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"Fabrice à Waterloo", Mai 1944
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Alias



Inscrit le: 06 Juil 2007
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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 12:50    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Quant au sergent Dickman


Nomen est omen.
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Stéphane "Alias" Gallay -- https://alias.erdorin.org
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John92



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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 13:52    Sujet du message: Répondre en citant

...
Le jeune Feldwebel Günther Grundman avait bien du mal à suivre les évolutions de son chef. Pour tout dire, le domptage de son “Gustav” en “conditions réelles” laissait encore à désirer. Alors que le “3 Noir” du leader ne cessait de balancer les ailes, l’air de rien, tandis que son pilote scrutait les cieux, lui peinait à suivre .
...
Et alors qu’il se dirigeait vers le baraquement qu’on lui avait alloué, il avait vu se poser le vol du jour, et rapidement compris la morosité ambiante : il manquait deux pilotes. L’un venait de se fracasser dans la brume contre une ligne électrique à quelques kilomètres de là. Quant à la machine de l’autre, elle avait été vue pour la dernière fois en train de tomber en flammes quelque part. Tueur isolé ? Panne ? Sabotage ? Depuis, on attendait que le téléphone sonne.
Bref, la soirée avait été des plus moroses (sinistres ?).
...
Il se démonta le cou pour jeter un coup d’œil, brusquement suspendu à son hélice… et à la traîne. Sur sa droite, une dizaine de points dévalaient dans leur direction.
Beaucoup trop rapidement, un collier de petites perles défila méchamment à ses côtés. Par réflexe, il bascula de l’autre. Une ombre le survola, comme il restait, quasi immobile, suspendu (isolé ?) au cœur de la mêlée.
...
Lesté d’une volée de lingots (à supprimer ? je ne pense que l’on puisse qualifier les balles de calibre 12,7 mm de lingots) de plomb, son Daimler croisa les bielles et se mit en arrêt-maladie.
...
Le jeune pilote s’extirpa du cockpit avant, à son insu, de rater la dérive d’un rien (pas comme une certaine étoile d’afrique)et de se retrouver à chuter de son côté, cherchant fébrilement à déclencher l’ouverture de son parachute.
...
Tombant, certes, mais bien moins vite, malgré sa vision brouillée par les larmes (ou la sueur ?), il en profita pour regarder d’abord sous lui, puis autour de lui (2) (je ne suis pas sûr que ce soit le bon emplacement de cette note ).
...
Tu parles d’une guerre : en plus de regarder où on mettait les pieds et de ses (se ) méfier des malfaisants embusqués, fallait aussi surveiller le ciel même quand, de là-haut, personne ne vous tirait dessus !
...
Le sergent aperçut au loin plusieurs appareils, moucherons mécaniques qui évoluaient au ras des arbres. Il leva les yeux, et crut en discerner d’autres entre deux nuages. Machinalement, son regard monta à la verticale.
« Nom de… ! »
………
On l’aida à se relever et on le poussa du canon d’une arme dans une direction, tout en le maintenant pour ne pas qu’il s’étale lamentablement.
Une petite poussée (pression ?) du même canon lui expliqua : 1) la direction à suivre et 2) qu’il ne fallait pas faire l’andouille.
...
Sous l’arbre se balançaient des kilomètres de ficelle rattachées (des kilomètres de ficelles rattachées/des kilomètres de ficelle rattachés ? ) aux grands lambeaux de toile crochés dans les branches.
...
A sa tête, une branche fichée dans le sol, et sur la branche, on avait posé le casque du pilote et ses lunettes. Pas ses plaques, fallait pas rêver.
L’Unteroffizier arriva sur ces entrefaites. Il s’assit sur les talons face à la tombe, se frotta le menton et entreprit de se rouler une cigarette. Si les Français avaient pris le temps d’enterrer le pilote , c’est qu’ils devaient se sentir en force. Des amateurs, cependant : lui, il aurait monté une embuscade.
Des amateurs… Et qui donc irait prendre le risque d’enterrer un pilote (simple signalement, personnellement ces répétitions ne me choquent pas ) en plein no man’s land, hein ?
...
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houps



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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

Ben oui, à l'époque, j'étais jeune...
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 22:51    Sujet du message: Répondre en citant

Non, de ca, qui était sur la page précédente ...

