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Février 44 - Balkans et Hongrie
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 13:25    Sujet du message: Répondre en citant

Une réunion ?

Il faut les enfermer dans un bâtiment sans manger et sans boire... Ils ne ressortiront qu'après avoir signé un accord ! Non mais !
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 13:39    Sujet du message: Répondre en citant

C'est intéressant ... expliquez moi l'intérêt qu'ont Pierre II et Tito de s'entendre ????? 8) 8) 8) 8) 8) 8) 8) 8) 8) La méthode de désignation des papes ne marche pas ici, cher ami des 'Rois Maudits'.
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Anaxagore



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 13:45    Sujet du message: Répondre en citant

Bon, j'ai trouvé. On les amène tous en balade dans les Adriatiques... et oh, malheur le bateau fait naufrage.
Aussi on désigne un représentant unique (et sain d’esprit).

Voilà, happy End !

Comment ça : "On peut pas" ! ?
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 13:51    Sujet du message: Répondre en citant

Ca c'est la méthode Staline - il l'utilisait sur les officiers qui l'emm..ait pendant la guerre civile. Déjà fait !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 15:50    Sujet du message: Répondre en citant

Et à propos de Staline…
apparemment, aucun de nos lecteurs ne se souvient que, pour un stalinien et même pour un communiste post-stalinien, le mot "titiste" était une insulte presque équivalente à "trostskiste" (je veux dire, qui vous promettait presque le même destin…).
Vous venez de lire pour quelle raison.
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Casus Frankie

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Dronne



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 16:14    Sujet du message: Répondre en citant

Faut pas oublier les "hitlérotrotskistes", ceux là, y mangeaient chaud!
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Cinq fruits et légumes par jour, ils me font marrer! Moi, à la troisième pastèque, je cale..
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requesens



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 17:23    Sujet du message: Répondre en citant

Anaxagore a écrit:
Bon, j'ai trouvé. On les amène tous en balade dans les Adriatiques... et oh, malheur le bateau fait naufrage.


J'ai lu quelque part, mais où ?, que le navire qui coule malencontreusement avait réellement eu lieu. Cela se serait passé dans la mer Blanche au large des Solovki ( haut lieu du goulag ) et le bateau était plein de déportés. Le narrateur affirmait que cela évitait de creuser des tombes.
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"- Tous les allemands ne sont pas nazis, monsieur !
- Oui, je connais cette théorie, oui."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 19:17    Sujet du message: Répondre en citant

C'était le Dzhurma apparemment ... attention, nous autres français avons fait pareil en Vendée ! Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad Crying or Very sad
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Archibald



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 19:19    Sujet du message: Répondre en citant

Yup, les bateaux coulés au milieu de la Loire avec les prêtres réfractaires (qu'on ne pouvait pas brûler car ils étaient comme les tuiles: ils repoussaient la chaleur Arrow )
Sans parler de Fouché, le mitrailleur de Lyon, qui attachait les gens en grappes pour tirer dessus au canon... Shocked
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Sergueï Lavrov: "l'Ukraine subira le sort de l'Afghanistan" - Moi: ah ouais, comme en 1988.
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demolitiondan



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MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 19:35    Sujet du message: Répondre en citant

Citation:
qu'on ne pouvait pas brûler car ils étaient comme les tuiles: ils repoussaient la chaleur


Touché ... mais la fibre céramique réfractaire est aussi cancérigène que l'amiante !
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Anaxagore



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Messages: 10079

MessagePosté le: Lun Mai 20, 2019 22:00    Sujet du message: Répondre en citant

requesens a écrit:
Anaxagore a écrit:
Bon, j'ai trouvé. On les amène tous en balade dans les Adriatiques... et oh, malheur le bateau fait naufrage.


J'ai lu quelque part, mais où ?, que le navire qui coule malencontreusement avait réellement eu lieu. Cela se serait passé dans la mer Blanche au large des Solovki ( haut lieu du goulag ) et le bateau était plein de déportés. Le narrateur affirmait que cela évitait de creuser des tombes.


