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L'Espagne
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loic
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MessagePosté le: Lun Aoû 05, 2019 18:59    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
des milliers d’entre eux ayant décidé


Citation:
Fini le devoir de réserve en Suisse.


Citation:
Lui qui se croyait soutenu par l’URSS a vu les Soviétiques le laisser tomber.
(Soviet désignant une instance bien précise)

Citation:
Après une escale aux Antilles, le Farman 220.0 Ville de Natal

Pour être cohérent avec notre façon de désigner les divers modèles de Farman.
Par ailleurs, Casablanca - Fort de France cela fait plus de 5.500 km, alors que le Farman a une autonomie de 4.600 km. La route empruntée sera donc plus probablement celle qu'on a déjà évoquée à plusieurs reprises (voir l'annexe sur le transport aérien) : Casablanca, Dakar, Cayenne, Caracas, Mexico
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Aoû 05, 2019 20:51    Sujet du message: Répondre en citant

Distraction de ma part pour les 1 et 2,
tu as raison pour le 4,
mais pour le 3, on disait couramment à l'époque (et bien après) "les Soviets" pour "les Soviétiques", de façon familière et quelque peu péjorative.
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Casus Frankie

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 09:59    Sujet du message: Répondre en citant

25 janvier 1944
Una, grande, libre
[devise de l'Espagne franquiste]
Don Juan pousse ses pions
Estoril (Portugal)
– Ce soir, le comte de Barcelone a le cœur léger. Depuis son arrivée dans sa nouvelle résidence, il y a un peu plus d’un mois, tout lui sourit. Contrairement à ses craintes de l’automne passée, les tensions commerciales entre l’Espagne et les Alliés au sujet du wolfram ont repris. Les Américains, qui avaient réglé à coups de dollars le problème des ressortissants étrangers internés en Espagne, ont réinstauré au début du mois un embargo sur les produits pétroliers. Et d’après ce qu’on a pu rapporter à Don Juan, la grogne de ceux qui désirent un changement de régime a repris.
Par ailleurs, les Français ont ces dernières semaines décoré plusieurs officiers espagnols engagés dans la Légion Etrangère (et de ce fait déjà naturalisés français). Ils ont même promu général un des partisans de l’ancien régime ! Au sein du Conseil restreint de Juan III, les avis divergent. Certains interprètent ce geste comme le signe que la France, liant encore un peu plus son sort à celui des Républicains espagnols qui l’aident, a décidé d’en finir avec Franco une fois que l’Allemagne se sera rendue. Cela tombe bien : Juan ne cache pas qu’il compte beaucoup sur une pression voire sur une invasion alliée qui destituerait le Caudillo et lui permettrait de récupérer son bien, rien de moins que le trône d’Espagne. Mais d’autres conseillers considèrent que la République française vient simplement d’accueillir officiellement en son sein des exilés républicains qui combattent pour elle (et contre le fascisme), et qu’il s’agit pour les exilés en question d’une récompense qui doit les dissuader de relancer la guerre civile en Espagne.
Dans les deux cas, cela démontre bien l’isolement de l’Espagne au sein d’une Europe de l’Ouest qui bascule du côté des Alliés. Et comme le mois dernier, les Allemands ont échoué dans leur grande contre-attaque qui devait rejeter les Alliés à la mer… L’étau se resserre, pense avec ravissement Juan III, qui irait presque jusqu’à voir la couronne royale à portée de sa main… Il est donc temps de montrer à ce Caudillo de quel bois se chauffe le comte de Barcelone ! Néanmoins, il ne peut compter ni sur un soutien franc et massif de l’Armée pour effectuer un coup d’état, ni sur celui des Alliés, qui ne sont pas prêts à aller destituer par la force le chef d’un régime qui est malgré tout resté à peu près neutre tout au long de la guerre… Et il ne doit pas négliger la Phalange, qui pèse lourd dans l’Espagne de Franco. Don Juan va donc devoir se contenter de sa plume pour mettre la pression sur le Caudillo, en lui envoyant un message personnel.
« Les informations que je reçois de nombreuses et patriotes sources confirment les graves divergences entre nos visions respectives de la situation internationale et des répercussions que les événements mondiaux pourraient avoir sur notre politique nationale.
Votre Excellence est un des derniers Espagnols à continuer de croire en la stabilité du régime national-syndicaliste
[Cette appellation bizarre se justifie par l’unification décidée par Franco et Serrano Suñer, en 1937, de la Phalange et des Juntes d’Offensive Nationale-Syndicaliste (JONS) – unification politiquement dominée par la Phalange, qui profite ainsi fort opportunément de l’exécution en 1936 du fondateur des JONS, Ramiro Ledesma Ramos, par des miliciens du Frente Popular.] et dans la reconnaissance du peuple pour ce dernier. Le peuple ne croit pas que ce régime puisse administrer notre nation qui n’est toujours pas apaisée et qu’il saurait la protéger des attaques extrémistes qui surviendront inévitablement à la fin de la guerre mondiale.
Votre façon de percevoir la situation actuelle et à venir est totalement opposée à la mienne, et en conséquence, nos positions ne peuvent être conciliées.
Je suis convaincu que Votre Excellence et le régime qu’il incarne ne sauront survivre à la fin de la guerre. Si la Monarchie n’est pas restaurée d’ici là, vous serez anéantis par les vaincus de la Guerre Civile, qui sauront profiter de la nouvelle situation internationale. Chaque jour qui passe, le totalitarisme dans lequel Votre Excellence a installé son régime s’affaiblit. »

