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Bataille de France-Sud, Janvier 44
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 09:46    Sujet du message: Bataille de France-Sud, Janvier 44 Répondre en citant

A coups de Ciseaux et de Dague

1er janvier
Guerre aérienne
Sud de la France
– Pas de mission en ce jour de l’An pour les Tuskegee Airmen du 99e Fighter Squadron. Leur formation est réaffectée au front italien, où elle opèrera en tant que squadron surnuméraire au sein du 57e FG, basé sur l’ile d’Elbe. Le capitaine Lee Archer, dernier à décoller, va accompagner les C-47 de l’échelon technique jusqu’à destination.


2 janvier
Renforts
Marseille
– Ce matin, débarquent d’un liberty ship enchaînant les rotations avec l’Algérie les légionnaires de la 10e DBLE. Cette dernière va rapidement aller se déployer sur le front en vallée du Rhône pour compenser les pertes subies le mois précédent lors de Lavoisier et de Nordwind.

Dans la presse
« Marseille
– Le premier bébé de l’année a vu le jour hier à zéro heure et sept minutes. Il s’agit d’une petite fille, Nicole Justine Héloïse Chaumard, pesant trois kilos deux cents grammes pour une taille de quarante-huit centimètres. Elle sera la lumière du foyer du lieutenant-colonel Jean-Noël Chaumard, chargé des relations interarmées auprès du général XXX, et du sergent-chef Emilienne Chaumard (née Vincenot), des Transmissions. Nos félicitations aux heureux parents. »


3 janvier
Guerre aérienne
Marignane
– Etre pompier ou ambulancier sur une base aérienne en temps de guerre n’a rien de reposant. On y est parfois témoin d’horreurs, mais aussi d’actes héroïques. Ce que découvre aujourd’hui la brigade de secours de l’aérodrome est proprement extraordinaire. Lorsque les sirènes d’alarme sonnent, les hommes qui se sont précipités aux abords de la piste constatent qu’un B-24 américain endommagé effectue son approche avec la plus extrême précaution, tournant très largement pour parvenir à se placer face à la piste avant d’atterrir. Les pompiers accourus constatent les dégâts et parlent de miracle. La queue de l’appareil est quasiment sectionnée : elle ne tient plus que par quelques tôles d’aluminium et les gouvernes de l’empennage ne sont plus actionnées que par un seul câble.
L’appareil est le All American du 414e BS, opérant au sein du 97e BG, basé à Rome et piloté par le lieutenant Kendrick Bragg. Celui-ci explique que son avion a été percuté par un Fw 190. Il était ailier du leader de formation, le major Robert Coulter, lorsque des chasseurs ennemis se sont présentés de front – manœuvre tentée par les Allemands pour abattre les bombardiers en visant les postes de pilotage. Mais la vitesse de rapprochement est dans ce cas très élevée et les Focke-Wulf se sont dispersés sans avoir eu le temps de causer de gros dégâts. Tous, sauf un, qui a continué à foncer sur les bombardiers en zigzaguant jusqu’à percuter la queue du All American avec son aile, la tranchant presque net.
Le lieutenant Bragg recevra une DFC pour avoir ramené son appareil et son équipage malgré les dommages subis. Quant au All American, il sera réparé par les mécanos de l’USAAF et reprendra du service avant la fin de la guerre au sein du 454e BG. Une fois rentré à Rome, le dessinateur de l’équipage créera un insigne montrant un chien assis sur la queue d’un B-24 complètement déchirée, avec cette légende : « All you need is wings and a prayer ». L’emblème sera ensuite adopté par tout le 414e BS.

Courrier
Haute Provence
Ma très chère Constance
Je désespérais d’avoir de vos nouvelles quand, tout à trac, non pas une mais bien trois missives de vous ! Ainsi qu’un colis ! Mystère des services postaux et de nos vaguemestres !
Croyez-vous que je m’empressai de les dévorer des yeux ? Non point ! Je pensai les savourer et en distiller lentement le contenu. Hélas, cette résolution ne dura guère. Je ne pus résister à l’envie de lire la plus récente dès ce soir.
Imaginez : je suis fort incommodément cassé en deux dans mon gourbi, assis sur mon lit de camp, luxe inouï quand mes hommes se contentent le plus souvent d’une toile de tente jetée au travers d’un trou. Il faut vous dire que nous avons appris à nous méfier de la plus anodine des cahutes, tout comme de la moindre ruine : l’ennemi est retors et ne manque pas d’imagination pour semer la mort derrière lui.
Une simple planche me sert de table et je vous écris à la lueur d’une mauvaise chandelle fichée dans une vieille boîte de conserve. Sachez tout d’abord que j’apprécie ô combien, et doublement, votre écharpe. Elle est la bienvenue par ces températures glaciales, et il n’est nul de nos soldats qui ne soit entortillé de couvertures, voire de guenilles, glanées dans les ruines en sus des dotations réglementaires.
Du pillage, direz-vous ? Non. Il y a belle lurette que tout ce qui pouvait être pillé a disparu. C’est pitié que de voir parfois de pauvres gens errer dans les ruines de leurs maisons, malgré nos interdictions, glanant quelque souvenir d’un passé heureux, ou cherchant quelque nourriture. Il n’est pas rare que nous trouvions le corps d’un soldat allemand nu-pied : ici, à cause des réquisitions, le cuir est quasiment introuvable. La paire de bottes d’un “grenadier”, c’est un trésor. Mais le plus souvent, fermes, hameaux ou villages sont déserts : s’ils n’ont pas été chassés par l’Occupant, les habitants ont fui de leur propre chef.
Si elle protège ma gorge des frimas, votre écharpe me réchauffe encore plus le cœur, et vous ne pouvez savoir à quel point cela a de l’importance. Ne vous inquiétez pas de ma “blessure” : d’autres que moi sont bien plus atteints. S’il m’arrive encore de ressentir quelque tiraillement, je m’interroge bien plus sur les blessures de l’âme. J’en profite pour vous donner des nouvelles de votre parent, Serviac : il a été récemment promu commandant dans notre régiment, après sa longue convalescence. Vous vous doutez bien, chère Constance, que le temps ne se prête guère aux effusions et que nos rares échanges se limitent aux strictes nécessités du service. Rassurez votre entourage, car il ne se semble guère se ressentir de ses blessures. S’il a recouvré toute son énergie, sa nomination ne pourra être que bénéfique pour tous.
Qu’il est loin, le naïf et fringuant officier qui vous tenait compagnie sur le chemin de la plage ! Pour vous, chère Constance, je reviendrai de cet abominable conflit. Mais serai-je encore le même ? Plus encore que la précédente qui frappa nos pères, nos familles et notre Pays, cette guerre-ci bouleverse le Monde et ceux qui l’habitent.
Nous sommes partis soldats. Nous sommes devenus des tueurs. Comprenez-vous l’importance de cette étoffe ? Les camarades meurent. On pleure. On s’endurcit. Savez-vous ce que l’on rapporte (le front bruisse de mille rumeurs de ce genre) ? On entend dire que les commissaires politiques de nos bons amis bolchéviques se plaignent de ce que sur dix soldats, seuls quatre font effectivement usage de leur arme, au point que ces chiens de Staline inspecteraient les fusils après chaque assaut !
Ce ne sont pas là que de vagues ragots. Il en serait de même chez nos alliés britanniques et américains. Si de tels chiffres ont de quoi faire grincer des dents les généraux de salon et les guerriers des bureaux, au moins prouvent-ils que peut-être certains des combattants ont encore, parfois, quelque scrupule à tirer sur un homme.
Ici, ce n’est pas le cas. Il y a toutes ces abominations. Alors, sans crier gare, on en vient à devenir comme ceux d’en face. On apprend à haïr. Et cela vient insidieusement. Mais un beau jour, on se dit : “Mon Dieu !”
En gens simples, nos tirailleurs prennent cela avec un certain fatalisme. A la guerre, on tue, ou on est tué. Notre colonel, Belmont, a fini par craquer, lui. Il a été affecté ailleurs, avant de faire des bêtises. Le nouveau, Galimont, est d’une autre trempe, mais cela suffira-t-il ?
Vous le savez, je puis vous le dire sans fard, la guerre, ce ne sont pas des corps endormis sur lesquels passe rapidement la caméra des actualités cinématographiques. La guerre, ce sont les mutilés, les villages ruinés, les malheureux jetés sur les routes. Ne tremblez pas pour moi. De cela, je n’ai pas peur, même si la peur me noue le ventre à chaque combat.
Non, le pire, ce sont les blessures de l’âme. Cette guerre nous a appris la Haine. La Peur, vous pouvez la lire dans les yeux de votre voisin, et pour cette raison, vous pouvez la dominer. Lorsque le caporal El Mardi me conduit sous les obus, il crève de trouille (pardonnez cette expression) et je n’en mène pas large. Et à cause de cela, nous allons.
Mais la haine ! Elle vient, peu à peu. Au début, on se dit « Les Sénégalais haïssent les Allemands. C’est normal, à cause de 40. » Ensuite, devant les destructions gratuites et les lâches assassinats qui sont la marque de fabrique des Nazis, on pense « Nous ne sommes pas comme eux ! »
« Vous n’êtes pas comme eux ! » ne cessent de dire nos chefs. « Vous n’êtes pas comme eux ! » répétons-nous aux hommes.
Et puis, on apprend que ceux d’en face sont des SS… Alors, la haine vient. Pas suffisante pour aveugler, pas encore. Mais c’est elle qui appuie sur la détente.
Aussi, continuez votre babillage. Continuez à me parler du soleil sur la mer, de la chaleur des ruelles, des bruits du souk, des incartades de votre chiot, et pardonnez ces lignes : tant de choses me pèsent sur le cœur, que je ne puis confier à d’autre que vous !
Etonnez-vous aussi de l’envers de ces feuilles : nous manquons cruellement de divers articles. Le papier n’en est qu’un exemple. Le moindre formulaire du Reich est un trésor ! Mais on nous a livré tantôt suffisamment de cirage pour participer à dix 14 Juillet, alors que tout le monde se plaint de la rareté du savon. Certes, le soldat est débrouillard. Quand mes hommes agrémentent leur rata d’un “lapin” qui profite à toute la compagnie, je ferme les yeux. (Par ailleurs, je n’ose m’enquérir de l’origine du savon à barbe avec lequel mon caporal tente de me rendre figure humaine.) Mais nous avons parfois l’impression d’être oubliés en terre de France. Sans doute les intempéries, s’ajoutant aux travers de la bureaucratie, y sont-elles pour quelque chose.
Je clos cette lettre, qui vous parviendra par “courrier spécial”, plus sûr que les services officiels, en répondant à votre demande : profitez du même courrier pour me faire parvenir de bonnes chaussettes de laine, bien chaudes. Et surtout continuez à écrire à votre capitaine, qui couvre ces mots de mille baisers.
Votre très dévoué
Henri de Fresnay, capitaine au Xe Régiment



