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Le Front Russe, Avril 1944
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John92



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MessagePosté le: Ven Sep 02, 2022 11:05    Sujet du message: Répondre en citant

....
Et même cela dépendra aussi, voire avant tout, de l’activité soviétique . Certes, il serait préférable de travailler de jour ! On voit mieux ce qu’on fait, le personnel est moins fatigué… Mais, en déchargeant de nuit, il n’aura pas à craindre d’être pris pour cible par des avions soviétiques (rouges? ) sans pouvoir manœuvrer.

S’en prendre aux Allemands ) sur le chemin du retour, en plein jour, semble chimérique – les destroyers de Zozulya seront repérés par les patrouilles aériennes allemandes (nazies/fascistes? ) bien avant d’atteindre les transports, et ils devront à coup sûr se défendre contre des bombardiers !
...
Karl Dönitz sent venir le vent : puisque, finalement, l’essentiel est sauf et Memel ravitaillé (ravitaillée?? ), on va lui demander pourquoi il n’approvisionne pas la ville de façon plus abondante et régulière.
...
_________________
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Sep 02, 2022 12:09    Sujet du message: Répondre en citant

Merci !
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Sep 03, 2022 10:41    Sujet du message: Répondre en citant

17 avril
Armée Rouge
Promotions pour services rendus
Moscou
– A présent que la situation sur les fronts polonais et carpatiques semble enfin stabilisée pour de bon, la Stavka prend le temps de récompenser ses soldats avant la prochaine offensive. En l’espèce, elle sanctionne l’excellent comportement de cinq grandes unités :
– La 37e Armée de Vasily Chuikov, première armée soviétique à être entrée dans Varsovie, est promue 10e Armée de la Garde. Même si elle n’a conquis que la partie est de la capitale polonaise et n’y est restée que fort peu de temps, elle a réalisé un vieux rêve de l’actuel locataire du Kremlin…
– La 2e Armée blindée de Serguei Bogdanov, décisive face à Friedericus II en perçant le flanc de la bête fasciste, devient pour l’histoire la 1ère Armée blindée de la Garde.
– Le 11e Corps Blindé d’Ivan Vasilev, une fois encore héroïque – cette fois devant les Panther à Chrząchówek – est rebaptisé 7e Corps Blindé de la Garde Lublin.
– Enfin, les 3e et 4e Corps Mécanisés (Ivan Dubovoy et Mitrofan Zinkovich), qui font respectivement partie de la 1ère Armée Blindée de la Garde et du si précieux groupement Pliev, deviennent les 1er et 2e Corps Mécanisés de la Garde.
Evidemment, ces prestigieuses unités bénéficieront, dans les mois à venir, de toutes les attentions de la logistique comme de la planification soviétiques. Leurs soldats peuvent donc s’attendre à recevoir le meilleur matériel (dont les premiers chars lourds IS-2) pour être en pointe lors de l’assaut final contre le Reich.


18 avril
Aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Moscou
« Puis ce furent les promenades dans la ville, la visite du musée de Lénine, le cinéma, le Cocktail Hall de l’avenue Maxime Gorki, les réceptions à la mission militaire, les sorties avec quelques autres rescapés de la Franche-Comté qui racontaient simplement à qui voulait l’entendre l’héroïque geste qui nous avait conduit de la Méditerranée à la Vistule.
Luxe, chaleur, bien-être, tout cela semblait ne devoir jamais finir quand, un soir…
– Sauvage, Marchi, de Geoffre et tous les autres, faites vos bagages. Départ à 19 heures en voiture, direction Vnukovo.
Petit regret, petit pincement au cœur : déjà finie cette vie de touriste ! Qu’il était bon le vin blanc du général Petit ! Qu’elles étaient pleines et drôles et vivantes ces nuits passées dans l’étude des différentes qualités de vodka avec Champenois le journaliste, Ehrenbourg l’écrivain, et De Seyne, Saint-Marceau, Pouliquen, de Pange et d’autres ! Adieu amis moscovites, adieu trêve, havre, halte dans cette course à la mort ; nous ne sommes pas venus ici avec des billets d’Intourist. »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)


19 avril
Baltique
Commandos
Entre deux eaux
« La pluie tinte sur les vagues de la Baltique – mais par 20 mètres de fond, le sous-marin Shch-323 s’en moque, alors qu’il approche de l’isthme séparant la Baltique de la lagune de Courlande (où se jette le Niémen, 44 km en amont). Dans son compartiment avant, au milieu des torpilles, quatre hommes se préparent avec l’aide de marins en uniforme blanc (très) sale. Ils revêtent de lourdes combinaisons – assez peu fiables, il faut le dire… Mais elles devraient néanmoins leur permettre, si tout va bien, de sortir du submersible puis de nager jusqu’à la côte sans que le bâtiment ait à s’exposer ou risque de donner l’alerte aux Fascistes en faisant surface. Le Shch-323 reviendra dans trois jours, à la nuit tombée, pour les récupérer – il faudra être au rendez-vous, car il n’attendra pas.
L’un après l’autre, les hommes de la ROSNAZ-KBF montent dans les tubes lance-torpilles, dont les portes sont aussitôt fermées. L’eau emplit les tubes… « Tube 1 paré pour mise à l'eau nageur ! »… Tube 2, tube 3, tube 4… Puis « Ouverture porte tube 1, sortie nageur ! » Ouverture porte tube 2, tube 3, tube 4… Et en compte rendu : « Tube 1, nageur en route. » Tube 2, tube 3, tube 4… »

(Yuriy Strokhnine, Commandos in the Baltic and Danuba : Soviet Naval Spetsnaz in World War II, Naval Institute Press 1996)

Partisans… et autres
Pour la forme
Cracovie
– Stefan Bandera arrive enfin dans la capitale du Gouvernement général – un long et pénible voyage, mais il est vrai que le pays a connu récemment quelque agitation. Là, en territoire anciennement polonais, le chef historique de l’ONU doit rencontrer plusieurs envoyés des services secrets allemands – essentiellement de l’Abwehr. Certes, ce service est en déshérence, mais la SS a déjà montré qu’elle se désintéressait de tout ce qui n’impliquait pas que des éléments s’engagent à porter l’uniforme noir.
Direction, donc, la tanière de vieux amis : l’AbwehrKommando-202, donc les membres les plus éminents sont Yuriy Demyanovich Lopatinsky (médecin-chef de feu le bataillon ukrainien de l’Abwehr), Vasily Chizhevsky (aide de camp de Roman-Taras Yosypovych Shukhevych, le fameux massacreur de Polonais… et de policiers collaborateurs, mais ce dernier point est oublié, semble-t-il) et le lieutenant Dietrich Witzel Kirn, des commandos Brandenburgers (il a réussi à s’échapper des Balkans pour venir aider ses vieux amis du bataillon Nachtigall). Il s’agit bien d’une section ad-hoc, justement chargée dans un premier temps de prendre contact avec le chef de guerre Shukhevych, afin d’unifier les mouvements nationalistes sous l’égide du Reich. Une tâche bien ardue, au vu du personnage… mais il ne coûte rien (ou pas grand-chose, du moins pour Berlin) d’essayer !


20 avril
Hongrie – Ruthénie
L’art d’accommoder les restes
Lvov (arrières du 1er Front Ukrainien, RSS d’Ukraine)
– En dépit des résultats… limités de son appel du 15 avril et de la déprime toujours plus visible qui l’assaille, les Soviétiques n’ont toujours pas renoncé à tirer quelque chose d’utile du major-général Béla Miklós Dálnoki. Aujourd’hui, l’URSS fait donc au général déchu une offre en or : la possibilité de former un authentique contre-gouvernement hongrois en exil, sur le modèle de… plusieurs autres nations des Balkans, afin de préparer dès à présent un nouveau soulèvement (qui sera forcément victorieux) puis la libération de sa nation. Dans cette perspective, Dálnoki aurait alors les pleins pouvoirs sur son pays – dans les limites du raisonnable, limites fixées par Moscou évidemment.
Le Magyar n’est pas vraiment flatté… De quoi parle-t-on au juste ? Il n’a déjà pas de quoi former une division autonome, alors un gouvernement ! Mais il veut bien discuter – comme tout bon Hongrois qui se respecte, et ne serait-ce que pour la forme.

