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Le Front Russe - Mars 1944
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 11:31    Sujet du message: Répondre en citant

13 mars
Après Volodino
Joukov passe… et s’arrête
Prusse orientale
– Sous la pluie, les Fronts de la Baltique poursuivent leurs efforts désordonnés contre l’Ostwall, en direction de Memel, Goldap – et aussi, à présent, de Lyck – toujours dans l’espoir de trouver un point faible dans le dispositif allemand. Lequel n’en manque certes pas… mais les forces soviétiques engagées, peu pourvues de blindés et sans beaucoup de soutien aérien, ne sont absolument pas en mesure d’en profiter. Chaque fois, après un barrage d’artillerie plus ou moins soutenu, des vagues d’infanterie montent à l’assaut. Chaque fois, elles sont contenues puis arrêtées – quoiqu’au prix de pertes parfois sensibles – avant d’être repoussées par l’intervention de réserves. Les Rouges s’énervent et s’acharnent à tenter de passer en force. Décidément, toute cette affaire commence à avoir un parfum de guerre d’Hiver.
La Prusse tient donc, comme Riga et la ligne Panther autrefois. Soudain, avant même la fin de la journée, la Stavka ordonne aux camarades Petrov et Eremenko l’arrêt de toutes leurs opérations offensives jusqu’à nouvel ordre. Avec ce qui se passe plus au sud, l’Armée Rouge a largement de quoi s’occuper… Friedericus aura donc sans doute sauvé un certain nombre de frontovikis des Fronts Baltes !
………
Région d’Ostroleka (1er Front Biélorusse) – Déception ! Alors qu’à Ostroleka, les sapeurs soviétiques venaient enfin de mettre en place les premiers pontons qui devaient permettre de passer au gros de la 3e Armée de Chars, instruction est donnée de surseoir à toute offensive majeure en direction du nord. Seuls le Groupement Oslikovski et la 2e Armée de Choc de Kuzma Galitsky devront progresser vers Kadzidło puis Myszyniec afin de couvrir l’aile nord du Front. L’armée de Rybalko (et notamment le 18e Corps Blindé d’Alexei Burdeiny, qui venait à peine de passer !) doit se réorganiser sur la rive sud de la Narew, couverte par la 1ère Armée de la Garde, en prévision d’une future manœuvre.
A son QG avancé de Białystok, Georgui Joukov confère avec Vassili Sokolovski – son statut d’envoyé de la Stavka lui permet au moins d’être parfaitement informé de ce qui se passe plus au sud, même s’il continue d’être tiraillé par diverses contingences, faute de savoir déléguer. Et d’évidence, les affaires là-bas se passent mal. Aussi, même s’il ne ferme pas totalement la porte à une éventuelle exploitation vers la Prusse – toute théorique, tant qu’on n’a pas percé l’Ostwall ! – le maréchal indique qu’avant tout, il vaut mieux prendre ses précautions afin de parer à une éventuelle défaillance du côté de Malinovski, voire de Rokossovski…
………
Région de Różan (1er Front Biélorusse) – Dans cette zone, c’est aussi la douche froide – mais au sens propre : les combattants harassés qui courent depuis bientôt trois semaines et ont traversé la Lituanie sont plutôt soulagés – ils n’avaient sans doute pas trop hâte de se confronter aux nouvelles défenses de la 2. Armee. Les frontovikis passent donc en défense, en attendant de nouvelles instructions. Pour ce faire, la 3e Armée de la Garde d’Ivan Zakharkine descend vers Wyszków. En coordination avec la 63e Armée de Vasiliy Kuznetsov, à Łochów, elle doit couvrir le centre du 1er Front Biélorusse contre une improbable contre-offensive fasciste venant de Varsovie. La 20e Armée de Vladimir Kurassov, pour sa part, reste à Różan avec le 10e Corps Blindé.
………
Le long du Boug (2e Front Biélorusse) – La 15e Armée passe le Boug à hauteur de Nur et en direction de Sokołów-Podlaski. Celle-ci n’est cependant pas atteinte aujourd’hui, malgré bien des efforts ; il faudra se contenter du carrefour de Sabnie. Le 7e Corps Blindé (Alexei Panfilov) suit, précédant la 3e Armée de Choc de Mikhaïl Purkayev, toujours sévèrement éclopée par les combats de Białystok, mais qui est encore loin d’avoir droit au repos.

