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"Fabrice à Waterloo", Mai 1944
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FREGATON



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MessagePosté le: Sam Nov 19, 2022 17:29    Sujet du message: Répondre en citant

solarien a écrit:
C'est le scénario d'un film catastrophe à l'américaine ou à la japonaise ??

Un film catastrophe sur un avion en perdition parce que son commandant de bord qui aime les combats de gladiateur est tombé malade??
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Nov 19, 2022 18:15    Sujet du message: Répondre en citant

Je suis sérieux. Et ne m'appelez pas Shirley.
_________________
Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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FREGATON



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MessagePosté le: Sam Nov 19, 2022 18:57    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Et ne m'appelez pas Shirley.

Surely! is he coming out of the closet...?
Ici Qatar six, affirmatif!
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Nov 25, 2022 23:36    Sujet du message: Répondre en citant

3 mai
L’Esprit de la Guerre (Dennis Kolte)
Purgatoire
Un marais au sud de Bogyiszló (Hongrie)
– « Les meilleures choses ont une fin. Le régiment bougeait, donc nous aussi. Pour gagner du temps, le commandement avait décidé de récupérer tous les petits éléments isolés par moyens nautiques – c’était plus rapide, et pas forcément plus risqué, tant que les cieux restaient couverts et l’ennemi absent. D’ailleurs, passé l’embarquement – sportif, surtout sans quai et chargés comme nous étions (mais nous avions l’habitude) – la balade sur le fleuve me fit beaucoup de bien. Me rafraichit les idées. Me fit prendre de la hauteur.
Enfin, jusqu’à ce qu’Olaf vienne encore poser des questions : « C’est quoi cette histoire de Kurdistan, Herr Obergefreiter ? »
Soupir… « C’était en 41, sur l’Euphrate. J’avais passé la journée à aligner les sapeurs tommies vers un coin qu’on appelait Ar Ramadi, pour empêcher l’ennemi de traverser. Ça a duré deux jours, avant que je sois coupé du monde. Des avions, des blindés – nous, on était moins de cent, avec des Irakiens qui auraient même pas défendu leurs femmes face à leurs mères. En face, y’avait aussi des Népalais – ceux-là, fait bien attention si tu les croises. Ce ne sont pas des drôles, presque aussi bons que nous. Meilleurs, même, au corps-à-corps – enfin, je crois. »
Je continue à raconter sans trop chercher à savoir pourquoi.
– On est restés isolés trois jours, seuls dans ces roseaux, sans savoir où étaient nos camarades ni si l’ordre de retraite avait été donné. A la fin, y’avait juste mon observateur d’avant toi, il s’appelait Lothar. On s’est retrouvés à remonter vers la Turquie un peu au hasard, en uniforme irakien, en passant par le territoire kurde qui était censé nous être sympathique. C’est là que nous sommes tombés sur une patrouille de méharistes français venue du Liban. Echanges de tirs, course sous un soleil de plomb. Ils ont fini par nous coincer dans un genre de tassili [Terme impropre ici, car relevant du Sahara algérien.]. Plus trop d’eau, à peine plus de munitions. Et pas question de se rendre car on nous aurait passé par les armes.
– Je connais… Et donc ?
– Lothar a fait l’idiot. Il s’est esquivé dans l’obscurité pendant que c’était son tour de garde, pour filer vers les monts à l’est de Dahuk. Il s’y est mal pris et a fait un raffut de tous les diables – des fusées éclairantes, qu’il avait réglées pour les faire partir de ma position après son départ.

Silence.
– Les Français l’ont chopé et lui ont fait un sort. Faut dire qu’à nous deux, on avait tué sans doute une demi-douzaine de leurs gars. Moi, j’ai fait le mort et je me suis esquivé pendant le massacre. Une semaine à pied jusqu’à la frontière turque, à dormir le jour, à marcher la nuit et à boire l’eau des canaux d’irrigation comme un rat… Le coup des fusées, on va dire que c’était de bonne guerre non ? Erf ! La stratégie des phalènes, te dirait sûrement Kurt : c’est la chauve-souris qui gagne, pas l’insecte.
Nouveau silence.
– N’empêche, il est mort. Et moi, je suis encore en vie. Arh, et puis pourquoi tu poses ces questions aussi ?
C’était vrai – si je commençais à tout lui raconter, on risquait de me voir encore plus mal dans l’unité. Sans parler de la Dame. Mais Elle, pas de danger que j’en parle. »