Citation:
De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Douloureuse réalité
Plaine de Voïvodine – « A l’autre bout du fil, le commandant Dumaire avait perdu ses lettres classiques, remplacées par une expression sibylline, voire carrément hermétique. Et vu que, de mon côté, j’avais les nerfs ébranlés par mes découvertes de la veille, nous nous retrouvions à échanger des mots quelques peu… tendus.
– Si ce que vous dites est vrai, capitaine, la situation est plus grave encore qu’anticipé. Nous allons nous en occuper,
– Mon commandant, je n’ai pas pour habitude de vous raconter des bobards. Et si vous ne me croyez pas, je peux toujours vous envoyer Baumann, afin qu’il vous raconte en détails ce qu’il a trouvé dans cette cave !
– Ce n’est pas ce que je voulais dire, nous allons nous en occuper.
– Je n’apprécie pas que vous fassiez contrôler mes dires.
– Je n’apprécie pas que vous le releviez !
– Nul besoin de se cacher pour savoir qu’on est surveillé.
– Possible…
Cette ambiguïté était insupportable. Dangereuse, en outre, pour moi-même et pour d’autres. Alors, je sortis de mon rôle et de mes gonds, pour obtenir enfin des réponses.
– Ecoutez-moi bien, mon commandant, parce que je ne vais pas me répéter. On m’envoie à l’abattoir, au milieu d’une armée d’assassins – d’accord. C’est… la guerre et je suis un soldat. Mais j’exige au moins que vous partagiez ce que vous savez avec moi. Afin que je puisse prendre toutes les mesures nécessaires pour la sécurité de mes hommes, sinon pour la mienne. Faute de quoi, je boucle mon escouade dans ses quartiers et j’attends que ça passe.
– …
– C’est oui ou c’est non ?
– Vous voulez vraiment mon avis ?
– Je ne demande l’avis de personne, j'énonce des faits.
– … Bien. Tout ce que je pense pouvoir vous dire, Percay, c’est que la tendance n’est pas bonne depuis longtemps déjà à Belgrade. Vous le saviez ? Eh bien c’est devenu pire, bien pire que ce que vous pensez. Le gouvernement royal s’est trouvé de nouveaux alliés, je veux dire des complices, et mène une politique à l’opposé de nos valeurs. Aujourd’hui, il n’est pas du tout certain – je répète, pas du tout – que l’armée royale yougoslave, du moins ses éléments les plus radicaux, se considère encore comme liée à nous en quoi que ce soit. Le problème, c’est que nous sommes coincés. Ces espèces… d’Assyriens veulent nettoyer leur pays de ceux qu’ils considèrent comme des étrangers. Et ça fait du monde ! Mais ils savent aussi que si demain nous les dénoncions publiquement, nous nous retrouverions dans la… fange avec eux, face aux Allemands, aux Anglais et à tous ceux qui n’attendent qu’une occasion pour ruiner toute notre position dans la région.
– Alors, je m’assois sur des cadavres pour la tranquillité des Affaires étrangères ?
– Je n’ai jamais dit cela. Prenez vos dispositions, pour ce qui regarde vos hommes notamment. Tout peut déraper à n’importe quel moment. Ne sortez plus qu’en groupe, armés et après avoir rendu compte à mes services,
– Donc nous continuons à surveiller quand même ?
– Oui. Trouvez des éléments que nous pourrons exploiter contre eux, le moment venu. Pour ça, vous avez tout pouvoir : il nous faut la preuve que Belgrade ordonne ces exactions, ou au moins que ce sont leurs propres troupes qui les commettent. Débrouillez-vous pour trouver des preuves. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons ensuite intervenir, pour un coup décisif. »

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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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John92



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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 22:57    Sujet du message: Répondre en citant

Je l'ai lu
Rien à signaler de mon côté
Désolé pour le quiproquo
CDlt
Rémy
Ps: je suis plus coulant sur les dialogues Very Happy
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John92



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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 23:37    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Ben tout s'explique !

Very Happy Very Happy Very Happy Very Happy
Pour les autres: dsl pour le Hs/quiproquo
si un gentil modo pouvait supprimer ces messages inutiles ... merci
Amitiès Démo
et continue à nous infliger les horreurs de l'Est
(je relis régulièrement J. Lopez, une révélation. Tu as raison, il faut que l'on change notre vision de la guerre à "l'Est". Ca n'est plus une guerre "moderne"; c'est une campagne d'éradication/extermination. Ouvrons les yeux)
Cdlt
Rémy
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Hendryk



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MessagePosté le: Mer Nov 30, 2022 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance: les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête.

Excellent.

L'ouvrage dont est tiré cette citation s'intitule Précis de décomposition, tout un programme. C'est le premier livre que Cioran a écrit directement en français, après avoir compris qu'il ne reverrait jamais sa Roumanie natale. Lors de sa parution, la revue Combat avait proclamé:

Citation:
Le voilà donc venu celui que nous attendions, le prophète des temps concentrationnaires et du suicide collectif, celui dont tous les philosophes du néant et de l'absurde préparaient l'avènement, le porteur par excellence de la mauvaise nouvelle.

