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Chroniques de l'Infanterie, par CRIXOS
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 09:36    Sujet du message: Chroniques de l'Infanterie, par CRIXOS Répondre en citant

Hé oui, c'est le retour de Crixos, avec un… Guide pratique du Fantassin ?
L'Infanterie pour les Nuls ?
Quelque chose comme ça…
Bonne lecture garantie, en tout cas !

_________________
Casus Frankie

"Si l'on n'était pas frivole, la plupart des gens se pendraient" (Voltaire)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 09:39    Sujet du message: Répondre en citant

Chroniques de l’infanterie

De quoi sont les pieds ?
De la part du soldat, l’objet de soins constants

C’est vrai que les brodequins militaires, ce n’était pas la perfection. Ils étaient faits de vrai bon cuir avec assez de clous par soulier pour crucifier une douzaine de nains de jardin. En général, on admettait qu’il fallait plusieurs mois pour les former, à moins que ce ne soit le pied qui s’adapte, allez savoir. Il y avait plusieurs trucs à connaître pour survivre. Bien graisser les chaussures en était un, aller marcher dans l’eau pour ramollir le cuir et lui faire prendre forme un autre, porter deux paires de chaussettes un troisième. J’ai appris l’un des plus importants dans la douleur, mais si j’avais été attentif j’aurais évité de souffrir.
Lors de mes classes, on nous a fait faire une chopinade, le mot venait d’une autre unité dont on dit tellement de choses que si la moitié était avérée, ça suffirait pour en faire un mythe. Ils organisaient des cours de cadres et certains de nos officiers et sous-officiers y avaient participé. Ce qu’ils en avaient rapporté était des plus intéressants, entre autres la chopinade, un exercice qui comportait une marche de 80 kilomètres avec le barda de campagne.
La marche en soi c’est une chose. Si le terrain est plat comme la Beauce, c’est l’enfer parce qu’on a l’impression de ne jamais avancer, ce qui est mauvais pour le moral. À part ça le ravitaillement en eau était assuré, le rythme correct sans être surhumain, ça nous a pris la journée mais c’était jouable. C’est à la fin de la marche que nous nous sommes fait avoir, en quelque sorte.
On nous a donné campo après la critique de fin d’exercice. Moi et mes camarades, nous avons vu certains des cadres continuer de marcher un peu, discuter et boire un peu d’eau, ça ne nous a pas tiré l’œil. À la section 2, un sergent a parlé aux soldats et ils se sont aussi promenés dans le cantonnement. Nous, on se sentait sales et fatigués, avec mon pote XXX, nous sommes allés nous laver immédiatement puis savourer le bonheur d’être en espadrilles après des heures de marche… Erreur.
Le lendemain, nous et tous ceux qui avaient comme nous immédiatement enlevé leurs chaussures et pris une douche furent totalement incapables de remettre leurs godillots. Nous avions tous les pieds enflés et la peau extrêmement sensible, je n’aurais jamais cru avoir aussi mal aux pieds. A tel point qu’on nous autorisa à garder nos espadrilles ou nos sandales.
Les seuls qui n’eurent pas de problèmes furent ceux qui avaient gardé leurs chaussures un long moment en ne prenant une douche que bien plus tard. En marchant un peu, puis en s’allongeant, bref en flânant, ils avaient laissé leurs pieds dégonfler consciencieusement AVANT d’enlever leurs chaussures. Plus jamais je n’ai refait la même erreur. J’ai toujours pris mon temps après une marche avant d’enlever mes souliers et j’ai expliqué le truc aux nouveaux.
On n’y pense pas toujours assez aux pieds.


