Fantasque Time Line Index du Forum Fantasque Time Line
1940 - La France continue la guerre
 
 FAQFAQ   RechercherRechercher   Liste des MembresListe des Membres   Groupes d'utilisateursGroupes d'utilisateurs   S'enregistrerS'enregistrer 
 ProfilProfil   Se connecter pour vérifier ses messages privésSe connecter pour vérifier ses messages privés   ConnexionConnexion 

R. de Margerie, père spirituel de la FTL ?

 
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1940 - Discussions
Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant  
Auteur Message
ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 07:41    Sujet du message: R. de Margerie, père spirituel de la FTL ? Répondre en citant

Bonjour,

Dans ma recherche des pères sprirituels de la FTL (ceux qui, historiquement, ont envisagé le même scénario que celui sur lequel nous travaillons), j'avais trouvé il y a quelques mois ces magnifiques lignes de Churchill (dans ses Mémoires de Guerre) que Laurent Henninger a intégrées dans sa préface du livre.

Je viens de trouver un autre formidable exemple dans le Journal 1939-1940 de Roland de Margerie, retrouvé par Eric Roussel et publié il y a quelques semaines : je vous conseille vivement sa lecture !

Dans le journal de Margerie, l'extrait qui suit ci-dessous est daté du 14 juin, quand Margerie accompagne Paul Reynaud dans le trajet en voiture qui les amène de la Loire à Bordeaux. Les deux hommes sont les seuls passagers, la conversation est longue et libre.

En FTL, sur la proposition de Casus, ce récit est positionné dans la nuit du 10 au 11 juin, au cours du trajet en voiture qui amène Reynaud de Paris vers la Loire.

A cette mise en contexte près, le texte qui suit est un extrait fidèle du vrai (OTL) journal de Roland de Margerie (avec quelques rares "bricolages" pour le mettre en cohérence avec la FTL); comme cet extrait est long, je le publierai par épisodes.
_________________
Laurent


Dernière édition par ladc51 le Jeu Juil 01, 2010 08:02; édité 1 fois
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 07:56    Sujet du message: Journal de R. de Margerie (1) Répondre en citant

Je repris aussitôt auprès de M. Paul Reynaud l’argumentation que je n’avais cessé un instant de développer devant lui depuis notre départ et depuis que le hasard avait fait de moi son seul compagnon de route pour la journée. Il s’agissait – comme je le faisais valoir depuis plus de trois semaines – de la nécessité de ne pas sacrifier l’Empire colonial français à la défaite de la métropole, et de transporter le siège du Gouvernement en Afrique du Nord, pour continuer la lutte. Comme c’est sur ce point que se joua le sort du cabinet et que la décision prise aura exercé une influence considérable sur la marche de la guerre, je crois utile d’entrer dans le détail de la conversation que M. P. Reynaud et moi eûmes ce jour-là à ce sujet, car c’est, je crois bien, de mes arguments que le président du Conseil a fait état. Plusieurs fois déjà depuis quinze jours, la question avait été discutée, mais toujours de façon superficielle. Dans l’entourage de M. P. Reynaud, presque tous s’étaient jusqu’alors montrés hostiles : le colonel de Villelume, parce qu’il ne croyait pas viable la résistance en Afrique du Nord, et aussi parce qu’il était trop désireux de voir rapidement à l’épreuve ses fumeuses conceptions politiques de rapprochement avec l’Allemagne et l’Italie au détriment de l’Angleterre ; M. Baudouin, parce qu’il croyait, lui aussi, urgent d’arrêter la lutte ; la comtesse de Portes, parce qu’elle pensait toujours comme eux. D’autres n’avaient pas de doctrine propre, se bornant à défendre alternativement le pour et le contre, suivant l’inclination momentanée de leur dialectique, sans conviction profonde. Seuls, le général de Gaulle, Dejean et moi-même n’avions jamais cessé de préconiser le départ pour l’Algérie ou le Maroc, dont je crois avoir été le premier à parler, comme pourraient le dire les témoins les plus divers, depuis Winston Churchill jusqu’à Henri de Kérillis.

Mais le destin avait écarté Mme de Portes et le colonel de Villelume. Je me devais de saisir l’occasion que me donnait ce voyage pour emporter la conviction du président du Conseil.

