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"Fabrice à Waterloo", Mai 1944
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John92



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 14:01    Sujet du message: Répondre en citant

Dans un registre plus léger (quoi que, lire la suite) mais complètement HS, une pâtisserie polonaise s'est installée sur le marché de "mon chez moi".
Donc ce soir, nous dégusterons:
1. Une "tourte" farcie à la compote de pomme/cannelle/orange confite.
2. Un roulé à l'amande/pavot/raisin sec/orange confite.

@Démo, aurais-tu les noms de ces spécialités?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 14:03    Sujet du message: Répondre en citant

Szarlotka et Makowiec ?
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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FREGATON



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 14:25    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
"Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage !"

Ca c'est de la réplique "à serbes" comme je les aiment... Wink
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Etienne



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 14:26    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Ce n'est pas du catharsis - c'est simplement du récit. Et malheureusement documenté.

Certes, mais est-ce une raison pour en parler de façon si...claire?
Garder la mémoire?
J'ai déjà suffisamment de choses atroces en mémoire sans avoir besoin de les raviver.
Je n'ai pas la morbidité des types qui ralentissent sur l'autoroute pour voir ce qui s'est passé dans l'accident sur la bande d'en face. Si je ne suis d'aucune utilité, je me barre, point.
Ma tête est assez pleine de trucs difficiles à admettre.

Mais si ça t'aide, continue.
Je passerais vite fait, c'est tout. Un peu comme Imby sur nos jeux de mots, mais là je pense que ce n'est pas du même niveau.
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demolitiondan



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Messages: 9350
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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 14:45    Sujet du message: Répondre en citant

On peut philosopher sur le besoin ou pas de raconter des histoires, ou de les trier en fonction du niveau où elles se trouvent. Malheureusement, dans mon cas, et que ce soit en Yougoslavie comme sur le front de l'Est, elles ne sont pas drôles, ni légères - malgré quelques tentatives que vous verrez plus tard.
Enfonçons un arc de triomphe - la guerre n'est pas drôle. Par suite, la FTL parlant de la guerre, elle ne peut pas être que légèreté. Je conçois bien volontiers que ce n'est pas une lecture qui met de bonne humeur de bon matin. Mais ici comme à Varsovie, j'estime ne pas avoir le droit de passer tout ça sous le tapis et à deux titres au moins :
- ces éléments ne sont pas du registre de l'anecdote - ils répondent à une politique délibérée, et constituent un enjeu central de la stratégie de certains. Par suite, les escamoter, c'est perdre aussi du sens au récit,
- ces éléments sont assez peu connus, dans le cas de la Yougoslavie. Et par suite, je tiens aussi à réequilibrer le récit entre croates et serbes afin de bien mettre en exergue que non, en fait, y en a pas un pour rattraper l'autre,

Ce qui ouvre en soi une perspective intéressante, inattendue et totalement FTL : quelle réaction pour les Nations-Unies, quand elles se retrouvent confrontées avec un état voyou à leurs côtés ? Délicat ... Qui pourrait se résoudre facilement c'est vrai, mais en construisant un Best Case peu crédible et sans intérêt.
Délicat, un peu comme la construction de mon récit en vérité. J'y travaille beaucoup. Et je ne pense pas en rajouter dans le gore ou les détails sordides - au contraire, je m'attache à bien rester à distance et à suggérer plus que décrire. Ce qui n'est peut-être pas une solution d'ailleurs. Mais je n'en ai pas d'autres non plus - sauf à faire disparaitre des sujets 'edgy' (je rappelle que personne n'a jamais écrit l'histoire de la Shoah FTL - ca viendra un jour, je me dévouerai). Et ca, ne me parait clairement pas admissible.
Ceci étant, et pour te persuader de garder de l'intéret à la lecture, sache que le mois de mai sera aussi le mois des mises au point. Petit spoil sans conséquence... Avec mes meilleurs sentiments.
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Etienne



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Messages: 2837
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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 16:58    Sujet du message: Répondre en citant

Je comprends bien tout ça, et c'est bien de le faire, mais juste qu'en ce moment, ce n'est plus supportable pour moi.

