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L'Espagne
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raven 03



Inscrit le: 20 Mar 2009
Messages: 1164
Localisation: loire (42)

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 19:09    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
C'est très bon en effet. Je ne peut m'empêcher de penser aux scènes de Red Storm Rising, Américains contre Sovétiques, Allemagne 1986.


la charge des M1 du lieutenant Mackall est en effet un must au milieu d'une gigantesque bagarre planetaire .. enfin europeenne...!!
meme si j'ai une petite preference pourles aventures islandaises de l'essuyeur d'ailes......

un grand bravo à Requesens pour ces aventures iberiques !!!
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Archibald



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Messages: 9412

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 19:24    Sujet du message: Répondre en citant

Moi j'aime bien la petite pilote de F-15, tueuse de satellites et première as spatiale. "bun" Nakamura.
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
...
"C'est un asile de fous; pas un asile de cons. Faudrait construire des asiles de cons mais - vous imaginez un peu la taille des bâtiments..."
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FREGATON



Inscrit le: 06 Avr 2007
Messages: 4052
Localisation: La Baule

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 20:59    Sujet du message: Répondre en citant

Pour un combat de char au cinéma, voir "Fury": un duel M4 vs Tiger pas trop mal fait...
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La guerre virtuelle est une affaire trop sérieuse pour la laisser aux civils.
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Wardog1



Inscrit le: 29 Aoû 2015
Messages: 1050
Localisation: Puy de Dome,France

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 21:22    Sujet du message: Répondre en citant

Girls und panzer, coté combat de char on est servit!
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"You and I are opposite sides of the same coin. When we face each other, we can finally see our true selves. There may be a resemblance, but we never face the same direction."

Larry Foulke
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Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 10079

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 21:25    Sujet du message: Répondre en citant

Jamais vu cet anime, mais le réalisme ne doit pas être au rendez-vous.
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Ecoutez mon conseil : mariez-vous.
Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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JFF



Inscrit le: 21 Oct 2011
Messages: 631
Localisation: Guyane

MessagePosté le: Jeu Juin 13, 2019 23:44    Sujet du message: Répondre en citant

Wardog1 a écrit:
Girls und panzer, coté combat de char on est servit!


Oula ! si on commence à déraper sur ce sujet, notre chat noir favori va sortir ses super-extra-speciaux ciseaux, ceux en Stalinuim.

Evil or Very Mad
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"Ne doutez jamais du courage des Français, ce sont eux qui ont découvert que les escargots étaient comestibles"
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JPBWEB



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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 04:19    Sujet du message: Répondre en citant

Bob Zoran a écrit:
Applause Applause Applause
Je n'ai jamais été dans un char mais on s'y croirait,


Moi, j’ai passé pas mal de temps dans les véhicules blindés, encore que dans mon cas c’était surtout pour les entretenir et les nettoyer (c’est incroyable comme c’est salissant, un char) et que personne ne me tirait dessus. Par rapport au sort du fantassin de base, celui d’un équipage de char est enviable car incomparablement plus confortable : on ne doit pas marcher ni porter son équipement, le véhicule permet d’emporter des tas de babioles qui améliorent le petit confort personnel (voir ce qui trimbalent les chars israéliens), et il y a un chauffage à bord, qui permet de ne pas se geler les gesticules (comme disait Coluche). Par contre, au combat, c’est autre chose. Le véhicule est exigu, on ne voit rien, et on est potentiellement la cible de tas de choses pointues et explosives qui ont une grosse cible à viser. Déjà en 2GM, et encore plus depuis, la survivabilité de l’équipage d’un char de combat est très hypothétique en cas de coup direct.

A tout prendre, je préfère de loin être au grand air et avoir une chance de me coller au sol pendant que tout ce qui dépasse est haché menu. Mais j’ai retiré de mon service militaire la conviction que la guerre est une chose horrible, et la guerre moderne et industrielle encore beaucoup plus.
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Konrad Adenauer
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 05:48    Sujet du message: Répondre en citant

suggestions

-pour un peu de couleur, il y a une chance sur deux que ces P-47 "baker" soient ceux possédant une queue à damier jaune et noir du 325th FG, aisément reconnaissables depuis le sol

-de cross over pour la suite : au GC III/3 qui opère au bénéfice du CEF en Italie, il y a un lieutenant (à cette date) Jose Falco Sanmartin, dont la trajectoire est évoquée dans la chrono : c'est également un ancien de la guerre d'Espagne, dans le même camps que tes personnages Wink
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Wil the Coyote



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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 07:32    Sujet du message: Répondre en citant

Red Storm Rising…. j'adore ce livre...il y a quelques passages exceptionnels… La bataille de l'Atlantique...avec la charge des TU22 contre les PA américanos-français entre autre….