Vous vous trompez tous, le premier a avoir essayé n'est ni Staline, ni les révolutionnaires, c'est l'empereur Néron. Il a offert à sa mère un bateau saboté et l'a envoyé en pleine mer.
Qui vient le déranger ce soir là ? La maman... encore trempée... "Néron ? Je sais nager..." "Oui, maman..."
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demolitiondan



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MessagePosté le: Mar Mai 21, 2019 09:17    Sujet du message: Répondre en citant

Saboté ? Non attaqué par des pirates oui !
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Casus Frankie
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MessagePosté le: Mar Mai 21, 2019 09:19    Sujet du message: Répondre en citant

4 février
La campagne des Balkans
Migrations contraintes
Prijepolje (Serbie occupée)
– Il neige encore sur les bois et les montagnes, alors que la 173. ID d’Heinrich von Behr atteint enfin les positions de la 277. ID (Helmuth Huffmann). Le XV. GAK tout entier est donc enfin prêt à se mettre en mouvement – après l’échec de “Schneesturm”, la 117. Jäger est déjà retournée à sa garnison de Goražde.
Néanmoins, et compte tenu des décisions prises la veille, Lothar Rendulic est convenu avec son supérieur von Weichs que plus rien ne pressait – inutile de risquer les soldats du Reich en petites unités isolées cheminant à travers les Balkans. La 20. Armee fera donc mouvement vers la Save en un seul ensemble, une fois cet ensemble dûment relevé par les forces oustachies. Cette attente ne devrait toutefois pas durer trop longtemps, car les Croates semblent se préparer avec un réel enthousiasme !
………
Entretien avec un Oustachi
Zagreb
« – Nous avons appris le succès du Poglavnik alors que la division était en garnison à Zavidovići, un petit village situé à quelques dizaines de kilomètres au nord de Sarajevo. Ma brigade, elle, était déployée dans la vallée de Maglaj, sur la route de Doboj. La nouvelle du retour… de l’annexion de la Bosnie par la Croatie avait été accueillie avec force acclamations et sifflements. Pour nous, ce qui s’annonçait allait au-delà d’une récompense : c’était un juste retour à un ordre naturel qui n’aurait jamais changé s’il n’y avait pas eu, hélas, les Ottomans.
Alors certes, il allait sûrement falloir affronter les Alliés… Et après ? Depuis 1941, nous n’avions cessé de nous battre. Et puis nous lutions sur cette terre depuis longtemps, contre toutes sortes de groupuscules musulmans, orthodoxes ou communistes – il paraissait logique de la défendre à présent qu’elle nous revenait officiellement. Mon colonel se fendit donc d’un petit discours, destiné à galvaniser le régiment. Je m’en souviens encore comme si c’était hier : toute la troupe alignée avec des uniformes bien propres, alors que la bannière à damier rouge et blanc flottait au vent.
« Mes compatriotes, mes amis, Fils de Croatie ! Trop longtemps notre Nation a été déchirée, rejetée, opprimée et soumise à ceux à qui nous voulions échapper ! Nos ancêtres se sont lancés dans la plus grande lutte de l’Histoire de l’Humanité. Une quête pour la Liberté. La Yougoslavie a symbolisé cette liberté, mais cette nation parjure a bouleversé nos cœurs, nous affaiblissant dans un premier temps, pour finalement nous rendre plus résistants.
Il y a deux ans, le Poglavnik vous a réclamé du temps. Et ce temps, vous le lui avez accordé ! Vous qui êtes la Force, les porteurs de nos rêves ! Grâce à ce temps, il a reconstruit notre Nation, il a rétabli notre puissance et il a restauré notre fierté ! Nous avons rééduqué ceux qui étaient nos ennemis. Nous les avons rendus solidaires de notre cause. Aujourd’hui, nous sommes à nouveau unis, aujourd’hui, ceux qui pensaient nous diviser vont entendre nos voix. Aujourd’hui, nous agissons ensemble, et jamais plus nous ne serons ignorés ! »

A ce stade du discours, nous aurions tout aussi bien pu foncer droit sur les lignes ennemies – quel que soit l’ennemi d’ailleurs. Notre âme était pleine de rêves d’assauts sanglants, où nous courions sous la mitraille et dans les tranchées, écrasant dans notre rage Serbes, Grecs, Britanniques et tous ceux qui auraient eu le front de nous résister. Le colonel conclut finalement : « Défenseurs du rêve croate, à vous la Victoire ! » Une clameur s’éleva dans les rangs alors que l’on agitait les drapeaux sous la neige. Je n’imaginais plus que flammes et mort pour les orthodoxes qui allaient nous faire face.
[Je l’interrompis :] « Et vous souriez ? »
– Oh oui, je souriais face au vent…
– Non, Monsieur Vlašic. Ce que je veux dire, c’est que vous souriez encore à cet instant précis. »
(Dans la tête du monstre – Conversation avec un officier oustachi, Robert Stan Pratsky, Flammarion 1982)