Du bon sens
Ce n’est pas la même chose pour tout le monde

Dans notre section, il y avait deux ou trois gars qui étaient des gens de la ville. Mais de la ville à un point qu’on n’aurait pas cru. Ils ne savaient pas faire du feu. Vous rigolez mais c’est vrai. Bien sûr on leur a appris, mais vous imaginez le tableau.
Je dis à un gars de mettre du bois mort sur le feu pendant que je vais porter le croquis de notre position au chef de section. Quand je reviens, il y a 50 centimètres de bois vert sur mon feu, qui est bien sûr complètement étouffé. Je demande au bonhomme pourquoi il n’a pas mis du bois mort et il me répond « Ben c’est du bois mort, je viens de le tuer avec ma hache », vous y croyez, vous, à une telle histoire ? C’est arrivé dans ma section.


Du couteau de combat
C’est celui qu’on a dans la main quand on combat

Je crois que c’était pendant la deuxième Bataille de France, quand on reprenait le pays aux Allemands. Il y a eu une phase de guerre de positions et il y avait régulièrement des coups de main d’un bord ou de l’autre pour faire des prisonniers ou récupérer des documents. On était très attentifs, mais comme toujours on avait nos moments de faiblesse ou nos coups de mou et c’est là que les emmerdements arrivent. Quel rapport avec le couteau vous me direz ?
Dans l’armée le couteau est porteur de mythes. On nettoie des tranchées avec, on liquide des sentinelles avec, on s’égorge dans des ruelles pour de l’argent ou pour une femme. En général le soldat porte une baïonnette (sur le MAS 36 elle est dans le fourreau sous le canon), et les baïonnettes françaises sont plutôt de type clou. À côté, tout le monde possède un Opinel ou un Laguiole, ou le couteau de sa région pour couper le pain ou le saucisson et déboucher les bouteilles. Ils étaient quelques-uns à posséder des couteaux genre “Vengeur de 70” ou trench knife américain ou allemand, l’allemand étant préféré en général parce que plus léger.
Finalement, de toute la guerre, la seule fois où il a fallu dézinguer une sentinelle on a utilisé une carabine Delisle en 11,43 et j’ai connu qu’un seul usage de couteau au combat.
L’histoire est assez simple, XXX était dans la tranchée, en pleine corvée de patates. Il avait un simple couteau de cuisine, le truc de base, un tranchant, une pointe et un manche en bois. Il était très concentré sur ses patates, mais quelque chose quelque part avait dû foirer et tout à coup il voit des bottes dans son champ de vision, il relève la tête lentement (il avait des nerfs), bottes, pantalon feldgrau, ceinturon, veste feldgrau, casque Stahlhelm et MP 40, deux autres comme lui un peu plus loin, ça devait être des éclaireurs. Le premier Allemand fait alors une erreur, il s’approche pour se saisir de XXX. Ce dernier fait alors le geste de le repousser et lui fend la figure avant de bondir sur ses pieds et de commencer à courir en hurlant l’alarme, il n’y pas eu un coup de feu de tiré. Quand les copains sont arrivés, ils ont trouvé le premier éclaireur recroquevillé dans la tranchée, en train de tenir son visage dans ses mains en pleurant. Ses camarades s’étaient enfuis. Le Fritz avait la figure fendue de la bouche au coin de l’œil gauche, on lui voyait l’os. On lui a donné les premiers soins avant de l’évacuer. Alors quand vous me demandez à quoi ça ressemble un couteau de combat, moi je pense au couteau de cuisine de la maison…

Des grenades
C’est génial ! (Mais faites gaffe quand même)