De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Bûcher
Plaine de Voïvodine
– « Il y a des matins comme ça, où l’on sent d’instinct que quelque chose de mauvais vient de survenir. Et je ne pensais pas à ma soirée ratée de la veille avec Gabriella. Une angoisse, une impression diffuse de malheur imminent qui vous frappe la poitrine, comme un deuil par anticipation. Je sentais qu’il se passait non loin de moi des choses terribles – et je m’imaginais malheureusement déjà quoi.
Prenant avec moi dans deux Jeeps Augagneur, Baumann et quatre autres hommes, je redescendis à fond de train ces routes que je commençais à si bien connaitre, afin de faire le tour de tous les camps de réfugiés que nous avions repérés. Dans l’est de la plaine, c’était la catastrophe : maisons incendiées, corps étendus sur les routes à peine recouverts d’un drap blanc, fosses communes dans lesquelles une bande de paysans jetaient des dépouilles à la hâte avant que la Justice ou (plus sûrement) la maladie s’en mêle… Des bâtisses marquées d’une croix blanche, aussi – en réalité, plus que des bâtisses marquées d’une croix blanche. Les seules à avoir été épargnées !
Augagneur, amer : « Je les ai vu, ces sagouins, venir au camp chercher des pots de peinture ! On m’a dit que c’était pour les Jeeps ! Comme un con, je n’ai pas vu que c’était du blanc ! [Jurons que je ne saurai retranscrire ici, mais que j’approuve encore aujourd’hui.] Pourquoi ils ont pas cramé ces maisons-là ?"
Je le savais déjà. Ils n’avaient brûlé que celles des colons, des étrangers, des non-Serbes…
Et au bout de notre périple, alors que je désespérais de pouvoir utiliser mon matériel de secours, la ferme en bordure de la dune de Deliblato. Encore debout, mais apparemment abandonnée. Une odeur bizarre montait de la cave. J’entrepris d’ouvrir la porte qui y menait – la poignée me brûla la main et une bouffée de chaleur inhabituelle me sauta au visage, avant qu’une fumée rance et acide ne me force à aller tousser dehors.
Baumann prit le relais. Laissa aérer, alla chercher de l’eau pour éteindre… quoi ? Portant un seau, il descendit en premier – un geste de courage que nous ne lui imaginions pas. Le silence se fit pendant de longues minutes. Il remonta enfin, mouchoir sur le visage, un objet noirci à la main. « Descendez pas, va. Ça sert à rien. » Et il me colla entre les paumes les restes noircis du petit avion en bois que je l’avais vu construire quelques jours auparavant. Je reconnus enfin l’odeur bizarre qui m’avait assailli – on avait utilisé un lance-flammes dans la cave.
En rentrant à Kovačica, mon sergent, qui conduisait, n’était plus amer : il était furieux. Comme nous tous, c’était bien normal. C’est à ce moment que le destin ricanant plaça sur notre route le capitaine Živojin Lazović, des corps-francs de l’Armée royale, l’âme damnée de Vranješević. Avec quelques-uns des siens, visiblement très satisfait de sa journée, il allait vider plus loin quelques bouteilles d’Egri bikaver saisies dans une cave. « Le chocolat des autres est toujours meilleur que son propre chocolat » dit un proverbe.
La Jeep dévia et pila net devant eux, manquant de très peu d’en renverser certains. Augagneur en descendit pour se planter face à Lazović. Ce dernier n’avait pas bougé, une bouteille soigneusement calée sous son aisselle et arborant son plus grand sourire. Auquel mon Français répondait par son expression la plus sinistre. Le Serbe articula alors doucement : « Tu rêves de me casser la gueule, pas vrai ? » Il hocha la tête lui-même pour ajouter immédiatement : « Ben va te faire en…ler, toi et ton armée de merde. T’es chez nous ici, tu fais pas ta loi. » Sur ces élégantes paroles, il souffla son mépris sur la rage de son adversaire avant de tailler la route, fier de son grade supérieur qui semblait le protéger de toute correction.
Augagneur resta là un moment, immobile, sans que je sache quoi faire. Et quand il a finalement cessé de fixer le sol, les poings toujours serrés, il m’a simplement dit : « Il va falloir m’aider, mon capitaine. Les lignes entre amis et ennemis se brouillent un peu, de là où je suis. » »
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Hendryk



