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Avril 1944 - Balkans et Hongrie
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loic
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MessagePosté le: Ven Oct 11, 2019 06:43    Sujet du message: Répondre en citant

Juste une histoire de singulier et pluriel
_________________
On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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Guimar



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Localisation: Région Parisienne

MessagePosté le: Dim Oct 13, 2019 20:22    Sujet du message: Répondre en citant

Petit témoignage personnel sur la mémoire collective hongroise : j'étais en fin de semaine à Budapest et j'ai vu que l'on diffusait, sur l'une des chaînes (Duna je crois) un reportage sur les vétérans des pumas rouges, qui revenaient, bardées de décorations, sur les terrains de leurs exploits, accueillis comme des héros par les aviateurs actuels, le tout entrecoupé de bandes d'archives.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Dim Oct 13, 2019 22:19    Sujet du message: Répondre en citant

Les 101ème et 102ème "pumas rouges" existent toujours comme nos escadres de chasse type "ardennes". Leurs vétérans sont honorés comme nous les vieux de l'Ada - on peut ergoter bien sûr sur l aspect moral mais c est néanmoins une réalité.
Bien Budapest ?
_________________
Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 15:53    Sujet du message: Répondre en citant

Reprise !

5 avril
La campagne des Balkans
Salve d’éclairs enrhumés
Balkans
– Ce matin, chacun constate que les conditions météorologiques ont connu une dégradation brutale durant la nuit : il pleut de Budapest à Zagreb. Seule la Bosnie est encore accessible aux avions alliés – ça ne durera pas, car la perturbation se décale vers l’est. On espère qu’elle ne fera que passer.
La Balkans Air Force est donc contrainte de se rabattre vers des cibles plus proches, selon un simple souci d’efficacité. C’est heureux pour les titistes, qui ont grand besoin de soutien, alors que la poussée de “Morgenstern” s’accentue dangereusement. A Athènes, Edvard Kardelj, soutenu par le SOE, a été catégorique : faute d’un appui aérien, les SS risquent bien de balayer les défenses de l’AVNOJ et de pousser jusqu’aux Grecs, qui devront alors bien se battre – mais sans l’appui des Partisans, qui seront morts devant leur seuil. Après consultation de Londres, l’Air-Marshall Tedder lance donc son aviation contre les SS. Les 235th et 238th Wings envoient de nouveau leurs Beaumont sur la brèche, couverts par les chasseurs du 243rd Wing. La chasse adverse n’étant pas au rendez-vous, c’est une centaine d’appareils qui passent la journée à tournoyer au-dessus des SS, transformant les routes et chemins exposés en abattoir. Leur tâche n’est toutefois pas sans risque : deux Beaumont et un Tornado sont victimes de la Flak (un équipage de Beaumont tué, l’autre et le pilote du Tornado en fuite).
L’Air-Marshall Tedder s’inquiète toutefois de cette captation de ses moyens par l’AVNOJ – même si ce n’est pas exclusivement la faute de Tito, il ne sait que trop bien sur qui tombera la responsabilité d’une préparation incomplète de “Plunder-Grenade-Veritable”. C’est pourquoi le 234th Wing (sur Boston) survole la mêlée pour aller frapper les ponts, les dépôts de ravitaillement et les nœuds routiers de Sarajevo. Tedder espère ainsi tout à la fois ramollir les SS pour l’avenir et enrayer l’actuelle offensive ennemie en travaillant plus en amont que par de simples missions d’appui ou d’interdiction. Pour une fois, Kardelj ne lui reprochera pas ce bombardement d’une cité ! L’attaque – forcément risquée, sur une cible aussi bien défendue et entourée de hauteurs – coûte quatre Beaumont aux Britanniques, malgré les efforts des Banshee du Sqn 6 et même des Spitfire IX des Sqn 250 et 260 de l’escorte, qui n’hésitent pas à aller mitrailler les postes de Flak, au prix de deux des leurs. Un assaut très coûteux, donc… Mais l’essentiel est assuré : la logistique du III. SS-GAK va être beaucoup moins efficace dans les jours à venir. Dans son abri, Herr Krüger écoute les détonations se succéder en maudissant la Luftwaffe – ce sont ses dépôts de munitions qui sautent…
Pendant ce temps, malgré la météo, la 19e EB Gascogne, couverte par la 82e EC (Y) Mišar du commandant Ostric, monte sous la pluie jusqu’à Pivka, en Slovénie. Malgré les conditions atmosphériques, la modeste gare de triage de cette petite bourgade, qui n’est pas défendue, risque de ne plus resservir avant longtemps…
Au soir, Tedder retient ses oiseaux nocturnes – entre fatigue des équipages et conditions défavorables, il préfère attendre pour faire quelque chose d’utile.