Honnêtement, la grenade c’est génial ! En plus il y en a pour tous les goûts, offensives, défensives, incendiaires (phosphore), même des fumigènes. On doit nettoyer une maison ? Boum grenade avant d’entrer. On doit faire se courber un instant l’adversaire pour prendre ou reprendre l’initiative ? Boum, grenade. On veut faire un piège à c***, grenade. On peut même vider le corps et le fixer au bout d’un manche pour en faire une masse d’arme, le bonheur je vous dis. Bref, un problème à moins de 40 mètres, boum grenade.
Bon là bien sûr c’est dans un monde parfait, parce qu’il y a quelques trucs à connaître pour bien s’en sortir.
Les défensives par exemple, c’est vrai qu’elles projettent des éclats dans toutes les directions, jusqu’à une portée qui excède la capacité de lancer d’un grenadier standard. Comme les éclats ne savent pas faire la différence entre amis et ennemis, c’est le genre d’engin qu’il vaut mieux utiliser depuis un couvert (différence entre camouflage et couvert : le premier protège du regard, le second des projectiles).
Les offensives c’est moins risqué, mais prenez l’habitude de compter « Un » avant de sortir de votre trou pour ouvrir le feu, personnellement je suis sorti immédiatement après le boum et j’ai pris des morceaux de la position adverse dans la figure, il faut laisser du temps aux choses, même si c’est seulement une seconde.
Le phosphore c’est bien, ça brûle, le phosphore c’est dangereux, ça brûle – et il y en a aussi dans les grenades fumigènes. Ayant mis le feu à une place d’exercice avec une grenade fumigène (pas trop grave, vite éteint), gardons à l’esprit que si ça brûle de l’herbe ça peut très bien vous brûler la peau, alors gaffe avec le fumigène.
Rappel pour les bricoleurs qui veulent monter un piège grenade. Matériel nécessaire, boîte de conserve, grenade et fil solide (corde, fil de pêche, fil de fer éventuellement). Protocole : fixer la boîte de conserve solidement, attachez le fil au col de la grenade, insérez la grenade dans la boîte de conserve, vérifier que la cuillère est à l’intérieur (ça semble logique mais bon), tendre votre fil sur la voie à couper. Ensuite seulement enlever la goupille, avec délicatesse SVP. On peut aussi fixer la grenade à un piquet et remplacer la goupille par un clou relié au fil, là il vaut mieux avoir calculé la bonne mesure de fil, je dis ça je dis rien.
Enfin quand on transporte ses grenades, il faut utiliser les poches prévues pour ça, faites comme moi, allez les piquer chez les Américains. Ils ont même des cartouchières/grenadières où on peut mettre jusqu’à 5 grenades. Ne mélangez pas vos grenades dans une poche de vrac avec d’autres trucs, quand on est pris dans le feu de l’action ça peut conduire à des méprises et lancer un saucisson c’est drôle mais pas sur le moment.
Le risque avec les grenades c’est les goupilles. Elles pendent, elles bringuebalent, elles s’accrochent à des trucs et comme on est énervé et fantassin, on force avant de regarder et ça fait clinck et ça fait boum. Alors, prenez de la chambre à air de vélo, coupez des petits tronçons et assurez vos goupilles. Bien sûr, je dis ça je dis rien, vous en faites ce que vous voulez.

De ceux qui jouent au mariolle dans le terrain
Ça ne sert à rien

XXX est toujours un très bon pote. Au début, quand on était dans le terrain il fonçait, il faut dire qu’il avait le physique pour. On lui disait de temps en temps de faire gaffe, qu’une fois il pourrait faire le truc de trop et ça se terminerait mal. Lui il rigolait et disait : moi je saute les murs, j’enfonce les portes et je troue les haies, je suis un guerrier !
Il a arrêté de sauter les murs sans regarder après être tombé dans une soue à cochons. Il s’est calmé avec les portes quand il foncé dans une qui était calée avec un buffet. Les haies, il a cessé après en avoir troué une qui bordait un ruisseau coulant quatre mètres plus bas.
Comme c’est un bœuf il ne s’est jamais gravement blessé. Comme il est intelligent il a gardé les exploits sportifs pour les situations d’urgence et le reste du temps il va tranquillement. On fait la guerre, on n’est pas au cirque.