Guerre secrète
Intoxication
Budapest
– Le SS-Obersturmbannführer Otto Skorzeny s’est confortablement installé dans l’ancienne propriété de la princesse Stéphanie de Belgique. L’endroit sert de QG à l’antenne locale de la Schutzstaffel – la noble dame, faut-il le préciser, n’a pas eu son mot à dire… Le redoutable chef du 502. SS-Jäger-Bataillon y cherche à présent de quoi faire oublier son relatif échec lors de Margareth/Panzerfaust. Car si, dans cette affaire, tout s’est finalement bien terminé (et encore !) pour le Reich, c’est loin d’être du fait de son unité…
Et voilà justement qu’on reparle de ce fameux Kessel Scherhorn, avec ces braves soldats du Reich perdus aux environs de Hrodna, en Biélorussie. Le lieutenant-général Reinhard Gehlen remue à nouveau ciel et terre afin qu’on aille à son secours !
Tout SS qu’il est, et malgré sa faveur toujours réelle auprès de ses chefs, Skorzeny ne peut vraiment pas se permettre de décliner une telle mission. On risquerait de dire de lui qu’il est faible, voire incompétent. Or, il n’a pas pris la place de Pieter van Vessem pour finir comme lui ! Alors va pour Hrodna – même si toute cette affaire ne lui plaît guère. La mission d’évaluation devrait partir d’ici une semaine.
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Imberator



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MessagePosté le: Sam Sep 03, 2022 22:30    Sujet du message: Répondre en citant

On avait discuté du possible anachronisme du mot intoxication et je ne me souviens pas de ce qu'on avait décidé d'en faire.
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Point ne feras de machine à l'esprit de l'homme semblable !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Sep 03, 2022 22:43    Sujet du message: Répondre en citant

En intertitre, même s'il est anachronique (ce dont je doute), on peut l'utiliser.
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Casus Frankie

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MessagePosté le: Dim Sep 04, 2022 08:43    Sujet du message: Répondre en citant

On l'a pas mal utilisé dans chrono, annexes et appendices.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Sep 04, 2022 10:44    Sujet du message: Répondre en citant

Imberator a écrit:
On avait discuté du possible anachronisme du mot intoxication et je ne me souviens pas de ce qu'on avait décidé d'en faire.


C'st Intox qui est anachronique. "L'intoxication" est d'ailleurs le titre d'un livre de Pierre Nord sur les méthodes de manipulation pendant la Seconde Guerre Mondiale (comme l'opération Mincemeat). Le terme intoxication était déjà d'usage courant OTL parmi les officiers du renseignement gaulistes. Donc en FTL il devrait être adopté. La première mission d'Intoxication des services de renseignement français est antérieur au POD: Deux officiers français sont capturés pendant la Drôle de Guerre. Leur équipement est analysé et on découvre que leur masque à gaz continet un filtre d'un modèle inconnu... les Nazis s'alarment pensant que les Français ont développé un nouveau gaz de combat et modifient leur masques à gaz en ajoutant un nouveau filtre... sauf que le filtre ajoute neutralise l'effet du charbon actif contenu dans les masques allemands;.; c'était une opration d'Intoxication.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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John92



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MessagePosté le: Dim Sep 04, 2022 18:13    Sujet du message: Répondre en citant

...
Il s’agit bien d’une section ad-hoc (ad hoc ? ), justement chargée dans un premier temps de prendre contact avec le chef de guerre Shukhevych, afin d’unifier les mouvements nationalistes sous l’égide du Reich.
...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Sep 24, 2022 20:13    Sujet du message: Répondre en citant

21 avril
Baltique
Du monde pour Memel !
Dantzig
– Dans la tristesse d’un port sous loi martiale, un lourd convoi s’assemble sous la pluie. Le Grand Amiral Dönitz a fait les choses en grand : cinq transports (les SS Donau, Isar, Moltkefels, Neidenfels et Warthe), couverts par les croiseurs légers Nürnberg et Leipzig, la 4e Flottille de Zerstörer (Z-23, Z-29, Z-30), la 8e Flottille de Torpilleurs (T-5, T-12, T-13) et la 2e Flottille de S-Boots. C’est qu’il faut acheminer à Memel toute une division de Grenadiers du Peuple… Une division toute neuve, la 237. VolksGrenadier ! L’escorte sera sous les ordres du contre-amiral Otto Klüber, lequel a mis son pavillon sur le Leipzig, qu’il a autrefois commandé – souvenirs, souvenirs.
Les cargos sont tous récents – Dönitz pourra faire valoir qu’il a choisi des bâtiments modernes pour renforcer Memel ! Le Donau et l’Isar (du Norddeutscher Lloyd), port en lourd : 11 000 tonnes, donnent 14 nœuds. Les Moltkefels et Neidenfels (de la Hansa), port en lourd : 10 300 tonnes, peuvent monter à 16 nœuds. Le Warthe (ex-norvégien Bratland saisi sur cale à Lübeck), port en lourd : 8 500 tonnes, fait 14 nœuds. Ils pourront accoster tous en même temps au quai de Memel, qui fait 800 mètres – il ne faudra quand même pas trop les écarter. Les moyens de levage de ces navires sont puissants. Les quatre premiers ont en particulier une bigue de 15 tonnes à la cale II. Chacun pourra donc débarquer deux Hetzer (ce blindé pèse 16 tonnes en ordre de marche, mais en le chargeant sans ses munitions et en jouant sur la marge de sécurité des apparaux de manutention – 2 à 4 tonnes – ça ira !). Vu la situation, nécessité fait loi ! En plus des Hetzer, du reste du matériel lourd et des munitions de la 237. VGr, chaque bâtiment embarquera 1 600 hommes environ. Ils seront quelque peu entassés dans l’entrepont, mais on est en guerre, la traversée ne durera qu’une nuit et le Guide suprême le veut ! Il restera même de la place pour des provisions de bouche…
Evidemment, avec autant de bons Allemands à bord, on redoute une action adverse. C’est pourquoi, au même moment, à Gotenhafen le vice-amiral Oskar Kummetz a fait mettre le Tirpitz en personne en alerte. Escorté par la 7e Flottille de Zerstörer (Z-31, Z-32, Z-33, Z-37) et la 1ère Flottille de S-Boots, le cuirassé appareillera quelques heures après le convoi (et plus tôt, bien sûr, en cas de signalement d’une force ennemie). Il sera alors bien placé pour couvrir les transports, si d’aventure les Rouges tentaient de s’en prendre à eux. Il s’agit d’apprendre aux marins communistes qui domine vraiment la Baltique !

Du bon usage d’une flotte qui ne doit pas courir de risque
Leningrad
– L’amiral Tributs et son état-major ont finalement obtenu l’accord de Moscou pour donner une suite à Gloire Polaire. Une suite très différente de la première partie, dont l’exécution avait fini par être confiée à l’aviation… En effet, après cette expérience et en tenant compte des renseignements apportés par les unités de reconnaissance, il est clairement apparu que les Allemands ont mis en place une étroite surveillance de la Baltique entre la Courlande et l’île suédoise de Gotland. Une surveillance telle que – sauf coup de chance – il ne semble guère possible pour une escadre de quelque importance de déboucher dans la partie ouest de cette mer sans avoir été signalée. Et il n’est pas question de compter sur la chance quand il s’agit des grands croiseurs de la Flotte du Drapeau Rouge !
Cela veut dire qu’il faut, en pratique, renoncer à détruire un convoi entre Dantzig et Memel, à l’aller comme au retour, par une action navale – sauf à espérer une performance extraordinaire des vedettes rapides basées en Courlande ou des sous-marins. Alors, que faire de ces trois beaux croiseurs et des quatorze destroyers modernes qui les appuient ?
Puisque les convois semblent impossibles à intercepter, l’idée de Tributs est de frapper le port lui-même. Après tout, les Allemands lui ont donné l’exemple avec leur action contre Liepaja et Ventspils, quelque mois plus tôt. Trente-six pièces de 152 mm crachant durant une heure devraient avoir un certain effet sur Memel, son port et ses personnels… Et puis, si l’on intervient dans la foulée du déchargement d’un convoi, on peut espérer détruire une partie des matériels débarqués.
Les six destroyers de classe Ognevoy, basés à Riga sous les ordres du contre-amiral Zozulya, partiront en éclaireurs. Les croiseurs et les huit autres destroyers, sous les ordres du contre-amiral Isakov, suivront. Et les vedettes de Courlande couvriront l’opération à distance.

Cap sur Memel
Dantzig, 22h30
– Départ du convoi Klüber – avec un peu de retard lié aux difficultés d’assemblage de la flotte, à des délais de chargement allongés à cause d’une alerte aérienne (sans suite), à une pénurie chaque jour plus tenace de carburant et… aussi aux contraintes de sécurité, attendu que cette fois-ci, l’état-major de la Kriegsmarine a insisté pour draguer encore plus largement que d’habitude et pour sillonner les abords du port à la recherche d’une mine ou d’un sous-marin ennemi. Eu égard à ce qui est en jeu, Dönitz tient à ne pas prendre le moindre risque – on le comprend. Bah ! Le convoi sera un peu en retard, mais il y a pire.
Toutefois, malgré les efforts des M-Boots qui déploient une agitation véritablement frénétique, le départ du convoi ne passe pas inaperçu des Soviétiques – en l’espèce du Shch-318. Ce dernier devra néanmoins attendre le lever du jour pour pouvoir faire surface et informer Leningrad, après un nouveau délai dû à une radio défectueuse !

Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Renforts
Vnukovo
« « Messieurs de la Franche-Comté, dans moins d’un mois, nous serons à nouveau au front, je vous le jure. En attendant, patientez, préparez-vous. J’attends encore cinq pilotes qui doivent arriver dans quelques jours. Je créerai alors une formation mixte de réserve et d’entraînement qui prendra le nom d’escadrille Montbéliard. On m’annonce également l’arrivée, dans les premiers jours de mai, de dix Yak-9 à canons de 37 mm pour test – et, à la fin du mois, de quelques Il-10 – le successeur de l’Il-2 – pour évaluation aussi. Ne piaffez pas. Les choses sérieuses ne vont plus tarder. Bientôt, nous repartirons en missions de guerre. »
Sur ces paroles réconfortantes, le colonel Martial Valin, qui nous avait réunis, lève la séance. Le moral était assez médiocre. Cette attente, qui nous laissait le loisir de ressasser échecs et disparitions, nous aigrissait. Il nous semblait que nous n’avions plus rien à apprendre. Faute de nous détendre, nous étions donc fin prêts pour retourner frapper l’Allemand d’estoc et de taille. Assez de jeu. Nous voulions retourner au travail ! Mais cette nervosité, cette langueur, venaient en un clin d’œil d’être effacées par la promesse du colonel Valin. »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)


22 avril
Baltique
Haute surveillance
Au large de Gotenhafen, 01h30
– Le Tirpitz et son escorte ont appareillé. A bord du dernier grand navire du Reich, le vice-amiral Oskar Kummetz, qui commande l’escadre, et le Kapitän zS Hans Meyer, “pacha” du bâtiment, ont un invité dont ils se seraient bien passés… Le GeneralAdmiral Otto Schniewind, chef de la Flotte de Baltique, lequel a désiré prendre l’air du large (et aussi s’assurer que le cuirassé ne courra pas plus de risque que nécessaire).
Tous trois seraient cependant ravis d’apprendre que, dans la nuit, la sortie de leur navire a échappé aux submersibles russes de garde, coincés sous l’eau par les chasseurs de sous-marins, sur les dents ces temps-ci.

Opération Gloire polaire (deuxième round)
Riga, 08h30
– Les destroyers Obraztsovy, Okhotnik, Osmotritelny, Otlichny, Otvazhny et Zhdanov (classe Ognevoy) appareillent et mettent aussitôt cap au nord-ouest, à 20 nœuds. Le contre-amiral Fyodor Vladimirovich Zozulya a mis son pavillon sur l’Okhotnik (qui, comme les Otlichny et Otvazhny, possède un nouveau radar offert par les Anglais).
………
Tallin, 08h30 – Les croiseurs Chapaev, Chkalov et Zhelezniakov, accompagnés des destroyers Storojevoy, Slavny, Skory et Smertlivy (Type 7) et Odaryonny, Otverjdyonny, Surovoj et Svirepoj (Type 30) appareillent, couverts par une foule de dragueurs et de bâtiments anti-sous-marins légers. Ils ont pris l’habitude de prendre la mer ainsi tous les deux ou trois jours sous prétexte d’exercices afin de dérouter la foule de traîtres qui habitent encore la capitale de la RSS d’Estonie… Dragueurs et chasseurs de sous-marins n’iront évidemment pas jusqu’à Memel : il est prévu qu’ils abandonneront l’escadre principale au large de la Lettonie.
L’avance prise par le convoi fasciste empêche, comme prévu, d’espérer l’intercepter. D’ailleurs, le contre-amiral Ivan Stepanovich Isakov, qui a mis son pavillon sur le Chapaev, sait que ses bâtiments sont bien trop onéreux pour les risquer pour un vulgaire cargo.
………
Memel, 10h30 – Le convoi Klüber arrive avec quelque retard dans le port assiégé, sous les premières gouttes d’une pluie plutôt désagréable – laquelle fait toutefois les affaires de la Kriegsmarine, car elle protège tout le convoi et son escorte d’une éventuelle attaque aérienne. Sans perdre de temps, les cargos se mettent donc flanc contre ce qu’il reste des quais et les bientôt glorieux VolksGrenadiers de Gerhard Wilck en descendent en rangs serrés pour aller garnir les lignes de défense du Reich. En passant, ils auront tout loisir de constater les destructions de la ville comme l’état de sa misérable population, sous le grondement d’une artillerie bolchévique qui donne puissamment par intermittence. On ne leur a peut-être pas fait une faveur en les envoyant ici en avant-garde des défenseurs de la Nouvelle Europe…
En chemin, ils croiseront les 2 000 (environ…) survivants du Marine Abteilung Lesewitz. Pour le coup, ceux-ci paraissent très heureux de quitter les lieux ! Et pendant qu’ils embarquent, on se hâte de mettre à terre le matériel lourd – il y a heureusement encore assez de grues en état de marche sur les quais pour aider celles des navires.
………
Au large de la Prusse Orientale, 16h00 – L’escadre du Tirpitz a passé une bonne partie de la journée à Pillau, sous la protection de la Flak (notamment celle de la batterie flottante Niobe), avant de reprendre la mer. Cinglant avec élégance sous une pluie obstinée, l’escadre va se rapprocher du convoi sur le chemin du retour, de façon à être à bonne portée pour l’aider en cas de difficulté. Elle devra se retirer au matin – les morsures des VVS sont toujours à craindre : le mauvais temps n’est pas garanti pour demain, et depuis l’été 40, il a été prouvé que le match aviation-cuirassé n’est pas équitable.
………
Memel, 21h30 – Le convoi Klüber appareille – sans retard cette fois. Si tout va bien, il sera rentré à Dantzig pour 09h00, demain matin.
………
Au large de la Courlande, 21h45 et 22h15 – La force soviétique passe à 25 nœuds à la hauteur de Ventspils, les destroyers une demi-heure devant les croiseurs et leur escorte. Tous accéléreront bientôt à 30 nœuds. Les croiseurs en sont très capables, ils pourraient même donner 35 nœuds si le besoin s’en faisait sentir. A ce rythme, ils devraient être sur l’objectif – Memel – dans environ 4 heures.
Sur l’Okhotnik, le contre-amiral Zozulya est ravi – grâce à son radar anglais, il a pu surprendre en surface vers 21h15 un U-boot en patrouille. Deux de ses destroyers, fonçant à 35 nœuds, n’en ont fait qu’une bouchée, au canon puis à la grenade ASM. Si tout va bien, l’importun n’a même pas pu donner l’alerte.
………
Au large de la Courlande, 22h00 – Le sous-marin U-250 est un Type-VIIC commandé par le KptLt Werner-Karl Schmidt, qui a vu sa période d’entraînement raccourcie pour aller monter la garde aux abords de la Courlande. Lui n’a pas vu les premiers destroyers, mais il a aperçu le groupe des croiseurs, et s’il n’a pu l’attaquer, ni même le décrire exactement, il a sonné l’alarme ! « Au moins deux croiseurs et quatre destroyers, cap au 220, 25 nœuds, carreau AO 6476. »
A bord du Tirpitz et du Leipzig, 22h25 – Sur les deux bâtiments amiraux de la flotte allemande, on vient seulement de recevoir le message de l’U-250. On fait aussitôt le rapport avec un fragment de message de l’U-994, en patrouille au large de la Courlande et signalant un contact avec l’ennemi avant d’être brutalement interrompu.
On imagine évidemment que les Rouges en veulent au convoi. Klüber décide aussitôt de se porter à la rencontre de l’ennemi avec ses croiseurs légers, ses trois destroyers et les vedettes rapides. Le convoi, escorté par les torpilleurs, ira se réfugier à Pillau.
Sur le Tirpitz, on ne s’émeut pas trop : à nombre égal de bâtiments, la Kriegsmarine doit avoir l’avantage. Mobiliser le cuirassé serait excessif – une torpille est si vite encaissée… Il est vrai qu’il semble bien que la formule « Au moins » ait disparu du message lu par Oskar Kummetz et le GeneralAdmiral Otto Schniewind…