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With Iron and Fire disponible en livre!
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Déc 03, 2022 16:15    Sujet du message: Répondre en citant

Petit oubli……

4 mai
Sur le terrain
Alerte
3e DIM
« Ma chère Constance (rayé)
Ma très chère Constance (rayé)
Chère Const… »

Y’a pas, quand on vous enseigne Flaubert, ou Balzac, ou tout autre, on devrait éviter de faire l’impasse sur certains sujets. Ou bien il avait sauté un chapitre. Si pas plusieurs. Fort opportunément, on toqua à la porte de son “bureau”, une pièce qui avait connu des jours meilleurs, sans doute. Et moins de courants d’air.
« …tance » – Entrez !
– Mon capitaine… le capitaine Juneau.
– Juneau ? Du Génie ?

De Fresnay abandonna son pensum pour recevoir son homologue : « Qu’est-ce qui t’amène ? »
– Eh, dis donc, t’es pas trop mal installé ! Bon. Dis voir, t’es au courant de quelque chose ?
– Au courant de quoi ?
– Hem… C’est vrai que t’es un peu perdu dans la cambrousse. Bon, ça s’agite beaucoup, au QG. M’étonnerait pas que tu reçoives un courrier tantôt. Ou une radio. T’as bien une radio ?
– Oui, bien sûr. Mais ça ne me dit toujours pas…
– De toute façon, depuis… depuis maintenant, c’est “silence radio”. Alors, ce sera par pigeon voyageur.
– Silence radio ? Comment ça, “silence radio” ?
– Toute communication avec le QG ou Dieu le Père doit se faire uniquement par courrier. C’est pour ça que je te parlais de pigeon. Ça vient de tomber. T’étais où ? Sur la Lune ?
– J’arrive juste d’en face. Mon carrosse a des vapeurs.
– Ah ! Le pigeon a dû se paumer en route. Tu verras pour ta Rolls plus tard. Voilà, faut que tu me rencardes pour savoir où placer mes mines, dans ton secteur.
– Tes mines ?
– On est en pause, non ?
– Et on place des mines ?
– Vu que le stock n’est pas inépuisable, même si on doit nous en monter, autant que je les mette au bon endroit, non ?
– On te monte des mines ?
– T’as pas reçu une dotation de munitions ?
– Si…
– Quand je te dis que le pigeon a dû se perdre en route. Le bruit court que les Boches vont nous refaire le coup du printemps 40. Encore un comme ça, et ça va tourner à la routine…

L’huis signala derechef par un son idoine que l’on désirait entrer.
– ‘trez.
– Message du PC, mon capitaine. Urgent.
– Ah, tu vois !


…………
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John92



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MessagePosté le: Sam Déc 03, 2022 16:52    Sujet du message: Répondre en citant

RAS Very Happy
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Déc 04, 2022 18:27    Sujet du message: Répondre en citant

Le texte de Houps publié au début du 1er mai dans cette rubrique aurait dû être daté de quelques jours plus tôt.
Et sa suite, que voici, est à dater du 1er mai, avant que les choses sérieuses commencent !


1er mai
Sur le terrain
Carnet de notes
Non loin du front…
– Un beau matin (ou plutôt par une triste après-midi de nuages gris), un courrier se planta devant De Fresnay pour lui remettre le carnet repêché par ses hommes le 24 avril, ainsi qu’une poignée de feuillets. Le tout accompagné d’un mot de Serviac : « Les gars du renseignement se plaignent que vous n’ayez pas mis la main sur les plans des champs de mines, mais je crois savoir qu’ils ne sont quand même pas mécontents d’avoir jeté un œil sur le moral des fiers guerriers d’Outre-Rhin. Vous trouverez ci-joint la traduction des passages les plus intéressants de leur point de vue, et qui recoupent ce que nous avons appris des correspondances saisies à l’ennemi. Je prends sur moi de vous retourner l’original, si par aventure vous vouliez en apprendre plus. »
De Fresnay jeta un regard dubitatif à l’archive, roula les feuilles dactylographiées, s’en tapota le menton, les déroula, parcourut la première en diagonale, sauta à la dernière, tapa la petite liasse sur la tranche pour l’égaliser, et mit le tout de côté pour une lecture ultérieure à tête reposée.
Le carnet… De prime abord, c’était le journal d’un soldat qui notait son quotidien, et qui avait eu le temps, au début tout au moins, de croquer son équipage en quelques coups de crayon. Car le salopard combattait dans un StuG, et certaines phrases vous hérissaient.
« Un char français. Puis un autre. Trop loin encore. Je guide Kurt. A petits coups, il nous aligne selon mes indications. 600 mètres. Feu ! Mjöllnir sursaute. Dans le mille ! Le Sherman s’embrase ! A l’autre ! Il stoppe et se met à fumer ! L’équipage évacue, et nos grenadiers les fauchent.
Ha, Trudy ! Si tu savais ! C’est à toi que je pense ce soir tandis que Georg ajoute de nouvelles marques à notre tableau. »