Les Balkans compliqués
Le Roi prépare sa contre-attaque
Palais Blanc (Belgrade)
– Pierre II Karađorđević a découvert comme tout le monde la proclamation du NKOJ diffusée la veille. Essentiellement par la radio d’ailleurs – faute d’autres moyens. Et les services radiophoniques du Royaume, qui n’ont évidemment pas relayé cette annonce, sont en ce moment très occupés à tenter de couvrir les émissions des collectivistes par leurs propres programmes… Autant dire que la portée de cet événement sera limitée – du moins en territoire libéré.
Le roi de Yougoslavie n’a donc aucune raison immédiate de s’irriter. Du reste, contre toute attente, il n’est pas si mécontent que cela du pas agressif que Tito vient de faire contre lui : cela clarifie les choses, et les Alliés occidentaux vont enfin devoir choisir un parti – le sien évidemment, sauf à affirmer à la face du monde qu’ils se réservent le droit de choisir les gouvernements des Nations qu’ils libèrent… Bien sûr, Pierre II n’a plus autant d’estime qu’auparavant pour ses protecteurs franco-britanniques. Ils vont certainement encore louvoyer, discuter, rechercher des solutions intermédiaires ou de compromis… Mais sans rien pouvoir changer au Destin.
Et pour forcer la main à ce Destin, le roi prévoit désormais de solliciter un ami bien plus puissant que De Gaulle ou Churchill : le président Roosevelt lui-même. Ses bonnes relations avec l’URSS et surtout sa serbophilie sont bien connues… Quel dommage que ce fichu Ivan Šubašić n’ait pas daigné plaider avec plus d’énergie la cause de son pays… Mais Dieu merci, l’ambassadeur Constantin Fotitch, seul responsable en poste à présent, sait bien mieux défendre ses positions et surtout celles de son Roi !
Il convient donc désormais de faire entrer au plus vite Washington dans le jeu balkanique, puisque Tito vient, c’est évident, d’y faire entrer Moscou. C’est pourquoi Pierre II a décidé d’envoyer Momčilo Ninčić en tournée Outre-Atlantique, afin de rencontrer le Président, le Secrétaire d’Etat et autant de monde que possible. Histoire de se faire de nouveaux alliés plus fiables… et d’acquérir discrètement un matériel éminemment nécessaire à la suite.
En effet, maintenant que Tito est l’adversaire déclaré du royaume – bien davantage que Pavelic, dont le destin est scellé depuis que les forces alliées sont entrées en Yougoslavie – il convient de s’occuper de lui en premier lieu. Et donc de réadapter l’opération Glaive de Justice à cet irritant personnage.
Mais le chef des Oustachis ne perdra rien pour attendre… Pour lui, le Conseil restreint prévoit une petite surprise dénommée Damoclès – ce nom ne sonne-t-il pas bien, en vérité ? Pavelic se montrera utile, finalement : il permettra d’unir la Yougoslavie contre lui. Les affiches « Zapamti Nis ! » et « Zapamti Bubanj ! » incitant à se souvenir des massacres commis par les Croates fleurissent déjà sur les murs de Serbie. Qu’il meure à présent, et le Roi sera le sauveur de la Nation ! L’homme qui aura vaincu un, non, deux traîtres qui voulaient dissoudre le Royaume !