Commandos
Presqu’île de la Vistule
« Trois jours plus tard, le Shch-323 était au rendez-vous au large de l’isthme. Et il voyait nager vers lui sous la pluie un groupe de quatre hommes assez fatigués – la section Kadurine, dont la première intervention était un franc succès ! Outre la découverte et le relevé de plusieurs sites de défense côtiers entre Memel et Königsberg (il semblait bien que les Allemands espéraient utiliser l’isthme pour approvisionner Memel !), le groupe avait effectivement repéré une anse de ravitaillement pour des vedettes fascistes naviguant sur la lagune – ses réservoirs risquaient d’avoir quelques difficultés à rendre le service attendu les jours suivants, même si on n’avait pas pu, hélas, s’occuper des personnels. Deux sites de débarquement pour de futures infiltrations plus importantes avaient également été détectés.
Mais surtout, la chance avait particulièrement souri aux nageurs quand ceux-ci étaient tombés par hasard sur une voiture de liaison traversant seule ou presque le secteur de l’ancienne station balnéaire de Schwarzort, ces jours-ci, bien évidemment, plutôt désertée… Après quelques rafales tirées par l’aspirant N.K. Nikitine – il n’était pas question de faire de prisonniers… – et l’intégralité du dispositif local des Allemands jusqu’à Nidden tombait entre les mains des Soviétiques. Restait simplement à faire disparaitre les corps, en les enterrant dans les bois, sans oublier de couler la voiture au fond de la lagune.
Evidemment, tout cela ne s’était pas fait non plus sans quelque bruit et agitation – le moins possible mais tout de même ! Aussi, afin que toute l’affaire se conclue sans perte, il était plus que temps de rentrer. Même si l’isthme risquait fort de devenir un fameux terrain de jeu pour les commandos rouges dans les mois à venir… Et les débuts de la nouvelle génération de la ROSNAZ-KBF s’annonçaient donc sous les meilleurs auspices. »

(Commandos in the Baltic and Danuba: Soviet Naval Spetsnaz in World War II, Yuriy Strokhnine, Naval Institute Press 1996)


23 avril
Baltique
Opération Gloire polaire – Bataille de Memel
Au large de la côte sud-ouest de la Courlande, 01h15
– Il fait encore une fois bien mauvais sur la Baltique, quand le radar FuMo 21 du Nürnberg détecte une demi-douzaine de bâtiments ennemis approchant du nord-nord-est. Klüber est aussitôt informé – mais il ignore qu’en face, Zozulya est au courant de sa présence depuis plusieurs minutes. Le Soviétique a mis le cap au sud-sud-ouest pour couvrir Isakov et ses croiseurs qui vont bombarder Memel. Il a avec lui ses six destroyers et des vedettes rapides venues de Liepaja – six toutes petites G-5 et quatre petites D-3, qui ne semblent pas apparaître sur les écrans radar allemands. Il sait qu’en face, il est probablement face à deux croiseurs, deux ou trois destroyers et quelques Schnellboots.
Aussitôt informé, Isakov, sur le Chapaev, se dit que sa mission de bombardement est compromise. Zozulya risque d’avoir affaire à trop forte partie… Mais dans le fond, couler des fascistes serait sans doute mieux encore que bombarder Memel ! Il envoie aussitôt à son équipier un message simple : « Je viens vers vous, entraînez l’ennemi vers moi. »
Zozulya obéit et tourne casaque – sans dépasser 25 nœuds environ, pour s’assurer que l’ennemi le suit. Pendant ce temps, les vedettes s’expliquent avec ardeur. Comme souvent en pareil cas, les G-5 ne peuvent compter que sur leur vitesse pour s’en sortir – il est vrai qu’elle est grande. Cependant, deux d’entre elles et une D-3 sont détruites, en échange d’un S-boot.
………
01h45 – Klüber et les deux croiseurs sont précédés par les trois destroyers (les Z-23, Z-29 et Z-30). Ce sont eux qui constatent que l’ennemi accepte enfin le combat avant de se rendre compte que leurs adversaires sont passés de six à une bonne quinzaine de bâtiments ! De plus, alors que l’ennemi est encore à 25 kilomètres, Klüber a la désagréable surprise d’être la cible de très nombreuses pièces d’un calibre comparable aux siennes. Certes, le tir de ces dix-huit canons B-38 de 152 mm n’est pas extraordinairement précis, ni fourni. Les Soviétiques ont beau avoir des radars capitalistes, leur conduite de tir laisse à désirer, tandis que leurs canons, se chargeant avec des culasses collectivistes, ne peuvent pas tirer plus de six coups à la minute – mais c’est tout de même beaucoup.
Les Leipzig et Nürnberg abattent sur bâbord et ripostent sans tarder avec leurs 150 mm – mais ceux-ci sont à la limite de leur portée utile et ne perceront pas les 50 mm du pont des “Chapaev”… En réponse, les croiseurs russes abattent à leur tour, mais sur tribord, afin de dévoiler toutes leurs trente-six pièces !
Le Tirpitz a été alerté, bien sûr. Il est alors à moins de 40 nautiques – c’est au tour de Klüber d’entraîner l’ennemi de ce côté ! Par bonheur, le tir des Soviétiques a du mal à se régler – leurs radars de tir sont assez médiocres et, à vue, la pluie et la multiplicité des gerbes compliquent le travail de la conduite du feu. En revanche, les croiseurs rouges sont nettement plus rapides que le Leipzig. Klüber demande donc à ses destroyers de tâcher de distraire l’adversaire quelques minutes.
Pour les trois Zerstörer du Kk Leo Kreisch (sur le Z-30), l’affaire s’annonce mal, à trois contre quatorze ! Heureusement pour eux, les Allemands n’ont surtout affaire qu’aux six bâtiments de Fyodor Zozulya. Bien entendu, il n’est pas question pour eux d’accepter l’échange de tirs plus de deux ou trois minutes – qui suffisent toutefois pour endommager assez sérieusement le Z-29 d’un côté et, plus légèrement, le Zhdanov de l’autre. Kreisch fait alors brutalement abattre sur tribord et les Zerstörer lancent 12 torpilles vers les Rouges – qui ripostent de la même façon. Toutes les anguilles se perdent dans la nuit, alors que les échanges de tirs se poursuivent, sans plus de résultats pour le moment.
Pour le Leipzig et le Nürnberg, l’affaire se présente mal. Le Tirpitz n’est pas encore là – et Klüber ne peut être sûr du moment de son arrivée. Il décide donc – non sans un réel courage personnel – d’ordonner au Nürnberg de foncer à plus de 32 nœuds pour s’échapper, tandis que son bâtiment continue à sa vitesse maximum de 24 nœuds.
Très vite, cela devient par contre de plus en plus difficile pour le pauvre Leipzig, qui encaisse un premier impact direct au niveau de ses machines – et ses turbines donnent désormais de très sérieux signes de faiblesse. L’ingénieur mécanicien principal (1) s’inquiète du risque qu’au moins une d’entre elles lâche. En plein combat, ce serait la mort assurée – il faudrait que le Leipzig passe au moins un temps sur ses diesels de croisière, au risque d’une brève période de transition. Ici, le croiseur peut se le permettre, eu égard à la distance comme à la vitesse accumulée. Enfin, c’est risqué – mais toujours moins qu’une panne franche. Le bâtiment tâche donc d’accélérer tant qu’il le peut, tournant carrément le dos à l’ennemi – ce qui lui laisse deux tourelles triples battantes. A ce moment, il n’est plus accompagné que du seul Z-29.
Le malheureux destroyer est en effet ravagé par un violent incendie. S’inclinant de plus en plus vers bâbord, il est désemparé, sa proue déjà submergée. Il coulera vingt minutes plus tard. Au matin, les bâtiments chargés de patrouiller entre Courlande et Gotland repêcheront 88 survivants.
………
02h05 – Alors que l’exécution du Leipzig semble proche, un grand bruit se fait entendre à l’ouest. Quelques minutes plus tard, le Smertlivy indique qu’il vient d’observer une gerbe de très gros calibre à son arrière bâbord. Les opérateurs radar des croiseurs ont déjà sur leurs écrans le spot du responsable – un très gros spot.
Vingt-cinq kilomètres plus loin, dans la citadelle blindée du Tirpitz, le vice-amiral Oskar Kummetz demande avec une courtoisie professionnelle à son supérieur le GeneralAdmiral Otto Schniewind s’il n’aurait pas tout de même été préférable d’attendre d’être plus près des Rouges pour ouvrir le feu, afin d’obtenir une plus grande chance de coups au but. De fait – et ce n’est pas le Kapitän zS Hans Meyer qui le contredira – le cuirassé tire à sa limite de portée, ce qui n’est pas le plus efficace (2). On aurait pu s’approcher et espérer massacrer au moins un croiseur, sinon deux, avant qu’ils s’enfuient ! La réponse est sans appel.
– Sans doute, Messieurs, mais nous aurions fait erreur. Les instructions du Führer – des instructions qu’il m’a personnellement communiquées en présence du GrossAdmiral – sont parfaitement claires : protéger le convoi, mettre en fuite les Slaves, sauvegarder nos navires. Tous nos navires. Donc le Tirpitz, comme nos camarades en difficulté sur le Leipzig. Je ne m’intéresse pas à la futile gloriole que nous aurions pu obtenir en détruisant deux ou trois barcasses rouges – seul compte le sang allemand.
En somme, le cuirassé est là pour faire peur. Il y est parvenu sans mal, même avec seulement six 380 mm.
En face, le contre-amiral Ivan Isakov a bien compris que la partie était finie. Tant pis pour le croiseur fasciste, lui aussi doit protéger ses navires. Alors, cap au 15 pour tous, on rentre, et à 35 nœuds ! Mais ses croiseurs continueront le plus longtemps possible de tirer avec leurs tourelles arrière, évidemment. Et ses destroyers vont lancer quelques torpilles en guise d’au-revoir.
………
02h15 – Observant au radar que l’adversaire s’éloigne, Otto Klüber ne peut pas s’empêcher de pousser un soupir de soulagement. Soulagement prématuré car au même moment, la turbine tribord du Leipzig, surmenée, vient de lâcher. Le croiseur ralentit, le temps de passer sur ses diesels, ralentit, dérive un très court instant… et encaisse alors une des ultimes torpilles lancées par les Soviétiques. Quelle malchance ! En restant à pleine vitesse, il n’est pas certain que l’anguille eût touché…
Le projectile frappe juste en avant de sa cheminée, par tribord, causant une brèche de 6 m² qui noie la machine latérale avec les 39 marins occupés à tenter de réparer la turbine avariée. Mais le croiseur flotte encore – il faudra juste le remorquer à Gotenhafen…
………
02h35 – Le destroyer Smertlivyi, en queue de l’escadre soviétique, ralentit brutalement ! L’une de ses chaudières à soufflage (3) est tombée en panne. Par bonheur, un tel accident a été prévu par Staline, qui avait ordonné qu’en pareil cas ses destroyers soient capables de poursuivre leur route (4).
Le Smertlivyi continue donc, mais à vitesse réduite… Et, quelques minutes plus tard, alors que le reste de l’escadre s’est perdu dans la nuit, il encaisse un near-miss de 380 mm (un obus, sans doute, de la dernière salve du Tirpitz), qui arrache son hélice tribord. Le destroyer est probablement perdu, mais l’équipage va pourtant, des heures durant, lutter pour le sauver.
………
Au lever du soleil – Alors qu’il s’apprêtait à faire plonger son U-250 pour la journée, le KptLt Schmidt, enchanté, aperçoit un destroyer soviétique avançant à très faible vitesse – moins de 5 nœuds. Il manœuvre, bien aidé par le soleil levant derrière lui… et surtout par le fait que l’équipage de sa cible pense à autre chose qu’à observer les flots. Il obtient sa première victoire, de deux torpilles bien placées sur le pauvre Smertlivyi. La plupart des survivants de l’équipage arriveront à rejoindre en canot la Courlande.
Sa première et sa dernière. L’équipage, novice, a négligé de se garder des cieux pendant que l’U-boot attaquait… et un hydravion GST matinal (un PBY-5 Catalina) lâche une grappe de grenades anti-sous-marines qui ne laisse aucune chance à l’U-250 et à la plus grande partie de son équipage : 48 disparus, 6 survivants…