Opération Vistule-Varsovie
La Walkyrie – L’endormissement
Région de Varsovie
– Grande confusion pour l’Armée Rouge dans ce secteur ! Alors même qu’il était supposé entrer en triomphe dans Varsovie et tendre la main par-dessus la Vistule à l’insurrection polonaise – sans trop s’exposer, toutefois… – le 3e Front Biélorusse s’arrête sur le pas de la porte de l’Armée secrète ! La 37e Armée paraît hésiter : certes, Rodion Malinovski ne s’affole pas devant les événements qui surviennent sur sa gauche, mais il doit tout de même rassembler ses troupes pour faire face à la déferlante fasciste.
Et en début d’après-midi, les frontovikis de Vasily Chuikov repartent finalement vers le sud, ne laissant dans la partie est de la capitale martyre que des éléments de couverture. Ils suivent leurs camarades de la 4e Armée de Choc d’Ivan Maslennikov – lesquels font eux aussi demi-tour, avec moins de chemin à faire. En rebroussant chemin, les soldats soviétiques éprouvent sans doute un peu d’inquiétude : pour qu’ils soient ainsi rappelés en urgence, c’est que les choses ne doivent pas bien se passer ailleurs. Cependant, ils sont toujours moins contrariés que leur chef, Vasily Chuikov, furieux de se voir ainsi littéralement souffler sous le nez une entrée dans l’histoire (6). De fait, à la fin de la journée, son armée se retrouve vers Wola Ducka – quant à lui, Maslennikov est déjà à nouveau par-delà le carrefour de Kołbiel.
Tout compte fait, c’est donc au 2e Front Biélorusse d’aller aider les insurgés. Ce qui a l’air simple – à ceci près que cette manœuvre n’était plus du tout prévue… et doit elle aussi tenir compte de l’évolution de la situation sur la Vistule : on demande déjà à Konstantin Rokossovski de se préparer à soutenir son camarade. La 1ère Armée de Chars de Mikhaïl Katukov ne marchera donc pas non plus sur Varsovie – elle ira plutôt se positionner vers Kołbiel, en prévision d’un probable redéploiement. Le 1er Corps de Cavalerie (Vladimir Kryukov) et le 1er Corps Aéroporté (Viktor Zholudev) devant toujours assurer la défense du flanc nord, en cas de manœuvre en tenaille, ne reste que la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko) de disponible. Et comme cette formation n’est encore qu’à Mińsk-Mazowiecki, elle ne pourra atteindre Varsovie qu’après-demain matin, au mieux. Là, elle devra assurément commencer en priorité par prendre seule le contrôle de toute la rive est avant de tenter quoi que ce soit au bénéfice des insurgés. Ah, bien sûr, il y a aussi la 1ère Armée polonaise de Berling – mais celle-ci, du point de vue du Kremlin, n’est ici que pour la galerie.
………
Entre Siedlce et Dęblin (2e Front Biélorusse) – De fait, pour Rokossovski – et surtout pour son maître, à Moscou – la priorité est désormais moins de parader devant les caméras que de prévenir une éventuelle manœuvre de flanc – voire, pire, d’encerclement. A la Stavka, personne n’a grande confiance dans les capacités du 3e Front Biélorusse, dans son état actuel, à refermer une éventuelle percée. Et comme, hier soir, on n’en était déjà plus très loin…
Tout le flanc gauche du 2e Front Biélorusse entreprend donc de se rabattre d’une manière assez brouillonne et improvisée vers le sud. La 2e Armée de la Garde (Leonid Govorov) court ainsi jusqu’à Żelechów, devancée par la 54e Armée de Sergei Roginski – en train de passer la Wieprz à Sierskowola – et la 29e Armée d’Alexander Gorbatov – qui arrive déjà vers Trojanów pour rejoindre les troupes engagées par l’ennemi.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – Les forces soviétiques continuent d’attendre des renforts face à la Dunajec – bien sûr, ceux-ci ne serviront pas à une nouvelle tentative vers Cracovie, mais plutôt à une extension de la ligne de front vers Sandomierz, afin de soulager les camarades plus au nord. Médiocre tâche, dont il faut bien s’acquitter, faute de mieux – en réalité, c’est toute l’opération Vistule-Varsovie qui vient de s’achever.
………
« A l’étude superficielle du succès colossal que fut Vistule-Varsovie – 110 000 kilomètres carrés de territoires libérés en trois semaines, pour une pénétration atteignant 300 kilomètres et un coût relativement modique (75 000 morts, blessés et disparus) – une question capitale se pose. L’opération aurait-elle pu continuer si Fredericus II n’avait pas été lancé ? L’Armée Rouge avait-elle atteinte une telle masse et une telle science de la manœuvre qu’elle aurait été capable, d’un seul coup d’estoc, de mettre à genoux le Reich et de filer jusqu’à Berlin ? Ou ne doit-elle au fond ce triomphe qu’à la retraite acceptée par Hitler le 23 février, ouvrant la voie d’un piège titanesque censé l’engloutir ?
L’interrogation n’est pas innocente… derrière, c’est toute la stratégie soviétique qui se trouve mise en question, ainsi que sa valeur intrinsèque confrontée à la supériorité tactique presque toujours attribuée à la Wehrmacht. Nous pourrions longtemps ergoter et ratiociner à nouveau sur les mérites de chacun – mais nous n’en voyons pas l’utilité. Car en réalité, la question n’a pas de sens.
Contrairement à la traditionnelle « bataille décisive » – dont Friedericus II n’était, au fond, qu’un ultime avatar en forme d’énième coup de faux – Vistule-Varsovie ne doit pas s’envisager dans un cadre unitaire, mais plutôt (voire exclusivement) au sein d’une architecture générale dont les premiers éléments remontent sans doute au tryptique Souvorov-Koutousov-Roumiantsev, remontant à presque six mois auparavant.
De fait, lorsque la Stavka en général – et en particulier Joukov et Vassilievski – avait conçu les grandes actions de l’hiver 1944, elle avait raisonné globalement, mettant sur pied une série d’offensives à tiroirs dont la succession était destinée à disloquer complètement le dispositif adverse. Le fameux art opératif soviétique : impossible de trop le souligner. En 1944, l’objectif de l’URSS était d’abord de gagner la guerre afin de détruire son ennemi, alors que celui de l’Allemagne était essentiellement de détruire son ennemi afin de gagner la guerre. Différence de finalité, différence de niveau de réflexion… d’où une différence de dynamique. De ce point de vue, le succès de l’Armée Rouge est incontestable.
Vistule-Varsovie, Walkyrie tirée sur son chariot par deux robustes destriers (Bagration, bien sûr, mais aussi Lvov-Kovel, bien moins connu mais pas moins décisif), exploitait certes les succès passés – mais c’est bien elle qui raflait les lauriers de la victoire. Alors bien sûr, sa dernière phase jamais enclenchée peut paraitre ambitieuse – voire même carrément irréaliste. Bydgoszcz, Dantzig, Łódź, Cracovie… A ce compte-là, on aurait sans doute pu parler de Breslau ou de Berlin ! Toutefois, à cette époque, l’écroulement allemand paraissait imminent et l’heure était à la saisie du plus grand nombre de territoires possibles – à ce sujet, le Kremlin avait noté avec agacement comment les Occidentaux étaient passés de plus en plus rapidement de la Sicile et du Péloponnèse à la Provence, la vallée du Rhône, la plaine du Pô, Athènes et puis Belgrade. Il n’est pas impossible qu’en rédigeant les objectifs ultimes de Vistule-Varsovie, certains à l’état-major central aient voulu flatter quelque peu le Petit Père des Peuples…
L’Armée Rouge ne pouvait, en fait, être moins ambitieuse que ses partenaires… et ses ennemis. Les Allemands l’avaient été, leurs futurs vainqueurs soviétiques devaient l’être au moins autant. Au surplus – on l’oublie trop souvent – l’Allemagne allait devoir déployer le meilleur de ses troupes pour parer à l’effondrement qui la guettait face à la marée rouge, sans autre espoir réel que celui de retarder l’inévitable. Les nouveaux chars irrésistibles ne verraient pas la vallée du Rhône ou les plages de Normandie – sans parler de la plaine italienne ou de la Hongrie. Ainsi, le Führer risquait tout dans une ultime explosion d’orgueil – un geste finalement assez comparable à celui des Polonais. Lesquels payaient au même moment et sous ses coups le prix le plus lourd. Friedericus II fut le va-tout d’Hitler, comme Vengeance avait été celui des Polonais. »

(Robert Stan Pratsky, Amère libération : la seconde Campagne de Pologne – Granit, 2008).