J'ai plus besoin du petit monde d'Olivier Rameau, par exemple.
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John92



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 17:44    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Szarlotka et Makowiec ?

Merci Démo, je vais pouvoir le dire à ma petite famille.
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loic
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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 18:21    Sujet du message: Répondre en citant

Dennis en Irak : ça colle parfaitement.

Citation:
quelle réaction pour les Nations-Unies, quand elles se retrouvent confrontées avec un état voyou à leurs côtés?

Et ce n'est pas ça qui manque, de nos jours.
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En principe (moi) ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 20:34    Sujet du message: Répondre en citant

Etienne a écrit:
J'ai plus besoin du petit monde d'Olivier Rameau, par exemple.


Je partage et je compatis. Olivier Rameau et Colombe Tiredaile. J'espère que tu as lu La Caravelle de n'importe où… Avec le copilote Exupermoz…
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Casus Frankie

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Archibald



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 20:38    Sujet du message: Répondre en citant

Jamais entendu parler, petit check de Wikipedia et... ah ouais quand même.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Olivier_Rameau

Ca a l'air très fantaisiste en effet. Et c'est contemporain de Yoko Tsuno, autre grande utopie.

On a tous besoin d'un échappatoire, perso le programme spatial est mon terrain de jeu utopique préféré, ce depuis 2008. J'en suis à 2500 pages de mon "world building" et ce n'est pas près de s'arrêter. Si seulement je savais comment rendre ça "digeste" en tant que fiction.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 21:00    Sujet du message: Répondre en citant

Mais c'est que vous allez me vexer à force Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad
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houps



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Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 21:04    Sujet du message: Répondre en citant

Olivier, Colombe, Exupermoz, Majesté, Pazunbrin... Enfin des connaisseurs !
Ah, Dany et la gent féminine...
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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Etienne



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Messages: 2837
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Dim Nov 27, 2022 08:20    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Etienne a écrit:
J'ai plus besoin du petit monde d'Olivier Rameau, par exemple.


Je partage et je compatis. Olivier Rameau et Colombe Tiredaile. J'espère que tu as lu La Caravelle de n'importe où… Avec le copilote Exupermoz…


J'ai les douze albums, mais c'est l'oiseau de par-ci par-là avec Exupermoz Wink
La Caravelle, c'est le vaisseau en bois qui surgit dans la fontaine...

@Daniel: Non, non, faut pas te vexer, mais dans la situation tendue que nous vivons aujourd'hui, avec son cortège de saletés, faut avouer que lire les exactions balkaniques des anciens, ça n'aide pas à remonter le moral...

@Houps: Dany sait dessiner les femmes, c'est sûr. J'ai aussi les 6 tomes de "ça vous intéresse?", des petites histoires sur les blondes... Sculpturales, évidemment.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Nov 28, 2022 12:00    Sujet du message: Répondre en citant

Etienne a écrit:
J'ai les douze albums, mais c'est l'oiseau de par-ci par-là avec Exupermoz Wink
La Caravelle, c'est le vaisseau en bois qui surgit dans la fontaine...


Oups, oui bien sûr, ça fait longtemps…
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Nov 29, 2022 12:28    Sujet du message: Répondre en citant

Oui, la première partie (de Houps) a déjà été postée - mais je nous fait le plaisir de la republier, à sa place chronologique.