Et c'est vrai que les combats de chars sont très prennant….

Maintenant, concernant la vie dans un char, je peux vous dire que c'est tout sauf une sinécure….le bruit, l'odeur, la promiscuité….le peu de vision si vous êtes en mode conduite sous épiscopes….. Mais je dois avouer que je ne regrette en rien cette partie de ma vie… Bien sur, il y à certainement plus de place dans un Leopard 1 que dans un SAV…..
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requesens



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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 08:29    Sujet du message: Répondre en citant

Bob Zoran a écrit:
Applause Applause Applause
Je n'ai jamais été dans un char mais on s'y croirait,

bravo pour ce récit haletant (comme les autres d'ailleurs),


Ce qui est amusant c'est que... moi non plus! Laughing
A par quelques Sherman en Normandie je n'ai ni vu ni touché un blindé de ma vie. C'etait d'ailleurs pour moi une gageure, décrire un combat avec un engin qui n'a pas vraiment existé.
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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JPBWEB



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Localisation: Thailande

MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 11:15    Sujet du message: Répondre en citant

Wil the Coyote a écrit:
Red Storm Rising…. j'adore ce livre...il y a quelques passages exceptionnels… La bataille de l'Atlantique...avec la charge des TU22 contre les PA américanos-français entre autre….

Moi aussi. C’est un de mes livres préférés. Tiens, je vais le relire ce weekend !

Wil the Coyote a écrit:

Maintenant, concernant la vie dans un char, je peux vous dire que c'est tout sauf une sinécure….le bruit, l'odeur, la promiscuité….

Tout depend de ce qu’on a comme reference. Pour certains, le bruit, l'odeur, la promiscuité, tu ajoutes une chèvre, et c’est tout comme au bled…

Wil the Coyote a écrit:

Bien sur, il y à certainement plus de place dans un Leopard 1 que dans un SAV…..

Le JPK était un engin agréable, a ce qu’on m’en a dit. Un relativement vaste compartiment de combat (puisqu’il n’y avait pas de tourelle, et un vrai gros blindé, avec une silhouette basse.
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Konrad Adenauer
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Wil the Coyote



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Localisation: Tournai (Belgique)

MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 14:17    Sujet du message: Répondre en citant

Ah....le jpkdigne héritier des Stug.........aussi rapide en marche avant qu en marche arrière...
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 16:03    Sujet du message: Répondre en citant

