazis serait très utile à la France Combattante.
C’est ainsi que le jeune Stéphane Hessel avait fait la guerre derrière un bureau. Son premier travail avait été de faire quitter l’Europe à des intellectuels juifs menacé par l’hitlérisme. Il avait opéré en liaison avec un Américain nommé Varian Fry. Ce dernier était l’agent personnel d’Eleanor Roosevelt, l’épouse du président américain, au sein de l’Emergency Rescue Committee. Une des premières personnes ainsi évacuées fut l’écrivain Franz Hessel, son propre père ! Il avait fallu une intense pression diplomatique américaine pour faire sortir l’écrivain juif des prisons parisiennes où le gouvernement du NEF pro-allemand l’avait enfermé… non parce qu’il était Juif, mais comme ressortissant allemand – et c’était en tant que tel qu’il allait être extradé vers le Reich, où il aurait fini en camp de concentration.
L’entrée en guerre des USA avait malheureusement mis fin aux pressions diplomatiques qui avaient permis de sauver et d’évacuer de nombreux intellectuels menacés par la barbarie nazie, mais avant Pearl Harbor, Varian Fry avait réussi à évacuer, entre autres, l’épouse de Stéphane Hessel, Vitia, d’origine russe. Hessel avait cependant gardé de bons contacts Outre-Atlantique, notamment avec Eleanor Roosevelt, une grande dame qu’il espérait un jour rencontrer autrement que par lettre (7).
Le colonel Passy remarqua alors Stéphane Hessel pour sa maîtrise de l’anglais. Principaux partenaires des services secrets français, les Anglais n’étaient pas avares de documents destinés à celui qui était encore à l’époque le ministre de la Guerre… mais ce dernier (tout en prenant discrètement des cours d’anglais) les voulait en français. Il fallait donc que quelqu’un s’occupe de la traduction.
Passy et Louis Clouson se contentèrent de présenter Hessel à De Gaulle, qui tenait à choisir lui-même le traducteur des documents qui lui étaient envoyés et de ses réponses. La rencontre se fera à la table d’un restaurant d’Alger, au cours d’un repas où le général en imposa à Stéphane Hessel par sa présence et sa courtoisie. L’impression fut favorable des deux côtés et Hessel obtint ce poste de traducteur.
Cette mission était capitale, mais Hessel renâclait, car il envoyait des gens au casse-pipe, bien planqué derrière un bureau. Depuis des mois, il demandait à ses supérieurs Passy, Brossolette, Mella de l’envoyer sur le terrain. La réponse de Tony Mella l’avait quelque peu refroidi : « Stéphane, vous savez comment on appelle le parachutage des agents sur le territoire français ? Une mise en bière sous pression ! Nous n’allons pas vous envoyer, vous ! Un Juif allemand qui parle à De Gaulle tous les jours et traduit des documents stratégiques ! Ce serait un risque insensé ! »
Hessel ressassait cette réponse quand on frappa à la porte de son bureau. C’était justement Tony Mella. Il avait la tête de ses mauvais jours : « Stéphane, le Général vous demande. »


18 novembre 1943
Bienvenue en Suisse
Dans le ciel entre France et Suisse
– Dans le ciel nocturne, une fleur de fumée noire éclot brutalement. Des doigts de lumière coupaient le ciel, traquant un objet qui virevoltait, cherchant à leurrer la Flak. Parfois, les projecteurs éclairaient un instant un petit Cessna bimoteur en livrée militaire, un UC-78 portant la cocarde tricolore.
À bord du Bobcat, Stéphane Hessel serrait convulsivement le dos du fauteuil du pilote, récitant à voix basse des morceaux de textes qui surgissent de sa mémoire, le français, l’allemand et l’anglais se mélangeant en bribes de culture.
Arqué sur les commandes, l’aviateur se démenait et jurait : « Ils doivent nous prendre pour un éclaireur venu repérer leurs positions. Vraiment pas de chance que l’on soit passé juste au-dessus de leurs têtes. Oh, ils vont rapidement nous lâcher… Et puis, d’après les SR, ils manquent de munitions. »
– C’est toujours comme ça ?
– Non, heureusement… mais de jour, il vaut mieux avoir une escorte de chasseurs. Pas trop secoué ?

Hessel sourit sardoniquement en songeant aux colères orageuses du Général.
– Je crois avoir l’habitude d’être secoué…
– J’espère pour vous que les Suisses sont vraiment au courant de notre arrivée, car on n’a pas assez de carburant pour regagner Marseille.

La remarque fit apparaître un pli soucieux sur le front de Stéphane Hessel. Bien sûr, l’agent français sur place avait prévenu les Suisses de sa venue et le Bobcat n’avait décollé qu’après que les Suisses aient confirmé leur accord. Seulement, dans des moments comme celui-ci, on ne peut se démettre d’un petit pincement de cœur, d’un doute… Et si le message avait mal été compris par les renseignements suisses. S’il n’avait pas été transmis correctement à la DCA ?
– Et où sommes-nous ?
– Vous voyez les lumières ? C’est Genève ! D’ailleurs, il va être temps de les contacter…

Manipulant la radio, le pilote la régla sur une fréquence convenue à l’avance.
– J’arrive de Marseille avec une lettre pour Chalcédoine, de la part de Minos. Je suis en approche au 210 à 150 nœuds.
– Ici Chalcédoine, nous vous avons repérés. Nous vous attendons à l’aéroport de Genève-Cointrin.

