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de La Roque : arrestation et conséquences
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Ven Juil 03, 2009 08:22    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent! La grande évasion commence. Et cette séquence à de faux airs de "Fort Alamo" et "Les 12 salopards".
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"La véritable obscénité ne réside pas dans les mots crus et la pornographie, mais dans la façon dont la société, les institutions, la bonne moralité masquent leur violence coercitive sous des dehors de fausse vertu" .Lenny Bruce.
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dak69



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MessagePosté le: Ven Juil 03, 2009 08:36    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour

Citation:
Les prisonniers parviennent à s’emparer du local radio et à signaler aux hommes déployés à l’extérieur que la révolte a commencé.


Un petit problème avec cette phrase : il est peu probable que la prison soit équipée (en 1943) d'un émetteur-récepteur radio. Si elle l'est, c'est au mieux pour des communications en Morse, et, même si un des prisonniers savait faire marcher l'installation et à communiquer en Morse, il faudrait encore de plus que les libérateurs soient sur la bonne fréquence. De plus, le risque d'interception de la communication est élevé, d'où une réaction rapide possible du camp d'en face. Sans oublier que si la prison a un émetteur, il sera utilisé en premier par les gardiens ou l'administration lavaliste pour appeler à l'aide !

Je proposerais plutôt :

"Les prisonniers parviennent à s'emparer du standard téléphonique de la prison, et, comme convenu, signalent à la mairie de Villeneuve où sont restés quelques paras que la révolte a commencé. L'information remonte immédiatement à Bigeard par radio (S-Phone), une grande première dans ce type d'opérations"

Bien amicalement
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Ven Juil 03, 2009 09:39    Sujet du message: Répondre en citant

Je savais, en postant :
1) que cette histoire de radio poserait problème Confused
2) que le problème serait résolu par les Gentils FTL-istes. Very Happy
Je suis content d'avoir eu raison et (surtout) de ne pas m'être fait de souci !
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Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Dim Juil 05, 2009 21:09    Sujet du message: La Prison d'Eysses, par Tyler, suite Répondre en citant

La suite... Pour observation, appréciations et corrections si besoin !

02h00 – Prison d’Eysses
Depuis une demi-heure environ, la prison est pratiquement sous le contrôle des assaillants. Quelques patrouilles de maquisards, guidés par des prisonniers, arpentent les couloirs pour piéger les derniers gardiens qui ne se seraient pas rendus. Le personnel de la prison compte une centaine de morts (il semble que les blessés aient été achevés dans la sauvagerie de ces combats fratricides – presque tous les combattants sont Français). Les paras ont perdu dix hommes et les maquisards trente et un (morts et blessés graves, dont bien peu survivront). Quant aux prisonniers, le chiffre de leurs pertes est imprécis – sans doute deux cent cinquante morts et blessés graves pour le moins.
Dans une ambiance chaotique, Bigeard lui-même fait l’appel des hommes dont les noms figurent sur une trop courte liste.
Dans l’ordre alphabétique :
– Jean Borotra, ancien ministre “infiltré” dans le gouvernement Laval, témoin des turpitudes de celui-ci… et personnalité très populaire : pour tous les Français, c’est le “Basque Bondissant” des succès en Coupe Davis.
– Arthur Dalidet, chef du service des cadres du PCF, dénoncé et arrêté en même temps que Marie-Claude Vaillant-Couturier, qui, elle, a été livré aux Allemands.
– Amédée Dunois, militant SFIO et résistant de la première heure.
– Auguste Havez, ancien dirigeant du PCF clandestin en Bretagne, puis dirigeant du Secours Populaire Français, il s’est opposé avec virulence à la politique de semi-légalisation menée par le PC en octobre 1940 ; au mot d’ordre « Thorez au pouvoir », il a répondu dans un rapport « Que Maurice me pardonne, mais s’il doit prendre le pouvoir dans ces conditions, ce ne peut être que comme gauleiter. »
– François de La Rocque, officiellement “invité” en tant que fondateur du réseau Klan et non comme chef du PSF…
– Jean-Baptiste Lebas, député socialiste du Nord, ministre du Travail de Léon Blum, piégé en France en 1940, créateur du réseau de Résistance L’Homme Libre.
– Georges Valois, ancien numéro trois de l’Action française, fondateur du mouvement fasciste Le Faisceau, mais énergiquement Résistant…
Le capitaine emmène les six privilégiés ainsi que des blessés graves dans un camion estampillé “Administration Pénitentiaire” jusqu’à la ZA du lac de Moulinet.
Pendant ce temps, les prisonniers libérés quittent Villeneuve à pied et commencent à s’organiser. Mais les maquisards ne peuvent que constater que les véhicules qui devaient faciliter la fuite générale ne sont pas tous au rendez-vous – il est évidemment arrivé quelque chose à “Benoît” et “Pascal”. Quelques heurts opposent des prisonniers de différentes tendances. Les chefs de la 1ère compagnie du Corps Franc Pommiès décident alors de réquisitionner tous les véhicules de Villeneuve. Cela ne fait pas beaucoup, mais c’est mieux que rien…