De l’ennemi
Ou des ennemis

« L’ennemi est bête, il croit que c’est nous l’ennemi alors que c’est lui » (Pierre Desproges).
Sans rire, l’ennemi est variable selon la situation. Par exemple quand on est au repos, la prévôté et les responsables de caserne deviennent des ennemis particulièrement présents et casse-couilles, que parfois on préfère la première ligne qui est moins contaminée. Et il y aussi le Lt A et le Sgt B. La compagnie a fait une pétition réclamant leur don au camp d’en face, au motif qu’ils y seraient plus efficaces pour nos armes qu’en restant chez nous (ils ont été affectés en Haute-Volta, on espère que le pays ne se révoltera pas).
Sinon, pour l’ennemi en vert-de-gris – quand il est mort ou blessé on parlera de pauvre gosse s’il est jeune, de pauvre type s’il est plus âgé. S’il se rend et qu’il porte les fameuses runes au col, c’est cinquante-cinquante entre option prisonnier et option mort pour leur foutu Vaterland.
Il y a deux manières de traiter l’ennemi de fumier. L’une est clairement dépréciative, c’est lorsqu’il se comporte vraiment comme un salopard, par exemple avec les civils. L’autre c’est quand sa compétence ou son vice (c’est un peu la même chose parfois) sont tels qu’on y met une nuance d’admiration. Finalement on va le flinguer, mais avec respect.
Dans les communiqués, l’ennemi est juste l’ennemi, nous on trouve que ça manque de personnalité mais il paraît que c’est le but recherché. Quand un gars commence à dire que tel ou tel soldat adverse lui rappelle quelqu’un de connu, il faut le faire sortir de la ligne, l’ennemi doit rester l’ennemi tant qu’il n’est pas mort ou prisonnier. Là on peut commencer à le voir comme une personne. C’est vrai qu’il y a aussi des Alsaciens qui connaissent des Allemands de la vie avant la guerre. Ils les appellent par leur prénom. Les autres ce sont des Boches. Plus ou moins sales, ça dépend de l’humeur.
Enfin, je ne connais personne ou presque qui ait tiré sur un adversaire aux toilettes ou en train de prendre un café le matin dans le froid. Il y a des choses qui ne se font pas. Pour tirer, on attend qu’il ait remonté son pantalon ou posé sa tasse.
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houps



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 09:48    Sujet du message: Répondre en citant

Excellent! Very Happy
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 11:45    Sujet du message: Répondre en citant

Very Happy

Jamais utilisé une grenade ne vrai (et j’espère mourir avec les cheveux gris sans avoir à changer cette phrase).
Cependant, cela c'est mal passé pratiquement une fois sur deux quand j'ai utilisé une grenade dans un jeu. Tuer ces alliés ou se tuer soi-même est assez facile avec cette cochonnerie.

En plus, il faut se redresser pour lancer une grenade... pas une bonne idée devant un nid de mitrailleuse.
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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houps



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 12:57    Sujet du message: Répondre en citant

Pour ce qui est des grenades OTL, voici ce que donnaient tout récemment encore, ces charmants engins.
http://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2017/02/23/deux-ouvriers-sont-tombes-sur-l-engin-dans-un-immeuble-l-un-d-eux-a-ete-grievement-blesse-une-grenade-explose-en-ville

Pas étonnant, car en 42, les italiens ont si précipitamment quitté la ville qu'ils ont laissé une quantité ahurissante de matos de tout genre derrière eux.
Bon, quand même pas des tankettes, hein, faut pas exagérer...
Mais des armes, oui.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 13:06    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé, je ne suis pas abonné au Dauphiné Libéré.
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houps



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 14:07    Sujet du message: Répondre en citant

C'est pas une tare....
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houps



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 14:11    Sujet du message: Répondre en citant

Oups...
Je m'a gouré de lien.
Sot, ris!
Celui-ci doit être mieux:
http://www.ledauphine.com/hautes-alpes/2017/02/22/une-grenade-aurait-explose
Si un modo peut y faire qque chose ?
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Capu Rossu



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 16:51    Sujet du message: Répondre en citant