Trudy ? Sa fiancée ? De Fresnay revint en arrière. Non… Apparemment, sa petite sœur. Il reprit sa lecture, picorant sans souci de chronologie.
« Alerte Jabos ! Je surveille le ciel. Nous nous collons contre une grange. Ils sont passés ! Mjöllnir avance de cache en cache. Les Jabos s’en prennent à une colonne d’artillerie. Là ! Celui-ci nous a vus ! Je referme la trappe à temps. Une grêle de coups sonne sur le blindage. L’acier allemand se moque du plomb des ploutocrates d’Afrique ! Des copeaux de métal volent dans l’étroit habitacle. Une coupure à la joue. Je saigne. Plus de bruit. Je jette un œil dehors. Le ciel est vide. En route ! »
Bon sang, il n’écrivait quand même pas sur le vif ?
(Sous un croquis au crayon) « Kurt surveille notre réchaud. Georg (de dos) et Helmut chargent les obus dans notre vaillant petit blindé. »
« Nous avons passé la journée à sauter de trou en trou, dans la boue et la neige. Maintenant, il pleut. Nous avons trouvé refuge dans une espèce de cave. Ce n’est pas un bon endroit, mais je suis crevé, et mes hommes aussi. Helmut monte la garde. Nous repartirons à la nuit. »
« Nous avons travaillé de longues heures, mais le résultat en vaut la peine. Je me suis éloigné, et à cinquante mètres environ, pas plus, on distingue à peine Mjöllnir. Je n’en dirais pas autant du StuG de Rudolph ! »
« Nous avons dû abandonner ce cher vieux Mjöllnir. Le char de dépannage a été détruit lui aussi. En attendant un nouveau matériel, nous voici fantassins ! Helmut et Georg sont chargés de la mitrailleuse, et deux autres membres de l’équipage d’un véhicule lui aussi irréparable nous ont rejoints. Nous nous consolons en nous disant qu’en général, les Jabos ignorent les petits groupes de pékins à pied. »
« Ah, Trudy ! Vois comme elle est belle, cette croix ! Ernst sera fier de moi, quand il saura ! Lui contre les hordes asiates, et moi face aux judéo-maçons, nous sommes le rempart du Reich ! S’il le faut, nous donnerons notre sang pour le Führer. Nous vengeons ton lâche assassinat et celui de combien des nôtres ! Mais bientôt, l’ennemi connaîtra un sort bien pire et pleurera des larmes de sang ! »
« Le char ne nous a même pas vus. Georg a poussé un grand cri quand il est passé sur son trou, un cri qui résonne encore dans mes oreilles. J’ai couru vers lui. A la place de ses jambes, il n’y avait qu’une masse informe et sanguinolente. »

(Un autre croquis) « C’est mon anniversaire. On a remplacé le gâteau par une saucisse. Helmut a sorti son harmonica. Il joue un air traditionnel. Trude, te souviens-tu de notre dernier Noël ? Noël. Nous étions tous les six. Où est Ernst ? Et Greta ? Quelle pensée négative ! Trude, si on savait cela… »
« Feu ! But ! Les fantassins sautent en l’air ! Là ! Un blindé ! Vite, un obus perforant ! 600 mètres ! Feu à nouveau ! Helmut ! Espèce d’imbécile ! Tu t’es trompé ! Tu lui as envoyé un explosif ! Au tour de Rudolph. Il rate ! Il l’a raté ! Le char recule à l’abri. Tonnerre d’acier ! L’artillerie nous a repérés ! Le StuG de Rudolph est touché ! Surtout, ne pas bouger. Nous ont-ils vus ? Un second obus s’abat plus loin. Le calme revient. A travers la fumée, j’aperçois le char qui revient. Laissons-le venir encore. Feu ! But encore une fois ! Marche arrière ! Fichons le camp ! »
« Les larmes aux yeux, nous avons écouté le discours du Führer. Il ne peut y avoir aucune pitié pour les traîtres ! »
« Touchés ! Nous sommes touchés ! Mjöllnir est immobilisé ! Vite, dehors ! Dehors ! Où est l’ennemi ? Quels dégâts ? La chenille gauche est arrachée ! Vite, vite ! Tout le monde dans un trou ! Nous attendons le coup de grâce. Rien. Une mine ? Suivi de Georg, je retourne vers ce pauvre vieux Mjöllnir. Georg démonte la mitrailleuse. Fébrilement, nous récupérons nos affaires. »
« J’ai mal, Trude. J’ai mal. J’ai froid, et pourtant, je brûle… »