Runes contre pentagramme – “Etoile du matin”
Bosnie centrale – Pale
– Après la 27e Division “de Bosnie orientale”, c’est au tour de la 5e Division de Savo Miljanovic de s’opposer à l’avance du Rgt Artur-Phleps et de se sacrifier pour tenter de ralentir la vague de ténèbres. Malgré les bombardements alliés et le terrain, cette dernière est encore loin d’être arrêtée. Turkovići est dépassée sans problème… Au train où vont les choses, la Prinz-Eugen sera bientôt à Goražde, peut-être même demain.
Bien conscients qu’ils n’ont de toute façon aucune pitié à attendre de la part de la SS, les vétérans italiens de la Brigade Garibaldi font le coup de feu toute la journée, mais en vain. Quand la nuit tombe, la ville de Goražde est en effervescence, entre panique et évacuation. Kosta Nađ replie la 5e Division – demain, ce sera au tour de la 4e Division de combattre l’ennemi qui descend des monts. Avec le soutien de la 27e DI, elle va tenter de barrer la route du QG titiste dans une vallée de 600 mètres de large ou à peine plus, et où, de surcroit, coule la Drina. Avec l’aide de l’aviation alliée, ça devrait être jouable, non ?
………
Bosnie centrale – Route de Foča – Le 1er Corps “prolétarien” ne faillit pas à sa réputation – et encore moins à celle de son chef. Ses hommes passent la journée à harceler le Reinhard-Heydrich entre vallées encaissées et bois obscurs, sans se laisser pour autant entraîner à les combattre vraiment, et en restant indifférents à la rage de leurs adversaires qui déchainent leurs frustrations sur les rares villages rencontrés. Finalement, les SS choisissent une solution coûteuse, mais en général efficace pour avancer : le véhicule en tête de colonne arrose systématiquement tous les points qui pourraient servir de nid aux Partisans à la mitrailleuse, voire au canon, dès qu’ils sont aperçus. Un procédé qui sera réutilisé en d’autres circonstances et sous d’autres bannières, mais que la logistique allemande ne peut pas vraiment se permettre, surtout alors que les Alliés bombardent Sarajevo.
Dans la nuit qui tombe, Koča Popović pense avoir gagné : ses adversaires ne sont même pas encore arrivés à Miljevina que ses hommes sont déjà bien préparés à les y accueillir. Ce faisant, il sous-estime peut-être un peu son ennemi…
………
Entretien avec un Oustachi
« – Nous avons donc éclairci les raisons de votre enrôlement chez les SS…
– Je n’ai jamais été officiellement membre de la SS !
Ratko Vlašic m’a interrompu sèchement, brutalement même. Je garde mon calme.
– J’en prend note. Cependant, pourriez-vous me dire je vous prie si vous avez collaboré à l’opération Morgenstern ?
– Début avril 1944, mes Vuka et moi-même travaillions avec le 27. Waffen-Gebirgsjäger Rgt, qui remontait de Trebinje vers le Nord. Nous n’étions pas inclus dans l’ordre de bataille allemand, et nous n’avons pas vraiment participé à la bataille. Nous servions néanmoins d’éclaireurs et nous étions déployés en couverture pour faciliter la progression des colonnes allemandes.
– Major, il me semble qu’on peut qualifier cette action de participation à la bataille – quand bien même vous n’avez pas donné l’assaut contre le 2e Corps “de choc”.
– Si vous voulez. Mais, croyez-le ou non, j’appréciais de collaborer avec la Handschar – sur le plan strictement professionnel bien sûr, car du point de vue politique, rien n’avait changé. Au contraire des SS, l’armée du NDH s’enfonçait dans la démotivation et l’amateurisme après l’offensive de mars – nous en avons déjà parlé, mais voir arriver de jeunes recrues aux uniformes dépareillés, et qui tirent le fusil à la ceinture… Franchement… D’ailleurs, ils n’ont pas fait long feu !
– Je le crains en effet. Pendant que vous, vos hommes et la Handschar avançaient vers Foča, avez-vous été témoin d’un événement… remarquable ?
– J’ai pris un vilain coup de couteau au bras gauche en enlevant un QG avancé de l’ANVOJ en cours d’évacuation. [Le major illustre son propos en remontant sa manche – je constate effectivement la présence d’une large cicatrice sur l’avant-bras.] Nous avons pris par surprise les terroristes et même récupéré une radio avec ses tables de fréquence. Tout est parti vers le PC allemand bien sûr – après, le lieutenant-colonel Hampel en personne est passé me voir à l’infirmerie. Il était très content, car nous venions apparemment de lui rendre un grand service – mes Vuka et moi-même avons bien sûr bénéficié d’un meilleur crédit auprès de lui après cette affaire.
Je prends le temps de réfléchir à cette confidence – elle peut expliquer un certain nombre d’événements qui sont hélas survenus par la suite. Mais un point m’interpelle.
– Comme expliquez-vous que des hommes du 2e Corps de l’AVNOJ, qui était tout de même une formation d’élite, aient commis l’erreur d’évacuer trop tard ce QG ?
Le major écarte les bras d’un air désolé, exhibant ainsi sans le vouloir un peu plus sa blessure de guerre.
– Par la plus stupide des raisons, mon cher Monsieur ! La haine et le ressentiment ! C’était un groupe de jeunes sots monténégrins qui était restés en arrière pour déménager le matériel. Ils ne nous ont pas vu venir – pas assez de sentinelles – mais ils auraient pu sans problème détruire les tables en les jetant au feu pendant que notre attaque. Or…
– Or ?
– Quand je suis entré dans l’abri à la tête de mes hommes, un terroriste – le dernier survivant de la section ennemie – a préféré se cacher dans l’ombre pour se jeter sur moi avec son couteau, plutôt que de faire son devoir. Il grognait comme un animal sauvage en tentant de m’égorger – je me suis protégé avec mon bras. Je m’en souviens encore : « Tu as tué mon père, ordure ! » et ainsi de suite.
– Vous le connaissiez donc ?
– Aucune idée. J’ai tué les parents de beaucoup de gens, mon cher Monsieur – il aurait gagné à être plus spécifique. Il n’a pas eu le temps, mon second, ce cher Dragan, l’a expédié sans bavure. »

