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Avril 1944 - Balkans et Hongrie
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Etienne



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Messages: 2824
Localisation: Faches Thumesnil (59)

MessagePosté le: Lun Juil 25, 2022 10:01    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
La suite - mes serpents se mordent à nouveau.

Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine –
La 12.Armee d’Alexander Löhr contre-attaque ! La 19.PanzerGrenadierDivision Brandenburg, unique force motorisée de tout l’Axe dans ce secteur du front, a quitté hier soir ses positions de la région de Jarkovac, en laissant à ses deux autres pauvres camarades du XXII.GAK le soin de combler le vide derrière le canal Tisza-Danube. Cheminant toute la nuit avec la célérité et le goût pour l’infiltration qui ont fait la réputation de cette unité, elle frappe au cœur des ténèbres l’arrière de la 1er DI du général Krstic, laquelle appuyait elle-même la 1ère Brigade blindée yougoslave du colonel Milutin D.Stefanović dans sa traversée de la Tamiš à Farkaždin. Les Yougoslaves sont secoués – mais pas surpris. Car la route a été longue pour les Brandebourgeois, et l’on ne déplace pas une division comme un Kommando, surtout avec des blindés.
Les soldats de l’Axe font donc vite face à une opposition significative, renforcée au soleil levant par une foule d’avions menés par le commandant Miha Ostric – lequel ne dédaigne pas, une fois encore, descendre à ras de sol avec son P-38 pour aligner les semi-chenillés sitôt que les DB-73 dont il a la charge sont à l’abri. La Luftwaffe, une fois encore, est hélas absente ! A son grand regret, faut-il le préciser … Quoiqu’il en soit, ainsi qu’il le racontera plus tard, le Yougoslave se vengera bien – et notamment sur (comme il le racontera bien plus tard) répétition! ‘un paaaauvre petit caamiiiiiiion de rriiiiiiien du tout, qui m’énervait à serrrrrrpentailler entre les fossés ! Je n’ai pas avoir eu chance ce jour là : ma premiere passe trop haute ! La seconde trop basse ! Et la troisième … en plein sur la bâche, mais trois obus avant que je n’avais plus de munitions. Raaaah ! (Le vétéran tape du plat de la main sur son bureau) La bohémienne m’avoir pourtant dit que pas bon jour pour ennemi ce jour-là !’ De fait, ces Brandebourgeois ont sans doute eu beaucoup de chance ce jour-là, Ostric n’ayant pas l’habitude de lâcher comme cela ses proies ! Face à ce tableau, Josef Irkens a déjà ordonné la retraite. Les deux formations se sépareront avant que les renforts alliés de tout type ne coûtent trop chers (cher, ou alors: ne soient trop chers), après une succession d’accrochages hargneux n’ayant abouti à rien de significatif hormis des pertes dans la confusion et l’absence de véritable stratégie…
Et pourtant, la tentative de Löhr a marché. Une dizaine de kilomètres plus à l’Ouest, la 2nd DI yougoslave de Mihailovitch était à Perlez – carrefour significatif de la région, reliant Titel (derrière la Tisza, où le XXI.GAK s’est replié provisoirement) et Farkaždin. Trop loin pour peser immédiatement, elle pouvait se détourner mais ne serait arrivée que fort tard. Finalement, après une trop longue hésitation, et surtout après que le général Brasic lui ait bien confirmé que tout était sous contrôle, elle a donc plutôt poursuivi sa route vers l’Est, atteignant la Tisza en milieu d’après-midi. Le souvenir de Leskovac ! Trop tard pour rattraper la 42.Jäger-Division déjà au Nord (nord)de Žabalj. Quant aux 297. ID (Otto Gullmann) et 118. Jäger-Division (Josef Kübler), elles sont à Zrenjanin et Lazarevo, la 1. Gebirgs-Division d’Hubert Lanz faisant la liaison à Aradac. Une nouvelle ligne s’est donc déjà formée, 40 kilomètres plus au Nord à peine. Grenade a échoué : le flanc gauche allemand n’est pas disloqué. Monty le sait : dans la soirée, il ordonnera à la 6th Indian Division (major-général B.H. Chappel), tout juste arrivée à Belgrade, de se redéployer en direction de Novi Sad, afin de permettre à Freyberg de poursuivre sans craindre pour son flanc …

Dangereux symptômes
Voïvodine & vallée de la Save –
Pendant ce temps, sur les arrières de la ligne de front, les forces alliées vont de découvertes en découvertes. A Sremska Mitrovica – auparavant Hrvatska Mitrovica, la Mitrovica croate – les témoignages font état de la présence d’un ancien camp ‘d’internement’ vers lequel Juifs, Serbes et antifascistes étaient systématiquement internés. Un camp dont chacun ne peut guère désormais conjecturer sur la nature, depuis Lublin et Bubanj. Le même modèle qu’à Staro Sajmište, sur la rive Nord (nord) de la Save face à Belgrade, lequel aurait permis l’exécution par des moyens barbares de 83% des Juifs de la capitale (l’insurrection finissant le travail …).
Evidemment, avant, c’était ‘seulement’ les Juifs. Mais pour le gouvernement de Belgrade, toujours très très inquiet en ce qu’il constate au fur et à mesure de la libération de son territoire une véritable ‘disparition’ démographique (la tournure me fait bizarre...) c’est le signe que le pire est certain.
Il faut donc trouver des coupables à pendre. Oui mais lesquels ? Les Croates, bien sûr – et leur tour viendra. Mais les Allemands aussi. Par exemple les traîtres Volksdeutsche de Voïvodine, complices et duplices à un tel point que pendant l’occupation, ceux de Ruma ont carrément formé une compagnie de volontaires intégrés à la Wehrmacht. Evidemment, ils ont fui depuis. Mais il en reste encore à débusquer – les corps-francs du roi, ainsi que certains éléments irréguliers du 1er CA yougoslave, se dirigent vers la zone.

Operation Perun
Aide divine
Théatre des Balkans–
Inquiet de la possibilité d’une vaste contre-offensive mécanisée depuis l’Est, la Balkanic Air force envoie les A-20 du Gascogne frapper toutes les voies de communications sur le territoire hongrois jusqu’à Kisvárda dans le cadre d’une campagne d’harcélement des cibles d’opportunité. Une tâche risquée ! Car on se rapproche du front de l’Est et la Luftwaffe veille vers Debrecen : le II/JG.52 tente sa chance et prélève 2 havoc (plus un endommagé) avant que les NA-89 de la 9e EC Bohême-Moravie ne ramène tout ce petit monde à des sentiments plus raisonnables. Une formation un peu moins efficace qu’auparavant hélas, car les demandes de transferts vers les VVS (sic!) se succèdent désormais chez les Tchécoslovaques! Ceux-ci descendent toutefois 2 109, contre un seul des leurs.
Dans la nuit, Arthur Tedder envoie les Halifax des 15th, 148th et 149th Squadron bombarder pour les mêmes raisons la gare de Szászrégen, en Transylvanie. Soit dans les faits, les arrières du HG2 ! Celui-ci ne dispose que du II/NJG.2 pour se défendre – et en passant par la Roumanie, les quadrimoteurs esquivent le plus gros des défenses ennemies. Aucun appareil ne sera donc perdu sur cet objectif pas franchement prioritaire, même si les Britanniques feront état d’un avion endommagé par des tirs de DCA … probablement soviétiques, car au-dessus de Craiova !

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demolitiondan



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MessagePosté le: Mer Juil 27, 2022 20:54    Sujet du message: Répondre en citant

18 avril 1944
Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save –
La 6th Australian division d’Horace Stevenson achève de défaire la 264.ID, désormais ouverte en fuite vers l’Ouest. Il parait désormais évident que cette unité de garnison, raisonnablement compétente face à des partisans mais ayant subi moulte prélèvements sur son équipement perfectible et son effectif chancelant, n’avait pas la moindre chance de durer en bataille rangée face à des professionnels. Elle retraite donc vers Brčko (pas encore atteinte dans la soirée …), afin de tenter de rétablir la liaison avec la 117. Jäger-Division et aussi pour tâcher de couvrir – au moins un peu – la retraite derrière la Drina du plus gros de la 20.Armee. Durant cette pénible manœuvre, au sortir des marais vers Jamena , le général Albin Nake est blessé à la tête de ses hommes. Il est remplacé par le Generalleutnant Otto Lüdecke, ancien chef d’une défunte 56.ID autrefois détruite et qui arrivera bientôt … du moins chacun l’espère.
La 1st Australian Armored Division continue de son côté sa folle chevauchée vers l’Ouest, sans trouver plus rien ni personne qui puisse l’arrêter … hormis l’éloignement des ports et les tensions dans les flux de carburants ! Ainsi, aussi, la pluie qui se fait dense en fin d’après-midi. Tout cela n’empêche toutefois pas Sherman et Firefly de dépasser le carrefour d’Orolik durant la journée et de n’être plus qu’à une dizaine de kilomètres de Vinkovci dans la soirée. Si cette ville tombe (et elle tombera, le haut-commandement allemand en est déjà persuadé), les alliés seront alors libres de poursuivre vers Dakovo (donc potentiellement de menacer la région de Požega, où les titistes causent déjà tant de soucis …) ou bien de remonter vers Osijek puis Pécs, le lac Balaton et les champs pétrolifères de Nagykanizsa. Von Weichs n’a qu’une seule réserve à déployer : la 1.PanzerDivision de Walter Krüger. Evidemment, son choix est vite fait – quitte à chagriner encore un peu plus les ‘amis’ croates.
Au surplus, c’est la décision la plus logique. De l’autre côté du Danube, la 6th Armoured Division fend la plaine jusqu’à Odžaci, et approche à chaque heure davantage de Sombor. De là, elle pourrait sans doute franchir à nouveau le Danube vers Bezdan et rentrer en Hongrie (enfin, celle d’avant-guerre) sans rien rencontrer sinon la 199.ID de Walter Wißmath, pour atteindre Mohács – donc le QG du HG E. Autant de raisons de privilégier ce secteur Et aussi d’accélérer le rédeploiement du XV. Gebirgs-Armee-Korps comme de la 12.Armee. Les deux dernières divisions disponibles de Lüters pressent ainsi le pas … Les 277.ID (Albert Praun) et 114. Jäger-Division (Karl Eglseer) filent ainsi jusqu’à Srbobran et Vrbas, avant d’entreprendre de se décaler vers l’Ouest au fil de l’arrivée des renforts d’Alexander Löhr.
On le comprend, le chef du HG E a toutes les raisons d’être inquiet ici : il a identifié correctement l’axe principal de l’effort ennemi, mais ne dispose pas pour autant des moyens pour y faire face ! Ses unités, sans cesse plus isolées et étirées sur un front toujours plus large risquent bien à terme de se faire fragmenter, isoler puis anéantir les unes après les autres. Maximilian von Weichs ne peut donc que remonter une fois de plus des appels angoissés vers Berlin sollicitant des renforts. Il l’ignore, mais ses angoisses sont (un peu) exagérées. Les impériaux ont certes percé … mais à deux divisions seulement. C’est peu, pour conquérir la Hongrie ! Et d’ailleurs, comme pour illustrer ces difficultés à venir, la 2nd New Zealand Division de Robert Freyberg sort pour sa part à peine de la région de Novi Sad, pour avancer vers Zmajevo, face au Franz Channel. Il va sans doute falloir que Birks l’attende.
De l’autre côté de la Save, Plunder-Left aussi se révèle un succès ‘pas aussi brillant que prévu’. Grâce à la véritable ‘déroute sacrificielle’ de la 162.ID – qui a réussi au prix de mille morts à concentrer l’attention de la 10th Armoured - le plus gros du LXVIII. Armee-Korps et de la 117. Jäger-Division (Karl von Le Suire) a réussi à passer la Drina à Badovinci. Quitte à passer toute la nuit et à perdre sensiblement en cohésion dans l’affaire … Les deux unités d’Hellmuth Felmy, renforcés des débris de la 162.ID du pauvre Johann Fortner, se rédéploient donc dans le secteur pour défendre Bijeljina, tout en laissant à la 117. Jäger-Division le soin de remonter vers Batković et Brezovo Polje pour assurer le flanc tout en rétablissant la liaison avec son ArmeeKorps.
Le dispositif est pour le moins fragile, voire carrément chancelant. Et pourtant, aucune attaque véritable ne viendra aujourd’hui par-dessus la Drina. Les 4th Indian Division (Arthur Holworthy) et 32th Army Tank Brigade (A.C. William) avancent méthodiquement vers l’Ouest en occupant le terrain de Badovinci à Mačvanski Prnjavor. Quant à la 10th Armoured Division, furieuse d’avoir été jouée de la sorte, elle repousse la 181.ID d’Hermann Fischer par-delà Loznica et la Drina, jusqu’à la rive opposée et avec l’aide de la 51th Highland arrivée entre-temps. Une manœuvre, faut-il le dire, que l’Axe avait un peu vu venir … ce qui lui a permis d’anticiper et de limiter la casse avant l’inévitable retraite. Quoiqu’il en soit, les huns sont objectivement chassés de la rive Est de la Drina. La 1ere phase de l’offensive alliée dans cette région est terminée.