Au passage de la frontière, ce fut au tour de la DCA suisse. Mais elle ne tira qu’un seul coup de semonce, auquel le Bobcat s’empressa de répondre par une fusée blanche pour indiquer qu'il se rendait aux autorités helvétiques, avant de se diriger vers le plus proche aérodrome, celui de Genève-Cointrin comme par hasard.
Même de nuit, le posé sur la piste de Cointrin– surtout pour un moustique comme le Cessna – ne relève pas de l’exploit. La piste dite 05/23 – à cause de son orientation (8) – était longue de 405 mètres et large de 21. Elle venait juste d'être rallongée et de nouveaux travaux pour la porter à 1 200 m étaient déjà engagés (9). Avec un vent de moins de quatre nœuds, le pilote se posa comme une hirondelle regagnant son nid et fit rouler le Bobcat jusqu’à l’aérogare en slalomant entre les engins de chantier.
Un peu secoué, Stéphane Hessel mit pied sur le tarmac, respirant l’air froid des montagnes du Jura dont l’ombre écrasait les prés entourant la piste. Dans la lumière des phares d’une auto stationnée devant l’aérogare, le sol de béton gris étincelait sous une fine pluie glaciale. Resserrant le col de sa gabardine, Hessel marcha en direction des deux hommes qui venaient de sortir du véhicule.
Le premier était un petit homme portant un feutre enfoncé jusqu’aux yeux et un pardessus informe. Entre les deux on ne discernait qu’une moustache en balai brosse. Son voisin, plus grand et plus âgé, était en uniforme de l’armée suisse, avec képi. Le visage était sec, marqué, maigre. Les yeux enfoncés dans les orbites, vifs et inquisiteurs, attiraient immédiatement l’attention.
– Monsieur Hessel ?
– C’est moi.

Poignée de main.
– Je suis le major Max Waibel. (Il désigna son voisin.) Voici Adolfo Ramirez, des services de renseignement français. (Nouvelle poignée de main.) Soyez le bienvenu en Suisse. Vous avez eu le privilège d'inaugurer notre nouvelle piste. Avez-vous fait bon voyage ?
– Nous avons failli rencontrer quelques obus de DCA en chemin, mais comme la rencontre n’a pas eu lieu, on va dire que j’ai fait bon voyage. Il est quand même extraordinaire que des Allemands aient tenté de me tuer alors que je suis venu en Suisse à leur demande.

Le commandant Waibel eut un sourire indulgent.
– Les négociations sont secrètes. A ce sujet, votre violation de l’espace aérien suisse vous vaut officiellement l'immobilisation de votre appareil et votre internement. La Flak a du bon.
– Nous avons été mis au courant de cet arrangement...

Ramirez, qui piétinait sur place, visiblement frigorifié, profita du silence pour placer un mot : « On pourrait peut-être en parler à l’intérieur ? »
Plus tard, l’avion pourrait repartir sans formalités. Seul sur le tarmac, il était, disons, mal gardé et l’internement des pilotes alliés était assez souple. Certains “vrais internés” purent d’ailleurs en profiter…


19 novembre 1943
Réflexions…
Berne
– Pierre Maillard, conseiller à l’ambassade de France à Berne, entra en compagnie de Stéphane Hessel dans le bureau anonyme utilisé par les renseignements suisses. Le major Waibel, hôte de la réunion, les accueillit et présenta les arrivants au Standartenführer Otto Mann et au Hauptsturmführer Luigi Schieller, déjà présents, qui représentaient le Gruppenführer Juncglaus dans ces négociations.
Comme Stéphane Hessel répondait aux salutations d’usage dans un allemand parfait, le Standartenführer Mann leva un sourcil étonné.
– Vous avez l’accent de la région de Berlin, monsieur Hessel.
– Je parle aussi français comme un Parisien et anglais comme un habitant de Londres, le lieu où on apprend à parler une langue doit beaucoup y faire.

Rien de tout cela n’était faux, à proprement parler. Toutefois, Hessel était né à Berlin, bien que ses papiers indiquent Paris comme sa ville natale… Le nom de son père était même remplacé pour masquer ses origines juives (10).
– Vous avez beaucoup voyagé, semble-t-il, énonça le Hauptsturmführer Schieller.
– Avec mes parents, dès mon enfance.
– Ce qui nous fait un point commun, monsieur Hessel. Je suis né à Rome d’une mère italienne. Mon père est un spécialiste de l’art de la renaissance.