4 mai
Sur le terrain
Enterrement de première classe
Au-dessus de la vallée du Rhône
– Le jeune Feldwebel Günther Grundman avait bien du mal à suivre les évolutions de son chef. Pour tout dire, le domptage de son “Gustav” en “conditions réelles” laissait encore à désirer. Alors que le “3 Noir” du leader ne cessait de balancer les ailes, l’air de rien, tandis que son pilote scrutait les cieux, lui peinait à suivre. Pour couronner le tout, il lui semblait que son moulin avait des trémolos dans la voix.
Son Messerschmitt n’était pas de première jeunesse, cela se voyait aux éraflures, aux sangles fatiguées du harnais, et aux diverses traces de rafistolage. Le bruit courait que des douzaines d’appareils flambant neufs attendaient sur divers terrains du Grand Reich. Attendaient quoi ? Que les Anglais, les Français et leurs amis Américains viennent se servir ? Si pas les Russes ?
Tout fier de sa première affectation, il s’était présenté au terrain d’Angers, trois jours plus tôt. L’accueil y avait été rien moins que… refroidissant. Et alors qu’il se dirigeait vers le baraquement qu’on lui avait alloué, il avait vu se poser le vol du jour, et rapidement compris la morosité ambiante : il manquait deux pilotes. L’un venait de se fracasser dans la brume contre une ligne électrique à quelques kilomètres de là. Quant à la machine de l’autre, elle avait été vue pour la dernière fois en train de tomber en flammes quelque part. Tueur isolé ? Panne ? Sabotage ? Depuis, on attendait que le téléphone sonne.
Bref, la soirée avait été des plus moroses. Il ne connaissait personne, et pas un des présents n’avait fait l’effort de briser la glace. Les rares anciens, les Experten, restaient entre eux. Deux autres jeunes, affalés sur leurs sièges, le regard fixe, buvaient verre sur verre sans dire un mot. On était loin de la franche et joyeuse camaraderie tant vantée dans les films des Deutsche Wochenschau (1).
Le cri d’alarme perça les grésillements de la radio à point nommé pour chasser ses idées noires. Aussitôt, les 109 se mirent à grimper. Il se démonta le cou pour jeter un coup d’œil, brusquement suspendu à son hélice… et à la traîne. Sur sa droite, une dizaine de points dévalaient dans leur direction.
Beaucoup trop rapidement, un collier de petites perles défila méchamment à ses côtés. Par réflexe, il bascula de l’autre. Une ombre le survola, comme il restait, quasi immobile, suspendu au cœur de la mêlée.
Trempé de sueur, haletant, il se lança dans des manœuvres désordonnées avant de repérer enfin le “3 Noir” sur ses onze heures. Il fila à sa suite, juste comme un avion frappé de cocardes tricolores, l’ignorant superbement, se collait dans la queue de son leader. Cette marque flagrante de mépris le fustigea.
« Attends voir, mon salaud ! » Il avait passé la langue entre ses dents, s’appliquant à faire glisser sa future victime dans le cercle du collimateur, tandis que les deux appareils devant lui, l’Allemand et le Français, viraient toujours plus serré.
Un fracas épouvantable retentit alors. Lesté d’une volée de lingots de plomb, son Daimler croisa les bielles et se mit en arrêt-maladie. Le collimateur explosa, manquant l’éborgner. Un choc violent contre le dossier de son siège le fit tressauter. Quelques bouffées de fumée pénétrèrent dans l’habitacle.