Les Franco-Anglais s’agacent
Marseille / Londres
– Quai de la Joliette, une conversation animée se déroule dans le bureau du ministre Léon Blum ; au bout du fil : Anthony Eden. Les services diplomatiques alliés semblent avoir été pris de court par la création du NKOJ, malgré les alertes multiples de leurs agents de renseignement. Pour Marseille comme pour Londres, il paraissait en effet évident que Tito n’oserait pas franchir la Drina sans l’accord de Moscou – un accord dont le ministre Molotov vient d’assurer son collègue français qu’il n’a absolument pas été donné !
– Notre collègue soviétique, précise Blum, avait tous les accents de la sincérité, voire d’une certaine inquiétude. Je pense donc très sincèrement que Monsieur Tito – ou plutôt le Maréchal Tito, puisqu’il semble que nous devions l’appeler ainsi à présent – s’est avancé seul. La question est donc : comment éviter désormais une guerre civile en Yougoslavie sans pour autant suivre Pierre II dans ses excès ?
– Difficile de répondre, mon cher ami… Nous ne pouvons pas vraiment nous permettre d’interrompre les livraisons d’armes à destination des Partisans de l’AVNOJ – sauf à envoyer sur place des troupes supplémentaires dont nous ne disposons pas. Et je ne vois pas par quel autre moyen nous pourrions exercer une pression sur Mister Broz !

Léon Blum approuve, avec l’enthousiasme inquiet d’un socialiste qui voit ses bons amis communistes avancer un peu trop vite : « Et il y a l’Albanie et le Kosovo ! On m’indique que nos forces rencontrent les pires difficultés là-bas. Imaginons que nous dénoncions franchement la LCY – qui nous garantit que le PC Albanais ne déchirera pas les accords de Tirana pour reprendre la lutte armée contre ses rivaux, ou même contre nous ? »
– Il faut donc en appeler à ce qui reste l’autorité suprême pour ces camarades… Cela risque d’être long et de prendre du temps. Sir Archibald Kerr va évidemment prendre contact au plus vite avec le maréchal Staline – avec lequel il semble presque ami, en vérité ! Mais votre ambassadeur, Mister Corbin, pourrait tenter de son côté une approche plus formelle, qu’en pensez-vous ? Après tout, votre gouvernement d’union nationale est fort apprécié à Moscou, isn’t it… Pour ma part, je m’attacherai à sonder les Américains.

Face à la mer, Léon Blum hoche la tête avec agacement : son homologue britannique vient tout à la fois de l’assurer de son soutien franc et entier … et de lui faire comprendre que sur ce dossier, c’est lui le maître du jeu ! Hélas, la République n’a plus guère les moyens de ses ambitions dans cette région…
Le Britannique ajoute toutefois rapidement, comme pour changer de sujet : « Vous savez, ces damnés Yankees ne pensent qu’à leurs aviateurs tombés entre Belgrade et Vienne. Ce qui peut nous servir d’ailleurs – dans ce domaine, les royalistes paraissent avoir été plus actifs que bien d’autres ! Je vais donc tâcher de convaincre notre ami Cordell Hull de ne pas prendre de décision trop hâtive. »
– Je vous remercie, mon cher ami. Puis-je compter sur votre retour rapide ?
– Evidemment. Il va sans dire que vous serez informé de toutes nos démarches et de leurs résultats,
conclut Sir Anthony avec une parfaite hypocrisie – il s’est bien gardé d’évoquer le prochain voyage de Churchill à Moscou ! Mais bon, ce n’est pas comme si Blum s’était vraiment attendu à une franchise totale de sa part…