Schieller et Hessel échangèrent quelques banalités et lieux communs sur les destructions occasionnées par la guerre. Pierre Maillard écoutait en silence, de même que Max Waibel, transformé en sphinx. En revanche, Otto Mann était visiblement agacé par ces mondanités.
Profitant d’une pause, l’attaché d’ambassade Maillard prit la parole.
– Puisque nous parlons des dommages occasionnés aux populations, ce n’est pas sans rapport avec la situation qui nous réunit présentement.
Comme par magie, tous les yeux se tournèrent vers le Standartenführer Mann. Surpris, ce dernier se racla la gorge.
– Tout d’abord, monsieur Hessel, vous nous avez été présenté comme étant envoyé par le Président du Conseil De Gaulle. Dois-je entendre que vous avez toute latitude pour engager votre gouvernement ?
Un instant de lourd silence passa.
– Je suis membre du cabinet du Président du Conseil, où j’occupe une position mineure. J’ai toutefois été choisi pour entrer en contact avec vous de par ma connaissance de la langue allemande, de l’Allemagne et de son peuple. Si par « engager le gouvernement légitime de la France dans une négociation », vous voulez dire discuter avec vous au nom de la France, c’est mon rôle et celui de l’attaché d’ambassade Maillard.
– Je me suis mal exprimé. Pourriez-vous signer des documents engageant le gouvernement français ?

Légèrement amusé, Hessel remarqua que Mann avait oublié le mot “légitime” dans sa formulation. Voulait-il ménager le gouvernement collabo… ou n’existait-il même plus à ses yeux ?
– Il vous faudrait d’abord produire un document avec une proposition concrète que je puisse signer.
– Mais si d’aventure j’en mettais un sur la table, vous le pourriez ?

L’insistance du Standartenführer avait quelque chose d’étrange et Hessel resta silencieux, essayant de comprendre ce qui la motivait. Sans doute sa perplexité dut-elle se lire sur son visage, car son vis-à-vis soupira avant de reprendre…
– Mon supérieur, le Gruppenführer Juncglaus, a un désir sincère de procéder à l’évacuation des civils de votre pays se trouvant dans des zones menacées par les bombardements, les combats et la disette. Toutefois, il ne s’agit pour le moment que d’une initiative personnelle du Gruppenführer. Une telle évacuation ne pourrait se faire sans l’accord du Führer Adolf Hitler. Dans la situation présente, nos supérieurs ne pensent pas l’obtenir. Le Führer est… disons, très sensible à certaines questions d’apparence. Le simple fait que l’Allemagne paraisse être en position de demandeur lui suffirait pour repousser le plan Sonnenaufgang. Les choses seraient toutefois toutes différentes si nous pouvions lui présenter un accord de principe qui montrerait que vous seriez intéressés.
Un accord de principe ? L’esprit de Stéphane Hessel s’emballa, cherchant à comprendre ce que le SS voulait vraiment. Etait-ce une sorte de piège ? Une manière de faire signer à la France une sorte de chèque en blanc où les nazis inscriraient ce qu’ils voudraient ? Non, l’hypothèse était ridicule.
Il reste ainsi à réfléchir plusieurs minutes. Le silence était de retour, pesant.
Finalement, c’est Max Waibel qui le rompit.
– Herr Standartenführer, je crois que votre proposition place un poids énorme sur les épaules de Monsieur Hessel. Peut-être conviendrait-il d’ajourner la réunion pour lui permettre de contacter ses supérieurs.
Pierre Maillard acquiesça.
– Je suis d’accord, une décision de ce genre ne peut pas être prise par un seul. Monsieur Hessel n’a pas reçu carte blanche pour négocier au nom de la France jusqu’à la signature.
Otto Mann soupira.
– Vous avez raison, bien sûr. Je vous propose d’ajourner la réunion jusqu’à ce que Monsieur Hessel reçoive des instructions de ses supérieurs.
………
Alger, un peu plus tard – Un message radio codé fut décrypté et placé directement dans le courrier du Président du Conseil.
………
Berlin, encore un peu plus tard – Les courriers destinés au Président du Conseil de Gaulle avaient parfois des lecteurs non désirés. Le code utilisé par les agents opérant en Suisse avait été cassé par les Allemands (et, selon certains historiens, les Français le savaient…). Le message fut déchiffré et transmis le long de la chaîne hiérarchique jusqu’à arriver sur le bureau du chef du SD-Ausland, Walter Schellenberg. Celui-ci le lut et le relut plusieurs fois avant de le repousser dans un coin de sa table de travail.
Contrairement à beaucoup de SS de haut rang, Schellenberg n’avait rien d’un fanatique. Il devait sa position dans l’appareil de renseignement de la SS à une intelligence aiguë. Il savait que le régime nazi ne pourrait survivre à la guerre qu’en obtenant un armistice favorable. Gagner la guerre était déjà devenu impossible. L’initiative de Juncglaus pouvait être un pas dans la bonne direction… ou gêner ses propres efforts.
Schellenberg – de par sa position privilégiée – avait été le premier à tenter d’ouvrir des négociations avec les Alliés. Malheureusement, aucun contact n’avait jusque-là rapporté quoi que ce fût. En 1941, avec l’aide de Coco Chanel – devenue depuis une amie personnelle – il avait tenté de faire sortir l’Angleterre de la guerre. En vain.
Alors, que devait-il faire ?
Schellenberg ne songeait pas seulement à l’intérêt de l’Allemagne ou du Nazisme. Il pensait beaucoup aussi à son propre cas. Avait-il plus à gagner en dénonçant les contacts de ce traître de Juncglaus avec l’ennemi ou en assurant le Gruppenführer de son soutien dans son… opération humanitaire, pour gagner ainsi quelques bons points auprès des Alliés ?