Opération Friedericus II
Le Führer veut un miracle sur la Vistule
Le long de la Vistule
–La pluie s’est calmée un bref instant cette nuit – contrairement aux combats – mais elle a repris et continue de couvrir l’offensive allemande. Ce qui arrange bien les Panzermänner : ils n’ont pas à se soucier des VVS, et il fait quand même assez clair pour profiter à fond de leurs meilleures optiques. Même si bien sûr, après le combat, il faut se déplacer – dans la boue et l’eau croupie. Avant d’aller nettoyer les optiques, justement…
………
Secteur de Puławy (Friedericus Nord) – Le PanzerKorps GrossDeutschland achève de disloquer le 5e Corps Blindé, sans chef et dont la plupart des restes s’enfuient vers l’est.
La 60. Panzergrenadier Feldernhalle a passé Puławy et se donc trouve confrontée très vite à l’intervention de la 64e Armée et du Groupement Pliev, à l’aile gauche du 2e Front Biélorusse. Ceux-ci ont passé la Wieprz et marché au canon vers le sud pour aller soutenir les camarades du 3e FB. Le choc est rude pour les hommes d’Otto Kohlermann… Mais ils tiennent bon – en partie parce que les Rouges se présentent en ordre dispersé, en partie parce que les Panzer IV et surtout les Jadgpanzer IV de la division sont très à leur aise en défense.
L’affaire est cependant jugée assez sérieuse (la Feldernhalle n’est pas censée défendre mais attaquer !) pour que la GrossDeutschland d’Hasso von Manteuffel passe en hâte la Vistule pour aller appuyer son équipière, avec quelques Tiger du 508. schw. Pz Abt. Le gros de l’unité du Major Helmut Hudel reste toutefois auprès de la Hermann-Göring (Generalmajor Paul Konrath), laquelle doit encore achever de nettoyer le secteur face à Dęblin avant de poursuivre. Une tâche facile… mais ingrate et sans gloire. Enfin, de toute façon, il n’y a pas de place pour tout le monde sur les ponts !
Et puis, pour Paul Hausser, le plus important n’est pas du côté de la Hermann-Göring. En effet, derrière le PanzerKorps GrossDeutschland de Walter Hornlein, c’est le IV. SS-PanzerKorps de Felix Steiner qui piétine d’impatience. Etant couvert sur sa droite, il sera bientôt injecté en pointe et libre de foncer vers l’est, Kock et Lubartów afin de passer la Wieprz – il a donc fort logiquement la priorité.
………
Secteur de Solec nad Wisłą (Friedericus Centre) – La 2. SS-Panzer Das Reich (Heinz Lammerding) continue d’affronter le 22e Corps Blindé de Fedor Volkov – lequel continue de lutter avec acharnement pour rester sur la rive ouest de la Vistule. A la tête de ses chars, Volkov lui-même montre une hargne rare – toute la matinée, et jusqu’au début de l’après-midi, le Soviétique est partout sur le front, menant personnellement le combat face aux pointes fascistes, galvanisant ses troupes, orientant les tankistes, exigeant d’une infanterie proche de la déroute qu’elle se retranche pour tenir… et gagnant ainsi un temps qui sera très précieux pour d’autres. En fin de journée, il tente le diable une fois de trop et tombe victime, dit-on, d’un tir de Nebelwerfer. Il sera fait héros de l’Union Soviétique. Son unité recule alors lentement vers l’est – battue, décimée, mais nullement en déroute.
La rive ouest de la Vistule est donc enfin libre de toute vermine bolchevique – après 36 heures de combat, tout de même. Et comme de coutume depuis ses premiers méfaits en Pologne, la Das Reich, sitôt que le canon se tait, commence à exécuter ses prisonniers en masse (7) afin de se venger de ces sous-êtres qui ont osé lui opposer une si belle résistance. Cependant, alors qu’on commence à poser des ponts qui permettront au II. SS-PanzerKorps de “Sepp” Dietrich de passer, certains constatent que l’opération a déjà pris du retard – tout compte fait, ça ne sera peut-être pas une simple promenade de santé.
………
Secteur d’Annopol (Friedericus Sud) – La 1. SS-Panzer-Division Leibstandarte Adolf-Hitler de Theodor Wisch ferraille toujours, avec le 101. SS-schw. Pz Abt (Heinrich Kling), contre le 5e Corps Blindé de la Garde Jitomir et le 5e Corps Mécanisé – des formations auxquelles Malinovski n’a donné qu’un seul ordre : tenir ! Les tankistes de Zhdanov et Sukhov font front bravement – mais pendant qu’ils affrontent le I. SS-PzK, ils ne peuvent empêcher la 9. SS-Panzer Hohenstaufen (Wilhelm Bittrich), du II. SS-PanzerKorps, de commencer à passer la Vistule. Ce d’autant plus que la 10. SS-Panzer Frundsberg (Lothar Debes) et le 103. SS-schw. Pz Abt (Karl Leiner) appuient le I. SS-PzK en attendant leur tour.
Au soir, les SS sont donc déjà au nord de Kraśnik, menaçant le QG de la 4e Armée de Chars, où se trouve Dimitri Lelioushenko. Celui-ci doit évacuer, emmenant avec lui les débris de ses unités avant qu’il soit trop tard. Le 5e CB de la Garde Jitomir se retire vers les forêts de Zaklików afin de se reformer. Le 5e Corps Mécanisé, de son côté, se hâte vers Basonia, étant gravement menacé d’encerclement entre les Hohenstaufen et Das Reich. Enfin, bonne nouvelle pour les Allemands : la 5e Armée de Mikhaïl Potapov, au sud de Sandomierz, a cessé de les harceler sur la rive occidentale du fleuve pour regagner majoritairement le secteur de Stalowa Wola. Elle serait en train de s’étirer vers le nord, sans doute afin de défendre Lublin – un souci de moins pour l’Axe.

Kommando !
3e Front Biélorusse
– Toute la journée et durant les 24 à 48 heures suivantes, les hommes de l’opération Landfried se répandent à l’arrière des lignes soviétiques, sans plans vraiment établis. Ils s’y livrent à quelques coups de main sur des dépôts de carburant ou de munitions, détruisent plusieurs lignes téléphoniques et gênent un peu les déplacements soviétiques en modifiant les panneaux de signalisation ou en minant plusieurs carrefours.
Ces actions cesseront cependant assez vite, tant du fait de leur isolement complet en terre ennemie que des contrôles acérés des unités de police – n’est pas agent secret qui veut. De fait, en dépit d’uniformes et d’équipements capturés fournis en suffisance par des unités du front n’ayant aucune idée de la cause de cette requête, les hommes du 502. SS-JB se heurtent assez vite à une réalité tenace : très peu d’entre eux parlent russe (malgré des tentatives d’apprentissage en immersion auprès des Hiwis !) et leur comportement ne correspond nullement à celui des frontovikis. Sur la trentaine de commandos engagés, 17 seront ainsi démasqués et tués, ou capturés puis passés par les armes.
N’en déplaise à Skorzeny – qui escomptait sans doute des résultats plus marquants – Landfried cessera donc assez rapidement, faute de combattants. Cependant, ses hommes auront en peu de temps causé un réel désordre dans les lignes soviétiques. Non tant du fait de leurs réelles capacités de nuisance, mais bien en déchaînant la paranoïa du NKVD à un moment où l’Armée Rouge n’en avait nullement besoin.

Retour anticipé de congé maladie
QG du 1er Front Ukrainien (Lvov)
– Le maréchal Aleksandr Vassilevski revient en hâte sur le front, enfin remis de sa blessure reçue le 17 février. Il a peut-être même un peu d’avance… c’est heureux, on a besoin de lui et c’est urgent. Et en tout cas, sa commotion cérébrale ne justifie pas qu’il reste sur un lit d’hôpital, alors que ses troupes se battent !
Officiellement, le maréchal commande toujours le 1er Front Ukrainien, en lieu et place d’Ivan Petrov – lequel ne fait que le suppléer. Mais surtout, en fait comme en titre, Vassilevski reste aussi le représentant de la Stavka sur le flanc sud du front – l’ancien secteur de Lvov-Kovel, jamais formellement supprimé depuis. Aussi, et après un point aussi bref qu’utile (il ne se passe rien face aux Carpates !), le maréchal repart vers l’est pour… disons, une inspection. Direction : Rzeszów, le front de la Vistule et le 3e Front Ukrainien d’Ivan Koniev.
Evidemment, ces déplacements pas franchement prévus – mais encouragés par Moscou, qui aime à avoir un homme de confiance sur place – prendront du temps. Et ils ne feront pas le bonheur du NKVD, à chaque heure davantage sur les dents à cause de cette histoire de commandos nazis, qui lui fait craindre une tentative d’enlèvement ou d’assassinat (8).

Pauvre Charlemagne
Wildflecken (Bavière)
– L’organisation de la Division SS Charlemagne s’achève. Il a fallu environ neuf mois pour recruter et former la troupe à Sennheim (anciennement Cernay, en Alsace), les sous-officiers à Posen-Treskau (près de Prague) et les officiers à Bad Tölz (SS-Junkerschule, en Bavière). Cette instruction s’est d’ailleurs achevée dans l’urgence, en raison des récents événements. Cela n’a évidemment pas amélioré les résultats.
Cependant, si l’unité est toujours officiellement étiquetée division, elle n’aura jamais, dans les faits, que l’effectif d’une brigade. En mars 1944, on estime en général cet effectif à 3 000 ou 3 500 hommes. C’est peu pour arrêter les Rouges et prétendre représenter la Nouvelle France.
Pire encore, du point de vue de son organisateur, Edgar Puaud : cette brigade ne comprend en réalité que deux bataillons vraiment opérationnels, qui seront les seuls à être engagés au combat. Sa déception est d’autant plus forte que les séquelles de ses blessures vont lui interdire de prendre sur le terrain le commandement de ces deux bataillons, que Himmler – sans doute pour le plaisir de montrer à Doriot qui est le maître – va confier à Darnand. Puaud, lui, sera promu Standartenführer, ce qui n’adoucira pas son amertume.
Cause supplémentaire de vexation : afin de mutualiser un peu les services, la Charlemagne sera aussi la division de rattachement administratif de divers éléments favorables au Reich. Un bataillon flamand (avec quelques éléments néerlandais rattachés de très mauvaise grâce), deux compagnies espagnoles issues des survivants du régiment Azul et enfin une compagnie wallonne (incluant quelques Suisses francophones). Tout ce petit monde combattra en réalité au côté de diverses autres formations de la SS et non des Français. Cela explique néanmoins que certaines sources estiment aujourd’hui l’effectif total de la Charlemagne à six mille hommes environ.