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 07:23    Sujet du message: Répondre en citant

La colère bien compréhensible du sergent Augagneur me remet en tête une citation de Cioran:

Citation:
On se méfie des finauds, des fripons, des farceurs; pourtant on ne saurait leur imputer aucune des grandes convulsions de l'Histoire; ne croyant en rien, ils ne fouillent pas vos cœurs, ni vos arrière-pensées: ils vous abandonnent à votre nonchalance, à votre désespoir ou à votre inutilité; l'humanité leur doit le peu de moments de prospérité qu'elle connut. Ce sont eux qui sauvent les peuples que les fanatiques torturent et que les "idéalistes" ruinent. Sans doctrine, ils n'ont que des caprices et des intérêts, des vices accommodants, mille fois plus supportables que les ravages provoqués par le despotisme à principes; car tous les maux de la vie viennent d'une "conception de la vie". Un homme politique accompli devrait approfondir les sophistes anciens et prendre des leçons de chant - et de corruption... Le fanatique, lui, est incorruptible: si pour une idée il tue, il peut tout aussi bien se faire tuer pour elle; dans les deux cas, tyran ou martyr, c'est un monstre. Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance: les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête.

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With Iron and Fire disponible en livre!
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Anaxagore



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 09:20    Sujet du message: Répondre en citant

Ce passage me rappelle la série anglaise "Warrior" qui raconte l'enfer des soldats anglais déployés en Bosnie.

Il faudrait replacer le moment le plus horrible de la série. celui où un officier anglais doit convaincre un Serbe de lui laisser sauver un Bosniaque encore en vie sur un tas de cadavres... le Serbe finit par accepter et l'Anglais doit escalader le tas de cadavre puis redescendre en portant le survivant...
J'ai du voir cette série il y a plus de vingt ans et en écrivant ces lignes je me suis remis à pleurer.
D'ailleurs dans le dernier épisode de la série, l'officier tente de se suiccider, hanté par ce souvenir (et les autres atrocités dont il avait été témoins) et c'était pourtant un vétéran de l'Ulster à son arrivée en Bosnie. mais rien ne peut vous préparer à tant d'horreurs.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 09:43    Sujet du message: Répondre en citant