Contre mauvaise fortune …
Adlerhorst (Hesse)
– Alors qu’il est très occupé par les événements sur le Front Ouest, Adolf Hitler apprend les résultats de la rencontre navale de cette nuit. De son point de vue, le score est moyennement satisfaisant : deux destroyers bolcheviques coulés (le Smertlivyi et le Zhdanov, qu’on a cru avoir laissé désemparé) contre un destroyer (le Z-29) détruit, deux destroyers avariés à des degrés divers (les Z-23 et Z-30) et le croiseur Leipzig gravement endommagé (le sort de l’U-250 et celui de l’U-994 sont encore incertains). Pas de quoi pavoiser… mais l’essentiel est fait. Memel est renforcé et ravitaillé – comme quoi Dönitz a eu raison en insistant pour remettre en état le Tirpitz ! Les affaires vont donc continuer de la sorte en Baltique – tant qu’il y aura ce cuirassé. Lui, le Führer, a des choses plus urgentes à régler.
………
Kremlin (Moscou) – Pour Staline aussi, le bilan est passable sans plus. Deux ou trois destroyers et un croiseur fasciste coulés ou hors service, plus (si tout va bien) un ou deux U-boots, contre seulement un vieux Type 7, le malheureux Smertlivyi dont l’impétuosité lui aura coûté cher !
Toutefois, le Vojd tire aussi de cet engagement trois conclusions utiles pour la suite. La première : la Flotte du Drapeau Rouge ne fait pas le poids face au Tirpitz. Par suite, ses beaux croiseurs ne sauraient servir que de dissuasion, au moins jusqu’à ce que la menace du colosse fasciste soit neutralisée. Il convient donc d’accroître au plus tôt les patrouilles des Loups Rouges et le mouillage de mines devant les ports nazis.
Enfin, afin de préparer l’avenir, il faudra relancer au plus tôt le vaste programme naval que le conflit l’avait contraint de mettre à l’arrêt. Le Sovietsky Soyuz, premier navire de cette classe, est toujours à l’arrêt à Leningrad, avancé à moins de 20 %, tandis que son jumeau le Sovetskaya Ukraina est dans le même état à Nikolaïev. Il faudra envisager de les achever avant de prendre une décision quant au Sovetskaya Rossiya (5) et aux croiseurs de bataille classe Smolensk, conçus pour opérer en coordination avec les classe Chapaev.
Mais dans le fond, Staline – qui n’est pourtant pas vraiment un parangon de culture navale ! – a bien compris que le temps des très gros canons était passé. Aussi, il prévoit déjà de lancer dès la fin de cette guerre un vaste programme aéronaval, destiné à rattraper le retard dans ce secteur qui fait tant défaut à la Flotte Rouge, face aux marines capitalistes (6).
Et Memel dans tout ça ? Eh bien, la Kriegsmarine n’a qu’à amener de nouveaux petits soldats dans ce trou à rats. Après tout, si les Allemands veulent alimenter de leur plein gré le hachoir à viande…
………..
« La bataille de Memel se concluait sur un semblant de match nul qui arrangeait à la fois tout le monde et personne. Les Soviétiques jugeaient (ou faisaient mine de penser) qu’ils dominaient la Baltique, puisqu’ils avaient une fois encore mis leurs adversaires sur la défensive – le tout pour des pertes minimes. Les Allemands estimaient quant à eux avoir montré à moindre frais qui restait le patron au large des côtes du Reich, renvoyant un médiocre ramassis de navires bolcheviques à leur tanière.
Pourtant, à y regarder de près, le résultat était bien plus net. Les Russes venaient à nouveau de remporter un succès tactique. Petit, sans rapport avec les moyens engagés – mais réel.
D’autant plus que le Leipzig, s’il était sauvé, aurait aussi bien pu être considéré comme coulé. En effet, si la réparation de la brèche n’allait demander que deux à trois semaines (la production des U-boots dans les chantiers voisins de l’arsenal ne laissait pas beaucoup de tôles disponibles), la réparation des turbines était une autre affaire. Il fallait d’abord remplacer le réducteur, endommagé. Par miracle, on trouva dans un arsenal de Kiel une pièce de rechange que l’on envoya à Gotenhafen. Là, le programme de travaux finalement arrêté comprenait l’ouverture du pont pour accéder au compartiment machine, l’extraction du réducteur avarié, la mise en place du nouveau et la reprise des alignements des arbres (arbre de sortie de la turbine BP d’une part et arbre porte-hélice d’autre part). En temps normal, il aurait fallu au moins six mois… Et l’on n’était pas en temps normal. Le Leipzig ne navigua plus jamais. Il finit comme batterie flottante à Gotenhafen.
On a beaucoup glosé sur la supériorité du Tirpitz durant la bataille. Le cuirassé aurait mis en déroute à lui seul une force très supérieure. En réalité, cette bataille consacrait surtout l’incapacité de la marine allemande à contester la domination soviétique. Contrainte à la défensive, forcée de faire sortir son unique cuirassé pour assurer la sécurité du moindre convoi, la Kriegsmarine n’avait plus la moindre perspective en surface – sinon celle de l’intimidation. Un concept qui ne pouvait qu’être perdant avec le temps.
A ce sujet, les prédictions funestes des What if plus ou moins orientés ne doivent pas tromper. Si Ivan Isakov n’avait pas ordonné la retraite (ce qui aurait été une décision stupide, mais admettons), le Tirpitz aurait sans doute coulé plusieurs bâtiments soviétiques, au risque d’encaisser une ou plusieurs torpilles et d’être victime le lendemain d’un sous-marin ou d’un bombardement aérien. Au contraire, sans le Tirpitz, il est quasi certain que les Soviétiques auraient massacré leurs adversaires, à un prix sans doute lourd mais admissible pour eux (trois ou quatre destroyers selon les simulations), mais surtout en balayant définitivement tout ce qui subsistait de la flotte allemande de surface en Baltique ! Le Tirpitz fut donc un facteur décisif – mais unique, donc faillible. Ne nous aventurons donc pas trop au jeu des suppositions. Il n’est pas toujours aussi favorable aux Allemands qu’on veut bien le dire.
La Heer, du reste, ne devait pas s’y tromper. A compter du 24 avril, elle s’attacherait à ravitailler Memel exclusivement par voie terrestre, en utilisant l’isthme de Courlande – lequel avait fait l’objet de travaux d’aménagements plus ou moins menés à terme.
Seul dans sa tanière de Gotenhafen, le Tirpitz n’était qu’un roi sans sujets et surtout sans royaume. »