02h10 – Pujols
A l’entrée de la petite localité, les 25 hommes de la section A, armés de quatre bazookas, deux mitrailleuses et un canon sans recul, arrêtent net les premiers éléments du bataillon Diekmann, qui arrive d’Agen.

02h30 – Saint-Sylvestre
Annoncés par de grands bruits de chenilles, les chars de von Reitzenstein se présentent à l’entrée du village. La section E, aidée par les artificiers qui ont fait sauter le pont, leur a réservé un accueil digne des vétérans du Front de l’Est. Les premiers éléments de la colonne allemande ont à peine le temps d’apercevoir un barrage de troncs d’arbre renforcé par un vieux tracteur qu’un bazooka brise net l’élan de l’automitrailleuse qui ouvre la voie, tandis que le canon sans recul des paras foudroie le premier Panzer III. Dans une grande confusion, les blindés suivants s’arrêtent, reculent, tentent de se déployer…

02h40 – ZA du lac de Moulinet
Un Hudson peint en noir vient de se poser, non sans mal, sur l’ersatz de piste d’atterrissage. Alors que Bigeard s’apprête à faire embarquer son monde, des explosions retentissent 3 km plus au sud, du côté de Saint-Sylvestre. Une fusée rouge s’élève dans le ciel sombre : la section E affronte des Panzers.
– Nous sommes dans la merde, mais ce n’est pas une raison pour la remuer, maugrée Bigeard, qui vient de discuter avec le pilote du Hudson. Allez, en route tout le monde ! Embarquez !
– Mais, et mes hommes ? demande un De la Rocque interloqué.
– Et nos camarades ? proteste Dalidet.
– Messieurs, tout les petits gars qui sont morts cette nuit se sont fait buter pour que vos fesses soyeuses puissent se poser sans dégâts à Alger. Et figurez-vous que le pilote vient de me dire que si on embarque une épingle en plus de vous six, il a toutes les chances de percuter le sol de notre mère patrie au décollage. Alors, s’il vous plaît, pas d’histoire et montez dans ce coucou ! Ou bien je mâche le travail des Boches ! gueule Bigeard.
Ce qui n’impressionne pas le communiste, et encore moins De la Rocque.
– Enfin, reprend le colonel, il m’a semblé apercevoir Legendre. Il y a aussi Pébelier. Il s’est fourvoyé, certes, mais…
– Mon colonel, intervient un prisonnier en armes, je vous promets que je m’occuperai personnellement de Pébelier. Vous avez ma parole ! Je ne rentrerai à Alger qu’avec Pébelier !
– Ah, Morland, mon petit… Merci ! s’exclame le colonel, ému. Je compte sur vous ! crie-t-il en guise d’adieu en montant dans l’avion.
Pendant ce temps, un autre prisonnier pousse Dalidet et Havez vers l’avion : « Partez, camarades ! Je sais que vous préféreriez rester, mais c’est pour le Parti ! » Les autres suivent.
Alors que les explosions et les tirs se font plus intenses vers Saint Sylvestre et qu’on perçoit d’autres tirs, plus loin au sud, le Hudson décolle péniblement, à la lumière de la lune et des phares de quelques voitures.
Bigeard suit l’avion des yeux, soupire de soulagement et réarme sa Thompson en murmurant : « Et dire que c’était la partie la plus simple… » Il se tourne vers les prisonniers qui viennent de le tirer d’embarras : « Dis donc, gamin, lance-t-il à “Morland”, tu t’es collé dans une sacrée béchamel avec la promesse que t’as faite à la vieille baderne. Tu sais au moins où le trouver ce… Pébelier ? »
– Aucune idée mon capitaine ! Si je savais au moins à quoi il peut ressembler…
Bigeard explose de rire.
– Et bien toi, mon p’tit gars, on peut dire que t’es sacrément gonflé ! C’est quoi ton nom, Morland, c’est ça ?
– Pas vraiment, mon capitaine. C’est Mitterrand, François Mitterrand, sergent-chef au 23e d’infanterie coloniale !
– Et toi, le coco, on t’appelle comment ? demande Bigeard à l’autre prisonnier.
– Moi c’est Fabien, Colonel Fabien, Parti Communiste Français ! déclare Pierre Georges, provocateur.
– Eh bien, sergent-chef Mitterrand et Colonel Fabien, vous avez gagné le droit de nous suivre, moi et mes p’tits gars. Mais ça va pas être du gâteau. On a un sacré foutoir sur les bras, répond Bigeard d’un air amusé en désignant du canon de sa Thompson les flammes qui commencent à embraser les rives du Lot…
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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Dim Juil 05, 2009 21:43    Sujet du message: Répondre en citant