Le comte de Barcelone, poussé par son nouvel entourage “portugais”, vient-il de brûler ses vaisseaux ?
Depuis son arrivée à Estoril, Don Juan a vu se renforcer son équipe de conseillers. Là ou auparavant, monarchistes “suisses” et “portugais” pouvaient parfois s’opposer sur la conduite à tenir, voire ne pas communiquer du tout, l’installation du comte de Barcelone sur la côte portugaise a permis à ces deux groupes de s’unir. L’opposition monarchique commence ainsi à se structurer et à se renforcer.
Eugenio Vegas Latapié est Secrétaire politique de Don Juan. Monarchiste viscéral, fondateur d’Accion Española, il a été violemment opposé à la République dès avant le début de la Guerre Civile. Secrétaire général à la Presse et à la Propagande, proche de la Phalange, il a été assez vite considéré par le Caudillo comme un gêneur et démis de ses fonctions. Critique de plus en plus virulent de Franco et de son régime, il a été expulsé d’Espagne au Portugal en 1942 après que son implication dans une tentative de recrutement d’officiers pour organiser un coup d’état ait été révélée. Latapié a fini par rejoindre Don Juan en Suisse.
José Maria Gil Roblès, qui avait dirigé jusqu’en 1936 la CEDA (Confederacion Española de Derechas Autonomas) aux Cortes, est en exil au Portugal depuis 1937, où il est devenu la principale figure de la droite dite démocratique. Celui qui faillit gouverner la République en 1933, à la tête d’une coalition de droite, s’est rapidement converti au monarchisme et conseille Don Juan depuis quelques temps maintenant. Récemment nommé par Juan III son représentant hors d’Espagne (en quelque sorte son ministre des Affaires Étrangères), il a fait parler de lui avec son édito publié en août 1943, qui prédisait qu’avec la victoire à venir des Alliés, le régime de Franco allait devoir rendre des comptes. Il échange fréquemment avec l’ambassadeur britannique en Espagne, Sir Hoare. De son point de vue, le remplacement de Franco doit se faire grâce à un programme commun et une coalition regroupant le plus de monde possible, des monarchistes aux républicains modérés.
Enfin, dans le nouveau cercle qui se forme à Estoril auprès du comte de Barcelone, on trouve aussi Pedro Sainz Rodriguez, académicien et premier ministre de l’Éducation du Caudillo. A l’instar de Latapié, il a lui aussi été débarqué par Franco au bout d’une petite année. Il est vrai qu’il avait qualifié ce dernier « d’apprenti Bonaparte » ! Membre d’Accion Española avec Latapié et partie prenante de la même conjuration, il a lui aussi fui l’Espagne à l’été 42 pour s’installer au Portugal et commencer à constituer un groupe d’influence monarchiste. Sainz Rodriguez partage avec Latapié l’idée que la destitution du Caudillo ne pourra se faire qu’avec le soutien de l’Armée et ses efforts s’exercent en ce sens.