Ordre de bataille des éléments opérationnels français de la Sturmbrigade der Waffen-SS Charlemagne / Karl der Grosse (Französische Nr. 1) au 13 mars 1944
………
Général-inspecteur : Oberführer Gustav Krukenberg
Commandeur : Obersturmbannführer Joseph Darnand
Aumônier général : Jean Mayol de Lupé
………
1er Bataillon : Hauptsturmführer Pierre Cance
Officier de liaison (Volksdeutsche de Roumanie) : SS-Ustuf. Hans Reiche
- 1ère Compagnie : Obersturmführer Noël de Tissot
- 2e Compagnie : Obersturmführer Léon Gaultier
- 3e Compagnie : Obersturmführer Henri Fenet
- 5e Compagnie (armes lourdes) : Obersturmführer Paul Pleyber
………
2e Bataillon : Hauptsturmführer Jean Artus
Officier de liaison (Volksdeutsche de Roumanie) : SS-Ustuf. Hans-Paul Binder
- 1ère Compagnie : Obersturmführer Ivan Bartolomei
- 2e Compagnie : Obersturmführer Henri Maud'huit
- 3e Compagnie : Obersturmführer Jean Croisille
- 5e Compagnie (armes lourdes) : Obersturmführer Jean-Baptiste Géromini
………
Note – Equivalence des grades : Standartenführer = colonel, Obersturmbannführer = lieutenant-colonel ; Sturmbannführer = commandant ; Hauptsturmführer = capitaine ; Obersturmführer = lieutenant de 1ère classe, Untersturmführer (Ustuf.) = lieutenant.


Notes
6- Même si, pour l’historiographie soviétique officielle, l’Armée Rouge a bel et bien pris contact avec les forces insurgées, tard dans la nuit du 12 au 13. Il est vrai que cette version a le mérite de simplifier un certain nombre de choses dans le récit des événements qui suivront…
7- Des charniers seront découverts quelques mois plus tard grâce aux indications de la population locale – notamment dans un champ au sud de Kalinówek, qui révélera presque 800 corps, vraisemblablement parqués là pour la nuit et que l’on avait sans doute massacrés à la mitrailleuse sous prétexte de ne pas ralentir l’avance.
8- Georgui Joukov devait carrément passer deux jours confinés dans son QG de Białystok, à sa très grande fureur. Les officiers venant le voir devaient passer pas moins de six contrôles !
Quant à Staline, les hommes de Skorzeny ne risquaient pas de le viser – le Vojd détestait les visites sur le front ! Il n’en fit d’ailleurs qu’une seule, à l’automne 1943, auprès du 1er Front Biélorusse de Vassili Sokolovski, afin de remonter le moral d’une armée essorée par Souvorov et d’arpenter la Biélorussie partiellement libérée. Et encore, c’était pour la presse : en fait, son passage (au QG, sans rencontrer la troupe !) ne durera que deux petites heures, avant que le Camarade maréchal regagne très vite Smolensk, où l’attendait Eremenko. Il y dormit puis rentra encore plus vite à Moscou, toujours encadré par l’équivalent d’une division du NKVD. Assez loin, donc, de l’image de l’homme accessible vanté par la propagande – quand bien même cet épisode censé être « courant » sera abondamment commenté auprès des gouvernements et de la presse alliés ! En réalité, craignant plus que tout un attentat, Staline n’a jamais apprécié les bains de foule, contrairement au Hitler d’avant-guerre – au surplus, à cause de la guerre russo-polonaise, il gardera toujours un très mauvais souvenir de l’odeur de la poudre.
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houps



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 13:39    Sujet du message: Répondre en citant

Comme au casino: passe, impair, et manque...

13 mars
Après Volodino
Joukov passe… et s’arrête



Prusse orientale

"– Sous la pluie, les Fronts de la Baltique poursuivent leurs efforts désordonnés contre l’Ostwall, en direction de Memel, Goldap – et aussi, à présent, de Lyck – toujours dans l’espoir de trouver un point faible dans le dispositif allemand. Lequel n’en manque certes pas… mais les forces soviétiques engagées, peu pourvues de blindés et sans beaucoup de soutien aérien, ne sont absolument pas en mesure d’en profiter. Chaque fois, après un barrage d’artillerie plus ou moins soutenu, des vagues d’infanterie montent à l’assaut. Chaque fois, elles sont contenues puis arrêtées – quoiqu’au prix de pertes parfois sensibles – avant d’être repoussées par l’intervention de réserves. Les Rouges s’énervent et s’acharnent à tenter de passer en force. Décidément, toute cette affaire commence à avoir un parfum de guerre d’Hiver.
La Prusse tient donc, comme Riga et la ligne Panther autrefois. Soudain, avant même la fin de la journée, la Stavka ordonne aux camarades Petrov et Eremenko l’arrêt de toutes leurs opérations offensives jusqu’à nouvel ordre. Avec ce qui se passe plus au sud, l’Armée Rouge a largement de quoi s’occuper… Friedericus aura donc sans doute sauvé un certain nombre de frontovikis des Fronts Baltes !"

Bon, on ne touche pas à Joukov et au titre...

"ce qui se passe" peut bien être remplacé par "se déroule"

mais pour "passer en force", je sèche. "Forcer le passage" n'est pas mieux. "Crever les lignes ennemies" me semble empreint de forfanterie. Une idée ?



Secteur de Puławy (Friedericus Nord) –

"... Ceux-ci ont passé la Wieprz et marché au canon vers le sud pour aller soutenir les camarades du 3e FB. Le choc est rude pour les hommes d’Otto Kohlermann… Mais ils tiennent bon – en partie parce que les Rouges se présentent en ordre dispersé, en partie parce que les Panzer IV et surtout les Jadgpanzer IV de la division sont très à leur aise en défense.
L’affaire est cependant jugée assez sérieuse (la Feldernhalle n’est pas censée défendre mais attaquer !) pour que la GrossDeutschland d’Hasso von Manteuffel passe en hâte la Vistule pour aller appuyer son équipière, avec quelques Tiger du 508. schw. Pz Abt. Le gros de l’unité du Major Helmut Hudel reste toutefois auprès de la Hermann-Göring (Generalmajor Paul Konrath), laquelle doit encore achever de nettoyer le secteur face à Dęblin avant de poursuivre. Une tâche facile… mais ingrate et sans gloire. Enfin, de toute façon, il n’y a pas de place pour tout le monde sur les ponts !
Et puis, pour Paul Hausser, le plus important n’est pas du côté de la Hermann-Göring. En effet, derrière le PanzerKorps GrossDeutschland de Walter Hornlein, c’est le IV. SS-PanzerKorps de Felix Steiner qui piétine d’impatience. Etant couvert sur sa droite, il sera bientôt injecté en pointe et libre de foncer vers l’est, Kock et Lubartów afin de passer la Wieprz – il a donc fort logiquement la priorité...."


On se croirait sur un terrain de sport Embarassed Passons...

Je suggère : "Ceux-ci ont franchi la Wieprz..." suivi d'un "Hasso von Manteuffel se précipite sur l'autre rive de la Vistule..." (Au ... passage, s'appeler Hasso et monter à l'attaque...)
Quant à la Wieprz bis, on peut sans doute ce coup-ci, la traverser .
_________________
Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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Etienne



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 13:40    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
« A l’étude superficielle du succès colossal que fut Vistule-Varsovie – 110 000 kilomètres carrés de territoires libérés en trois semaines, pour une pénétration atteignant 300 kilomètres et un coût relativement modique (75 000 morts, blessés et disparus) – une question capitale se pose. L’opération aurait-elle pu continuer si Fredericus II n’avait pas été lancé ?