Opération Veritable – celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale –
Le jour n’est pas bien plus agréable pour les forces de la 2nd armée française, toujours occupées à crapahuter entre monts et vallées. La 6e brigade de Montagne grecque du colonel Pafsanias Katsotas est désormais au contact de la 164.ID (Karl-Heinz Lungerhausen), dans le village de Ljubovija au Nord de la Drina. Peu inspiré à l’idée de risquer ses précieux montagnards dans un pénible combat péri-urbain pour un secteur de toute façon voué à tomber, le grec préfère donc atteindre son collègue Vasileios Vrachnos, dont la 1ère DI arrivera demain sur la rive Sud depuis Sikirić. Ensuite, il sera facile de coincer l’ennemi et de l’acculer à la retraite …
Plus au Sud, les choses ne sont hélas plus aussi apaisées dans les rangs de la 3e Brigade de Montagne. Celle-ci, confrontée à des conditions de progression et de ravitaillement un peu difficile jusqu’au village de Dobromerovići – où elle rentre alors en contact avec les premières lignes du 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich, défendant Rogatica. Il y a belle lurette que la Prinz Eugen s’est déployée en arc de cercle autour de Goražde, en laissant au 8,SS-Panzer-Grenadier-Regiment de Walther Schimana la Garde de l’approche Nord de Sarajevo, depuis Olovo – en plus bien sûr de la ‘tenue’ de la ville en question. Friedrich-Wilhelm Krüger a d’ailleurs engagé une vaste réfection sur les positions de ses troupes : en l’espèce, il a commencé à intervertir les positions des 7.SS-Panzer-Grenadier-Regiment (Alfred Wünnenberg – SS Polizei) à Mostar et du 27. Waffen-Gebirgsjäger Rgt (Desiderius Hampel – Handschar) àFoča. Ceci afin bien sûr de rapprocher les régiments d’une même unité. La manœuvre est toutefois longue, faute de troupes d’interlignes aptes à prendre le relais – il faudra donc du temps pour qu’elle soit effective. A moins, bien sûr, que Wewelsburg envoie vite des renforts.
Mais tout cela n’est pas le problème des grecs. Eux, leurs préoccupations, ca serait plutôt – et dans cet ordre – la survie face à un combat dont ils ne perçoivent pas forcément l’enjeu pour eux mais bien celui pour Londres, l’approvisionnement en nourriture de leur famille, celle de leur unité et enfin l’avenir politique de la Grèce. Hélas, il faut bien convenir que la proximité du 3e corps bosniaque du Peko Dapcevic, ainsi que d’une foule d’autres unités AVNOJ parmi les plus ‘poltiquement fiables’ pour le maréchal n’aide pas à apaiser les esprits. Derrière les lignes, et à côté de la 192.ID, ce sont tout de même les 1er corps prolétarien et le 8e corps dalmate qui descendent à présent la Drina vers Međeđa, en chantant le fusil à l’épaule. C’est avec difficulté que les officiers royaux ou républicains rappelent à chacun leur engagement et (surtout) l’appui anglais dans la libération de la terre natale contre les criminels barbares allemands. La haine des nazis … Ceci peut encore tenir la troupe. Et d’ailleurs, comme pour illustrer leur accord avec cette position, dans la soirée, les tireurs d’élite de la troupe infligent une injure terrible à l’axe, en blessant au mortier le SS-Standartenführer August Schmidhuber, qui avait commis l’erreur de s’avancer un peu trop visiblement pour inspecter ses lignes. Il est vrai que le SS n’est pas habitué à ce que son adversaire ait les moyens de l’atteindre … évacué vers l’arrière, il cède le commandement de son 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich à son QG régimentaire et à Ernst Deutsch – lequel cumule donc cette attribution avec celle du 13. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Artur Phleps.
Plus proche du Monténégro, les compatriotes du général Dimitrios Papadopoulos n’ont pas (encore) ce genre de souci. Et même si la 13e DI de Charalambos Katsimitros n’en fini pas de descendre de Pljevlja avec le 12e Corps “de Voïvodine” – ils atteindront Miljeno puis Rusanj aujourd’hui et ne sont donc plus qu’à une petite dizaine de kilomètres de Goražde, leur objectif - l’adversaire unique du 2nd corps grec reste encore et avant tout l’armée oustachie, dont la déroute visible fait suffisamment plaisir pour que, pour l’heure, on ne pense pas à autre chose ! La 1ère Brigade Blindée grecque (colonel Socrates Demaratos) et la 5e DI (general Georgios Stanotas) ont fini de dégager Bijelo Polje et ce secteur de la vallée de la Lim. Face à un Ier corps croate qui forme désormais bouchon sur la route de Babaići- Pape- Bajista, ces deux unités se préparent désormais à prendre la route de la vallée de la Tapa par Mojkovac, quitte à se coordonner (pourquoi pas ?) avec le 2e Corps de Choc de Peko Dapcevic, toujours occupé à solliciter la gauche oustachie.
Plus au Sud, vers Andrijevica, le 4e RST s’est un peu calmé. Ne prétendant tout de même pas enlever à lui seul Kolašin – surtout avec les premiers éléments de la 373e DI Tigar divizija (Nikolaus Boicetta) en face de lui, il attend calmement vers Trešnjevik la 1ère Division d’Infanterie tchécoslovaque d’Alois Liška. S’étant objectivement ouvert par son seul effort la route de l’Ouest, et dérouté une division d’infanterie réputée complète …

Opération Veritable – l’aigle et le damier
Monténégro –
L’atmosphère se tend notablement – et ici, l’on ne parle pas seulement du front, mais aussi et surtout de l’arrière ! De fait, l’arrivée de la ‘mission britannique’ mandatée par Athènes la veille ne fait rien pour motiver les polonais à aller de l’avant. Surtout que, si Bucknall et sa cohorte ont effectivement jugé utile de visiter le front, ils y sont partis sans prévenir personne et sans même daigner provoquer en préalable à Tirana une conférence avec leurs alliés ! Le splendide isolement, sans doute … Il n’en fallait bien sûr pas davantage pour mettre en fureur le général Anders et son état-major, dont le flegme n’est pas toujours insulaire.
De toute facon, qu’ils aillent faire les turystyczny si ca leur chante, ils ne donneront aucun ordre de plus à mes troupes !’ Et c’est vrai : la situation reste bloquée, sous la pluie et la mauvaise humeur. La 3e DI (Zygmunt Piotr Bohusz-Szyszko) n’avance presque plus, occupée qu’elle est à enlever les uns après les autres les nids de mitrailleuses croates de la Division du diable, qu’il faut réduire presqu’un par un sous les bombardements d’artillerie. On se bat toute la journée pour un médiocre coude obliquant au Nord ! Quant à la 5e DI de Bolesław Bronisław-Duch … elle progresse certes un peu pour entrer finalement dans la périphérie de Dobra Voda en profitant de l’appui des monitors qui tirent toujours au large – mais c’est objectivement une voie sans issue, la route de Bar restant soumise aux tirs tant que les monts la dominant ne sont pas sécurisés. Rien à faire, il faut prendre ces hauteurs et remonter par le canyon de Medjurec jusqu’au pied du Mont Rumija, au moins jusqu’au monastère de Saint-Nicolas !
Ainsi, les visiteurs n’auront pas grand-chose de significatif à observer aujourd’hui – et ils risquent hélas d’en tirer des conclusions erronées. Et pendant ce temps, depuis Tirana, Sylvestre Audet – qui n’ignore rien des drames en cours – fait remonter à son commandement de Marseille des rapports pour le moins anxieux sur la suite. Quelque chose va péter autour du lac Scutari … glisse-t’il à son ordonnance, sans qu’on sache très bien s’il parle d’un obus allemand ou d’une tête anglaise.
…….
Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine –
Dans ce secteur désormais aussi humide que sans enjeu, le calme revient à grande vitesse, passée la petite bravade de la 19.PanzerGrenadierDivision de Josef Irkens. Le 1er corps yougoslave du général Illija Brasic – désormais objectivement insuffisant à une éventuelle nouvelle offensive face à une seconde ligne - occupe le terrain et se réorganise sans plus chercher à poursuivre un allemand en pleine retraite, quand il n’est pas déjà rétabli sur des coupures humides !
La 1er DI du général Krstic, rompant avec le plan établi par Athènes car désormais d’évidence obsolète (il n’y a plus rien à encercler à l’Ouest !) avance vers Orlovat et (un peu) Samoš, en profitant de ce qu’elle sait que la brigade blindée du colonel Milutin D.Stefanović est en train de repasser sur ses arrières à Kovačica. La 2nd DI de Mihailovitch, quant à elle, avance par-delà la Tisza jusqu’à Lok (pour maintenir la liaison avec la 2nd New Zealand de Robert Freyberg) tout en remontant elle aussi vers le Nord jusqu’à Ečka. A la recherche du nouvel axe de défense allemand, afin de délimiter au moins la zone libérée. Et justement, au même moment, le Brandenburg regagne les lignes de l’Axe, pour se positionner une fois encore derrière le Franz Channel, entre Botoš et Jarkovac. Avant, sans doute, de devoir s’étirer vers Lazarevo puis Zrenjanin au fil du dipositif allemand ...

Operation Perun
Aide divine
Théatre des Balkans–
Journée calme pour la Balkanic Air Force – le mauvais temps sur une bonne part de la Yougoslavie occupée et de la Hongrie interdisant de fait aux forces de l’Air Marshall Arthur Tedder toutes actions majeures. Hormis les traditionnelles missions d’appuis-feu – plus rares que d’habitude d’ailleurs, et confiées pour l’essentiel à la 81e EB Yougoslave Kosovo sous l’escorte de la 82e EC porteuses des mêmes cocardes, aucun événement n’est à signaler.
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MessagePosté le: Mer Juil 27, 2022 21:37    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
La 6th Australian division d’Horace Stevenson achève de défaire la 264.ID, désormais ouvertement en fuite vers l’Ouest.

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MessagePosté le: Ven Juil 29, 2022 09:14    Sujet du message: Répondre en citant

Salut Dan !
Pas trop chaud ?
Je mêle ici corrections orthographiques, rajouts d'oublis, ponctuations et propositions de synonymes pour répétitions sous le couvert de l'azur, vu que le vert, je te l'accorde, passe mal... Et sans doute doublons de mes p'tits camarades...

demolitiondan a écrit:
18 avril 1944
Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save –
La 6th Australian division d’Horace Stevenson achève de défaire la 264.ID, désormais ouvertement en fuite vers l’Ouest. Il parait désormais évident que cette unité de garnison, raisonnablement compétente face à des partisans mais ayant subi moultprélèvements sur son équipement perfectible et son effectif chancelant, n’avait pas la moindre chance de durer en bataille rangée face à des professionnels. Elle retraite donc vers Brčko (pas encore atteinte dans la soirée …), afin de tenter de rétablir la liaison avec la 117. Jäger-Division et aussi pour tâcher de couvrir – au moins un peu – le repli derrière la Drina du plus gros de la 20.Armee. Durant cette pénible manœuvre, au sortir des marais vers Jamena , le général Albin Nake est blessé à la tête de ses hommes. Il est remplacé par le Generalleutnant Otto Lüdecke, ancien chef d’une défunte 56.ID autrefois détruite et qui arrivera bientôt … du moins chacun l’espère.
La 1st Australian Armored Division continue de son côté sa folle chevauchée vers l’ouest, sans trouver plus rien ni personne qui puisse l’arrêter … hormis l’éloignement des ports et les tensions dans les flux de carburants ! Ainsi, aussi, que la pluie qui se fait dense en fin d’après-midi. Tout cela n’empêche toutefois pas Sherman et Firefly de dépasser le carrefour d’Orolik durant la journée et de n’être plus qu’à une dizaine de kilomètres de Vinkovci dans la soirée. Si cette ville tombe (et elle tombera, le haut-commandement allemand en est déjà persuadé), les Alliés seront alors libres de poursuivre vers Dakovo (donc potentiellement de menacer la région de Požega, où les Titistes causent déjà tant de soucis …) ou bien de remonter vers Osijek puis Pécs, le lac Balaton et les champs pétrolifères de Nagykanizsa. Von Weichs n’a qu’une seule réserve à déployer : la 1.PanzerDivision de Walter Krüger. Evidemment, son choix est vite fait – quitte à chagriner encore un peu plus les ‘amis’ croates.
Au surplus, c’est la décision la plus logique. De l’autre côté du Danube, la 6th Armoured Division fend la plaine jusqu’à Odžaci, et approche à chaque heure davantage de Sombor. De là, elle pourrait sans doute franchir à nouveau le Danube vers Bezdan et rentrer en Hongrie (enfin, celle d’avant-guerre) sans rien rencontrer sinon la 199.ID de Walter Wißmath, pour atteindre Mohács – donc le QG du HG E. Autant de raisons de privilégier ce secteur Et aussi d’accélérer le rédeploiement du XV. Gebirgs-Armee-Korps comme de la 12.Armee. Les deux dernières divisions disponibles de Lüters pressent ainsi le pas … Les 277.ID (Albert Praun) et 114. Jäger-Division (Karl Eglseer) filent donc jusqu’à Srbobran et Vrbas, avant d’entreprendre de se décaler vers l’ouest au tempo de l’arrivée des renforts d’Alexander Löhr.
On le comprend, le chef du HG E a toutes les raisons d’être inquiet ici : il a identifié correctement l’axe principal de l’effort ennemi, mais ne dispose pas pour autant des moyens pour y faire face ! Ses unités, sans cesse plus isolées et étirées sur un front toujours plus large risquent bien à terme de se faire fragmenter, isoler puis anéantir les unes après les autres. Maximilian von Weichs ne peut donc que remonter une fois de plus des appels angoissés vers Berlin sollicitant des renforts. Il l’ignore, mais ses angoisses sont (un peu) exagérées. Les Impériaux ont certes percé … mais à deux divisions seulement. C’est peu, pour conquérir la Hongrie ! Et d’ailleurs, comme pour illustrer ces difficultés à venir, la 2nd New Zealand Division de Robert Freyberg sort pour sa part à peine de la région de Novi Sad, pour avancer vers Zmajevo, face au Franz Channel. Il va sans doute falloir que Birks l’attende.
De l’autre côté de la Save, Plunder-Left aussi se révèle un succès ‘pas aussi brillant que prévu’. Grâce à la véritable ‘déroute sacrificielle’ de la 162.ID – qui a réussi au prix de mille morts à concentrer l’attention de la 10th Armoured - le plus gros du LXVIII. Armee-Korps et de la 117. Jäger-Division (Karl von Le Suire) a franchi la Drina avec succès à Badovinci. Quitte à y passer toute la nuit et à perdre sensiblement en cohésion dans l’affaire … Les deux unités d’Hellmuth Felmy, renforcées des débris de la 162.ID du pauvre Johann Fortner, se rédéploient donc dans le secteur pour défendre Bijeljina, tout en laissant à la 117. Jäger-Division le soin de remonter vers Batković et Brezovo Polje pour assurer le flanc rétablissant ainsi la liaison avec son ArmeeKorps.
Le dispositif est pour le moins fragile, voire carrément chancelant. Et pourtant, aucune attaque véritable ne viendra aujourd’hui par-dessus la Drina. Les 4th Indian Division (Arthur Holworthy) et 32th Army Tank Brigade (A.C. William) avancent méthodiquement vers l’ouest en occupant le terrain de Badovinci à Mačvanski Prnjavor. Quant à la 10th Armoured Division, furieuse d’avoir été jouée de la sorte, elle repousse la 181.ID d’Hermann Fischer par-delà Loznica et la Drina, jusqu’à la rive opposée et avec l’aide de la 51th Highland arrivée entre-temps. Une manœuvre, faut-il le dire, que l’Axe avait un peu vu venir … ce qui lui a permis d’anticiper et de limiter la casse avant l’inévitable retraite. Quoiqu’il en soit, les Huns sont objectivement chassés de la rive Est de la Drina. La 1ere phase de l’offensive alliée dans cette région est terminée.