(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)
………
Sarajevo – Afin de permettre au 28. Waffen-Gebirgsjäger Rgt de la Handschar de se porter vers la région de Lika, le 7. Rgt d’Alfred Wünnenberg se dirige vers Mostar. La capitale bosniaque reste sous la coupe de Walther Schimana et de ses hommes – ce qui devrait suffire, car les vétérans de Belgrade ont déjà appris à se faire craindre des Bosniaques.
………
Nord du Monténégro – Pljevlja – Dans une indifférence à peu près totale, la 1ère Division de Montagne oustachie s’empare de Pljevlja, qui n’était pas défendue. Elle l’évacue aussitôt, de crainte de se faire tourner sur ses arrières par une offensive éclair des blindés grecs. L’action de diversion du 1er Corps croate s’achève ainsi sur un épisode complètement insignifiant, qui n’a fait que des morts pour rien et a encore encouragé la désertion dans les rangs du NDH.
………
Sud de la Bosnie et Monténégro – Soumis à une double pression de la part du 27. Waffen-Gebirgsjäger Rgt (qui pousse de Bileća) et de la 373. ID (qui remonte de Nikšić), le 2e Corps “de choc” de l’ANVOJ perd pied et doit se replier dans la précipitation pour ne pas se faire anéantir. La 2e Division “prolétarienne” dégage la route d’Avtovac, dont les SS approchent dans la soirée. Quant à la 3e Division “de choc”, elle se retire vers Plužine, mollement poursuivie par les légionnaires du KLAK, qui ne voient guère l’intérêt de trop s’exposer dans les montagnes.
………
Sud de la Bosnie, à l’est de Foča – Le 8e Corps “dalmate” atteint Kalinovik – Vicko Krstulović ne peut que se féliciter d’avoir préféré le chemin du nord à celui de l’est. Le chef partisan prend très vite contact avec le 1er Corps “prolétarien”, pour envisager une jonction puis une retraite commune. Mais Popović lui fait comprendre qu’il préférerait plutôt que Krstulović prenne de flanc les SS qui l’assailliront bientôt – voire qu’il tente carrément de les encercler. Les deux chefs titistes discutent directement par radio durant de longues minutes de l’état de leurs forces et de leurs projets…
………
Ouest de la Bosnie – Banja Luka – Le 5e Corps “bosniaque” a complètement abandonné la cité à la Brigade de Cavalerie d’Aurel Schlacher et se replie désormais ouvertement vers l’est à travers bois, en direction de Doboj. La formation partisane est alourdie par un nombre significatif de blessés (dont son chef, Slavko Rodić !) et de civils, que l’AVNOJ ne peut ou ne veut pourtant pas toujours prendre en charge.
Le 5e Corps est hors d’état d’agir pour un certain temps – il lui faudra de nouvelles recrues et quelques parachutages avant de pouvoir envisager une nouvelle action. Sur son brancard, Rodić maugrée : il savait qu’affronter l’Axe en plaine était bien trop risqué pour lui. Il envisage à présent de se regrouper dans les monts au sud de Gračanica – 90 kilomètres à pied, mais les Partisans ont l’habitude.
Marx soit loué, les Oustachis ne poursuivent pas : entre pillages, sécurisation et redéploiement, ils ont déjà assez à faire. Quant au CR-42 rouge, il vole jusqu’à Višegrad, où il atterrit avec ses toutes dernières gouttes d’essence – non sans avoir manqué de se faire abattre par les sentinelles, qui l’ont pris pour un Croate en maraude !
………
Sud de la Croatie – Lika-Senj – La 7e Division de Pavle Jaksic entre dans Gospić – une localité évacuée sans combattre (c’est nouveau) par l’Axe. Les forces du 4e Corps tiennent à présent un rectangle de 2 500 km², sans savoir d’où viendra la contre-attaque ennemie. Avec sagesse, Ivan Gosnjak juge plus probable qu’elle vienne du nord – si c’est du sud, il pourra se redéployer ou fuir vers l’est. Dans les jours à venir, les deux divisions de l’AVNOJ se déploieront donc sur un axe Žuta Lokva – Saborsko, en prenant garde de ne pas menacer trop visiblement Rijeka.
On peut juger cette posture un peu trop attentiste. Mais Hebrang semble craindre une puissante contre-attaque ennemie – qui lui en voudrait après l’affaire de Banja Luka ? Toutefois, les Partisans ne se heurtent à aucune force ennemie, hormis les quelques éléments de la 713. ID envoyés en urgence par le SS-Obergruppenführer Rainer pour ralentir leur progression… qui ne se fera pas.