Bonsoir,

Lorsque j'ai fait mon service, on a eu le "droit" lancer une offensive lors des classes. Une seule car j'étais dans un régiment de commandement et transmissions (51e RCT).
Question sécurité, rien à dire, on lançait par dessus un mur sous la surveillance rapprochée d'un sous-off.
La consigne était simple : dégoupiller, lâcher la cuillère; laisse tomber la goupille et balancer la grenade par dessus le mur avec le mouvement de bras règlementaire tandis que le copain qui avait fait l'exercice avant vous regardait l'explosion par une meurtrière spécialement aménagée.
Donc rien de bien compliqué !
Sauf une fois où le gars complètement paniqué a laissé tomber la grenade et lancé la goupille ! Le sous-off a juste eu le temps de saisir la grenade et de la faire passer par dessus le mur sans chercher à faire un lancer selon le manuel.

@+
Alain
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 17:01    Sujet du message: Répondre en citant

J'ai une blague (stupide et méchante) sur le lancer de grenades.

Pendant la guerre froide, l'URSS vendait énormément de grenades. Cependant, un jour une note arriva sur le bureau du chargé soviétique de la vente à l'étranger; Elle venait d'un petit pays sous-développé. Le président élu (à coups de grenades et d'AK-47 justement) de ce petit paradis socialiste se plaignait que... les utilisateurs finissaient émasculés ! Pourtant, d'après la lettre du président à vie, ils suivaient précisément les instructions d'utilisation traduits d'après la notice russe.
Ni une ni deux, le responsable prend l'avion et débarque dans le dit pays. On organise immédiatement une démonstration. Un soldat arrive, reçoit une grenade, lit à haute voix la notice, puis l'exécute. Comme indiqué, il retire la goupille, lâche la cuillère et commence à compter jusqu'à 10... sur ses doigts. Et arrivé au chiffre cinq coince la grenade entre ses cuisses et continue sur sa seconde main jusqu'à ce que... boum;.. bref vous avez compris.
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patzekiller



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MessagePosté le: Lun Mai 08, 2017 17:30    Sujet du message: Répondre en citant

Capu Rossu a écrit:
Bonsoir,

Lorsque j'ai fait mon service, on a eu le "droit" lancer une offensive lors des classes. Une seule car j'étais dans un régiment de commandement et transmissions (51e RCT).
Question sécurité, rien à dire, on lançait par dessus un mur sous la surveillance rapprochée d'un sous-off.
La consigne était simple : dégoupiller, lâcher la cuillère; laisse tomber la goupille et balancer la grenade par dessus le mur avec le mouvement de bras règlementaire tandis que le copain qui avait fait l'exercice avant vous regardait l'explosion par une meurtrière spécialement aménagée.
Donc rien de bien compliqué !
Sauf une fois où le gars complètement paniqué a laissé tomber la grenade et lancé la goupille ! Le sous-off a juste eu le temps de saisir la grenade et de la faire passer par dessus le mur sans chercher à faire un lancer selon le manuel.

@+
Alain


j'ai eu plus de chance que toi : 2 off, sans protection particulière, le budget de la défense devait etre dans une période faste. (je ne compte pas les grenades à platre)
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mai 09, 2017 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

La suite… il y en aura d'autres, selon l'inspiration de Crixos.