4 janvier
Guerre aérienne
Sud de la France
– Rien de particulier sur le front français. Le froid paralyse quelque peu les opérations.
On notera toutefois le rééquipement du 363e FG, dont les P-39 commençaient à dater. Le changement est net, puisque les avions qui les remplacent sont de tout nouveaux P-51D.


5 janvier
Guerre aérienne
Sud de la France
– Si le calme règne toujours au sol – les frimas de l’hiver en Drome ou au pied des reliefs y sont pour quelque chose – il n’en est pas de même dans les airs, où Armée de l’Air et US Air Force traquent sans relâche les mouvements ennemis et repèrent les positions d’artillerie. La JG 2 réagit peu, mais une de ces tentatives suffit au bonheur du capitaine François Géraudel, du GC III/2, qui devient un as en abattant un Bf 109.

Opération Dague
Plaine du Roussillon
– Le calme règne toujours au sol… mais plus pour longtemps.
Le Canigou est la montagne sacrée des Catalans français. Malgré les apparences, ce n’est pas le point culminant du département, mais il est visible de tout point depuis la plaine du Roussillon, rendu plus imposant par l’absence de voisins de même taille. C’est à son sommet que s’allume, pour la nuit du 21 juin, le premier feu de la Saint-Jean, cet imposant brasier autour duquel on boit, on chante et on danse… et par dessus lequel les plus vaillants sautent en défiant les flammes et leur chaleur ! Cette année encore, malgré les espoirs (pour les Catalans) ou la crainte (pour les Allemands) d’un prochain débarquement allié, les feux de la Saint-Jean ont embrasé le Canigou, et tout un peuple espère que l’occupant sera chassé bien à temps pour qu’il en soit de même l’année prochaine.
Des villes de Thuir et Céret, aux abords du massif, deux importantes colonnes se mettent en marche en début de matinée, accompagnés d’un grand nombre de mules, chargées d’armement léger et d’approvisionnements. Les deux groupes, formés des goumiers marocains du 2e Tabor et des Américains du 2e Rgt de la 1ère Special Service Force, ont été acheminés de Perpignan par train. Ils sont chargés de prendre d’assaut la montagne, de façon à faciliter l’attaque qui doit être lancée dans le secteur de Prades. Des résistants venant de la région, connaissant bien le Canigou, doivent les guider.
Les rapports indiquent que les Allemands ne sont pas présents dans les parties basses de la montagne, mais se sont concentrés sur les secteurs faciles à défendre, crêtes et cols, et qu’ils ont fait évacuer les villages les plus élevés. Du côté de la météo, le temps promet d’être beau et les premières neiges ne sont à attendre qu’à partir de 1 200 mètres, soit bien au-dessus des derniers hameaux.
Un petit groupe, détaché du 3e Rgt de la 1ère SSF à Ille-sur-Têt, doit emprunter une section de la RN618, la fameuse Route des Pyrénées, à partir du nord du massif, à Bouleternère, pour s’assurer qu’aucun Allemand ne s’échappe par là.


6 janvier
Opération Dague
Massif du Canigou
– Depuis la veille, Marocains et Américains progressent lentement dans les contreforts du massif, empruntant essentiellement les routes tant que l’ennemi n’est pas repéré. Dans les villages traversés, la population indique avoir vu passer les Allemands en retraite il y a quelques semaines, ces derniers prenant le temps d’abattre un grand nombre d’arbres en travers des voies de circulation et de couper le téléphone. Depuis, on ne les a plus revus, mais d’après les habitants des hameaux situés plus haut, avec lesquels de rares contacts ont encore lieu, ils sont toujours là.
En milieu de matinée, au-dessus de Prunet-et-Belpuig, les éléments de tête sont pris à partie par l’ennemi, solidement retranché au niveau du col Fourtou. Les semaines précédentes ont en effet été mises à profit par les défenseurs, une compagnie du 854. Grenadier Rgt, pour bâtir de solides fortins en rondins, installer leurs mitrailleuses et placer quelques champs de mines.