Excusez le retard de réponse ... Hier, le Racoon a fêté sa vieillesse avec le champagne offert par un client (notamment) et s'est endormi ... rapidement, après.
Bon bref, un peu d'humour parce que le sujet (parfaitement OTL) n'est pas drôle. Anaxagore a parfaitement raison, et je suis flatté de voir que nous avons les mêmes références. Même si dans la série, c'est une game-boy qu'il extrait du tas de chair, pas un avion ...
Si l'on veut bien regarder au 30 janvier, on a d'ailleurs aussi ca :
Citation:
30 janvier
De Sparte à Teutoburg (capitaine Pierre Percay)
Méthodes discutables
Belgrade – « J’étais une fois encore en vadrouille avec mes lépreux sur les bords de la Save, non loin des lignes de cette 1 ère Division yougoslave que je connaissais si bien auparavant. Je dis bien auparavant car, vers stružnica, j’avisai un curieux manègesur la rive du Danube : une jeep remorquant un camion rempli d’une cargaison étrange, hétérogène et multicolore, que personne ne semblait vouloir décharger.
Curieux, je décidai d’aller voir de plus près, en compagnie de ma troupe.
Sur place, je trouvai une fois encore – et cela commençait à devenir franchement désagréable – le capitaine Živojin Lazović, des tout nouveaux corps-francs de l’Armée royale – des gens de sac et de corde dont le ralliement était évidemment opportuniste. Lazović rapportait, avec l’aide de ses hommes de l’ancien corps de Smederevo, un empilement de ce que j’identifiai aisément comme des cadavres, de nombreux cadavres, entassés comme des bûches sur le plateau d’un antique camion hongrois dont le moteur avait rendu l’âme. Pourquoi pareille mise en scène, aussi macabre et inhumaine ? Avec un sourire ravi de mon horreur, mon hôte me précisa qu’il s’agissait de ses « prises de la semaine ». En effet, le ravitaillement de son unité (et surtout son allocation d’armes et de munitions) était fonction de son efficacité – c'est-à-dire du nombre de tués dont elle pouvait se prévaloir. Le major Vranješević devait certainement évaluer tous ses subordonnés à cette même aune… Je me rappellerai toujours le mince ruisselet de sang qui coulait du plateau, alors que je faisais, à quelque distance, le tour de l’engin. Dessus, un empilement de chair en uniforme : Hongrois, Allemands, collaborateurs serbes… Quelques Croates aussi, et
deux ou trois individus sans insigne visible. Lazović me suivait en commentant l’origine des corps, avant de terminer par : « En tout, 39 ennemis morts, plus un blessé. »
Un blessé ? Il pourrait peut-être m’informer sur les méthodes de mes bons amis serbes. « Où est-il ? » La réponse vint avec une sincérité inattendue et désastreuse :« Ah mais là-dedans ! Avec les autres ! »
On aurait pu m’annoncer qu’Athènes avait basculé dans la mer Egée que cela ne m’aurait pas fait un autre effet. Un homme vivant dans ce charnier ! « Là-dedans ? Où ça ? » « Oh, je n’en sais rien en vérité – au fond, vers la droite, je crois. Il faudrait le chercher… » Le tout avec un œil goguenard et sur un ton de défi parfaitement clair – mais j’avais déjà pataugé dans la mort à Crveni Krst. Et je l’ai cherché, malgré les préventions de Dennoyeur, qui craignait un piège, une maladie, une mort idiote d’un coup de baïonnette… que sais-je encore. Sous les regards silencieux et peut-être
amusés d’une foule de miliciens et de mes hommes, qui, eux, gardaient le silence. Il me fallut dix minutes de recherches dans la puanteur et les mouches avant de réussir à extraire un soldat hongrois – peut-être un déserteur, dans ce secteur – gémissant de douleur, avec une balle dans le poumon. Je le soulevai d’un effort violent et le descendis du camion – un brancard mis en place par mes lépreux attendait déjà, sans que je l’eûs demandé. Ce fut le seul aspect positif de cet épisode écœurant.
Le Hongrois emporté, j’avais dépassé le stade de la colère pour atteindre celui de la rage pure. Mon uniforme maculé comme un tablier de boucher, j’attrapais virilement Dennoyeur par l’épaule : « Dites-moi, caporal, vous parlez bien serbo-croate ? » – « Euh, oui, au moins aussi bien que vous, mon capitaine, et peut-être même un peu mieux. » Je le poussai en avant vers Lazović, qui m’observait avec curiosité, en lançant « Parfait ! Vous allez traduire ma pensée, je crains de perdre mes mots… Et surtout, ne déformez en aucune façon ce que je vais dire. »
Suivit une longue énumération jetée à la face du milicien, traduite au fur et à mesure par mon caporal, d’une voix parfois un peu étranglée mais qui resta néanmoins ferme jusqu’au bout, je dois le reconnaître. Il fut successivement question de la profession de la mère de Lazović, de l’orientation sexuelle de son père, de l’intéressant résultat du croisement que constituait sa fratrie, du respect que m’inspirait sa Nation et de bien d’autres choses encore, en des termes que la morale réprouve vraisemblablement aujourd’hui – mais certainement pas hier. Au sommet de ma harangue, j’entrepris même de déboutonner mon pantalon pour lui proposer de comparer nos virilités respectives, histoire de voir qui de nous deux tenait plus de l’homme, et qui de la femme… ou de l’animal.
Je n’en eus pas l’occasion – le Serbe, rendu furieux par mes insultes, sortit un poignard qu’il pointa sur ma poitrine. Mais cela ne m’effrayait plus – je fis un pas vers sa lame en hurlant (en français) : « Mais tue-moi donc, raclure ! Ça ne te fera qu’un assassinat de plus ! » Un long silence menaçant s’installa. Dennoyeur me considérait avec des yeux aussi ronds que ses lunettes. Achraf, d’un geste bizarrement mécanique, prit son fusil à la main. Un geste rapidement imité par tous, Serbes comme Français. En revanche, nul ne regardait Augagneur, qui restait nonchalamment appuyé contre un arbre – le doigt sur la détente de son pistoletmitrailleur accroché à son épaule et déjà pointé dans la direction des Serbes…
Je sondai l’âme du capitaine Lazović au plus profond de ses yeux. Et je le vis
clairement hésiter. J’aime à penser que ce fut ma détermination qui le fit reculer – même si ce fut beaucoup plus probablement la certitude que les pires ennuis s’abattraient sur lui et sa troupe d’assassins s’il portait atteinte à ma personne. Il rengaina son arme, cracha son mépris sur le sol et s’éloigna à reculons, sans me quitter des yeux. Quand lui et ses hommes eurent disparu, Augagneur vint vers moi avec le sourire tranquille d’un pilier de comptoir après une beuverie : « Hé ben mon capitaine ! Je vous prenais pour un tendre, mais là… franchement, respect ! » Une maigre consolation. »