………
Bon sang ! C’était pas un truc à mettre entre toutes les mains !
De Fresnay décida qu’une lecture complète pouvait attendre… la fin de cette saleté de guerre. Au moins. Il plia la note du commandant, la glissa dans le carnet, replaça le tout dans la double enveloppe et enfouit celle-ci au fond de sa cantine.
En rabattant le couvercle, il eut un doute : la croix… la croix… Santini n’avait pas parlé d’une décoration, non ? Ou ça lui était sorti de l’esprit ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Déc 04, 2022 18:34    Sujet du message: Répondre en citant

Bien vu - on n'est pas obligé de n'avoir que des personnages sympas.
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John92



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MessagePosté le: Dim Déc 04, 2022 18:45    Sujet du message: Répondre en citant

Rien à signaler pour moi.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 05, 2022 12:08    Sujet du message: Répondre en citant

5 mai
Sur le terrain
Préparatifs
3e DIM
– Alors, lieutenant ?
– Alors, mon capitaine, je dis pas. On fout en l’air ce mur-là. C’est pas le toit qui risque de nous tomber dessus… On recule Baraka jusqu’ici… et ça devrait aller.
– Non. Vous ne « foutez pas ce mur en l’air », lieutenant. Vous ouvrez juste un créneau de tir.
– Ben, sauf vot’ respect, mon capitaine, c’est plus un créneau, c’est…
– Débrouillez-vous. Et camouflez le tout correctement, hein. Pas question qu’un zinc boche nous voie. Et faites ça discrètement ! De nuit, de préférence. Cette nuit, même. Doit y avoir du monde à nous lorgner…
– Sûr, mon capitaine ?
– On va faire comme si….
– Dites, mon capitaine…
– Oui ?…
– Je veux bien qu’on soit “en pause opérationnelle”, mais là… Y’a un truc dans l’air, non ? Ils remettent le couvert ?
– Lieutenant, j’obéis aux ordres. Ce qui les motive…

………
Or donc, en ce joli mois de mai qui fleurait bon la cordite et le muguet, tous ceux pour qui “pause” avait un petit air de “repos” déchantèrent. Alors, le doux train-train qui commençait à s’installer perdit son petit teuf-teuf au profit d’une 241 P de circonstance, avec les changements y afférant. A commencer par les changements d’humeurs : si les têtes pensantes du sommet savaient de quoi il retournait, tout en sachant qu’il ne fallait pas qu’on en sache plus, ce qui était facile, à savoir qu’y z’avaient qu’à poser leur calot étoilé par-dessus – Ah , tout ce savoir (suivez !) perdu ! Enfin… – plus on descendait dans la hiérarchie, moins on trouvait d’explication. Fallait peaufiner les plans de tir, fignoler le camouflage, mettre les bouchées doubles dans les ateliers, mais pas à la roulante, bref faire le maximum, et ce avec, dans certains domaines, le minimum. Pas de quoi rendre tout le monde jovial. Moins il y avait de sardines sur la manche, plus le poil s’avérait mauvais.
Evidemment, cette débauche d’activité sans motif explicite suscitait en retour un torrent de supputations. C’était dans la nature humaine. On n’allait pas faire croire, même au plus obtus des seconde classe, que cette « pause logistique » – comme on le disait dans des sphères hors de portée d’oreille du commun des mortels – était tout bêtement destinée à « procéder aux réparations et recomplètements nécessaires » et à « raffermir le moral des troupes » ainsi qu’à « lutter contre des laisser-aller et des négligences intolérables dans un corps qui était l’émanation de la Nation ».
T’en f…trais, tiens, moi, des excuses à la noix comme ça. Passe encore pour les réparations : du flingot à l’obusier, comme des godillots aux GMC, y’avait plus qu’urgence. Quand on pouvait, on cannibalisait – oui, même pour les grolles ! – car attendre des pièces de rechange devenait subitement un luxe impossible à envisager. Et ça aussi, c’était un signe ! Et quand on ne pouvait pas…
Mais pour ce qui était de « raffermir le moral des troupes » et de « lutter contre des laisser-aller et des négligences intolérables dans un corps qui était l’émanation de la Nation », tout un chacun avait idée de quoi il était normalement besoin : de parcours avec sac à dos chargé de caillasse, de cirage de pompes et de récurage de chiottes. « Non, le bleu, crois-moi, y’a anguille sous roche. J’te parie que les Chleus cherchent à nous jouer un tour… » – « Un tour à leur façon ? » – « Un tour de cons, mais c’est tout comme. »
………
Martinez débusqua Bonestu, Jacob et Santini dans un recoin. Comme il s’y attendait, le trio, délaissant la tambouille du jour, s’offrait un extra sous couvert de surveiller la verte campagne. Ce qu’il faisait effectivement, mais sans plus de zèle que ça. Sur un bout de sommier métallique reconverti doraient deux… lapins. Enfin, vu de pas trop près, ça ressemblait à des lapins. Et c’était bien des lapins, ce que la dégustation d’une cuisse confirma. Pas de grosses bêtes, mais le caporal précisa qu’il ne s’agissait nullement de jeannots “libérés” d’un clapier collaborationniste : un peu de fil de fer adjoint à pas mal d’expérience lui avait permis de “trouver” les deux garennes non loin de là. Le (sous-) lieutenant, pour la forme, rouspéta bien un peu, mais le fumet qui se dégageait des deux dépouilles aurait attendri jusqu’à Tisane. On recevait abondance de munitions – y compris pour Baraka ! – et de carburant, mais c’était apparemment au détriment des frusques et des rations. Quant aux cigarettes, savon, et autres douceurs… Alors, du moment que les alentours étaient sous surveillance, l’officier n’allait pas leur chercher des poux. Tiens, de ça aussi il faudrait s’occuper…
Il s’enquit de l’absence d’un certain caporal.
On lui rappela que c’était lui-même qui avait expédié ledit caporal en reconnaissance avec trois biffins, juchés sur deux Mouflon, par là-bas, le long de la flotte, en lui recommandant de ne pas se faire tirer dessus ni par les Belges (la brume du matin aurait bon dos, mais ça ferait des histoires) ni par les Boches (on avait fini de leur courir au cul, c’était pas le moment de les chatouiller). Ce que “on” voulait, c’était juste comme une prise de température.
Et donc, tiens, qui que v’là qu’on aperçoit, là ? Ça pourrait bien être eux. Alors, pas de quoi se faire trop de mouron, z’ont l’air d’être au complet. Ou les voisins tirent mal, ou la virée s’est bien passée. Dans un cas comme dans l’autre, n’y avait pas urgence : Martinez attaqua un second morceau. Un bout de râble, avec un petit rognon. Et même des esquilles !
………
Dans l’après-midi, on eut la visite du colonel, avec Trois-Doigts et un autre colon qu’on apprit vite être un du QG. Une inspection en bon uniforme, comme la commenta Santini. S’occupèrent d’ailleurs pas trop des uniformes, mais plutôt de leurs cartes, de leurs jumelles, du terrain et des emplacements.