Opération Scissors
Hérault
– Dans la nuit, le 85e RI de la 10e DI de Montagne américaine s’est infiltré dans les collines autour de Saint-Félix de Pallière. Dans ce secteur, le 866. Grenadier Rgt de la 355. ID est très étiré, mais il sait pouvoir s’appuyer sur le terrain et compte sur la présence rassurante sur ses arrières du 394. StuG Abt. Cependant, quelques kilomètres à l’ouest, le 86e RI-US a neutralisé deux positions avancées au nord de Saint-Hippolyte du Fort et a mené sa propre opération d’infiltration sur l’autre aile.
Le dispositif allemand se trouve donc engagé au petit matin par une attaque en pince, qui en plus de gêner la montée en ligne des renforts le long des D21 et D39, menace de l’encercler. La réaction allemande est d’autant plus entravée qu’outre le terrain difficile, les renforts sont pris à partie sur les routes par des embuscades des éléments infiltrés des deux régiments américains ou par les attaques des chasseurs-bombardiers du 86e FG. Le bataillon blindé allemand perd pas moins de douze Sturmgeschutz dans la journée.
Il faut préciser que cette opération a été soigneusement planifiée grâce aux renseignements de la Résistance locale, dont des hommes accompagnent les sections de 85e et 86e RI. Dans cette action, les montagnards américains, bien guidés, tombent dès le début sur le poste de commandement du régiment et le neutralisent promptement. La situation devient donc rapidement critique pour les grenadiers du 866. Rgt, d’autant plus qu’aucun soutien n’est à attendre de leurs voisins du 756. GR de la 334. ID, plus à l’est, engagés eux même par le 15e RCT de la 3e DI-US au nord-est d’Anduze. Le 866. Rgt, décapité, recule donc en désordre dans les collines.
Plus à l’ouest, le 87e RI-US a débordé à travers le Ranc des Banes et s’est emparé du croisement des D11 et D153 à Sumène, sur les arrières du Kampfgruppe de soutien de la 355. ID, constitué de pionniers, de panzerjägers et de l’Aufklärung Abt, positionné à Ganges. Ces derniers sont fixés par une attaque du 349e RCT de la 88e DI-US The Blue Devils, dont c’est le premier engagement, renforcé du 70e Tank Btn.
Ganges est pris dans l’après-midi et les Allemands sont obligés de reculer vers l’ouest, en direction du Vigan. En effet, entretemps, le 87e RI de la 10e Mountain Division a pris le contrôle de la ligne de relief suivante, autour du hameau de Roquedur.
Pendant ce temps, un autre régiment de la 355. ID, le 868., est pris à partie sur son aile droite par les canons du 6e Artillery Group tandis que le 351e RCT le déborde à travers les reliefs, par les sentiers autour du cirque de la Séranne.
Enfin, à l’autre bout de la barre rocheuse, le 17e RCT de la 7e DI-US mène une attaque de fixation dans les collines vers l’ouest au nord de Saint-Jean de la Blaquière, tandis que le 350e RCT de la 88e DI-US, avec l’appui de l’artillerie divisionnaire et l’aide du 636e TD Btn, force les fantassins du 867. Grenadier Rgt à reculer jusque sur leurs dernières positions aménagées dans le secteur de La Vacquerie et de Saint-Martin de Castries.
A la nuit, le 868. Grenadier réorganise son dispositif à l’entrée des gorges entre Saint-Maurice de Navacelles et Madières. L’état-major allemand est dans l’incertitude, car l’attaque de la division marocaine dans les Pyrénées Orientales et l’attaque américaine dans le Massif Central laissent entrevoir le risque d’une offensive en pince de grande envergure visant à déborder le verrou de Carcassonne et à encercler tout un corps d’armée. Il est donc décidé d’envoyer d’Albi vers Sainte-Affrique un Kampfgruppe dirigé par le Sturmbannführer SS Horstmann et centré sur le 38. SS-Panzergrenadier Rgt de la 14. SS-Division.


7 janvier
Opération Dague
Massif du Canigou
– La colonne venue de Thuir avance avec difficulté dans le massif, efficacement retardée par les défenses allemandes appuyées sur la succession de cols qui jalonnent la RN 618. Les Américains tentent de déborder par la vallée du Boulès vers le hameau de La Bastide, mais les Allemands installés sur les crêtes interdisent facilement toute progression dans ce secteur. Sur le versant sud, la progression des Marocains est tout aussi ardue, dans un terrain escarpé et boisé.
Finalement, en milieu d’après-midi, l’arrivée de la colonne en provenance de Céret va débloquer la situation. Cette colonne a pu progresser assez facilement jusqu’au hameau de Taulis, pendant que des groupes s’infiltraient par des sentiers parallèles, en grande partie grâce aux mules des goumiers. Menacés d’encerclement, les défenseurs des cols abandonnent leurs positions et se replient pendant la nuit en direction de Velmanya.
………
Prades : l’attente – L’Oberstleutnant Friedel Blanke, chef d’état-major de la 344. ID, a été chargé par le Generalleutnant Felix Schwalbe d’inspecter le dispositif défensif à Prades. Contrôler cette ville permet de défendre l’accès nord au massif du Canigou, barrer la route vers le sud de l’Aude, garder les liaisons ouvertes avec le reste de la 344. ID plus au nord et bien sûr interdire toute progression alliée vers la haute vallée de la Têt.
Cependant, la petite ville se trouve à la sortie de la plaine du Roussillon, dans une zone relativement dégagée, et sa défense n’est pas facile. Elle repose sur le 854. Grenadier Rgt, qui compte beaucoup d’hommes âgés dont certains ont connu l’Autre Guerre. Jusqu’au débarquement allié, il s’agissait d’un régiment statique, qui s’est certes endurci au contact de l’ennemi, mais dont les pertes n’ont été remplacées qu’avec difficulté. Il n’a pu se rétablir dans le secteur de Prades que parce que les Américains n’ont pas beaucoup appuyé leur offensive après la libération de Perpignan. En réalité, le temps gagné à Prades a surtout permis d’établir une défense que l’on espère solide plus en amont de la vallée de la Têt, à Villefranche-de-Conflent.
Achevant sa tournée en fin d’après-midi, l’Oberst Blanke se dit que, décidément, la défense de Prades ne pourra faire illusion que quelques heures, une journée tout au plus. Au final, pas mieux que les Français il y a quatre ans, lorsqu’ils combattaient en reculant vers la Méditerranée. Aujourd’hui, ce ne sont pas ces maudits Français qu’il a en face de lui, mais les Américains, si prévisibles, mais diablement efficaces tout de même. De plus, un rapport des renseignements fait état de l’arrivée de soldats français coloniaux, probablement marocains, dans la région de Perpignan – et ça, ce n’est pas une bonne nouvelle…
Perdu dans ses pensées, Blanke n’a pas remarqué un nuage de poussière arrivant de l’est, un peu en avant de Vinça. Averti par son adjoint, l’Oberst braque aussitôt ses jumelles et repère rapidement des chars, au moins une dizaine. Il les identifie comme des chars légers américains. Même si ces derniers sont méprisés par les tankistes allemands, Blanke ne dispose pas de blindés – contre les chars, il ne peut compter en tout et pour tout que sur un peloton de trois canons Pak-36 disposés dans la ville et deux obusiers de 105 mm camouflés dans les hauteurs au-dessus du hameau de Catllat, le tout couvrant un maigre champ de mines qui barre les approches de Prades de part et d’autre de la RN116.
………
Prades : l’attaque – L’offensive américaine a été déclenchée suite aux nouvelles du déblocage de la situation dans le massif du Canigou. Elle est menée par la compagnie de chars légers Stuart M5 du 757e Tank Battalion, soutenue par le 3e Rgt de la 1ère Special Service Force et une compagnie du 3e Chemical Mortar Battalion.
À l’approche de Prades, les blindés sont pris à partie par les canons antichars allemands, qui se dévoilent au dernier moment. Manœuvrant pour se dégager, plusieurs chars tombent dans le champ de mines ; les deux obusiers allemands en profitent alors pour aggraver le chaos. Les Américains réagissent comme souvent un tel cas : après quelques minutes, un déluge d’obus de 107 mm (4,2 pouces ou « Four-Deuce » pour ses utilisateurs) tirés par les mortiers positionnés au niveau de Vinça s’abat sur les positions allemandes, appuyées sur les premières maisons [chaque mortier peut tirer jusqu’à 40 obus pendant les deux premières minutes, puis une centaine pendant les vingt suivantes]. Lorsque le pilonnage s’arrête, après une dernière salve constituée d’obus fumigènes, les hommes de la Special Service Force, appuyés par les derniers chars en état, partent à l’assaut pour s’infiltrer dans la ville. Ebranlés par le bombardement, les défenseurs ont du mal à s’y opposer, mais ils sont aidés par les décombres et la bataille de Prades va durer toute la nuit.

