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1940 - La France continue la guerre
 
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L'Espagne
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 11, 2019 10:50    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Etienne.
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Jeu Avr 11, 2019 14:46    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Les quatre unités historiques de la division avaient été fusionnées en deux unités de marche.


@+
Alain
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Avr 11, 2019 15:38    Sujet du message: Répondre en citant

Merci Capu Rossu.
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Casus Frankie

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Clappique



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MessagePosté le: Jeu Avr 11, 2019 23:30    Sujet du message: Répondre en citant

Le capitaine Diego Triste ? Tiens, tiens .... Il n'aurait pas comme ordonnance un jeune basque dénommé Inigo Balboa, et une maitresse du demi-monde madrilène surnommée La Lebrijana ?

Ouh pardon, il manque une syllabe à son nom ! Dieu que je suis soupçonneux ...
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Si on ne croit à rien, surtout si on ne croit à rien, on est obligé de croire aux qualités du coeur quand on les rencontre, ça va de soi.
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patzekiller



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MessagePosté le: Ven Avr 12, 2019 05:53    Sujet du message: Répondre en citant

ne manque t'il pas à ce récit une histoire de vengeance et un certain Inigo Montoya ? Arrow Laughing
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www.strategikon.info
www.frogofwar.org
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Avr 12, 2019 08:53    Sujet du message: Répondre en citant

Septembre 1948
Après-guerre
Cerbère (Pyrénées Orientales)
– Les quatre hommes regardaient d’un œil gourmand les trois blondes et la brune qui venaient d’arriver. Le soleil faisait naître des reflets dorés sur leurs robes. L’un des hommes avança la main et s’empara de la brune : « Celle-ci est pour moi ! » Son voisin, plus grand, aux cheveux clairs et aux yeux bleus, répondit : « Moi, j’ai toujours aimé les blondes… » Le troisième, plus jeune et mat de peau, se mit à rire : « Moi aussi, depuis Jean Harlow ! ».
Le silence se fit, les bouches impatientes partirent à la découverte de chaque saveur, de temps à autre une langue apparaissait et se promenait sur les lèvres. Les yeux se fermaient de plaisir. Ce fut bref. Après un soupir de satisfaction, le quatrième homme s’exclama : « Ça fait du bien, je crois que je vais en prendre une autre. »
– Déjà ? Attends un peu, nous avons le temps.
– Non, j’ai soif… Garçon, la même chose !

Près de dix ans que les frères Muntaner ne s’étaient pas vus. Comme le monde avait changé en dix ans, comme eux aussi avaient changé ! Le quatrième homme était Salvador Segui, que Ramon avait convié à cette réunion familiale. De Barcelone, ils avaient pris le train qui longeait la côte. La mer resplendissait, quelques petits bateaux de pêche naviguaient à la voile le long des plages désertes. Le train s’arrêtait dans des petites villes où ils ne se passait jamais rien, qui n’avaient jamais vu un étranger depuis la guerre “des Français”, de 1808 à 1813. Cette région que l’on nommait à juste titre la côte sauvage, la Costa Brava, semblait figée ainsi pour l’éternité.
Ils étaient descendus, comme tout le monde, à la gare internationale de Port Bou – l’écartement des voies des chemins de fer espagnols était toujours différent de celui des pays européens et les voyageurs devaient changer de train. Ils avaient passé la frontière sous l’œil inquisiteur de la Guardia Civil et le regard non moins soupçonneux des gendarmes français. Non, ils n’avaient rien á déclarer, non ils n’avaient pas de bagages, ils venaient juste passer la journée en France voir de la famille, et oui ils rentraient le soir même. Un autobus faisait la navette entre la frontière et la petite ville de Cerbère. Le voyage fut bref.
Les retrouvailles furent toutes en retenue, pas de cris, pas de larmes, une joie d’hommes qui en ont vu beaucoup et ont beaucoup souffert.
Avec le deuxième service de bières, ils commencèrent à raconter leurs vies passées, des histoires contées avec pudeur où l’extraordinaire paraissait ordinaire. Les aînés posèrent de nombreuses questions sur leur père, leurs sœurs, les amis… Bien trop d’entre eux avaient disparu… Mais pas Federico Escofet, dont les mésaventures déclenchèrent un gigantesque fou-rire – « Donc il a deux femmes depuis bientôt dix ans ?! » – « Déjà qu’une c’est beaucoup ! »
Puis Luis raconta la misère qui était la leur au début des années 40, la santé défaillante du père, le tabac, le dur labeur de leurs sœurs et la décision qui avait été la sienne.
– Je me suis engagé dans la Division Azul et je suis parti sur le front russe.
Un silence lourd s’installa autour de la place, les traits des deux aînés se figèrent. L’un serra les dents, l’autre, très pâle, articula : « Comment as-tu pu ? »
– Nous avions faim. Pour que notre père puisse se soigner et que nos sœurs et lui puissent manger à leur faim, c’était la seule solution. Enfin… La seule acceptable.
– C’était à ce point ?
dit Marcel.
– Pire, intervint Salvador.
– Alors… Je comprends, dit Agusti, l’aîné des trois.
La tension retomba d’un coup.
– Il paraît que c’était… dur ? demanda Marcel.
Ramon raconta longuement le froid, l’hiver, l’Ukraine, le commandant Monasterio, ce fou de guerre…
Marcel et Salvador sursautèrent : « Comment as-tu dit ? Monasterio ? Que sais-tu de lui ? »
– Peu de choses, officier de carrière dans les troupes indigènes, famille de militaires, frère officier tué dans la sierra près de Madrid en 36 et père colonel, tué devant la Cité universitaire durant l’hiver 36-37.