Staline est furieux
Kremlin
– Finalement, c’est à Moscou que la proclamation du NKOJ fait le plus de vagues. Le maréchal Staline ne cesse de pester devant un Viatcheslav Molotov et un Lavrenti Beria plutôt penauds, voire franchement inquiets. Le maître du Kremlin n’a pas besoin de faire les cent pas derrière son bureau comme bien des exploiteurs capitalistes le feraient pour montrer leur mécontentement. Non – Staline se contente de tirer sur sa pipe à intervalles réguliers mais longs, en laissant planer le malaise comme la fumée dans la pièce. Pour qui ne le connaîtrait pas, il paraîtrait presque calme – sauf que ses deux invités savent que c’est exactement le contraire dans son esprit tempétueux. La situation n’en est que plus que plus inquiétante… En vérité, Staline est fou furieux.
Finalement, il reprend avec une douceur feinte, pipe au bec et les deux mains jointes devant lui : « Enfin, comment se fait-il que nous n’ayons pas été mis au courant de cette initiative du “camarade Walter” ? Nous aurions ainsi pu le convaincre de son erreur, et parer aux difficultés que nous rencontrerons sans doute sous peu… »
Béria se hâte de répondre, avec la sincérité de celui qui peut, pour une fois, se prévaloir de n’y être pour rien : « Camarade Secrétaire Général, mes services n’ont pas de relations avec l’AVNOJ – la lutte contre les fascistes et les saboteurs qui infestent la Rodina les accapare totalement. De surcroit, ce n’est pas leur rôle ! Nous parlons ici d’une formation relevant du Komintern ! »
Donc du ministre Molotov. Celui-ci sent bien que la réponse qu’il va donner n’est pas franchement la bonne, mais qu’y faire ?
– Je me suis hâté de contacter le comité central de la Ligue des Communistes de Yougoslavie pour m’enquérir des raisons de cette défaillance inadmissible. J’ai finalement réussi à joindre le camarade Leka [Aleksandar Rankovic], qui m’a évidemment certifié que cette déclaration n’était absolument pas un signe d’indiscipline ou de déviationnisme de son mouvement, mais que, pour des raisons purement techniques ou relevant de la sécurité des congressistes, il n’avait pas été possible de nous communiquer par radio les projets de l’AVNOJ pour une validation préalable de la part de nos services. La peur d’une triangulation par les fascistes, semble-t-il (1). Et nous n’avons donc reçu un télégramme qu’une fois les décisions prises…
– Der’mo ! [Foutaises !] Je crois surtout que l’enthousiasme révolutionnaire est monté à la tête du camarade Walter. Lequel n’a pas été contrôlé comme il l’aurait fallu par vos deux services, chers camarades ministres. Nous allons donc prendre les mesures qui s’imposent…

Sur cette phrase porteuse de menaces, Staline considère sa pipe – elle s’est éteinte, faute de tabac. Aussi, il entreprend, comme à son habitude, d’en recharger la bourre sans l’avoir nettoyée au préalable. Mais ses gestes sont secs, voire violents – l’opération prend du temps. Pendant qu’il procède, un silence de cathédrale règne dans la pièce.
Une bouffée plus tard, le tsar rouge reprend : « Donc, camarade Molotov, vous allez prendre contact ce jour même avec les responsables français et britanniques concernés pour étudier avec eux les implications de ce petit débordement, sans nous compromettre – mais sans non plus désavouer franchement Walter. Du moins, pour l’instant. Selon leurs réactions – j’ose espérer qu’ils sont aussi surpris que vous ! – nous élaborerons ensemble la réponse qui conviendra. »
Staline se tourne à présent vers Béria, la pipe pointée vers sa poitrine : « Quant à vous, Camarade Béria, vous allez me faire le plaisir d’organiser dans les meilleurs délais une mission militaire destinée à former et encadrer nos camarades Partisans du NKOJ, dans un sens moins individualiste et plus conforme à l’intérêt de la Troisième Internationale. Enfin, qu’est-ce que c’est que ce mouvement collectiviste où on trouve de tout, sauf des Soviétiques ? »
L’approbation est évidemment immédiate – il ne pouvait d’ailleurs en être autrement, Staline étant infaillible. Les deux ministres prennent congé, mais une sourde inquiétude les taraude… Staline n’a pas utilisé, comme à l’accoutumée, leurs prénoms et patronymes, mais leurs noms de famille. Bien pire qu’un reproche, c’est une sorte de mise à l’écart, presque une disgrâce !

Et les Titistes chantent…
Jajce (Bosnie)
– Après une nouvelle journée agitée mais productive, les membres du NKOJ se séparent – provisoirement et pour des raisons de sécurité. Mais pas avant d’avoir proclamé la Libération « imminente et nécessaire » de la République de Bosnie, prochaine étape dans la reconquête complète de la Yougoslavie. Ce sera donc la priorité de l’armée de Libération Nationale, en coordination avec le Front de libération populaire de Bosnie-Herzégovine – lequel regroupe de très nombreuses sensibilités politiques (2).
– Que le monde sache bien que nous ne sommes pas des bandits de grand chemin avides de pouvoir, clame Tito. C’est le peuple tout entier qui nous porte, c’est lui qui nous donnera la Victoire !
Sur ces mots prophétiques, le nouveau maréchal serre des mains et embrasse des camarades, avant de s’en retourner vers ses grottes aux confins de la Bosnie. Sur son chemin, un peloton chante en chœur une chanson amenée à un grand succès : « Camarade Tito, petite violette blanche, Tu es dans nos cœurs l’espérance… »


5 février
La campagne des Balkans
Migrations contraintes
Etat Indépendant de Croatie
– Il pleut sur les Balkans alors que les 3e et 4e CA croates font leurs paquets avant de se mettre en route en direction de l’est et du front. Le temps est toujours exécrable, le front est calme, les arrières aussi – mais cela n’empêche pas l’état-major oustachi de prendre ses précautions ! Ainsi, il est décidé que la Légion Noire relaiera les troupes faisant mouvement de Gradiška, dans la partie nord du NDH. Pour ce qui est du sud, Slavko Štancer fait confiance au 3. SS-GAK de Phleps.