Opération Scissors
Hérault
– Le 85e RI de la 10e Mountain Division a réorienté ses efforts vers l’est, sur les arrières du 756. GR de la 334. ID, toujours fixé au nord d’Anduze par l’attaque de la Rock of the Marne. Pendant ce temps, le 86e RI a rallié et met la pression sur un Kampfgruppe de la 355. ID constitué d’un bataillon très affaibli du 866. GR et d’un 394. StuG Abt qui ne l’est pas moins. Ces derniers retraitent comme ils peuvent en direction de Saint-Jean du Gard. Le reste du 866. Rgt s’est rétabli sur les reliefs et tente de verrouiller un secteur allant du col de l’Asclié, sur la D20, au village de l’Estréchure, sur la D39.
Le 87e RCT, lui, continue sa manœuvre à la poursuite du KG de soutien de la 355. ID, qui s’est déplacé jusqu’au croisement routier autour de Notre Dame de la Rouvière. Les Sherman du 70e Tank Btn se sont engagés dans son sillage et leurs 75 mm courts sont parfois bien utiles en soutien d’infanterie.
Plus loin, la progression est minime pour les 349e et 351e RCT, qui passent la journée à nettoyer le terrain en faisant leur jonction. Mais à la nuit, devant le risque d’encerclement et pour garder le contact avec sa division (la 355.), le 868. GR quitte ses positions dans le secteur des gorges de Navacelle pour se redéployer au Vigan.
Encore un peu plus à l’ouest, le 350e RCT de la 88e DI-US, appuyé par le 636e TD Btn, force les positions du 867. Grenadier Rgt, qui est obligé de se replier sur le plateau, de l’autre côté de la Virenque et dans les bois de Vicenque. La route de Millau semble donc ouverte. Enfin, les 17e et 32e RCT de la Bayonet Division passent la journée à se battre pour la possession de Lodève.
L’évolution de la situation n’a pas échappé à l’état-major allemand. La 355. ID est bousculée et déséquilibrée ; un trou est en train de se former en direction de Millau… Il faut très vite raccourcir les lignes et réorganiser le dispositif !
………
Dans les airs, c’est une journée faste pour les pilotes du 27e FG, qui couvre l’opération Scissors. Le major Bill Leverette est l’auteur d’un triplé lorsque le 522e FS intercepte un raid de Ju 88, ce qui l’amène à un total de 11 victoires. Le lieutenant Forst, du 86e FG, obtient sa quatrième victoire – plus qu’une avant le titre d’as, convoité par tous.
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 11:52    Sujet du message: Re: Bataille de France-Sud, Janvier 44 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Sud de la France – Si le calme règne toujours au sol – les frimas de l’hiver en Drome ou au pied des reliefs y sont pour quelque chose –

Il faut un accent circonflexe à Drôme.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 17:42    Sujet du message: Répondre en citant

Ca y est - le raton-laveur est de retour de ses vacances avec quelques autres plantigrades montagnards Marmota marmota (une escapade intéressante ... faudra que je plante mon museau dans tout ce qui est combats alpins durant l'hiver 43-44 ca serait passionnant !). Bref, je prend le train en marche, sur la route de la Biélorussie ..

Citation:
chargé des relations interarmées auprès du général XXX


Besoin d'un nom ?

Citation:
Sachez tout d’abord que j’apprécie ô combien, et doublement, votre écharpe. Elle est la bienvenue par ces températures glaciales, et il n’est nul de nos soldats qui ne soit entortillé de couvertures, voire de guenilles, glanées dans les ruines en sus des dotations réglementaires.


Anecdote amusante : la Waffen SS apprenait à ses soldats à tricoter. Ben oui, en hiver russe, avec les pellotes envoyés par la famille ...

Citation:
On entend dire que les commissaires politiques de nos bons amis bolchéviques se plaignent de ce que sur dix soldats, seuls quatre font effectivement usage de leur arme, au point que ces chiens de Staline inspecteraient les fusils après chaque assaut !


Ca c'est une statistique américaine mon cher. Mais bon, l'anti-communisme ... Laughing

Citation:
capitaine au Xe Régiment


C'est bien le 10e régiment ?

Sinon dans le cirque de Navacelles, les vautours sont revenus depuis les années 70. Ils ont de quoi se goinfrer ...
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:

Citation:
On entend dire que les commissaires politiques de nos bons amis bolchéviques se plaignent de ce que sur dix soldats, seuls quatre font effectivement usage de leur arme, au point que ces chiens de Staline inspecteraient les fusils après chaque assaut !


Ca c'est une statistique américaine mon cher. Mais bon, l'anti-communisme ... Laughing



Non seulement c'est une statistique américaine, mais elle est sortie d'un livre qui a depuis été fortement critiqué.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 19:06    Sujet du message: Répondre en citant

Général XXX et Xe Régiment : la censure militaire, mon cher !!!
En fait, le sachant, le capitaine n'inscrit ni l'un ni l'autre.

Les chiens de Staline : permettez au capitaine de croire à ces rumeurs…
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Hendryk



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 19:08    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
On entend dire que les commissaires politiques de nos bons amis bolchéviques se plaignent de ce que sur dix soldats, seuls quatre font effectivement usage de leur arme, au point que ces chiens de Staline inspecteraient les fusils après chaque assaut !

Selon le témoignage du père de Art Spiegelman, l'auteur de Maus, l'armée polonaise de 1939 se livrait aussi à ce genre de vérification.


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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 19:49    Sujet du message: Répondre en citant

Le coup des 4/10 ressemble quand même beaucoup à ces légendes urbaines qu'on passe d'armées en armées, comme les bombes en bois sur les avions leurres. Mais bon, le correspondant peut aussi colporter des rumeurs !
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Kirishima



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 20:19    Sujet du message: Re: Bataille de France-Sud, Janvier 44 Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
Mais la haine ! Elle vient, peu à peu. Au début, on se dit « Les Sénégalais haïssent les Allemands. C’est normal, à cause de 40. » Ensuite, devant les destructions gratuites et les lâches assassinats qui sont la marque de fabrique des Nazis, on pense « Nous ne sommes pas comme eux ! »
« Vous n’êtes pas comme eux ! » ne cessent de dire nos chefs. « Vous n’êtes pas comme eux ! » répétons-nous aux hommes.
Et puis, on apprend que ceux d’en face sont des SS… Alors, la haine vient. Pas suffisante pour aveugler, pas encore. Mais c’est elle qui appuie sur la détente.
J'avais lu il y a quelques année un livre sur les soldats néo-zélandais pendant la 2e guerre où était décrit un épisode de la campagne de Tunisie en 1943 entre eux et des Italiens, pourtant pas les combattants les plus sanguinaires du conflit. Une grenade atterrissant dans une tente médicale avait déclenché une furie incontrôlable, avec des Italiens voulant se rendre poignardés à la baïonnette et balancés d'une falaise.
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houps



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 20:25    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Le coup des 4/10 ressemble quand même beaucoup à ces légendes urbaines qu'on passe d'armées en armées, comme les bombes en bois sur les avions leurres. Mais bon, le correspondant peut aussi colporter des rumeurs !