14h30 – Il n’y avait plus de réserve, tous les engins disponibles étaient engagés depuis plusieurs heures. Submergés par le nombre, les légionnaires avaient dû peu à peu se rapprocher du village d’Antella, où s’étaient retranchés des éléments d’infanterie, pour finir par organiser devant lui une défense en arc de cercle. Comme disait le lieutenant-colonel Duran « Cela ressemble à un western, nous sommes les colons en chariots et les Indiens nous encerclent ». L’image était forte mais heureusement fausse, les Allemands n’avaient pu dépasser le hameau.
La matinée avait été dure, cinq heures de combat ininterrompu sous le soleil de l’été italien contre des Allemands toujours aussi accrocheurs. Ils avaient vécu des situations critiques que les arabesques tactiques de Muntaner avaient réussi à stabiliser. La résistance de la Brunete était facilitée par l’artillerie française qui dirigeait un véritable tir de barrage sur les arrières des assaillants, ralentissant ainsi l’arrivée de leurs renforts. Au-delà de la zone battue par les obus veillaient les chasseurs-bombardiers, qui patrouillaient inlassablement et piquaient sur tout ce qui bougeait ou sur tout ce qui se concentrait.
Le Guadalajara avait pu se replier, après la plupart de ses équipiers, afin de recompléter sa dotation d’obus. Après avoir récupéré les membres survivants d’un char immobilisé, ils s’étaient dirigés lentement et prudemment vers leurs lignes. A ce moment, ils avaient vu un panzer poursuivre comme un chasseur traque un lapin un M3F Mouflon – d’où sortait-il, celui-là ? Carvalo avait expédié à l’Allemand deux obus dont l’un l’avait endommagé, ou au moins impressionné, et il avait rompu le combat.
Pendant que l’on réapprovisionnait son char, Muntaner essayait de faire un état de ses forces. La moitié de l’escadron avait disparu, détruit ou immobilisé. Il retrouva cependant avec plaisir certains visages connus qui avaient pu rejoindre les lignes françaises à pied.
Alors qu’il prenait des nouvelles de ses hommes, un groupe de gros monomoteurs les survola à basse altitude. Tous purent apercevoir les silhouettes des pilotes et des cocardes, naguère encore inconnues pour la plupart d’entre eux, mais qu’ils avaient appris à apprécier. Noir-jaune-rouge – des Belges. « Il faudra leur dire que nous n’avons rien à voir avec le duc d’Albe et la guerre des Flandres, cela serait même plutôt le contraire ! » dit le capitaine. Au XVIe siècle, Ferdinand de Tolède s’était opposé par la force au développement du protestantisme dans ce qui était alors les Pays-Bas espagnols, laissant derrière lui un pays ensanglanté. Le groupe d’hommes sourit à la plaisanterie. Ils suivirent des yeux les chasseurs-bombardiers, qui plongèrent très vite sur des cibles qu’eux ne pouvaient voir. Sans cet appui aérien la bataille se serait transformée inévitablement en défaite – mais cette fois, les avions italiens avaient pour la plupart changé de camp et les successeurs des pilotes de la Légion Condor se heurtaient à plus puissants qu’eux.
Muntaner chargea un lieutenant de dresser un état détaillé des pertes, salua ses hommes et se dirigea vers l’état-major installé dans une vaste maison entourée d’arbres située à la sortie du village. Des véhicules étaient garés sous les couverts, des batteries de DCA disposées aux alentours. Il salua quelques officiers affairés et chercha Duran, qu’il trouva en train de parler en français au téléphone. Après avoir raccroché, le colonel lui serra le bras : « Comment vas-tu ? » – il voyait ses traits tirés et ses yeux rougis. « Fatigué, mais cela aurait pu être pire, bien pire. Tu as du vrai café ? » Une tasse à la main, le dos appuyé contre le mur de pierre, le capitaine écouta son supérieur et ami lui dresser un tableau de la situation. « Le village est à moitié encerclé, mais ils n’arrivent pas à percer. L’aviation et l’artillerie ont fait un gros travail en empêchant une montée en ligne en masse de leurs renforts. Leurs grenadiers sont bloqués et n’arrivent pas à exploiter les succès locaux de leurs blindés. » – « Nos pertes ? » – « Importantes ! A peu près la moitié des engins sont inutilisables. Nous avons surtout perdu du monde au début, sous l’effet de surprise – comme d’habitude, la portée de leurs canons nous a fait mal. » – « Oui, je l’ai vu. En mêlée, nous sommes tactiquement et techniquement à leur niveau, mais de loin c’est différent. A longue distance, notre canon manque de… quel est ce mot anglais, tu sais, un terme de boxe ? » – « De punch. » – « C’est ça, à longue distance, notre canon manque de punch. Carvalo a fait mouche plusieurs fois mais j’ai vu ses obus ricocher sur les blindages. Aujourd’hui nous combattons leurs nouveaux Panzer IV, je n’imagine même pas ce qui se passerait s’ils nous sortaient des modèles plus puissants. » – « C’est vrai que d’après ce qu’on sait des combats en Russie, on rencontrera un jour ou l’autre de vrais monstres. Mais après la prise de Florence, nous serons rééquipés avec le nouveau Taureau – c’est ce qu’on vient de me promettre au téléphone. »