Opération Veritable – celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale –
Le jour n’est pas bien plus agréable pour les forces de la 2nd armée française, toujours occupées à crapahuter entre monts et vallées. La 6e brigade de Montagne grecque du colonel Pafsanias Katsotas est désormais au contact de la 164.ID (Karl-Heinz Lungerhausen), dans le village de Ljubovija au Nord de la Drina. Peu inspiré à l’idée de risquer ses précieux montagnards dans un pénible combat péri-urbain pour un secteur de toute façon voué à tomber, le Grec préfère donc atteindre son collègue Vasileios Vrachnos, dont la 1ère DI arrivera demain sur la rive Sud depuis Sikirić. Ensuite, il sera facile de coincer l’ennemi et de l’acculer à la retraite …
Plus au sud, les choses ne sont hélas plus aussi apaisées dans les rangs de la 3e Brigade de Montagne. Celle-ci, confrontée à des conditions de progression et de ravitaillement un peu difficile jusqu’au village de Dobromerovići – entre alors en contact avec les premières lignes du 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich, défendant Rogatica. Il y a belle lurette que la Prinz Eugen s’est déployée en arc de cercle autour de Goražde, en laissant au 8,SS-Panzer-Grenadier-Regiment de Walther Schimana la Garde de l’approche Nord de Sarajevo, depuis Olovo – en plus bien sûr de la ‘tenue’ de la ville en question. Friedrich-Wilhelm Krüger a d’ailleurs engagé une vaste réfection sur les positions de ses troupes : en l’espèce, il a commencé à intervertir les positions des 7.SS-Panzer-Grenadier-Regiment (Alfred Wünnenberg – SS Polizei) à Mostar et du 27. Waffen-Gebirgsjäger Rgt (Desiderius Hampel – Handschar) à Foča. Ceci afin bien sûr de rapprocher les régiments d’une même unité. La manœuvre est toutefois longue, faute de troupes d’interlignes aptes à prendre le relais – il faudra donc du temps pour qu’elle soit effective. A moins, bien sûr, que Wewelsburg envoie vite des renforts.
Mais tout cela n’est pas le problème des Grecs. Eux, leurs préoccupations, ça serait plutôt – et dans cet ordre – la survie face à un combat dont ils ne perçoivent pas forcément l’enjeu pour eux mais bien celui pour Londres, l’approvisionnement en nourriture de leur famille, celui de leur unité, et enfin, l’avenir politique de la Grèce. Hélas, il faut bien convenir que la proximité du 3e corps bosniaque du Peko Dapcevic, ainsi que d’une foule d’autres unités AVNOJ parmi les plus ‘poltiquement fiables’ pour le maréchal n’aide pas à apaiser les esprits. Derrière les lignes, et à côté de la 192.ID, ce sont tout de même les 1er corps prolétarien et le 8e corps dalmate qui descendent à présent la Drina vers Međeđa, en chantant, le fusil à l’épaule. C’est avec difficulté que les officiers royaux ou républicains rappelent à chacun leur engagement et (surtout) l’appui anglais dans la libération de la terre natale contre les criminels barbares allemands. La haine des Nazis … Ceci peut encore tenir les hommes. Et d’ailleurs, comme pour illustrer leur accord avec cette position, dans la soirée, les tireurs d’élite de la troupe infligent une injure terrible à l’Axe, en blessant au mortier le SS-Standartenführer August Schmidhuber, qui avait commis l’erreur de s’avancer un peu trop visiblement pour inspecter ses lignes. Il est vrai que le SS n’est pas habitué à ce que son adversaire ait les moyens de l’atteindre … évacué vers l’arrière, il cède le commandement de son 14. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Reinhard Heydrich à son QG régimentaire et à Ernst Deutsch – lequel cumule donc cette attribution avec celle du 13. SS-Freiwilligen Gebirgsjäger Rgt Artur Phleps.
Plus proche du Monténégro, les compatriotes du général Dimitrios Papadopoulos n’ont pas (encore) ce genre de souci. Et même si la 13e DI de Charalambos Katsimitros n’en fini pas de descendre de Pljevlja avec le 12e Corps “de Voïvodine” – ils atteindront Miljeno puis Rusanj aujourd’hui et ne sont donc plus qu’à une petite dizaine de kilomètres de Goražde, leur objectif - l’adversaire unique du 2nd corps grec reste encore et avant tout l’armée oustachie, dont la déroute visible fait suffisamment plaisir pour que, pour l’heure, on ne pense pas à autre chose ! La 1ère Brigade Blindée grecque (colonel Socrates Demaratos) et la 5e DI (general Georgios Stanotas) ont fini de dégager Bijelo Polje et ce secteur de la vallée de la Lim. Face à un Ier corps croate qui forme désormais bouchon sur la route de Babaići- Pape- Bajista, ces deux unités se préparent désormais à prendre la route de la vallée de la Tapa par Mojkovac, quitte à se coordonner (pourquoi pas ?) avec le 2e Corps de Choc de Peko Dapcevic, toujours occupé à solliciter la gauche oustachie.
Plus au sud, vers Andrijevica, le 4e RST s’est un peu calmé. Ne prétendant tout de même pas enlever à lui seul Kolašin – surtout avec les premiers éléments de la 373e DI Tigar divizija (Nikolaus Boicetta) en face de lui, il attend calmement vers Trešnjevik la 1ère Division d’Infanterie tchécoslovaque d’Alois Liška. S’étant objectivement ouvert par son seul effort la route de l’Ouest, et dérouté une division d’infanterie réputée complète …

Opération Veritable – l’aigle et le damier
Monténégro –
L’atmosphère se tend notablement – et ici, l’on ne parle pas seulement du front, mais aussi et surtout de l’arrière ! De fait, l’arrivée de la ‘mission britannique’ mandatée par Athènes la veille ne fait rien pour motiver les Polonais à aller de l’avant. Surtout que, si Bucknall et sa cohorte ont effectivement jugé utile de visiter le front, ils y sont partis sans prévenir personne et sans même daigner provoquer en préalable à Tirana une conférence avec leurs alliés ! Le splendide isolement, sans doute … Il n’en fallait bien sûr pas davantage pour mettre en fureur le général Anders et son état-major, dont le flegme n’est pas toujours insulaire.
De toute facon, qu’ils aillent faire les turystyczny si ca leur chante, ils ne donneront aucun ordre de plus à mes troupes !’ Et c’est vrai : la situation reste bloquée, sous la pluie et la mauvaise humeur. La 3e DI (Zygmunt Piotr Bohusz-Szyszko) n’avance presque plus, occupée qu’elle est à enlever les uns après les autres les nids de mitrailleuses croates de la Division du diable, qu’il faut réduire sous les bombardements d’artillerie. On se bat toute la journée pour un médiocre coude obliquant au Nord ! Quant à la 5e DI de Bolesław Bronisław-Duch … elle progresse certes un peu pour entrer finalement dans la périphérie de Dobra Voda en profitant de l’appui des monitors qui tirent toujours au large – mais c’est objectivement une voie sans issue, la route de Bar restant soumise aux tirs tant que les monts la dominant ne sont pas sécurisés. Rien à faire, il faut prendre ces hauteurs et remonter par le canyon de Medjurec jusqu’au pied du Mont Rumija, au moins jusqu’au monastère de Saint-Nicolas !
Ainsi, les visiteurs n’auront pas grand-chose de significatif à observer aujourd’hui – et ils risquent hélas d’en tirer des conclusions erronées. Et pendant ce temps, depuis Tirana, Sylvestre Audet – qui n’ignore rien des drames en cours – fait remonter à son commandement de Marseille des rapports pour le moins anxieux sur la suite. Quelque chose va péter autour du lac Scutari … glisse-t’il à son ordonnance, sans qu’on sache très bien s’il parle d’un obus allemand ou d’une tête anglaise.
…….
Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine –
Dans ce secteur désormais aussi humide que sans enjeu, le calme revient à grande vitesse, passée la petite bravade de la 19.PanzerGrenadierDivision de Josef Irkens. Le 1er corps yougoslave du général Illija Brasic – désormais objectivement insuffisant à une éventuelle nouvelle offensive face à une seconde ligne - occupe le terrain et se réorganise sans plus chercher à poursuivre un Allemand en pleine retraite, quand il n’est pas déjà rétabli sur des coupures humides !
La 1er DI du général Krstic, rompant avec le plan établi par Athènes car désormais d’évidence obsolète (il n’y a plus rien à encercler à l’ouest !) avance vers Orlovat et (un peu) Samoš, en profitant de ce qu’elle sait : que la brigade blindée du colonel Milutin D.Stefanović est en train de repasser sur ses arrières à Kovačica. La 2nd DI de Mihailovitch, quant à elle, avance par-delà la Tisza jusqu’à Lok (pour maintenir la liaison avec la 2nd New Zealand de Robert Freyberg) tout en remontant elle aussi vers le nord jusqu’à Ečka, à la recherche du nouvel axe de défense teuton, afin de délimiter au moins la zone libérée. Et justement, au même moment, le Brandenburg regagne les lignes de l’Axe, pour se positionner une fois encore derrière le Franz Channel, entre Botoš et Jarkovac. Avant, sans doute, de devoir s’étirer vers Lazarevo puis Zrenjanin au fil du dispositif allemand ...

Operation Perun
Aide divine
Théatre des Balkans–
Journée calme pour la Balkanic Air Force – le mauvais temps sur une bonne part de la Yougoslavie occupée et de la Hongrie interdisant de fait aux forces de l’Air Marshall Arthur Tedder toute action majeure. Hormis les traditionnelles missions d’appui-feu – plus rares que d’habitude d’ailleurs, et confiées pour l’essentiel à la 81e EB Yougoslave Kosovo sous l’escorte de la 82e EC porteuses des mêmes cocardes, aucun événement n’est à signaler.

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MessagePosté le: Sam Aoû 27, 2022 10:08    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, vous l'avez compris, je reprend tout au 13 avril, en espérant avoir corrigé / amélioré / complété ce que vous avez déjà lu. En fait, pour atteindre le 20 avril, ne reste à réviser que cette rubrique (Balkans) et la rubrique Front russe.


13 avril
La campagne des Balkans
Irrévocable (bis)
GQG du 18e GAA (place Syntagma, Athènes), 06h30
– Comme il y a deux jours, la pluie bat les fenêtres de la salle de conférence. Il y a deux jours, Bernard Law Montgomery avait décidé de reporter au moins jusqu’en mai, en raison de la météo essentiellement, son trio d’offensives Plunder-Grenade-Veritable. L’action décisive qui lui permettrait de forcer la route de Vienne par la vallée de la Save et le lac Balaton pour enfin s’arracher à la boue yougoslave – et à la Yougoslavie en général…
Hélas, cette nuit, il y a eu un événement à Budapest… Jusque-là, le temps jouait pour Monty : la météo n’était pas de la partie et chaque jour qui passait garnissait ses stocks bien plus vite que ceux de ses adversaires, forcés à la défensive. Et puis… Ces fichus Hongrois ont décidé de changer de camp ! On ne leur avait rien demandé ! Ils étaient du côté des Huns depuis des années, ils pouvaient bien y rester trois semaines de plus ! Mais non, il fallait qu’ils s’agitent et démolissent les plans britanniques. En pleines Pâques orthodoxes en plus, tiens !
Le stick tambourine sur la table, tel les gouttes de pluie sur les vitres. Monty maîtrise bien sûr la stratégie militaire alliée, notamment dans les Balkans : et pour cause, c’est la sienne ! Mais, contraint et forcé, il maîtrise aussi de mieux en mieux les enjeux politiques. Et il sait déjà une chose : Londres ne lui pardonnera jamais une nouvelle dérobade, comme celle infligée aux Bulgares en septembre 1943. A l’époque, il avait pu invoquer la course à travers la Grèce, le siège de Salonique, le fait que c’est du côté de l’Allemagne qu’il fallait aller chercher la victoire – des arguments d’autant plus recevables qu’ils étaient pertinents et véridiques. Mais aujourd’hui, ses armées sont prêtes et ses troupes motivées – il l’a même constaté lors de sa récente et minutieuse tournée d’inspection. Et surtout, ses stocks sont suffisants – même si, durant ces trois mois d’hiver, il a jonglé avec des capacités logistiques et notamment portuaires toujours insuffisantes. Jusqu’à négocier, par l’intermédiaire du si précieux Supply Service, voire même directement avec Londres, chaque convoi de munitions, chaque renfort – tous quasiment détournés du front italien (contre Alexander) et du front français (face à Marseille et même à Washington !).
Le Commonwealth porte littéralement à bout de bras le théâtre des Balkans – en cas d’échec, ses capacités de ravitaillement insuffisantes ne lui laisseront pas une seconde chance. Les autres fronts seraient trop heureux de “mieux employer” ses si précieuses ressources. Montgomery en a d’ailleurs bien conscience, et cela l’incitait aussi à la prudence, en accord avec son caractère guère porté à l’aventure : le temps finirait bien par s’éclaircir, facilitant les attaques et autorisant un appui aérien énergique… Hélas, aujourd’hui, refuser l’occasion qui se présente – on parle tout de même d’un possible effondrement, ou au moins d’une forte déstabilisation du flanc gauche ennemi ! – permettrait à Alexander, aux Français et aux Américains de clamer que le 18th AAG, son 18th Allied Army Group, ne sert à rien. Qu’il est incapable de profiter d’une opportunité en or. Qu’il ne fait, au fond, que repousser mollement vers le nord des forces de l’Axe pourtant faméliques à pas de tortue. Et que si la révolte magyare qu’il a sans doute en grande partie favorisée affaiblit les Allemands, c’est finalement en faveur des Soviétiques ! Un péché des plus graves, dans l’esprit de Sir Winston.
Donc oui, en réalité, Monty estime qu’il n’a pas le choix. Et c’est avec l’enthousiasme tempéré de celui qui tente de s’arranger avec les circonstances qu’il lance finalement à son état-major, et notamment à Béthouart et Spiliotopoulos : « Well, Gentlemen, let’s go ! ».

Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save, 08h00
– Les cieux sont incertains au-dessus des eaux des deux grands fleuves yougoslaves et d’Europe centrale quand démarre l’opération Plunder, qui doit forcer la route de Vienne en passant par le sud de la Hongrie. La météo ne facilite pas les reconnaissances et limite la puissance de l’appui aérien – heureusement, pour compenser, le 18th GAA dispose d’une arme de choix dans la grande tradition britannique : l’artillerie ! Et à 8h00, toutes les batteries alliées ouvrent le feu.
Avec bien d’autres tubes, trois grandes unités d’artillerie lourde matraquent ainsi les premières lignes de l’Axe, sur la base de renseignements obtenus tout au long de l’hiver : 2th et 5th Army Group Royal Artillery (au bénéfice, respectivement, de l’ANZAC et du XIIIth Corps), et 107e RALCA (en renfort auprès du XIIIth Corps). Le déploiement lointain de cette unité relevant de la 2e Armée française a certes fait un peu grincer des dents à Tirana, voire à Marseille… mais Londres a été catégorique : Montgomery est le chef de tout le 18th GAA et il gère ses forces comme il l’entend. Au surplus, l’action décisive se passera au nord – a-t-il assez répété que ses armées n’ont pas de temps à perdre dans les montagnes à chèvres !
Et ses canons non plus. 25-Pounder, 155 mm et obusiers de 7.2 pouces pilonnent donc une grosse demi-heure les principales tranchées ennemies, avant de faire remonter vers l’ouest un feu roulant tandis que le gros des troupes alliées monte à l’assaut dans deux secteurs principaux. En effet, Montgomery a conçu Plunder avec deux axes d’attaque, plus ou moins parallèles le long de la Save afin de se couvrir mutuellement.
Le premier, Plunder-Right, sera l’affaire de l’ANZAC de John Lavarack, renforcé de la 6th Armoured. Parti de ses positions à l’ouest de Belgrade, près de la confluence Save-Danube, il devra franchir le Danube vers Novi Sad puis s’enfoncer en Voïvodine jusqu’à Sombor (2), afin de menacer la région de Mohács et Pécs. Le second axe, Plunder-Left, pourra ainsi progresser le long de la Save sans risque d’être contré depuis le nord – au sud, ce sont les monts de Bosnie, on n’attend rien de ce côté. Bijeljina, Vinkovci, Slatina… Une longue remontée attend le XIIIth Corps de Brian Horrocks et la 10th Armoured, avant de converger avec Plunder-Right 50 kilomètres environ au sud-est de Nagykanizsa, près du lac Balaton.
Ensuite, selon les possibilités du moment et les réactions ennemies, on pourra progresser vers la frontière du Reich par Zalaegerszeg, Szombathely et Sopron. Ou peut-être, en faisant un léger crochet, par Varaždin et l’est de la Slovénie, selon la progression d’Alexander en Italie. Le premier scénario, plus direct et évitant les Alpes, a assurément la préférence des planificateurs. Mais nous n’en sommes pas là, il s’agit de prévision à deux mois. Et pareil saillant en territoire ennemi mesurant (si tout va bien !) 300 kilomètres ne pourra tenir, évidemment, que si l’on garde puis élargit ses flancs. C’est le rôle de Veritable et de Grenade – une fois passés le choc et l’incertitude que ces opérations ne manqueront pas de soulever.
Plunder démarre donc ! Sur presque 90 km de front, les soldats de la Couronne montent à l’assaut. En face, les Landsers sont inférieurs en nombre et en armement – de plus, ils ne peuvent compter sur aucun renfort, au moins tant que l’affaire hongroise n’est pas réglée. La Wehrmacht est donc contrainte à une stricte défensive – il est vrai que les travaux de retranchement menés durant ces trois derniers mois peuvent l’aider à encaisser le choc sur place. Heureusement pour le commandement nazi, qui sait depuis le 15 mars que tout recul trop rapide peut être facilement assimilé à du défaitisme…
Pour Plunder-Right, l’ANZAC s’engage sur une large plaine presque sans obstacle et atteint assez vite le cœur du dispositif allemand, après avoir percé des premières lignes relativement dégarnies. Face à Lavarack, Rudolf Lüters n’a pas prétendu défendre stupidement chaque centimètre de terrain : sa vraie ligne de défense est à distance du déploiement des Englander, et suit une ligne Novi-Sad – Ruma – Jarak afin de profiter autant que possible des bois et reliefs de la région de Vrdnik. Toutefois, son XV. Gebirgs-Armee-Korps n’a pour barrer la route à l’ennemi que trois divisions – dont une, la 277. ID, est composée d’Ostruppen renforcés de quelques éléments arabes (!). C’est peu pour ce qu’on attend de lui.
Au soir, l’ANZAC progresse donc méthodiquement partout, plus ou moins vite selon les circonstances. A gauche, la 6th Australian Division (Jack Stevens) a passé Pećinci, et repousse sans trop de difficulté une 117. Jäger (Karl von Le Suire), bien retranchée mais un peu trop étirée sur 17 kilomètres de plaine. Par contre, sur la droite, face à la 114. Jäger (Karl Eglseer), la 2e New-Zealand de Freyberg est encore à la traîne à Inđija – il est vrai qu’elle doit faire la liaison avec les Yougoslaves de Grenade. Mais le plus important se passe au centre, où la 1st Australian Armored d’Horace Stevenson s’engage dans le secteur de Mali Radinci, pour frapper à la jonction de la 117. Jäger-Division et de la 277. ID (Albert Praun), qui doit tenir la ligne jusqu’à Vrdnik. Qu’elle passe, et c’est la percée, avec au surplus un risque d’encerclement de Le Suire par la remontée de la 6th Armoured Division (Vyvyan Evelegh), qui attend derrière les hommes de Stevens de pouvoir exploiter ! Le problème, pour la 20. Gebirgs-Armee de Rendulic, c’est qu’il n’y a pour colmater cette probable brèche que la très médiocre 264. ID (Albin Nake), qu’il faut prélever dans le tout aussi médiocre XVIII. Gebirgs-Armee-Korps (Julius Ringel), étiré en seconde ligne jusqu’au nord de la Bosnie et impropre à toute action d’envergure ! Et de plus, Lothar Rendulic a d’autres soucis à gérer !
En effet, pour Plunder-Left, le XIIIth Corps passe à l’attaque au sud de la Save. Partie d’Obrenovac, la 4th Indian (Arthur Holworthy) commence à remonter le fleuve, précédée d’un lourd barrage d’artillerie offert par le 5th AGRA. Assez vite, quelque part entre Ušće et Debrc, elle rencontre les tranchées de la 162. ID (Johann Fortner) – pauvre unité qui n’a plus que de deux régiments depuis la défection en Albanie des ex-soviétiques (mais toujours musulmans) qui formaient le troisième. Coincée dans une position déjà inconfortable face à une formation éprouvée et bien soutenue, elle se retrouve donc assez vite en difficulté. Au soir, elle se bat encore, c’est vrai, mais sans rien pouvoir faire d’autre que retarder les Indiens sur la route de Vladimirci. Bien entendu, le QG d’armée lui a promis des renforts !
Un peu plus au sud, dans la vallée à l’est de la Koceljeva, la 173. ID (Heinrich von Behr) – de création récente et renforcée par le 907. StuG Abt (Hauptmann Friedrich von Lessen) tient bien mieux sa ligne. Il est vrai qu’elle n’a affaire qu’à la 32th Army Tank Brigade (A.C. William) – laquelle ne cherche nullement à l’enfoncer, mais seulement à ouvrir un passage sur le flanc nord, vers Tulary, pour la 10th Armoured d’Horace L. Birks ! Ensuite, il sera toujours temps de se rabattre pour s’occuper des traînards… Et d’ailleurs, sur la gauche des blindés, la 51st Infantry (Charles Bullen-Smith) commence à glisser vers Babina Luka, au nord de Valjevo. La ville est tenue par la 181. ID (Hermann Fischer), incapable de bouger car déjà sollicitée par les Grecs sur sa droite ! En résumé, sur le flanc gauche de Plunder-Left, les lignes alliées sont lâches, oui… mais en face, celles des Allemands sont carrément clairsemées. Démarrage lent ou pas, s’ils persistent dans leur défense statique, ils seront immanquablement encerclés puis anéantis !

Opération Veritable – Celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale, 07h30
– Pour la 2e Armée française (que beaucoup dans ce secteur commencent à appeler l’armée Fabvier (3), car les Grecs y sont majoritaires…), les choses bougent aussi. Veritable, vaste opération de ratissage sur un très large front, de Valjevo jusqu’au Monténégro (soit 210 kilomètres !), n’a pas les ambitions de Plunder. Elle doit simplement progresser dans les vallées vers l’ouest afin de couvrir le flanc sud du XIIIth Corps, en mettant à profit la multitude d’avantages dont les Alliés disposent ici : supériorité aérienne, soutien des forces de l’AVNOJ, supériorité numérique et de feu (deux corps d’armées renforcés sont opposés à deux ou trois divisions SS – pour certains, les Croates ne comptent pas !). Il faut espérer que cela permettra de compenser les menus désagréments issus des arbitrages de la place Syntagma : terrain difficile et ravitaillement… non-prioritaire.
Et il faut reconnaître que, ce matin, les progrès des forces de Sylvestre Audet – mais surtout d’Alexandros Othonaios – donneraient plutôt raison à Montgomery. Après Morgenstern, suivie d’une contre-offensive limitée qui a sauvé les forces titistes d’une destruction totale le mois dernier, les troupes alliées avancent sans rencontrer de grande résistance dans les étroites vallées des Balkans, plus ou moins en accord avec les forces de résistance locales.
Au nord, la 6e Brigade de Montagne grecque (colonel Pafsanias Katsotas) glisse sans opposition ou presque d’Osečenica vers Bačevci, afin d’isoler Valjevo par le sud. La 1ère DI (Vasileios Vrachnos) reste encore en réserve à Bajina Bašta – tant que Plunder n’a pas avancé, elle doit assurer la protection des forces titistes face au nord, contre un très improbable effort allemand depuis Bratunac. Mais au sud, la 3e Brigade de Montagne du colonel Thrasyvoulos Tsakalotos progresse vers Rudo, bien couverte par la 192e DIA du général Paul Jouffrault. Les troupes montent vers les lignes adverses sous les acclamations des Partisans tout juste enrôlés dans la 29e Division “d’Herzégovine” de Vlado Segrt. A son QG d’Užice, le Lt-général Giorgios Kosmas est évidemment ravi que les choses se passent ainsi, malgré le risque non négligeable de contagion communiste (le profil politique de Kosmas est… monarcho-républicain). Le général ne peut qu’espérer que les choses continuent de la sorte. Le Grec se méfie et il a raison ! Sur ses arrières, les corps-francs serbes rôdent, à l’affut d’un mauvais coup contre à un adversaire pas toujours clairement identifié, mais qui pourrait bien être tout aussi yougoslave qu’eux. Le risque de guerre civile est réel… en plein conflit avec l’Axe, et avec ses troupes au milieu. Le 1er Corps grec marche ainsi sur des œufs – et Kosmas tient à assurer ses arrières.
Pour Dimitrios Papadopoulos et son 2e Corps, les choses sont plus simples. Faute de tout contact préalable avec l’ennemi, ses troupes doivent simplement avancer afin de rejoindre puis de traverser les postes de l’AVNOJ – le tout, sans trop craindre les Oustachis devant eux ou un coup fourré sur leurs arrières. Le 2e Corps voisinait déjà avec la 1ère Brigade du Département pour la Protection du Peuple – donc, tout ira bien ! A droite, la 13e DI (général Charalambos Katsimitros) passe de Prijepolje à Jabuka – demain, elle sera sans doute à Pljevlja, où elle rejoindra les formations de l’AVNOJ en reconstitution, dont le 2e Corps “de choc” de Peko Dapcevic. Plus au sud, la 5e DI (Georgios Stanotas) descend du plateau de Rozaje vers Berane, en direction du IIIe Corps croate, avec d’autant moins d’inquiétude qu’elle se sait couverte sur sa droite par la 1ère DI tchécoslovaque d’Alois Liška et sur sa gauche par le 4e Régiment de Spahis Tunisiens du colonel Roux, à Kuqishtë ! L’ensemble de ces troupes devraient entrer demain soir en contact avec les deux divisions d’Ivan Markuli (IIIe CA). Sans appréhension : si elles se méfient des Oustachis, elles ne les craignent pas. La nouvelle de leur déroute face aux Titistes le mois dernier a vite fait le tour du front…
Enfin, au centre du 2e Corps, la 1ère Brigade Blindée du colonel Socrates Demaratos avance face à la 3e DI croate Osijek d’Emil Radl (Ier CA). Dès midi, ses éclaireurs s’emparent de Brodarevo, faiblement défendue. Face à des blindés, les Croates n’ont pas jugé pertinent de beaucoup garnir leur première ligne… Confortés par ce premier succès, les blindés grecs progressent à présent vers le sud, pour ce qui s’annonce comme un combat relativement aisé… mais peut-être pas sans risque pour autant.
………
« “Bienvenue dans ce beau merdier, sergent Amynthe ! Alors, paré à tracer ?” “En voiture !” “Bien ! Allons plomber ces pourritures de nazis !” Une fois tout le monde installé dans le semi-chenillé M3 qui allait nous servir de maison et… d’à peu près tout durant les jours à venir, notre chauffeur, un barbon abondamment barbu complétait pour les nouveaux : “Au fait, moi c’est Dioskoros, et le sergent c’est Markus. Quant à mon petit bijou d’halfitrackos, le 314 pour les huiles, c’est Bḗlē !”
Au fond de l’engin, à droite : “T’es un appelé ?” “J’ai pas eu le choix. J’ai été pris en charge par l’EKKA. Ma famille a eu de quoi bouffer, mais je me suis fait enrôler. Putain de vie !” La radio fait taire ce début de confidence. “Delta, ici Bías. Apparemment, je vais devoir me marier avec une certaine Mariánna. Bon, on se retrouve à Bijelo Polje !”
“C’est parti !” répond pour moi Dioskoros, tandis que notre colonne s’arrache enfin aux sous-bois, précédée par des chars légers Valentine et alors qu’un ou deux Stinson Sentinel d’observation montent au loin sous le ciel gris… “Bonne chance les gars. Alpha, ici Delta 314. Prêt à avancer vers l’objectif.”
“Bien reçu, c’est quand vous voulez, mais tout de suite !” “On y va les gars. On a de la route à faire, jusqu’à Berlin !” Notre brigade blindée fonce désormais vers l’ennemi, sous un parapluie d’aviation dans un ciel gris acier. Les vallées étroites de Yougoslavie ne sont pas notre terrain préféré, mais tant pis. Et nos gros engins vert olive de défiler devant arbres et rochers, creusant dans la boue des sillons profonds et éclaboussant les alentours. »

(Markus Amynthe – Désolé, rien à faire pour avoir le tire en écriture grecque [Machines de guerre] – Souvenirs de la campagne de Bosnie, Kedros éditeur via LGF, 1993)

Opération Veritable – L’Aigle et le Damier
Monténégro, 07h30
– Pour les Polonais du général Władysław Anders aussi, c’est l’heure de l’affrontement. Dans le secteur du 2e Corps polonais, tout autour du lac Scutari (Shkodra en albanais, Skadar en serbo-croate), la bagarre s’annonce rude : déjà, parce que les Alliés partent en légère infériorité numérique (deux divisions et une brigade blindée seulement) contre les trois divisions du Kroatian Legion Armee Korps d’Ivo Herenčić. Ce dernier ne bénéficie certes pas de l’expérience substantielle de l’armée des exilés, tant pour une partie de ses troupes que pour leur commandement… Cependant, il est équipé à l’allemande grâce à la générosité de Berlin, selon un ordre de bataille certes ancien (l’InfanterieDivision format fin 1942) mais toujours bien supérieur à tout le reste de l’armée oustachie. De plus, le KLAK a eu plusieurs mois pour se retrancher, dans un secteur que certains quadrillent depuis l’automne.
Or, d’une façon générale, le Monténégro est facile à défendre. Les Polonais ne pourront progresser qu’en suivant deux voies. Celle du nord, qui va de Koplik vers Podgorica en suivant la rive du lac Scutari ou en passant par les reliefs de Skorać. Et celle du sud, qui passe par Bar, entre mer et lac – un terrain carrément montagneux : la chaîne des Alpes dinariques, atteignant par endroits 1 500 mètres…
Dans les deux cas, le 2e Corps s’attend à affronter une forte résistance, du terrain sinon des Croates – et probablement des deux. Le commandement allié, qui en est bien conscient, lui a donc attribué des objectifs pour le moins limités… Il ne s’agit nullement ici de faire la course vers Nikšić ou Dubrovnik avec les Hellènes, mais avant tout de fixer le KLAK dans sa position actuelle, en le contraignant à une guerre d’attrition. Soit il reste, et il encaisse des pertes en risquant, à terme, de se faire envelopper. Soit il se replie et abandonne des positions défensives très favorables. Dans les deux cas, le 18th GAA est gagnant… mais ce n’est pas forcément le point de vue des hommes de la 3e DI (Zygmunt Piotr Bohusz-Szyszko), de la 5e DI (Bolesław Bronisław-Duch) ou de la 1ère Brigade blindée (Stanisław Maczek).
Il faut le dire : les Polonais sont franchement écœurés des récents événements de Varsovie, et d’un peu partout sur leur sol natal. S’ils veulent bien reconnaitre aux Américains – voire aux Français ! – d’avoir au moins fait l’effort d’essayer d’aider la Pologne martyrisée, l’absence de solidarité ou d’empathie et même le mépris ou l’absence d’humanité qu’ils ont ressentis de la part des Britanniques ont eu raison de leur peu d’enthousiasme. Pas de leur professionnalisme, certes pas ! Ils restent soldats, et n’iront pas non plus se faire traiter de tire-aux-flanc, sans parler de confier à d’autres le sale boulot. Mais pour ce qui est de monter à l’assaut sous la mitraille comme en 1808 en Espagne, il faudra attendre. Et vu que les Croates sont bien retranchés, que le soutien d’artillerie est faible que l’aviation est gênée par la météo, l’attaque patine donc assez vite…
Depuis Koplik, la 3e DI avance vers Ivanaj. En face, c’est la 369. ID, Vražja divizija – la division du Diable (Marko Mesić), dont la réputation n’est plus à faire dans la région. Ce qui réveille un peu les ardeurs des Polonais – à défaut de se venger sur les SS de Varsovie, pourquoi ne pas faire justice de leurs imitateurs ? Toutefois, Mesić est un commandant compétent – peut-être même le seul de tout son corps d’armée. Et il recule donc avec maîtrise vers le nord, en gagnant du temps tout en cédant un terrain bien inutile. Au sud, c’est encore pire : la 392. ID Plava divizija – la division Bleue (Artur Gustovic) fait tomber sur la 5e DI un feu paralysant des contreforts de Brajše et Krute, dès la périphérie de Vladimir. Or, Bronisław-Duch ne dispose pas de beaucoup de marge de manœuvre, contraint qu’il est par les pentes, la Méditerranée et le petit lac Šasko, qui contraignent ses assauts… Artur Gustovic peut commander à de simples recrues sorties trop tôt de formation – ici, il joue sur du velours ! Au total, les lignes ne bougent que de 5 ou 6 kilomètres, malgré la surprise et l’élan initial, tout aussi théoriques l’une que l’autre. Evidemment, dans pareille configuration, la brigade de Maczek n’a pas été engagée, sinon par petits groupes, en appui-feu.
Au soir, c’est un premier rapport fort mitigé que Sylvestre Audet, envoie de Tirana à Athènes. Le Français, qui n’ignore rien des… problèmes de moral des Polonais, se veut malgré tout encourageant. Le déclenchement de Véritable s’est fait dans la précipitation, il faut tâter le terrain, user les hommes du KLAK. Et, pour cela, un appui d’aviation et d’artillerie navale serait des plus utiles !

Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine, 07h30
– Comme presque toute la ligne alliée, le 1er Corps yougoslave du général Ilija Brasic s’élance vers l’ennemi. Il bénéficie en apparence des circonstances les plus favorables : sur le flanc de Plunder-Right, face à des adversaires coincés en plaine, et de surcroît occupé à cette heure à se battre entre Allemands et Hongrois…
Pourtant, il n’en est rien. Et en vérité, Grenade est le parent pauvre du trio d’offensive conçu par Montgomery – une action engageant un unique corps d’armée contre tout le flanc droit de la 12. Armee allemande. Laquelle n’est certes pas la plus brillante ou la plus nombreuse des formations allemandes, mais tout de même ! Ce simple fait a conduit assez logiquement le commandement allié à revoir ses ambitions. Il n’est donc pas question d’atteindre la frontière nord du Royaume au sud de Szeged pour entrer en Hongrie (et pour y faire quoi, d’ailleurs ?) mais plutôt, par un vaste crochet depuis Kovačica formant une pince entre Yougoslaves et Néo-Zélandais, de se saisir du confluent entre Timiș et Danube. Ceci fait, il sera toujours temps de stabiliser une position défensive quelque part entre canaux et fleuves, puis d’avancer selon les opportunités, peut-être pour saisir Zrenjanin. En attendant que les Rouges déferlent sur la Hongrie, bien sûr, ce qui permettra à tout le monde de border à nouveau l’ancienne frontière, comme du côté de la Roumanie.
Gardes-flancs, gardes-frontières… En définitive, les Yougoslaves ne sont pas beaucoup mieux lotis que les Polonais. Heureusement pour eux, ils disposent de leur propre aviation, en l’espèce les 80e EC, 82e EC, 81e EB et (bientôt) la nouvelle 83e EB, équipée grâce à la bienveillance des Français. Et la météo, de ce côté, semble correcte – à moins que les aviateurs yougoslaves ne soient indifférents aux nuages… Les troupes au sol avancent ainsi sans craindre d’embuscade. La 2e DI (Mihailovitch) quitte ses positions de Borča pour avancer vers Čenta, en passant par Padinska Skela, où elle fait étape pour la nuit. La 1ère DI (Krstic) progresse vers Crepaja, avec la 1ère Brigade blindée yougoslave (Milutin D. Stefanović) qui lui ouvre la voie – très marquée par Leskovac, cette unité fait preuve de plus de prudence que jadis… N’empêche ! Les Yougoslaves – qui sont ici pour la plupart des Serbes – restent très motivés, à l’inverse des Polonais. Ils ont face à eux les assassins allemands et les traîtres hongrois. Au surplus, ils se battent aussi pour libérer leur sol. Ça compte, pour les soldats – même si, comme souvent dans les Balkans, on ne peut exclure que cela entraîne un risque de… dérapage que personne n’aura su ou voulu anticiper…

Operation Perun – Le ciel pris au dépourvu
Théâtre des Balkans
– Mettant à profit une météo tout compte fait acceptable (du moins pour un Britannique), la Balkans Air Force poursuit Perun, en l’adaptant à l’offensive en cours, qui a hélas démarré plus tôt que prévu. Aussi, tout en hâtant les réparations et recompléments nécessaires après la rude campagne de ces dernières semaines, elle dépêche plusieurs wings et escadres pour éclairer et appuyer les attaques. Pour des raisons techniques, cet effort improvisé est toutefois limité à la matinée (sauf pour les FARY…), mais il est à prévoir qu’il s’amplifiera sous peu.
Dans la nuit, selon ses anciens plans, la RAF envoie les Wellington des Sqn 104 et 202 bombarder Tulln-an-der-Donau, au nord de Vienne, tandis que le Bomber Command Home bombarde l’ancienne capitale autrichienne. Evidemment, ce sont les ponts sur le Danube et la gare ferroviaire qui sont visés… mais même si la nuit est claire, les vieux bimoteurs ne disposent pas d’assez de bombes pour traiter comme il convient cet objectif. La plupart des projectiles touchent les voies, mais le Reich en a vu d’autres, et tous les jours – la logistique de la Heer ne sera que modérément gênée. Un Wellington est abattu et deux endommagés.
Conscient de ce résultat médiocre, l’Air Marshall Tedder décider de suspendre les raids les plus lointains, en attendant de voir comment les opérations terrestres vont tourner.

Heeresgruppe E – Le début des ennuis
Mohács (Hongrie)
– Une journée chargée s’achève et, pour le général Maximilian Von Weichs, c’est l’heure du bilan. Celui-ci est assurément très inquiétant – mais pas aussi catastrophique que craint. D’abord, parce que Panzerfaust est un succès. Le royaume de Hongrie est enfin mis au pas, et vraisemblablement pour longtemps. La 12. Armee a réussi à neutraliser la 2e Armée de ce Nagy, désormais en route vers les geôles du Reich, et l’épouvantail d’une offensive britannique coordonnée avec une tentative plus… énergique du régent Horthy est donc à oublier.
Est-ce à dire que les efforts alliés dans cette région peuvent être négligés ? C’est à voir ! Car, du point de vue du Saxon, au lieu de la poussée franche vers Budapest, à la fois redoutée mais aussi anticipée, l’adversaire semble se disperser dans des efforts tous azimuts et dont le sens ne lui apparaît pas encore. Montgomery attaque partout : en Voïvodine, sur la Save, sur le Danube et même en Bosnie voire au Monténégro. Enfin – ces bouts de montagne ingrats ne relèvent fort heureusement pas vraiment du HG E, mais bien de la Schutzstaffel. Tant mieux ! Mais ça ne résout pas tous les problèmes.
Car s’il est une chose certaine en ce printemps 1944, c’est que le théâtre des Balkans est le parent pauvre de la Wehrmacht – pis encore que l’Italie, voire la Norvège. Par suite, si la neutralisation des Hongrois est une bonne chose, la perte de toutes leurs troupes qui assistaient le HG E reste une bien mauvaise affaire. Pour faire face à une offensive ennemie généralisée, Weichs ne peut compter que sur un unique renfort, la 199. ID (Walter Wißmath), récemment arrivée de Norvège, justement ! Et il se doute déjà que les pertes subies dès aujourd’hui ne seront que très difficilement remplacées…
En pareilles circonstances, il faut considérer le plus important. La priorité du Reich est et restera la Hongrie : ses champs de pétroles, ses mines, ses usines. C’est donc à ce secteur que Weichs doit donner la priorité. Aussi, le général allemand décide d’expédier son unique renfort à Lothar Rendulic, afin que celui-ci puisse défendre le secteur de Novi Sad. C’est ce qui compte. Pour le reste, faisons au mieux et laissons courir : le Schwerpunkt ennemi se révèlera dans les jours à venir, car il est certain que les Alliés ne pourront pas soutenir indéfiniment un effort aussi important dans tous les secteurs. Ils ne peuvent quand même pas prétendre percer partout !

Waffen-SS du HG E – Tranquillité
Sarajevo
– Au soir, dans son repaire sur les quais de la Miljacka, l’Obergruppenführer-SS Friedrich-Wilhelm Krüger – lequel n’est concerné (de son point de vue) que par Veritable et ne veut donc pas entendre parler d’autre chose que des Grecs et des Polonais – fait lui aussi le bilan de sa journée. Le SS ne voit aucune raison d’être inquiet : il est certes un peu sollicité sur sa gauche (quoique toujours moins que ces incapables de Croates sur sa droite), mais c’était couru d’avance. Entre sous-hommes des Balkans, on se comprend, qu’on soit Grecs, Yougoslaves ou que sais-je encore ? Le bolchevisme et le royalisme bigot ont la même racine : la juiverie !
Bref – de toute façon, son III. SS Gebirgs-Armee-Korps a de la marge. Beaucoup de terrain à céder, et de surcroît du terrain impropre à toute grande chevauchée blindée, infesté de brigands communistes et aux routes déjà ravagées, quand elles existent. Krüger n’a donc qu’à défendre pied à pied cols et vallons pour sauvegarder son sang, tout en reculant si nécessaire au niveau de la Heer pour éviter de se faire encercler. Ce recul ne devrait d’ailleurs pas prêter à conséquence : si une percée anglo-saxonne vers Zagreb serait assurément une catastrophe, elle a autant de chances de survenir qu’un mariage entre une Allemande et un Polonais ! La stratégie ennemie, forcément lente, coûteuse et prévisible, est donc sans issue. De toute façon, il n’est que deux verrous qui vaillent en Bosnie : Mostar, au sud… et Sarajevo, bien sûr.

AVNOJ – Tito saute sur l’occasion
Une grotte au nord de Višegrad
– Dans sa grotte aux confins de la Serbie et de la Bosnie, le maréchal Tito n’est pas du même avis. A présent que ses alliés anglais (et autres) se sont lancés vers l’ouest, ils ne sauraient plus s’arrêter avant les frontières du Reich. L’ennemi fasciste est trop faible, et les moyens alliés trop forts. Il est tout de même regrettable que ces capitalistes ne se soient pas autant agités quand l’AVNOJ subissait les coups de la Morgenstern nazie !
Peu importe… Dans ces circonstances, Tito n’a que deux choix : accompagner et devancer le mouvement allié – le soutenir, s’y greffer, tout dépend du point de vue – ou le subir en attendant l’arrivée des sicaires du despote Karađorđević, dont les troupes comme la crédibilité se renforceront inévitablement dans les mois à venir.
Le choix est vite fait… Le maréchal de Yougoslavie appelle donc son très proche Milovan Đilas (voir appendice 6) : il faut faire au plus vite le point sur les unités de l’AVNOJ en réserve, en formation, voire en reconstitution, pour voir ce que l’on peut dépêcher pour soutenir les Alliés. Et pour les autres, le combat continue !
………
Discrétion
Požega, nord de la Croatie
– Après la pantalonnade de ces derniers jours, Zagreb a fait comprendre à Vjekoslav Servatzy que ses forces ne sont vraiment pas prioritaires pour l’heure. Son Ve Corps oustachi se tient donc tranquille aujourd’hui, et se contente de faire remonter la brigade de cavalerie Schlacher de Banja Luka jusqu’à Sbrac, comme prévu la veille. C’est risqué… Mais chacun se doute ici que demain ou après-demain, Slavko Štancer ou Vilko Begić pourraient exiger d’attaquer à nouveau vers Nova Gradiška afin de dégager la route de Zagreb pour les amis allemands. Mieux vaut donc anticiper !
En face, du côté du 6e Corps “Slavon”, on sécurise le terrain, on fait la chasse aux collaborateurs – et surtout on recrute et on se renforce. Petar Drapšin est privé de son jeu cruel favori – il s’attache donc à organiser au mieux “son” insurrection, en essayant de faire oublier le honteux épisode de 1941 (4).
………
Indifférence
Entre Gospić et Knin
– Dans la vallée de la Zrmanja, sous un ciel gris du printemps de l’Adriatique, la 8e Division Kordun (commandant Vlado Cetkovic, commissaire Arthur Turkulin), du 4e Corps “Croate”, rencontre le 28. SS-Gebirgsjäger Rgt de la division Handschar (Sturmbannführer Hans Hanke). Les deux unités disposent de moyens… divers : des chars de prise italiens et… français pour l’un, une poignée de Semovente 75/18 (de prise aussi) pour l’autre. A l’échelle de ce théâtre, c’est beaucoup ! Pourtant, aucun des deux protagonistes n’a grande envie de se jeter immédiatement à la gorge de l’autre.
C’est que la mission des SS est défensive : pour l’heure, il s’agit de prévenir tout débordement de l’enclave de Lika par le sud, afin de sécuriser les arrières du III. SS Gebirgs-Armee-Korps. Le secteur actuellement tenu par l’AVNOJ n’a guère de valeur en soi : un plateau désertique sans intérêt. Que les Partisans y restent et y pourrissent ! Quand la situation sera réglée plus à l’est, il sera temps de crever cet abcès. Et du côté des Partisans, la stratégie d’Andrija Hebrang, patron de l’AVNOJ en Dalmatie, est toute en réserve, voire en passivité. Les forces titistes ne prennent aucune initiative pouvant inquiéter l’Axe…

Etat indépendant de Croatie
Des comploteurs catastrophés
Région de Zagreb
– Déjà sidérés, comme tout le monde, par la tentative hongroise comme par son écrasement instantané, les conspirateurs du groupe de Mladen Lorković sont catastrophés par le déclenchement de l’offensive alliée en Bosnie-Herzégovine et dans la vallée dans la Save. Ils constatent avec effroi que, de ce fait, tous leurs plans sont par terre. Impossible de prétendre conclure une négociation, puis organiser sereinement un retournement dans de pareilles conditions ! Pas avec des troupes engagées et des Allemands… bien réveillés !
Les circonstances ne se prêtant pas à la moindre action et chacun devant régler une foule de choses plus ou moins urgentes et personnelles – ainsi, Ante Vokić doit aussi gérer sa garde nationale ! – ces Oustachis plus ou moins repentis conviennent donc de se revoir « plus tard ». Même si les deux principales choses qu’ils avaient à négocier – à savoir leur armée et le terrain qu’elle occupe – risquent de perdre sous peu beaucoup de leur valeur…


Notes
2- Et non pas Zombor, comme disent les envahisseurs hongrois…
3- Charles Fabvier (1782- 1855), général d’artillerie sous le Premier Empire et franc-maçon. Aide-de-camp de Marmont, il fait partie des signataires de la capitulation de 1814, après une carrière l’ayant tenu à l’écart de presque toutes les grandes batailles (à l’exception notable de la Moskowa, où il est grièvement blessé et présenté à Napoléon – cf. Guerre et Paix). Libéral convaincu, il se joint à nouveau à Napoléon pendant les Cent Jours – il craint donc pour sa vie à la Restauration, d’autant qu’il participe aussi à plusieurs complots anti-royalistes en France ou en Espagne. Il fuit alors en Grèce pour rejoindre les mouvements indépendantistes et former la Taktikon – la première armée régulière grecque, forte de 3 700 hommes. Nommé syntagmatarque (chef de bataillon), il se couvre de gloire lors de son raid pour ravitailler l’Acropole en décembre 1826, ainsi qu’en 1827, lors de son débarquement raté à Chio. C’est aujourd’hui l’un des héros de l’indépendance hellène. Victor Hugo le décrit ainsi dans ses Choses vues : « Assez grand, tête énorme, chevelure et moustaches noires épaisses, un masque mâle, héroïque et formidable qu’on eût dit pétri et tripoté par la main d’un géant ; une expression à la fois dure et bienveillante, de la finesse dans le sourire, un débit rapide et saccadé. Une grande sauvagerie homérique, telle que l’on eût plutôt dit qu’il sortait de la tente d’Achille que du camp de Napoléon. »
4- Juste après l’invasion, Drapšin avait été chargé d’organiser un soulèvement en Herzégovine. Il avait échoué de façon si lamentable qu’il avait écopé de sanctions disciplinaires ! Sans doute le rude Partisan n’était-il pas assez affuté à l’époque… Son commandement actuel est donc sa seconde et dernière chance – tout comme la preuve que l’AVNOJ éprouve encore et toujours le plus grand mal à renouveler ses cadres.
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John92