7 février 1944
Una, grande, libre
Franco fâché
Madrid
– Le Caudillo ne décolère pas ! Faut-il que Don Juan soit inconscient pour avoir une poussée d’ambition en ce moment ! L’inconséquent prince héritier, que ses espions décrivent comme une girouette patentée, commence à avoir des velléités de puissance et il ne semble pas possible de calmer ses ardeurs, contrairement à celles de la clique de généraux monarchistes que Franco a placés contre, tout contre lui. Mais choisir le moment où les royaumes chrétiens de Roumanie et de Bulgarie viennent de tomber aux mains des Rouges ! Le moment où l'on prévoit que, sitôt les Allemands partis (et non battus, nuance ! comme a tenté de lui expliquer l’ambassadeur von Stohrer), le royaume chrétien de Yougoslavie sera prêt à passer sous la coupe d’un bandit de grand chemin bolchevique manipulé par Moscou ! L’Europe est en train de tomber aux mains des Communistes et personne ne fait rien !
Mais lui, Francisco Franco ne va pas s’en laisser conter par un comploteur ambitieux, sous prétexte qu’il se considère comme l’héritier d’un trône dont la nécessité ne crève pas les yeux ! On ne lui prendra pas la place qu’il a si chèrement acquise. Il ne la rendra pas. Non, l’Espagne ne se déchirera pas à nouveau parce qu’un régime trop faible l’aura laissé retomber dans ses travers.
Bien que seul dans son bureau, Franco prend un temps pour se ménager et reprendre sa morgue naturelle. Quelques phrases lui suffiront pour dire son fait à Don Juan…
« Le précédent régime qui fut renversé en Espagne n’était pas une monarchie mais une République. Le système politique dont je suis à la tête n’a rien d’illégitime. La restauration de la Monarchie n’est pas obligatoire, le Mouvement de Juillet étant d’abord et avant tout espagnol et catholique, bien plus que monarchiste. »
Comme toujours avec le Galicien, il s’agit de ménager son interlocuteur en attendant un contexte qui lui soit plus favorable. Fermement, il rappelle son rôle central pour l’avenir de l’Espagne et la fragilité de la position de Don Juan. Une hypothétique restauration de la monarchie le priverait d’une grande partie des soutiens essentiels à la survie de son régime. Mais il ne renonce pas non plus définitivement à se mettre d’accord avec certains partisans du roi…
Une fois ce courrier expédié, Franco sait pertinemment qu’il va avoir affaire au capitaine de frégate Carrero Blanco, son Secrétaire à la Présidence, qui va de nouveau lui parler des reculs allemands partout en Europe, de cette Phalange qu’il déteste et dont il faut s’éloigner au plus vite et enfin de sa nouvelle marotte : rencontrer le comte de Barcelone pour commencer à parlementer avec lui… Mais sur ce dernier point, le Caudillo n’est vraiment pas disposé à acquiescer. Il pourrait bien se passer plusieurs mois sans avoir des nouvelles de Don Juan que ça ne le dérangerait pas ! Comme toujours, Franco laissera passer l’orage et ne refusera rien tout en ne s’engageant pas, même s’il apprécie Carrero Blanco. En effet, celui-ci semble différent de ses autres conseillers. Monarchiste, il ne semble pas lié à une des nombreuses factions avec lesquelles le Caudillo doit composer (carliste, juaniste, phalangiste), et il apparaît depuis bientôt trois ans comme quelqu’un de loyal à sa personne. Un soutien solide en cette période de troubles ? Le Caudillo ne va pas dire non…