Décidement, ce récit tient toutes ses promesses! De l'action, de l'humour, des drames et même du suspense Applause .
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dak69



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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 07:41    Sujet du message: Répondre en citant

Au fait,le Hudson est-il venu à vide (ce qui à mon sens me semblerait stupide) ou a-t-il amené du matériel pour le maquis local ou Bigeard ?

Bien amicalement
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Fantasque



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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 08:40    Sujet du message: Répondre en citant

J'opterai pour du matériel, qui s'est perdu à l'atterrissage des paras. Canons sans recul ou munitions.

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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 19:45    Sujet du message: ça se gâte... et pire, bien pire. Répondre en citant

J'ai bien noté le chargement du Hudson.
Voici la suite.
Je suis plus intervenu dans cet épisode que dans les précédents, avec (bien sûr) le plein accord de Tyler.
Comme précédemment, nous attendons vos impressions.



03h20 – Pujols
Sous le couvert de la nuit qui masque ses faibles effectifs, la section A a causé de lourdes pertes au bataillon Diekmann. Mais celui-ci a fini par se déployer et les munitions manquent. Les parachutistes survivants décrochent, pendant que Diekmann, très inquiet, réclame des renforts à Agen.

03h40 – Saint-Sylvestre
Comme à Pujols, la lutte est acharnée. Le canon français a démoli un deuxième Panzer III et les blindés allemands, ne pouvant employer le pont dynamité, sont très gênés pour manœuvrer, d’autant qu’ils manquent d’infanterie, mais l’issue de l’affrontement semble inéluctable… Une quinzaine de paras sont tombés, morts ou blessés, le canon a été éliminé et les survivants de la section E vont être écrasés quand le char de tête est détruit au bazooka d’un tir à bout portant par un para qui l’a pris à revers ! C’est Bigeard, à la tête du gros de la section B, renforcée de maquisards et de quelques prisonniers libérés – en tout une quarantaine d’hommes avec quatre bazookas, descendus de Moulinet sous le couvert de l’obscurité. Le temps de détruire un autre Panzer III et tout le monde bat en retraite à toutes jambes vers Villeneuve, laissant les hommes de von Reitzenstein, furieux, perdre un temps précieux à déblayer la route…