20 novembre 1943
Tergiversations
Berne
– Les mêmes personnes que la veille se trouvaient à nouveau réunies dans le même bureau.
Comme les deux SS se rasseyaient après une séance de serrage de paluches et de sourires diplomatiques, Stéphane Hessel poussa vers eux un papier qu’il venait de sortir de sa serviette. D’abord intéressés, les deux Allemands montrèrent rapidement quelque mauvaise humeur.
– Qu’est-ce que cela veut dire, Monsieur Hessel ?
En entendant la protestation du Standartenführer Mann, Stéphane Hessel eut un fugitif sourire. Il pensait à une réplique de Cyrano dans la pièce de Rostand : « C’est un acteur déplorable, qui gueule / Et qui soulève avec des han ! de porteur d’eau / Le vers qu’il faudrait laisser s’envoler. » Il avait toujours de ces réminiscences aux moments les plus incongrus.
Mais en l’espèce, le diplomate SS – quel magnifique oxymore, au passage – ressemblait fort au comédien Monfleury, si mauvais que Cyrano lui avait interdit de monter sur les planches sous cette terrible menace : « Faudrait-il donc que je vous fasse, ô monarque des drôles, / Une plantation de bois sur vos épaules ? » Cela dit, Hessel laissait bien volontiers aux soldats sur le front le soin d’essoriller et de désentripailler l’adversaire. C’était leur tâche, la sienne était aujourd’hui de gérer la mauvaise humeur de comédie affectée par l’officier SS.
– Allons, monsieur Mann, vous ne croyez tout de même pas que je vais sortir de ma manche un papier à en-tête bleu-blanc-rouge, paraphé par le Président du Conseil et vous promettant son plein soutien ?
Le Standartenführer Otto Mann grimaça… une réaction plus honnête que la précédente.
– Non, certes pas… pas si vite en tout cas.
Le SS posa un doigt sur le papier.
– Je trouve cependant que votre gouvernement a beaucoup d’exigences. Nous sommes ici en toute bonne foi pour venir en aide aux populations sinistrées par la guerre.
Ce fut au tour d’Hessel– au fond très amusé – de se livrer à un peu de comédie.
– Dans ce cas, ce que vous appelez « nos exigences » devrait vous plaire. Nous vous demandons de prouver votre bonne volonté en éloignant d’abord des civils de zones menacées par des bombardements.
Otto Mann laissa filtrer sur son visage des émotions diverses. Gêne ou colère ? Difficile à dire…
– Je n’ai pas l’autorité pour donner des ordres de ce genre. Je dois en référer à mon supérieur.
Les yeux de tous se reportèrent sur la carte que Stéphane avait jointe à la note envoyée par Alger. Cette dernière demandait l’évacuation des civils, en particulier des femmes, enfants et vieillards, se trouvant dans plusieurs petites localités à proximité du front.
Le major Max Waibel n’avait jeté qu’un coup d’œil sur les documents. Le Suisse avait reçu le texte d'Alger en même temps que Stéphane Hessel.
– Le Comité International de la Croix Rouge sera certainement heureux d’aider vos supérieurs dans cette tâche, Standartenführer Mann.
– Oui, probablement…

Sauf que Mann ne montrait guère d’enthousiasme.