Du métier de soldat
C’est d’abord de tuer

La mission d’un soldat c’est de détruire les ennemis qu’on lui désigne. Face aux Allemands on a de la chance, ils ont vraiment le mauvais rôle. Ça libère un peu les esprits.
On fait en uniforme des choses qu’on ne ferait jamais en costume, comme jeter des bouteilles vides par-dessus la ridelle du camion. La guerre c’est la destruction, les soldats se laissent aller et c’est le rôle des chefs de vérifier que ça n’aille pas trop loin.
Il y a quelques temps une espèce de missionnaire américain est venu nous expliquer que les Nations Unies – les Alliés, quoi – allaient créer une organisation qui serait garante des droits des êtres humains. Ça nous paraissait une bonne idée. Ensuite il a dit que nous devions être un exemple de modération et de bonté pour convaincre les Allemands de revenir pacifiquement vers la démocratie. Là on a tous tiqué. XXX l’a mal pris et il lui a fait un petit discours.
« Révérend ou qui que vous soyez, nous sommes des soldats en guerre. Nous tuons nos ennemis si nous pouvons pour éviter qu’ils nous tuent, nous et nos camarades. Pour ça nous devons être plus agressifs et violents qu’eux dans le combat. Et eux, ils pensent la même chose. Alors quand ce sera la paix, le droit, la bonté tout ça ce sera très beau. En attendant j’ai ramassé les morceaux du crâne d’un de mes amis qui avait pris une balle en pleine tête avant de l’enterrer. Je ne tuerai pas un prisonnier ou un civil, mais au combat je ne vais pas me gêner. Et je vais vous dire un truc. Si quelqu’un est d’une opinion politique ou religieuse qui dit que si je ne suis pas d’accord il doit me tuer, je dis que cette opinion c’est de la merde et que s’il veut me tuer, il ne faudra pas qu’il me rater, parce que sinon moi je ne le raterai pas. Je n’ai pas déclaré la guerre, mais je ferai tout ce que je pourrai pour en sortir vivant. Pour le moment, les Allemands sont au pays et ils n’ont rien à y faire. »
Et on a tous été d’accord.


Des lance-flammes
Personne ne les aime

Les lance-flammes c’est de la merde. Les Allemands les utilisent pour nettoyer les positions fortifiées. Si tu es pris dans le jet c’est foutu, ta seule chance c’est que ça aille vite pour mourir. Déjà deux fois j’ai des camarades qui ont achevé un de leur potes pris dans le jet. C’est une mort horrible, parce que tu es brûlé sur le corps et très souvent ton ventre s’ouvre et tes boyaux tombent sur tes pieds. Là si un gars est prêt à t’achever immédiatement, c’est que tu as de la chance. C’est pour ça que personne n’aime les lance-flammes.
Ceux de l’ennemi on les arrose de plomb dès qu’on les repère, et eux font la même chose avec les nôtres. En vérité, si tu es désigné pour le lance-flammes c’est que tu as dû faire une sacrée co******.
Tout le monde déteste, même les de notre bord, il y a des trucs qui ne se font pas c’est tout.


Du sac à dos
Ou de la musette

Par définition ton sac à dos est :
- Mal conçu.
- Trop petit.
- Trop lourd.
- Pas imperméable.
- Pas confortable.
- Et tout ce que tu cherches dedans est toujours au fond.


De l’aviation
Et des aviateurs

– Nos avions arrivent !
– Tu veux dire des avions ou nos avions ?
– Je dis bien nos avions !
– Compris, METTEZ VOS CASQUES, TOUT LE MONDE À COUVERT, PLANQUEZ VOS MICHES !


De la sécurité avec les armes individuelles
A la fin, c’est simple !

La doctrine militaire disait que les armes devaient être portées approvisionnées et non chambrées. On devait effectuer le mouvement de charge au dernier moment. Ça pouvait quand même poser un certain nombre de problèmes.
D’abord le soldat a la trouille de mourir bêtement et il préfère une cartouche déjà chambrée qu’en attente dans le magasin. Là les plus fûtés le faisaient avec le levier haut (pas verrouillé), il n’y avait aucun risque avec un MAS 36. Mais il fallait connaître le truc. S’il n’y avait pas un vétéran ou un connaisseur pour l’expliquer, puis le démontrer et finalement le faire faire, il y avait des fusils chargés dans tous les coins et c’est un peu risqué quand même (il n’y a pas de sécurité sur un MAS 36).
Avec les armes US semi-automatiques, il y a des leviers de sécurité : sur la US M1, le Springfield 1903 ou le Garand. Il faut juste savoir où il est et comment il fonctionne. Là encore, sans suffisamment d’entraînement on en voit de drôles.
Pour les armes de poing, on avait le choix entre revolver et pistolet. Les anglais ont été plutôt intelligents quand ils ont fait un revolver commando qui avait un chien arasé. Au moins on ne se retrouve pas avec un idiot qui a armé le chien de son arme et se demande comment faire pour le ramener sans tirer dans quelque chose ou quelqu’un.
À la fin c’est simple. Tu pointes le canon de ton arme partout SAUF sur les camarades et les civils, tu mets le doigt sur la détente SEULEMENT quand tu veux tirer et sinon jamais, et finalement, par essence, TOUTES les armes que tu croises sont chargées (jusqu’à ce qu’on te donne la preuve du contraire).