14 février 1944
Una, grande, libre
Une lettre de Don Juan
Etat-major de la 2e Région Aérienne (Algésiras)
– Le général de division commandant cette région aérienne reçoit un courrier de la part de son neveu. Jusque-là rien d’inhabituel. Sauf que le destinataire est le général Alfonso de Orleans y Borbon, grande figure de l’aviation espagnole, et que l’expéditeur est le comte de Barcelone, Juan de Borbon y Battenberg, prétendant à la couronne d’Espagne. L’oncle cumule depuis l’été dernier ses fonctions dans l’aviation franquiste avec le statut de représentant plus ou moins officiel du comte de Barcelone en Espagne, rien de moins ! Dans une longue lettre, Don Juan explique à son oncle (en sachant pertinemment que sa missive sera parcourue par des yeux indiscrets avant de parvenir à son destinataire) les raisons de sa rupture avec le Caudillo. Le refus de Franco de revenir à une stricte neutralité et la poursuite par son gouvernement d’une politique étrangère favorable à l’Axe ne lui laissent, dit-il, aucun autre choix que de rendre publique son opposition au Caudillo et le fait qu’en aucune façon il ne saurait partager les orientations politiques de la Phalange (Don Juan fait ici référence à une interview parue dans le journal argentin La Prensa à la fin du mois de janvier, où il expliquait qu’il était en opposition avec Franco et que le retour de la monarchie ne devait en aucun cas être considéré comme lié au régime en place actuellement en Espagne).
Cette lettre de Don Juan à Don Alfonso peut sembler sceller le divorce entre le Caudillo et le comte de Barcelone. Un divorce qui rendrait impossible toute entente entre les deux protagonistes si… Si Don Juan n’était pas Don Juan. A un mécontent qui lui faisait un jour la remarque qu’il était toujours de l’avis de la dernière personne à avoir parlé, Juan avait rétorqué avec aplomb que son interlocuteur n’avait qu’à parler en dernier. Et aussi inflexible que la position du prince espagnol puisse paraître, il n’en est rien, en fait !
Quelques jours auparavant – on ignore si c’était avant ou après avoir reçu la réponse de Franco à sa missive de janvier – Don Juan a, de sa propre initiative, proposé au Caudillo de se rencontrer afin de s’accorder ! Cette initiative fait enrager les membres de son propre Conseil d’Estoril, Gil Roblès et Sainz Rodriguez en tête, à qui se sont ajoutés dernièrement des Républicains soucieux de trouver une solution consensuelle. Les Britanniques, disposés à favoriser Don Juan tout en évitant de provoquer un incendie dans la péninsule ibérique au moment où ils s’évertuent à éteindre celui qui dévore les Balkans, vont être refroidis par le tempérament changeant du comte de Barcelone. Franco, de son côté, semble rassuré : le Prétendant n’est pas si intransigeant que cela, il pourra le faire mariner comme il a pris l’habitude maintenant de le faire avec les éléments les plus impétueux de son gouvernement, qu’ils soient phalangistes ou monarchistes.
Bref, s’il est toujours aussi compliqué de savoir si Franco grimpe ou descend l’échelle sur laquelle il perché depuis le début de sa carrière politique, il l’est tout autant de savoir si Don Juan avance ou bien recule…