Paniqué, il n’eut alors plus qu’une seule pensée : sauver sa peau. Evacuer. La verrière ouverte, un froid glacial le saisit. Histoire de compenser, des flammes surgirent dans l’habitacle. L’appareil entamait une lente glissade sur la gauche, glissade qui allait en s’accentuant. Le jeune pilote s’extirpa du cockpit avant, à son insu, de rater la dérive d’un rien et de se retrouver à chuter de son côté, cherchant fébrilement à déclencher l’ouverture de son parachute.
La brutale décélération qui s’ensuivit lui apporta un intense soulagement. Tombant, certes, mais bien moins vite, malgré sa vision brouillée par les larmes (ou la sueur ?), il en profita pour regarder d’abord sous lui, puis autour de lui (2). En dessous, ça se présentait apparemment assez bien : minuscules entre des paquets de nuages, se devinaient quelques toits, une route, des champs et des arbres. Restait à savoir dans quel camp il allait retrouver le plancher des vaches.
Comme la chose ne semblait pas imminente, il se mit à chercher des avions. Un panache noir signait sans aucun doute le passage du sien. Il entendait des bruits de moteurs, assez loin dans son dos, deux tons facilement discernables, à travers lesquels perçait parfois le staccato des armes.
Un Mustang se matérialisa soudain à son côté. Il lui revint en mémoire qu’on disait que certains pilotes avaient été froidement exécutés en plein ciel, suspendus sans défense sous leur corolle de soie. Ou avaient vu celle-ci déchiquetée par une hélice.
Le Feldwebel entrevit la silhouette du pilote (son vainqueur ?) qui lui faisait signe de la main. Un rapide salut, suivi d’un pointage insistant vers le haut, puis l’avion disparut.
Günther leva les yeux. La corolle du parachute occultait le ciel. La vision aurait pu être rassurante, ou même banale… s’il n’y avait eu cette déchirure, là. Et comme il la regardait, il lui sembla qu’elle s’agrandissait. Il baissa les yeux : le sol était encore sacrément loin. A présent, il était certain d’entendre craquer le tissu. Et, oui, il était aussi quasi certain de tomber plus vite…
………
Premiers replis alpins« Chef, viens voir ! »
A l’appel de Selim, Bonestu dressa l’oreille : de toute évidence, cela ne signalait pas – encore heureux – l’approche d’une patrouille ennemie. Il s’extirpa du roncier où son équipe et lui s’octroyaient quelque repos. Dans son arbre, le guetteur montrait le ciel. Le sergent s’avança encore un peu, juste ce qu’il fallait pour entrevoir un panache noir percuter le sol et se changer en boule de feu. Le bruit de l’explosion attira le reste des hommes. Chacun y alla de son commentaire. Ami, ou boche ? Et s’il était tombé sur eux, hein ? Une mort à la con, non ? Tu parles d’une guerre : en plus de regarder où on mettait les pieds et de ses méfier des malfaisants embusqués, fallait aussi surveiller le ciel même quand, de là-haut, personne ne vous tirait dessus !
Le sergent aperçut au loin plusieurs appareils, moucherons mécaniques qui évoluaient au ras des arbres. Il leva les yeux, et crut en discerner d’autres entre deux nuages. Machinalement, son regard monta à la verticale.
« Nom de… ! »
………
Suspendu sous son dôme de tissu, le pilote ne cessait de surveiller alternativement l’approche du sol sous ses pieds et l’avancement de la blessure de son parachute, au-dessus de sa tête.
Côté sol, le vent avait hésité un moment entre un cours d’eau, des champs, des toits ou des bois. Pas de pylône électrique, Dieu merci ! Il n’osait tirer sur les suspentes et constata avec soulagement qu’il semblait bon pour reprendre contact sous peu avec une prairie, avec quelques arbres quand même.