D’abord, ils ne répondirent pas. Puis Salvador : « Ramon, je crois que ton frère et toi avez exterminé tous les Monasterio mâles… »
Ils lui racontèrent l`épisode de la sierra et le tir de la Cité universitaire. Tous restèrent silencieux. Finalement Salvador leva son verre : « A la justice… » Il n’en dit pas plus. Un athée convaincu comme lui ne pouvait tout de même pas boire à la justice divine !
Ramon reprit son récit, évoqua son amitié avec un officier ancien séminariste, un paysan navarrais dévot et le fils rebelle d’un aristocrate. Il évita de parler des Russes, des batailles et des morts. Ses frères restèrent silencieux, ils comprenaient à demi-mots ce qu’avait vécu leur cadet et respectèrent ses non-dits.
– Et depuis ton retour, qu’as-tu fait ?
– Je pense que je vais de nouveau vous surprendre !

A son retour à Barcelone, “Luis Reyes” avait rendu visite à son oncle phalangiste. Celui-ci pleura à chaudes larmes devant la Croix de Fer et les galons qui honoraient maintenant le nom de son fils et embrassa chaudement Ramon Muntaner pour l’honneur fait à sa famille. Ramon lui rendit les documents d’identité dont il avait fait usage pour s’enrôler. Quelques mois plus tard, les parents éplorés informèrent la police de la disparition inexpliquée de leur héros de fils, Luis Reyes. Celui-ci finit par être déclaré mort, probablement victime d’un accident, ou d’un mauvais coup d’un Républicain rancunier…
Par contre, le jeune Ramon Muntaner revint après une longue et mystérieuse absence au domicile familial de la Calle Valencia. La santé de son père s’était encore dégradée, malgré les nouveaux médicaments sa fin était proche. Toutefois, la double solde avait permis d’améliorer l’ordinaire durant son absence, sa sœur couturière avait pu acheter une machine à coudre et l’aînée était maintenant inscrite dans une école privée d’infirmières.
La question de l’avenir de Ramon se trouva momentanément réglée quand il reçut un courrier officiel l’appelant sous les drapeaux pour une période de deux ans. Issu d’une famille politiquement marquée, il savait que ces 24 mois allaient être désagréables : corvées, insultes et service à l’autre bout du pays. Il prit donc une nouvelle décision, presque aussi radicale que celle qui l’avait mené sur le front russe : s’engager pour cinq ans dans la Légion espagnole. En excellente forme physique, il n’eut aucun problème pour être accepté. De mémoire d’instructeur, on n’avait jamais vu une jeune recrue aussi douée pour le tir et le combat, il savait tout faire ! Il mémorisa dès le premier jour les grades et les règlements militaires – ses camarades ébahis lui manifestaient le plus grand respect. Il fut rapidement promu caporal et au terme de son engagement il était… sergent. Durant son temps, qu’il passa au Maroc et au Sahara occidental, il ne tira jamais sur un homme, utilisa encore moins sa baïonnette et pas une seule fois ne cria « ¡ Viva la muerte ! ».
Aujourd’hui, il avait 23 ans, quelques économies, un passé militaire qui plaidait pour lui aux yeux des tenants du régime et il… “fréquentait” une blonde platinée (catalane, mais blonde platinée). Cette relation se développait sous le regard bienveillant de Salvador. Lui ne portait plus de Star 6,35 à même la peau. Il était désormais père de famille et sentait que plus personne ne viendrait le chercher. Quelques contacts avec des camarades le maintenaient au courant de la situation politique. Les Républicains étaient toujours aussi divisés, des divisions qui existaient maintenant aussi entre exilés et militants de l’intérieur, c’était désespérant !
ICI, DEUX LIGNES COUPEES POUR NE PAS SPOILER LE DESTIN DE L'ESPAGNE, AUQUEL TRAVAILLE TYLER AVEC L'AIDE DE REQUESENS.