« Le moment est venu », dis-je à M. P. Reynaud, « où vous allez devoir prendre une décision. Vous ne pouvez pas la retarder davantage. Vous avez déclaré publiquement, dans vos discours à la radio, que vous vous battriez devant Paris, derrière Paris, dans l’Empire, s’il le fallait. Vous l’avez dit aussi aux Anglais. Admettons, comme cela est vraisemblable depuis près de trois semaines, et comme cela paraît certain maintenant, que la bataille de France soit perdue, et que nos armées n’aient plus aujourd’hui le moyen d’empêcher l’ennemi d’occuper la totalité du territoire français. Est-ce une raison pour sacrifier au désastre de la métropole un Empire intact, défendu par des armées et une flotte puissantes, et assuré de l’appui étranger ? »

M. P. Reynaud m’interrompit alors pour me demander de quelles forces exactement nous disposions en Afrique du Nord. Question surprenante si l’on pense qu’il était alors à la fois ministre de la Guerre et de la Défense Nationale : de tels renseignements auraient dû être constamment tenus à sa disposition par le général Decamp ou le colonel de Villelume, ses chefs de cabinet pour les deux ministères de la rue Saint-Dominique. Mais une espèce de paralysie semblait avoir frappé ces soldats. Pendant tout notre voyage depuis Paris, le premier avait passé son temps à surveiller la distribution du pétrole par les pompes à essence, métier qui était à peu près de la compétence d’un caporal. Quant au second, avant son renvoi, le 6, il avait été beaucoup trop occupé à renseigner ou à occuper Hélène de Portes pour avoir encore du temps pour autre chose L’hostilité que lui marquait le général Weygand, bien qu’au fond les deux hommes fussent d’accord pour réclamer une capitulation rapide, achevait d’ailleurs de le reléguer dans une passivité à laquelle il inclinait par stérilité congénitale.

Je répondis au président du Conseil que mes renseignements remontaient à une note du général Gamelin, dont j’avais eu connaissance pendant mon séjour au GQG. D’après ce document, nous possédions en Afrique du Nord 406 000 hommes dont 200 000 recrues, avant le prélèvement de 5 divisions effectué depuis le 10 mai pour combler nos pertes sur le front occidental. Il devait donc rester 300 000 hommes environ, dont un tiers bien entraînés, avec un armement assez médiocre.

« Mais », ajoutai-je aussitôt, « il faut y ajouter les cadres, les spécialistes, les troupes qu’il doit être possible d’y transporter maintenant, à la faveur du ralentissement inévitable de l’avance allemande. Quand il s’est agi de l’évacuation de Dunkerque, l’amiral Darlan, qui est un homme très prudent dans ses évaluations, a commencé par nous dire que nous pourrions nous estimer heureux si nous arrivions à embarquer 50 000 hommes. Finalement, il en a été embarqué 335 000 par les flottes franco-anglaises. Cette fois-ci encore, l’amiral fera mieux qu’il ne le promettra. Il est donc essentiel que vous ayez un entretien avec lui le plus tôt possible, car, sans la coopération de la flotte et sans le concours entier de l’amiral, le départ pour l’Afrique du Nord deviendrait aléatoire. Quant à la flotte britannique et à ses navires de transport, vous seriez assuré de sa coopération, car les Anglais ont beaucoup trop intérêt à nous voir continuer la lutte dans l’Empire avec le plus de forces possibles pour ne pas multiplier les efforts. »
_________________
Laurent
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 08:04    Sujet du message: Journal de R. de Margerie (2) Répondre en citant

« Mais comment ferait-on, une fois la séparation effectuée entre la métropole et les colonies », observa M. Paul Reynaud, « pour maintenir, ravitailler, armer ces forces ? On dit que les approvisionnements en Afrique du Nord sont médiocres, et que nous manquons de ports pour recevoir des fournitures de l’étranger. »

Je rappelai alors au président du Conseil que la Marine possédait l’arsenal de Bizerte, et qu’elle avait beaucoup travaillé, depuis quelques années, à l’organisation de la base de Mers el-Kébir, près d’Oran, où se trouvait, au surplus, concentrée déjà l’escadre principale de la Méditerranée. Quant à la communication avec le monde extérieur, c’est-à-dire essentiellement avec l’Empire britannique et les Etats-Unis, elle serait maintenue par le port de Casablanca, heureusement construit par des ingénieurs qui avaient vu grand, à l’école du maréchal Lyautey. Enfin, l’amiral Darlan lui-même m’avait déclaré, quelques jours auparavant, qu’Oran n’avait pas cessé d’être utilisé un seul jour malgré l’entrée en guerre de l’Italie, tant la flotte italienne avait montré peu de zèle à s’aventurer en Méditerranée occidentale, et à couper les communications de la France et de son empire africain.