Muntaner baissa les yeux sur une carte du secteur : « En attendant, ce paysage est parfait pour les embuscades : des petites collines, des haies, des chemins creux. Si nous avions quelques réserves… » Le colonel l’interrompit : « Des réserves non, mais sûrement quelques engins qui sont en train d’être réparés. A quoi penses-tu ? » – « Je me disais que le terrain pourrait permettre à un groupe de combat de se faufiler dans leurs lignes. Cela gênerait leur attaque et leur ferait consommer leur essence et leurs obus. Ils ont besoin de ravitailler et si l’aviation et l’artillerie font bien le boulot que tu dis, ils auront du mal. En tout cas, ils vont devoir commencer à compter. »
Un autre groupe d’avions les survola à basse altitude, couvrant le son de leurs voix, ceux-ci repartaient vers leur base – des Français cette fois. Ils sortirent pour les regarder passer ; l’un d’eux traînait une légère écharpe de fumée blanche. « Tu vois, c’est une véritable noria. Les aviateurs essayent de maintenir une présence continue sur le champ de bataille afin de bloquer les mouvements des fascistes. » Entre eux, conversant en espagnol, ils parlaient souvent de fascistes et non d’Allemands…
Duran reprit : « Avant tout, voyons s’il y a des chars disponibles, si c’est le cas, nous verrons quoi en faire. S’il te plaît, occupe-t-en, j’ai quelque chose à faire avant. » Les deux hommes se séparèrent et les pas de Muntaner le portèrent vers la petite église romane du village. Devant elle ronflait un incessant va-et-vient de véhicules. Le capitaine dut enjamber quelques traces sombres sur le sol avant d’entrer. A l’intérieur régnait une agréable fraîcheur – en d’autres circonstances, l’endroit aurait sûrement été agréable pour se recueillir ou seulement pour y prendre quelques repos. Mais un frisson le parcourut, qui n’était pas dû à la température. La nef avait été débarrassée de tout son mobilier, les bancs entassés dans le chœur près de l’autel, à leur place gisaient des hommes brisés, ensanglantés. A l’entrée régnait une sorte de dieu païen qui s’était adjugé le droit de vie et de mort sur ces pauvres corps : le médecin major Vilar. De sa grosse voix cordiale, il essayait de calmer et de rassurer les blessés, mais ceux dont l’état était trop grave ou allait nécessiter trop de temps étaient impitoyablement écartés et transportés vers le transept, à l’abri des regards derrière une toile hâtivement tendue. Ici, on ne cherchait pas vraiment à soigner mais à stabiliser avant l’évacuation vers les hôpitaux de l’arrière.
– Capitaine, tu vas bien ?
Derrière ses grosses lunettes, Vilar dévisageait Montalban, cherchant à deviner une blessure. Républicain modéré, le médecin avait rejoint les services sanitaires des milices républicaines en 1936, non par conviction politique, mais simplement pour suivre sa vocation, soigner la souffrance humaine. En 1939, il avait passé la frontière à bord du dernier train sanitaire parti de Barcelone. Les années sur le front lui avaient permis de devenir un spécialiste respecté de la chirurgie de guerre, il se demandait parfois avec angoisse ce que serait son futur quand la paix reviendrait. Il trouverait sûrement fade et ennuyeux de s’occuper de refroidissements, d’eczémas et d’indigestions !
Muntaner le détaillait de son côté, impressionné. Les mains mal essuyées étaient maculées de rouge, la trace des doigts sur la cigarette qu’il fumait était rouge elle aussi, ainsi que le tablier qui le faisait ressembler à un boucher. Seul le visage, avec ses yeux d’oiseau de nuit et sa grosse moustache, était avenant. « Je vais bien, merci. Il me manque des hommes, alors… » Il laissa la phrase en suspens, embrassant la nef du regard. « Et toi ? »
Vilar se retourna : « Maintenant, la situation est sous contrôle, mais le début de matinée a été dur. Le bombardement a surpris beaucoup de monde à l’extérieur et a fait des dégâts, puis peu après sont arrivés les premiers tankistes. » Une trentaine d’hommes étaient alignés sur des brancards ou sur des lits de camps. Si la majorité étaient silencieux ou râlaient faiblement, l’un des blessés poussait des cris discordants qui emplissaient l’espace. « Pour le moment, à peu près vingt morts et cent trente blessés, dont un gros tiers de graves, plus ceux qui sont encore là-bas. » Du pouce, il indiqua l’extérieur. « Eux, ils attendent qu’on les transporte. » – il parlait des hommes allongés. Le capitaine déglutit. En dépit de tout ce qu’il avait connu, il ne s’habituait pas aux corps meurtris et aux chairs déchirées. Ce n’était point la vision des plaies sanglantes, des os broyés ou des corps désarticulés qui le mettait mal à l’aise, mais bien la sensation d’un immense gâchis, toutes ces vies perdues, tous ces talents qui resteraient inconnus, ces enfants qui ne naîtraient pas. « Si tu préfères, nous avons la liste de tous ceux qui… (il chercha ses mots) qui sont entrés ici, avec une description succincte des blessures, des soins et de leur état. » Vilar prit trois feuillets sur un tréteau et les lui tendit, Muntaner les parcourut anxieusement et serra les dents, certains de ses hommes étaient sur la liste. Silencieusement, il les désigna du doigt au médecin. « Lui, il est là-bas. Brûlé aux jambes. Il partira avec les prochaines ambulances. »