– Et vous deux ? Racontez-nous, maintenant, ce que vous avez fait durant toutes ces années. Salvador n’a pu me dire que le tout début de l’histoire…
Les deux aînés se regardèrent.
– De 36 à 39… La guerre, commença Agusti. Je veux dire, la nôtre, à tous les Espagnols. Vous savez que je pilotais un char, enfin au début un camion blindé – un engin bon pour le moral des miliciens, rien de plus, j’en revois encore certains, bariolés en rouge et noir et ornés de slogans révolutionnaires, qui se promenaient derrière les lignes. Après on m’a donné un vieux char de l’armée, un Renault de 1918 qui perdait des boulons, puis au bout de quelques mois j’ai eu droit à un T-26 russe. Là c’était autre chose, une excellente machine, si seulement nous en avions eu plus, les choses auraient pu être différentes. Avec lui je me suis battu à Brunete, Guadalajara et Teruel. Nous avons mis une raclée aux fascistes lors de leur attaque de la ligne XYZ près de Valence. Quand tout a été fini, j’ai pu embarquer sur un des derniers cargos qui partait vers l’Algérie. Là-bas, je me suis retrouvé interné dans un camp, comme ceux du sud de la France, jusqu’en juin 40. Alors…
– Attends, s’il te plaît.
Ramon se tourna vers Marcel : « Et toi, comment as-tu pu partir ? »
– L’histoire est assez simple. Après Madrid avec Salvador, j’ai rejoint une division de la nouvelle armée régulière, j’étais moi aussi à Teruel, comme tireur d’élite, et aussi sur l’Èbre, nous avons beaucoup souffert. Après, nous avons pris de plein fouet l’offensive fasciste en Catalogne et ça n’a plus été qu’une série de retraites avant de finalement passer la frontière sous la neige et d’être internés sur la plage.
Dans le camp, les gendarmes nous ont dit que si un Français répondait de nous, nous pouvions être libérés. Mon colonel avait de la famille en France, il m’aimait bien, nous sommes sortis de cette façon. J’ai travaillé dans une exploitation forestière jusqu’en juin et là… tout a changé, si nous nous engagions dans la Légion, nous devenions citoyens français et surtout nous pouvions recommencer à nous battre. Je n’ai pas hésité ! Non par amour de la France, qui nous avait lâchés en 1936, qui avait empêché les armes russes de traverser son territoire, qui nous avait livré au compte-gouttes des avions dépassés et qui avait fini par envoyer Pétain comme ambassadeur à Burgos. Mais je voulais faire payer aux Allemands le mal qu’ils nous avaient fait. Le sang appelle le sang.
En juin 40, tout le pays était plongé dans le désordre, nous savions nous battre et ils avaient tellement besoin de nous face aux Nazis que personne n’a trouvé le temps de nous donner un uniforme complet. Je me croyais revenu en 36 avec les miliciens ! Bref, je me suis retrouvé avec un casque comme celui que j’avais en Espagne, une vareuse, des cartouchières et un fusil, un Mas 36. Une très bonne arme. Pour le reste, j’avais gardé mes vêtements de travail.
Quelques officiers sont venus, soi-disant pour nous encadrer. Les pauvres ! Il y avait un gamin qui sortait de l’école, des réservistes qui avaient visiblement envie d’être ailleurs et un commandant qui avait fait l’autre guerre. Rapidement, nous leur avons expliqué qu’il valait mieux qu’ils nous laissent faire, que c’était dangereux et qu’ils allaient nous faire tuer. Ils n’étaient pas d’accord : le règlement, les traditions, les valeurs et puis l’Armée française ce n’était pas l’Armée Rouge, les mots qui fâchent. Heureusement, le commandant a calmé tout le monde, c’était un homme intelligent. Nous pouvions décider de notre tactique et de nos manœuvres, mais en présence d’un officier de liaison par compagnie. Nous, on appelait ça un commissaire politique ! Vous auriez dû voir la tête des autres.
Et ça a marché autant que ça pouvait marcher, sans artillerie, sans chars et sans aviation. Nous tendions des embuscades, nous attaquions quand les Boches occupaient un village et quand leurs renforts arrivaient nous partions après avoir fait sauter la route. Nous étions des spécialistes de la petite guerre.
Un jour, dans un village du Roussillon, nous nous sommes retrouvés avec d’autres Espagnols, surtout des femmes et enfants ! Notre “commissaire politique” s’était fait tuer la veille, c’était un signe, et nous avons décidé de rester pour les protéger. On avait besoin de camions pour partir vers la côte et la liberté. Un peu plus tard s’est présenté un petit convoi de prisonniers commandé par un jeune lieutenant. La chance nous souriait. Mais les prisonniers, c’était des aviateurs, on ne pouvait pas les laisser filer, vous comprenez. Alors…