Nouvelle crise de nerfs serbe (et contagieuse)
Pristina (Kosovo)
– Le voïvode Dobroslav Jevđević, chef des corps-francs royalistes yougoslaves, n’est pas content du tout ! Et il le fait savoir en déboulant avec fracas dans le bureau de Georgios Tsolakoglou, poursuivi par toute une escouade de soldats grecs que les gardes du corps du rugueux Yougoslave tentent de tenir à l’écart avec virilité, sinon professionnalisme.
Car, après plusieurs jours de stratagèmes et autres manœuvres destinées à occuper les soldats de Pierre Karađorđević (il y a beaucoup à faire dans la région !), ces derniers viennent finalement de constater l’occupation de Prizren par les Ballistes de Safet Butka. Autrement dit, l’appropriation d’une de leurs villes par les hommes d’un mouvement terroriste affilié à une nation étrangère (l’Albanie) et naguère complice des précédents Occupants (au moins autant que l’étaient les Tchetniks…) ! Jevđević, béret vissé sur le front et uniforme noir trempé par la pluie, est rouge de rage – il parait sécher à vue d’œil, son visage agressif et anguleux mettant encore plus en valeur un rictus de haine.
Face à lui, Tsolakoglou ne se laisse pas démonter. Se levant avec une lenteur calculée, la moustache frémissante, il demande au Serbe (de Bosnie) les raisons de cette intrusion. Le dialogue qui suit est rugueux – et compliqué par le fait que le Grec s’exprime dans un serbo-croate hésitant mâtiné de sa langue natale, tandis que Jevđević épice d’italien son propre parler.
– Il se passe, général, que vous vendez notre pays à la découpe comme un boucher de Foča le ferait d’une charogne de porc ! Nous ne laisserons pas des musulmans et des communistes diriger le Kosovo !
– Nous ne vendons rien du tout, Monsieur Jevđević. Nous assurons le contrôle d’une zone de guerre, selon nos principes et selon nos besoins.
– Zone de guerre Sranje ! Les Allemands sont à des dizaines de kilomètres d’ici. Vous et vos troupes ne sont là que pour mettre le nez dans les affaires intérieures de notre pays – et certainement pas pour vous battre !

Le ton semble monter dangereusement – le général grec commence à trouver que ce bandit de grand chemin qui copinait avec les Allemands, alors que lui-même les affrontait en Grèce, lui porte sérieusement sur les nerfs.
– Rien ne vous autorise à donner votre avis sur la conduite des forces des Nations-Unies, Monsieur. Et puisque nous en sommes à parler des Allemands, peut-être pourriez-vous nous donner la position de leurs forces ? Il me semble que vous étiez très lié avec le défunt Cavallero et que, plus récemment, vous avez rencontré le général Löhr en personne…
– Vous ne connaissez rien à notre pays – j’ai défendu les miens contre les Oustachis ! Ceux-là même qui prétendent désormais annexer la Bosnie ! Mais cela n’intéresse personne – à Athènes, on préfère essayer de nous arracher la Macédoine tout en faisant mine de faire la guerre aux Allemands !
– Je ne vous permet pas d’insulter mes hommes qui sont morts pour rendre son trône à votre Roi et en luttant contre vos complices !
– Allez dire cela à Belgrade si vous l’osez !