Trucs inconnus touche à ton c**
Et ça rime !

Quand tu es en guerre et que tu vois traîner des trucs c’est toujours tentant. Seulement il faut se méfier et même se méfier beaucoup. En réalité, tu peux ramasser ce que tu veux du moment que c’est “frais”, c’est-à-dire ramassé sur un cadavre ou un blessé récent (que tu as fait toi-même donc, ou que tu as vu faire par un copain). Sinon, la règle c’est que tout est piégé et va te péter dans les dents.
Et puis de toutes manières chez les Schleus, qu’est-ce qu’il y a comme bon matériel ? À part les appareils photos et les jumelles. La MP 38/40 est une enclume, le K 98 est un bon fusil, mais le MAS 36 va très bien aussi… Ha, pas vrai, il y a une arme qui vaut vraiment la peine, c’est la MG 42. Ça envoie la pâtée, pas à dire.
Donc avant de ramasser quoi que ce soit, jette quand même un coup d’œil juste au cas où pour vérifier que rien ne dépasse ou déborde. Pendant leur retraite en Italie, les Allemands avaient tendance à piéger les bâtiments officiels (ceux qu’on réquisitionnerait) avec des allumeurs à retard (jusqu’à dix jours de délai !). Vous voyez le truc, on arrive, on s’installe, on s’habitue, on se détend et BOUM.


De la donnée d’ordres
Faire simple

La donnée d’ordres c’est toujours un pastis. Toute donnée d’ordres qui dépasse 5 minutes n’est pas adaptée à une section d’infanterie mais à un état-major. Si votre section est bien entraînée, les seules choses qu’elle doit savoir sont :
- Le type de la patrouille : liaison, renseignement ou combat ;
- Le but principal de la patrouille et le premier but intermédiaire (le reste viendra bien assez tôt) ;
- La formation de départ, en colonne, en Y, en ligne (on adapte en fonction du terrain) ;
- Qui commence en voltigeur de pointe (sachant qu’on le relève toutes les 15 minutes parce que c’est éreintant) ;
- Le comportement à adopter en arrivant au but : tranquille, suspicieux, on tue tout le monde…
Quand on donne des ordres, il faut faire simple. On ordonne un truc à la fois. En utilisant un minimum de mots. De toutes manières avec le stress, le trou de balle verrouillé et le cerveau au minimum, si il y a plus de quatre syllabes ça marche plus. On peut chipoter en fonction de l’entraînement et de l’expérience, mais bon en principe, il faut faire ça aussi simple que possible, si le soldat le plus c** de la compagnie a compris, c’était une bonne donnée d’ordres.
C’est pourquoi il faut donner des ordres avec peu de mots, ils sont plus simples, plus clairs et moins susceptibles d’être déformés. Petit catalogue non exhaustif :
– FEU
– HALTE AU FEU
– RECHARGEZ
– ASSAUT (pas Chargez, parce que ça peut faire confusion avec Rechargez)
– REPLI (on n’aime mais parfois faut faire avec)
– GROUPE UNTEL (suivi de l’ordre)
– À GAUCHE / À DROITE
– EN AVANT / EN ARRIERE
– NOUVEAU BUT
– REPERE (arbre, maison, char)
– À (1 à 12) HEURE (en utilisant le cadran horaire)
– EN LIGNE / EN COLONNE / EN Y / EN L (pour passer les angles)
– L’AUTRE GAUCHE / L’AUTRE DROITE, TROU DU C** (considéré comme totalement règlementaire sous le stress du combat).
Les ordres sont écris en majuscules parce qu’en général ils sont hurlés. Quand on veut être discret parce qu’on pose une embuscade, on va parler doucement dans l’oreille de son subordonné et en général on finit par faire la mise en place complète (et malgré tout il y aura toujours un demeuré pour faire autre chose que ce qui est demandé…).