04h00 – Villeneuve
Dans la petite ville, la situation devient ingérable. Alors que les sections C et D des paras et la section 2 du CFP tentent de trier les prisonniers libérés, de les armer ou de les évacuer, la section 1 du CFP, qui tente de maintenir l’ordre, est débordée. En effet, l’euphorie a cédé la place à la panique quand les habitants ont compris que des Allemands arrivaient du sud et de l’est. Plusieurs centaines de personnes ont décidé de prendre la fuite. Cela simplifie au moins la tâche d’une équipe de maquisards spécialement chargés de réquisitionner des vêtements civils pour les prisonniers libérés et qui n’ont qu’à se servir dans des maisons désertées !
Dans l’enceinte de la prison, un nouveau problème se présente aux libérateurs : les prisonniers de droits communs, pour lesquels aucune consigne a été donné par Alger, exigent d’être relâchés au nom de la lutte contre l’ennemi ! Heureusement, l’organisation mise en place depuis plusieurs mois par les prisonniers permet de maîtriser les pires désordres et les “droits communs” sont priés d’aller se faire voir où ils voudront (mais sans armes…). Il reste environ 850 “politiques” valides. Après avoir distribué les armes supplémentaires apportées par les maquisards et raclé le fond des caches d’armes des prisonniers et des armureries de la prison et de la mairie, environ 500 sont armés, en donnant la préférence aux plus jeunes et à ceux qui possèdent la plus grande expérience militaire. Les autres s’enfuient immédiatement, se dispersant à pied ou par les quelques moyens de transport disponibles vers des positions de regroupement indiquées par les responsables du Corps Francs Pommiès et, quand tout va bien, guidés par des détachements de la section 1.

04h15 – Villeneuve
Les restes de la section A (10 hommes) arrivent de Pujols et ceux de la section E, accompagnés par les hommes conduits par Bigeard, arrivent de Saint-Sylvestre. Bigeard dispose à ce moment d’une section de maquisards, réduite à une cinquantaine d’hommes, d’une petite centaine de parachutistes… et de cinq cents prisonniers plus ou moins armés. Pour toutes armes “lourdes”, il lui reste trois canons sans recul, sept ou huit mitrailleuses et une douzaine de bazookas, le tout manquant quelque peu de munitions. Il lui faut pourtant ralentir l’ennemi au maximum, pour donner leurs chances aux fuyards.
Le jeune capitaine réorganise ses forces en quatre groupes mixtes d’environ 150 hommes chacun, autour des sections de paras : la compagnie A (ou A-E) garde les approches sud de Villeneuve, avec le Lot comme position de repli, et la compagnie B se poste à l’entrée est de la petite cité. La compagnie C va tenter une manœuvre pour prendre de flanc la progression des Panzers arrivant de l’est de Villeneuve et la compagnie D reste en réserve dans la ville même, avec pour mission de contrôler la fuite de la population et de trouver des véhicules.
Une partie des habitants se sont enfuis dans la campagne environnante, quelques-uns se sont joints aux combattants, les autres se sont réfugiés dans les caves.

04h40 – Villeneuve
Les forces du Panzer Regiment Das Reich abordent l’entrée est de Villeneuve. Elles ont été retardées, von Reitzenstein craignant des embuscades ou des mines et ayant surtout attendu l’arrivée d’éléments d’infanterie et de quelques canons automoteurs. Ces troupes font un véritable massacre, les Allemands, échaudés à Saint-Sylvestre, commençant par se déployer et canonner tout ce qui se présente. L’unique canon sans recul disposé de ce côté ne tarde pas à être éliminé, mais les attaquants ont du mal à progresser dans les rues étroites, où les hommes de la compagnie B se sont embusqués dans les maisons.
Une demi-douzaine de blindés accompagnés d’infanterie ont fait un détour pour envelopper la petite ville par le nord et se heurtent directement à la Compagnie C, menée par Bigeard en personne. Dans l’obscurité, cette petite “bataille de rencontre” est d’une grande violence ; deux Panzer III sont victime de tirs de bazookas, mais au bout d’une demi-heure, la moitié des Français sont tombés et le reste se replie vers la prison d’Eysses.
Pendant ce temps, du côté sud de la ville, les Panzergrenadiers ont repoussé la compagnie A jusqu’au Lot, où les deux ponts de la ville sont couverts par un canon et deux mitrailleuses chacun. Les hommes d’Adolf Diekmann perdent du monde en tentant de traverser le Nouveau Pont, ou pont des Tramways ; en revanche, ils réussissent à passer en force (mais non sans pertes) le Vieux Pont, à l’ouest de la ville, prenant à revers les défenseurs du pont des Tramways.
A la prison d’Eysses, la Compagnie D, sous les ordres du “Colonel Fabien”, continue de rassembler des véhicules. Tout est réquisitionné, de la Traction au fourgon pénitentiaire, et les réserves d’essence de la prison et de la mairie sont pillées…
Doriot affirmera par la suite que les gardiens de prison faits prisonniers ont été à ce moment massacrés. La Résistance jurera que ces hommes ont été abandonnés sous clef dans la prison et que ce sont les Allemands qui les ont abattus, voire les hommes de Darnand, le lendemain. En fait, il semble que les prisonniers libérés aient exigé qu’une justice sommaire soit exercée sur quelques gardiens particulièrement féroces et sur le directeur, Joseph Schivo. Mais d’autres gardiens ont bien été victimes des Allemands ou du SONEF – non tant pour les punir d’avoir laissé les prisonniers se révolter, mais parce que certains auraient livré Schivo, qui se cachait parmi eux sous un uniforme de simple gardien.
Ce qui reste des compagnies A et B continue à se battre. Certains sont encerclés, d’autres réussissent à se frayer un chemin par les petites rues jusqu’à la prison ou jusqu’à un immeuble de la rue de la Convention où, avec une partie de la compagnie D, ils organisent un ultime point de résistance.