Muntaner pivota sur lui-même pour se diriger vers le blessé. L’homme semblait serein, probablement sous l’emprise de calmants. « Ne t’en fais pas, ce n’est pas grave, tu reviendras bientôt, nous fêterons ton retour… », le blessé acquiesçait d’une voix éteinte. Une main l’agrippa par derrière : « Capitan, por favor, ¡ un padre ! » Un prêtre ! La demande le surprit, la majorité des légionnaires étaient peu portés sur la religion « Voyons, tu n’en as pas besoin, tu vas vivre » – « Un cura, por favor ». Hésitant, il serra la main des deux blessés – « Je reviens ». Vilar avait disparu. Derrière une autre toile, Muntaner entendait les ordres d’un chirurgien qui opérait, ainsi que le bruit des instruments chirurgicaux que l’on déposait dans une cuvette métallique. Ne sachant que faire, il arrêta un infirmier : « Où est le prêtre qui officie dans cette église ? » Il eut de la chance – « Je viens de le voir passer, il doit être à l’extérieur, derrière l’abside. » L’abside ? Etonnant que ce garçon connaisse ce terme. « Merci » – « Capitaine ? » – « Oui ? » – « Il prie pour nos morts. »
Dehors, sous quelques arbres, comme l’avait évoqué Vilar, une vingtaine de corps étaient allongés. Recouverts de toiles de tente en guise de linceuls, ils attendaient, figés pour l’éternité. Comme souvent dans les petits villages, le cimetière était accolé à l’église, déjà un groupe de villageois creusait une fosse commune. Le prêtre, silhouette noire et voûtée par les ans, se tenait devant les morts. Les mains croisées, la tête baissée, il priait pour le repos d’hommes qui probablement, en d’autres lieux ou en d’autres temps, eussent été ses ennemis. Muntaner resta silencieux un instant, priant à sa façon. Puis il s’avança. L’usage du catalan ainsi que les quelques mois passés en Italie lui avait permis de parler très correctement la langue.
« Padre, per favore, un soldato ferito ha bisogno de lei. » – « Un soldato spagnolo ha bisogno da me ? » L’homme était surpris, il est vrai que la demande était plus qu’inattendue de la part d’un présumé Rouge. « Da me, sei sicuro ? » – « Si, si, prego, vieni con me. » Muntaner le prit par le coude et le poussa doucement vers la porte latérale de l’église. « Ma, non parlo spagnolo… » – « Giusto, ma parla latino. » Une fois dans l’église, il le guida vers le blessé : « Ecco il soldato di cui parlavo. » Puis : « Voilà le prêtre, mon garçon. » Le soldat ouvrit les yeux. Après un bref moment d’hésitation, le religieux s’agenouilla et se pencha vers le blessé. Au moment où Muntaner s’éloignait, le vieux curé leva légèrement la tête : « Grazie, capitano. » – « Prego. » Il fit quelques pas avant de se retourner : « Quel est votre… Como si chiama lei, padre ? » – « Nostromo, capitano, padre Nostromo. » En se dirigeant vers la sortie, il aperçut Vilar en train de s’affairer auprès de nouveaux blessés, ils se saluèrent d’un hochement de tête, l’heure n’était pas aux effusions.
………
« Je te cherchais. Deux chars sont maintenant disponibles, ils sont réparés et en train de terminer leur réapprovisionnement. J’ai examiné la carte, il y a un chemin qui part vers le sud-est puis qui en rejoint un autre, orienté plein est, donc il passe… » – « Il passe derrière les lignes allemandes ! » – « Le premier chemin longe la petite montagne là-bas, il passe du côté opposé aux combats et comme le sommet est à 600 mètres, je ne pense pas que les Allemands l’aient franchi. Ensuite il bifurque, la voie qui part vers l’est passe entre deux collines très rapprochées pour arriver dans la plaine. Là, il y a deux options, passer par Ponte et La Panca pour remonter plein nord et prendre les panzers de flanc, ou bien passer par Ponte et Greti, contourner par le sud une nouvelle colline et de là tomber sur leurs arrières. La boucle complète fait plus ou moins quarante kilomètres, dont les deux tiers dans nos lignes. »
Accoudés sur la carte, ils essayaient d’améliorer leur plan : « Trois Bélier, c’est trop peu pour les prendre de flanc. Je commence à me demander si nous ne ferions pas mieux d’attaquer leurs arrières. Cela les désorganiserait un peu plus. Et là, nous pourrions être couverts par l’aviation, alors que mêlés aux chars allemands, nous risquerions de prendre un mauvais coup par erreur. » – « C’est vrai, mais promets-moi, pas de grandes chevauchées au risque de vous retrouver isolés. Vous apparaissez par surprise, semez un joyeux désordre et retour à la maison. » – « D’accord, allons-voir les deux chefs de char. » – « Avant, il faudrait penser au retour. Là aussi il y aura deux options, revenir par où nous serons arrivés, ou aller au plus court. » – « Pas tout à fait, si tu regardes bien la carte, tu vas voir que tu vas arriver à Strada à la pointe d’un triangle qui a comme base Ugolino et Santo Polo. De là part le dernier chemin vers l’est qui te permettra de rejoindre nos lignes. Plus avant, tu tomberais dans la zone ou tu t’es battu ce matin. »
Muntaner resta silencieux, étudiant la carte. Duran lui posa une main sur l’épaule : « Je dois te dire que nous allons abandonner le village. Dès que les derniers blessés seront évacués, nous nous replierons vers l’est. Cela ne sert à rien de perdre des hommes pour quelques maisons sans intérêt stratégique. »
– Vous auriez pu y penser avant