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MessagePosté le: Sam Aoû 27, 2022 11:53    Sujet du message: Répondre en citant

Comme il y a deux jours , la pluie bat les fenêtres de la salle de conférence. Il y a deux jours , Bernard Law Montgomery avait décidé de reporter au moins jusqu’en mai, en raison de la météo essentiellement, son trio d’offensives Plunder-Grenade-Veritable.
...
Le stick tambourine sur la table, tel (telles) les gouttes de pluie sur les vitres.
...
Les autres fronts seraient trop heureux de “mieux employer” ses (ces ? à priori ces ressources sont communes donc Monty ne les possèdent pas, ce ne sont donc pas les siennes –ses- ) si précieuses ressources.
...
Coincée dans une position déjà inconfortable face à une formation éprouvée (aguerrie pour éviter la confusion avec la double signification d’éprouvée = fatiguée vs aguerrie ) et bien soutenue, elle se retrouve donc assez vite en difficulté.
...
Sur ses arrières, les corps-francs serbes rôdent, à l’affut d’un mauvais coup contre à (à supprimer) un adversaire pas toujours clairement identifié, mais qui pourrait bien être tout aussi yougoslave qu’eux.
...
Pas de leur professionnalisme, certes pas ! Ils restent soldats, et n’iront pas non plus se faire traiter de tire-aux-flanc (tire-au-flanc), sans parler de confier à d’autres le sale boulot.
...
Il bénéficie en apparence des circonstances les plus favorables : sur le flanc de Plunder-Right, face à des adversaires coincés en plaine, et de surcroît occupé (occupés) à cette heure à se battre entre Allemands et Hongrois…
...
Conscient de ce résultat médiocre, l’Air Marshall Tedder décider (décide ) de suspendre les raids les plus lointains, en attendant de voir comment les opérations terrestres vont tourner.
...
Car s’il est une chose certaine en ce printemps 1944, c’est que le théâtre des Balkans est le parent pauvre de la Wehrmacht – pis (plus/pire ???) encore que l’Italie, voire la Norvège.
...
C’est donc à ce secteur que Weichs doit donner la priorité. Aussi, le général allemand décide d’expédier son unique renfort à Lothar Rendulic, afin que celui-ci puisse défendre le secteur de Novi Sad. C’est ce qui compte. Pour le reste, faisons au mieux et laissons courir : le Schwerpunkt ennemi se révèlera dans les jours à venir, car il est certain que les Alliés ne pourront pas soutenir indéfiniment un effort aussi important dans tous les secteurs .
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Des comploteurs catastrophés
Région de Zagreb
– Déjà sidérés, comme tout le monde, par la tentative hongroise comme par son écrasement instantané, les conspirateurs du groupe de Mladen Lorković sont catastrophés (anéantis ?) par le déclenchement de l’offensive alliée en Bosnie-Herzégovine et dans la vallée dans la Save.
...
Même si les deux principales choses qu’ils avaient à négocier – à savoir leur armée et le terrain qu’elle occupe – risquent de perdre sous peu beaucoup de leur valeur (leurs valeurs ????vraiment pas sur de moi, juste au cas où)
...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Sam Aoû 27, 2022 12:51    Sujet du message: Répondre en citant

John92 a écrit:
Comme il y a deux jours , la pluie bat les fenêtres de la salle de conférence. Il y a deux jours ,

Répétition volontaire
...
Le stick tambourine sur la table, tel (telles) les gouttes de pluie sur les vitres.

Correct ("que" sous-entendu)
...
Les autres fronts seraient trop heureux de “mieux employer” ses (ces ? à priori ces ressources sont communes donc Monty ne les possèdent pas, ce ne sont donc pas les siennes –ses- ) si précieuses ressources.

Si ! Il estime que ce sont SES ressources à lui !

...
Car s’il est une chose certaine en ce printemps 1944, c’est que le théâtre des Balkans est le parent pauvre de la Wehrmacht – pis (plus/pire ???) encore que l’Italie, voire la Norvège.

Mais oui ça existe ! Une forme ancienne, parfois un pis-aller , mais ça existe.
………
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Des comploteurs catastrophés
Région de Zagreb
– Déjà sidérés, comme tout le monde, par la tentative hongroise comme par son écrasement instantané, les conspirateurs du groupe de Mladen Lorković sont catastrophés (anéantis ?) par le déclenchement de l’offensive alliée en Bosnie-Herzégovine et dans la vallée dans la Save.

Répétition de catastrophés normale entre le titre et le texte, qui reprend le titre.
...
Même si les deux principales choses qu’ils avaient à négocier – à savoir leur armée et le terrain qu’elle occupe – risquent de perdre sous peu beaucoup de leur valeur (leurs valeurs ????vraiment pas sur de moi, juste au cas où)

Non, leur valeur globale.


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John92



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MessagePosté le: Sam Aoû 27, 2022 13:15    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Si ! Il estime que ce sont SES ressources à lui !

Je m'en doutais un peu connaissant l'égo du Monty, c'était juste pour être sur. Du coup, le "ses" prend tout son sens. Bravos, c'est subtil.
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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 09:14    Sujet du message: Répondre en citant

OK, ce coup-ci, c'est pour de bon.


14 avril
La campagne des Balkans
Opération Plunder – Vol à l’arraché
Vallées du Danube et de la Save
– L’offensive alliée vers l’ouest se poursuit, sous un ciel plus clair qu’espéré – malgré le retour d’un assez mauvais temps en fin de journée.
Plunder-Right – L’ANZAC continue à disloquer le XV. Gebirgs-Armee-Korps, forcé de commencer à retraiter sous les coups. Face à la poussée toujours forte de la 6th Australian (Jack Stevens) et – surtout ! – menacée par un net début de percée de la 1st Australian Armored (Horace Stevenson) dans le secteur de Pavlovci, la 117. Jäger (Karl von Le Suire) doit reculer en hâte jusqu’à Sremska Mitrovica pour ne pas risquer d’être enveloppée ou rabattue vers la Save puis anéantie. Elle n’y parvient d’ailleurs que parce que les Cromwell australiens recherchent moins la destruction de leur ennemi qu’un point de passage vers Bačka Palanka !
En reculant, Le Suire reçoit le soutien de l’aile droite de la 264. ID (XVIII. GAK), qui s’avance au même moment vers Veliki Radinci afin de tenter de fermer la brèche. Mais, pour les réservistes d’Albin Nake, la tâche s’annonce déjà compliquée – surtout que derrière Stevenson, il y a encore Vyvyan Evelegh et sa 6th Armoured ! Celle-ci n’est pourtant pas immédiatement injectée dans la brèche. Confronté à une défense improvisée mais assez efficace de l’infanterie allemande autour des villages de Stejanovci et Bešenovo (les Landsers, embusqués derrière les haies et dans les fossés, font grand usage de mines magnétiques et de Panzerfausts) Robert Lavarack a décidé de surseoir, le temps de dégager la route pour ce magnifique outil que lui a confié l’Empire. Dans son QG de Salonique, John O’Connor n’ira pas le contredire : avec ce fichu temps, impossible de savoir où l’on va, où vont les Huns et même où ses voisins se trouvent !
La preuve : au même moment, Robert Freyberg envoie ses hommes à l’assaut de Velika Remeta, à l’extrême est du massif du Fruška Gora barrant la route de Novi Sad. Malgré une supériorité totale en artillerie grâce au 2th AGRA et – en début de journée – un appui aérien, il se heurte à une résistance tenace de la 277. ID (Albert Praun), renforcée d’une partie de la 114. Jäger (Karl Eglseer), accourue en renfort du Danube. De nombreux et pénibles combats retardateurs permettent aux Allemands de gagner du temps. D’autant plus que les Néozélandais doivent encore couvrir leur flanc droit, en attendant Grenade… Ici, la situation n’est pas certes critique, mais bien difficile.
Plunder-Left –De ce côté, les choses vont mieux – c’est dire qu’elles vont très bien. Le XIIIth Corps est en train de s’enfoncer dans les lignes de l’Axe comme un couteau dans de la gelée. Le long de la Save, la 4th Indian Division (Arthur Holworthy) continue de repousser avec vigueur la 162. ID (Johann Fortner) au-delà de Vladimirci. Les défenseurs sont alors renforcés sur leur gauche par la 100. Jäger (Willibald Utz), redéployée depuis Šabac avec le 914. StuG Abt (major Friedrich Domeyer) – ce qui freine pour la nuit l’avance alliée. Une manœuvre risquée – le LXVIII. AK n’a plus rien sur la Save pour empêcher les Australiens d’aller enlever son QG en venant de Platičevo ! Mais Hellmuth Felmy n’a pas le choix… Du reste, les objectifs ennemis ne sont sûrement pas de son côté – les “Englander” cherchent évidemment à s’emparer de la Hongrie et des ressources de cet allié du Reich !
Il peut donc céder un peu de terrain avant qu’il ne soit trop tard – avec parcimonie et discrétion. En conséquence, au centre, la 173. ID (Heinrich von Behr) et le 907. StuG décrochent de Koceljeva vers Gradojević, en tâchant de conserver ainsi une liaison vers le nord malgré l’action de la 32th Army Tank Brigade (A.C. William). Celle-ci enfonce déjà ses pointes jusqu’à Kaona – et encore, si les Sherman ne vont pas aussi vite qu’ils le pourraient, c’est avant tout parce que l’état du terrain et des prétendues routes les en empêche. Derrière, la 10th Armoured d’Horace L. Birks piaffe d’impatience – mais avec le traditionnel flegmatisme insulaire. Mieux vaut laisser à d’autres le plaisir de crapahuter dans les collines.
Enfin, tout au sud, la 181. ID (Hermann Fischer) abandonne en hâte Valjevo avant d’être encerclée par la 51st Infantry (Charles Bullen-Smith) et la 6e Brigade de Montagne grecque. Elle se retire vers Osladić puis Osečina. Heureusement pour les Allemands, les Ecossais sont peu familiers du terrain, alors que les hommes de Fischer bénéficient des services du Corps des Volontaires Serbes du couple infernal Dimitrije Ljotić et Radoslav Rade Radic !
La pauvre 20. Armee, très étirée et constituée en partie de troupes de second rang n’ayant connu que des tâches de garnison, subit donc le même choc que la 12. Armee en Grèce. Ce qui n’est ni agréable, ni encourageant pour la suite.