Il se tut et resta silencieux un instant en se mordant les lèvres. Les autres respectèrent son silence. Puis…
– On a quand même essayé de trouver un prêtre, mais il n’y avait plus personne dans l’église du village. Alors un gars a eu une idée incroyable, il a revêtu une chasuble et une étole trouvées dans l’église et leur a donné l’absolution. Il avait été enfant de chœur !
Un frisson parcourut Ramon, il se souvint de l’histoire d’Escriva bénissant les condamnés…
– Bref. Les camions sont partis avec les familles, le colonel m’a ordonné de partir, à moi et à la plupart des autres. Ordonné ! Par trois fois. La troisième fois, j’ai dû accepter, j’avais appris à conduire et on manquait de conducteurs pour les camions, parce que le lieutenant français était resté avec tous ses hommes. Ils devaient beaucoup l’aimer, il leur avait donné le choix…
Bon, le colonel est resté avec deux compagnies et les Français, on a su qu’ils avaient tenu deux jours.
De notre côté, nous avons pu rejoindre ce qui restait des lignes françaises, avec l’aide d’un journaliste américain qui conduisait un autre camion. Je me demande ce qu’il est devenu… Bref… On a embarqué à Agde, on a pu rejoindre l’Afrique…
– Et après ?
– Nous te le raconterons en mangeant…



Post-face
L’aventure de Luis/Ramon est vraie, presque rien n’est inventé sinon les péripéties ukrainiennes, qui font bien sûr partie de notre histoire alternative. La Barcelone de 1942 est marquée par les absents, morts, exilés, emprisonnés, la peur et la faim. Les salaires et les prix dont je parle sont exacts ainsi que le texte de la Vanguardia (qui date en réalité de 1941). L’image des enfants et des femmes vendant dans les rues du mauvais tabac à rouler est omniprésente durant ces années. Les femmes et les mineurs percevaient la moitié du salaire d’un homme majeur.
Luis-Ramon (ce n’est bien sûr pas son nom) était le frère cadet de mon père – mon oncle, donc. Alors que ses aînés avaient passé la frontière, lui survivait Calle Valencia avec mon grand-père ébéniste et mes deux tantes. Ma grand-mère et le dernier de mes oncles étaient morts durant la guerre. Luis-Ramon emprunta les papiers d’un cousin et s’enrôla dans la Division Azul. Après avoir fait son temps sur l’Ostfront, il s’engagea dans la Légion Espagnole.
Salvador Segui était le nom d’un syndicaliste abattu par un pistolero du patronat. Son personnage dans le récit a vraiment existé, il était, comme je l’ai décrit, un tueur de la FAI de type physique plus britannique qu’hispanique. Il attendit ses bourreaux qui ne vinrent jamais. Il raconta au garçonnet fasciné que j’étais les meilleures façons d’abattre un homme.
Ma relation des combats du 19 juillet 1936 à Barcelone est conforme dans les grandes lignes à la réalité. Le colonel de la Garde Civile qui descend seul vers le port s’appelait Escobar. Lui et son supérieur, le général Aranguren, furent fusillés par les franquistes. A propos d’Aranguren, Franco avait précisé : « A fusiller même sur un brancard ». Les deux hommes se connaissaient…
L’armement de l’armée républicaine fut toujours déficient en quantité et en qualité, c’est un fait bien connu.
Au registre des horreurs, l’histoire du responsable anarchiste qui vend des sauf-conduits à des personnes souhaitant quitter la zone républicaine avant de les assassiner et de brûler les corps est vraie. De même que la torture de l’évêque et l’exécution de soixante religieux à Barbastre, tout comme le fait que les troupes maures de Franco torturaient et mutilaient leurs prisonniers avant de les exécuter.
L’anecdote des miliciennes jetées en pâture à des soldats coloniaux est vraie, elle fut rapportée par un journaliste américain. Même chose pour le tatouage « Balle arrête toi » qui, comme dans mon récit, ne fut pas efficace.
L’histoire de la femme russe qui se prostitue pour la quantité de pain qu’elle peut manger pendant le rapport est tiré des Récits de la Kolyma de Varlam Chalamov.
Je ne reviendrai pas sur le discours de Unamuno à Burgos : « Vous vaincrez mais vous ne convaincrez pas » et la réponse de Milans d’Astray : « Mort à l’intelligence, mort aux intellectuels, vive la mort ! ». Je continue à me demander pourquoi Unamuno, Basque et grand penseur, se rangea au côté des franquistes.
………
Enfin, j’ai vu au milieu des années 70 une vache laitière près des Puces de Barcelone, au rez-de-chaussée d’une maison. Le petit garçon que j’étais trouva que c’était une bonne idée d’avoir une vache blanche et noire en pleine ville !