Manque un "i", ou on a deux versions?
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 13:54    Sujet du message: Répondre en citant

Manque un i, en effet.
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John92



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 14:57    Sujet du message: Répondre en citant

...
Déception ! Alors qu’à Ostroleka, les sapeurs soviétiques venaient enfin de mettre en place les premiers pontons qui devaient permettre de passer au gros de la 3e Armée de Chars (permettre au gros de la 3e Armée de Chars de passer?), instruction est donnée de surseoir à toute offensive majeure en direction du nord.
...
Et comme cette formation n’est encore qu’à Mińsk-Mazowiecki, elle ne pourra atteindre Varsovie qu’après-demain matin, au mieux. Là, elle devra assurément commencer en priorité par prendre seule le contrôle de toute la rive est avant de tenter quoi que ce soit au bénéfice des insurgés. Ah, bien sûr, il y a aussi la 1ère Armée polonaise de Berling – mais celle-ci, du point de vue du Kremlin, n’est ici que pour la galerie.
………
Entre Siedlce et Dęblin (2e Front Biélorusse) – De fait, pour Rokossovski – et surtout pour son maître, à Moscou – la priorité est désormais moins de parader devant les caméras que de prévenir une éventuelle manœuvre de flanc – voire, pire, d’encerclement.
...
« ...
L’opération aurait-elle pu continuer si Fredericus II n’avait pas été
lancé (lancée????)?
... »

...
Ce qui arrange bien les Panzermänner : ils n’ont pas à se soucier des VVS, et il fait quand même assez clair pour profiter à fond de leurs meilleures optiques (leurs optiques meilleures que/supérieures à celles des soviétiques?) .
...
La 60. Panzergrenadier Feldernhalle a passé Puławy et se donc trouve (se trouve donc)confrontée très vite à l’intervention de la 64e Armée et du Groupement Pliev, à l’aile gauche du 2e Front Biélorusse.
...
Le maréchal Aleksandr Vassilevski revient en hâte sur le front, enfin remis de sa blessure reçue le 17 février. Il a peut-être même un peu d’avance… c’est heureux, on a besoin de lui et c’est urgent. Et en tout cas, sa commotion cérébrale ne justifie pas qu’il reste sur un lit d’hôpital, alors que ses troupes se battent !
Officiellement, le maréchal commande toujours le 1er Front Ukrainien, en lieu et place d’Ivan Petrov – lequel ne fait que le suppléer. Mais surtout, en fait comme en titre, Vassilevski reste aussi le représentant de la Stavka sur le flanc sud du front – l’ancien secteur de Lvov-Kovel, jamais formellement supprimé depuis. Aussi, et après un point aussi bref qu’utile (il ne se passe rien face aux Carpates !), le maréchal repart vers l’est pour… disons, une inspection. Direction : Rzeszów, le front de la Vistule et le 3e Front Ukrainien d’Ivan Koniev.
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loic
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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 15:06    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
La rive ouest de la Vistule est donc enfin libre de toute vermine bolchevique – après 36 heures de combat, tout de même. Et comme de coutume depuis ses premiers méfaits en Pologne, la Das Reich, sitôt que le canon se tait, commence à exécuter ses prisonniers en masse (7) afin de se venger de ces sous-êtres qui ont osé lui opposer une si belle résistance.

Si c'est possible, ce serait bien que ce genre d'expression fasse partie d'une citation (ordre, compte-rendu, discussion entre officiers SS, ...). Bruts de fonderie, cela peut heurter.
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Imberator



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 18:26    Sujet du message: Répondre en citant

Sérieusement je me demande si Fredericius ne va pas avoir pour conséquence imprévue de défausser quelque peu FTL Staline de la responsabilité d'avoir laissé Varsovie et ses les insurgés polonais se faire tuer.

Genre : "Vous comprenez, on n'avait d'autres chats à fouetter à ce moment là..."

D'autant que ce ne sera pas tout à fait faux.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 21:12    Sujet du message: Répondre en citant

C'est en effet un des nombreux soucis de Varsovie FTL, dont vous aurez remarqué qu'elle commence à diverger significativement d'OTL. En mieux, en bien ? En pire ? Le racoon continue son ouvrage, assez épais et impossible à scinder, justement pour cette raison !
@Loic : il est évident qu'il s'agit ici d'un phrasé allemand. Un italique suffira à clarifier. Wink
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C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Wardog1



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MessagePosté le: Lun Jan 24, 2022 21:25    Sujet du message: Répondre en citant

Si les alliés avaient dévelopées la chronosphére, les renforts pour varsovie seraient arrivé beaucoup plus vite!
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

Larry Foulke
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LaMineur



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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 10:34    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Ordre de bataille des éléments opérationnels français de la Sturmbrigade der Waffen-SS Charlemagne / Karl der Grosse (Französische Nr. 1) au 13 mars 1944
………
Général-inspecteur : Oberführer Gustav Krukenberg
Commandeur : Obersturmbannführer Joseph Darnand
Aumônier général : Jean Mayol de Lupé
………
1er Bataillon : Hauptsturmführer Pierre Cance
Officier de liaison (Volksdeutsche de Roumanie) : SS-Ustuf. Hans Reiche
- 1ère Compagnie : Obersturmführer Noël de Tissot
- 2e Compagnie : Obersturmführer Léon Gaultier
- 3e Compagnie : Obersturmführer Henri Fenet
- 5e Compagnie (armes lourdes) : Obersturmführer Paul Pleyber
………
2e Bataillon : Hauptsturmführer Jean Artus
Officier de liaison (Volksdeutsche de Roumanie) : SS-Ustuf. Hans-Paul Binder
- 1ère Compagnie : Obersturmführer Ivan Bartolomei
- 2e Compagnie : Obersturmführer Henri Maud'huit
- 3e Compagnie : Obersturmführer Jean Croisille
- 5e Compagnie (armes lourdes) : Obersturmführer Jean-Baptiste Géromini

On passe directement de la 3ème à la 5ème compagnie ? Et la 4ème ?
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Hendryk



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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 11:00    Sujet du message: Répondre en citant

LaMineur a écrit:
On passe directement de la 3ème à la 5ème compagnie ? Et la 4ème ?

Rien n'oblige les formations militaires à être numérotées de manière contiguë.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 11:07    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Hendryk et La Mineur ont écrit

Citation:
On passe directement de la 3ème à la 5ème compagnie ? Et la 4ème ?

Rien n'oblige les formations militaires à être numérotées de manière contiguë.


Du temps de mon passage dans un régiment de commandement et transmission d'une division des FFA, on avait quatre compagnies de combat numérotées de 1 à 4 et une compagnie d'instruction traditionnellement numérotée 11ème Cie.

Lors de la période 1939 - 1940, les bataillons d'instruction étaient 21e Bataillon dans des structures régimentaires à trois bataillons de combat.

@+
Alain
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le poireau



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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 13:46    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonjour,

Hendryk et La Mineur ont écrit

Citation:
On passe directement de la 3ème à la 5ème compagnie ? Et la 4ème ?

Rien n'oblige les formations militaires à être numérotées de manière contiguë.


Du temps de mon passage dans un régiment de commandement et transmission d'une division des FFA, on avait quatre compagnies de combat numérotées de 1 à 4 et une compagnie d'instruction traditionnellement numérotée 11ème Cie.

Lors de la période 1939 - 1940, les bataillons d'instruction étaient 21e Bataillon dans des structures régimentaires à trois bataillons de combat.