Mon cher Dan, si la vie n'était faite que de faits avérés, que deviendrions-nous, enclins que nous sommes à ne croire et voir que ce qui va dans notre sens ?
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Anaxagore



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 20:27    Sujet du message: Répondre en citant

Vous avez lu "La guerre des grecs" de Thucydide?
Il explique déjà que la guerre sans haine est impossible. On a besoin d'haïr l'ennemi pour le tuer. Il faut qu'il soit mauvais, inhumain. Pourquoi? Parce qu'il n'est pas naturel à l'homme (à part quelques cas particulièrement desaxés) de tuer sans haine. Si on ne hait pas, on reconnait l'autre comme humain, comme son égal, on se met à sa place et on n'arrive pas à tuer!
Mais par une cruelel ironie, une fois que l'on hait l'ennemi... la paix devient impossible. Il faut écraser ce que l'on hait... c'est aussi ça l'esprit humain.
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loic
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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 20:28    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
par les canons du 6e Artillery Group tandis que le 351e RCT

Il manque une virgule avant "tandis que" et il y a un autre "tandis que" juste après.

Citation:
l’arrivée de la colonne en provenance de Céret va débloquer la situation. Cette colonne a pu progresser

Là aussi, doublon sur "colonne"

Citation:
dans le secteur des gorges de Navacelle

Navacelles
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Mai 30, 2021 20:42    Sujet du message: Répondre en citant

Oh si vous lisez l'Arnhem de Beevor, vous y verrez des Paras US qui se baladent avec une tête de Landser en trophée sur le capot de leur Jeep. Alors ...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 31, 2021 09:38    Sujet du message: Répondre en citant

8 janvier
Libération-Sud
Opération Dague
Massif du Canigou
– Après un dernier baroud d’honneur dans le hameau de Velmanya, les Allemands ont abandonné ce dernier dans la nuit pour se replier vers le nord, en direction de Prades, en suivant la vallée de la Lentilla. Arrivant sur les hauteurs au-dessus de Vinça, ils ne peuvent que constater que la vallée de la Têt grouille de soldats et de véhicules ennemis. Bifurquant vers le sud-ouest, les rescapés vont emprunter des chemins forestiers longeant les contreforts du Canigou. À court de munitions et épuisés, ils arrivent à Taurinya où ils reçoivent l’ordre de rejoindre, non Prades, où la situation est sans espoir, mais directement Villefranche-de-Conflent, où la défense achève de se mettre en place.
………
Prades – En fin de matinée, la petite ville est nettoyée de toute présence allemande, mais les installations de la gare ont été assez fortement endommagées. Les colonels Frederick (1ère SSF) et Leblanc (1er GTM) se concertent pour décider de la suite des opérations.
La sécurisation du massif du Canigou est bien engagée, mais il faudra probablement deux ou trois jours pour s’assurer qu’aucun Allemand ne s’y terre encore. Ce sera le rôle du 2e Tabor marocain.
Le 3e Régiment de la 1ère SSF, appuyé par les chars légers du 757e Tank Battalion, va poursuivre la progression en vallée de la Têt en direction de Villefranche-de-Conflent. Il sera renforcé par le 2e Régiment, une fois celui-ci redescendu du Canigou.
Enfin, le 3e Tabor va s’engager sur la RN619 [aujourd’hui D619] pour sonder le terrain en direction de Sournia, mais surtout sur son annexe la RN619A [aujourd’hui D14], qui mène à Molitg-les-Bains. Au-delà de cette petite bourgade, la vallée de la Castellane mène au col de Jau, vers le plateau du Pays de Sault. Cette dernière perspective est très prometteuse, car ce territoire accidenté et boisé abrite, selon les derniers rapports, au moins un maquis d’importance et permettrait de débouler dans le sud du département de l’Aude, puis de poursuivre vers la basse Ariège ou de prendre de flanc les défenses allemandes entre Carcassonne et Narbonne.
En milieu d’après-midi, les troupes américaines se remettent en route en direction de Villefranche-de-Conflent. La distance à couvrir est de moins de 10 km, mais la route est semée d’arbres abattus par les Allemands en retraite.
Arrivant en vue de la gare, où la voie ferrée venant de Perpignan s’arrête pour passer le relais au célèbre Train Jaune (à voie étroite), les éléments de tête sont pris à partie par plusieurs canons et mitrailleuses allemandes, installés dans la citadelle de Fort Libéria, qui domine la plaine, mais aussi sur les remparts de Villefranche (1). Après un moment de flottement, les Américains se replient. Le verrou de Villefranche-de-Conflent va être une noix difficile à briser !

Opération Scissors
Hérault et Aveyron
– Pour échanger du temps contre de l’espace et raccourcir les lignes, ordre a été donné au 756. GR de la 334. ID d’abandonner la défense des collines au nord d’Anduze et de reculer sur le compartiment de terrain suivant, une douzaine de kilomètres au nord-ouest, autour de Saint-Jean du Gard. Ce mouvement permet à un 866. GR fatigué, aidé par un 394. StuG Abt bien entamé également, de s’établir correctement en défense sur les positions atteintes la veille. Pendant ce temps, le 86e RCT américain réoriente son effort vers le nord-ouest et retrouve le contact, après une journée d’opérations de nettoyage.
Par une manœuvre audacieuse, le 87e RCT s’empare de Notre-Dame de Rouvière. Il contraint ainsi le KG de soutien de la 355. ID à retraiter sur les reliefs voisins, un peu au nord.
Le raccourcissement des lignes allemandes a également permis de redéployer le 85e RCT vers l’ouest, où il relaye les éléments de la 88e DI-US dans le secteur du Vigan. Les montagnards américains ont la surprise de trouver le village quasi abandonné par les fantassins allemands. En effet, les grenadiers du 868. Rgt, face au risque de devoir se défendre sur trois côtés, se sont repliés sur ordre quelques kilomètres au nord autour de l’observatoire du Moufflon, afin de rester alignés sur le reste de leur division.
La 88e DI-US est également en cours de redéploiement, puisque l’ouverture de la route vers l’ouest, depuis Le Vigan, a créé une menace sur les arrières du 867. GR. Ce dernier, pour éviter l’encerclement, a profité de la nuit pour quitter la ligne sur la Virenque. Il a fait sauter le pont et s’est replié, réalignant son dispositif autour du croisement routier de Saint-Jean du Bruel. Le 351e RCT passe donc la journée à prendre possession du plateau et à retrouver le contact avec son voisin, le 350e RCT, pendant que le dernier Regimental Combat Team de la 88e DI-US, le 349e, passe la journée à nettoyer les arrières de la division.
Les Allemands ont pourtant réagi. Le KG Horstmann, de la 14. SS-Division, constitué du 38. SS-Panzergrenadier Rgt ainsi que d’éléments des SS-Panzerjäger et du 14. StuG Abt, contre-attaque au sud de La Cavalerie, sur le plateau du Larzac. Le Sturmbannführer Horstmann a établi son QG dans le petit camp militaire du Larzac, déserté par les Français depuis le retournement de veste de la FST. Le camp n’avait en réalité plus guère été utilisé depuis le Grand Déménagement.
La frappe allemande tombe sur le 350e RCT de la 88e DI-US, le plus en pointe. Mais ce dernier est appuyé par le 6e Artillery Group et par l’Air Force (dont les pilotes parleront de « billard »). De plus, il a été rallié par le 70e Tank Btn et le 636e TD Btn. Ce qui ne l’empêche pas de réclamer des renforts ; dans la journée arrive le 601e TD Btn, qui s’est déplacé en urgence d’une vingtaine de km vers le nord.
A l’extrémité occidentale de l’opération, les 17e et 32e RCT finissent par prendre Lodève, aidés par une population qui n’hésite parfois pas à faire le coup de feu avec ses libérateurs. En face, la 708. ID se réorganise et recule légèrement vers l’ouest.