Requesens


Dernière édition par Casus Frankie le Ven Avr 12, 2019 10:27; édité 2 fois
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houps



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MessagePosté le: Ven Avr 12, 2019 09:21    Sujet du message: Répondre en citant

Hé bé...
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Timeo danaos et dona ferentes.
Quand un PDG fait naufrage, on peut crier "La grosse légume s'échoue".
Une presbyte a mauvaise vue, pas forcément mauvaise vie.
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Ven Avr 12, 2019 09:29    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Le train s’arrêtait dans des petites villes où il ne se passait jamais rien, qui n’avaient jamais vu un étranger depuis la guerre “des Français”, de 1808 à 1813.


@+
Alain
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requesens



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MessagePosté le: Ven Avr 12, 2019 10:52    Sujet du message: Répondre en citant

Dans la partie "petit musée des horreurs", j'ai oublié de dire que l'histoire du marquis, père d'Alejandro, qui fusille cinq journaliers est inspirée d’une action de Gonzalo de Aguilera Munro, 11º Comte de Alba de Yeltes.
Il se serait vanté (plus tard il démentira) d’avoir abattu six journaliers afin de donner une leçon aux autres. Vrai ou faux, pour vous faire une idée du personnage j’ajoute quelques unes de ses déclarations.

"Les masses de ce pays…sont des esclaves. Elles ne servent à rien, si ce n’est à être des esclaves... S’il n’y avait pas d’égouts à Madrid, Barcelone ou Bilbao, tous ces leaders rouges seraient morts enfants. Quand la guerre se terminera, nous détruirons les égouts. Les égouts sont une luxe qui doit être réservé à ceux qui le méritent et non pas à un troupeau d’esclaves".
“Nous devons tuer, tuer…notre programme consiste à exterminer un tiers de la population masculine d’Espagne. »
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- Oui, je connais cette théorie, oui."
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Tahitian Warrior



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 05:31    Sujet du message: Répondre en citant

Diéé, requesens, sacré plongée en enfer (et en apnée s'il vous plaît) que tu nous as offert ici...
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« Il faut écouter beaucoup et parler peu, pour bien agir au gouvernement d'un État. » Armand Jean du Plessis de Richelieu
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requesens



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Messages: 1641

MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 13:19    Sujet du message: Répondre en citant

Tahitian Warrior a écrit:
Diéé, requesens, sacré plongée en enfer (et en apnée s'il vous plaît) que tu nous as offert ici...


Merci Wink

Pour ceux que la partie " musée des horreurs" intéresse je recommande la lecture de "l'holocauste espagnol" de Paul Preston.

Cela me permet d'ajouter quelques lignes sur l'influence du franquisme dans la société espagnole actuelle. Passons sur les noms des rues, rue Yague jusqu'en ...2017 et División Azul à Madrid (la justice à annulé le changement de nom souhaité par la municipalité). Sans parler des quelques villages qui se dénomme …...du Caudillo tel que Llanos del Caudillo et encore plus incroyable San Leonardo de Yague (encore lui!) et les multiples "morts pour Dieu et pour l'Espagne" apposés sur les façades. Remplacez Caudillo par Pétain et Yague par Darnand, vous imaginez le scandale en France ?