« De plus », ajoutai-je, « vous attendez 1 000 canons de 75 de la dernière guerre, que le président Roosevelt vous accorde sur les stocks de l’armée américaine, et qui sont déjà en cours de transport. Si la partie est perdue en France, comme cela semble maintenant certain, il faut tout de suite détourner ce matériel vers Casablanca. Si on vous dit que l’industrie nord-africaine ne suffira pas à ravitailler en munitions une flotte puissante et une armée nombreuse, on peut répondre que la mer protège les côtes, et qu’on ne voit pas très bien comment les Allemands ou les Italiens pourraient franchir cet espace maritime et aborder nos possessions africaines. Les premiers, direz-vous, ne feraient qu’une bouchée de Gibraltar avec la complicité espagnole, et se serviraient ensuite du Rif comme tête de pont sur le continent noir. Soit. Mais ce sont les escadres franco-anglaises qui tiennent la mer ; la flotte espagnole est négligeable, et, depuis les pertes qu’elle a subies pendant la première semaine de l’invasion de la Norvège, la flotte allemande ne s’est pas montrée. Sa passivité pendant l’évacuation de Dunkerque suffit à montrer combien elle a été atteinte, et c’est en janvier 1941 seulement, en mettant les choses au mieux du point de vue allemand, que les cuirassés de 35 000 tonnes entreront en service. A ce moment-là, l’Angleterre aura trois navires similaires à leur opposer, et la France deux. Quant aux munitions, vous savez que le président Roosevelt vous envoie un million d’obus avec les mille pièces promises, c’est de quoi tenir un bon moment, étant donné que selon toute vraisemblance vous ne serez pas attaqué de sitôt, car il serait relativement aisé de mettre la main sur le Rif si les Allemands pénétraient en Espagne. Quant aux Italiens, les forces dont ils disposent en Libye sont évaluées à 180 000 hommes. Ce n’est pas assez pour prendre l’offensive aussi longtemps que pèse sur eux la double menace venue d’Egypte et de Tunisie, d’autant plus qu’avant le 15 octobre, les opérations militaires de grand style, à cause de la température, sont impossibles dans un désert privé d’eau. Bien au contraire, si le Gouvernement français arrivait à transporter des renforts en Afrique du Nord tout en s’y rendant lui-même, ce sont les Alliés qui seraient en mesure de prendre bientôt l’offensive contre l’Empire africain de l’Italie et, selon toute probabilité, d’en achever assez rapidement la conquête. Nous pourrions compter, à cet égard, sur la coopération entière de l’Union sud-africaine, dont le ministre me disait il y a encore quelques jours, à Paris, qu’elle était résolue à envoyer au Kenya des contingents importants dont le général Smuts lui-même prendrait sans doute le commandement. »

« Je vous accorde tout cela », me répondit M. P. Reynaud, « mais vous faites bon marché de l’aviation, où notre infériorité reste entière. »

« Il ne me semble pas que, jusqu’ici du moins, l’aviation italienne, malgré sa supériorité numérique, se soit affirmée en Afrique », objectai-je. « Supposez notre aviation africaine renforcée des 200 appareils de chasse et des 600 appareils de bombardement (1) qui nous restent aujourd’hui . Ajoutez-y les appareils américains en cours de montage au Maroc, les 300 Curtiss que vous devez recevoir ces jours-ci des Etats-Unis, les escadrilles qui se trouvent déjà sur les lieux, les hydravions de la marine, les forces anglaises d’Egypte : c’est de quoi tenir assez longtemps, me semble-t-il, avant que l’aviation allemande ne vienne renforcer l’aviation italienne dans ses expéditions au-dessus de la Méditerranée. De plus, les Allemands, qui voudront frapper l’Angleterre et défendre les côtes qu’ils occuperont depuis Tromsoe jusqu’à Hendaye, ne pourront distraire qu’une partie de leurs forces aériennes pour les mettre à disposition de M. Mussolini. »

Je rappelai encore au président du Conseil que, même si l’on ne parvenait à transporter en Afrique en temps voulu que des cadres ou des spécialistes, il resterait toujours, derrière la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, le considérable réservoir de forces de l’Afrique Occidentale, de l’Afrique Equatoriale, et de Madagascar, où nous pourrions puiser pour former des unités nouvelles : tenant la mer, comme ne cessait de nous le répéter M. Winston Churchill, le gouvernement français, une fois installé à Alger ou à Casablanca, n’aurait aucune peine à maintenir les communications toujours ouvertes avec les différentes parties de l’empire colonial.