L’Esprit de la Guerre (Dennis Kolte)
Je suis Varga
Quelque part sur la route de Kaspovár (Hongrie)
« J’avais pris l’habitude de ces moments-là. En réalité, je n’étais même plus surpris. Elle apparaissait, parfois dans un tourbillon noir où elle trônait, puis m’entraînait d’une façon ou d’une autre à sa suite. Cette fois, c’était en même temps pareil… et différent.
– Dennis, mon champion, j’ai besoin que tu me rendes un service. Il se trouve qu’un autre de mes serviteurs a besoin de tes conseils. Il est un peu… jeune.
– Un autre de vos serviteurs ?
– Tu ne pensais tout de même pas être le seul, non ? Il est vrai que vous êtes moins nombreux que jadis… Mais qu’importe. Je n’ai pas le temps. Il te donnera les détails. A plus tard !

Un éclair blanc – et j’étais… ailleurs. Mais pas si loin de mon point de départ, assurément. Je me trouvais derrière un rocher, de nuit, sur les berges escarpées d’un fleuve traversé par un pont pour lequel on venait visiblement de se battre durement. De mon côté : des morts, des râles et deux petits camions, dont un en feu. En face : des cratères d’obus de mortier et (du moins me semblait-il) des positions dispersées, sans doute improvisées mais bien pourvues en armes automatiques, ainsi qu’un semi-chenillé. Deux semi-chenillés, en fait, avec des inscriptions en grec… des prénoms féminins ? Le tout crachait le feu, plus ou moins dans ma direction.
Ce n’est qu’à ce moment que je remarquai un détail amusant : je n’étais plus moi. Je contemplai mes mains. Je ne les reconnaissais pas et elles ne m’obéissaient pas davantage. Tout mon corps me paraissait également différent. Enfin, j’avais sur le dos un uniforme, non plus vert olive, mais vert-de-gris, porteur d’un blason à damier rouge et blanc marqué Hrvatska – ah ah, un Croate !
Je commençai alors à entendre une voix, posée, aimable et juvénile. Comme un enfant se présentant à son professeur le jour de la rentrée.
– Bonjour. Je suis Varga Blažević. Je suis né en 1922 à Neum. C’est dans cette région que j’ai grandi. Et c’est ici que la Dame m’a demandé d’arrêter ses ennemis. Comme vous le voyez, mon unité a échoué. La plupart de mes camardes sont déjà morts. Bientôt, il fera jour, les renforts adverses seront là et tout sera perdu. Pour que je puisse remplir ma mission, la Dame a donc décidé de vous faire venir pour m’aider à détruire ce pont. Je n’y survivrai pas, je le sais, mais je ne sais pas quoi faire ! Elle m’a dit que vous pourriez m’indiquer comment y parvenir.
– Euh … Tu pourrais ramper discrètement vers ce camion ?
– Celui en feu ?
– Non, l’autre. Les flammes attirent naturellement le regard.
– Je vais essayer. Mais guidez-moi.