(Vladimir Yakubov et Richard Worth, Raising the Red Banner – The pictorial history of Stalin’s fleet, 1920-1944 – Spellmouth Limited, 2008).

Notes
1- Surnommé « Cipié » (ou six pieds) dans la Marine Nationale. Appellation familière complétée par « à trois » (ou quatre ou cinq) suivant le nombre de galons, correspondant aux grades d’IMP de 3e, 2e ou 1ère classe.
2- Les radars du Tirpitz lui permettent de détecter un navire de la taille d’un destroyer à 20 ou 25 km. Par contre, à cette distance, la précision est médiocre, tant pour la distance que pour le gisement.
3- Ce système n’était plus utilisé dans les autres marines depuis les années 30, du fait d’une très grande sensibilité aux secousses, notamment dans le cas d’un near-miss. Or, les soudures industrielles soviétiques furent toujours très perfectibles…
4- Pendant la guerre d’Espagne, le Vojd avait été très frappé par une mésaventure de ce genre survenue au destroyer HMS Hunter, qui participait aux « patrouilles de neutralité » et s’était retrouvé incapable de se mouvoir.
5- Mis sur cale à Molotovsk car destiné à la Flotte de la mer Blanche, cette évocation de navire végète depuis 1941 sous la forme d’un gros tas de ferraille – pas si gros d’ailleurs : 2 000 tonnes à peine ont été assemblées.
6- Les projets de porte-avions “Kostromitinov” et “71” – respectivement basés sur le Graf Zeppelin et l’Illustrious, en plus gros, ne quitteront jamais la planche à dessin. Le plan décennal de modernisation de la Marine – plus ambitieux encore que le plan Z allemand ! – ne devait pas survivre à la mort de Staline. Les gouvernements suivants basculeront vers le “tout sous-marin”, même si des projets de cuirassés et super-cuirassés seront étudiés jusqu’aux années 60.
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MessagePosté le: Sam Sep 24, 2022 20:52    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Notes
1- Surnommé « Cipié » (ou six pieds) dans la Marine Nationale. Appellation familière complétée par « à trois » (ou quatre ou cinq) suivant le nombre de galons, correspondant aux grades d’IMP de 3e, 2e ou 1ère classe.

Un léger détail à signaler.
Dans la MN, le Cipié est le chef mécanicien quelque soit son grade (même pour les officiers-mariniers sur les petits bâtiments).
Pour les officiers, jusque dans les années 60/70 c'était l'apanage du corps des "Ingénieurs de Marine" (IM), précédemment corps des ingénieurs mécaniciens, qui avait pour équivalence:
IM3 (Ingénieur de Marine de 3éme classe) = EV2
IM2 (Ingénieur de Marine de 2éme classe) = EV1
IM1 (Ingénieur de Marine de 1ére classe) = LV
IMP (Ingénieur de Marine Principal) = CC
IMC2 (Ingénieur de Marine en Chef de 2éme classe) = CF
IMC1 (Ingénieur de Marine en Chef de 1ére classe) = CV
Il ne peut donc y avoir d'IMP de x classe puisque IMP est un grade en soi.

Ce corps d'officiers assimilés qui portaient fièrement des parements violet sous les galons a été mis en extinction par son intégration dans le "grand corps", celui des officiers de marine (branche technique, puis scientifique & technique, dont à fait partie votre serviteur).
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MessagePosté le: Dim Sep 25, 2022 08:19    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Presqu’île de la Vistule

Casus, comme dit par mail, il me semble préférable d'écrire "Isthme de Courlande".
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MessagePosté le: Dim Sep 25, 2022 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

Ah non, ton mail parlait de l'appellation "isthme du Niémen".

Mais surtout, la presqu'île de la Vistule est un cordon littoral formant une très fine presqu'île qui sépare la baie de Gdańsk et la lagune de la Vistule. La presqu'île appartient du côté sud-ouest à la Pologne et du côté nord-est à la Russie (oblast de Kaliningrad).

Alors que l'isthme de Courlande est une flèche littorale sablonneuse, d'orientation nord-est à sud-ouest, qui sépare la rive orientale de la mer Baltique et la lagune de Courlande et s’étire sur 98 kilomètres de long de la péninsule de Sambie jusqu'au port de Klaipėda. La partie nord-est (52 km) appartient à la Lituanie (apskritis de Klaipėda), la partie sud-ouest (46 km) à la Russie (oblast de Kaliningrad).

Autrement dit, la première est au sud-ouest de Memel (côté polonais) et la seconde au nord-est (côté lituanien). Mais c'est vrai qu'elles se ressemblent beaucoup !

(sources Wiki… et diverses cartes)
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MessagePosté le: Dim Sep 25, 2022 13:05    Sujet du message: Répondre en citant

Oups, oui, mea culpa ! Embarassed
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MessagePosté le: Dim Sep 25, 2022 17:25    Sujet du message: Répondre en citant

...
Le GeneralAdmiral (Generaladmiral ?? si j’en crois les recherches google ) Otto Schniewind, chef de la Flotte de Baltique, lequel a désiré prendre l’air du large (et aussi s’assurer que le cuirassé ne courra pas plus de risque que nécessaire).
...
Il est vrai qu’il semble bien que la formule « Au moins » ait disparu du message lu par Oskar Kummetz et le GeneralAdmiral (cf supra ) Otto Schniewind…
...
– Sans doute, Messieurs, mais nous aurions fait erreur. Les instructions du Führer – des instructions qu’il m’a personnellement communiquées en présence du GrossAdmiral (idem et peut être avec un ẞ ?? ) – sont parfaitement claires : protéger le convoi, mettre en fuite les Slaves, sauvegarder nos navires. ...
...
Mais ses croiseurs continueront le plus longtemps possible de tirer avec leurs tourelles arrière (arrières ?), évidemment.
...
Le croiseur ralentit , le temps de passer sur ses diesels, ralentit ( à supprimer ou ralentit encore ??), dérive un très court instant…
...
«...
Seul dans sa tanière de Gotenhafen, le Tirpitz n’était qu’un roi sans
sujets ( sujet ??) et surtout sans royaume. »
...
_________________
Ne pas confondre facilité et simplicité
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MessagePosté le: Dim Sep 25, 2022 18:14    Sujet du message: Répondre en citant

24 avril
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Renforts
Zamość-Mokre
« Une activité fébrile s’est mise à régner sur le camp. Sans arrêt arrivent et décollent des Yak 9, de nouveaux chasseurs Lavotchkine 5, des Stormovik Il-2, des bombardiers Pe-2 et des transports Lisonov Li-2 et Tupolev TB-3, avec leurs équipages aux visages tannés, et même de petits Polikarpov U-2, souvent pilotés par des jeunes filles. Nous nous mêlons à eux. Nous échangeons longuement sur les différentes méthodes d’entraînement. Je découvre à nouveau ainsi, peu à peu, comment le gouvernement de Moscou a réussi à dresser contre l’envahisseur tout un peuple aussi composite que le peuple soviétique.
En URSS, plus que partout ailleurs peut-être, le courage et l’héroïsme sont prônés comme les vertus majeures de l’homme. Les poètes les chantent. Les écrivains les exaltent. Les journalistes les soulignent. Les effigies des héros célèbres sont dans toutes les revues et dans tous les journaux. Je vis un jour sur le fuselage d’un avion, écrit en grande lettres rouges, un nom : ALEXANDROV.
– Qui est-ce ? demandai-je.
On s’étonna que je ne connusse point encore l’histoire de ce simple soldat décoré à titre posthume de l’étoile d’or du Héros, pour avoir permis à sa compagnie de passer une route que balayait une mitrailleuse allemande, en se jetant sur l’arme dont il boucha le canon avec son corps. »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)