Voilà voilà ... Et le coup du prisonnier qu'on descend à la barrière que j'ai raconté, ca ne t'en rappelle pas un autre ? Dans les bois, à l'arrière de l'APC ?
Bref, cette série que je n'ai vu qu'une fois m'a marqué. Assez pour vouloir, selon ma formule de l'époque, 'tout raser chez eux à hauteur du sol, en récitant de l'araméen, avant de répandre du sel partout sur la terre'.
Il n'y a aucune raison que les serbes de 92 vers Brcko se comportent mieux que les serbes de 44 en Voivodine. Surtout que les titistes n'ont pas fait mieux dans notre univers Oh non ! Et c'est pas fini d'ailleurs...

Citation:
Point d'êtres plus dangereux que ceux qui ont souffert pour une croyance: les grands persécuteurs se recrutent parmi les martyrs auxquels on n’a pas coupé la tête.

Excellent.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 09:49    Sujet du message: Répondre en citant

Ah oui crotte ! Rien pour Dennis et son histoire (peut-être arrangée) en Irak ? La stratégie des Phalènes, c'est le fait d'être constamment attiré par la lumière et en imaginant que ca va faire fuir les chauve-souris. Evidemment, ce sont elles qui gagnent à la fin - comment donc, se griller tout seul en recherche de gloire et d'attention.
Un excellent album de Kogaratsu.

Et pour Dennis, j'ai bien repris la chrono de 41. On comprend mieux pourquoi il se méfie de ses observateurs. Même si Feu-Lothar (ou une déesse bien informée) aurait sans doute un avis sur la question. C'est sa version qu'il raconte, pas forcément la vérité. Ca peut être sa vérité, qu'il s'est forgée pour effacer certains sentiments coupables. Quoi qu'il en soit, Dennis n'est pas forcément sympathique en soi. Son intelligence et les circonstances - plus une certaine culture - le rendent sympathique, et/ou intéressant. Mais ca n'en reste pas moins un brandenburger, ancien nazi désabusé ayant troqué ses certitudes raciales contre un certain complexe de supériorité. Le genre à penser que les Dieux s'intéressent à lui quoi Smile

Olaf est beaucoup moins hon que ce que Dennis écrit. C'est juste un russe blanc de l'Abwehr, engagé assez stupidement et qui rêve de se faire accepter parce qu'il n'a qu'une peur : se retrouver chez les ostruppen, en stalag ou pris par les russes. Ca fait trois je sais - il a des raisons d'être inquiet.
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John92



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 12:26    Sujet du message: Répondre en citant