05h15 – Villeneuve
Tous les hommes qui ont pu gagner la prison d’Eysses évacuent la ville les uns après les autres.
Au cœur de la cité commence le siège de l’immeuble de la rue de la Convention, qui deviendra célèbre après la guerre. Le 21 avril, il a joué un rôle stratégique capital : sa résistance a permis à beaucoup d’hommes de s’enfuir en retenant pendant deux heures les Allemands, qui semblent avoir été obnubilés par cette forteresse improvisée. Les discours d’après-guerre se gargariseront de cet épisode qui vit « côte à côte, communistes avec royalistes, Croix de Feu avec socialistes, Français avec Français, faire front contre l’oppresseur nazi » (discours de Maurice Schumann lors de la première commémoration de la bataille de Villeneuve, en avril 1946). Beaucoup d’images d’Épinal fleuriront jusqu’à la fin des années 50, montrant Jacques Arthuys (Action Française), Eugène-Gaston Pébelier et Jean Legendre (PSF), combattre dans les décombres de l’immeuble sous les ordres du vieux Léonce Vieljeux [Le maire de La Rochelle a refusé de s’enfuir et fait valoir son âge (il avait 78 ans !), son grade de colonel de réserve… et son autorité naturelle pour organiser l’ultime résistance dans Villeneuve.] (Indépendants et Paysans) aux côtés d’un groupe de militants communistes « qui trouvèrent dans leur sacrifice collectif une gloire éblouissante, dont l’éclat rend inutile de citer leurs noms orgueilleusement prolétaires » (discours de Maurice Thorez lors de cette même commémoration – en fait, les noms en question sont incertains, il ne nous reste aujourd’hui que des noms de guerre).
Un demi-siècle plus tard, les enquêtes les plus sérieuses laissent redouter que certains de ces héroïques militants du PCF n’aient profité des combats pour liquider quelques-uns de leurs compagnons de prison trotskystes avant d’aller se faire tuer…

06h00 – Villeneuve
Le dernier véhicule emmenant des prisonniers évadés quitte la prison d’Eysses. C’est une superbe Renault Vivastella où ont embarqué le capitaine Marcel Bigeard, le communiste Pierre Georges (“Fabien”), le PSF François Mitterrand, le royaliste Pierre de Bénouville (assez gravement blessé) et l’Espagnol José Cardona. C’est le début d’une véritable odyssée à travers le Sud-Ouest occupé. [On sait que cette odyssée ne s’achèvera qu’à la libération de la région. Mais en dehors de son début et de sa fin, les Souvenirs et Mémoires des quatre Français diffèrent considérablement quant à son déroulement. Seul Cardona aurait pu les départager, mais ses propres souvenirs sont pratiquement muets sur ce point : il a toujours déclaré aux journalistes essayant de le confesser qu’il s’était fait à cette époque quatre vrais amis et qu’il refusait de s’en aliéner « au moins trois » pour satisfaire la curiosité du public…]
Au total, moins de quatre cents prisonniers libérés réussiront à rejoindre le maquis. Il faut y ajouter une cinquantaine de parachutistes (sur 125) et la moitié environ des 150 hommes de la 1ère compagnie du Corps Franc Pommiès.