Ainsi fut fait. Nous passâmes ensemble (?) de très longues minutes à ramper derrière les rochers, espérant ne pas nous faire voir.
– Arrête-toi.
– Ici ? Encore ?
– Ils tirent des fusées éclairantes. Mais ils doivent en manquer, c’est intermittent. Alors tu restes bien sage et tu attends que ça se consume.
– C’est long.
– Tu préfères courir ? Tu es pressé ? Patience, je connais un type, en Hollande, ça lui a réussi.

Beaucoup plus tard… « Nous y voilà enfin. Tu as bien des explosifs ? »
– Je suis désolé, mais les charges de nos artificiers ont été perdues. Il faut trouver un autre moyen de faire sauter l’ouvrage. Il y a quelques caisses de munitions dans le camion, mais pas de détonateur.
– Il vous reste des grenades ?
– Oui, mais elles ne suffiront pas pour le pont.
– Non, mais elles peuvent faire exploser les munitions si tu les empiles bien. A présent, est-ce que ce tas de ferraille marche ?… Hmm, il a l’air presque intact. Est-ce que tu sais le conduire ?
– J’ai appris dans un camp en Slovénie.
– Merveilleux. Tu vas te glisser dans le camion avec tes grenades et tu vas les empiler avec les munitions dans la cabine. Doucement…

Un tir – pas sur nous, mais dans une tout autre direction. A l’évidence, les derniers équipiers de Varga se ralliaient pour un ultime assaut. Dans le camion, Varga empilait mécaniquement et doucement des explosifs, comme on manipule des bouteilles fragiles.
– Mes camarades n’y arriveront pas. La capacité de mon unité est devenue… minimale.
– Tu sais ce qui va m’arriver quand tu auras… réussi ?
– Ah, oui. Elle m’a dit que vous repartirez comme vous êtes venus et que vous franchirez le voile sombre pour rejoindre votre corps. Avec ma mort, la liaison s’éteindra définitivement. Elle a ajouté qu’il est possible que vous fassiez quelques rencontres en route. Mais aussi qu’elle est sûre que cela ne vous effraiera pas.

J’aurais aimé en être aussi sûr. Les détonations se multipliaient et s’intensifiaient.
– Tes copains y vont fort. Mais en face, ils y vont encore plus fort. Grouille-toi.
– Voilà, c’est bon. Je monte dans la cabine.
– Oui, mais planque-toi sous le volant.
– Parfait, maintenant tu démarres, tu passes en première et tu avances doucement. Je te dirai quand t’arrêter et où et quand tourner.
– Il faut que je lève la tête pour que vous puissiez voir.
– Oui, apparemment.

Le camion que tout le monde devait penser hors d’usage commença alors de glisser vers la berge et à s’approcher de la culée. Tout le monde regardait ailleurs… mais ça ne durerait pas.
Ça y était – une mitrailleuse nous arrosait. Puis un tir de mortier calé trop loin tomba derrière nous. « ACCELERE ! »
Le pneu avant droit fut déchiqueté par des balles – Varga eut du mal à contenir l’embardée, qui envoya le camion frapper le parapet.
Lumières, cris, fumée. Le second obus tomba encore trop loin. Les mortiers ennemis n’osaient déjà plus nous viser de peur de faire exploser le camion ou de détruire le pont ! Ça avait marché ! C’était complètement fou et… oui bien sûr, c’était suicidaire, mais ça avait marché ! Les tirs, toutefois, devenaient toujours plus précis : ils visaient le moteur et la cabine. Il était temps.
Ce fut à Varga de conclure : « Mission accomplie. »
Une voix féminine, comme derrière nous : « Merci, Varga. »
– J’ai de nombreux regrets, Maîtresse des montagnes…

Puis il y eut une grande lumière, un souffle puissant et je tombai, les mains tendues devant moi par réflexe. Je me réveillai brutalement, couché sur le plateau de Doris. Olaf : « Oui, je sais. C’est agaçant, ces explosions. Les gars testent les nouveaux antichars… » »