Il imaginait la suite : tout d’abord, ce serait « La dernière fois qu’on l’a aperçu, son avion plongeait vers le sol, quelque part dans la vallée du Rhône. » Par contre, on n’attendrait certainement pas un coup de téléphone : qui se souvenait de lui, véritablement ? Donc, il se ferait ramener, pour débarquer à l’improviste dans le bureau du Hauptmann. Après… on verrait. Faudrait peut-être pas trop la ramener.
Côté ciel… côté ciel, ça ne s’arrangeait pas. C’était là le hic. Un gros hic. Il ne tenait sans doute qu’à une brève longueur de fil que la couture ne cède en plein. Et alors… alors, ce serait encore le ciel, ou plutôt le Ciel, mais après un moment extrêmement désagréable !
Sans prévenir, ce fut un fracas épouvantable, une volée de coups, une violente douleur dans le coude droit qui mit un voile blanc strié de rouge sur ses yeux, immédiatement suivi d’un obscurcissement de son environnement.
S’évanouit-il, ou reprit-il ses esprits immédiatement ? En l’absence de repère, il ne put trancher. Pour tout dire, ce qu’il vit ensuite, ce fut un pan de soie, à deux doigts de son visage, qui restreignait considérablement son horizon. De toute évidence, il n’avait pas atteint le sol. Savoir à quelle distance se trouvait ce dernier s’avéra compliqué, emberlificoté comme il l’était entre cordelettes, lambeaux de tissu et débris végétaux.
Il était indubitablement dans un arbre, ayant ramassé au passage pas mal de petit bois, rameaux et feuillages naissants. Plus aucune sensation dans son bras droit, sinon une nouvelle explosion de douleur de ce côté et d’étoiles derrière ses yeux lorsqu’il tenta de remuer.
Une pensée l’effleura : il avait de la chance que le choc principal de son atterrissage n’ait pas eu lieu dans un endroit plus central de son anatomie ! Une autre la poussa de côté, qui se résumait à « Et maintenant ? » Se détacher ?
Tandis qu’il pivotait tout doucement sur lui-même : quelques degrés à droite – tip – quelques degrés à gauche – tap, il évaluait ses chances de prendre un contact acceptable avec le sol. Tip.
Il entendit comme un bruit. Tap. Oui. On chuchotait, quelque part en dessous. Tip. Sans doute des témoins avaient-ils observé sa chute. Tap. Mais… terroristes ? Ennemis ? Tip. Ou camarades ?
Quelque chose – Tap… – toucha le talon de sa botte gauche. Dans un mauvais allemand teinté d’un accent épouvantable, on s’enquit : « Vous allez bien, officier ? »
Ce fut avec soulagement qu’il répondit à voix basse, lui aussi, choisissant soigneusement ses mots : de toute évidence, il avait affaire à un de ces supplétifs (ou plus exactement, à plusieurs) si utiles à la glorieuse armée allemande. Il expliqua donc qu’il était blessé, et incapable de se détacher par lui-même.
Peu après, on montait dans l’arbre, et des oscillations rythmées lui apprirent qu’on s’attaquait aux sangles qui le maintenaient. Il partit d’un bref fou-rire stupide et incontrôlé : comme on lui maintenait les jambes, sans aucun doute pour le réceptionner, il venait de réaliser qu’il pendait grotesquement, tel une vulgaire saucisse, à moins de cinquante centimètres du sol !
Les suspentes cédèrent, des mains le tinrent solidement et le déposèrent par terre. Il y vit enfin plus clair… et découvrit ses sauveteurs : des Arabes !
………
Tandis que Mahmoud et Chakir immobilisaient à la diable le membre blessé, Bonestu réfléchissait à toute allure. C’était pas le tout d’avoir récupéré une pièce de choix, fallait maintenant rentrer fissa, et sans bobo. Ils n’avaient sûrement pas été les seuls à voir tomber le pilote. Ce qui voulait dire traque, une fois qu’on aurait trouvé son parachute.