Notes :
(1) : comme pour la marine, l'armée de l'air fera mieux (en FTL !) que ses prévisions initiales et évacuera en AFN plus d'appareils que ne l'anticipe Roland de Margerie...

_________________
Laurent
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 08:10    Sujet du message: Journal de R. de Margerie (3 et fin) Répondre en citant

« En somme, dans cette hypothèse », observa M. P. Reynaud, « l’on aboutirait à une séparation temporaire entre la métropole et ses possessions d’outre-mer. Comment justifier un tel geste vis-à-vis de la population française, et comment abandonner celle-ci à l’occupation allemande, sans lui donner l’impression qu’elle est livrée à son triste sort et que le Gouvernement responsable déserte pour se mettre à l’abri ? Il faut bien que les pouvoirs publics restent pour traiter avec l’envahisseur : de plus, si le Gouvernement légal reste à son poste, de meilleures conditions d’armistice pourront être obtenues d’Hitler, et une partie du territoire échappera peut-être à l’invasion. »

« D’abord », répondis-je au président du Conseil, « dans l’hypothèse que nous envisageons, le Gouvernement ne pourrait être accusé de fuir pour se mettre à l’abri, puisque ce serait au contraire pour continuer la lutte qu’il quitterait le territoire métropolitain. Les dirigeants français ne feraient rien d’autre que ce qu’ont fait pendant la guerre 1914-1918 le Gouvernement belge et le Gouvernement serbe, d’ailleurs encouragés dans cette voie par les Alliés. Actuellement, vous avez en France un Gouvernement polonais, reconnu par la France et la Grande-Bretagne. Les Gouvernements belge et luxembourgeois se trouvent également sur notre territoire. La reine des Pays-Bas et ses ministres se sont réfugiés en Angleterre. Vous-même, vous avez pris part récemment aux demandes effectuées à Tromsoe auprès du roi Haakon, par M. de Dampierre et par son collègue britannique, pour persuader le souverain norvégien de quitter son pays après l’évacuation de Narvik. Ni les Hollandais, ni les Belges, ni les Polonais, ni les Norvégiens n’ont considéré que leur souverain ou leurs Gouvernements « désertaient » alors qu’ils se refusaient à reconnaître en droit une situation de fait, l’occupation de leur pays, et qu’ils se bornaient à suivre l’exemple, unanimement considéré glorieux, du roi Albert et du roi Pierre Ier de Serbie.

« Quant aux conditions à obtenir des Allemands, si vraiment la débâcle de nos armées est ce qu’en disent le général Weygand et le général Georges, il est bien évident que M. Hitler occupera la totalité du territoire français si cela lui convient sans que nous puissions l’en empêcher, ou sera toujours le maître de le faire le jour où il y verra avantage, quelles que doivent être les conditions de l’armistice. Il serait puéril de croire qu’il nous laissera une flotte ou une armée puissantes. Le Gouvernement qui subsisterait dans une France non occupée se trouverait donc à tout instant à sa merci, sans disposer des moyens matériels nécessaires pour résister à la pression des nazis ou pour s’opposer à la réalisation de leurs plans.