………
Nord de la Croatie – Požega – Le 6e Corps “slavon” renforce ses positions défensives autour de la ville, qu’il évite toutefois d’occuper. C’est un piège : Požega est située sur le contrefort d’une cuvette de 30 kilomètres de long sur 10 de large, cernée par des collines boisées et qui ne s’ouvre sur l’extérieur que par la trouée de Pleternic. Petar Drapšin n’est pas idiot – il sait qu’il a assez peu de chances en bataille rangée, même contre la Légion noire qui monte, dit-on, de Banja Luka en ce moment même. Il compte donc attirer l’ennemi dans une situation défavorable et le surprendre par une puissance de feu imprévue. Ensuite, il sera toujours temps de descendre pour fermer la ligne Nova Gradiška – Slavonski Brod.
En attendant, Drapšin et ses hommes ne restent pas inactifs. Sous le regard inquiet de son commissaire Otmar Kreacic, il parcourt avec ses plus proches camarades les villages des alentours, où il exécute sauvagement quelques collaborateurs avant de danser sur leurs cadavres devant leurs familles. Ce n’est pas la première fois que le camarade Drapšin se révèle aussi… fougueux. Pour l’instant, le glorieux vétéran de la guerre civile espagnole reste à l’abri de toute critique – sa compétence est reconnue de tous. Par contre, sa stabilité mentale pose parfois question…
………
Palais du gouvernement, Zagreb – Retranché dans sa tanière, Ante Pavelic fait le point avec le général Slavko Štancer. Le vice-ministre de la guerre Vilko Begić n’est pas présent – le Poglavnik semble faire de moins en moins confiance aux “politiques” (bien que le vice-ministre ait été colonel dans l’armée des Habsbourg !) et parle désormais bien plus volontiers aux militaires. A moins que ce soit l’inverse.
Bref, Štancer présente à son maître les (bonnes) nouvelles du jour : la Brigade de Cavalerie est à Banja Luka, la 1ère DIM à Plevlja, les monitors de la flotte fluviale Sava et Bosna descendent en ce moment même la Save sans avoir été coulés (un vrai miracle !), la Légion noire marche vers Požega, qu’elle devrait reprendre dans son élan avant d’être rejointe par la 6e DI aux alentours du 9 avril…
Pavelic écoute attentivement avant de passer à ce qui l’intéresse le plus : la 1ère Division d’Assaut. Où en est sa formation ? De quel équipement disposera-t-elle ? Et quel est son état d’esprit ?
Evidemment, le général Štancer se veut rassurant : la 1ère DIA a déjà reçu les meilleures armes lourdes disponibles (c’est-à-dire essentiellement des mortiers et mitrailleuses transalpins) et on lui ajoute en ce moment même un peloton de douze chars M-15/42 italiens tout neufs, garantis n’ayant jamais servi. Les canons initialement prévus n’étant pas disponibles (car fabriqués dans la partie de l’Italie aux mains des Alliés), on leur a greffé une tourelle de Panzer 38(t) aimablement fournie par le Reich. Un bricolage, certes – mais face aux bandits de l’AVNOJ, ce sera bien suffisant, non ? Jusqu’aux uniformes fournis par Berlin, tout neufs et bien chauds [Et pour cause – ils étaient destinés à l’armée… finlandaise avant que la Finlande ne déclare sa neutralité !]. Son entrainement devrait donc débuter sous peu. Quant à son état d’esprit, il est excellent – pourrait-il en être autrement ? Les officiers du NDH ont envoyé leurs meilleurs éléments (ou leurs pires, c’est selon) : vétérans de plusieurs armées, mercenaires compromis jusqu’aux yeux et nationalistes fanatiques.
Oui – la 1ère Division d’assaut risque bien d’être une formation aussi redoutable que redoutée. Mais il reste à lui trouver un commandant. A ce sujet, Pavelic a déjà pris sa décision : « Ce sera le général Ante Moškov. J’ai toute confiance en lui. »
C’est bien normal. Moškov, c’est l’Oustachi de la première heure, le compagnon de Pavelic durant son exil italien, le commandant de la garde du Poglavnik. Plus qu’un simple officier, un pilier du régime, un ami même ! Au passage, c’est aussi l’un des pires ennemis de Mladen Lorković…