Cris, insultes, menaces… on évitera de justesse les coups de poing – voire pire. Mais l’affaire remontera très vite vers Tirana, Belgrade et Athènes. Informé, le général Audet se contentera de déclarer avec un fatalisme ironique : « Chers amis, puis-je vous demander de relancer Marseille quant à ma demande de congés ? »

Les Balkans compliqués
Mouvements d’humeur soviétiques
Yougoslavie
– La proclamation de l’AVNOJ ne fait l’objet d’aucune réaction officielle de la part de Moscou ou des capitales occidentales. Les Alliés (de quelque bord qu’ils soient) paraissent considérer la chose avec une sorte d’étonnement circonspect, sans oser se déclarer franchement pour ou contre, de peur de déclencher une réaction violente de la part de leurs partenaires.
Tito n’est pas surpris – mais il sait bien, aussi, que ce qu’il a fait a attiré sur lui l’attention mécontente de l’œil de Moscou. Veljko Vlahović, le glorieux vétéran de la Guerre d’Espagne représentant la LCY en URSS, l’a déjà contacté pour indiquer, avec une grande inquiétude, que Staline lui a personnellement signifié qu’il « n’avait pas voulu [auparavant] éveiller les soupçons de Londres concernant nos intentions révolutionnaires dans les Balkans. Les décisions de l’AVNOJ et leur annonce publique sont donc un couteau planté dans le dos de l’URSS ! » On murmure même qu’un télégramme très critique aurait été envoyé du Kremlin – il se serait perdu en route.
Cependant, malgré ces mouvements d’humeur, le chef des Partisans n’est pas vraiment inquiet. Staline n’ira pas jusqu’à l’exclure du Komintern ou à le faire déposer… Quant aux Alliés occidentaux, ils ne paraissent pas rejeter son appel – encore moins se détourner de ses forces. Tito y voit donc une forme d’acquiescement tacite… charge à lui d’exploiter cette opportunité. Quant à Pierre II, il a choisi de traiter l’événement par le mépris, préférant ironiser sur le fait que le NDH et l’AVNOJ sont les deux visages d’un même projet hégémonique croate.

Notes
1- C’était évidemment faux. Dans ses Mémoires, Edvard Kardelj précisera : « Nous avions tout d’abord décidé de ne pas informer Moscou, car nous étions convaincus que [les dirigeants soviétiques] désapprouveraient cette nomination. Certes, nous les croyions toujours révolutionnaires mais, pour des raisons tactiques, nous ne voulions pas les tenir informés. Ils n’avaient cessé, tout le temps qu’avait duré notre guerre de Libération Nationale, de soumettre leur comportement à notre égard à leurs propres objectifs tactiques, qui consistaient essentiellement à préserver leurs bons rapports avec les Occidentaux. Ils considéraient qu’il fallait sacrifier la Révolution en Yougoslavie, qu’il valait mieux la sacrifier que de risquer des frictions avec les Anglais ou les Français. Nous avions conscience que nous ne pouvions pas compter sur eux et qu’il nous fallait laisser les Russes de côté si nous voulions nous en sortir. » Ce qui doit bien sûr se comprendre par « il nous fallait assumer officiellement les prérogatives de la souveraineté étatique pour ne pas nous retrouver par la suite subordonnés au gouvernement royaliste. »
2- On dénombre en effet dix partis dans le “Front Populaire de Yougoslavie” – ce qui ne veut pas forcément dire qu’ils avaient tous voix au chapitre…
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Tyler



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MessagePosté le: Mar Mai 21, 2019 11:08    Sujet du message: Répondre en citant

"Cependant, malgré ces mouvements d’humeur, le chef des Partisans n’est pas vraiment inquiet. Staline n’ira pas jusqu’à l’exclure du Komintern ou à le faire déposer… Quant aux Alliés occidentaux, ils ne paraissent pas rejeter son appel – encore moins se détourner de ses forces. Tito y voit donc une forme d’acquiescement tacite…"

Depuis le 15 mai 1943, le Komintern n'existe plus. (cf rubrique Diplo Eco - Mai 43). Tournure de phrase à reformuler.

Sinon c'est toujours aussi passionnant ! Very Happy
Aucune idée de comment ça va évoluer. Mal assurément.
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Capu Rossu



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Messages: 2553
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MessagePosté le: Mar Mai 21, 2019 11:32    Sujet du message: Répondre en citant

Bonjour,

Citation:
Et puis nous lutions sur cette terre depuis longtemps,


Dans le sens de se battre, le verbe lutter s'écrit avec deux "t".
Il n'y a qu'un seul "t" si on le prend dans le sens d'enduire un objet ou de sceller une tourte par exemple.

@+
Alain
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