9 janvier
Libération-Sud
Opération Dague
Villefranche-de-Conflent
– Toute la journée, les Américains tentent de détruire les positions d’armement lourd qui défendent l’accès de la petite ville, sans succès. Malgré les tirs en cloche des mortiers, les obusiers allemands installés dans les cours de Fort Libéria sont très difficiles à atteindre et leurs servants sont bien abrités. En revanche, les tirs allemands, bien dirigés depuis le fort et les hauteurs avoisinantes, battent efficacement le fond de la vallée. Enfin, défenseurs, ravitaillement et munitions peuvent circuler aisément, car le fort est relié à la cité par un passage entièrement souterrain affichant un dénivelé de 180 mètres : l’escalier des Mille Marches (2).
Le colonel Frederick envisage d’engager un ou deux bataillons du 18e Artillery Group pour écraser la fortification édifiée par Vauban. Mais la mise en place de l’artillerie lourde prendrait du temps, au moins trois ou quatre jours, et elle ne serait guère aisée dans cette vallée étroite. De plus, la perspective ne soulève pas du tout l’enthousiasme des Français. Autre option, faire appel au 363e Fighter Sqn, récemment rebasé à Perpignan-Llabanère. Mais une mission de bombardement de précision dans cette vallée encaissée, couverte par une forte DCA allemande installée dans le fort et sur les remparts de Villefranche, ne serait pas une partie de plaisir !
Sans attendre, le colonel Frederick ordonne alors au 2e Rgt de la 1ère SSF de s’engager sur la RD27 en direction de Vernet-les-Bains, pour tenter de contourner le bouchon de Villefranche.
………
Massif de l’Agly – Le détachement du 3e Tabor engagé sur la RN619 en direction de Sournia se retrouve bloqué peu avant le col de Roquejalère par des éléments du 855. Grenadier Rgt qui tiennent les hauteurs, une centaine de mètres au-dessus de la route. Les Marocains n’insistent pas et font venir leurs mortiers pour donner l’illusion d’un futur assaut en bonne et due forme. Si les Allemands tombent dans le panneau et renforcent leur position, cela facilitera l’attaque du massif depuis la plaine, qui doit débuter le lendemain.
………
Vallée de la Castellane – Plus à l’ouest, sur la RN619A, les éclaireurs du 3e Tabor ont poussé jusqu’à la petite bourgade de Mosset, libérant au passage la station thermale de Molitg-les-Bains. À Mosset, les goumiers ont été accueillis par l’ancien maire François Pujol, qui a repris ses fonctions. Il avait été remplacé à l’automne 1940 par une délégation spéciale mise en place par le NEF et dont les membres se sont à présent sagement effacés – les comptes se régleront plus tard.
Alors que les soldats commencent à s’installer pour la nuit, les officiers se concertent autour d’une carte avec le maire et quelques autres habitants. Les derniers véhicules allemands en retraite, dont l’un tractait un canon, sont passés en coup de vent la veille en fin d’après-midi. Selon toute vraisemblance, ils se sont retranchés au niveau du col de Jau. Encadrés par deux sommets boisés, ce point de passage pourrait se révéler difficile à forcer. Néanmoins, il va être possible de compter sur un petit maquis installé dans la mine de talc du Caillau, située dans le massif à l’ouest de la vallée, dont la production alimente une usine de Prades.
Composé de réfractaires au STO et autres fugitifs, ainsi que de quelques rescapés du maquis de Velmanya, ce groupe n’a pas attiré l’attention d’Alger car il est peu nombreux et, surtout, ne compte que très peu d’hommes expérimentés. Néanmoins, son emplacement actuel est un atout précieux, car il pourrait permettre de faciliter un débordement du col de Jau par l’ouest. La mine étant desservie par un petit train Decauville partant d’une métairie où un transport par bennes suspendues monte de la vallée, l’acheminement d’équipement et notamment des mortiers serait facilité.
Un plan est rapidement arrêté pour le lendemain. Dès l’aube, un groupe ira en reconnaissance vers le col de Jau ; il en profitera pour s’emparer de la tour de guet de Mascarda, située à quelques kilomètres du village et dont la fonction, depuis des temps immémoriaux (cette tour date du XIIIe siècle), est justement d’assurer la surveillance du col. Un second groupe prendra contact avec le maquis grâce à quelques habitants qui le ravitaillent, pour étudier une voie d’approche par les hauteurs.
………
De la plaine du Roussillon au sud des Corbières – Dans le reste du dispositif allié, les troupes achèvent leur préparation : l’assaut général a été fixé au lendemain. Un premier régiment (le 180e) de la 45e DI-US Thunderbird (major-général Eagles), remis des combats de Nordwind, va participer à l’opération.

Opération Scissors
Hérault
– Les Allemands de la 14. SS-Panzergrenadier Division passent la journée à contre-attaquer pour chasser la 88e DI-US du plateau du Larzac. Ces attaques seront à chaque fois repoussées à cause d’une supériorité aérienne et en artillerie sans faille. Cependant, la maîtrise de l’air alliée ne signifie pas que la Luftwaffe soit absente. Ainsi, c’est dans ce secteur que le récent major Kurt Bühlingen, de la JG 2, abat deux Mustang du 86e FG. Bühlingen note toutefois dans son journal à cette date : « Nous ne sommes plus que la moitié au sein du groupe à pouvoir être considérés comme des vétérans. Nous ne nous attachons pas aux petits nouveaux, ils n’ont plus qu’un rôle de chair à canon et rares sont ceux qui dépassent les dix missions. Les derniers arrivés n’avaient même jamais eu d’entrainement au tir en école, c’est au cours de la mission d’aujourd’hui qu’ils ont actionné pour la première fois la commande des MG-131 de leur appareil. »
Pendant ce temps, à l’est, le 349e RCT relaie le 85e Rgt de la 10e Mountain Division US face aux grenadiers du 868. Rgt de la 355. ID. Les montagnards américains peuvent ainsi se repositionner pour la tentative suivante.
A l’état-major américain, on est conscient que peu à peu, les renforts de la 14. SS-PzrGr peuvent se montrer décisifs. Aussi la 1st Armored Division reçoit-elle l’ordre de quitter ses positions en réserve autour de Béziers et de se déplacer d’une cinquantaine de kilomètres sur les arrières des 7e et 88e DI-US.