@+
Alain


Si l'organisation est "à l'allemande" il peut s'agir de la compagnie d'instruction qui n'est pas comptabilisée.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 16:49    Sujet du message: Répondre en citant

14 mars
Opération Friedericus II
Le Führer veut un miracle sur la Vistule
Nord de la Pologne (1er Front Biélorusse)
– L’action continuant de se décaler vers le centre de la Pologne, le duo Joukov et Sokolovski reçoit l’ordre de décaler leur gauche jusqu’à Varsovie – ce qui permettra à la plus grande partie du 2e Front Biélorusse de Rokossosvki de soutenir le 3e Front Biélorusse de Malinovski. Joukov, quoique fort mécontent de jouer les seconds rôles (il est censé coordonner les fronts, pas se retrouver coincé à Białystok !) s’exécutera évidemment dans les jours à venir, étirant de 75 kilomètres son dispositif épuisé et à présent bien hors d’état d’une action offensive. Seule la 3e Armée de Chars de Pavel Rybalko, à Ostroleka, conserve encore un certain potentiel opérationnel – le reste tient les flancs et garnit les lignes le long de la Narew.
………
Région de Varsovie (2e Front Biélorusse) – Pris d’une vive inquiétude pour son flanc gauche, Rokossosvki accélère – d’autant plus que Moscou ne fait pas grand-chose pour le rassurer. Hier encore ramené à son statut de simple général d’ascendance un peu trop polonaise, il se retrouve à nouveau sous les feux des projecteurs du Kremlin : le meilleur des défenseurs de la Révolution, le libérateur de la RSS de Biélorussie, qui va bien sûr sauver la situation. Comme quoi, il faut du temps pour qu’on accorde à chacun ses mérites…
Le général ne laisse donc sur sa droite, comme prévu, que la 4e Armée de la Garde (Ivan Muzychenko) – laquelle n’est même pas encore arrivée à Varsovie, car traversant à peine le carrefour de Zakręt. Elle est suivie par la fameuse 1ère Armée polonaise de Berling. Au fur et à mesure de leur relais par Joukov, les autres forces de couverture – 1er Corps de Cavalerie (Vladimir Kryukov) et 1er Corps Aéroporté (Viktor Zholudev) – glisseront sur la gauche de Muzychenko, soit au sud de Varsovie. Elles tiendront ainsi les rives de la Vistule d’Otwock à Maciejowice, afin de libérer des troupes utiles ailleurs.
En amont, la cavalcade continue : la 4e Armée de Choc d’Ivan Maslennikov passe Garwolin, la 37e Armée de Vasily Chuikov est derrière Pilawa. C’est que le temps presse… Plus à l’intérieur des lignes, la 1ère Armée de Chars fait mouvement vers Stoczek Łukowski, avec Przytoczno et Koch en ligne de mire. Mikhaïl Katukov a reçu ses ordres : se décaler vers l’est pour contrer la pointe fasciste, en la frappant de flanc ou de face selon sa situation (ce qui est impossible à dire pour l’heure, faute de reconnaissance aérienne !). Une course de vitesse est donc engagée entre panzers et T-34…
………
Le long du Boug (2e Front Biélorusse) – Les forces en provenance de Białystok poursuivent leur descente vers la Wieprz. Elles entrent ainsi dans Sokołów-Podlaski – un carrefour depuis longtemps sous le contrôle de l’Armée Rouge, ce qui permet de ne pas perdre davantage de temps. C’est heureux ! Car après cette étape, les forces de Georgiy Zakharov, Alexei Panfilov et Mikhaïl Purkayev doivent continuer vers Siedlce – 30 bornes de plus vers le front, qui se trouve encore à presque 65 kilomètres… Quoique l’ennemi fasciste se rapproche !
………
Entre Siedlce et Dęblin (2e Front Biélorusse) – L’aile gauche de Rokossovski continue de s’opposer, de façon improvisée mais vigoureuse, à la percée de Friedericus II. La 54e Armée de Serguei Roginski, ayant passé la Wieprz, court jusqu’à Żyrzyn, volant au secours de la 29e Armée d’Alexander Gorbatov déjà engagée. Plus loin, la 2e Armée de la Garde de Leonid Govorov est encore à Sierskowola – soit derrière le fleuve, à une quinzaine de kilomètres de la bataille.
………
Le long de la Vistule (3e Front Biélorusse) – Le ciel est sombre, la pluie obstinée, et une lourde boue colle aux chenilles, alors que la 1. PanzerArmee de Paul Hausser continue de s’enfoncer douloureusement en plein centre du 3e FB. Celui-ci n’est pas davantage en déroute que la veille. Cependant, Rodion Malinovski sait déjà que l’offensive fasciste qu’il subit ne pourra pas être résorbée par ses seuls moyens – et Moscou le sait aussi.
Voilà pourquoi, bien sûr, on a déjà envoyé Rokossovski à son aide – la solution la plus évidente… et la plus élégante, peut-être. Toutefois, l’infanterie et les chars du 2e FB ne seront pas forcément suffisants, eux non plus – surtout rameutés au son du canon, sans plan de bataille ni visibilité et alors que des cieux pro-fascistes ne cessent de faire pleuvoir des hallebardes depuis les cieux ! A ce propos, Malinovski vient d’avoir le maréchal Aleksandr Vassilevski au téléphone – au-delà des formules convenues, en présentant sa situation, il n’a pu lui cacher son embarras. Mais avant de raccrocher, Vassilevski n’a rien promis – quant à Joukov, il est injoignable. Seul aux commandes d’un 3e Front Biélorusse en mauvaise posture, Rodion Malinovski se demande désormais s’il n’est pas en train de se faire lâcher par ses camarades. L’échec éloigne les amis, surtout dans l’Armée Rouge – chacun le sait bien, depuis l’invasion de 1942. Alors, risque-t-il d’aller si vite du Capitole à la Roche tarpéienne, victime de ses succès précédents et martyr expiatoire des manquements de tous ?
C’est vrai : après tant de semaines tissées de victoires et même de triomphes, les jours de Malinovski s’annoncent décidément bien difficiles. Pourtant, l’Armée Rouge de 1944 n’est plus celle de 1942, et dispose assurément d’autres moyens que la damnation d’un coupable pour redresser la situation. Au reste, serait-il rassuré s’il savait qu’en face, Paul Hausser n’a pas non plus que des raisons d’être satisfait ? Car le SS se trouve déjà obligé d’affaiblir sa pointe pour continuer à progresser, tout en gardant sa gauche contre les renforts venus du nord !
………
Secteur de Puławy (Friedericus Nord) – Après la 64e armée et le Groupement Pliev, la 60. Panzergrenadier Feldernhalle d’Otto Kohlermann se retrouve désormais confrontée à deux nouvelles interventions : celles de la 54e Armée de Sergei Roginski et de la 29e Armée d’Alexander Gorbatov. Ce sont désormais trois armées qui viennent vers elle, quoique de façon improvisée, heureusement pour les panzergrenadiers. Toutefois, en dépit du goulot d’étranglement formé par les passages sur la Wieprz – sans parler de l’absence d’imagination des Soviétiques, qui se précipitent tous vers le carrefour proche de Sielce – la 60. PzG souffre une fois encore et commence à reculer. Il faut l’intervention de la GrossDeutschland de Hasso von Manteuffel – qui avait pourtant commencé à se décaler sur la droite, dans le secteur de Wola Czołnowska – pour prendre de flancs les Rouges et reprendre un peu la maîtrise dans la situation. N’empêche… les Slaves progressent. Au soir, ils ne sont plus qu’à 3 kilomètres de leur but, aux environs du village d’Osiny. Aussi, dans la nuit, la division Hermann-Göring (Generalmajor Paul Konrath) et le reste du 508. schw. Pz Abt (Major Helmut Hudel) – qui ont fini de nettoyer la rive ouest – passent à leur les ponts vers Puławy pour aller assister leurs camarades.
Cependant, en dépit de ce… contretemps passager, Hausser a toutes les raisons de rester optimiste ! L’insertion du IV. SS-PanzerKorps de Felix Steiner a été une pleine réussite : la 5. SS-Panzer Wiking (Herbert-Otto Gille), la 3. SS-Panzer Totenkopf (Hermann Priess) et le 102. SS-schw. Pz Abt (Anton Laackmann) foncent vers l’est sans personne de sérieux pour les arrêter. Dans la nuit, Hausser a même la satisfaction de recevoir un message de Steiner lui annonçant qu’il est déjà à Abramów, soit 30 kilomètres après la Vistule et à moins de 20 kilomètres de son premier objectif !
………
Secteur de Solec nad Wisłą (Friedericus Centre) – Pour la 2. SS-Panzer Das Reich (Heinz Lammerding), les choses se passent un peu mieux. A présent que la 4e Armée de Chars a commencé sa retraite, le 22e Corps Blindé de feu Volkov se retire lui aussi en direction de Chodel, en tâchant de gagner le temps nécessaire à ses camarades du sud pour fuir eux aussi. La Das Reich prend donc pied sur la rive est, sur le flanc droit du II. SS-PanzerKorps. Certes, l’utilisation pour partie des mêmes moyens de franchissement crée un bel encombrement… mais au soir, les panzers approchent déjà de Opole Lubelskie : ils ont donc gagné 10 kilomètres. Cependant, ils ont encore perdu du temps face à des retardataires obstinés – ils vont d’ailleurs devoir contourner la ville pour ne pas en gaspiller davantage !
………
Secteur d’Annopol (Friedericus Sud) – Dimitri Lelioushenko a ordonné trop tard la retraite générale – son armée de chars a éclaté. En lambeaux, elle perdu presque toute sa cohésion ainsi que sa masse de manœuvre. Le 5e CB de la Garde Jitomir de Vladimir Zhdanov, incomplètement reformé au sud, près des forêts de Zaklików, lance à présent des attaques de flanc répétées avec l’aide de la 5e Armée de Potapov. Aussi inefficaces que courageuses, ces attaques maintiennent cependant une pression sur la 1. SS-Panzer Leibstandarte Adolf-Hitler de Theodor Wisch, qui n’est donc pas complètement libre de poursuivre le 5e Corps Mécanisé d’Ivan Sukhov. Celui-ci poursuit donc sa fuite vers le secteur nord de Chodel, où il tentera sans doute bientôt de se rétablir avec le concours du 5e Corps de Cavalerie et du 3e Corps Aéroporté.
Il faut pourtant nettoyer le terrain et éliminer les retardataires. C’est pourquoi la 10. SS-Panzer Frundsberg de Lothar Debes – qui vient juste de traverser la Vistule – prend le relais et passe la journée à courir sus aux égarés et aux obstinés sur les traces de Sukhov, avant de tourner finalement à droite vers le village de Chodel. A la nuit tombée, elle en est toute proche, non loin des positions de la Das Reich. Sur sa gauche, au centre, le reste du II. SS-PzK – c’est à dire la 9. SS-Panzer Hohenstaufen (Wilhelm Bittrich) et le 103. SS-schw. Pz Abt (Karl Leiner) – avance un peu plus vite que prévu en direction de Bełżyce. Bittrich a ordre de prendre Lublin, mais uniquement si l’occasion de le faire sans perdre de temps se présente – sinon, il devra la contourner par la gauche et continuer de marcher vers le nord.
………
Région de Tarnów (3e Front Biélorusse) – A la suite de la 5e Armée, la 8e Armée de la Garde (Serguei Trofimenko) et la 50e Armée (Konstantin Golubev), bien couvertes par le 11e Corps Mécanisé de Viktor Obukhov, commencent à suivre la Vistule vers Szczucin, Borowa et Chmielów. Ce faisant, elles abandonnent ainsi (provisoirement ?) Tarnów et les rives de la Dunajec à la 60e Armée (Ivan Kreyzer) et au 2e Corps de Cavalerie (Andrei Selivanov). Une manœuvre certes un peu radicale – mais l’urgence fait foi et d’autres que Malinovski ont déjà approuvé le transfert. Alors…