« Avons-nous le droit, dans ces conditions, de sacrifier notre Empire colonial avec toutes les forces et toutes les richesses qu’il contient, notre flotte intacte, ce qui reste de nos armées et de notre aviation, à l’effondrement inévitable de la métropole, et comment pourrions-nous justifier une telle attitude vis-à-vis de nos alliés et de l’Angleterre en particulier, étant donné les engagements que nous avons pris, que vous avez pris vous-même à Londres le 28 mars dernier ? La Pologne, la Norvège continuent la résistance bien que leur Gouvernement ou leur souverain ne dispose plus d’aucune parcelle du territoire national où se réfugier. Le Gouvernement français, au contraire, possède un vaste empire où l’ennemi n’a pas encore pénétré. Bien plus, en Algérie, vous vous trouvez sur le sol de trois départements français qui ont leurs représentants au Parlement. Si le président de la République s’y transporte avec ceux des deux Chambres, avec le Gouvernement (ou tout au moins ceux de ses membres qui s’y trouvent disposés), avec le personnel parlementaire et les éléments indispensables du personnel administratif, la situation sera entièrement légale, l’Empire tout entier se ralliera, et la lutte contre l’Allemagne se poursuivra dans des conditions telles que, pendant de longs mois, en mettant les choses au pire, l’Afrique du Nord restera hors des atteintes de l’ennemi. D’un côté vous avez la capitulation totale, honteuse, en violation des engagements pris, sans aucun avantage à s’en promettre. De l’autre, vous avez un avenir, peut-être limité dans le temps, mais honorable, sans rien à perdre en tout cas. Peut-il y avoir une hésitation ? »

« Mais qu’adviendrait-il, en pareil cas, de la population française ? » ripostait M. P. Reynaud. « Il est impossible de l’abandonner à elle-même, sans personne pour traiter avec l’occupant. Et puis ceux qui continueront à se battre dans l’Empire ne courront-ils pas le risque de voir exercer de terribles représailles contre leurs familles restées en territoire occupé ? »

Je fis valoir que dans tous les autres pays déjà occupés par les armées allemandes, c’était avec un pouvoir administratif, et non pas avec un pouvoir politique, que le Reich avait traité. A Oslo, par exemple, il s’était constitué une commission, qui réglait avec les autorités allemandes toutes les questions relatives à l’occupation. Nous pourrions faire de même, ne pas attendre, même, le départ vers l’Afrique du Nord, pour constituer une telle commission, pour en désigner les membres, pour établir, au besoin, une sorte de connivence, de coopération secrète, entre le Gouvernement, désormais établi hors du territoire métropolitain, et les hommes choisis pour administrer la France sous l’occupation allemande.

« Même », ajoutai-je, « si l’entreprise devait échouer, et si, au bout d’un certain nombre de mois, nous succombions en Afrique comme en France, je suis convaincu que notre devoir est de tenter cette chance. Le nombre des Français qui se trouvent dans l’Empire ou à l’armée d’Orient est si élevé qu’il serait pratiquement impossible de soumettre leurs familles à des représailles particulières ; autant vaudrait y soumettre la France entière, qui, de toute façon, se trouvera sous le talon du vainqueur. Pour que toute la France d’outre-mer échappe, ne fût-ce que pour un temps, à la servitude, il suffirait d’un bref décret en quelques articles, de ce genre :
§ 1 - La Métropole se montrant hors d’état d’assurer la défense de son Empire colonial, la France d’outre-mer prend en main sa propre destinée.
§ 2 - Le siège du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif est transféré pour la durée de la guerre en Afrique du Nord.
§ 3 – Le Gouvernement prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la continuation des opérations militaires.

« Mettez les choses au pis, et que l’an prochain, la situation étant devenue intenable, vous soyez obligé de déposer les armes, rien n’aura été perdu, qui ne le serait immédiatement par une capitulation qui engloberait à la fois la France et ses possessions d’outre-mer. De plus, vous aurez sauvé l’honneur. Dans l’histoire de cette guerre, jusqu’ici lamentable et sordide d’incompétence et de légèreté, vous aurez inscrit une page qui compensera bien des revers. La situation était désespérée aussi en 1870 quand Gambetta se fit l’animateur de la Défense nationale. Sans doute n’eut-il jamais d’espoir, mais qui oserait dire aujourd’hui que son œuvre fut inutile ? Sa résistance désespérée a racheté bien des désastres, elle a légué à la génération suivante une légende qui a eu sa part dans la victoire de 1918. Et nous ferions moins que lui, alors que nous disposons de toutes les forces de l’Empire, et que la puissance intacte de nos alliés se trouve à nos côtés ? Aujourd’hui, « Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis ». Je ne puis croire, monsieur le Président, que vous acceptiez cette capitulation. Croyez-moi : si, comme tout permet de le penser, M. Roosevelt répond négativement à votre appel, partez pour l’Afrique du Nord, et c’est avec enthousiasme que vous suivront tous ceux qui réussiront à partir avec vous. »
_________________
Laurent
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
loic
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 9040
Localisation: Toulouse (à peu près)