21 novembre 1943
Un Collabo embarrassé
Paris (France occupée)
– Le ministère de l’Information et de la Propagande avait un nom ronflant, mais la tâche de René Bonnefoy, chef de cabinet du ministre, était bien lourde. En effet, c’était à lui de faire tourner la boutique, le ministre – Jean Luchaire, depuis le mois d’août – ayant d’autres préoccupations. Dans l’atmosphère hautement corrosive du NEF, sa marge d’action ne pouvait qu’être limitée. Doriotistes et déatistes faisaient assaut de flatteries (pour Luchaire) et de pressions (sur son chef de cabinet) pour que le ministère diffuse leurs idées et pas celles de leurs voisins. Se rendaient-ils compte du ridicule de cette tartuferie ?
Bonnefoy laissa son regard errer sur les ouvrages devant lui. Les épreuves du nouveau livre intitulé Le Nouvel État Français au travail attendaient d’être validées. Quatre-vingt-deux pages à la gloire du régime, avec des photographies “joyeuses et viriles” et même deux photos couleurs, l’une de Laval, l’autre de ses principaux ministres, par le procédé Draeger 301… Au prix où était le papier, les 50 000 exemplaires commandés faisaient figure de vrai gaspillage. S’il y avait une seule chose de vraie dans tout ce fatras de mensonges sur “le relèvement de la France”, ce devait être les coquilles des imprimeurs…
Ah, si le maréchal Pétain était là, ça ne se passerait pas comme ça !
On frappa à la porte, et il toussota avant de répondre. C’était un de ses subordonnés, visiblement intimidé par… par l’homme en uniforme noir qui l’accompagnait.
René Bonnefoy se leva machinalement, presque au garde-à-vous, même si l’homme aux cheveux ras et aux petites lunettes rondes ne ressemblait pas à l’image que l’on se faisait d’un individu capable de vous envoyer, sans cesser de sourire, au premier cercle de l’enfer.
– Monsieur le chef de cabinet, le… euh… Oberstrum… Ober…
– Obersturmbannführer Kurt Lischka!
coupa l’intéressé, visiblement agacé que le Français n’arrive pas à prononcer son grade.
Bonnefoy hésita avant de tendre la main. Lischka répondit d’une paume molle et jeta sa casquette et son pardessus sur un fauteuil avant de s’installer sur l’autre. D’un geste péremptoire, il congédia l’employé sans un regard pour lui, les yeux rivés sur le chef de cabinet.
– Et que puis-je pour la Sipo-SD ?
Lischka eut un bref sourire, celui de l’homme heureux de faire peur. Il laissa le silence durer… oh, peut-être trente secondes… Ce n’est rien trente secondes… Mais trente secondes sous le regard d’un requin affamé… c’est un peu différent.
– Nous allons déclencher une opération pour récupérer des civils menacés près du front avec l’aide de la Croix-Rouge. Vous vous enverrez certains de vos… journalistes… faire des photos. Je veux qu’on parle d’eux dans vos journaux. Mais ne mentionnez pas que c’est la SS qui a ramené ces gens à Paris.
René Bonnefoy connut un état de sidération qui dura jusqu’à ce que Lishka lui demande s’il avait bien compris.
– Oui, vous allez conduire à Paris des gens vivant près du front et vous voulez que l’on en parle dans nos journaux.
– C’est cela. Vous devrez souligner qu’ils sont bien traités. Préparez tout ça, je vous tiendrai informé du début de… ah oui, le nom de code de l’opération est
Sonnenaufgang.
Lischka se remit debout, récupéra casquette et pardessus et sortit après un salut hitlérien.
Bonnefoy n’y comprenait rien. Il avait entendu dire que les SS enlevaient des gens et les massacraient… C’était ce que racontaient les Juifs d’Alger… enfin, de Marseille… Cependant, bizarrement, c’était une chose qu’il pouvait croire. Avec leurs crânes sur leurs casquettes, leurs uniformes noirs d’opérette, ils semblaient plutôt camper du côté de Satan. Mais pourquoi cette mention de la Croix-Rouge ? Ils semblaient vouloir amener des gens à Paris pour… pour les confier aux bons soins de la Croix-Rouge ? Et que cela se sache ? Une opération de propagande… Mais non, ils auraient voulu être sur les photos.
Bonnefoy n’y comprenait vraiment rien.
– À force de ne pas se comprendre et d’avoir peur les uns des autres, un jour, les hommes feront sauter cette planète, murmura-t-il pour lui-même.


26 novembre 1943
Déportation humanitaire
Paris (France occupée)
– René Bonnefoy étala sur son bureau les journaux dont la publication était autorisée par le NEF – quelques infâmes feuilles de chou qu’il n’aurait dû normalement manipuler qu’avec des gants… Tant de fange devait salir jusqu’à l’âme. A la Une, s’affichaient des photos soulignées d’un titre racoleur, qui montraient l’arrivée des personnes déplacées par les SS et ramenées à Paris. Toutefois, aucun uniforme à tête de mort n’apparait. Officiellement, l’opération humanitaire avait été organisée par le NEF et la Croix-Rouge avec l’aide matérielle de la glorieuse et bienveillante Wehrmacht.
Bonnefoy se demanda pour la millième fois ce qu’avaient pensé les habitants des villages concernés en voyant débarquer ensemble des SS et des membres de la Croix-Rouge. L’Obermachinchose Lischka se rendait-il compte qu’il venait d’inventer la déportation humanitaire ? D’ailleurs, qu’avaient pu se dire SS et personnels de la Croix-Rouge en se retrouvant ainsi associés ?
Des SS s’étaient-ils engagés dans la Croix-Rouge ? Ou, pourquoi pas, dans la diplomatie ? Tiens, ça ferait un bon sujet de roman d’anticipation, ça. Un virus extraterrestre qui transformerait les sadiques et les psychopathes en citoyens modèles… enfin, non… pas vraiment. Trop utopique, les gens n’y croiraient jamais… mais l’inverse (11) ?
………
72 avenue Foch (bureaux de la Gestapo et du Sipo-SD) – L’Obersturmbannführer Kurt Lischka repoussa les journaux français. Son mépris pour les pseudo-journalistes qui les rédigeaient était abyssal. Il n’aimait pas les Français en général, mais il préférait encore les “Africains” – qui étaient à Marseille, à présent, et avec qui on s’expliquait au canon, aux stipendiés sirupeux et craintifs qu’il rencontrait à Paris.
Dans des moments comme celui-là, il se demandait s’il avait bien fait de se rallier au plan du Gruppenführer Juncglaus. Ces manœuvres par en-dessous, ces grandes discussions, ces sourires, ces ronds de jambe… tout cela l’insupportait ! Toutefois, contrairement à Juncglaus, il restait peu impliqué. Il s’était couvert avec soin de tout côté.
S’il avait demandé à ce que l’affaire soit claironnée par les journaux français, ce n’était pas seulement pour s’assurer que l’arrivée des civils à Paris soit connue des “Africains”. Ce qu’il voulait surtout, c’est que la non-implication de la SS soit évidente. Et si on lui reprochait la présence de ses hommes, il savait déjà ce qu’il répondrait : il avait reçu une demande du NEF pour déplacer d’innocent civils menacé par les ennemis de la Nouvelle Europe.
Dans l’univers étrange du National-Socialisme, la vérité avait bien moins d’importance que la manière dont on la présentait…