17 mars 1944
Una, grande, libre
Franco très fâché
Madrid
– Cela fait un mois que le Caudillo et le prétendant à la couronne d’Espagne s’ignorent superbement. Franco, sûr de sa force, use de sa position au sommet du régime “national-syndicaliste” pour ménager la chèvre et le chou et assurer l’équilibre entre les différentes factions composant son entourage. La conclusion récente d’un accord avec les Alliés sur la crise du wolfram a mis fin à un embargo qui commençait à faire grincer bien des dents. Du coup, le le Caudillo peut commencer à jouer sa nouvelle carte : celui du défenseur de la paix européenne, dialoguant avec tout le monde et n’excluant personne dans le concert des nations.
Pourtant, un œil critique pourrait trouver dans sa situation bien des raisons de s’inquiéter. Le ministre de l’Armée, Asensio, a envoyé dix jours plus tôt à Franco une lettre lui demandant de se mettre en relation avec Don Juan pour organiser un retour à la monarchie dans les plus brefs délais, de peur que le pays ne sombre de nouveau dans le chaos d’une gouvernance de gauche. De plus, si le pétrole et le blé américain recommencent à arriver, les presses française et britannique ne se cachent pas pour critiquer le régime de Franco. Un élément d’autant plus important que la frontière pyrénéenne ne devrait pas tarder à être entièrement contrôlée par les Alliés. Mais qui oserait critiquer le Caudillo dans l’Espagne des années 40 ?
………
Don Juan, après sa proposition spontanée d’entretien adressée au Caudillo envoyée le mois dernier et restée lettre morte, a vu ses plus proches conseillers se resserrer autour de lui dans sa résidence portugaise. Sous l’impulsion de Gil-Roblès, échaudé par l’initiative du comte de Barcelone, il a été convenu que tous les conseillers mettent de côté leurs divergences de vue avec, pour seul objectif, empêcher que Juan puisse être taxé un jour d’inconstance maladive, de contradiction permanente dans ses intentions et d’une stérilité absolue quand il s’agit de passer à l’action. Le Prétendant a la fâcheuse tendance d’être toujours de l’avis de la dernière personne ayant parlé ? Fort bien, alors ses conseillers vont profiter de ce que tout le monde soit rassemblé au même endroit pour parler d’une seule voix : il faut profiter de la chute à venir de l’Axe pour précipiter celle Franco et restaurer la monarchie !
………
Les antagonistes ne peuvent s’ignorer totalement mais se regardent en chien de faïence, chacun attendant un premier pas de l’autre. Cela pourrait durer longtemps sauf que…
Sauf que les offensives soviétiques ont repris et font passer chaque jour plus de terres de la domination nazie sous la domination communiste.
Sauf que les Alliés, sûrs de leur victoire prochaine, se rencontrent en ce moment même sur la côte Est des États-Unis pour y organiser carrément l’économie mondiale d’après-guerre.
Sauf qu’il y a deux jours, une conjuration d’officiers allemands a attenté à la vie d’Hitler et a failli réussir à renverser son régime.
Sauf que l’Europe est agitée de soubresauts au gré des intérêts politiques parfois divergents des Nations Unies. Le Vieux Continent, ravagé par la guerre, est en pleine mutation. Que deviendra-t-il ? L’Espagne va avoir de plus en plus de mal à tenter d’être un havre de stabilité en marge du cours de l’Histoire.
Et il y a quelques jours, une cinquantaine d’universitaires et d’intellectuels (de second rang, certes… car les plus éminents sont en exil !) ont fait éditer une lettre affirmant au « Roi Juan de Bourbon » que « dans le rétablissement de la monarchie et dans la personne de Votre Majesté réside notre espoir d’un régime stable ». La lettre circule déjà dans tout Madrid et dans les principales villes d’Espagne – une copie a bien sûr été présentée à Estoril. Alors que les Allemands semblent prêts à se massacrer entre eux, que les Fascistes italiens ne dirigent plus qu’une République croupion dans le nord de l’Italie et que l’attitude des Alliés vis-à-vis de l’Espagne semble ambivalente et indécise au possible, voici que l’intelligentsia locale se rallie clairement à l’un des joueurs qui se disputent la destinée du pays !
Franco entre dans une grande colère. Cette fois, il ne va pas temporiser. Peu de jours plus tard, il va ordonner le bannissement de quatre professeurs de l’Université de Madrid signataires de la lettre : Julio Palacios, Alfonso Garcia Valdecasa, Jésus Pabon et Juan Jose Lopez Ibor. Son idée est de tuer dans l’œuf une hypothétique sédition universitaire, qui pourrait évoluer en contestation estudiantine.
Don Juan, dont l’ego est vite flatté, apprécie bien évidemment le geste des universitaires espagnols. Mais si sa prudence naturelle l’appelle à la retenue et donc probablement à ne pas donner de réponse à cet appel des universitaires, son Conseil y voit l’occasion unique de s’adresser aux Espagnols en ce moment charnière de la guerre en Europe et de déclencher le déclin du Caudillo. Ainsi, usant de flatterie et de tous les autres moyens de flatter le comte de Barcelone, les conseillers menés par Gil Roblès, Prieto et Latapié vont faire en sorte qu’une réponse marquante soit donnée d’ici la fin du mois.