07h00 – Villeneuve
Les combats ont pris fin. Tous les survivants français (environ cent cinquante) sont enfermés dans l’église Saint-Joseph, tout près de la prison d’Eysses, par des Allemands furieux (ils ont perdu environ 250 hommes contre ces “partisans”).
Pendant ce temps, Adolf Diekmann envoie ses hommes arrêter au hasard comme otages cinq cents habitants, sans distinction d’âge ni de sexe. Tous sont entassés avec les survivants des combats dans l’église Saint-Joseph.

10h00 – Eglise Saint-Joseph
Von Reitzenstein, témoin horrifié d’une rafle (et, semble-t-il, ayant été informé que certaines otages avaient été violées) exige de Diekmann que les prisonniers soient normalement traités afin de pouvoir les interroger et que les otages ne soient pas brutalisés. Diekmann affirme qu’il applique des ordres précis venant du commandant de son régiment et du QG divisionnaire, mais qu’il va faire son possible « pour régler le problème. »
Quelques minutes plus tard, alors que Von Reitzenstein a repris la route de Cahors, Diekmann ordonne d’incendier l’église Saint-Joseph et de s’assurer à l’aide d’explosifs qu’il n’y aura aucun survivant. Alerté par les explosions et la fumée de l’incendie, Von Reitzenstein fait demi-tour, mais ne peut que faire éteindre le terrible bûcher avant que le feu ne s’étende. Il ordonne de dénombrer les cadavres – il y en a 642 – et joint immédiatement l’Obergruppenführer Walter Krüger, qui commande la division Das Reich, pour réclamer les plus lourdes sanctions contre Diekmann. La réponse est sèche et précise : « Le Sturmbannführer Diekmann a agi de sa propre initiative, mais il a fait ce qu’il devait faire pour maintenir l’ordre. Nous ne pouvons pas nous permettre la moindre sensiblerie devant des événements aussi graves que ceux de la nuit dernière. »


22 avril 1943
Cahors
Hans-Albin, Freiherr [seigneur libre] von Reitzenstein, membre de la SS depuis 1931, officier dans la Waffen-SS dès 1933, héros de l’arme blindée SS sur le front russe, Croix de Chevalier avec feuilles de chêne, s’enferme dans son bureau à son quartier général, écrit plusieurs lettres et se tire une balle dans la bouche. Goebbels annoncera, avec des trémolos dans la voix (et après avoir fait détruire les lettres), que ce champion de la Race Aryenne est mort des blessures reçues au combat.
Le Sturmbannführer Adolf Diekmann tombera quelques mois plus tard, en soldat, sur le front de Provence.
En 1957, Stanley Kubrick, après avoir envisagé un film sur la Première Guerre Mondiale, tournera son célèbre film La Prison de la Gloire en s’inspirant de l’histoire de la prison d’Eysses et de la bataille de Villeneuve, avec quelques modifications de noms. On se souvient de Kirk Douglas (“Renaud” – Bigeard), rentré à Alger, lançant à Adolphe Menjou (“Dalban” – Vallin), à la fin du film : « Ce qui me tue, c’est que dans toute cette foutue histoire, le seul qui ait eu le foutu courage d’assumer ses foutues responsabilités, c’est un foutu Boche ! » (“Von Scheinendorf” – Von Reitzenstein, évidemment joué par Erich Von Stroheim). La phrase est sans doute apocryphe, mais Bigeard, quarante ans après les faits, avouera qu’elle aurait pu être vraie.
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Casus Frankie

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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 21:15    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien quelle histoire! Toute de bruits, de fureur et de larmes Drapeau blanc. Est-ce qu'il y a d'autres épisodes prévus? Et le coup de l'officier supérieur SS qui se suicide, est-ce que c'est inspiré d'un épisode OTL?
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carthage



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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 21:55    Sujet du message: Répondre en citant

Superbe et vivant, bravo!!!!
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MessagePosté le: Lun Juil 06, 2009 22:18    Sujet du message: Répondre en citant