L'Espagne est le second pays au monde avec le plus de fosses communes après le Cambodge. En 2007 les socialistes votèrent une loi sur la "Mémoire historique “que le Parti Populaire une fois revenu au pouvoir a vidé de sa substance en ne lui accordant pas un euro de budget. Les exhumations qui continuent aujourd'hui sont financées essentiellement grâce au don d'un syndicat norvégien!

Tout cela peut s'expliquer par l’absence de mémoire. Le retour de la démocratie s'est accompagné d'une loi d'amnistie. Les choses sont restées en l'état, il y a encore des vainqueurs et des vaincus. Par exemple, les condamnations prononcées par les tribunaux militaires franquistes sont toujours valables, elles n'ont jamais abrogées.
Deux dernières choses. Un travail d'historien honnête et neutre est encore difficile à faire, peut-être est-ce pour cela que les grands travaux sur la guerre civile sont le fait d'étrangers (Hugh Thomas, Paul Preston), celui-ci a d'ailleurs a été critiqué pour ses travaux de "l'holocauste espagnol". Un autre historien anglais publia un livre voici une dizaine d'années sur les armes russes. En révisant les archives maritimes il arriva à la conclusion que les livraisons avaient été bien inférieures aux chiffres officiels. Il reçu une volée de bois vert de deux espagnols qui eux basaient leurs travaux sur le décompte officiel réalisé par les franquistes dans l'après-guerre ! Le problème de la fiabilité des sources.
Terminons sur un sourire : D. savez-vous pourquoi les espagnols sont les seuls européens à déjeuner et diner aussi tard ? Non, perdu ce n'est pas le climat. Dans l'après guerre, se généralisa la double journée de travail: un emploi le matin pratiquement sans coupure et un autre l'après-midi Évidement le déjeuner a été repoussé vers 14-15 heures et le diner d'autant.
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Archibald



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 15:05    Sujet du message: Répondre en citant

Mais comme je le disait en amont, ils ont quand même éjecté le Caudillo de son tombeau géant vers une tombe anonyme. Comme quoi y a une évolution.

Citation:
Un travail d'historien honnête et neutre est encore difficile à faire, peut-être est-ce pour cela que les grands travaux sur la guerre civile sont le fait d'étrangers (Hugh Thomas, Paul Preston)


La France ne valait guère mieux sur Vichy, avant que Robert Paxton ne foute un grand coup de pied dans la fourmilière...
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requesens



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 16:01    Sujet du message: Répondre en citant

Archibald a écrit:
Mais comme je le disait en amont, ils ont quand même éjecté le Caudillo de son tombeau géant vers une tombe anonyme. Comme quoi y a une évolution.


Citation:
Un travail d'historien honnête et neutre est encore difficile à faire, peut-être est-ce pour cela que les grands travaux sur la guerre civile sont le fait d'étrangers (Hugh Thomas, Paul Preston)


La France ne valait guère mieux sur Vichy, avant que Robert Paxton ne foute un grand coup de pied dans la fourmilière...


Mais non, il y est toujours!. Les benedictins du "Valle de los caídos", la fondation "Francisco Franco" (et oui cela existe, imaginons en Allemagne, une fondation Adolf Hitler ou Heinrich Himmler ) et la famille s'y opposent. Ils ont déposé des recours en justice qui sont suspensifs..

De plus, la dépouille bouge encore avec l'entrée certaine de l'extrème droite au parlement.

Je pensáis à Paxton et á Vichy en écrivant le post ce demain. L'énorme différence est qu'en France presque personne ne defends la mémoire de Laval, Pétain et autres. En Espagne, il y a encore des vainqueurs et des vaincus et chacun à son histoire.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 18:40    Sujet du message: Répondre en citant

Et un toast pour Requesens, qui va me ravir le titre du plus grand conteur d'horreurs sur le forum ! Wink
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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requesens



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MessagePosté le: Sam Avr 13, 2019 18:56    Sujet du message: Répondre en citant

demolitiondan a écrit:
Et un toast pour Requesens, qui va me ravir le titre du plus grand conteur d'horreurs sur le forum ! Wink


Merci, merci Je m'incline devant votre grandeur
Venant d'un specialiste tel que toi cela me fait chaud au coeur…

PS : le toast avec quelle boisson ?
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