De la compréhension des ordres
Clair et net !

Tous les ordres qui pourront être mal compris ou interprétés le seront. La meilleure c’est celle du camion. La conversation a été notée.
Rapport de compagnie au 113e RI. Après plusieurs sujets vient la question : « Qu’est-ce qu’on fait avec le camion chargé des explosifs de récupération ? »
– Faites-moi sauter ça.
– Vous êtes sûr.
– Oui, oui faites-moi sauter ça.
– Chef, vous me confirmez l’ordre.
– Mais oui débarrassez-nous de cette m…
– Ok.

Rapport suivant, une semaine plus tard : « Ah, le garage demande la restitution du camion où étaient stockés les explosifs. »
– Ben je l’ai fait sauter.
– Oui les explosifs, mais le camion il faut le rendre.
– Ben oui mais moi je l’ai fait sauter le camion.
– Comment ça, mais ce n’est pas possible, qui vous a permis de le faire ?
– Vous mon capitaine, j’ai même demandé confirmation deux fois. Pas vrai les collègues ?

Approbation unanime des autres cadres. Comme le camion venait des Anglais (je crois) on a été leur en voler un autre et c’était réglé.


De la carte
Usages multiples

Par essence, 20 à 25 % d’une population sont incapables de lire une carte. Oui, même chez les hommes. Si votre officier fait partie de cette catégorie de la population, surtout méfiez-vous. Les risques sont multiples.
Il vous enverra dans une mauvaise direction, de préférence partout sauf là où il faudrait que vous soyez.
Quand il commande un tir de soutien d’artillerie, la probabilité que ça tombe juste est de 17 %, sur vous de 54 %, ni sur vous ni sur l’ennemi de 26 % (et ne me demandez pas où sont les 3% restants, personne ne sait).
Si votre officier est de ce type :
- soit il en est conscient, l’admet et vous colle la responsabilité de lire la carte,
- soit il en est conscient et ne l’admet pas, alors poussez le dans les escaliers ou faites-le muter à la logistique,
- soit il en est inconscient, alors dites-lui « Oui chef » et faites le travail à sa place.
Et puis bien sûr, la carte sera toujours :
- fausse,
- pas à la bonne échelle,
- dans la poche de pantalon en traversant une rivière.
Si elle échappe à tout ça, elle peut servir de papier hygiénique ou de papier à cigarette (un peu rêche dans les deux cas).
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Finen



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Messages: 1923

MessagePosté le: Mar Mai 09, 2017 09:42    Sujet du message: Répondre en citant

Tout cela est excellent et tellement vrai! Bravo.
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Anaxagore



Inscrit le: 02 Aoû 2010
Messages: 9993

MessagePosté le: Mar Mai 09, 2017 09:45    Sujet du message: Répondre en citant

Laughing Laughing Laughing
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Si vous épousez une femme belle et douce, vous serez heureux... sinon, vous deviendrez un excellent philosophe.
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houps



Inscrit le: 01 Mai 2017
Messages: 1809
Localisation: Dans le Sud, peuchère !

MessagePosté le: Mar Mai 09, 2017 10:16    Sujet du message: Répondre en citant

J'abonde... Very Happy ++
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