Propagande
Sur les ondes
– Dans la soirée, Radio-Berlin annonce que les forces du Grand Reich ont franchi la Wieprz, après « une glorieuse percée de 100 kilomètres. L’armée allemande progresse à une vitesse fulgurante, mettant en déroute un ennemi bien trop confiant, détruisant des centaines de chars et faisant des dizaines de milliers de prisonniers. » C’est bien sûr un peu exagéré… voire même très exagéré. Mais ce genre de nouvelles, que Moscou ne peut démentir entièrement, pourrait suffire à fragiliser, au moins un peu, la domination que l’URSS s’attache déjà à construire sur l’Europe de l’Est.

Retour anticipé de congé maladie
Dębica (3e Front Biélorusse)
– Dans le décor bourgeois de la confortable villa capitaliste du début de ce siècle (1) choisie pour abriter l’un des QG avancés du 3e FB, le maréchal Aleksandr Vassilevski confère par téléphone avec Staline en personne. Aujourd’hui plus que jamais – et plus encore que Joukov – Vassilevski est l’homme de confiance du Vojd. Celui qui peut tout lui dire, et auquel il peut (presque) tout confier, car il sait que le maréchal ne le trahira jamais, à la fois par crainte et par fidélité – deux sentiments semble-t-il nullement contradictoires. C’est le digne successeur de Chapochnikov “le professeur”, aux manières aristocratiques surannées et aux méthodes fort peu violentes, que Staline invitait pourtant systématiquement à prendre la parole au début de chaque réunion (2). Même dans les régimes les plus totalitaires, on a besoin d’une voix sincère, et on en prend soin. Et c’est pourquoi ce cher Aleksandr n’a aujourd’hui absolument rien à craindre, et pas davantage du Petit Père des Peuples que des commandos d’assassins fascistes. Vassilevski le sait bien – même s’il lui faut encore, de temps à autre, s’en convaincre tout à fait.
– Camarade maréchal, la situation au centre de nos lignes est critique. J’ai passé la journée à parcourir le front – je ne sais pas ce que pourra faire Konstantin Rokossovski sur la droite, mais sur la gauche, nos forces sont visiblement insuffisantes pour espérer prendre de flanc les Fascistes.
Silence, sans doute entre réflexion et contrariété. Cependant, quand la voix à l’autre bout du fil reprend, elle reste cordiale : « Alors, que proposez-vous, Aleksandr Mikhaïlovich ? »
– Il faut diluer la menace fasciste, en prenant l’initiative dans un secteur du front où ils ne nous attendent pas. Dans les Carpates, par exemple – le 2e Front Ukrainien de Bagramian est puissant, frais et disponible. »
– Ne sommes-nous pas supposés l’activer plus tard, dans le cadre de Cluj-Debrecen ?
– Si fait, Camarade maréchal. Mais il ne s’agit pas ici d’une offensive générale. Simplement d’un genre d’agitation, une maskirovka qui maintiendra l’adversaire dans le doute pendant que nous reprenons l’initiative.
– Je vois… et après ?
– Après, il nous faut frapper le flanc sud de la percée ennemie, comme Rokossovski frappera sans doute bientôt le flanc nord. Pour cela, je vais avoir besoin de renforts, Camarade maréchal. Il faut transférer la 2e Armée de chars du 2e Front Ukrainien vers le 3e Front Biélorusse. Je vous demande de faire procéder à cette mutation.

Nouveau silence, beaucoup plus long ; puis : « Dites-moi, Camarade général Vassilevski, qui est le représentant de la Stavka sur place ? »
Bredouillement, gêne, inquiétude… « Euh… A ce jour, je suis officiellement le représentant de la Stavka sur place. En tout cas, je le pense… »
– Et je le pense aussi. Alors, si vous êtes le représentant de la Stavka, pourquoi dites-vous de tels non-sens ? Vous n’avez pas le droit de dire de pareilles bêtises ! Vous me demandez ceci et cela, et encore cela, mais vous, en tant que représentant de la Stavka, vous devriez savoir que vous avez tout pouvoir sur ce genre de choses.
– J’ai pensé que la Stavka… que vous pourriez avoir besoin de la 2e Armée de Chars pour… pour d’autres Fronts, Camarade maréchal.
– Les autres Fronts doivent avancer selon les plans. L’heure n’est pas venue pour le 2e Front Ukrainien d’utiliser la 2e Armée de Chars. Vous le savez, en tant que représentant de la Stavka ! Et pourtant, vous me dites un tel non-sens.