(à suivre, demain)
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delta force



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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 10:13    Sujet du message: Répondre en citant

passionnant...

sinon en élément de contexte une suggestion pour souligner l'isolement politique de l'Espagne même au sein de la péninsule : comme OTL on peut ajouter que le Portugal donne aux alliés le droit d’utiliser les Açores comme base aérienne (c'était en 43 OTL , en FTL cela pourrait être fin 42 ).
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 10:42    Sujet du message: Répondre en citant

Tu as raison, je vais le mentionner en profitant du moment où Juan III s'installe à Estoril.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 10:53    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Ils ont même promu général un des partisans de l’ancien régime !


De qui s'agit-il ?

Citation:
Le comte de Barcelone, poussé par son nouvel entourage “portugais”, vient-il de brûler ses vaisseaux ?


Ce n'est pas comme s'il venait de faire du chantage à un dictateur pour tenter de s'assoir à sa place - moi ou le chaos ! Et en plus, conseillé par tous les rogatons et vaisseaux amers du Franquisme !

Citation:
comme a tenté de lui expliquer l’ambassadeur von Stohrer), le royaume chrétien de Yougoslavie sera prêt à passer sous la coupe d’un bandit de grand chemin bolchevique manipulé par Moscou !


L'AVNOJ a déjà été proclamé certes - il pourrait rajouter un mot peu amène sur Pierre II et sur tous ces nobles dégénérés et mous non ?

Citation:
Don Juan fait ici référence à une interview parue dans le journal argentin La Prensa à la fin du mois de janvier,


Ah l'Argentine ! Entre """neutres""" hispanophones on se comprend. Bizarre d'ailleurs qu'ils ne se soient pas plus rapprochés ..

Ca me sidère, tous ces gens qui s'écrivent des courriers pour se disputer l'avenir d'un pays, comme des liquidateurs judiciaires qui tenteraient de dépecer une société en déshérence...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 11:03    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Citation:
Ils ont même promu général un des partisans de l’ancien régime !


De qui s'agit-il ?


PABLO, Alberto (1892) : général de brigade, commandant la 4e BMLE.
“Pablo” a commandé la 11e DBLE depuis sa création. Sous ce pseudonyme se cache bien sûr un Espagnol (naturalisé français en 1940), l’ancien général républicain et poète Alberto Payo y Giroud, vétéran de la guerre du Rif et de la guerre d’Espagne. Son successeur à la 11e DBLE est celui qui était devenu son second, l’ancien amiral de la flotte républicaine Miguel Buiza Fernandez Palacios, engagé volontaire à la Légion Étrangère dès mai 1939 !
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 11:37    Sujet du message: Répondre en citant

Et Franco ne mentionnerait donc pas un roi orthodoxe, même pour le mépriser ?
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 11:42    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Et Franco ne mentionnerait donc pas un roi orthodoxe, même pour le mépriser ?


L'important, c'est les royaumes, pas les rois !
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 13:20    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:
?