Un général chasse l’autre
Irig (Vallée de la Save, Serbie)
– La valse des commandants allemands continue … Après von Drebber à la 297. ID, c’est au tour d’Helmuth Huffmann, à la 277. ID, de faire ses bagages pour quitter les Balkans. Officiellement, l’homme est simplement versé à la FührerReserve pour attendre une nouvelle affectation. Dans les faits, il fait partie de cette génération d’officiers techniciens peu politisés qui sont de moins en moins désirables dans la Heer… Après une vérification de routine qui ne donnera rien – et un peu grâce aux nombreuses décorations acquises depuis 1914 – Huffmann sera nommé à l’école d’artillerie de Berlin. Entretemps, son unité aura été confié à Albert Praun – un homme tout aussi décoré mais considéré comme très sûr. Il a d’ailleurs été question, après Walkyrie, de lui confier la responsabilité des communications de l’OKW. Mais le front a eu la priorité. Incidemment, Praun est aussi sur la liste des personnes recherchées par les Français, qui souhaitent discuter avec lui de ce qui s’est passé dans certaines prisons de Marseille de 1941 à 1942…
………
« Helmuth Huffmann, 1891-1975, général allemand. Né à Werden, dans la Ruhr, l’enseigne Huffman rejoint le 45e RA de campagne le 29 mai 1912. Il y passe moins d’un an, avant d’intégrer l’école de guerre d’Anklam – il en sort lieutenant le 21 décembre 1913. Au début du Premier conflit mondial, il dirige un peloton du 45e RAC, avant de passer chef de batterie en décembre. Blessé au feu le 10 août 1917, il est affecté le 24 septembre de la même année, après sa convalescence, à l’unité de réserve du 2e RAC de la Garde. Il quitte cette position d’attente le 13 novembre 1917, et rejoint le 107e RAC en tant que chef de batterie. Le 28 août 1918, il est appelé comme officier d’ordonnance à l’EM du XXVI. Reserve-AK, qui comprend notamment le 45e RAC. Il rejoint finalement à nouveau cette formation en tant que chef de batterie, le 14 novembre 1918.
La fin du conflit ne signifie pas la démobilisation d’Huffmann, qui participe à la répression des troubles civils allemands comme chef de la 1ère batterie du Freikorps Lichtschlag. Il trouve naturellement sa place dans la Reichswehr, au sein du 7e RA. Cette affectation ennuyeuse dans une armée vaincue ne satisfait pas Helmuth Huffmann, qui étudie un temps l’économie à l’Université de Munster, en songeant peut-être à une reconversion. Sa carrière militaire se poursuit néanmoins. Promu capitaine en 1924, il navigue un temps d’état-major en poste de gestion ferroviaire avant de retourner enfin vers l’artillerie dans le contexte du réarmement allemand : instructeur à l’école des officiers d’artillerie de Jüterbog en 1931, officier au 1er RA puis à la forteresse de Königsberg en 1933 et enfin au 3e Bataillon du 29e RA de Fulda en 1934 – il est alors commandant. Le 1er août 1936, promu lieutenant-colonel, il commande le 3e Régiment d’instruction à l’artillerie. Il y restera jusqu’en mai 1942, bien que bombardé colonel le 1er mars 1939.
Lors de Barbarossa, on lui confie le 103e RA, puis le 306e RA fin 1942. Le 31 janvier 1943, nommé lieutenant-général, il prend la tête de la 62. ID (Heeresgruppe Nord-Ukraine, 6. Armee, XXIX. ArmeeKorps) en remplacement d’Arthur Jüttner.
Après un détour par la Reserve en juin 1943, il est affecté début juillet 1943 à la 277. ID – une division d’Osttruppen en garnison en Yougoslavie, à Sarajevo, au sein de la 20. Armee. Cette unité connaît d’abord assez peu d’action, en dehors de quelques chasses aux “terroristes”. Elle passe au nord du Monténégro en décembre 1943 avant d’être redéployée dans la plaine de la Save une fois la Bosnie livrée aux Oustachis et aux SS. Huffmann ne mène aucune action remarquable, se contentant de tenir en laisse ses troupes – ce n’était déjà pas si mal.
Le 5 avril 1944, il est transféré à la FührerReserve, car jugé politiquement non fiable. Ecarté mais non condamné, il commande l’école d’artillerie de Berlin jusqu’à la capitulation.
Libéré en 1947, il retourne dans la Ruhr et vit à Bad Godesberg avec son épouse Ellen. Il y meurt le 9 décembre 1975, à l’âge de 84 ans. Un impressionnant placard de décorations orne son cercueil : Croix de Fer de 2e et de 1ère classe (1914), Insigne des Blessés (1917), Croix Hanséatique de Hambourg, Croix d’honneur de la Guerre mondiale, Croix de fer de 2e et de 1ère classe (1939), Médaille du Front de l’Est, Croix allemande en Or, Croix de Chevalier. »