Décrocher et enterrer celui-ci ? Hum… Irréalisable. Trop bien accrochée dans la ramure, la corolle.
Par contre… enterrer… enterrer… Dans l’appentis qu’ils avaient exploré, plus tôt, il y avait un joyeux bazar… et des pelles…
………
Sa tête pesant des tonnes, le jeune Feldwebel Günther Grundman n’en menait pas large et tâchait de trouver une explication raisonnable à ce qui se passait.
Visiblement, ou plutôt, audiblement, on creusait un trou. Quelque part par là. Hors de vue. Vite, et sans un mot. Ce qui était loin d’être rassurant : il voyait mal cette poignée de soldats, de toute évidence une patrouille, creuser une tranchée. Ou des feuillées. Restait l’hypothèse de la tombe : pas de quoi le mettre en joie. D’un autre côté, se donner du mal pour le décrocher vivant, puis le descendre et se donner du mal pour l’enterrer, ça ne rimait à rien. Et pourquoi aussi, emberlificoter son bras dans toute cette longueur de tissu ? Côtés soins, n’importe quel imbécile aurait fait mieux !
Il n’avait aucune idée de l’endroit où il était, et avec un coude en capilotade et la tête comme une citrouille, où diable aurait-il bien pu se sauver ?
Les bruits de pelle et les ahanements des terrassiers cessèrent rapidement. Pour des feuillées, ou une tombe, c’était du travail bâclé.
On l’aida à se relever et on le poussa du canon d’une arme dans une direction, tout en le maintenant pour ne pas qu’il s’étale lamentablement.
Une petite poussée du même canon lui expliqua : 1) la direction à suivre et 2) qu’il ne fallait pas faire l’andouille. Chose qu’il n’envisageait même pas. La douleur revenait par à-coups, remontait jusqu’à l’épaule pour exploser derrière son crâne et le couvrir de sueur.
Il aurait donné beaucoup pour une cigarette, un véritable infirmier, ou même seulement un lit. Et dormir.
Chakir adressa une moue significative à Mahmoud : à quoi bon tarabuster le jeunot ? Avec le baliveau qui lui sortait du bras et dont il ne semblait pas avoir conscience, il ne risquait pas d’aller loin !
………
Le Gefreiter sortit prudemment des buissons, l’œil et l’oreille aux aguets. Sous l’arbre se balançaient des kilomètres de ficelle rattachées aux grands lambeaux de toile crochés dans les branches. Pas trace de pilote. Où diable ce planqué pouvait-il bien être passé ?
Tout aussi précautionneusement, d’autres membres de la patrouille émergèrent du décor. Un examen sommaire des lieux fit apparaître qu’ils avaient été fréquentés par “les autres”. Et les sangles du parachute avaient été sectionnées.
Un soldat appela : près d’une haie, on avait remué la terre. Pardon : on avait creusé une tombe. A sa tête, une branche fichée dans le sol, et sur la branche, on avait posé le casque du pilote et ses lunettes. Pas ses plaques, fallait pas rêver.
L’Unteroffizier arriva sur ces entrefaites. Il s’assit sur les talons face à la tombe, se frotta le menton et entreprit de se rouler une cigarette. Si les Français avaient pris le temps d’enterrer le pilote, c’est qu’ils devaient se sentir en force. Des amateurs, cependant : lui, il aurait monté une embuscade.
Des amateurs… Et qui donc irait prendre le risque d’enterrer un pilote en plein no man’s land, hein ? Sûrement pas ces… de Marocains ! Alors ? Des nouveaux ? Une nouvelle unité ?
Bon, valait quand même mieux pas s’attarder. Et tâcher de pas leur rentrer dedans, hein…
Affaire réglée. Il souffla une bouffée, se releva et emporta tout ce qui restait d’un de ces glorieux pilotes, qu’on ne voyait jamais quand on avait besoin d’eux. Au moins celui-ci avait-il été enterré… entier.