Durant quelques secondes, Staline se tait. Vassilevski reste muet, bien sûr. Le Vojd digère d’évidence une lourde contrariété, qui lui cause sans doute une réelle inquiétude. Et comme en 1942, il la gère en déchargeant sa rage sur ses subordonnées, auquel il doit bien finir par lâcher la bride et confier ses responsabilités… à leurs risques et périls.
– Débrouillez-vous, Camarade général Vassilevski. Utilisez tous les moyens. Pillez Koniev. Il a une armée blindée. Et à l’arrière, en deuxième échelon, il a deux corps blindés et un corps mécanisé. Prenez-lui tout cela, volez-le, mettez sur la défensive le 3e Front Ukrainien et donnez tout à Malinovski. Et lorsque vous aurez réussi et que Malinovski avancera à nouveau, placez-le sur la défensive, lui, pillez-le à son tour et donnez tout à Bagramian pour conquérir les Carpates.
Ce sera tout. Même si c’était un peu rude, Staline a pris une décision rapide et efficiente sur la base des suggestions de son état-major. Comme quoi, le Vojd sait aussi écouter, en dépit de ses plus vives sautes d’humeur. En commentant cet épisode dans ses mémoires, Aleksandr Vassilevski lui-même devait en convenir : « La forme de cette conversation n’était pas convenable, mais on ne pouvait pas être en désaccord sur le fond. Dans de nombreux cas – je dirais même le plus souvent – Staline s’est montré en mesure de résoudre correctement et en profondeur les problèmes opérationnels et stratégiques, et il a suggéré des solutions très correctes. Lorsqu’on parle de lui, cela ne doit pas être ignoré. »
En attendant d’écrire ses mémoires, Aleksandr Mikhaïlovich Vassilevski va faire partir ses ordres dans l’heure. Aucun doute : nous ne sommes plus en 1942. Nous sommes en 1944, la veille du 15 mars.

Aviateurs de tous les pays, unissez-vous !
« Le printemps s’affirme. Les jours s’allongent. L’effectif se renforce. Mais il faut serrer les dents car la bataille pour Varsovie et la Vistule ne fait que commencer. Le but de la bataille, ce n’est plus de la terre, mais de l’eau. Il s’agit en effet d’atteindre, de conserver et de passer la Vistule, ce grand fleuve de Pologne qui, après 1 047 kilomètres de course nonchalante au milieu des plaines grasses, va se jeter dans la mer Baltique.
Ses eaux baignent des villes dont les noms éclatent comme des coups de canon à la lecture des communiqués. Chaque cité libérée est saluée à Moscou par le feu de toutes les batteries de la DCA moscovite, et il y en a ! A la nuit tombée, elles se mettent à tirer en même temps des obus traçants et colorés, embrasant le ciel d’un feu d’artifice colossal au milieu duquel, placide et puissante, se découpe la citadelle du Kremlin. Je devais, plus tard, assister à Moscou au salut pour Prague. C’est un spectacle qu’on ne peut pas oublier.
Pour l’heure, il s’agit de Varsovie, cœur, tête et âme de la belle Pologne. Et, plus loin, de Dantzig, où tout a commencé il y a déjà cinq ans et où tout finira peut-être bientôt. La libération de la Pologne ne sera pas achevée tant que les soldats russes n’y seront pas entrés pour y hisser le drapeau rouge et faire choir à jamais la croix gammée nazie.
Aujourd’hui, ce fleuve et ces villes sont l’enjeu de batailles gigantesques. Le Fasciste tente de reprendre l’offensive. L’Armée Rouge fait face avec calme et énergie.
L’escadre Franche-Comté suit les manœuvres soviétiques – en particulier celles du 3e Front Ukrainien, qui se redéploie vers le sud. Après notre période de repos, nous nous préparons donc à descendre vers Rzeszow, sitôt que le temps le permettra. Nos deux chiennes, Zazoute et Bobbie, sont évidemment de la caravane. Ne pas citer Zazoute serait offenser tout le groupe. Risso en est en principe le maître, mais elle appartient à l’unité tout entière. Et tout le monde la pleurera lorsqu’on la trouvera mystérieusement égorgée, une nuit de la fin de l’été 1944. »

(Capitaine François de Geoffre, Escadre Franche-Comté/Vistule, Charles Corlet éd. 1952, rééd. J’ai Lu, 1996)

Changement de cadres
Par la petite porte
Près du Niémen (Prusse orientale)
– Après plusieurs mois de bons et loyaux services à la tête du XXVI. AK – sans trop de contre-performances, c’est une réussite en soi par les temps qui courent – le général Ernst von Leyser est brutalement déchargé de son poste, sans raison particulière, sinon sans doute celle de ne pas apparaître assez national-socialiste pour l’époque. Il est vrai que l’homme avait été rappelé presque contre son gré de la Police dans la Heer et avait démissionné en octobre 1939 de son commandement (d’une formation de réserve !) avant d’aller à nouveau servir en France. Evidemment patriote, raisonnablement compétent et – malgré tout – indubitablement brave (Croix de Fer en décembre 1942), von Leyser n’est tout simplement pas assez “quelque chose” pour rester en place sans crainte d’un coup de poignard dans le dos – il a vraisemblablement été victime d’une quelconque intrigue byzantine à l’OKH.
Le général est remplacé par Willibald von Langermann und Erlencamp, un PanzerGeneral talentueux sur la touche depuis Typhon. A l’évidence, on sort les vieilles gloires du placard, en espérant raviver des souvenirs.
Pour Ernst von Leyser, l’heure du repos n’a cependant pas encore sonné. Il part pour les Balkans : en Voïvodine, le XXI. Gebirgs-Armee-Korps attend un nouveau chef. Sûrement pas l’affectation dont il aurait rêvé…

Partisans… et autres
Retour au pays
Carpates
– Yaroslav Semenovich Stetsko, adjoint de Stepan Bandera et membre éminent de l’Organisation Nationaliste Ukrainienne, passe de nuit les lignes soviétiques. Il ne tardera pas à entrer en contact avec des compatriotes choisis, qui lui permettront ensuite de trouver le chemin du QG d’Andriy Melnyk.

Notes
1- NDE – Dębica avait bénéficié d’un important programme de développement économique sous l’égide de la république polonaise à partir de 1936, afin d’augmenter les capacités de l’industrie d’armement. Région sous-développée et agraire (mais aussi très peuplée !), le comté était devenu dès 1938 un centre industriel majeur avec des usines comme celles de la Stomil (pneus – aujourd’hui une filiale de Goodyear), des Wytwórnia Urządzeń Chłodniczych (compresseurs – toujours active) ou de la Zakłady Tworzyw Sztucznych (moteurs et matériaux). Evidemment, cet essor avait connu un coup d’arrêt brutal en septembre 1939…
2- Chtemenko, son élève, devait dire de lui : « Si quelque chose allait de travers, il ne grondait pas, il n’élevait même pas la voix. Il demandait juste “Qu’avez-vous fait, mon cher ?” Cette simple question nous donnait envie de rentrer sous terre. » Boris Chapochnikov devait d’ailleurs régulièrement s’opposer avec un flegme feutré aux instincts répressifs de Staline : “Le général X a-t-il été puni ?” “Oui, il a été réprimandé.” “C’est tout ?” “Mais c’est une mesure sévère. Une réprimande du chef d’état-major lui fait obligation de démissionner.” Chose qui ne se faisait évidemment jamais dans l’Armée Rouge, et moins encore en temps de guerre…
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Jan 25, 2022 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Suite et fin du 14 mars (Pologne et Diplomatie) demain. Mais le 15 mars n'est pas encore prêt - il est vrai qu'il est particulièrement long et délicat à rédiger !!
Désolé.

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Casus Frankie

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