! grogna le capitaine. Bien, allons-voir qui sont les chanceux.
Les blindés se trouvaient sous un pin parasol, les deux équipages, allongés à l’ombre, attendaient de recevoir les ordres. En s’approchant, les deux officiers purent distinguer les noms inscrits sur le flanc. Ils connaissaient les hommes qui se battaient dans le Belchite et le Madrid. Le sergent Taguena et le lieutenant Modesto avaient connus Muntaner â Marrakech et l’officier avait croisé Duran à Madrid durant l’hiver 1936-1937. A l’époque, le colonel était proche des communistes, le lieutenant l’était toujours. Après un salut militaire, les quatre hommes échangèrent de chaleureux abrazos, heureux de se voir en vie. Ils ne purent s’empêcher de penser que ce comportement était bien peu martial, et en tout cas bien peu hiérarchique !
Du doigt, il suivait une route : « Nous arriverons par la gauche au niveau de ces collines… » De la main, le capitaine indiquait les ondulations du terrain. « D’après les aviateurs, il y a un dépôt protégé par une DCA agressive. Mon idée, c’est de le tourner en arrivant par l’ouest avec le soleil derrière, détruire tout ce qu’on peut et filer par l’est. »
Taguena émit un sifflement et regarda Muntaner dans les yeux : « Tu es conscient que nous pouvons tomber sur une unité de renfort ou sur toute une section antichar – et là je ne donne pas cher de notre peau. » – « Tu as raison, je ne veux pas de combat mais une sorte de razzia, nous détruisons ce que nous pouvons aussi vite que possible et nous partons. » – « J’espère que ça en vaut la peine, car je trouve que c’est risqué, très risqué. »
Ce fut Duran qui prit la parole : « J’ai demandé un soutien spécial des aviateurs, au moindre appel, ils arrivent ! » – « Comme la cavalerie, quoi ! » – « Oui, on m’a même promis de nous envoyer Tom Mix et John Wayne. » La boutade du colonel détendit l’atmosphère. « Bien, vérifiez les munitions, double dotation. Les pleins d’essence et nous partons » – « Attends. »
Taguena doutait toujours de la mission : « Je continue à penser que tout cela est inutilement dangereux, nous risquons de nous retrouver face à des antichars, certains des canons anti-aériens signalés sont peut-être des Pak. A courte distance, nous n’avons aucune chance avec juste notre blindage. » – « Où veux-tu en venir ? » – « Nous pourrions essayer de le renforcer. Il y a une scierie pas loin, j’y ai vu des billes de bois. Nous pourrions les disposer sur les flancs de nos engins, trois de chaque côté, attachés avec des câbles. » Les autres hésitaient. « Cela demanderait peu de temps, le bois est coupé, les dimensions sont bonnes. Il suffirait de les hisser et de les attacher. » Il les regardait tous à tour de rôle, cherchant leur approbation. Modesto parla le premier : « Crois-tu vraiment que cela serait utile ? » – « Nous avons tous vu des arbres frappés par des obus, je pense que ce serait la même chose, l’obus explose au contact, le rondin vole en éclats, mais nous serions ainsi protégés de l’impact. »
Muntaner trancha : « Trente minutes et après, rondins ou pas, nous partons. »
Taguena, soulagé, bondit sur son engin et appela son équipage. Modesto, visiblement étonné par ce qui venait de se passer, le suivit. « Tu as eu raison. » dit Duran. « Je ne sais pas si ce sera efficace, mais au moins comme ça, il est rassuré et tu pourras compter sur lui. » – « C’est aussi ce que je pense. Tu viens jouer au bûcheron avec nous ? » – « Non, je vais voir où en est la situation et contacter les aviateurs. »
Les deux hommes se serrèrent la main : « Suerte, Agustin, et revenez en bon état ! » – « J’y compte bien : nous ouvrirons une bouteille de ce chianti ! »
L’équipage du Guadalajara attendait à l’intérieur, Montalban venait de faire démarrer le moteur. « ¡ Vamos ! » De la tourelle, il vit Duran, immobile, qui les regardait s’éloigner.
Trente minutes plus tard, trois engins bizarres recouverts de billes de bois s’éloignaient vers le sud-est. Les chefs de char dirigeaient la manœuvre le buste à demi-sorti de la tourelle, avec des gestes précis et professionnels. Ils avaient décidé de laisser une cinquantaine de mètres entre chacun d’eux et d’avancer lentement afin de ne pas soulever de nuage de poussière qui pût les trahir.
Un peu plus tard, avant que la colline leur bouche la vue, ils firent une brève halte au sommet d’une éminence boisée pour regarder à la jumelle le champ de bataille. L’espace était recouvert d’acier calciné, des dizaines de chars avaient brûlé ou restaient figés. De loin, ils ressemblaient à des squelettes de monstres venus du fond des âges. Au contraire, d’autres créatures, en perpétuel mouvement, cherchaient une proie à exécuter. Le tableau était saisissant – les épaves, les foyers, la fumée, les explosions ainsi que le bourdonnement permanent des avions, tout cela faisait penser à un enfer où de pauvres damnés étaient condamnés à souffrir. Tous se souvenaient de cette peinture d’El Bosco, baptisée s’appelait de façon ironique Le Jardin des délices et où des êtres monstrueux torturaient de pauvres âmes en peine.
Impressionnés et pensifs, ils se remirent en marche.
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Hendryk