25 avril
Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Soutien fraternel
3e et 1er Fronts Ukrainiens
– Les formations des maréchaux Ivan Koniev et Aleksandr Vassilievski continuent d’accroître leur appui aux insurgés de Slovaquie – il est ainsi prévu d’envoyer demain les premières unités constituées de la 2e Brigade aéroportée tchécoslovaque. En attendant, raids aériens et missions de ravitaillement se poursuivent, combinées à des reconnaissances en force dans le secteur Jasło-Krosno – ceci afin de toujours faire craindre à l’ennemi une offensive visant le col de Dukla. Pour l’heure, cependant, l’Armée Rouge n’en a pas les moyens – et encore moins la volonté. Mais cela ne coûte pas grand-chose de le faire croire aux Fascistes.
Et justement, dans le cadre de cette maskirovka menée – peut-être ! – aux dépens des Slovaques, l’URSS vient de lancer un nouveau leurre sur la piste. Le 1er Régiment aérien de Chasse indépendant tchécoslovaque (1er CSSLP) est formé ce jour, sous le commandement du capitaine František Fajtl (6). En dehors de quelques représentants des VVS, ses pilotes ont pour la plupart été transférés récemment d’Angleterre ou des Balkans – même s’il faut y ajouter des déserteurs de l’aviation slovaque, tels les lieutenants Anton Matúšek (7) et Ľudovít Dobrovodský. Des combattants motivés, donc, mais dont la majorité n’ont encore réalisé que quelques vols de familiarisation avec leurs nouveaux Lavotchkine La-5 FN ! Ils doivent donc encore parfaire leur entraînement, en dépit de leur hâte de rejoindre au plus vite la Tchécoslovaquie. Mais ce régiment ne compte que deux escadrons.


26 avril
Hongrie – Ruthénie
L’art d’accommoder les restes
Lvov (arrières du 1er Front Ukrainien, RSS d’Ukraine)
– Après pas moins de six jours de discussions aussi poussives que vaines avec leur “invité”, les Soviétiques décident finalement d’interrompre les tractations en cours avec le major-général Béla Miklós Dálnoki. Il est évident que celles-ci ne sauraient mener nulle part – le Hongrois a achevé d’user la patience des envoyés du NKVD qu’on avait dépêchés auprès de lui : ceux-ci ont finalement obtenu qu’on laisse tomber ce général déchu. L’URSS a mieux à faire ! Dálnoki retourne donc à son camp d’internement – mais l’Histoire en a-t-elle pour autant vraiment fini avec lui ?…

Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
As rouge
Zamość-Mokre
« Le pilote soviétique dont on parle le plus est le commandant Ivan Kojedoub, l’as des as russes, qui finira la guerre avec 57 victoires, dont 6 obtenues en quatre heures le même jour (8). Il avait vingt-quatre ans et était déjà commandant, alors qu’il avait commencé la guerre comme sergent moniteur dans une école de pilotage. C’était le septième enfant d’une famille de paysans ukrainiens qui habitait une isba près de Chotska, dans le district de Sourmy, dont il est maintenant [à la date de rédaction de l’ouvrage] le député au Soviet suprême. A l’entrainement déjà, il surpassait tous ses camarades. Au cours d’une séance de tir, il éperonna tous les ballonnets et ne s’arrêta que faute de munitions. Il partit sur le front de Kiev en mai 1943 et, trois mois après, réalisa un exploit que son carnet de bord résume sobrement ainsi :
« 9 heures : abattu un Messer 190 [sic],
11 heures 15 : abattu un Ju 87,
13 heures 10 : abattu un Fw 190,
15 heures : abattu un Ju 88. »

Lors de la contre-offensive de septembre, on lui homologuera plus de 20 victoires.
Sa devise est “Aie le cœur chaud et la réflexion froide”. Pendant les combats, tout en s’occupant de son ennemi personnel, il a l’œil partout et donne des conseils à ses camarades. Les pilotes de sa patrouille racontent qu’au cours des engagements, on l’entend dire à la radio : « Gorolev, un Messer à droite. Ivanov, attention, regarde en arrière. Vassili, couvre la queue d’Ivanov. C’est bien, Petia, à moi le Messer maintenant. »
Sur son carnet, on peut lire aussi cette phrase : « Nous sommes aux portes de l’Allemagne. Maintenant sonne l’heure de la vengeance. »
Il la poursuivra jusqu’au bout, abattant le dernier jour deux avions au-dessus de Berlin. A l’armistice, il pourra faire état d’un éblouissant palmarès : 325 missions de chasse et 140 combats ; 22 avions de bombardement, 33 chasseurs et 2 avions de reconnaissance abattus. Trois fois héros de l’URSS, il a maintenant son buste dans son village natal et bientôt, selon la tradition en vigueur, il l’aura à Moscou. »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)


27 avril
Stratégie soviétique
L’art d’utiliser les Slovaques
QG du 3e Front Ukrainien (Rzeszów)
– En Pologne plus ou moins libérée, le maréchal Ivan Koniev se livre à quelques jeux de prospective avec son nouveau chef d’état-major, Vassili Sokolovski. Il leur parait déjà bien évident que, malgré tous les espoirs et toutes les illusions, le soulèvement slovaque n’a aucune chance de prospérer sur la durée dans les circonstances actuelles. L’adversaire est trop fort, les insurgés n’ont aucune profondeur stratégique – et l’on doute fort, avec l’expérience, qu’un soutien par voie aérienne puisse leur suffire pour tenir.
Dans le fond, Koniev se moque du sort des Slovaques comme de sa première étoile rouge. Néanmoins, il sait aussi que le maréchal Staline suit de près ce dossier, et lui comme Vassilievski l’ont d’ailleurs régulièrement au téléphone à ce propos. Le Vojd ne laissera pas les Slovaques tomber sans les avoir aidés, au moins un peu – ces imbéciles seront bien trop utiles pour la suite des opérations, sans parler de l’après-guerre.
Il est donc à prévoir qu’on sollicitera bientôt de l’Armée Rouge un nouvel effort de solidarité prolétarienne, pour une sorte de diversion. Et le problème de Koniev, c’est que son 3e Front Ukrainien est le mieux placé pour cela.
Certes, le gros de ses troupes – le centre et la droite – sont constamment renforcées depuis plusieurs semaines pour la prochaine offensive d’été, Oder, laquelle permettra enfin de tout balayer en Pologne et de prendre pied dans les terres du Reich. Mais à sa droite, Joukov comme Rokossovski sont trop loin et trop occupés par le proche avenir pour le soutenir. Et à gauche, Vassilievski, Bagramian et Tolboukhine ne l’aideront pas non plus : Cluj-Debrecen sera leur prochaine affaire – et un assaut aussi massif sur les Carpates ne se décommande pas pour rien. En résumé, Koniev est seul, coincé dans son inconfortable mais pourtant très stratégique position à l’angle du front soviétique, à pouvoir tendre la main aux inattendus alliés de l’URSS.
Ce qu’on ne peut éviter, il convient de le maîtriser. Le maréchal ne se laissera pas entrainer dans une vaine campagne de Slovaquie, laquelle pourrait hypothéquer la suite. Il ne dispose pour l’heure que de quatre armées : les 61e et 65e Armées, dans le secteur de Rzeszów, et les 1ère et 5e Armées de Choc, vers Przemyśl. Ces dernières ne sont qu’à 60 kilomètres environ du col de Dukla, lequel commande la route menant à Prešov… puis à Poprad, Košice et au col de Soroška. Un peu loin pour tendre la main au soulèvement – mais assez près pour menacer véritablement les arrières des forces de répression, tout en faisant craindre à la Wehrmacht un éventuel effort massif dans cette zone. Ce raisonnement est simple et clair – il est donc à prévoir que la Stavka le tiendra bientôt elle aussi, sous la gouverne du Vojd, pour qui, assurément, les petits coups de sonde déjà lancés ne seront bientôt plus suffisants.
Koniev donne donc des ordres à Sokolovski pour qu’il prépare dès à présent une nouvelle opération, baptisée Carpates-Dukla. Celle-ci devra viser dans un premier temps Krosno et Sanok, avant de tâcher d’approcher de ce fameux col de Dukla et (qui sait ?) de s’en emparer. Charge donc à son CEM de mettre au point quelque chose de significatif et efficace, mais avec des moyens relativement réduits n’engageant pas l’avenir – et notamment pas celui d’Ivan Koniev, lequel a d’autres ambitions que Zvolen ou Brastislava…