...
En face, y’avait aussi des Népalais – ceux-là, fait (fais ??) bien attention si tu les croises.
...
– Lothar a fait l’idiot. Il s’est esquivé dans l’obscurité pendant que c’était son tour de garde, pour filer vers les monts à l’est de Dahuk. Il s’y est mal pris et a fait un raffut de tous les diables – des fusées éclairantes, qu’il avait réglées pour les faire partir de ma position après son départ.[/i]
Silence.
– Les Français l’ont chopé et lui ont fait un sort. Faut dire qu’à nous deux, on avait tué sans doute une demi-douzaine de leurs gars. Moi, j’ai fait le mort et je me suis esquivé (échappé ? ) pendant le massacre.
...
– N’empêche, il est mort. Et moi, je suis encore en vie. Arh ( Ach ???), et puis pourquoi tu poses ces questions aussi ?
...
« Il y a des matins comme ça, où l’on sent d’instinct que quelque chose de mauvais vient de survenir. Et je ne pensais pas à ma soirée ratée de la veille avec Gabriella. Une angoisse, une impression diffuse de malheur imminent qui vous frappe la poitrine, comme un deuil par anticipation. Je sentais (J’avais l’intuition ? ) qu’il se passait non loin de moi des choses terribles – et je m’imaginais malheureusement déjà quoi.
Prenant avec moi dans deux Jeeps Augagneur, Baumann et quatre autres hommes, je redescendis à fond de train ces routes que je commençais à si bien connaitre, afin de faire le tour de tous les camps de réfugiés que nous avions repérés. Dans l’est de la plaine, c’était la catastrophe : maisons incendiées, corps étendus sur les routes (chemins ?? bof, bof ) à peine recouverts d’un drap blanc, fosses communes dans lesquelles une bande de paysans jetaient des dépouilles à la hâte avant que la Justice ou (plus sûrement) la maladie s’en mêle…
...
La Jeep dévia et pila net devant eux, manquant de très peu d’en renverser certains. Augagneur en descendit pour se planter face à Lazović. Ce dernier n’avait pas bougé, une bouteille soigneusement calée sous son aisselle et arborant son plus grand sourire. Auquel mon Français répondait par son expression la plus sinistre. Le Serbe articula alors doucement : [i]« Tu rêves de me casser la gueule, pas vrai ? »
Il hocha la tête lui-même pour ajouter immédiatement : « Ben va te faire en…ler, toi et ton armée de merde. T’es chez nous ici, tu fais pas ta loi. » Sur ces élégantes paroles, il souffla son mépris sur la rage de son adversaire avant de tailler la route, fier de son grade supérieur qui semblait le protéger de toute correction.
Augagneur resta là un moment, immobile, sans que je sache quoi faire. Et quand il a finalement cessé de fixer le sol, les poings toujours serrés, il m’a simplement dit : « Il va falloir m’aider, mon capitaine. Les lignes entre amis et ennemis se brouillent un peu, de là où je suis. » »
Ne pourrait-il pas y avoir quelques obus de mortier qui se perdent ? Désolé du HS mais ce passage m'a un peu remué
...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 12:31    Sujet du message: Répondre en citant

Pauvre John, tu n'as pas fini ! Mais bon, laisse le temps au temps.
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John92



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 12:37    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Pauvre John, tu n'as pas fini ! Mais bon, laisse le temps au temps.

Ben justement, dans toutes ces horreurs, ne pourrais-tu pas te débrouiller pour que, tel un drone ukrainien, un ange passe et largue quelques trucs pas cool sur ces affreux?
De plus ca te permettrait de placer une référence à une phrase culte:
"Je ne dis pas que c'est pas injuste, je dis que ça soulage !"
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 12:38    Sujet du message: Répondre en citant

On fait dans le réaliste malheureusement. Mais attends la suite.
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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 12:39    Sujet du message: Répondre en citant

Puis je te trouve injuste. Franchement, en 92, ils avaient l'air sympa.


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Etienne



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 13:28    Sujet du message: Répondre en citant

Comme John, ça me secoue, tes écrits, Daniel. Je comprends que ça puisse t'aider mentalement, mais extérieurement, c'est difficile à supporter, même si c'est réel, ou basés sur des faits réels.

ça fait longtemps que je ne crois plus en l'Homme Bon, mais de là à devoir encaisser les pires vilenies des pires de tous...

J'en ai suffisamment avec ce qui se passe aujourd'hui encore...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Nov 26, 2022 13:35    Sujet du message: Répondre en citant

Ce n'est pas du catharsis - c'est simplement du récit. Et malheureusement documenté.
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