(Robert Stan Pratsky – Dictionnaire de la Seconde Guerre Mondiale en Méditerranée, Flammarion, 2008)

Marine de troisième ordre
Rijeka, à l’aube
– Le soleil n’est pas encore levé que la base navale ronronne d’une modeste activité. Les trois dernières S-Boots du NDH se préparent à prendre la mer, selon leurs ordres. Toutefois, ce n’est pas le bruit des moteurs qui donnent l’éveil aux quelques sentinelles de la garnison allemande postées aux abords de la base. Non, c’est plutôt un curieux manège : des civils croates chargés de bagages qui pénètrent discrètement dans le port militaire… Le capitaine de garde est aussitôt alerté.
Alors que les petits bâtiments se préparent à présent à larguer les amarres, Le capitaine de frégate Andro Vrkljan est inquiet. Embarquer les familles de ses marins a pris beaucoup trop de temps, il craint que les Allemands se doutent de… Et oui, ils s’en doutent. Vrkljan aperçoit des silhouettes vert-de-gris qui courent sur les quais. Le bataillon allemand chargé de la garde du port, après avoir tenté de s’approcher sans se faire repérer, fonce avec force exclamations et sifflets. Halt ! Quelques hommes tentent de mettre un bateau de pêche en travers de la sortie du port.
La première vedette, où se trouve Andro Vrkljan, fait vrombir ses moteurs et passe malgré les premiers tirs. Les deux autres renoncent : n’osant pas risquer une collision ou s’exposer à des tirs avec leurs proches à bord, leurs équipages se rendent. Ils sont promptement désarmés, ramenés à terre et conduit à Zagreb où de très mauvais moments les attendent, au sein d’un bataillon disciplinaire. Les deux bâtiments seront récupérés par la 11. SicherungDivision de la Kriegsmarine, qui n’en fera pas grand-chose…
Quant à la vedette échappée, elle atteint en quelques heures l’île de Vis, où elle est accueillie avec des exclamations joyeuses et quelque peu ironiques par les forces alliées. Les courageux transfuges seront considérés jusqu’à l’armistice comme prisonniers de guerre – ce qui est sûrement ce qu’ils espéraient. La vedette sera remise à la flottille des Partisans.
Ainsi fini piteusement la flotte croate “de haute mer”, qui n’aura jamais même fait mine de menacer les opérations alliées de dragage des mines, lesquelles se poursuivent au même moment sous bonne escorte : la perte du Terror et la récente aventure turque ont rendu les marines alliées prudentes. Reste donc à Pavelic sa flotte fluviale, dont le destin n’est peut-être pas encore arrêté.