PABLO, Alberto (1892) : général de brigade, commandant la 4e BMLE.
“Pablo” a commandé la 11e DBLE depuis sa création. Sous ce pseudonyme se cache bien sûr un Espagnol (naturalisé français en 1940), l’ancien général républicain et poète Alberto Payo y Giroud, vétéran de la guerre du Rif et de la guerre d’Espagne. Son successeur à la 11e DBLE est celui qui était devenu son second, l’ancien amiral de la flotte républicaine Miguel Buiza Fernandez Palacios, engagé volontaire à la Légion Étrangère dès mai 1939 ![/quote]

@Casus : il s’agit de Alberto Bayo

Miguel Buiza : s’engagea dans la Légion OTL. Il regretta toute sa vie d’avoir fait appareiller la flotte républicaine sans livrer combat et sans emporter aucun candidat à l’exil. Les condamnant ainsi à la prison ou à la mort.
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 14:06    Sujet du message: Répondre en citant

Quelques commentaires sur l’epoque qui peut-être aideront à mieux comprendre les textes FTL.
Les “inimitiés” républicaines.
Inimitié doit être considéré comme un exemple d “understatement” tant les haines sont grandes.
En 1937 à Barcelone, les anarchistes ( CNT et FAI ) et les trotskystes ( POUM) s'opposent violemment aux autres partis. Bilan: près de 250 morts, les ministres anarchistes perdent leurs porte-feuilles, le POUM est interdit, Andres Nin son principal dirigeant est enlevé et disparaît à tout jamais.
En 1939 à Madrid et à Carthagene ( port d’attache de la flotte ) des combats opposent anarchistes et socialistes “prietistes » aux communistes et aux socialistes « negrinistes”.
Les premiers soutiennent le coup d’etat du colonel Casado contre le premier ministre Negrin. Casado souhaite proposer une paix négociée a Franco alors que Negrin considère que Franco ne voudra jamais une « paix des braves » et qu’il faut continuer la guerre.
Les combats feront entre 200 et 2000 morts. Casado livrera Madrid contre de vagues promesses d'amnistie qui ne seront jamais tenues.
L’eglise et le république : des 1931 l'eglise s’est opposée à la république. Celle-ci veut développer l’enseignement non confessionnel, instaure le divorce et l’égalité des sexes. Le gouvernement prends également des mesures plus anticléricales comme me semble-t-il l’interdiction des processions.
L’eglise ira jusqu’à vendre des biens et faire sortir des capitaux du pays. Je vous engage à lire la fiche Wikipedia du cardinal-primat Pedro Segura pour vous faire une idée de ce qu’était l’église espagnole des années 30 :

https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Pedro_Segura_y_Sáenz

Pour être complet sur ce point, notons la multitude d’actes hostiles au clergé survenus avant guerre et surtout en 1936 quand l’eglise prends position pour la croisade

Les JONS : en 1936 , le fondateur et leader de la Phalange, Jose Antonio de Rivera será fusille par les républicains. Il semble que ce fut une décision locale car Primo de Rivera était après la mort du général de Mola le seul rival de Franco. En d’autres termes, une monnaie d’echange de haute valeur
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 15:03    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Les antagonistes ne peuvent s’ignorer totalement mais se regardent en chiens de faïence,

Pluriel ou pas ?

Citation:
wolfram
-> en français on écrit tungstène (certes, dans la chrono on a écrit les deux ...)
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 19:22    Sujet du message: Répondre en citant

1) Requesens = c'est bien ce qui est écrit.

2) Loïc = a) Chiens avec un s, désolé.
b) wolfram = on a déjà eu l'occasion d'en parler ! Wolfram est d'époque.
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Casus Frankie

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requesens



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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 19:54    Sujet du message: Répondre en citant

@ casus

Tu as repondu à notre raton laveur preferé "Alberto Payo y Giroud" or il s'agit de Alberto Bayo avec un B et non un P.
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- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Aoû 06, 2019 20:11    Sujet du message: Répondre en citant

Ah ! Mais c’est bien y Giroud ?
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