De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Précautions
Sefkerin (plaine de Voïvodine)
– « Trouver des preuves, avait dit Dumaire. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Mais enfin, qu’est-ce que ce gradé planqué dans son bureau imaginait ? Que moi et ma douzaine de tondus, nous allions quadriller la plaine en attendant le flagrant délit ?
D’évidence, les Serbes savaient que nous les surveillions. Ils se méfiaient de nous. Les coincer ne serait pas chose facile – et s’en tirer sans dommage après, encore moins. Mais pour ça, Augagneur avait eu une petite idée, avec Baumann et Achraf. Carte blanche pour moi, carte blanche pour eux donc… Je les avais laissés faire leur tentative pour cette nuit – mais sans moi, car une sourde angoisse m’habitait.
Gabriella, Sefkerin et une vieille maison à divan que j’imaginais sans peine déjà cernée de bâtisses à croix blanche. Rester sans rien faire m’eût été intolérable. Alors j’y suis allé, sans plan défini, avec ma Jeep, mon pistolet réglementaire et une carabine.
A mon arrivée, je n’eus même pas à aller jusqu’à chez elle : je la trouvais en très grande discussion avec un commerçant qui gesticulait de façon menaçante, une feuille à la main. Coup de frein, pneus qui crissent, képi au front… carabine à la main.
– Quel est le problème mon gars ?
Le gars en question n’avait visiblement pas tout compris : « Le problème, c’est que cette ch…nasse me doit mille dinars [Soit 4 Reichsmarks au cours artificiel de l’ex-Occupant, ou 2 % du salaire mensuel d’un ouvrier allemand.] pour ça et pour la dernière fois. »
Entre eux, dans une caisse, j’observai un tas de légumes tapés et une viande trop juteuse dans un papier journal. Ma réponse ne se fit pas attendre. Avec la carabine pointée en l’air, pour bien faire me faire comprendre.
– Mille dinars pour ça ? De la main gauche, je sortis de ma poche une poignée de billets que je lui jetai au visage. « En voilà 600, et pour la peine, tu portes la caisse dans ma voiture ! Tu as compris ou je t’explique différemment ? »
Je n’en eus pas besoin. Mais une fois à bord, alors que je la ramenais chez elle en faisant bien le tour du quartier histoire de me faire voir avec elle, sa réaction ne fut pas exactement celle que j’attendais.
– Vous m’avez fait remarquer.
– Oui, et c’est ce que je fais encore, au cas où ça vous aurait échappé.
– Inutile. Stupide. Et dangereux.
– Dangereux à cause de qui ? De cette ordure de tout à l’heure ?
– Eux pas des gens mauvais. Ils souffrent comme nous. Et lui prend des risques à servir moi.
– Oui, mais eux ça m’indiffère.
– Vraiment ?

Je freinai à nouveau, mais une fois sorti de la localité.
– Non. Mais je m’inquiète pour vous.
Un silence.
– Pierre, gentil, mais je t’assure que je savoir me défendre.
– Vous n’avez pas vu ce que j’ai vu.
– Vous croyez avoir vu beaucoup en six mois ?
– Touché… Ecoutez, vous voulez que je laisse quelqu’un chez vous ? Un de mes soldats ? Deux ? J’ai un sergent plutôt costaud, et un caporal bon tireur.
– Nem.
– Un bon catholique de chez nous alors ? Un marchand de boissons de contrebande trop bavard.
– Nem, nem, köszönöm!
– Et si c’était moi ?
– … Peut-être… Mais savoir tous deux que ça impossible.
– AAAH BON DIEU DE M…DE !
– Pierre, gentil. Mais faites plus mal que bien là.
– Je comprends, je vous ramène chez vous.

La fin du trajet se fit en silence. Evidemment, elle n’avait pas le téléphone – impossible pour moi d’espérer prendre des nouvelles de la sorte. Son « Au revoir » sous le porche, accompagné d’un joli signe de la main qu’elle m’accordait pour la première fois, n’en fut que plus cruel…
Je rentrai finalement au camp après un long détour à respirer l’air de la campagne. Sur le chemin de mon bureau, le major Vranješević m’attendait, l’air goguenard.
– Alors comme ça, vous vous êtes trouvé une dame de compagnie ?
Et sans rien d’intelligent à dire ! Les nouvelles allaient d’évidence très vite.
– Où voulez-vous en venir ?
Avec son éternel sourire, il prit un air faussement bienveillant : « Oh rien ! Je suis d’humeur… primesautière, comme vous dites. C’est le printemps, je suppose. »
Puis qu’il en était une fois encore à se payer ma fiole, je décidai ce coup-ci de jouer cartes sur table.
– Ecoutez Vranješević, vous prime-sautez qui vous voulez, mais vous et vos petits copains vous laissez Mademoiselle Triebswetter tranquille.
– Vous n’êtes pas drôle et pas fin, capitaine.
– Vous non plus. Alors voici mon conseil : tenez vos pattes éloignées si vous voulez garder vos doigts intacts.

Le message était clair. J’espérais seulement qu’il était passé. »
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Déc 05, 2022 12:10    Sujet du message: Répondre en citant

Vous aurez reconnu les personnages de Houps et de Demo Dan…
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John92



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MessagePosté le: Lun Déc 05, 2022 18:33    Sujet du message: Répondre en citant

Rien à signaler à la 1ère relecture
pas le temps d'effectuer la 2ème aujourd'hui
j'essayerai demain matin
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