Les Balkans compliqués
Mésentente cordiale
Višegrad (Serbie)
– Le maréchal Tito constate avec un vif déplaisir que les Occidentaux ne daignent toujours pas bouger alors que ses forces, elles, se battent et encaissent de plus en plus de coups face aux SS. Aussi, en accord avec Aleksandar Ranković, Josip Broz décide de retenir les informations en sa possession sur le curieux ménage à trois que semble tenter de monter le NDH, l’OSS et l’Eglise catholique. Libre à Londres de faire cavalier seul avec Belgrade si elle le souhaite : si on ne l’aide pas, il n’aidera pas non plus.
Les actions du duo Lorković - Vokić, bien que parfaitement connues de l’AVNOJ, passent donc inaperçus de Londres ou de Marseille. Les comités d’action du HSS pro-allié (Akcionskih odbori) poursuivent leurs préparatifs, tandis que les représentants locaux des Alliés ne sont au courant de rien – quand ils ne ferment pas délibérément les yeux, sur instruction. Ainsi en est-il par exemple du major Williams Joe : ce Canadien d’origine yougoslave est depuis bientôt un an aux côtés des hommes de l’AVNOJ et c’est à présent un des plus ardents soutiens de Tito dans l’appareil militaire allié. Quitte à omettre certaines choses dans ses rapports déjà bien orientés…
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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 18:43    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
des Spitfire IX des Sqn 250 et 260 de l’escorte