Opération Veritable – Celle dont personne ne voulait
Bosnie orientale
– Ce début de printemps humide dans est idéal pour les jardiniers, moins pour les militaires qui attaquent. Heureusement pour elle, l’armée royale grecque n’a pas à affronter d’adversaire aussi solide que celui des Anglo-Saxons plus au nord.
Pour le 1er Corps grec de Giorgios Kosmas, la situation n’évolue pas ou presque. Dans des vallées objectivement contrôlées par l’AVNOJ ou presque, et alors que les SS sont encore à une soixantaine de kilomètres, les soldats du Royaume hellène progressent sans véritable opposition. Ce qui ne les empêche pas d’être prudents et de se méfier des risques d’embuscade, des difficultés du terrain (donc du ravitaillement), ou encore… d’une possible action communiste. Ils n’ont pourtant rien à craindre – sauf accident extraordinaire, les titistes n’iront jamais affronter le 18th AAG. C’est leur meilleure garantie pour l’avenir !
La 6e Brigade de Montagne (colonel Pafsanias Katsotas) atteint ainsi Donje Leskovice, visant à terme Bratunac et la jointure entre Heer et Schutzstaffel en Yougoslavie. En attendant, la 1ère DI (Vasileios Vrachnos) ne bouge toujours pas, se contentant d’envoyer quelques détachements remonter la Drina, sur les conseils d’un état-major partisan tout proche et qui connait particulièrement bien la région…
Un peu plus au sud, la 3e Brigade de Montagne (colonel Thrasyvoulos Tsakalotos) a atteint Rudo. Ne voyant pas l’intérêt de se perdre dans la vallée de Sočice – laquelle ne mène qu’au col de Dubrava (environ 1 200 mètres), qui redescend vers Pljevlja et l’extrême nord du Monténégro – elle entreprend de suivre la Lim en direction de la Drina. Au sud-ouest de Višegrad, donc, dans une région ou SS et Partisans se sont vigoureusement affrontés lors de la récente Morgenstern. Derrière, la 192. DIA ferme la marche, sécurise le terrain, assure la liaison, agrandit les routes ou en crée quand il n’y en a pas. Un travail de forçat, où il faut une division entière pour permettre à une brigade d’avancer !
Pendant ce temps, le 2e Corps grec de Dimitrios Papadopoulos commence à se heurter à une ébauche de résistance. Certes, au nord, la 13e DI (Charalambos Katsimitros) – qui arrive en vue de Pljevlja – est accueillie par les hommes de Petar Dapcevic “Peko” (lequel, assez finement, a donné à ses commissaires des instructions expresses de discrétion fraternelles). Mais plus à gauche, les Grecs sont à présent au contact des Oustachis. Et s’ils sont assurément vainqueurs, ce n’est pas pour autant la marche triomphale attendue ! Au centre, la 1ère Brigade Blindée (colonel Demaratos) progresse ainsi par à-coups vers Gostun, harcelée sur ses arrières par la 3e DI Osijek : les Croates sont motivés, leur chef, Emil Radl, est compétent, et leurs éléments sont souvent encadrés par des irréguliers fiables, qui ont compris qu’une opposition frontale ne servirait à rien. Après tant d’autres armées dans cette région du monde, c’est au tour de l’armée royale grecque d’affronter une guérilla balkanique. Ses hommes n’y étaient pas préparés… sauf ceux qui l’ont pratiquée durant les années précédentes, bien sûr ! Enfin, sur la gauche des blindés, la 5e DI (Georgios Stanotas) continue de descendre vers Berane. Elle affronte donc les premiers éléments de la 2e Division de Montagne d’Antun Prohaska au sud de Gornja Vrbica – des recrues au moral médiocre, mais qu’il faut bien réduire…
Un peu plus au sud, à Velika, les Spahis tunisiens couvrent les Grecs à leur droite. Il est amusant de constater que les hommes du colonel Roux sont descendus des massifs sans rencontrer personne ! Même l’armée oustachie n’a rien dans leur secteur. En fait, l’Axe ne dispose ici que de… l’Armée nationale monténégrine ! Une troupe d’une valeur discutable en bataille rangée. Même s’il est vrai que Sekula Drljević a récemment dispersé la troupe du vil Pavle Đurišić, ce qui a fait beaucoup monter sa cote chez les Oustachis. Toutefois, le 4e RST n’a rien d’une troupe de seigneur de guerre monténégrin – ses éclaireurs, puis toute sa supposée armée nationale vont vite s’en rendre compte…
………
« La radio crépite, couvrant le petit moteur qui passe en ricanant au-dessus de nos têtes. « Ici Argos 3-6, je commence à escorter Delta. On se retrouve à Bijelo Polje. Terminé. » La silhouette du petit Sentinel s’éloigne sans disparaitre – par moments, la fragile trapanelle semble presque figée dans le vent. « Bien reçu, Argos 3-6. On se met en position – Pégase 1-8 terminé. » Ça, c’est l’une des formations de Bucéphale de garde, prête à fondre sur l’ennemi une fois celui-ci repéré. Depuis hier, les Oustachis se dérobent et se replient, visiblement conscients qu’ils sont incapables de tenir la ligne. Pourtant, ils ne semblent pas pour autant abandonner la lutte. « Ici Pégase 2-8, on est en position. »
L’un des pelotons de Valentine partis devant nous rend compte à son tour. « Ici Centaure 0-9, on dégage la voie. RAS dans le secteur… Oubliez ça, contact ennemi. Je répète, contact avec les Croates ! » Une traînée de fumée traverse la vallée en une diagonale incertaine, pour s’écraser loin devant dans une violente explosion. Il en vient ensuite une foule d’autres. « Droit devant les gars ! Mortiers en vue ! » Je gueule à l’attention de tout le groupe : « A couvert ! » Alors que Bḗlē accélère pour sortir de la route, le Sentinel qui nous parlait il y a encore quelque instant se retrouve pris dans une toile d’araignée de traçantes – transformé en torche, il tombe lentement vers les rochers. Derrière « Oh, je me sens mal. » Puis un bruit de vomissement. Et : « J’en était sûr, avec un indicatif pareil (1) ! » Devant : « De Centaure 0-9 à tous les Pégase, Argos 3-6 est au tapis, je répète Argos 3-6 au tapis. Gaffe à la Flak. » « Reçu, Centaure 0-9 » L’instant d’après, plusieurs machines carrées et puissantes nous survolent en grondant, leurs ventres bleuâtres bien visibles, et disparaissent vers la source des tirs. Lesquels, hélas, ne diminuent pas !
Alors que nos halfitrackos continuent de zigzaguer et de tenter de se cacher en se rapprochant : « Ici Pégase 1-8, on va les strafer depuis la crête. Centaure 0-9, prenez position sur le flanc… » Un impact direct fracasse l’un des engins devant nous. Transformé en cercueil collectif, il reste immobilisé, obstruant la route, ses flammes et sa fumée attirant les tirs ! Avec rage, Dioskoros pousse le moteur de Bḗlē jusqu’à faire disparaitre l’épave dans le fossé, où elle bascule et s’écrase sur le dos dans un grand fracas. « Ici Gamma dans véhicule de queue, ils ont eu Kornílios ! Nettoyez-nous cette crête d’urgence ! » Nouveaux tirs au loin – je vois un des Bucéphale perdre soudain de l’altitude et pour s’écraser à flanc de falaise. « Nos zoziaux, ils ont morflé ! » commente notre chauffeur. Encore un impact devant nous –nous sommes désormais en tête de colonne, avec juste les Centaure et leur infanterie portée devant nous. Et eux se sont rabattus dans une forêt, pour se cacher un peu à la vue des Oustachis ! L’impact suivant descelle un gros rocher, qui passe devant nous en roulant …
« On va se faire cramer comme des poulets ! » « Bordel, Pégase 3-8 est hors de combat, il faut qu’on vire de cette crête pour passer par le sud. Centaure 0-9, dégagez avec votre marmaille, Allez vite ! » Dans le M3, les jurons vont croissant, à couvrir le moteur. Un éclat frappe la plaque de blindage juste à ma droite, dans un grand BONK. « Bien reçu Pégase 1-8, on descend dans la vallée. »
Les Bucéphale repassent en grand tonnerre, à fond de vallée, avant de disparaitre ou presque en reprenant de l’altitude. Je regarde un instant plus tard, les points paraissent s’être arrêtés. On dirait même qu’ils recommencent à grossir. « Attention ! » Un véhicule blindé de type plutôt ancien – une Autoblinda italienne bricolée – surgit sur notre droite, et commence à tirer au 20 mm sur notre suivant, qui s’enflamme instantanément. Notre 12,7 de tourelle l’arrose tout de suite, comme celle des engins qui nous suivent encore. La mitraille constelle les flancs de l’engin ennemi, qui fonce néanmoins sur la route puis nous évite de justesse avant d’aller finalement s’écraser contre un arbre, tout son équipage probablement tué.
Un vacarme lointain me fait relever la tête : une pluie de roquettes tirées par les trois Bucéphale restants s’abat sur la crête d’où partaient les tirs. Le bruit des explosions est suivi d’exclamations joyeuses. « De Pégase 1-8 aux Centaure, route vers Bijelo Polje dégagée. On repasse en arrière, terminé. » « Bien reçu, 1-8. Hé les gars, matez en bas, c’est Mariánna et les gars ! »
« Dioskoros t’a un bol de… ! On a bien cru que cette barcasse allait te dérouiller ! » « Aucune chance mec, j’ai des gars de Ioannina avec moi. Et faut que je les trimbale jusqu’au parc à Italiens (2). » « Hé ouais, t’es pas le seul. » Une troisième voix que je connais très bien se joint à la conversation, pour la clore. « Ici Tovías, je suis en bas avec eux, sur le M3 d’arrière-garde. On la ferme et on avance. On se voit à Bijelo Polje. Terminé. » « Bien reçu, mon lieutenant, on y sera dans pas longtemps. »

(Markus Amynthe –  [Machines de guerre] – Souvenirs de la campagne de Bosnie, Kedros éditeur via LGF, 1993)

Entretien avec un Oustachi
« – Poursuivons. Le 13 avril 1944, dans la suite directe de la tentative ratée de retournement hongrois (mon interlocuteur laisse échapper un discret hoquet de mépris à cette évocation), les forces alliées déclenchent une offensive générale en Yougoslavie. Il s’avère alors rapidement ce que beaucoup pressentaient : l’armée de l’état indépendant de Croatie ne fait pas le poids. Du moins pas en bataille rangée.
– Permettez-moi de nuancer votre propos, mon cher monsieur. Les engagements contre les forces gréco-communistes n’ont rien eu d’une déroute, du moins dans le secteur où je me trouvais. Si elles furent des défaites, c’était simplement et avant tout le résultat d’une disproportion grotesque entre les moyens dont disposait notre adversaire et les nôtres. La faute à notre commandement, qui ne l’avait pas anticipée. La faute aux Allemands de ne pas l’avoir corrigée. Les hommes du 1er Corps, tout comme les légionnaires du KLAK, étaient des professionnels vétérans et des patriotes ayant à cœur de défendre leur pays contre l’étranger, l’orthodoxie et le collectivisme. S’ils ont fini par craquer, ce n’est que par instinct de survie, pas par lâcheté. Sans parler de la trahison finale…
– Nous aurons le temps de l’évoquer, soyez-en sûr. Néanmoins, patriotisme, peur du communisme où que sais-je encore ne pèsent pas bien lourd face à un armement supérieur. Surtout pour des combattants professionnels comme ceux que vous évoquez, parfaitement conscients de la situation. Comment expliquez-vous alors que des formations souvent improvisées – ne le niez pas, major ! – ou avant tout habituées à la lutte anti-partisans – terroristes, oui, si vous voulez ! – ne se soient pas instantanément… disons repliées devant un affrontement par trop inégal ?
– Mon cher monsieur, vous raisonnez comme un homme de paix. Un homme qui vient d’un pays en pays et n’a pas à se préoccuper de sa survie, à court ou à moyen terme. Si nous nous étions enfuis, nous aurions été rattrapés, et par qui ? Les Partisans titistes, pour nous égorger ? Ou les grécos-musulmans ? Lesquels n’auraient pas manqué de nous livrer ensuite aux communistes, ou aux coupe-jarrets du roi Karađorđević – pour nous, du pareil au même.
– Il y avait des passerelles entre ces armées et la vôtre, vous le saviez.
– Oui, c’est vrai. Mais ceux qui les empruntaient le faisaient en sachant qu’ils ne laisseraient personne derrière. Tout le monde n’a pas le luxe de pareille insouciance. Les Allemands – et notamment cette ordure d’Hellmuth Becker, le trésorier-espion de la SS détaché auprès de nous – le savaient bien, eux qui payaient si chers les services de mes Vukas, en argent et en nourriture pour nos familles…
– Vos familles ?
– Mais oui, nos familles. Celles qui nous suivaient même sur le champ de bataille. Celles de mes hommes, de mon intendant, Milorad. La mienne aussi, bien sûr. »
(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)

Opération Veritable – L’aigle et le damier
Monténégro
– Les assauts poussifs – ou méthodiques, selon la source… – du 2e Corps polonais se poursuivent sur les positions du KLAK d’Ivo Herenčić, toujours sans grands résultats. La 3e DI de Zygmunt Piotr Bohusz-Szyszko en est toujours à grignoter les lignes extérieures de la 369. ID Vražja divizija dans le secteur d’Ivanaj ; elle n’a même pas atteint l’anse d’Hani i Hotit (3).
Quant à la 5e DI, elle continue d’avancer face à la 392. ID Plava Divisija derrière un barrage d’artillerie roulant, mais celui-ci n'est pas aussi fourni qu’elle le voudrait. L’escadre d’appui-feu est certes partie d’Athènes la veille, mais ne rejoindra le secteur que cette nuit – la Royal Navy (qui dirige l’opération) invoque des difficultés de dragage de mines. Bronisław-Duch soupçonne – comme la plupart de ses hommes – qu’en réalité, Athènes n’a pas anticipé correctement. La conséquence d’une décision prise dans la précipitation ! Et les Polonais de se sentir une fois encore comme la cinquième roue du carrosse.
Pour ajouter l’insulte à la blessure, la ZNDH – l’aviation oustachie ! – se permet même une sortie, en envoyant une paire de Bf 109 E mitrailler les positions polonaises. Evidemment, les intrus filent ensuite à toutes jambes, craignant sans doute à juste titre une mauvaise rencontre. Mais l’événement n’en constitue pas moins un précédent dangereux, qui déclenche une tempête de plaintes vers Tirana, donc Athènes !
Quoiqu’il en soit, la Division Bleue d’Artur Gustovic ne parait en danger nulle part. Et Herenčić, qui a fait jouer ses appuis politiques pour forcer les pilotes de Kren à agir, va par monts en vaux le long de ses lignes pour mieux se féliciter de l’excellente performance de ses unités. De son côté, Johann Mickl – le conseiller autrichien de garde – n’est pas aussi optimiste. Pour sûr, les lignes tiennent – mais les Alliés ne renoncent pas, sans pousser plus fort pour l’instant. A croire qu’ils attendent quelque chose…

Opération Grenade – Diversion explosive
Voïvodine
– Le corps yougoslave du général Ilija Brasic est désormais bien engagé en territoire « contesté » entre Hongrie et Yougoslavie, pour y mener à bien la médiocre tâche qu’on lui a confiée. Malgré son manque de moyens, il s’y attache néanmoins, en profitant de ce que la 12. Armee est encore déstabilisée par les conséquences de la tentative de défection magyare et de ce que ses objectifs limités lui permettent de concentrer ses effectifs.
A gauche, la 2e DI (Mihailovitch) atteint le village de Dunavac, face aux canaux menant à Čenta – donc à la première ligne de la 42. Jäger de von Haydringen – laquelle n’a plus la 20e DI hongroise pour l’aider. Le contact est rugueux, le combat incertain. Les Yougoslaves font donner massivement leur aviation pour faire baisser la tête aux Jägers, qui ont fait au plus vite pour venir ici – bien qu’ils aient dû, en chemin, se débarrasser d’un certain nombre de Magyars fugitifs. Les Hongrois, toujours décevants et inutiles ! Mihailovitch et ses hommes feront avec – et puis, le plus gros de l’effort ne sera pas de leur fait.
En effet, sur leur droite, la 1ère Brigade blindée (Milutin D. Stefanović), suivie de la 1ère DI (Krstic) atteint le carrefour de Kovačica, qu’elle enlève sans combat. Laissant à l’infanterie le soin de couvrir son flanc, elle oblique alors vers Idvor, Sakule et Farkaždin, sur la Timiș, où la 297. ID (Otto Gullmann) continue de nettoyer les débris de la 23e DI hongroise (la 19e DI a déjà été renvoyée en arrière). Les chars serbes devraient atteindre leur objectif cette nuit, pour un assaut demain matin. Et pendant ce temps, sur le flanc gauche de la 12. Armee, le XXII Gebirgs-Armee-Korps de Gustav Fehn continue à ratisser, nettoyer et interner, dans l’attente d’un éventuel assaut allié.

Operation Perun – Selon la météo
Balkans
– Journée de forte activité pour la Balkans Air Force, qui donne le maximum pour aider les offensives terrestres tant que le temps le permet – au moins durant la matinée, donc. La 19e EB Gascogne soutient Plunder, ses Havoc bombardant autant que possible les lignes ennemies, tandis que les Beaumont de la RAF assurent l’appui rapproché. Evidemment, la 81e EB yougoslave, elle, soutient Grenade, face au XXI. Gebirgs-Armee-Korps. Et les 235th, 237th et 238th Wings grecs font de même avec leurs troupes en Bosnie, quand ils sont sollicités : l’opposition croate est modeste et les cibles d’opportunité rapidement traitées par les Bucéphale de garde fournis par les squadrons grecs du 244th Wing.
Plus loin en Croatie, les Mitchell de la 31e EB Sobiewski bombardent le nœud de communication de Karlovac et notamment les installations ferroviaires sur la rive nord de la Kupa. On ne sait jamais, les Oustachis ou les Allemands pourraient faire monter des renforts… La cible étant cachée par un banc de nuages pluvieux, les Polonais doivent descendre bas pour frapper – leurs rapports feront état d’un feu « intense mais peu précis de 20 mm et de mitrailleuses. » De fait, le NDH ne dispose pas des moyens anti-aériens du Reich et l’attaque, bien que risquée, est un franc succès, détruisant de nombreuses voies et les wagons s’y trouvant, ainsi qu’un certain nombre de maisons ouvrières voisines, leurs bombes feront une quinzaine de morts dans la population civile. Un B-25 est légèrement endommagé. Dans le ciel, l’escorte (9e EC, 10e EC et 239th Wing) tourne en rond. Aucune opposition n’est signalée, hormis le passage rapide d’un ou deux avions croates, sans doute de liaison, qui ont vite fait de se cacher dans un nuage…
Cette nuit, pas de raid – toutefois, le Bomber Command (et Montgomery, lequel voit bien que ses actions ne nécessitent pour l’heure pas beaucoup plus de soutien tactique) a demandé à l’Air-Marshall Tedder de considérer assez vite la reprise des missions stratégiques, en lien avec les opérations en Hongrie. A suivre, donc…

Waffen-SS du HG E – Radicalisation
Sarajevo
– A présent que les alliés se sont visiblement engagés dans une offensive de grande ampleur en Bosnie et au Monténégro, Friedrich-Wilhelm Krüger tient à avoir les mains libres sur ses arrières. C’est-à-dire qu’il doit se débarrasser au plus vite de ses divers soucis, afin de se consacrer sereinement à la lutte contre les Français, Grecs et autres Nègres. Lourde tâche, surtout au cœur des Balkans ! Heureusement, il dispose pour ce faire d’auxiliaires aussi compétents que dévoués. Ainsi, dans ses maisons de la terreur, Vjekoslav Luburić poursuit son œuvre, laquelle ressemble de plus en plus à une élimination (on ne parle pas encore de nettoyage ethnique) de tout ce qui n’est ni croate, ni pro-allemand.
Il faut dire que Luburić a de l’expérience (4)… Il envisage désormais sereinement de procéder, à terme, au nettoyage de toute la Bosnie comme il l’a fait naguère dans la région du mont Kozara : 60 000 civils déportés vers les camps en seulement un mois. Edmund Glaise-Horstenau avait alors pu rapporter : « La région de Kozara a été nettoyée jusqu’au dernier homme. Et d’ailleurs également jusqu’à la dernière femme et au dernier enfant. » L’objectif est donc bien de se débarrasser de tous les non-Croates et non pro-allemands de Bosnie, en ne conservant que les jeunes garçons, qui seront envoyés à Sisak pour reconditionnement et attribution d’une nouvelle identité croate, un peu comme Turcs avaient créé les janissaires à partir d’esclaves convertis à l’islam. Bon, après Kozara, ça n’avait pas marché : la plupart des petits janissaires refusaient de s’amender ; ils sont presque tous morts depuis, de mauvais traitements, malnutrition et maladie (5). Mais ça ne veut pas dire qu’on ne peut pas réessayer… Ce qui, évidemment, ne gêne personne dans les rangs nazis, pour peu qu’on n’ennuie pas les musulmans bosniaques, qui fournissent toujours le plus gros des effectifs de la Handschar.
Au passage, la SS autorise aussi les Oustachis à collaborer avec ses propres forces de police, afin de les remplacer dans les tâches les plus ancillaires ou les plus consommatrices d’effectifs, comme le ratissage de vallées ou la chasse aux déserteurs. Pour ce faire, on s’appuiera aussi, bien entendu, sur les multiples unités irrégulières de l’armée du NDH, voire de la Schutzstaffel, en une pragmatique adaptation aux réalités du terrain.