29 novembre 1943
Rien ne va plus
QG de la SS en Belgique (453 avenue Louise, Bruxelles)
– Le bureau du Gruppenführer Juncglaus était installé dans un appartement individuel transformé et meublé de manière assez luxueuse.
Richard Juncglaus arriva comme tous les matins, sa serviette sous le bras. Il faisait froid et pluvieux. Une fois débarrassé de son manteau, il se frotta les mains devant le poêle en attendant le premier café du matin. Ce dernier constituait un vrai plaisir, juste avant les premiers dossiers. Il en profitait pour parler avec ses subordonnés directs. Un rituel…
Hélas, la cérémonie fut interrompue ce jour-là par l’arrivée d’un Standartenführer inconnu, encadré par deux simples soldats SS, MP-38 en bandoulière.
Salut nazi, claquement de talons.
– Herr Gruppenführer Juncglaus ?
– C’est moi.
– Voici mes ordres, Herr Gruppenführer.

Comme l’officier dépliait un papier frappé de l’aigle nazie et le lui tendait, Richard Juncglaus ne put s’empêcher de sentir une sueur glaciale ruisseler sur sa nuque. Il parcourut des yeux les lignes réduites au strict minimum et soupira.
Au moins n’était-il pas aux arrêts… Cependant, sa convocation par le Reichsführer Himmler ne pouvait être ignorée et cachait sûrement quelque chose. La raison de cet ordre n’était pas donnée… Jouerait-il aux devinettes ? Non, il avait joué et perdu…
– Je vous suis, Standartenführer.
Richard Juncglaus caressa son bureau d’un regard déjà nostalgique, sourit à son secrétaire recroquevillé derrière sa table de travail. Il doutait qu’un officier sur le Front de l’Est jouisse d’un tel confort. Il ne se plaindrait plus de l’automne à Bruxelles…


Epilogue
Mutations
Destins
– Le Gruppenführer Richard Juncglaus fut dégradé par Himmler en personne. Puis il fut muté à la 7. SS-Freiwilligen Gebirgs-Division Prinz Eugen et mourut au combat en Yougoslavie.
L’Obersturmbannführer Kurt Lischka ne fut pas inquiété. Il put continuer à sévir contre les Résistants jusqu’à ce que les nazis soient chassés de France. Brièvement détenu à la fin de la guerre, il fut relaxé. Il fallut attendre 1980 pour que la justice française se souvienne de lui et qu’il soit condamné à dix ans de prison. Il fut libéré au bout de cinq ans du fait de son âge avancé.
René Bonnefoy fut condamné à mort par contumace. Il continua cependant à vivre en France sans être inquiété, sous le nom de Roger Blondel – un de ses pseudonymes d’écrivain. Il publia en 1946 son premier roman de science-fiction : Et la planète sauta, directement inspiré par les explosions atomiques d’Hiroshima et de Nagasaki – et le premier d’une longue série.


Notes
7- Après la guerre, lorsque l’ONU planchera sur la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, Eleanor Roosevelt présidera la commission chargée de sa rédaction et Stéphane Hessel en sera un des membres français.
8- De nos jours, la piste s’appelle 04/22. Non qu’elle ait changé d’orientation, mais parce que le nord magnétique s’est déplacé.
9- La Suisse avait interdit tout vol civil dès le début de la guerre et en profitait pour mettre aux nouvelles normes internationales ses principaux aérodromes, en prévision de la reprise du trafic dès la paix revenue. C’est ainsi que la piste de Genève-Cointrin devait passer de 405 m à 1 200 m.
10- Pendant la Seconde Guerre Mondiale, nombre de soldats alliés combattant les Allemands eurent des papiers officiels cachant leur origine juive, afin d’éviter qu’un “traitement spécial” leur soit appliqué en cas de capture.
11- Ce sera le sujet du roman Les Harnils que René Bonnefoy écrira sous le pseudonyme de B.R. Bruss.


Dernière édition par Casus Frankie le Ven Déc 09, 2022 23:29; édité 1 fois
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DMZ



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 12:40    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Ramirez hésitait rarement à gonfler sa propre importance… Cependant, il pouvait se montrer très timide… et le Standartenführer Mann pouvait intimider des gens bien plus sûrs de lui qu’il ne l’était. Il se moucha… sacré rhume…

des gens bien plus sûrs d'eux qu'il ne l'était.

Citation:
Vous l’avez peut-être appris, mais la ration alimentaire des habitants de Paris est présent comparables à celle d’une ville assiégée.

est à présent
comparable (singulier)

Citation:
Si Hannibal avait risqué ses éléphants dans les cols des Alpes, il l’avait fait pour éviter le territoire de cette puissante cité. Plus tard, Massalia avait été la dernière ville de Gaule soumise par Jules César. Événement non raconté dans le célèbre De bello gallico, mais dans le livre suivant, le De bello civilli.

en itallique De bello gallico, De bello civilli

Citation:
– Nous allons déclencher une opération pour récupérer des civils menacés près du front avec l’aide de la Croix-Rouge. Vous vous enverrez certains de vos… journalistes… faire des photos. Je veux qu’on parle d’eux dans vos journaux. Mais ne mentionnez pas que c’est la SS qui a ramené ces gens à Paris.