Guerre secrète
Intoxication
Une forêt près de Hrodna, 01h00
– Sous le premier quartier de la froide lune flottant sur les bois soviétiques, un Heinkel 111 tout noir passe deux fois en vrombissant au-dessus d’une zone de largage matérialisée par des braséros. La première fois, il largue des containers. La seconde fois, l’Einsatz P, c’est à dire trois parachutistes : un opérateur radio d’origine balte fourni par les services de l’OKH et deux commandos SS du 502. SS-Jäger-Bataillon d‘Otto Skorzeny.
Le premier ne va pas très loin : tombé un peu à l’écart, le « traître balte » est promptement récupéré par les services du NKVD, sans doute pour être expédié au Goulag. Quant aux deux Allemands, un sympathique comité d’accueil vêtu de vert-de-gris les conduit immédiatement jusqu’à la tente de Scherhorn. L’intéressé leur souhaite évidemment la bienvenue puis les engage à envoyer sans attendre, grâce à son opérateur radio, le signal requis. Sitôt dit, sitôt fait – l’instant d’après, Tokarev et PPsh sortent des manteaux : « Et maintenant, chers amis fascistes, vous allez faire ce qu’on vous dira… »


28 avril
Forces spéciales
Reformation
Budapest
– Le 502. SS-Jäger-Bataillon de l’Obersturmbannführer Otto Skorzeny est dissous. Ses membres, une quarantaine de commandos environ, sont immédiatement transférés à une nouvelle unité, plus importante : le SS-Jagdverband Mitte (car destiné à combattre partout), qui devra rassembler à terme toutes les forces spéciales du Reich, y compris les éléments étrangers de valeur. Elle ne manquera donc pas d’intégrer dans les semaines à venir des individus d’horizons très divers : SS du 502. JB bien sûr, mais aussi Osttruppen et légionnaires jugés fiables, récupérés du Sonder-Einsatzabteilung z.b.V et même certains Brandebourgeois choisis pour la vigueur de leur engagement politique. Après tout, le Jagdverband emprunte déjà l’ancienne dénomination anti-partisans du Brandenburger : il est logique qu’il absorbe aussi ses meilleurs éléments !
Ainsi, après avoir placardisé une unité solide et fiable mais avoir échoué à la remplacer, la SS se lance dans une vaste campagne de création par assimilation, en ratissant littéralement dans tous les coins. Le tout, sans changer de chef, évidemment.


29 avril
Stratégie soviétique
L’art d’utiliser les Slovaques
QG du 3e Front Ukrainien (Rzeszów), 18h00
– L’attente n’a pas été longue… En fin de soirée, le maréchal Ivan Koniev reçoit un coup de téléphone en direct de Moscou. A l’autre bout du fil, une voix bien connue : « Ivan Stepanovitch, les choses ne vont pas bien en Slovaquie, d’autant plus que la pluie gêne fortement nos opérations de ravitaillement. La Stavka et moi-même nous demandions s’il n’était pas possible de faire quelque chose ? »
Question purement rhétorique, évidemment. Ce n’est pas une requête, mais un ordre. Et Koniev est particulièrement satisfait d’annoncer à son maître : « J’ai anticipé sur cette question délicate, camarade maréchal. Sur votre instruction, deux armées de l’aile sud du 3e Front Ukrainien peuvent immédiatement attaquer. Elles ne parviendront peut-être pas tout de suite jusqu’aux insurgés, mais leur action pourra servir utilement la cause. » En détournant l’attention des Fascistes, cela va sans dire.
Staline a parfaitement compris l’euphémisme qui lui a été servi – mais il n’en demandait pas davantage : « Parfait ! Transmettez votre projet à la Stavka. Nous l’étudierons demain matin et reprendrons contact avec vous aussitôt après. Prenez toutes les dispositions nécessaires en attendant. »
– Je sers l’Union Soviétique !

En raccrochant, Ivan Koniev a toutes les raisons d’être satisfait : il a de nouveau marqué des points auprès de son maître et prouvé qu’il était impossible de le prendre en défaut. Certes, ses troupes ne sont certes pas complétement prêtes… Mais qu’importe ! De toute façon, Dukla-Carpates n’a objectivement aucune chance de réussir. L’essentiel n’est pas là : avec cette opération, le maréchal montre à quel point il est motivé, fiable et prêt à obéir aux ordres – voire à les devancer, contrairement à certaines pleureuses toujours promptes à réclamer délais ou moyens supplémentaires. Il sera parfaitement logique de lui confier le premier rôle dans la future offensive décisive contre le Reich. Et Koniev s’attend donc à voir de nombreuses troupes passer sous ses ordres dans les semaines à venir, ne serait-ce que pour remplacer les inévitables pertes de la feinte slovaque.


30 avril
Stratégie soviétique
L’art d’utiliser les Slovaques
QG du 3e Front Ukrainien (Rzeszów), 21h00
– Ivan Koniev reçoit l’ordre d’exécuter Dukla-Carpates dès demain 05h00, après une courte préparation d’artillerie. L’opération ne concernera que la 61e Armée (Pavel Belov) et la 1ère Armée de Choc (Andrei Vlassov) – lesquelles sont donc priées de se sacrifier pour le bien commun.

Prolétaires aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
Pauvre Foucaud
Rzeszów
« Le 30 avril 1944, le commandement soviétique confiait au Franche-Comté la défense aérienne de la ville de Rzeszow. C’était un grand honneur qu’on nous faisait : 40 000 habitants, des usines, le QG du 3e Front Ukrainien et nos petites alliées du DKA (9), voilà ce que nous allions devoir protéger à présent.
– Silence, vos gueules, on n’entend pas les communiqués ! hurlait le père Magloire à notre adresse, tandis que Lefèvre, toujours méthodique, épinglait sur la carte du front les lignes soviétiques.
En attendant l’attaque de la Luftwaffe, on continue l’exercice. Peu avant midi, le lieutenant Foucaud fait un tonneau lent qui termine son travail de la matinée. Pour achever cette figure classique, il passe sur le dos à grande vitesse. Il est à 100 mètres d'altitude. Le MiG, soudain, pique vers le sol. Un quart de seconde plus tard, une énorme explosion ébranle le camp. Feu. Fumée. Débris. Il ne reste plus rien de Foucaud ni de son avion.
– Peut-être était-il mal remis de son coup dur du mois dernier, dit Lefèvre, très ému. Il avait eu un tassement de vertèbre. Cela lui donnait parfois des évanouissements et des malaises.
Nous ne répondons pas. Lefèvre hausse les épaules.
– Pauvre Foucaud !
Pauvre Foucaud ! C’est bien la seule oraison funèbre que nous pouvons articuler, il y en a déjà trop eu, hélas ! »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)

Guerre secrète
Intoxication
Une forêt près de Hrodna, 00h30
– Les Allemands n’ont toujours pas compris ce qui se joue dans le soi-disant Kessel Scherhorn – ils envoient donc cette nuit un nouveau Kommando, l’Einsatz S, destiné à appuyer les soldats encerclés ! Lequel est, évidemment, intercepté sans tambour ni trompette par le NKVD sitôt tombé du ciel.
Les jours suivants, l’exercice se reproduira encore deux fois, avec les Einsatz M et N, toujours sans que les services secrets du Reich se doutent de quoi que ce soit. Une contrariété cependant pour les Soviétiques : par suite d’une erreur de navigation aérienne, le dernier groupe n’est pas tombé dans leurs filets, mais plutôt dans la forêt de Lituanie, assez loin d’ici… Bah, ils n’ont qu’à essayer de rentrer à pied, ils n’y parviendront jamais !


Notes
6- Commandant en second : capitaine Jan Klán, issu, comme Fajtl, des VVS ; commandants d’escadron : lieutenants-colonels František Chábera (venant de la RAF) et Josef Stehlik (venant de l’Armée de l’Air).
7- Matúšek est un as à 10 victoires, qui est passé l’hiver précédent du côté soviétique avec son Bf 109 G.
8- Sa monture favorite à la fin du conflit était un Lavotchin La-5 FN, en remplacement de son MiG-9 de 1943. Kojedoub prétendra dans son autobiographie avoir abattu durant les derniers jours du conflit deux P-51 américains qui l’avaient attaqué, l’ayant peut-être pris pour un Fw 190…
9- Il s’agit des musiciennes de la Maison régionale de l’Armée Rouge (DKA, le foyer du soldat), visiblement très appréciées de nos aviateurs français.
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