10 janvier
Libération-Sud
Opération Dague

C’est un jour important dans le calendrier de Dague. Il marque le début d’une poussée générale sur tous les axes de progression, maintenant que le dispositif allemand a été déstabilisé au sud et que l’ennemi ne peut plus utiliser le massif du Canigou.
………
Secteur de Villefranche-de-Conflent – Devant la citadelle de Vauban et le fort qui la surplombe, la situation est toujours bloquée. Plus à l’est, le 2e Rgt de la 1ère SSF a commencé sa marche en direction de Vernet-les-Bains. Les Américains progressent tout d’abord sans difficultés le long de la RD27, mais aussi sur le tracé du petit train minier (3), au-dessus de Taurinya, jusqu’à la gare de Prades.
La situation se corse après Taurinya, alors que la route s’élève en lacets en direction de Fillols, dans un secteur très boisé. Là, les Allemands ont eu le temps non seulement d’abattre de nombreux arbres en travers de la route, mais aussi de construire quelques fortins en rondins pour abriter une mitrailleuse ou des tireurs. Toute la journée, les Américains continuent d’avancer lentement mais sûrement, n’hésitant pas à déborder les positions ennemies en faisant de larges détours dans un relief accidenté.
………
Vallée de la Castellane – Le gros du 3e Tabor s’est établi à Mosset et passe la journée à se préparer à l’assaut du col de Jau, où la présence d’environ une compagnie ennemie est confirmée. La liaison a été établie avec le maquis de la mine du Caillau et on a commencé à acheminer, sous le couvert de la forêt, une partie des troupes et des mortiers destinés à ce secteur. Les maquisards sont plus qu’heureux de recevoir enfin l’attention et surtout le matériel qui leur a fait défaut jusque là.
………
Massif de l’Agly – Les hommes du 1er Rgt de la 1ère Special Service Force s’élancent à l’assaut du massif en partant d’Estagel, le long de la rivière Agly. La situation se corse après Planèzes, dans une région parcourue de nombreux petits cours d’eau. Les Allemands mettent à profit ces affluents de l’Agly pour mener une bataille de retardement opiniâtre.
Dans le même temps, le 4e Ranger Btn, qui s’est repositionné depuis quelques jours au bien nommé col de la Bataille sur la RN612, se met en route vers Bélesta ; un détachement est chargé de s’emparer du Pic Aubeill, qui domine le secteur. Les Rangers ne rencontrent pas de difficultés avant d’aborder le secteur de Caramany, où les coupures humides se multiplient. Une partie du bataillon tente de poursuivre vers Sournia, mais elle est prise sous le feu de mortiers allemands installés sur le massif du Sarrat d’Espinet.
Au sud-ouest du massif, le détachement du 3e Tabor bloqué au col de Roquejalère se contente de harceler l’ennemi à coups de mortiers et de lancer quelques attaques de fixation.
………
Vallée du Fenouillèdes – Dans cette vallée d’ordinaire plutôt calme, hormis le passage d’un train de temps en temps, un puissant grondement se fait entendre du côté d’Estagel : les trois compagnies de chars moyen du 757e Tank Battalion s’ébranlent le long de la RN117 en direction des positions allemandes de Saint-Paul-de-Fenouillet, à une vingtaine de kilomètres (la compagnie de chars légers M5 Stuart est toujours bloquée devant Villefranche-de-Conflent). Au total, une cinquantaine de chars Sherman, six canons d’assaut de 105 mm et trois half-tracks porte-mortiers. Les véhicules sont accompagnés du 180e RI de la 45e DI-US et une compagnie de mortiers du 3e Chemical Mortar Battalion.
C’est à Saint-Paul-de-Fenouillet qu’a été positionnée l’essentiel de l’artillerie de la 344. ID, sur des positions bien préparées et disposant d’observateurs postés sur les hauteurs voisines. Les canons lourds allemands couvrent un champ de mines assez dense barrant toute la vallée, qui fait environ trois kilomètres de large. Fantassins et canons antichars du Grenadier-Rgt 855 sont camouflés dans les bâtiments en lisière de la ville, vidés de leurs habitants et transformés en fortins. Les défenses se prolongent à l’extérieur de la localité, sous forme de tranchées et de casemates en béton installées derrière la rivière Agly. Celle-ci descend des gorges de Galamus vers le massif qui porte son nom et son débit en cette saison est assez fort.
Les Américains ont retenu la leçon de Prades : ils engagent les Allemands à bonne distance, mais la partie s’annonce serrée, car les défenseurs ont eu plusieurs semaines pour renforcer et camoufler leurs positions. De plus, grâce aux observations effectuées depuis le château de Quéribus, ils ont une idée assez précise des effectifs adverses.
Toute la journée vont se dérouler des échanges d’artillerie, entrecoupés de charges des blindés américains en direction de la ville ou du pont ferroviaire sur l’Agly, au nord de celle-ci. Toutes sont repoussées.
………
Sud des Corbières – Depuis le secteur de Tuchan, les 337e et 338e RI de la 85e DI-US, soutenus par une partie de l’artillerie divisionnaire ainsi que par une compagnie de mortiers, commencent à pousser vers l’ouest face au 950. Grenadier Rgt, appuyé par un bataillon de fusiliers. Plus au nord, le 339e RI reste pour le moment sur ses positions face à la 158. ID, se contentant de patrouilles offensives pour maintenir l'adversaire dans l’incertitude, mais aussi pour éviter une réaction trop rapide de la 60. PzGr dans un secteur très peu vallonné.
Mettant à profit la moindre crête, le moindre cours d’eau, le moindre bosquet, les Allemands luttent pied à pied, mais le terrain n’est pas suffisamment accidenté pour espérer tenir face à la supériorité américaine, criante en matière d’artillerie. Par ailleurs, l’aviation tactique, en l’occurrence les P-51 du 363e Fighter Sqn, a fait son apparition depuis la veille. La stratégie du général Coulter dans ce secteur est simple : avancer méthodiquement, matraquer tout point de résistance et à nouveau avancer.
………
Axat – À l’état-major de la 344. ID, les rapports plus ou moins alarmistes des différentes unités affluent. Malgré ses appels répétés à son supérieur Walther Nehring à Carcassonne, le Generalleutnant Felix Schwalbe n’a aucun renfort à envoyer dans l’immédiat, d’autant plus que la géographie du secteur couvert par sa division ne facilite pas les déplacements. Heureusement pour lui, le relief gêne considérablement l’aviation alliée, sauf dans les Corbières.

Opération Scissors
Hérault
– Le 350e RCT plie mais ne rompt pas. Il s’accroche au terrain, en compagnie d’un TD Btn et d’un Tk Bn, sur le plateau du Larzac. Il faut préciser qu’outre l’appui des Mustang et Thunderbolt du VIIIe Tactical Air Command, les troupes au sol sont soutenues par les Mitchell du 340e BG, qui s’en prennent aux positions ennemies avec de pleins chargements de parafrags qui, sur ce terrain, ont un effet dévastateur sur les fantassins non protégés.
Au sein du 340e BG, le B-25 Legal Eagle accomplit sa 43e et dernière mission. Il va rentrer aux Etats-Unis pour une tournée de promotion de bons du trésor pour soutenir l’effort de guerre. Cet appareil et son équipage ont également comme particularité d’avoir remporté au sein de leur groupe le prix officieux du plus long nom peint sur un appareil, nécessitant même ensuite de le rebaptiser Legal Eagle. En effet l’un des membres de l’équipage, d’origine allemande, avait trouvé le nom de « Superdurchschnittsgeschwididigkeiter », que l’on peut traduire simplement par… « Le Rapide ».
A l’aile gauche du 350e RCT, le 351e RCT, tout en jouant les garde-flanc, met la pression sur le 867. Grenadier Rgt en direction de Saint-Jean du Bruel, tandis que le 85e RI de la 10e Mountain Division déborde sur les arrières. Le régiment allemand est obligé d’abandonner ses positions avec d’assez lourdes pertes et de se réfugier plus au nord. Il n’arrive même pas à monter une contre-attaque, car ses éléments en repli se font bousculer par les montagnards US.
Cette percée dans les collines permet d’ouvrir la porte à une attaque de flanc des positions de la 14. SS-PG Division, tandis que le coin enfoncé par le 85e RI-US force les grenadiers du 868. Rgt à recentrer et à étendre leur défense autour du hameau de l’Espérou.
En fin de journée, les SS n’arrivant toujours pas à percer sur le plateau, la situation de la 355. ID devient intenable. Elle est étendue sur plus de 40 km et ne peut s’appuyer que sur le relief et les coupures. L’état-major allemand décide de cesser d’user ses troupes en vaines contre-attaques et de regrouper les SS autour de Millau, pendant que la 355. ID, déjà repliée vers le nord-est, couvre les abords des Causses.