Vous, vous enverrez (avec une virgule)

Citation:
A la Une, s’affichaient des photos soulignées d’un titre racoleur, qui montraient l’arrivée des personnes déplacées par les SS et ramenées à Paris. Toutefois, aucun uniforme à tête de mort n’apparait.

concordance des temps : n'apparaissait
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Anaxagore



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 13:12    Sujet du message: Répondre en citant

L'histoire que vous venez de lire est basée sur deux livres et une histoire que j'ai entendue à la télé.

D'abord " La capitulation" livre d'Allen Dulles racontant les tractations diplomatiques en Suisse et en Italie qui ont aboutis à 'armistice de 1945.
Il est à noter que tous les personnages OTL que l'on voit en Suisse (sauf les Français) ont été des acteurs de la capitulation allemande, surtout Gaevernitz!

Ensuite l'autobiographie de Stephan Hessel. Livre truculent, plein d'humour, écris avec une plume aérienne, un esprit acéré et par un des esprits les plus cultivé qu'il m'ait jamais été donné de lire.
Le début du parcourt de Hessel est OTL, sauf qu'il n'a pas rejoint Londres par lui-même, mais Alger pendant le Grand Déménagement.
J'ai pris Hessel comme représentant personnel de De Gaulles en m'inspirant du fait qu'il avait vraiment demandé à participer à des missions sur le terrain... et fut capturé et torturé (OTL).

Le dernier fait qui m'a inspiré cette histoire c'est les négociations secrêtes de Himmler échangeant la vie des Juifs des camps de concentration contre des camions, une histoire que j'ai appris à la télé...

A part Ramirez, je n'ai pas inventé un seul personnage de cette histoire. Tous ont existé.
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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 13:13    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Herr Gruppenführer Juncglaus ?


Je ne me souviens plus dans quel ouvrage mais il me semblait que les membres de l'Ordre Noir n'employaient pas le "Herr" avant leur grade.
Cet usage de l'absence du "Herr" leur permettait de se différencier des hobereaux prussiens qui constituaient la soit disant élite de la Wermarcht.

Vrai ou faux Question Question Question

@+
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LaMineur



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 14:18    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

– C’est cela. Vous devrez souligner qu’ils sont bien traités. Préparez tout ça, je vous tiendrai informé du début de… ah oui, le nom de code de l’opération est [/iSonnenaufgang.]

Il manque un "]", ou bien il est mal placé, ce qui fait un peu cafouiller les balises.
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Finen



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 14:23    Sujet du message: Répondre en citant

la balise c'est [i.][/i.] sans les points à l'intérieur
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John92



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 15:11    Sujet du message: Répondre en citant