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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 18:10    Sujet du message: Répondre en citant

Casus Frankie a écrit:

Taguena doutait toujours de la mission : « Je continue à penser que tout cela est inutilement dangereux, nous risquons de nous retrouver face à des antichars, certains des canons anti-aériens signalés sont peut-être des Pak. A courte distance, nous n’avons aucune chance avec juste notre blindage. » – « Où veux-tu en venir ? » – « Nous pourrions essayer de le renforcer. Il y a une scierie pas loin, j’y ai vu des billes de bois. Nous pourrions les disposer sur les flancs de nos engins, trois de chaque côté, attachés avec des câbles. » Les autres hésitaient. « Cela demanderait peu de temps, le bois est coupé, les dimensions sont bonnes. Il suffirait de les hisser et de les attacher. » Il les regardait tous à tour de rôle, cherchant leur approbation. Modesto parla le premier : « Crois-tu vraiment que cela serait utile ? » – « Nous avons tous vu des arbres frappés par des obus, je pense que ce serait la même chose, l’obus explose au contact, le rondin vole en éclats, mais nous serions ainsi protégés de l’impact. »

Et ainsi fut inventé le blindage réactif?
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requesens



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MessagePosté le: Ven Juin 14, 2019 18:32    Sujet du message: Répondre en citant

Hendryk a écrit:
[
Et ainsi fut inventé le blindage réactif?

Les allemands avaient le zimmerit, les soviétiques le T34 avec protection matelas et la légion
les rondins.
Il faut s’adapter aux conditions locales!
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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