Les Spit décollent d'où ? Ils n'ont pas les jambes un peu courtes pour aller jusqu'à Sarajevo ?
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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 18:49    Sujet du message: Répondre en citant

Skopje - Sarajevo : 310 km.
Salonique - Sarajevo : 515 km.
Rayon d'action du Spit IX : 700 km.

On est large 8)
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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 20:01    Sujet du message: Répondre en citant

S'ils partent de Skopje, d'accord, mais pas de Salonique. Il faut garder de la marge en cas de rencontre. Et si en plus les chasseurs participent à la fête en faisant du mitraillage ...
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On ne trébuche pas deux fois sur la même pierre (proverbe oriental)
En principe (moi) ...
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 20:19    Sujet du message: Répondre en citant

On est d'accord - et ils peuvent même faire le circuit.
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Quand la vérité n’ose pas aller toute nue, la robe qui l’habille le mieux est encore l’humour &
C’est en trichant pour le beau que l’on est artiste
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Oct 14, 2019 20:23    Sujet du message: Répondre en citant

Et je vous présente Helmuth Huffmann - jeune et agé :




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lbouveron44



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MessagePosté le: Mer Oct 16, 2019 19:19    Sujet du message: Répondre en citant

Et toujours pas de suite Confused Crying or Very sad
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Paul



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MessagePosté le: Mer Oct 16, 2019 19:22    Sujet du message: Répondre en citant

Décidément, t'en redemandes Laughing
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Archibald



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MessagePosté le: Mer Oct 16, 2019 19:39    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
Et je vous présente Helmuth Huffmann - jeune et agé :


Pour citer Thierry Lhermitte dans un monument du cinéma français

"Il a une belle tête de vainqueur..." mais c'est vrai que "le temps ne fait rien à l'affaire..."
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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Bob Zoran



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MessagePosté le: Jeu Oct 17, 2019 09:42    Sujet du message: Répondre en citant

lbouveron44 a écrit:
Et toujours pas de suite Confused Crying or Very sad


"Et toujours pas de suite, s'il vous plait?"
Un peu de politesse et de patience ne manqueraient pas, les auteurs/rédacteurs ne sont pas à la merci des lecteurs du forum. C'est plutôt à nous, lecteurs d'être reconnaissants envers eux, parce qu'ils publient leur écrits, quotidiennement ou non et qui plus est gratuitement, pas de droits d'auteurs!

donc un peu de patience,
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Jeu Oct 17, 2019 09:55    Sujet du message: Répondre en citant

Désolé, Demo Dan, puis moi, avons eu quelques problèmes bassement matériels dans la vie de tous les jours…
Là on est en train de redémarrer.
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Casus Frankie

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demolitiondan



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MessagePosté le: Jeu Oct 17, 2019 10:22    Sujet du message: Répondre en citant

Oh moi ca va - entre deux trucs inintéressants, je trouve bien le temps de gratter. Mais qu'il soit permis par contre de rendre ici hommage à Casus, qui retravaille mes centaines de pages depuis 2 ans déjà.
'L'honneur d'un général" - premier de mes textes FTL le 28 août 2017 déjà ! Entretemps on a fait un bout de chemin... Soyez assurés que absence de post ne veut pas dire absence de travail !
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