...
Tout ce qu’il finit par apprendre c’est que deux hommes avaient franchi la frontière en utilisant un mot de passe fournis (fourni??) par Waibel aux amis français du professeur Hussmann.
...
Bon sang, ils ne vont me faire le truc ( coup?) du bon et du méchant flic… D’ailleurs… un gentil SS, ça existe ? Si c’est vrai, après la guerre, il faudra mettre Luigi Schieller sous verre et en faire don à un musée. »
– Enfin… Nous voulions vous rencontrer pour des raisons humanitaires. De nombreux civils français vivent dans la zone… relevant du gouvernement du président Laval. Du fait des bombardements… anglo-américains et du blocus imposé aux importations, leurs conditions de vie se dégradent. Vous l’avez peut-être appris, mais la ration alimentaire des habitants de Paris est [à]présent comparables à celle d’une ville assiégée. Nous craignons la suite des événements, d’autant plus que de nombreux civils ont déjà péri suite aux attaques contre les gares, y compris des femmes et des enfants.
...
Toutefois, le Gruppenführer Juncglaus souhaiterait évacuer des personnes sous-alimentées vers la zone que les troupes françaises et… que les troupes françaises (pourquoi cette répétition? ) contrôlent actuellement, au sud de la France.
...
Le jeune homme de 26 ans qui regardait par la fenêtre ne disait jamais « les Allemands » en parlant des envahisseurs. A ses yeux, ils ne l’étaient pas : la barbarie n’avait pas de nationalité. Stéphane Hessel ne haïssait pas les sicaires d’Hitler pour l’avoir chassé d’Allemagne parce qu’il était Juif. La haine n’était jamais la bonne réponse à la haine. Le jeune homme ne croyait pas non plus en la violence.
...
Son premier travail avait été de faire quitter l’Europe à des intellectuels juifs menacé (menacés ) par l’hitlérisme. Il avait opéré en liaison avec un Américain nommé Varian Fry.
...
L’entrée en guerre des USA avait malheureusement mis fin aux pressions diplomatiques qui avaient permis de sauver et d’évacuer de nombreux intellectuels menacés par la barbarie nazie, mais avant Pearl Harbor, Varian Fry avait réussi à évacuer , entre autres, l’épouse de Stéphane Hessel, Vitia, d’origine russe.
...
Le colonel Passy remarqua alors Stéphane Hessel pour sa maîtrise de l’anglais . Principaux partenaires des services secrets français, les Anglais (Britanniques? ) n’étaient pas avares de documents destinés à celui qui était encore à l’époque le ministre de la Guerre… mais ce dernier (tout en prenant discrètement des cours d’anglais) les voulait en français. Il fallait donc que quelqu’un s’occupe de la traduction.
Passy et Louis Clouson se contentèrent de présenter Hessel à De Gaulle, qui tenait à choisir lui-même le traducteur des documents qui lui étaient envoyés et de ses réponses. La rencontre se fera à la table d’un restaurant d’Alger, au cours d’un repas où le général en imposa à Stéphane Hessel par sa présence et sa courtoisie. L’impression fut favorable des deux côtés et Hessel obtint ce poste de traducteur (à supprimer? ).
Cette mission était capitale, mais Hessel renâclait, car il envoyait des gens au casse-pipe, bien planqué derrière un bureau. Depuis des mois, il demandait à ses supérieurs Passy, Brossolette, Mella de l’envoyer sur le terrain.
...
La remarque fit apparaître un pli soucieux sur le front de Stéphane Hessel. Bien sûr, l’agent français sur place avait prévenu les Suisses de sa venue et le Bobcat n’avait décollé qu’après que les Suisses (Helvètes?) aient confirmé leur accord. Seulement, dans des moments comme celui-ci, on ne peut se démettre d’un petit pincement de cœur, d’un doute…
...
Manipulant la radio, le pilote (A vérifier mais je pense que c'est plutôt le copilote qui se charge de la radio)la régla sur une fréquence convenue à l’avance.
...
Avec un vent de moins de quatre nœuds, le pilote se posa comme une hirondelle regagnant son nid et fit rouler le Bobcat jusqu’à l’aérogare en slalomant entre les engins de chantier.
Un peu secoué, Stéphane Hessel mit pied sur le tarmac, respirant l’air froid des montagnes du Jura dont l’ombre écrasait les prés entourant la piste. Dans la lumière des phares d’une auto stationnée devant l’aérogare (le bâtiment? ), le sol de béton gris étincelait sous une fine pluie glaciale.
...
– Tout d’abord, monsieur Hessel, vous nous avez été présenté comme étant envoyé par le Président du Conseil De Gaulle (formule étrange mais c'est un SS qui parle, de plutôt que De?). Dois-je entendre que vous avez toute latitude pour engager votre gouvernement ?
...
Les courriers destinés au Président du Conseil de Gaulle (Président du Conseil, Charles de Gaulle? ) avaient parfois des lecteurs non désirés.
...
Quatre-vingt-deux pages à la gloire du régime, avec des photographies ) “joyeuses et viriles” et même deux photos (en? ) couleurs, l’une de Laval, l’autre de ses principaux ministres, par le procédé Draeger 301…
...
Officiellement, l’opération humanitaire avait été organisée par le NEF et la Croix-Rouge avec l’aide matérielle de la glorieuse et bienveillante Wehrmacht.
Bonnefoy se demanda pour la millième fois ce qu’avaient pensé les habitants des villages concernés en voyant débarquer ensemble des SS et des membres de la Croix-Rouge (du C.I.C.R.?). L’Obermachinchose Lischka se rendait-il compte qu’il venait d’inventer la déportation humanitaire ? D’ailleurs, qu’avaient pu se dire SS et personnels de la Croix-Rouge en se retrouvant ainsi associés ?
Des SS s’étaient-ils engagés dans la Croix-Rouge ?
...
Et si on lui reprochait la présence de ses hommes, il savait déjà ce qu’il répondrait : il avait reçu une demande du NEF pour déplacer d’innocent civils menacé (d'innocents civils menacés?) par les ennemis de la Nouvelle Europe.
...
L’Obersturmbannführer Kurt Lischka ne fut pas inquiété. Il put continuer à sévir contre les Résistants jusqu’à ce que les nazis soient chassés de France. Brièvement détenu à la fin de la guerre, il fut relaxé. Il fallut attendre 1980 pour que la justice française se souvienne de lui et qu’il soit condamné à dix ans de prison. Il fut libéré au bout de cinq ans (à supprimer? ) du fait de son âge avancé.
René Bonnefoy fut condamné à mort par contumace. Il continua cependant à vivre en France sans être inquiété, sous le nom de Roger Blondel – un de ses pseudonymes d’écrivain.
...

(Pour info: je serai absent ce WE, pas de relecture avant Lundi)
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houps



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MessagePosté le: Ven Déc 09, 2022 15:11    Sujet du message: Répondre en citant

DMZ a écrit:



[

Citation:
– Nous allons déclencher une opération pour récupérer des civils menacés près du front avec l’aide de la Croix-Rouge. Vous vous enverrez certains de vos… journalistes… faire des photos. Je veux qu’on parle d’eux dans vos journaux. Mais ne mentionnez pas que c’est la SS qui a ramené ces gens à Paris.

Vous, vous enverrez (avec une virgule)


Ou alors, on supprime la fin de la phrase Arrow
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