De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Douloureuse réalité
Plaine de Voïvodine
– « A l’autre bout du fil, le commandant Dumaire avait perdu ses lettres classiques, remplacées par une expression sibylline, voire carrément hermétique. Et vu que, de mon côté, j’avais les nerfs ébranlés par mes découvertes de la veille, nous nous retrouvions à échanger des mots quelques peu… tendus.
– Si ce que vous dites est vrai, capitaine, la situation est plus grave encore qu’anticipé. Nous allons nous en occuper,
– Mon commandant, je n’ai pas pour habitude de vous raconter des bobards. Et si vous ne me croyez pas, je peux toujours vous envoyer Baumann, afin qu’il vous raconte en détails ce qu’il a trouvé dans cette cave !
– Ce n’est pas ce que je voulais dire, nous allons nous en occuper.
– Je n’apprécie pas que vous fassiez contrôler mes dires.
– Je n’apprécie pas que vous le releviez !
– Nul besoin de se cacher pour savoir qu’on est surveillé.
– Possible…

Cette ambiguïté était insupportable. Dangereuse, en outre, pour moi-même et pour d’autres. Alors, je sortis de mon rôle et de mes gonds, pour obtenir enfin des réponses.
– Ecoutez-moi bien, mon commandant, parce que je ne vais pas me répéter. On m’envoie à l’abattoir, au milieu d’une armée d’assassins – d’accord. C’est… la guerre et je suis un soldat. Mais j’exige au moins que vous partagiez ce que vous savez avec moi. Afin que je puisse prendre toutes les mesures nécessaires pour la sécurité de mes hommes, sinon pour la mienne. Faute de quoi, je boucle mon escouade dans ses quartiers et j’attends que ça passe.
– …
– C’est oui ou c’est non ?
– Vous voulez vraiment mon avis ?
– Je ne demande l’avis de personne, j'énonce des faits.
– … Bien. Tout ce que je pense pouvoir vous dire, Percay, c’est que la tendance n’est pas bonne depuis longtemps déjà à Belgrade. Vous le saviez ? Eh bien c’est devenu pire, bien pire que ce que vous pensez. Le gouvernement royal s’est trouvé de nouveaux alliés, je veux dire des complices, et mène une politique à l’opposé de nos valeurs. Aujourd’hui, il n’est pas du tout certain – je répète, pas du tout – que l’armée royale yougoslave, du moins ses éléments les plus radicaux, se considère encore comme liée à nous en quoi que ce soit. Le problème, c’est que nous sommes coincés. Ces espèces… d’Assyriens veulent nettoyer leur pays de ceux qu’ils considèrent comme des étrangers. Et ça fait du monde ! Mais ils savent aussi que si demain nous les dénoncions publiquement, nous nous retrouverions dans la… fange avec eux, face aux Allemands, aux Anglais et à tous ceux qui n’attendent qu’une occasion pour ruiner toute notre position dans la région.
– Alors, je m’assois sur des cadavres pour la tranquillité des Affaires étrangères ?
– Je n’ai jamais dit cela. Prenez vos dispositions, pour ce qui regarde vos hommes notamment. Tout peut déraper à n’importe quel moment. Ne sortez plus qu’en groupe, armés et après avoir rendu compte à mes services,
– Donc nous continuons à surveiller quand même ?
– Oui. Trouvez des éléments que nous pourrons exploiter contre eux, le moment venu. Pour ça, vous avez tout pouvoir : il nous faut la preuve que Belgrade ordonne ces exactions, ou au moins que ce sont leurs propres troupes qui les commettent. Débrouillez-vous pour trouver des preuves. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons ensuite intervenir, pour un coup décisif.
»

Notes
1- Les actualités cinématographiques allemandes
2- Doctrine oblige, la Luftwaffe ne fournissait aucun passe-temps pour ses pilotes ainsi désœuvrés, ni ne les encourageait dans cette voie. Le cas n’avait pas été envisagé. A contrario, le Flight lieutenant Campbell (DFC), descendu cinq fois (un record), ne se séparait jamais d’un minuscule mais excellent dictionnaire anglais-français, dont il avait fait l’acquisition après sa seconde expérience. Il fit des progrès remarquables en vocabulaire et envisageait l’achat d’un dictionnaire anglais-allemand du même éditeur quand il fut muté comme instructeur au Canada. Quant au sergent Dickman (mitrailleur, USAF), qui dériva six jours dans le Pacifique après l’amerrissage forcé de son appareil en 1953, il menaça le magazine Playboy d’un procès car le poster central de l’exemplaire qu’il gardait sur lui n’avait pas supporté le contact avec l’eau de mer, ce qui avait nui à son moral.
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