Renforts
Une nouvelle Panzerdivision
Secteur Nancy-Verdun
– La Division Panzer Lehr est officiellement constituée à partir des effectifs des deux écoles de la Panzerwaffe (Panzertruppenschule I à Bergen-Belsen et Panzertruppenschule II à Potsdam-Krampnitz). Les premiers éléments avaient commencé à être réunis à partir du moins de novembre précédent. A noter que, seule Panzerdivision non-SS dans ce cas, son infanterie est entièrement mécanisée.

Sur la piste des V
De la Corse à Marseille
Wolfsschanze (Rastenburg)
– Réunion difficile ce jour pour l’état-major du Führer. Lorsqu’il a appris que les ministres français ont tous rejoint Marseille pour en faire le siège provisoire de leur gouvernement, le “caporal autrichien” est entré dans une des crises de rage auxquelles il commence à habituer son entourage. Depuis l’arrivée des Alliés sur le sol de France, la colère montait. Là, le bouchon saute et le volcan entier explose dans une éruption féroce.
Il faut châtier ces satanés Français ! Ils ne lui ont causé que des ennuis depuis 1940, et à présent, ils reviennent d’Afrique pour le narguer ! S’adressant à Göring et à Pohl, après les avoir invectivés sur l’absence de progrès des travaux sur les armes de représailles, il leur ordonne d’activer les opérations de ces fameux engins basés en Italie et de les pointer, non plus vers la Corse, ce qui est devenu inutile, mais vers Marseille, cette soi-disant capitale provisoire !
Si, comme à son habitude, le Gros Hermann joue les carpettes et acquiesce, Pohl, qui a pris connaissance des exigences techniques des différents engins, fait remarquer que ce sera probablement difficile pour certains sites : les rampes en dur ont une orientation bien précise qu’on ne peut modifier à moins de tout casser et de tout refaire. Et surtout, la configuration topographique du terrain italien risque d’empêcher de viser la cité phocéenne… Mais ces arguments sont bien sûr balayés d’un geste de la main par le dictateur qui vocifère : « C’est un ordre ! »
Inutile de dire que lorsqu’il apprend cette directive de la bouche de Kesselring, l’Oberst Thom tombe des nues et reste atterré. Comment faire ? Il va lui falloir replonger dans les dossiers de chaque site, éliminer ceux dont il sait pertinemment qu’il ne pourra pas modifier l’orientation de la rampe, puis aller vérifier sur le terrain les possibilités des autres. Heureusement, ceci ne concerne que les V1, puisque les V2 décollent à la verticale. Il n’empêche…
En soupirant, l’Allemand se dit que les travaux sur les sites à présent inutilisables vont pouvoir être stoppés et les ouvriers envoyés sur les rescapés de la diatribe hitlérienne, ce qui accélèrera leur construction. A quelque chose, malheur est bon, et il faut se consoler comme on peut.


Notes
1- L’enceinte de la ville, tout comme le fort, sont à mettre au crédit de Vauban. Fort Libéria, après avoir servi de prison d’Etat, notamment lors de la célèbre affaire des Poisons, a accueilli pendant la Première Guerre Mondiale une douzaine d’officiers allemands capturés, dont certains arriveront à s’évader pour passer en Espagne.
2- Celui-ci n’en compte en réalité que 734. A l’origine, le souterrain devait passer sous le lit de la rivière Têt pour rejoindre directement la ville, mais le projet avait été jugé trop coûteux.
3- Ce train est un funiculaire à entraînement par chaînes à la norme Decauville, d’un type très utilisé en Europe de 1850 à 1950. Il convoyait avant la guerre la production de la mine de fer du Salver (le massif du Canigou compte de nombreux gisements de fer, exploités depuis la période celte).
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 31, 2021 13:41    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Arrivant en vue de la gare, où la voie ferrée venant de Perpignan s’arrête pour passer le relais au célèbre Train Jaune (à voie étroite), les éléments de tête sont pris à partie par plusieurs canons et mitrailleuses allemandes, installés dans la citadelle de Fort Libéria, qui domine la plaine, mais aussi sur les remparts de Villefranche (1). Après un moment de flottement, les Américains se replient. Le verrou de Villefranche-de-Conflent va être une noix difficile à briser !


Question ouverte : ca sert pas à ça, les appuis aériens ? Surtout que plus au Sud, l'Air Force appuie efficacement. Alors certes on en parle le lendemain mais ...

Citation:
Le Sturmbannführer Horstmann a établi son QG dans le petit camp militaire du Larzac, déserté par les Français depuis le retournement de veste de la FST. Le camp n’avait en réalité plus guère été utilisé depuis le Grand Déménagement.


Je comprend l'idée mais vu comme c'est dit, n'y a t'il pas une incohérence ? A moins que les templiers de la Couvertoirade ne soient sur place ... 8)

Citation:
Plus au nord, le 339e RI reste pour le moment sur ses positions face à la 158. ID, se contentant de patrouilles offensives pour maintenir l'adversaire dans l’incertitude, mais aussi pour éviter une réaction trop rapide de la 60. PzGr dans un secteur très peu vallonné.


Euh chez moi, elle est en route vers le front de l'Est après reconstitution en Allemagne ...

Citation:
En effet l’un des membres de l’équipage, d’origine allemande, avait trouvé le nom de « Superdurchschnittsgeschwididigkeiter », que l’on peut traduire simplement par… « Le Rapide ».


Quelqu'un a une photo ? Wink Wink Wink Wink Wink

Citation:
Panzertruppenschule I à Bergen-Belsen et Panzertruppenschule II à Potsdam-Krampnitz


Huuuum ... Je crois qu'on a écris autre chose dans les Balkans à moins qu'il ne s'agisse pas de l'école de Nis.

Citation:
Wolfsschanze (Rastenburg) – Réunion difficile ce jour pour l’état-major du Führer. Lorsqu’il a appris que les ministres français ont tous rejoint Marseille pour en faire le siège provisoire de leur gouvernement, le “caporal autrichien” est entré dans une des crises de rage auxquelles il commence à habituer son entourage. Depuis l’arrivée des Alliés sur le sol de France, la colère montait. Là, le bouchon saute et le volcan entier explose dans une éruption féroce.


Ach Incohérent avec le front de l'Est. Faut déplacer géographiquement ou temporellement l'un ou l'autre !
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 31, 2021 15:51    Sujet du message: Répondre en citant

Le passage sur Villefranche-de-Conflent me rappelle un souvenir de mon grand-père. Son unité assiégeait une petite garnison allemande dans un fort de type Vauban.
Comme ils n'étaient pas assez nombreux pour une attaque de front, ils ont attaqués de nuit en escaladant la falaise.
_________________
Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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