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 08:27    Sujet du message: Répondre en citant

Attention, en FTL, De Margerie fait le trajet avec De Gaulle et Blum : "C’est ensemble que les trois hommes quittent Paris vers minuit, en direction de la Loire."
Le voyage de Reynaud n'est pas précisé.
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Casus Frankie
Administrateur - Site Admin


Inscrit le: 16 Oct 2006
Messages: 13822
Localisation: Paris

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 09:31    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
Attention, en FTL, De Margerie fait le trajet avec De Gaulle et Blum : "C’est ensemble que les trois hommes quittent Paris vers minuit, en direction de la Loire."
Le voyage de Reynaud n'est pas précisé.


C'est vrai, c'est vrai - mais la date (10 juin) reste la meilleure - j'ai une autre idée pour le créneau nécessaire à Margerie.
_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Archibald



Inscrit le: 04 Aoû 2007
Messages: 9455

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 10:37    Sujet du message: Répondre en citant

Impressionant. Il est évident que De Marguerie a trouvé un Warp Drive dans la campagne bordelaise en 1940, a fait un tour en 2010, lu la FTL, repris le Warp drive pour 1940, et voila, la FTL... Very Happy
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Capitaine caverne



Inscrit le: 11 Avr 2009
Messages: 4141
Localisation: Tours

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 12:36    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Impressionant. Il est évident que De Marguerie a trouvé un Warp Drive dans la campagne bordelaise en 1940, a fait un tour en 2010, lu la FTL, repris le Warp drive pour 1940, et voila, la FTL... Very Happy


A moins que comme le Yamamoto d'un roman uchronique dont j'ai oublié le nom, il se reveille dans le corps de sa jeunesse au moment de sa mort.
_________________
"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Finen



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1951

MessagePosté le: Jeu Juil 01, 2010 14:33    Sujet du message: Répondre en citant

En fait, il a eu une discussion sur ce qu'il était logique de faire avec Spock, en voyage d'étude temporel, juste avant d'embarquer avec Reynaud.
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
ladc51



Inscrit le: 17 Oct 2006
Messages: 1263
Localisation: Paris

MessagePosté le: Mar Juil 13, 2010 14:03    Sujet du message: Répondre en citant

ou, plus prosaïquement, une preuve de plus que la FTL a une vraie crédibilité et une base historique solide puisque trois éminents acteurs de cette Histoire (DG, WC et maintenant Margerie) avaient étudié et proposé ce choix de poursuite du conflit depuis l'AFN !
_________________
Laurent
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
carthage



Inscrit le: 04 Jan 2009
Messages: 326
Localisation: bourgogne

MessagePosté le: Mar Juil 13, 2010 14:48    Sujet du message: Répondre en citant

R. de Margerie va t'il passer par Briare le 11 juin, le dernier conseil inter allié s'est déroulé avant le POD au château de Muguet, commune de Breteau.
_________________
cedant arma togae
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Comtois39



Inscrit le: 09 Juil 2010
Messages: 49

MessagePosté le: Mar Juil 13, 2010 17:02    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai aussi trouvé ça en surfant :

http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/le-front-de-l-ouest-f25/nogues-a-rate-son-rendez-vous-avec-l-histoire-t3139.htm

Donc un +1 pour la FTL.

Par ailleurs, en parcourant le site en question, je suis tombé sur ce fil :
http://deuxiemeguerremondia.forumactif.com/le-front-de-l-ouest-f25/1940-possibilite-de-continuer-le-combat-t7931.htm

Il va être plus que temps de les informer de la parution du livre et de la FTL Razz
_________________
A "Comtois, rends-toi ! "
Un officier répond : "Nenni, ma foi !"
Le pioupiou, quand à lui, préfère : "Que la murie te crève et que la peau du cul te pèle !"
Revenir en haut de page
Voir le profil de l'utilisateur Envoyer un message privé
Montrer les messages depuis:   
Poster un nouveau sujet   Répondre au sujet    Fantasque Time Line Index du Forum -> 1940 - Discussions Toutes les heures sont au format GMT + 1 Heure
Page 1 sur 1

 
Sauter vers:  
Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Vous ne pouvez pas éditer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages dans ce forum
Vous ne pouvez pas voter dans les sondages de ce forum


Powered by phpBB © 2001, 2005 phpBB Group
Traduction par : phpBB-fr.com