AVNOJ – Tito saute sur l’occasion
Une grotte au nord de Višegrad
– Le point ordonné à Milovan Đilas n’aura pas été long à obtenir. C’est que le Monténégrin connait bien son chef ! Et le Vieux sait aussi être persuasif sans devoir être forcément très insistant, quand il estime que les circonstances l’exigent ! Bref ! Pour l’essentiel, les forces de l’AVNOJ (voir appendice 6) sont fragmentées et même en partie détruites, suite à la contre-offensive nazie Morgenstern – et même en considérant les quelques formations de réserve ou hors corps, que l’état-major central répartit au mieux des possibilités comme des besoins de chacun. L’AVNOJ a sévèrement souffert face à la SS ces dernières semaines !
Cependant, ses forces conservent toujours les moyens de faciliter significativement les opérations alliées. En Bosnie d’abord, bien sûr – même si c’est moins par ses effectifs et sa puissance de feu que par sa connaissance fine du terrain. Mais aussi en Croatie, voire en Slovénie. Là, elles peuvent déjà sûrement perturber le ravitaillement des troupes de l’Axe sur le front – des troupes dont la consommation de munitions est vouée à augmenter du fait des combats– et elles peuvent surtout divertir un certain nombre d’unités que la SS ne pourra donc pas engager face aux forces des Nations-Unies. Contraint de faire face sur le front comme sur ses arrières, sollicité de toute part sans pouvoir concentrer des effectifs toujours insuffisants, en butte au manque de fiabilité des Croates (dont les rares unités solides sont déjà engagées !), l’Ordre Noir ne pourra que trébucher avant de finalement s’effondrer.
Evidemment, pareil effort ne saurait qu’être démesurément couteux pour l’AVNOJ – surtout après la saignée de ces dernières semaines. Toutefois, il n’en est pas moins indispensable. Et afin de regarnir ses rangs, Tito envisage dès à présent de mettre à profit la vacance du pouvoir réel à Belgrade ainsi que la… neutralité favorable de la 2e Armée française pour recourir à une forme de conscription plus ou moins rémunérée dans les territoires passés sous son contrôle au fil de l’avancée gréco-française. Même si c’est évidemment sacrilège depuis 1937, certains titistes ont lu Toukhatchevski… L’enthousiasme révolutionnaire, la rage de vaincre et (aussi) le ravitaillement allié achèveront de résoudre les difficultés. Alors va pour la lutte finale – celle qui ne s’arrêtera qu’à Belgrade et à Zagreb.
………
Ordre du jour en date du 14 avril 1944 – A tous les chefs de corps d’armée
« Yougoslaves ! La lutte finale pour la libération de notre terre est arrivée. En conséquence, j’ordonne à toutes les unités de l’Armée de Libération du Peuple Yougoslave, ainsi qu’à tous les détachements Partisans, de mener à bien immédiatement des opérations offensives énergiques contre les infrastructures de transport de l’ennemi et ses garnisons les plus importantes. Ceci concerne particulièrement nos unités en Slavonie, où sont situées les voies ferrées les plus importantes. J’ordonne : démolissez les ponts, les routes, les voies ferrées, et détruisez le potentiel humain ennemi. »
(signé) Josip Broz Tito, maréchal de Yougoslavie, président du NKOJ
…………
Ralliements
Région de Požega (nord de la Croatie)
– Transition dans ce secteur du front : le Ve Corps oustachi de Vjekoslav Servatzy en est toujours à se rétablir et à renforcer ses lignes, tandis que le 6e Corps “Slavon” de Petar Drapšin consolide ses acquis comme le terrain libéré. L’AVNOJ entre dans les villages, hisse le drapeau à la torche et aux six épis et exécute quelques collaborateurs… mais elle s’attache aussi à conserver une politique « ethniquement équilibrée » et ostensiblement non anti-croate. C’est préférable, pour une formation à peu près composée de deux moitiés : une serbe et une croate ! Et c’est aussi le signe évident, pour la population locale, que la politique de Tito n’est pas celle de Pavelic, ni celle qu’on prête (non sans raison) à Pierre II. Raison de plus, donc, pour se rallier à lui ! Au surplus, l’AVNOJ pourvoit aux besoins de chacun en nourriture, armes et protection – elle commencerait même à payer ses combattants.
Tout ceci est bel et bon… Toutefois, la tranquillité apparente sur le front ne devrait pas durer – et pour cause ! Les deux adversaires ont reçu instruction de leurs chefs de relancer au plus tôt les opérations, qui de répression, qui de destruction.
…………
Indifférence
Entre Gospić et Knin (sud-ouest de la Croatie)
– Calme relatif dans ce secteur du front : la 8e Division Kordun de l’AVNOJ et le 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt der SS continuent de se regarder en (gros) chiens de faïence, sans qu’aucun des deux ne puisse ou ne souhaite prendre l’initiative des hostilités. Cette situation convenait bien, faut-il le dire, à Andrija Hebrang. C’est donc avec un déplaisir non dissimulé que “Fatty” accueille ce soir les nouveaux ordres du Vieux.


Notes
1- Le géant Argos avait cent yeux pour surveiller, sur ordre d’Héra, une des maîtresses de Zeus… mais il a mal fini, massacré par Hermès, et Héra n’a pu qu’utiliser ses yeux pour décorer la queue du paon, son oiseau préféré.
2- Surnom méprisant lié au fait que le NDH reste encore de jure une possession italienne.
3- Où se trouve l’actuelle frontière albano-monténégrine.
4- Sa réputation d’extrême violence est déjà ancienne – il avait été déchargé de son commandement au 9e RI au bout d’à peine deux semaines, pour avoir abattu gratuitement d’une balle dans la tête un soldat lors d’une inspection ! A présent, en plus de ses autres activités, Luburić contrôle de facto le camp de Jasenovac, même quand il ne s’y trouve pas : il supervise notamment tueries et exécutions par téléphone (!). Le Croate s’est d’ailleurs brouillé avec sa mère, qui pleure de honte sur l’épaule de ses amies en regrettant d’avoir mis au monde pareil monstre…
5- Hormis environ 500 enfants sauvés par la Croix-Rouge grâce à Diana Budisavljević, héroïne autrichienne qui avait aussi sorti dix mille enfants des camps oustachis, à force de persuasion et de corruption, ainsi qu’avec l’aide d’ecclésiastiques voire d’officiers allemands ! Dans son journal, elle raconte une rencontre avec Luburić, qui lui avait déclaré : « Vous et vos petits amis ne vous intéressez qu’aux Serbes – les enfants croates ou musulmans souffrent tout autant. Faites bien attention, je peux vous faire arrêter et personne ne saura jamais ce qu’il vous sera arrivé ensuite… »
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 11:19    Sujet du message: Répondre en citant

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Celle-ci enfonce déjà ses pointes jusqu’à Kaona – et encore, si les Sherman ne vont pas aussi vite qu’ils le pourraient (voudraient ? car à cause du terrain, ils ne peuvent pas mais ils aimeraient-voudraient allez plus vite ), c’est avant tout parce que l’état du terrain et des prétendues routes les en empêche.
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Ce début de printemps humide dans (à supprimer) est idéal pour les jardiniers, moins pour les militaires qui attaquent.
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Au sud-ouest de Višegrad, donc, dans une région ou (où ) SS et Partisans se sont vigoureusement affrontés lors de la récente Morgenstern.
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Certes, au nord, la 13e DI (Charalambos Katsimitros) – qui arrive en vue de Pljevlja – est accueillie par les hommes de Petar Dapcevic “Peko” (lequel, assez finement, a donné à ses commissaires des instructions expresses de discrétion fraternelles (fraternelle ? de plus, personnellement, je ne comprends pas l’expression)).
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Même l’armée oustachie n’a rien dans leur secteur. En fait, l’Axe ne dispose ici que de… l’Armée nationale monténégrine ! Une troupe d’une valeur discutable en bataille rangée. Même s’il est (Bien qu’il soit ? ) vrai que Sekula Drljević a récemment dispersé la troupe du vil Pavle Đurišić, ce qui a fait beaucoup monter sa cote chez les Oustachis. Toutefois, le 4e RST n’a rien d’une troupe de seigneur (seigneurs ??) de guerre monténégrin – ses éclaireurs, puis toute sa supposée armée nationale vont vite s’en rendre compte…
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« La radio crépite, couvrant le petit moteur (monomoteur –car je suppose que l’on parle d’un avion ) qui passe en ricanant ( je ne savais pas qu’un avion pouvait ricaner-de plus ce doit être un avion allié alors pourquoi se moquerait-il des Grecs ? donc crépitant/toussotant/crachotant) au-dessus de nos têtes.
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Nouveaux tirs au loin – je vois un des Bucéphale perdre soudain de l’altitude
et (à supprimer ?) pour s’écraser à flanc de falaise.
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– Mon cher monsieur, vous raisonnez comme un homme de paix. Un homme qui vient d’un pays en pays (paix ?) et n’a pas à se préoccuper de sa survie, à court ou à moyen terme. Si nous nous étions enfuis, nous aurions été rattrapés, et par qui ? Les Partisans titistes, pour nous égorger ? Ou les grécos-musulmans (Grécos-musulmans ??)?
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Quoiqu’il en soit, la Division Bleue d’Artur Gustovic ne parait en danger nulle part. Et Herenčić, qui a fait jouer ses appuis politiques pour forcer les pilotes de Kren à agir, va par monts en ( et apr ??) vaux le long de ses lignes pour mieux se féliciter de l’excellente performance de ses unités.
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Heureusement, il dispose pour ce faire d’auxiliaires aussi compétents que dévoués. Ainsi, dans ses maisons de la terreur, Vjekoslav Luburić poursuit son œuvre, laquelle ressemble de plus en plus à une élimination (on ne parle pas encore de nettoyage ethnique) de tout ce qui n’est ni croate, ni pro-allemand.
Il faut dire que Luburić a de l’expérience (4)… Il envisage désormais sereinement de procéder, à terme, au nettoyage de toute la Bosnie comme il l’a fait naguère dans la région du mont Kozara : 60 000 civils déportés vers les camps en seulement un mois.
...
L’objectif est donc bien de se débarrasser de tous les non-Croates et non pro-allemands (non Croates et non pro-allemands OU non-Croates et non-pro-allemands ??? le correcteur word préfère la 1ère ) de Bosnie, en ne conservant que les jeunes garçons, qui seront envoyés à Sisak pour reconditionnement et attribution d’une nouvelle identité croate, un peu comme les(à ajouter) Turcs (Ottomans ?? quoi que c’est un slave qui pense donc pour lui c’est la faute des méchants voisins turcs. Ottomans c’est dans une approche plus neutre historiquement parlant) avaient créé les janissaires à partir d’esclaves convertis à l’islam.
...
Cette situation convenait (convenant ??? ) bien, faut-il le dire, à Andrija Hebrang.
...
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loic
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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 11:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Le XIIIth Corps est en train de s’enfoncer dans les lignes de l’Axe comme un couteau dans de la gelée.

J'aurais bien proposé de remplacer par pudding (plus parlant pour le lecteur lambda).
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 12:01    Sujet du message: Répondre en citant

Trois explications.

discrétion fraternelles : en effet, un s en trop. Les commissaires doivent rester discrets, ne pas tenter d'évangéliser les Grecs… mais en se comportant de façon fraternelle (ce qui préserve l'avenir !)
Disons :
des instructions expresses de discrétion politique… et de fraternisation avec ces alliés antifascistes

Une troupe de seigneur de guerre : il n'y a qu'un seigneur. La troupe lui appartient.

C'est bien un moteur qui passe en ricanant - un moteur, figure de style pour désigner un (petit) avion, comme "ce fer" pour désigner une épée.
Et il ricane du sort des soldats au sol… (il a tort ! comme on le voit ensuite).
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egdltp



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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 12:07    Sujet du message: Répondre en citant

@loic : le pudding, si plus facilement reconnaissable, se coupe beaucoup moins facilement que la jelly/gelée. Je trouve pour ma part l'image bien trouvée.
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 12:50    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Disons :
des instructions expresses de discrétion politique… et de fraternisation avec ces alliés antifascistes

C'est beaucoup plus clair, à mon humble avis.
Casus Frankie a écrit:

Une troupe de seigneur de guerre : il n'y a qu'un seigneur. La troupe lui appartient.

Tout à fait Casus (j'espère que tu as la référence, sinon je vais passer pour un prétentieux), je ne l'avais pas vu dans ce sens.
Casus Frankie a écrit:

C'est bien un moteur qui passe en ricanant - un moteur, figure de style pour désigner un (petit) avion, comme "ce fer" pour désigner une épée.
Et il ricane du sort des soldats au sol… (il a tort ! comme on le voit ensuite).

1. OK je ne connaissait pas (et pourtant aéro fan) le moteur pour avion
2. Toutefois (ça évite le mais^^), je maintiens que ricaner à une connotation "négative" - du moins dans la représentation que je me fais du mot - donc un avion grec ne ricanera jamais de soldats grecs. Je reconnais bien volontiers que je suis en train de torturer de pauvres diptères.
Quoi qu'il en soit, merci pour les explications.
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John92



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MessagePosté le: Mer Sep 07, 2022 12:54    Sujet du message: Répondre en citant

egdltp a écrit:
@loic : le pudding, si plus facilement reconnaissable, se coupe beaucoup moins facilement que la jelly/gelée. Je trouve pour ma part l'image bien trouvée.

C'est pour celà que je n'ai pas proposé "beurre" qui est l'expression usuelle.
Pour une fois, j'avais compris l'image. Il faut dire que deux séjours linguistiques en UK m'ont aidé ... La gelly ...
Et dire qu'au Moyen-Age, les Anglais étaient réputés pour leurs viandes rôties:
rosbif = roastbeef (bœuf rôti)
Triste d'assister à la déchéance culinaire d'un peuple
(j'arrête le HS)
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