Hé oui. Le Freiherr s'est bien suicidé - après d'autres atrocités, mais dans des circonstances du même type. Quand j'ai découvert ça, je me suis dit que ça ne ferait pas de mal de le signaler.
Diekmann est mort au front - en Normandie, bien sûr.
Il y a eu 642 morts (mais pas à Villeneuve).
Léonce Vieljeux (créateur de la société d'armement maritime Delmas-Vieljeux) était bien colonel de réserve et, à plus de 75 ans, il était resté assez énergique pour empoisonner la vie des Allemands au point qu'ils décident de l'arrêter et de l'assassiner.
etc., etc.
J'avoue, je me suis fait un petit plaisir avec "La Prison de la Gloire" (on renoue ici avec une tradition "cinéphile" de la FTL). Si quelqu'un de qualifié veut remettre en VO la phrase que je fait dire à Kirk Douglas (que les Kubrickophiles, dont je suis pourtant proche, me pardonnent...), qu'il n'hésite pas.
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Casus Frankie

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Capitaine caverne



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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 07:26    Sujet du message: Répondre en citant

Eh bien vivement le(s) prochain(s) épisode(s)! Avec une histoire pareille, il doit bien avoir un ou plusieurs passages sur l'accueil des "évadés de luxe", ses répercussion politiques telles que renaissance du vrai PSF à Alger, vie du PCF en exil plus animé, retour de baton du massacre de Villeneuve, ..... Ca m'amuserai de voir De La Roque et Borotra nommés au gouvernement, l'un aux anciens combattants et l'autre à la jeunesse et aux sports, avec les remous politiques algérois inévitables.
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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 07:35    Sujet du message: Répondre en citant

Très coloré, bravo.
J'ai un petit doute sur quelques points:
- trouver des armes à la mairie
- qu'il y ait autant de bazookas disponibles sachant que si cette arme tombe aux mains des Allemands, c'est fâcheux (à mon avis, les Alliés vont bien se garder d'en distribuer avant le débarquement)
- normalement, les Allemands ne manquent pas d'infanterie d'accompagnement pour les Panzers (c'est une de leurs forces depuis la Pologne en 1939 ...)
- que les Français puissent déplacer si facilement leurs canons sans recul (par ailleurs, ce truc peut facilement mettre hors de combat un Pz-III ???)

Sinon l'expression "se tire une balle dans la bouche" est un peu crûe.
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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 08:44    Sujet du message: Répondre en citant

loic a écrit:
J'ai un petit doute sur quelques points:
- trouver des armes à la mairie


Parce que c'est le QG du "Service d'Ordre" (voir l'un des épisodes précédents).

loic a écrit:
- qu'il y ait autant de bazookas disponibles sachant que si cette arme tombe aux mains des Allemands, c'est fâcheux (à mon avis, les Alliés vont bien se garder d'en distribuer avant le débarquement)


On peut les remplacer par les lance-grenades à charge creuse Brandt (modèle utilisé à Limnos un an plus tôt, et dont les Allemands ont dû capturer quelques exemplaires en France)...

loic a écrit:
- normalement, les Allemands ne manquent pas d'infanterie d'accompagnement pour les Panzers (c'est une de leurs forces depuis la Pologne en 1939 ...)


Exact, mais ils sont surpris au cantonnement, les blindés viennent de Cahors et le gros de leur infanterie est à Agen ou à Castelsarrasin.

loic a écrit:
- que les Français puissent déplacer si facilement leurs canons sans recul (par ailleurs, ce truc peut facilement mettre hors de combat un Pz-III ???)


La parole aux techniciens, mais il me semblait bien que l'engin était fait pour ça...
Du point de vue mobilité, aucun ne peut retraiter sous le feu. Tous les 5 sont mis en place avant l'arrivée de l'ennemi.

loic a écrit:
- Sinon l'expression "se tire une balle dans la bouche" est un peu crûe.


Euh... Oui. C'est voulu. Embarassed
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MessagePosté le: Mar Juil 07, 2009 08:51    Sujet du message: Répondre en citant

Capitaine caverne a écrit:
Eh bien vivement le(s) prochain(s) épisode(s)! Avec une histoire pareille, il doit bien avoir un ou plusieurs passages sur l'accueil des "évadés de luxe", ses répercussion politiques telles que renaissance du vrai PSF à Alger, vie du PCF en exil plus animé, retour de baton du massacre de Villeneuve, ..... Ca m'amuserai de voir De La Roque et Borotra nommés au gouvernement, l'un aux anciens combattants et l'autre à la jeunesse et aux sports, avec les remous politiques algérois inévitables.


Tyler prépare la suite...
Hmmm, De la Rocque aux Anciens combattants, avec un secrétaire d'état aux Prisonniers qui serait... Wink
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